« Ça va les bras ? tu vois je t'avais dit que je le ferai ! La meuf me croit jamais là ! Bon je vais chier je reviens » dis-je en sautant du lit, laissant Naeun pas vraiment maîtresse d'elle-même. Mais ça je m'en foutais. Depuis le temps que je lui avais promis, c'était son soucis. A force de dire « nyanyanya tu dis tu fais pas » cette fois je l'avais fait, et même pas chez moi. Sympa d'ailleurs cet airbnb. Pas cher et spacieux avec une jolie vue sur la plage de Haeunde. Un peu frisquet vu le temps, mais sympa quand même.

Ça faisait longtemps que je m'étais pas fait un petit trip comme ça avec une meuf. La dernière fois remontait au moins à trois ans, et franchement vu comment ça s'était terminé j'espérais que ça me porterait pas malheur. Mais avec NaEun tout était différent. Na Eun elle refusait rien. Na Eun elle disait tout, et c'est pour ça que je l'aimais. Elle critiquais pas. Elle me laissait vivre. Bon elle avait été un peu relou au bal de noël mais elle pouvait pas savoir, puis moi je m'en fichais. C'est elle au final que j'allongeais le soir venu, pas une autre fille. Alors pas besoin d'être jalouse hein ? Les filles me diront que c'est sûrement facile à dire quand on a une confiance développée comme la mienne. C'est pas que j'avais confiance, c'est juste que si une fille préférait aller coucher avec quelqu'un d'autre que moi, c'est que je lui apportais juste pas assez, et si elle voulait aller ailleurs, qu'elle aille ailleurs. Mais moi je changerai certainement pas pour quelqu'un. On avait déjà bien à faire dans une vie que de se formater à ces conneries de société. Je sais vous allez me dire qu'avec Tae In je suis un salaud et qu'il a pas le droit de se taper qui il veut. Non. Il fait ce qu'il veut. J'ai juste pas envie qu'il ramène le sida et qu'il passe pour un débauché et que ça lui gâche sa carrière ou sa réputation. Je veux pas être le frère d'une folle. Sinon j'aurai demandé à Myungshin la trans, ça aurait été plus simple. C'est tout ce que je demande. «P'tain, je sais pas ce que j'ai mangé hier, mais je lui ai refais la peinture des chiottes au gars » annonçai-je en revenant trente minutes plus tard. « Chiche on va se baigner après mangé ? Tu sens l'odeur iodée qui appelle tout mon être là ?  » Bon ça serait un coup à se chopper la grippe et à se faire attraper par le garde côte, mais franchement au point où on en était hein ?

Encore. À force, j’ai plus envie de rire qu’autre chose. Le colon de ce mec est mieux réglé que Big Ben. Dommage que ça tombe toujours dans ce genre de moments. « Oui, oui ça va, à dans une heure ! » lancé-je en riant. Il aurait au moins pu me laisser vivre avant de s’enfermer dans les chiottes, non ? Imaginez, il n’a plus de papier. Il doit appeler quelqu’un et on me trouve comme ça. Double catastrophe. Au pire, j’aurai qu’à leur faire une grimace et à agiter les doigts genre ‘j’essaie de vous faire un coucou coquin mais je sais que c’est extrêmement gênant. Je regarde le plafond. Limite, j’écoute ce qu’il fait. Le mec est sûrement en train de lire l’encyclopédie, à ce stade. Mais je ne lui en veux pas. C’est plus amusant qu’autre chose. Le genre de détails qui n’appartiennent qu’à lui, même si ça fait pas très glamour d’expliquer à ses copines que son mec fait toujours caca après avoir baisé, mais bon, c’est pas comme si je m’amusais à raconter ce genre de choses non plus. D’ailleurs, ça ne vous regarde pas non plus.

« Hm, t’avais pas pris des Tteokbokki ? » C’est épicé, des trucs, ça m’étonnerait pas que ça ait un effet laxatif. « T’as battu ton record, 3 minutes de moins que la dernière fois. » Est-ce que j’ai vraiment compté ? Peut-être. On s’occupe comme on peut, quand on est coincée comme ça. « Pourquoi pas ? Paraît que l’eau froide c’est bon pour la peau. » Allez, il aura l’occasion de me dire que j’en aurai bien besoin parce que je suis moche, si ça l’amuse. J’agite un peu les poignets. « Bon, tu me détaches maintenant ? » Au cas où il aurait oublié. « Ou alors faut encore que je t’appelle Monsieur Kwon et que je te supplie pour ça ? » Pas que ça me dérange, ne vous méprenez pas.

« Hey ho tu vas me respecter hein ! L’autre là elle compte les minutes de quand je suis aux chiottes ! Respecte-moi hein ! Sinon c’est sur toi que je vais pisser la prochaine fois ! » dis-je le plus sérieusement possible en fixant droit dans les yeux la jeune fille, machouillant  mon dernier morceau de snicker glacé volé au passage dans le congelo du proprio. Fallait pas le laisser là bouffon. Je la fixe elle et son corps tout frêle. Son beau corps tout frêle même, avant d’exploser de rire. « Ahahaha Nah je dec…T’as vu je fais des efforts ! Je pense à toi je me dis « ouais peut-être que la pauvre elle a la froid, peut-être que mon corps d’apollon lui manque, peut-être que si, peut-être que ça… » je hausse les épaules avant de l’imiter, gigotant en pointant mes bras vers le ciel (ou du moins le plafond, parce que le ciel je le vois pas là tout de suite. Enfin si, techniquement je le vois depuis la fenêtre mais on s’en fiche. Je pointe les bras vers le plafond et j’imite ma meuf gesticuler parce que madame veut être libre). « Je sais pas si tu mérites franchement. Je t’ai pas assez entendu me supplier… » je fais semblant d’être déçu puis finalement je viens libérer la demoiselle en détresse, mon regard hésitant entre ses yeux et sa poitrine. Parfois on se demande lesquelles sont les plus proéminents. Putain que je l’aime la gueuse. Je lui dirai jamais hein. Que ce soit bien clair entre vous et moi, je lui dirai jamais, mais je l’aime comme un fou, comme un soldat, comme la star que je suis déjà. Je l’aime et je l’aime encore plus quand elle se perd comme ça, qu’elle s’abandonne parce que t’façon elle a pas le choix, mais encore mieux : qu’elle s’abandonne parce qu’elle aime ça.

Enfin j’espère. J’espère qu’elle aime ça. Je monte carrément sur le lit, me plaçant au- dessus d’elle pour venir l’embrasser. D’habitude pour ce genre de blague je m’enfile un dentifrice entier à la menthe avant de lui cracher mon haleine à la figure. Mais là j’ai pas eu le temps. Puis j’ai encore à faire. Faut que je l’embrasse, que je me change,qu'on mange si elle a faim, qu’on aille se baigner, que je revienne, et que je vole des trucs dans l’appartement. Alors je finis de l’embrasser pour aller me changer, troquant mon caleçon pour un maillot de bain enfoui dans mon Eastpack. « P’tain comment ça va être romantiiiique et tout…on écrira « jaein et naeun forever sur le sable » puis on mettra en story ! On enverra à tous ces bouseux pas en couple. On leur mettra les boules bébé, bon tu veux manger quoi ? Je te prépare ! Ou je te paye...c'est pareil »

*

La plage. Moi. Elle. Et le froid. J’arrive pas à me dire que sous ma doudoune je suis quasi à poil. Je sens déjà les poils sous mon nombril qui tressaillent de peur. Eux-mêmes ils veulent rentrer. Quelle idée d’aller se baigner avec un temps pareil aussi. « C’est bon pour la santé tu disais ? »

« Je n’avais rien de mieux à faire, fallait bien que je m’occupe. » Je ris un peu, mais faudrait qu’il me laisse bouger, maintenant, ça commence à faire un peu mal. « C’est tellement attentionné. T’es une perle Jaein. » Qui se fout de ma gueule allègrement. Le pire ? Ça me fait rire. Ça me fait rire qu’il fasse le petit con. « S’il vous plaît, monsieur Kwon ? » Je plisse les yeux. « On ne te supplie jamais assez, c’est difficile de savoir quand t’es satisfait avec ça. » Je me masse un peu les poignets quand il me libère finalement. À moi la vraie vie ! Ah non, je me trompe de film. Je souris, mais quand je veux me redresser, je n’en ai pas vraiment le temps. Mes mains atterrissent sur ses épaules. Pourquoi il se sent obligé de faire ça ? Plus important, pourquoi ça me rend si faible ? Je réponds à son baiser en enroulant mes bras autour de son cou, les avant-bras posés sur ses épaules. Puis je le laisse partir et je me prépare de mon côté. « Hashtag Date, hashtag couplestragram, hashtag toopretty4you ? » Allons, c’est mal de se moquer des gens qui abusent des réseaux sociaux. « J’dirais pas non à des samgyeopsal. Si ça te dit ? » Ouais, leur bouffe végétarienne, ça ne me dit rien, j’ai envie de viande. Pendant ce temps, je continue à me prépare pour partir.

•••

« Hey, c’est toi qui a eu l’idée. Je suis innocente ! » Je bats des cils, innocente oui, tout à fait innocente. « Tu devrais le savoir depuis le temps ! » C’est vrai qu’il fait un peu froid, en vrai. Mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter. D’ailleurs, je regard autour de nous et je retire mon manteau et ma jupe, sous laquelle je porte un bikini. Des passants me regardent, interrompus dans leur petite marche au bord de l’eau. « WONDERWOMAN IS BORN ! » Okay, je n’ai pas ses seins, mais ça ne m’empêche pas de m’élancer vers l’eau à la seconde suivante et de me jeter dedans. « Oh bordel c’est tellement froid ! » Je ris comme une conne, mais mes dents claquent. C’est dingue. Peut-être que je vais mourir.

« Du samgyeobsal ? A cette heure-là ? t'es sérieuse ? Attend… » je fronce les sourcils, zyeutant ma contrefaçon Rolex. « A cette heure-là ? vraiment? du samgyeobsal. Ptain je te jure que si tu croques dans un morceau d’ail, je te fais avaler assez de sable par tous les orifices pour qu’une fois noyée personne ne retrouve ton corps. Du samgyeobsal….non mais je rêve sérieux. La meuf je la ken toute la nuit, je fais mon mec cool, elle pourrait genre me proposer du poulet, ou juste un truc sucré, mais non. Toi tu veux bouffer du cochon. Ça se réveille ça veut bouffer du porc. Je rêve... » Je hausse les épaules, la jugeant un peu. « M'enfin...Tes désirs sont désordre princesse ». Ouais. Ouais c’est la première fois que je l’appelle comme ça ya quoi ? Y a une première fois à tout. Première fois qu’on a été à Busan ensemble. Première fois que j’ai utilisé les bandeaux, première fois que j’ai fait mon mec cool, premièfre fois que je l’appelle princesse. Dernière fois aussi ceci dit. Faut pas abuser des bonnes choses. Encore moins quand cela ne nous correspond pas, c’est Mamie qui le dit.

***

« Mes couilles vont geler ! Geler t’entends ? » voilà que j’ai les dents qui claquent pendant que je regarde Naeun se déshabiller. Elle a pas froid là ? Déjà qu’elle est pâle comme le cul du paradis, mais en plus elle se baig… « MAIS ATTENDS MOI LA !» La gueuse. Je m’empresse de retirer à la va vite mes affaires, courant alors vers la mer en simple maillot/boxer pour la rejoindre dans l’eau en plongeant directement, avant d’hurler la mort en remontant à la surface. « ça y est je suis stérile là. Vasectomie fulgurante. Cryogénisation du sperme Kwonien » j’ai les dents qui continuent de claquer, machinalement je viens me coller à Naeun, comme si ses 1m60 et quelques allez pouvoir me réchauffer. Que dalle. « J’AI FROIIIIIIIIIIID » je crie. Je m’en tape qu’on nous regarde, ou qu’on nous entende. Je sens plus mes pieds. Même les poissons du tréfonds de l’océan, même les pingouins, même les ours polaires viendraient pas s’aventurer au point exact où nous étions. 35°N 129°E lieues sous la Mer. Bienvenue à Haeundae Beach en plein milieu de l’hiver les cocos. «Je vais bientôt pouvoir t’appeler Ariel t’as vu ? » dis-je en venant prendre Naeun contre moi, feignant de plonger mon visage dans son cou pour en fait venir la renifler, remontant mon nez contre son cou puis son visage « Tu sens pas cette odeur mi femme mi poisson ? mi humaine mi cabillaud ? »

Il n’y a pas d’heure pour manger du samgyeobsal, je suis désolée ! Mais si Jaein est une petite nature, c’est dommage pour lui. « Je te croyais plus courageux que ça… » Je croise les bras, presque défiante. Parce que oui, je le défie. Enfin, je le défie jusqu’au moment où il m’appelle princesse, parce qu’on ne défie pas quelqu’un qui vous appelle princesse. On savoure le moment et on lui sourit, exactement comme je le fais à cet instant. « Parfait ! » J’ai hâte de manger, parce que franchement, cette nuit m’a donné la dalle d’une façon inimaginable. Alors je me lève, et je m’habille après avoir embrassé Jaein. Faudrait pas que je l’embrasse quand on aura mangé, après tout, on va sûrement bien puer de la gueule.

• • •

« Sois pas si dramatique ! » Je les réchaufferai, qu’il s’en fasse pas, le pauvre. Je souris avant de secouer la tête et de me précipiter vers l’eau en riant. Puis je l’attends, à moitié car je suis déjà dans l’eau. « C’est bien au moins tu vas le conserver pendant un moment. » Cryogénisation. Il n’arrêtera jamais avec ses conneries. Et tant mieux, ça serait triste qu’il arrête. Je passe mes bras autour de sa taille quand il me rejoint et je sautille sur place. « Agite-toi alors !!!!! » Comme si ça allait suffire, avec l’eau glacée autour de nous. Je ris encore. « Ariel ? » Comme la petite sirène ? C’est tellement pas moi ! Mais je vois le rapport. Parfaitement même. J’incline un peu la tête avant de rire encore. « T’as manqué l’occasion d’un mi-femme, mi-thon ? Que t’arrive-t-il, Kwon Jaein ? » Peut-être est-il fiévreux ? Je m’éloigne pour lui adresser un petit regard presque désolé et je lève le bras pour sentir son front du plat de ma paume. « Le diagnostic est formel, tu es souffrant… » Puis je l’embrasse en riant un peu. « Évite de me comparer à Ariel, Eric a l’air sacrément gay. »

Les petites victoires c’est ce genre de voyage vous voyez ? C’est réussir à être heureux en profitant d’une seule personne. Sans avoir besoin des autres autours, sans avoir besoin de l’attention de la famille ou des amis. Juste me focaliser sur un point précis : sur elle. Depuis qu’on est officieusement ensemble on se lâche plus vraiment. Mais c’est ce dont j’ai besoin. De ce genre d’attention. De son attention à elle. Une attention qui vaut des millions. « Quoi pas dramatique putain ! Je te dis j’ai les couilles congelées et ça me dit de pas être dramatique ? Je te jure que quand on rentre je te fous des glaçons dans l’anus tu vas voir si c’est du drama ou pas là ! » Aussitôt dit que me voilà en train de l’éclabousser pour ensuite venir me coller à elle. Elle se sert contre moi et je ne peux qu’apprécier. Autant dire qu’on se les pèle bien et que son servira toujours de renfort en coup de vent. Faut penser à tout dans la vie. « Quoi ? comment ça Ariel ça te va pas ? Non mais la meuf quoi ! La meuf je lui donne le nom de la princesse la plus bonasse de tout disney et ça vient raler ? » Je la juge du regard avant de l’attraper pour lui mettre la tête sous l’eau car y a que ça qu’elle mérite la gueuse. « Recompare moi à un gay et tu vas voir » Vieille meuf. Je finis par me coller de nouveau à elle, mon corps s’étant peu à peu habitué à la temperature.

« Ecoute, si je t’ai appelé mi-femme mi-cabillaud c’est pas pour rien…. Je veux dire, regarde-toi ! T’es quasi anorexique là ! Avec tout l’irrespect que je te dois, je peux tout de même pas me permettre de te comparer à un thon ! Faut appeler les choses comme elles sont, t’es une morue Naeun. Mi-femme mi-cabillaud, mi-femme mi-morue c’est la même chose t’façon, c’est la même espèce de poisson ! » Je me mets à hurler de rire avant de venir lui embrasser la joue, la gardant bien contre moi. Est-ce que je l’aime ? Nooooon ça c’est pour les petites natures là. C’est trop mainstream d’aimer ses copines. Non je l’aime pas, je l’adore c’est pas pareil. Okay ? Je l’adore pour ce qu’elle est. Ce qui est quand même franchement étrange sachant qu’objectivement elle a franchement pas une gueule attirante. Toujours à faire la gueule avec son air condescendant là. Mais croyez-moi qu’une fois qu’elle est decrispée (un ou deux trois coups, pas plus), son sourire il revient vite. Et ça mon gars, ça c’est beau. Ça, ça donne encore plus d’érection. Ouais parce que la morue depuis que je la connais, c’est comme si on se complétait vous voyez ? C’est bizarre d’ailleurs. Ce qui s’est passé entre nous. Cette histoire de yaourt, puis d’accident, de police. C’est comme-ci on avait tout fait pour pas se rencontrer. Je veux dire, elle était qui cette fille y a encore 9 mois ? Elle était rien. Enfin pour moi. Et voilà que maintenant. Elle devient presque la raison de 80% de mes sourires. (Les 20% autres étant distribués dans la famille). Faut prendre sur soi pour apprécier une fille pareille. Ou du moins pour assumer. J’espère qu’elle m’aime en tout cas. Même si je l’aime pas, car il est clair et net que je l’aime pas. Et si ce matin j’ai pensé au fait que je l’aimais bah c’était un faux moi qui parlait. Mon jumeau maléfique. Mais même si je l’aime pas je vais quand même l’embrasser parce que putain.  Mais avant. Avant je veux m’amuser un peu avec la mer. Me baissant légèrement dans l’eau, j’en profite pour attraper un peu de sable dans ma main. J’aime bien la texture du sable mouillé. « C’est la première fois que je rencontre une sirène dans ton genre. Enchanté, moi je suis le triton. Jaein Triton d’argent, premier du nom » petit clin d’œil avant de venir l’embrasser longuement. Je l’embrasse, et l’embrasse encore. Attendant le bon moment pour lui étaler du sable dans les cheveux et le visage. Car je suis un gamin. J’assume. Tellement gamin que je hurle de rire comme jamais. A en faire fuir la faune marine.

Mais quel comédien, Jaein. Ce n’est pas comme si ses couilles avaient été cryogénisées au moment où il a mis les pieds dans l’eau ! C’est un gros bébé, mais on l’aime comme ça, pas vrai ? Si vous ne l’aimez pas, allez juste vous faire foutre. Moi, il me fait rire, je suis heureuse avec lui, et c’est le plus important. « Mais non, c’est pas dramatique, au moins elles seront conservées plus longtemps. » Je ris un peu à sa menace. « Alors là je t’avoue que je sais pas si c’est une menace ou un de tes fantasmes refoulés, Jaein… » Dans les deux cas, qu’il essaie, et il verra ce que ça fait d’avoir les couilles vraiment gelées, je dégoterai de l’azote liquide quelque part et je m’assurerai que ses génitoires soient conservés pour les prochains siècles à venir. Mais ça, évidemment, je ne lui dirai pas, parce qu’un bon futur maître du monde ne révèle pas ses plans à sa victime, au contraire de ce qu’il vient de faire. Ah, Kwon Jaein, tu serais un si mauvais génie du mal ! Quoique, il vient quand même de m’éclabousser en traître, là ! Je ris comme une idiote, d’ailleurs. Je me colle contre lui en retour avant de hausser les épaules. « La princesse la plus bonasse de Disney devrait s’appeler Kwon Naeun. » Plus bonne qu’Ariel ! Enfin, Ariel est quand même vachement bonne, qu’on se le dise. Puis, elle a de la poitrine, ce qui n’est pas mon cas, mais je n’ai jamais été du genre à me plaindre de ce que je n’avais pas à ce niveau, quand je vois la galère que certaines ont à trouver des vêtements, je suis même plutôt heureuse. En plus, quelqu’un a eu la bonne idée d’inventer les push-ups, à consommer sans modération pour les soirées sexy. « Je crois avoir assez d’arguments pour prouver que tu ne l’es pas, monsieur Kwon Jaein. » Pas du tout, d’ailleurs. C’est sûrement le mec le plus hétérosexuel de tout mon entourage. Le mec il voit passer une meuf et tous les voyants de son tableau de bord virent au rouge, un vrai sapin de Noël ! Malgré ce qu’il s’est passé au bal -on rappelle, pour les archives, que cette connasse lui a mis la main au cul, quand même- il a de la chance que je prenne pas la mouche à chaque fois qu’il pose les yeux sur une gueuse.

« T’aurais dû m’appeler mi-femme mi-sardine, alors. » Petite et fine. Je trouve que ça me va plutôt bien. Le pire, c’est sûrement que je ris encore à ses conneries. C’est pas que j’aime qu’on me manque de respect, mais plutôt que ses paroles ne reflètent pas le reste. Certains gars sont irrespectueux en paroles, physiquement, dans tous les sens du terme, mais Jaein… C’est plus complexe que ça ? Je sais que certaines meufs un peu trop féministes gueuleraient à cause de la façon dont il me parle, qu’elles me diraient de le quitter, toutes ces conneries. Mais je les emmerde, laissez-moi vous le dire. Je connais mes limites, et je suis la seule à pouvoir en décider. Je le regarde se baisser pour être dans l’eau, un sourire aux lèvres. Le mec c’est limite une station pétrolière, tellement il est grand. Je m’amuse de ses propos, répondant à son baiser avant de m’offusquer en recevant ce sable dans les cheveux. « Traître ! » Choquée, mais pour de faux, je ris en donnant un coup fébrile dans son torse. « Petit connard va ! ». Oui, petit. Il est petit, ça se voit pas. « Tu crois que parce que t’es le roi des océans tu peux tout faire, c’est ça ? » Saisie d’une nouvelle idée, je m’approche de lui et je ris encore, glissant la main contre son torse. « J'espère qu'en tant que femme-morue du royaume, j’aurai le droit de voir votre fameux trident, votre Altesse? » Fière comme jamais, je lui adresse un clin d’œil avant de plonger dans l’eau entièrement, pour faire partir le sable qui se trouve dans mes cheveux. J’émerge quelques mètres plus loin et je rabats mes cheveux en arrière.

Les bras autour d’elle je réfléchis un instant à ce qu’elle vient de me dire. Ouais c’est pas faux. Elle ferait une bonne princesse disney. Elle a un passé parental bien glauque comme 99% des princesses. Elle a une chevelure magique dans lesquels passer ses doigts porte bonheur. Elle a des mains magiques. Elle a même une bouche magique. Tout est magique chez elle. Et comme si ça suffisait pas, elle a réussi à me sortir de la merde, en me trouvant dans un endroit improbable, au moment improbable. Ce qui du coup lui a permis d’avoir tous ses problèmes résolus grâce à l’arrivée d’un homme grand, beau et fort, aka moi, Kwon Jae In. Si c’est pas le synopsis d’un tout nouveau disney, je sais pas ce que c’est.

Quelques instants plus tard, la voilà qui s’éloigne après m’avoir posé la question la plus louche du monde. J’ai compris la métaphore okay. Mais…Je suis censé repondre quoi à ça ? C’est bien l’eau pour se cacher et faire ses affaires. Mais j’ai pas envie que l’un de nous prenne la tasse. Enfin moi surtout. Elle, elle est peut-être habituée. Mais pas moi. Et puis faut qu’on ait pied. Non, stop. Faut que j’arrête de me faire des films. Je plonge sous l’eau et rejoint donc la demoiselle, sans pour autant remonter à la surface, tournant autour d’elle tel un requin avant de venir lui attaquer les jambes,en la pinçant et lui mordant la cuisse. Suite à quoi je remonte sur le champ pour reprendre de l’air et tousser un peu. Je sais nager certes, mais nager en pleine mer tout ça c’est pas mon fort. Autant voler en l’air ça me dit. Autant la mer, un peu moins. Je suis une petite nature. Je suis sûr que j’aurai le mal de mer facilement. « Vieille peau ! » criai-je à Na Eun avant de la prendre sur mon dos, l’eau de la mer rendant donc le poids de son corps infime. « On va où ? Ah attends j'ai une idée ! Je peux te montrer mon trident mais je te préviens, on fait ça près des rochers là où y la statue de la sirène. Askip ça porte bonheur et fertilité. Tu vas jamais t’en remettre. Jamais vu un trident pareil. Super pouvoir magiques et tout. » Je lui fais un clin d’œil en disant ça, avant de la faire descendre parce que j’ai une affaire pressante dans l’eau, et que c’est le bon moment pour faire ce genre de chose. Ni vu ni connu. Personne saura rien. T’façon si les baleines elles font pipi dans l’eau, moi aussi je peux. Petite commission faite, je sors doucement de l’eau, prêt à aller récuperer nos affaires. Ouais parce que la statue elle est à l’autre bout de la plage, alors autant marcher au bord de l’eau, et retourner s’amuser plus loin. En plus le soleil est en train de pointer le bout de son nez. « Bon la sardine là ! On y va où tu veux rentrer ? » Quitte à être malade hein. On peut bien rester encore un peu près de la plage.

Je crois que les parents de Jaein, quand ils l’ont fait, ils ont pris l’abonnement insultes. Genre, abonnement illimité, il a besoin de tout laisser sortir, peu importe les circonstances. Et quelque part, ça m’amuse plus que ça ne m’offense. Alors je ris comme une imbécile, en ronchonnant parce qu’il m’a mordue, pour la forme plus qu’autre chose, avant de m’accrocher à son cou quand il me prend sur son dos. « Aaaaah ! J’ai le vertige ! » Pas vraiment, j’avoue tout. Je ricane en continuant à m’accrocher à son cou et je souris à ses propos. « Oui enfin évite quand même de me fertiliser là tout de suite. » J’ai des études à finir. Mais ça, j’imagine qu’il le sait, et que de toute façon ça ne serait pas trop de sa faute. Faut être deux, pour faire un gosse, après tout. C’est pour ça que ça me fait bien rire les meufs qui s’offusquent quand elles ont un enfant « par accident ». Bah ouais, t’as accidentellement pris un coup de bite. Tu ne l’avais pas vu, le mec était là, t’as glissé, t’es tombée dessus et pouf, enceinte ! « C’est la première fois que je suis autant d’espèces de poisson en si peu de temps. » Je ris avant de le rejoindre, frissonnant à cause du vent, et on marche le long de l’eau. « On ne va pas déjà rentrer maintenant, si ? On peut aller voir ta statue. » Y a un truc qui me gratte. Je tire un peu sur le haut de mon bikini pour retirer le sable qui y est entré quand on était dans l’eau et je pousse un soupir. « Tu vois, ça c’est précisément la raison pour laquelle faut éviter de baiser dans le sable. » Naeun, experte sexologue. Oui, je vous l’affirme.