silent thoughts

il y a la musique qui résonne dans la pièce. la solitude n'est pas désagréable, surtout lorsque l'esprit est concentré. taeyang répète, scène ordinaire. un goût qu'il ne connait que trop, tout son corps qui se prend dans la danse. et les pauses s'imposent quelques fois. discussions avec d'autres trainees mais il retourne à l'entraînement. encore quelques heures, mélodie qui fait écho dans sa tête. il est persévérant, déterminé à tout faire pour réaliser ce rêve qui le poursuit depuis tout petit. c'est une évidence, une obligation pour lui. il veut la scène, il veut se sentir vibrer. il ne regarde pas l'heure défiler, il sent son corps qui subit parfois ses mouvements mais à force de répéter, tout devient plus fluide. il retient aussi les paroles de la chanson, laisse quelques bribes de sa voix emplir la pièce. et il ne s'attend pas à ça. non, pas à ce que la lumière se coupe subitement. pas à ce qu'il en soit de même pour la musique. les hauts-parleurs ne disent plus rien, il n'y a que le silence et le noir. il n'a jamais été spécialement craintif de l'obscurité mais cela n'a rien de rassurant. il ne comprend pas, ne sait pas qui a pu tout couper. grande compagnie, beaucoup restaient tard. peut-être qu'il a été oublié ici, pensée qui le traverse. dans tous les cas, il doit bien voir ce qui se passe. il attrape son portable et jette un coup d'œil à l'heure. il n'est pas si tard. incompréhension palpable, il sort de la salle d'entraînement. peut-être qu'un frisson le parcourt quand il entend quelques bruits. s'il n'y a plus de lumière, il doit bien être seul - pas vrai ? la question effraie. il n'ose pas dire un mot. il se contente de marcher, de presser le pas pour descendre de quelques étages. il veut voir cette histoire de lumière; pourquoi tout s'est éteint sur lui. et alors qu'il sent son rythme cardiaque s'accélérer sans qu'il ne puisse l'expliquer, il oublie de diriger le téléphone devant lui. un léger cri s'échappe lorsqu'il butte dans quelque chose. quelqu'un. il est prêt à s'enfuir lorsque la lumière éclaire un visage familier. c'est comme un choc. battement que son cœur loupe, que faire d'autre. il le regarde les yeux grands ouverts; et ce n'est pas à cause de la pénombre. braquant son téléphone un peu à côté, il prie pour que rien ne dévoile sa surprise. « je suis désolé. » balbutie t-il. et les mots s'enchaînent, sans réellement qu'il ne sache ce qu'il raconte. « je m'attendais pas à croiser quelqu'un. » pas lui. non, pas lui. il le croise dans leurs souvenirs, dans ses songes aussi mais il l'évite la plupart du temps. c'est trop pénible de se sentir défaillir, de vouloir l'inaccessible. de vouloir ce que le passé lui a offert. siwan, son interdit. « j'espère que je ne t'ai pas ébloui. » stupide phrase qui sort sans réfléchir, juste parce qu'il a besoin de meubler le silence. de dire quelque chose en priant pour que siwan réponde, n'importe quoi fera l'affaire. tout pour combler les pensées silencieuses qu'il peut avoir. tout pour effacer les envies qu'il ne devrait pas (( plus )) avoir.

silent thoughts

tu laisses ton corps prendre le contrôle total sur toi, bouger au grès de la musique et être dans son élément. les secondes passent, les minutes, et bientôt les heures s’écoulent sans que tu ne t’en rendes compte. absorbé par les sons, les pas que tu répétais au début s’effacent petit à petit pour laisser place à ton imaginaire et ta créativité. c’était comme ça que tu te sentais le plus libre. comme ça que t’étais bien, que t’étais vraiment toi-même. t’avais décidé de rester un peu tout seul après avoir vu le groupe, tu voulais revoir certains mouvements, travailler sur ton corps. tu t’étais concentré sur ton monde à tel point que lorsque les lumières s’éteignirent tu fus surpris qu’il puisse être aussi tard pour que l’heure de fermeture de l’agence soit arrivée aussi tôt. tu fronces les sourcils, agacé d’avoir été coupé dans ton élan, puis tu te demandes si c’était vraiment habituel. il était vrai qu’en temps normal tu rentrais un peu plus tôt, alors tu n’avais jamais connu les couloirs de l’agence dans un noir complet. la procédure n’était pas de vérifier toutes les salles avant de fermer ? dans ce cas pourquoi est-ce que tu n’avais pas été consulté ? tu sortis de ta salle de danse à la hâte, téléphone et flash en main pour pouvoir te repérer. est-ce que tu avais vraiment été enfermé ici ? « c’est une blague… » tu marmonas pour toi-même. soudain tu entendis des bruits de bas derrière toi, et avant que tu ne puisses poser la moindre question, un corps se cogna contre le tien. « attent- » et tu n’oses pas terminer ta phrase.

le monde s’était arrêté l’espace de deux secondes. il n’y avait plus aucun bruit et seuls vos visages étaient éclairés par vos téléphones respectifs. il n’avait rien dit pendant cet instant, toi non plus. puis il brisa le silence.

« ouais, je… moi non plus. » tu réponds maladroitement face à ses excuses. tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais pas quoi dire. depuis combien de temps est-ce que tu redoutais ce moment ? ce moment où le destin forcerait les choses et vous obligerait à vous reparler. lui parler, t’en avais peur. tu savais ce qu’il avait représenté pour toi dans le passé, et ce qu’il continuait à représenter aujourd’hui. ton seul, l’unique. il espère qu’il ne t’a pas ébloui, et tu laisses échapper un rictus. il t’éblouissait toujours, tout le temps. parce que c’était lui. c’était taeyang. c’est bien parce qu’il continuait d’avoir cet effet sur toi que tu voulais l’éviter. « t’inquiète pas. » tu dis simplement en essayant de reprendre ton calme. taeyang était juste en face de toi, tout proche, trop proche. beaucoup trop proche. tu reculas nerveusement et lui tourna le dos en faisant mine d’éclairer les couloirs autour de vous. rester calme. « et euh, du coup… tu sais si on est seuls ici ? » pitié, dites-moi que non. « les lumières se sont éteintes d’un coup. t’as essayé de sortir ? »    

silent thoughts

peut-être qu'il aurait préféré un inconnu. oui, se cogner contre un corps qu'il ne connait pas, un visage qu'il haïrait. ça aurait été plus simple, il aurait eu le souffle coupé mais pour d'autres raisons. face à siwan, c'est pas la peur qui le paralyse. c'est tous les silences, ses yeux noirs aussi. la tension dans l'air, elle le brûle. elle le frôle aussi, tout doucement - presque une caresse. (( il voudrait bien sentir ses mains sur lui, juste une dernière fois )) mauvaise idée, il chasse bien vite de telles pensées. ils ont pas le droit, ils ont pas le temps. pas le temps de merder, de gâcher leurs vies - leurs carrières. il s'entend parler comme hors de son corps. stupide, il l'est. taeyang, il le regarde sans trop savoir pourquoi. il devrait pas mais siwan, il est magnétique.

il parle, nuit au silence qui s'était installé. il écoute aussi les réponses maladroites, ne les condamne pas car il n'a pas fait mieux. ils essaient, c'est ce qui compte. il ne sait pas depuis combien de temps ils s'évitent, depuis combien de temps ils n'ont pas été seuls tous les deux. ce n'était jamais réellement arrivé depuis que lui et siwan étaient ici. il y avait toujours eu quelqu'un, une zone de tampon entre eux. un obstacle, peut-être aussi. il se sent légèrement rassuré à l'entente des mots de siwan. il a pourtant toujours le cœur qui tambourine. si seulement ça pouvait s'arrêter. il a tant de questions à lui poser, tant d'incertitudes dès qu'il croise son regard. il le remercie silencieusement de s'éloigner, de ne pas compliquer les choses un peu plus. il a besoin de reprendre ses esprits taeyang, il est perdu. il ne voit que son dos, pourtant sa voix résonne toujours autant. « je sais pas... je pense que oui. » il se force à l'admettre. y'a pas d'espoir ce soir, ils sont dans le noir sur tous les plans. ils font quelques pas, toujours dans cette pénombre de laquelle ils sortent seulement grâce à leurs portables. « pareil pour moi. » réponse qui s'échappe faiblement alors que ses yeux tentent de distinguer le signe du couloir. « j'étais en train d'y aller quand je t'ai..quand on s'est rencontrés. » rencontrés. il ne sait même pas ce qu'il raconte. c'était pas une rencontre, c'était un accident. ils allaient devoir parler, ne pouvaient pas se mentir en prétendant être attendu ailleurs. il n'y avait vraisemblablement qu'eux, c'était presque une évidence. taeyang décide de prendre les devants. « on devrait aller dans le bureau de la réception. » il arrive à la hauteur de siwan, peut-être qu'il l'observe quelque instants. il ne sait pas quelle réaction il pourrait avoir. alors taeyang, il fait quelques pas de plus. il lui offre son dos, il lui offre la paix. « viens. » un mot prononcé avec une conviction qui n'est pas palpable, il sait pas s'il devrait courir ou ralentir pour siwan. finalement, il préfère regarder droit devant pour l'instant.  

silent thoughts

tu voudrais faire comme si tout allait bien, prétendre que tout était normal, mais tu n’y arrives pas. t’en es incapable. quand il est près de toi, t’as le cœur qui bat tellement fort que t’as peur qu’il l’entende. alors tu parles, tu laisses les mots s’enchaîner pour couvrir tes sentiments qui cognent contre ta poitrine. t’es nerveux, tu t’éloignes, tu lui demandes si vous êtes seuls, s’il a essayé de sortir. tu voudrais disparaître pour ne pas l’affronter, te fondre dans l’obscurité des couloirs de l’agence pour ne pas avoir à rester là à te confondre dans tes mots. rester là, à tenir une discussion sans intérêt avec la personne que tu aimais, évitant ses yeux, droit dans lesquels tu n’avais jamais été capable de dire ce que tu ressentais vraiment. et que tu ressens sûrement encore. ensuite il était parti. et si tu l’avais fait ?

est-ce que le temps n’était pas censé estomper les blessures ? pourquoi est-ce que ça ne fonctionnait pas avec toi ? que ce soit avec ton père, comme avec taeyang, le temps ne parvenait pas à effacer la douleur que tu avais ressenti lorsqu’ils t’avaient abandonné tous les deux chacun à leur tour. le pire dans tout ça, c’est que tu savais tes sentiments égoïstes. tu ne savais qu’aucun des deux n’avaient vraiment eu pour intention de te laisser tomber, ils devaient juste s’en aller. contre leur gré. eux aussi auraient sans doute voulu que les choses se passent autrement.

« t’as raison. » tu réponds simplement en essayant d’ignorer les flots de pensées et de souvenirs qui submergent ton esprit. taeyang prend les devants, et sans ajouter un mot tu le suis. pendant un instant, un peu trop long, tes yeux ne quittent pas son dos. tes iris suivent d’abord ses pas, puis remonte le long de sa silhouette pour tenter de le détailler, malgré le noir du couloir. tandis que vous avancez toujours silencieux, tes mots t’échappent encore une fois. nostalgiques et presqu’à voix basse : « ça fait longtemps qu’on s’est pas promenés comme ça tous les deux… » tu n’avais pas eu pour intention de le dire tout haut, mais quand tu t’en aperçus, il était trop tard. vous promenez ? est-ce qu’on pouvait réellement parler d’une promenade ? tu te frappas intérieurement en te rendant compte de la stupidité de ta remarque. nerveux, comme depuis l’instant où les lumières s’étaient éteintes, tu continues quand même : « je veux dire… ça fait longtemps qu’on s’est pas vraiment vu tout court… » qu’est-ce qu’il était censé répondre à ça ? tu avais brisé le silence qui s’était installé entre vous. silence pesant peut-être, mais rassurant d’un autre côté : vous n’aviez pas à vous dire toutes les choses auxquelles vous pensiez. vous n’aviez pas à trouver le courage pour le faire : c’était la solution de facilité.

silent thoughts

il s'enfuit tout en restant là. il préfère éviter son visage, son regard et ses orbes dans lesquelles il voudrait se noyer. taeyang, il ressent toujours cette alchimie. cette envie, cette attirance pour siwan. il se sent stupide, niais parce que ce n'est probablement plus réciproque. le temps s'est écoulé, leur amour aussi. il ne devrait plus être là, ne plus vibrer dans sa cage thoracique. c'est insensé et il le sait. il prie pour ne pas trébucher, pour ne pas aggraver leur situation. l'obscurité reste grande, cela malgré la lampe de son portable. taeyang, il avance comme un inconscient. heureusement pour lui, il connait les couloirs et les lieux. taeyang, il se perd dans ses pensées. encore, toujours. il blâme siwan, siwan qui est juste derrière lui. ils auraient pu se croiser un autre jour - un de plus ou un de moins, ça n'aurait rien changé. une part de lui a envie de ralentir, de l'avoir à ses côtés. de sentir son parfum dans l'air, sa seule présence. mais il ne peut pas, il n'en a pas le droit. rien ne lui dit que siwan soit toujours le même. ils n'ont plus seize ans, ils sont loin de jeju et de ses bras accueillants. le silence règne toujours, il n'y a que les pas et les respirations. taeyang, il s'en serait accommodé tout le trajet. pourtant, une voix vient résonner contre son oreille. celle de siwan. ses yeux s'écarquillent quelques secondes, le temps qu'il réalise ce qu'il vient de dire. ce n'est pas une hallucination, c'est réel. un sourire naît dans la pénombre, taeyang veut le faire disparaître. l'anéantir de son propre visage mais pendant quelques secondes, il n'y arrive pas. il repense à leurs promenades nocturnes, à la lune qui domine le ciel. l'air était doux, la brise parfois fraîche mais les bras de siwan le sauvaient toujours du froid. taeyang, il aimait être contre lui. entendre sa voix alors que le monde semblait silencieux, alors que tous paraissaient être dans les bras de morphée. il aimait leurs escapades, leurs baisers volés - le coeur battant si fort, la peur d'être pris sur le fait. adrénaline mélangée à la tendresse, aux sentiments qui ne nécessitaient pas de formalisation. il aurait pourtant voulu lui dire, si seulement ces trois mots avaient réussi à passer la barrière de ses lèvres.

« oui, ça fait longtemps. » il insiste sur le dernier mot; paroles qui sont peu à la vue de son battant troublé. c'est tout ce qu'il arrive à répondre. c'est pitoyable, il ne peut le nier. il voudrait rire, faire de leurs mots une blague pour que ce soit plus simple. mais ce n'est pas possible, pas quand la voix de siwan s'élève à nouveau. « c'est vrai. on s'est croisés sans s'arrêter. » chasing cars; lignes parallèles. tant de choses pouvaient décrire leur relation, ou plutôt leur absence de relation. taeyang, il laisse échapper un léger rire. c'est le seul moyen d'avancer, de ne pas compliquer les choses. siwan avait brisé leur silence, peut-être que lui aussi pouvait le faire. « tu vas debut bientôt je crois ? » une question dont il connait la réponse. il pense pourtant que les banalités sont appropriées pour eux. la salle de réception se profile finalement. taeyang ralentit le pas. il s'autorise un regard sur siwan. profil toujours aussi majestueux, c'est comme si rien n'avait changé depuis leur amour. c'est ce qu'il se dit l'espace d'un instant, avant de remettre les pieds sur terre. « on y est. » laisse t-il échapper.

silent thoughts

l’envie de l’avoir près de toi : de sentir ses lèvres contre les tiennes, sa peau, et son regard se poser sur toi. l’envie de n’être qu’à lui autant qu’il ne serait qu’à toi. il y a bien longtemps que ton innocence t’avait quitté. tes sentiments quant à eux, n’ont pas voulu s’en aller. ce que toi l’adolescent de seize ans ressentait pour taeyang était toujours présent, tu n’avais même plus la force de le nier. petit cœur blessé, guéri par la musique et la danse, mais portant toujours ses cicatrices. tu avais essayé de remplir ta poitrine, non pas avec l’amour que tu te croyais incapable de trouver ailleurs qu’en taeyang, mais avec ta passion. elle, elle ne t’abandonnerait jamais. la danse, le rap, ils t’avaient tenu chaud quand tout autour de toi paraissait si froid. alors avec les années, tu t’étais accroché à la vision de ton rêve pour ne jamais la quitter des yeux, chercher à t’en rapprocher, à l’atteindre, à saisir toutes les opportunités que la vie te donnait. et si prêt de ton objectif, à quelques années seulement de sa réalisation : tu étais retombé sur taeyang. comme si le destin refusait que vous vous éloigniez, comme si tout était fait pour vous réunir. pourtant tu n’avais jamais fait de pas vers lui. tu le regardais simplement de loin. peut-être que tu attendais quelque chose ? je ne sais pas trop quoi, mais peut-être que tu le sais quelque part au fond de toi. une opportunité, un hasard.

le destin force les choses. c’est ce qu’il fait.
une chance de reprendre où vous aviez tout laissé.

taeyang acquiesce. la dernière fois que vous vous étiez réellement parlé c’était il y a plusieurs années maintenant, mais même si aucun de vous deux n’avait l’intention de le dire : vous ne vous étiez pas oublié. tu continues de marcher, nostalgique face à la voix de taeyang qui te répond. ça faisait aussi longtemps qu’elle ne t’avait pas été spécifiquement adressée. « oui. on ne devrait pas trop tarder si tout se passe bien. » tu lui dis en souriant à la fois heureux de penser à tes débuts, mais également heureux à l’idée qu’il s’intéresse à ce que tu fais. il n’y avait rien de bien profond dans votre discussion, mais le simple fait d’en avoir une te suffisait pour l’instant. « et toi ? t’as quitté ton premier groupe pour venir ici, c’est ça ? » curieux, tu t’étais renseigné sur lui sans avoir le courage d’être un jour venu lui demander.

mais une barrière semblait disparaître entre vous. maintenant qu’elle n’était plus là, il suffisait de franchir la ligne sur laquelle elle était construite, faire se rejoindre ce qu’elle tendait à séparer.

taeyang remarque que vous êtes arrivés. perdu dans tes pensées tu avais presque oublié ce que vous étiez en train de chercher. « y’a quelqu’un ? » tu parles assez fort pour qu’on puisse t’entendre même de loin. une seconde, puis deux, puis trois : « hey oh ? » tu réessaies, mais toujours rien. tu entres dans le bureau de la réception le premier. les lumières étaient éteintes ici aussi et personne ne semblait être là. « je crois qu’on est vraiment tout seuls… » tu te retournes vers taeyang, lui faisant réellement face pour la première fois depuis les quelques minutes que vous aviez passé ensemble.

silent thoughts

il ne comprend toujours pas pourquoi. pourquoi siwan, pourquoi ce soir. ça aurait pu être n'importe quand, n'importe où. méritaient-ils une confrontation forcée ? ils ne s'étaient pas disputés en se quittant, c'était peut-être le plus troublant. ça n'avait pas été une rupture parce qu'ils ne s'aimaient plud, ni parce qu'ils voulaient autre chose. non, ça avait été forcé par le destin. rupture obligée, évidente parce qu'ils partaient. comment un secret pouvait survivre aux kilomètres, comment taeyang pouvait vivre sans penser à siwan à chaque seconde. premier amour, les sentiments qui s'éveillaient en sa poitrine. il s'en souvient encore; sensation de légèreté - le monde bien plus coloré. il aimait son sourire, ses yeux qui disparaissaient quand il riait à gorge déployée; le son de sa voix lorsqu'il murmurait au creux de son oreille. et il y avait sa peau, sa main qui frôlait la sienne avant de l'attraper. il l'avait toujours regardé les yeux pleins d'étoiles. siwan, magnifique œuvre d'art devant ses yeux. il était son tout et taeyang, il aurait voulu que ça dure pour toujours. mais le monde n'est pas parfait, l'avenir encore moins. on ne choisit pas ce qui arrive, on le subit juste. la perte de ses parents, le déménagement à séoul. il n'a rien voulu de tout ça mais c'est arrivé. ouragan dans sa vie et il est parti. l'a laissé derrière lui comme un beau souvenir; il l'aimait plus que tout et c'est ça qui fait mal. ça qui le fait rougir et balbutier dans la pénombre. il aurait pu faire un pas en avant il y a longtemps mais c'est comme si aucune occasion ne s'était présentée. il y avait toujours eu un frein, des bras invisibles qui l'avaient retenu. peut-être que la peur avait joué aussi.

taeyang s'autorise une question. réponse qu'il a déjà grâce aux bruits de couloir mais c'est toujours plus agréable quand ça sort de la bouche de siwan. il écoute attentivement, sourit sans que ce ne soit trop voyant. « tu dois être heureux. » de debut, de monter sur scène pour de vrai. étrangement, il se sent satisfait - comme si l'idée que siwan fasse ce qu'il aime était suprême. il l'avait toujours admiré, lui et son talent. prestance évidente, siwan qui le captivait. taeyang se sent un peu troublé quand siwan réciproque. question à laquelle il ne s'attendait pas. le garçon semble bien au courant de ses activités. « oui, c'est ça. je ne sais pas encore si je vais debut mais j'espère. » il le voudrait tellement, réaliser son rêve - rendre fier son frère et connaître la lumière des projecteurs. pour l'instant, rien ne semble toutefois se profiler. zeus n'est qu'un lointain souvenir.

ils arrivent à destination, taeyang sent son cœur qui se soulève encore. il ralentit toutefois la cadence, ses yeux se perdent sur siwan. il écoute sa voix retentir, se contente d'attendre qu'on leur réponde. cela semble vain, rien ne se passe. il rejoint siwan dans ses cris et interrogations. tout comme le garçon, il se rend compte de leur indéniable solitude. « je crois que tu as raison...» il se sent comme inquiet à cette idée. personne n'est là pour mettre un terme à leur rencontre et ce serait étrange de se séparer. ils se font face et taeyang ne peut s'empêcher de le regarder. siwan le trouble toujours, le fait détourner le regard. « il y a des matelas dans la salle de repos. » laisse t-il échapper. les yeux rivés sur le sol. « je pense qu'on est coincés là jusqu'à demain matin, sans vouloir être pessimiste. » il sourit légèrement, loin d'être de ce genre-là. taeyang, c'était l'optimisme personnifié mais pas ce soir. il doit se rendre à l'évidence. c'est sans trop réfléchir qu'il attrape le poignet de siwan pour qu'ils avancent vers la pièce. il murmure presque ces quelques mots. « c'est pas très rassurant ici. » personne n'a répondu à leurs appels et ils sont plongés dans l'obscurité. la salle de repos leur permettrait au moins d'être en paix, si au moins elle était ouverte.

silent thoughts

vos voix qui brisent le silence ne parviennent pas à vous sauver de votre solitude. tu appelles une fois, deux fois, mais rien. personne ne répond, personne n’est là ce soir. où est-ce qu’ils avaient bien pu aller ? tu t’imaginais déjà faire un scandale demain matin lorsqu’ils viendraient ouvrir les portes. c’est vrai qu’il était tard, mais peut-être pas aussi tard pour que tout le monde ait déserté, si ? tout le monde sauf taeyang. et c’était bien ça qui devrait t’alarmer le plus.
contrairement à toutes les situations que tu avais vécu auparavant depuis que vous étiez tous les deux dans la même agence, aujourd’hui tu n’avais aucun moyen de l’éviter. tu ne pouvais pas changer de chemin, tu ne pouvais pas feindre d’être plongé dans une conversation super importante avec un autre trainee, tu ne pouvais pas non plus faire comme si tu ne l’avais pas vu. t’étais coincé. vous étiez tous les deux coincés ensemble… pour toute la nuit.

tu fais face à taeyang en lui annonçant ce dont il devait déjà bien se douter. tu ne saurais pas dire ce qu’il pense vraiment de la situation. t’imaginais que, comme toi, ça ne lui plaisait pas vraiment de se retrouver coincer à l’agence. il avait aussi sans doute d’autres trucs à faire et aurait préféré rentrer tranquillement chez lui. t’aurais bien voulu penser ça également, mais au fond de toi il y avait quelque chose d’autre. même si tu ne comptais pas le dire à voix haute, tu ressentais bien d’autres choses que de l’agacement. t’étais bloqué ici, sûrement pour de longues heures encore : mais t’étais avec taeyang. tu étais avec l’unique personne que tu avais aimé dans ta vie.
 
quand taeyang proposa que vous alliez dans la salle de repos, tes yeux se jetèrent sur lui. il ne te regardait plus, comme si le sol était devenu plus intéressant. avant que tu n’aies eu le temps de répondre quoi que ce soit, ton amour de jeunesse te prit le poignet pour que vous y alliez ensemble. tu savais que c’était sûrement à cause de l’obscurité qu’il te tenait, mais le sourire niais qui naquit sur tes lèvres à cet instant refusait de s’estomper. t’étais bien content qu’il te fasse maintenant dos, n’assumant pas qu’un aussi petit contact physique te mette dans cet état-là. « attend ! de ce côté-là c’est plus rapide ! » sur ces mots, tu retiras ton poignet pour prendre doucement la main de taeyang et prendre les devants pour vous guider jusqu’à la salle. « suis-moi. »
une fois arrivés devant la porte de la salle de repos, tu prias intérieurement un instant pour qu’elle soit ouverte. toujours sans lâcher la main de taeyang, tu utilisas la seconde pour pousser la poigner. c’était ouvert. il n’y avait pas de lumière dans cette salle non plus, mais tu pouvais voir que les matelas dont ton ex copain t’avait parlé était bien là. « heureusement que c’est ouvert… » est-ce que vous alliez dormir ici… tous les deux ? lorsque cette pensée te traversa l’esprit, tu redevins comme conscient de toi-même : vos mains. tu relâchas d’un geste rapide la main de taeyang et détournas ton regard, gêné. « désolé… » tu murmuras comme si tu ne voulais pas qu’il l’entende.

tu entras dans la salle, désormais encore plus nerveux que tu ne l’avais été depuis votre rencontre de ce soir. bordel, mais pourquoi est-ce que tu pensais à ça maintenant ? reprends-toi. tu te mets dans un coin de la salle, mais t’es incapable de rester tranquille. tu marches, tu tournes en rond. « on va devoir passer la nuit ici… »
tu cherches à poser ton regard sur n’importe quoi d’autre. tu ne vois pas très distinctement ce qui vous entoure, mais tu te forces à scruter les lieux en détails. ne pas croiser son regard. ne pas croiser le regard de taeyang. tu n’arrivais pas à te calmer, et tu te détestais pour ça. taeyang et toi, seuls, dans le noir, avec des matelas. t’étais incapable de faire abstraction de de tes pensées perverses, surtout quand l’objet de tous tes désirs n’était qu’à quelques centimètres de toi. « je– euh… je pourrais prendre un matelas et le mettre dans une autre salle, si tu préfères dormir seul ici ? »

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silence. solitude. obscurité. trois mots qui peuvent résumer leur quête désespérée pour une réponse. et malgré leurs plaintes, leurs cris - rien n'y fait. personne ne répond, aucune voix ne s'élève. l'agence paraît bien différente de cette perspective. taeyang n'apprécie pas trop le noir, ni le fait d'être à la merci des ombres. il n'est pas forcément craintif mais aurait préféré qu'ils aient au moins de la lumière. peut-être qu'il ne chercherait pas siwan dans chaque recoin dès qu'il fait un pas loin de lui. il se rend manifestement à l'évidence; fait qu'il dit à haute voix. son ex ne semble pas le contredire. et taeyang a cette idée stupide en tête. ce n'est pas comme s'ils allaient pouvoir s'entraîner ou faire quoique ce soit de productif. pas de lumière, une batterie à économiser car beaucoup dormaient déjà. c'était vain d'appeler à l'aide. taeyang n'était même pas certain de savoir qui avait les clés des lieux. il se sent un peu stupide d'être si ignorant mais le scénario qui est en train de se produire ne s'est jamais profilé dans sa tête. la vie gardait bien des côtés imprévisibles. il aurait pu être coincé avec n'importe qui mais c'est avec siwan qu'il l'est.

siwan dont il n'affronte pas le regard en mentionnant la salle de repos. il n'a pourtant rien de mal dans ses paroles; c'est juste que ce serait plus intime que le hall dans lequel ils se trouvent actuellement. taeyang a un instant de bravoure inattendue. il se saisit du poignet du garçon, n'ose pas attraper sa main. timidité qui le ronge à nouveau même si siwan est celui dont il a été le plus proche. c'est stupide et il le sait mais il n'a pas envie de faire un faux-pas. il n'ose pas le regarder; avancer, c'est mieux. quelques pas alors que c'est le chaos dans sa tête. siwan est à ses côtés, il overthink la situation encore. mais le garçon le ramène sur terre, comme toujours. taeyang est comme sorti de ses pensées. il sent siwan qui se défait de sa prise. pendant un instant, il a peur d'avoir été trop loin mais le garçon vient prendre sa main. c'est doux, presque lent. taeyang acquiesce avec un oui. une réponse peu évasive mais il ne pense qu'aux doigts de siwan contre les siens. il se sent bêtement heureux, comme s'il n'était que le naïf adolescent d'il y a quelques années. siwan rend les petites choses importantes.

peut-être qu'il se fait des films mais l'esquisse peine à se dissiper. siwan ouvre la porte de la salle; franc succès. taeyang est intérieurement soulagé. « je sais pas ce qu'on aurait fait sinon...» il rejoint le garçon dans ses paroles. peut-être qu'ils se seraient assis quelque part, qu'ils auraient dormi ou juste passé le temps autrement. taeyang observe les lieux. il se fait presque surprendre par siwan lorsqu'il décolle sa main de la sienne. regard détourné, taeyang qui sent ses propres joues s'empourprer légèrement. « non c'est moi...» murmure semblable à celui de siwan. c'est comme s'ils ne voulaient déjà plus y penser.

siwan mène le chemin à l'intérieur. taeyang referme soigneusement la porte derrière lui. ce serait étrange de la laisser ouverte. il se sent tout de même anxieux, un peu nerveux aussi. ses émotions, ses sentiments. tout est confus, mélangé. il ne sait pas quoi penser, encore moins quand siwan parle à nouveau. si taeyang a commencé à ordonner un peu des matelas, l'autre garçon tourne en rond. il n'est pas tranquille et il le sent. « ce ne sera pas la meilleure mais on s'y fera ? » pointe d'interrogation, comme si lui-même n'était pas sûr de ses dires.

assis sur un matelas, taeyang regarde la pièce. il l'observe mais ce qu'il observe encore plus, c'est siwan. l'autre ignore son regard, semble ne pas vouloir le croiser. taeyang ne peut pas lui en vouloir. ce n'est pas comme si cette situation était des plus normales. il ne comprend pourtant pas son manque de tranquillité. il le regarde encore avant d'être finalement surpris par sa proposition. « non, reste. » deux mots qui s'échappent trop rapidement. il a à peine réfléchi; ne veut pas que siwan s'en aille. « je veux dire qu'on peut dormir ensemble, c'est pas...» la première fois. silence. fin de phrase coincée dans sa gorge. siwan était déjà venu chez lui lorsqu'il habitait à jeju et tout avait été courtois, quoique taeyang ait eu quelques idées mal placées. « il fera plus chaud ici si tu restes. » rire léger qui s'échappe; allusion maladroite à la température humaine. taeyang qui se déteste sur le moment mais fait avec.

il décide de se lever pour qu'il arrête de tourner dans la pièce. « viens. » il entraîne siwan sur les matelas, ne se rend pas compte que cela pourrait être étrange. ce n'est qu'en s'asseyant et en observant le garçon qu'il comprend. que son cœur manque quelques battements. ils sont proches, peut-être un peu trop mais taeyang ne bouge pas. il se contente de regarder siwan et d'attendre; sans trop savoir quoi.

silent thoughts

attirance inévitable, attirance fatale, mais mignonne. simple et adorable, c’était comme ça qu’on aurait pu décrire votre relation cinq ans auparavant. tu te souviens des toutes les premières fois que taeyang t’avait offerte. les premiers regards insistants, les premiers sourires ineffaçables quand tes yeux croisaient les siens, les premières envie de coller tes lèvres à celles d’un autre, tes premiers sentiments amoureux. taeyang, tu aurais voulu lui céder toutes tes premières fois. mais il était parti, autre part : sans toi.

il y avait toujours eu ce sentiment d’inachevé que tu n’arrivais pas à estomper. si tu n’étais jamais arrivé à passer à autre chose, c’était parce que t’avais eu l’impression que ça ne s’était pas fini comme il le fallait avec taeyang. vous ne vous étiez pas quittés parce que vous ne vous aimiez plus comme avant, bien que ces fameux mots n’aient jamais passé vos lèvres. vous ne vous étiez pas quittés parce que vous en aviez envie. c’était arrivé comme ça. sans vraiment vous y attendre, ça vous était juste tombé dessus.

t’aurais voulu qu’il soit resté. il y avait tellement d’autres choses que t’aurais voulu vivre avec lui. où est-ce que vous en seriez si le destin ne vous avait pas séparés pendant toutes ces années ? est-ce que vous seriez encore ensemble ? est-ce que tu lui aurais dit ; je t’aime ? tant de questions sans réponses. dure réalité.

tu ne te retournes pas pour faire face à ton ex, mais tu peux entendre qu’il ferme la porte derrière vous. taeyang a l’air incroyablement calme, tandis que toi tu ne tiens pas en place. tu tournes en rond, tu voudrais penser à tout sauf à la situation actuelle. plus tu veux refuser d’y penser, et plus ça t’obsède. tu jettes un regard furtif à ce qu’il fait, il ordonne les matelas. tu mets tes mains dans les poches, reprenant ta marche nerveuse dans la salle en cherchant à te concentrer sur autre chose. et puis finalement tu proposes de dormir ailleurs. il fallait que tu dormes ailleurs, tu n’allais jamais réussir à fermer l’œil si taeyang restait à tes côtés. tu lui demandes s’il préfère rester seul cette nuit et intérieurement tu ne sais pas trop ce que tu espères comme réponse. sans attendre, taeyang te dit comme si c’était une évidence : il voulait que tu restes. tu n’as pas le temps de répondre qu’il enchaîne que ce n’était pas la première fois… que quoi ? il ne finit pas sa phrase et encore une fois tu évites son regard. ouais, mais cette fois c’est différent…

tu avais l’impression que tous les mots de taeyang raisonnaient un peu trop fort en toi. alors qu’il avait ce regard innocent, tu ne pouvais pas t’empêcher d’y lire des sens cachés. comme si c’était vraiment ce que t’avais envie de comprendre, comme si c’était ce qu’il avait vraiment voulu dire. « ouais, enfin… » tu réponds maladroitement, n’ayant aucune excuse qui te vient. taeyang se lève et tu le regardes s’approcher de toi, il t’emmène sur les matelas et tu te laisses faire. tu sens tes joues qui s’échauffent et tu remercies le fait que les lumières soient éteintes. alors que tu regardes le sol sans rien dire, tu sens le regard de ton ex sur toi. pourquoi est-ce qu’il te fixait comme ça ? « euh, taeyang… ? » tu dis pour le lui faire remarquer. « est-ce que j’ai quelque chose sur le visage ? » le silence est infernal et tout sauf apaisant. les secondes sont des heures et vos deux corps sont tellement proches qu’il pouvait sans aucun doute entendre les battements de ton cœur.

« je suis nerveux. » tu lui avoues sans savoir ce qu’il te passe par la tête en faisant ça. tu enfouies ton visage dans tes mains. tu voulais lui dire parce que le garder pour toi empirait la situation. vous étiez coincés ici de toute façon. « je suis nerveux parce que je suis avec toi teayang… »
et que je ne t’ai jamais oublié, que je ne suis jamais passé à autre chose. je suis nerveux parce que quand t’es avec moi comme ça, j’ai pas envie de rester là sans rien faire. comment tu fais pour rester calme, pour dire toutes ces choses sans être embarrassé ? est-ce que je suis le seul à penser à tout ça ? à penser à nous, à ce qu’on aurait pu être. penser à toi, à ce que tu représentes encore pour moi.

« tu m’as manqué. »
et tu me manques encore.

droit dans les yeux, comme si un courage soudain avait pris possession de ton corps. le visage tourné vers taeyang, la distance entre vous divisée par deux.