C'était compliqué, tellement compliqué entre elles. Tout ce que lui disait Su Nah la blessait et la pansait en même temps. Elle lui infligeait des blessures qu'elle guérissait dans la foulée. Comment pouvait-elle s'en remettre par la suite ? C'était l'effet Cho Su Nah. Jamais, on s'en remettait. Jamais Sori ne le ferait. « Arrête de parler, arrête de dire ça ! Su Nah, par pitié ! » C'était rare de voir Sori supplier, c'était même inexistant. Mais quand on parlait de la pyo devant elle, tout était possible. Tout était absolument possible. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait de Sori. « Tu ne peux pas venir ici et tout dire. Tu vas le regretter. Demain matin, ce soir. Et je ne veux pas de ton putain côté de girouette Su Nah. Tu vas repenser à ton frère et tu vas fuir. Je te connais... » Son discours se fit un peu plus silencieux avec sa dernière phrase et surtout ce geste si lent...si tentant. « Su Nah... » Son souffle se fit plus court, plus dur. Et elle craqua, capturant ses lèvres entre les siennes. Ses mains se perdirent dans la chevelure de la jeune femme. Alors qu'elle revivait. Enfin. Enfin elle retouchait ses lèvres si douces, pleines. Elle gémit de désespoir contre elle, heureuse et désespérée de les sentir.

Elle Avait raison. Su Nah n’était qu’une girouette qui ne suivait que son cœur et qui faisait toujours tout un tas de dégâts. Elle n’arrivait jamais à contenir ses pulsions même si elle savait celle-ci destructrices et douloureuses. Elle secoue la tête et tente de ne pas entendre ces mots acides. Non elle n’avait pas envie de se taire, quitte à se bruler les ailes autant le faire dans le plaisir de la retrouver … Su Nah perdait la tête, elle avait quelqu’un et quand bien même ils n’étaient pas en couple, elle faisait, encore une fois, n’importe quoi … Elle se détestait, bon sang qu’elle se détestait de ne pas avoir la force de la fuir à nouveau. Elle allait faire tellement de dégât … bon sang … Su Nah n’y pense pas, pas encore mais quand elle se réveillera de ce chant de sirène contre lequel elle ne veut pas lutter, elle aura envie de se faire du mal. Elle ne méritait pas les gens qui l’aimait … quelle stupide idiote. Mais quand Sori l’embrasse, elle oublie tout et se jette sur sa bouche pour répondre à son baiser. Elle la bascule même en arrière dans sa fougue et l’embrasse avidement, le cœur palpitant de plaisir. Sa langue qui retrouve enfin sa jumelle, et sa poitrine qui s’écrase contre celle de son ex petite amie … quelle folie.

La tatoueuse avait cet impression, impression qu'elle allait se réveiller dans son lit. Et que tout ça, elle venait de le rêver. Et en même temps, son cauchemar serait demain. Quand Su Nah l'ignora, quand Su Nah ne la regardera même pas. Quand tout ce qui concernait la vie de la jeune femme ne serait plus avec. Sa vie n'était plus perpendiculaire à la sienne. Mais parallèle. Je te vois. Mais aucunement je ne te touche. C'était presque un rictus malsain qui tendait la main. Sori cherchait juste à se faire battre, elle tendait elle-même sa joue. Alors elle accepterait plus ou moins la douleur qui allait suivre par la suite.
Ses lèvres contre les siennes, sa langue avec la sienne. Tout était fou, faux, vrai. Sori grimace de douleur en sentant son dos rencontré le sol mais elle n'en fait rien, elle embrasse Su Nah comme une folle, elle explore de nouveau cette bouche qu'elle connaissait par cœur. Encore et toujours. Ses mains descendent dans le dos de la jeune femme, frôlant ses fesses, remontant rapidement dans sa douche chevelure. Elle se décolle à bout de souffle, cherchant à se rappeler comment respirer. Ses poumons la brûlaient tellement elle avait forcé pour rester contre ses lèvres. « Su Nah...Su Nah..tu vas me rendre dingue...tu vas me tuer un jour..ma belle ». Ma belle. Elle l'avait appelé ainsi la première fois qu'elle l'avait vu. Ma belle. .

Su Nah cherche son souffle mais ne se recule sous aucun prétexte. Il faut l’intervention et l’esprit lucide de Sori pour la faire reculer légèrement. Un gémissement s’échappe de ses lèvres alors qu’elle est séparée de son amante. Un gémissement qui trahis son envie d’elle et le manque qu’elle a ressenti pendant ces longs mois … Elle se laisse tomber à côté d’elle, consciente de sa folie, mais y sombrant avec un plaisir certain. Ce surnom lui vrille le cœur alors qu’elle se blottit contre elle. « Je sais … » murmure-t-elle ressentant la même chose. Elle ferme les yeux et inspire ce parfum familier en frissonnant. Putain, elle était si belle, si délicieuse, Su Nah connaissait les courbes de son corps par cœur … Tout comme Sori connaissait celui de SU Nah. Elle se souvient encore de la fois où elle s’était fait percer le ventre avec Sori, elle avait eu si peur que la jeune femme l’avait embrassé pour détourner son attention. C’était le premier baiser qu’elles avaient échangé en dehors de leur chambre … et c’était aussi le premier d’une longue lignée, où Su Nah avait accepté d’afficher son amour pour la jeune femme au grand jour – si ce n’est sa famille – et tout avait été différent à cet instant. Elles avaient été … heureuse. Heureuses. Elle embrasse son cou comme une vieille habitude qu’on retrouve et après quelques secondes finis par se relever pour s’asseoir et s’adosser mur … perdue.