((outfit)) ━━━★ Ses cheveux sont en pagaille, une touffe nouvellement peroxydée qu'il a arrêté d'essayer de dompter, saveur fleur d'oranger. Fixant son téléphone portable, Euijin rit en lisant le dernier s.m.s d'Athena et secoue la tête d'un sourire satisfait. S'il avait su un instant qu'il finirait comme cela, entiché et attendri par les émoticônes qu'elle utilise, par sa façon d'écrire et son franc-parler... S'il avait su, ha... Parfois, il met quinze minutes à lui répondre de peur de mal s'exprimer mais elle répond presque immédiatement, quelle spontanéité !

Sûrement parce qu'elle se prend moins la tête et qu'elle n'a rien a cacher. Rien n'a se faire pardonner. Un soupire lui échappe et il roule des yeux face à son propre débat, encore la même redondance, ce n'est pas en ressassant la même chose qu'il finira par tout changer. Sinon, ça ne ferait pas déjà trois années qu'il traîne le même fardeau, n'est-ce pas ? Il parcourt rapidement sur autre chose, sa page d'accueil G.N.S et ses commentaires Youtube puis ne peut s'empêcher d'étirer ses lèvres quand il entend son prénom résonner dans le grand hall. Son cœur bat un peu plus vite et son ventre se serre, une agréable chaleur qui l'envahit, bon sang, bon Dieu, ça le renverse à chaque fois. Grand ouverts, ses bras l'enlacent sans hésitation. « Heey ~  » fait-il d'une voix suave, éclats de voix bien-heureux avant de l'assaillir de bises sur le front pour l'ennuyer, agrippant sa tête pour la décoiffer au même passage. Au risque de se faire taper, ma foi, ce sont les risques de cette amitié ! « Tu aurais été confortable en Kigurumi... Tu aurais pu mettre celui d'un cochon, tout en rose !  » Et c'est fou combien il ne peut s'arrêter de rigoler et pouffer de joie dès qu'il passe du temps avec elle, plus rien ne compte, pas de regret, pas de remord, pas de prise de tête : juste de la bonne humeur, juste Athena.

« T'es toute seule ? » Il se recule et lui remet ses mèches brunes dans le bon sens, arquant un sourcil. « Hoon, Elijah et Luna nous rejoint là-bas ? Tu as besoin que je te donne l'adresse ? » Ce n'est pas que l'idée de manger à cinq l'intéresse, c'est juste qu'elle tient tellement à les emmener partout où ils vont. Euijin se demande si elle est mal à l'aise lorsqu'ils sont seuls tous les deux ou si c'est simplement parce qu'elle préfère sortir en groupe... De l'autre côté, quand il n'y a plus qu'eux, parfois il ne sait plus comment s'équilibrer : l'amoureux transi ou le frère un peu confus. « Quel genre de bêtises as-tu encore commis, au fait, j'ai oublié de demander par s.m.s ? » Un regard malicieux : il se fond dans ses pupilles un instant, une seconde gravée, avant d'ouvrir la marche vers les rues de la Digital City, lunettes perchées sur le nez et molécules de Hermès s'éparpillant dans l'air pollué. Un doux mélange d'agrume, d'épices et de Séoul, Euijin tout craché.

((outfit)) ━━━☆ Aussitôt arrivée et aussitôt repéré. « Euijin ! » cria-t-elle sans se soucier un seul instant des étudiants qui pouvaient les entourer. Si elle avait remarqué que quelque chose avait changé chez lui, elle ne s’attarda pas sur cette pensée puisqu’en le voyant lui ouvrir les bras, elle ne fit que courir en sa direction, le percuter comme le mini bulldozer qu’elle était, lui rendant sans tarder son étreinte. Elle aimait sa chaleur, son parfum absolument tout chez lui sauf lorsqu’il se mettait à lui embrasser le front. Elle le laissa faire une fois, deux fois, trois fois puisque le retrouver la réjouissait dans la mesure où ils avaient passé toute la journée à se manquer, mais à la quatrième, elle commençait à reculer pour l’esquiver. « Arrête ! Arrête tant que je te le demande encore gentiment » lui intima-t-elle en plaquant sur sa bouche ses deux mains sans retenir nullement sa force, elle aurait lui demander avec fermeté, mais elle riait aux éclats. Autant elle aimait les démonstrations affection, autant lui avait l’art de tout le temps en abuser. « Pourquoi je devrais mettre celui d’un cochon ? Y a plus mignon que ça », roulant des yeux, elle ne put s'empêcher de soupirer.

« Hmm », extirpant d’une main de la poche arrière de son jean foncé son téléphone, elle appuya sur l’une des touches latérales pour allumer l’écran. Aucune nouvelle notification n’était indiquée hormis celles qu’elle avait choisi d’ignorer volontairement pour pouvoir les consulter plus tard. Baissant son téléphone, elle secoua la tête en guise de première réponse. « Aucune nouvelle, au pire ils nous rejoindront là-bas oui » fit-elle d’une voix parfaitement neutre qui ne cherchait nullement à cacher une quelconque déception. L’absence de réponse ne la rendait pas chagrine car l’idée que ses meilleurs amis puissent être occupés ne la dérangeait pas réellement et puis, ce n’était pas comme si elle se retrouvait seule, son Oppa était présent et cela lui suffisait amplement. Si ce n’était pas ce soir qu’ils dîneraient ensemble, ce sera une prochaine fois, entre eux, il n’y avait que des parties remises. « Ils ne savent juste pas ce qu’ils vont rater » ajoute-t-elle cette fois-ci d’une voix plus qu’enjouée tout en lui attrapant le bras – refusant de marcher par elle-même, la seule perspective du repas qui les attendait suffisait à lui arracher quelques gloussements. Elle prendrait des photos si elle y pensait sur le moment, mais elle ne se promettait rien. À la question qu’il lui posa, la sango hésita un instant à lui répondre, « une fille de la chambre a laissé ses boucles d’oreilles sur le rebord du lavabo, comme elles étaient jolies j’ai voulu les essayer sauf que j’en ai fait tomber une dans l’évier et il m’a fallu récupérer ça. Morale de l’histoire, ne jamais toucher les affaires des autres », morale quelque peu ironique dans la mesure où elle était la première à toujours c’était ce qu’elle se permettait de faire à longueur de temps. Pour autant, par « autres », elle excluait naturellement les quatre personnes qui comptaient le plus pour elle. Se penchant pour vérifier une chose, elle s’exclama sans pour autant l’arrêter « d’ailleurs, je vois que t’es venu les mains vides, il est où mon bubble tea ? »

((outfit)) ━━━★ La garder contre lui pendant quelques minutes, quelques heures, qu'importe, sa chaleur et son énergie, il la boit, source infinie de bonne humeur. Athena le nourrit, pile électrique qui recharge ses batteries, suffit de quelques secondes et il est reparti ! Hop ! Plus de fatigue, plus de stress et plus de mauvaises pensées ! Hop ! Hop ! Une bise, une autre et elle s'enfuit, elle essaye, tous les deux en rient et rient jusqu'à ce le sujet dérive et que l'étreinte se radoucit Ses yeux ne la quittent jamais, un peu hypnotisé, pour ne pas rater le moindre détails qu'elle pourrait lui donner. Puis il l'observe de haut en bas et soulève un sourcil, secouant la tête : en pull, en hiver, sérieusement ? Cela ne sert à rien de dire quoi que ce soit, elle répondrait qu'elle a chaud alors que Euijin a peur que ses doigts glacés ne finissent par tomber. « Oh. Ok. D'accord. On verra. » Le garçon essaye de garder sa satisfaction pour lui sauf qu'il a une banane à la place de la bouche, ses dents brillent un peu trop et il serait presque à lâcher un "Yes" en levant du poing.  « Au pire, s'ils t'envoient un message, on commande pour eux et on se reprend un tour, pas de stresse, tout le monde est convié. » Et même si ce n'est pas l'idéal quand les meilleurs amis sont là, Athena s'amuse toujours avec eux et même lui les apprécie à sa façon : Bien que les tensions peuvent être palpable à certaines occasions. Savoir faire des compromis et pouvoir rendre les gens heureux, ça vaut le coup. Il le pense vraiment, qu'ils viennent, ça fait toujours plaisir d'être aussi entouré.

La belle se colle contre lui et son cœur s'affole, ses paroles sont stables et son visage toujours rayonnant cependant il fond d'angoisse et se consume d'un amour nouveau-né, ce n'est pas leur premier contact mais il rêve de se dire qu'elle est sienne seulement et qu'il est sien. Ses jambes avancent et il suit mais c'est tout juste s'il fait attention devant lui parce que son regard quitte à peine la pétillante à son flanc, l'écoutant avec attention, ses yeux roulent dans leurs orbites et il caquette. « Pff. Venant de toi, ça ne m'étonne pas. J'espère que t'as tout bien nettoyé et réinstallé comme il faut. Comme si c'était la première fois, t'apprends pas souvent des morales, arrête. » Prévisible et pourtant, toujours aussi étonnante, il s'arrête un instant pour fixer les lobes de ses oreilles et acquiesce, muet : La prochaine fois, il lui achètera de jolies boucles. La marche reprend toutefois Euijin ne peut s'empêcher d'imaginer le bijou tomber dans l'évier voir la tête de son amie d'enfance horrifiée, à devoir démonter le tuyau. Il sort de son film comique, un ricanement coincé dans la voix : « Hé, oh ! » grogne-t-il, prenant un virage.  « J'étais à la natation,  pas au bubble tea d'à côté hein. »  

Il fait mine de la juger un instant, capricieuse princesse et se mord la lippe de béatitude « On a qu'à le prendre maintenant ? » Haussement d'épaules, soit cool mec, soit cool. Tranquille pépère, tu gères. Il se donne un air, il est pas peu fier, menton haut et poitrail ressorti puis s'arrête soudainement au milieu du trottoir et se tourne vers la cadette. Une moue suspecte, il décroche son bras et passe sa main dans ses doux cheveux, Adonis, la puberté l'a bien changé maintenant les gens se retournent dans la rue. « Et sinon, rien à dire ? » Il attend, inquisiteur et un peu craintif, est-ce qu'elle va tilter ? Est-ce que ses le blanc va lui rappeler des souvenirs ? Ou est-ce qu'elle va juste le complimenter ou passer outre. « Ou, c'est raté peut-être ? » Taquin rictus, il recule toujours concentrée sur elle, ouvrant la porte d'un boba shop à deux mètres de là. « J'espère que ça me va au moins. Non ? »

((outfit)) ━━━☆ Si l’américaine faisait preuve de plus d’attention, peut-être qu’elle verrait tous ces petits signes qui florissaient d’un printemps fraichement arrivé mais tenu secret par Euijin. Si jamais par chance, elle les percevait et y accordait un court instant de réflexion, les probabilités qu’elle en donne l’exacte signification étaient relativement faibles. À ces jeux, elle était incroyablement mauvaise. Il représentait plus qu’un ami, elle voyait en lui un frère – celui qu’elle aurait pu avoir si les circonstances avaient été différentes –, mais le terme étant inexacte, leur relation n’ayant pas de qualification suffisamment juste, Euijin était pour Athena, simplement Euijin. Le seul dans son genre, un cas parfaitement sui generis dans le petit monde de la demoiselle. Présentement, elle se réjouissait simplement de le revoir, de passer du temps avec, et ce autour d’un bon repas. Rien d’autre.

« Regarde devant toi quand tu marches, ou je te fais prendre le prochain poteau que je vois » lui fait-elle en tirant sur son bras, un sourire enjoué qui promettait de mettre à exécution sa menace, de ne pas laisser ses doux mots être emporté dans le vent de l’oubli. Au fond, elle cache son embarras, la façon dont il l’observe la rend timide, car il lui donnait l’impression qu’elle racontait des choses d’une profondeur extraordinaire alors qu’elle ne faisait que relater des inepties. Si elle appréciait le fait qu’il lui prête une oreille attentive, peu importe ce qu’elle pouvait lui dire, parfois, il en faisait trop. Elle ne savait pas qui guidait qui en direction de ce bouiboui à une rue pas loin, ni même si elle devait l’aider à marcher droit, veiller à ce qu’il se prenne aucun obstacle. « Tu parles, ça brille maintenant autant à l’extérieur qu’à l’intérieur ! Et puis, ne dis pas ça, peut-être qu’un jour, je finirais par imprimer ça dans un coin de ma tête, mais pas demain », elle lui donne un coup de coude pour la forme, bien qu’elle se pose réellement la question de si elle ne devait pas omettre ses mésaventures pour prétendre ne serait-ce à un brin de perfection – après tout, elle ne souhaitait pas non plus jeter de l’ombre à Sophie et ses malheurs. Elle le voyait bien qu’au final, ses erreurs finissaient par lui faire perdre en crédibilité, car si elle n’avait pas avoué à Elijah qu’elle avait démonté son drone, il n’aurait jamais su et aurait naturellement pensé à un défaut technique.

Elle secoue la tête sans réaliser jusqu’à ce qu’il ne commence à pousser la porte de l’enseigne qu’ils avaient changée de direction pour des bubble tea. Posant sa main sur la sienne pour l'arrêter dans son geste « non, mais je plaisantais ! C’était avant et puis si on en boit un maintenant, je risque d’avoir moins faim voyons », elle ne peut s’empêcher de lui donner une tape sur l’épaule, surprise d’une certaine façon qu’il prenne aussi sérieusement ses caprices exprimés avec légèreté. Certes, c’était la façon dont il pouvait se faire pardonner de son absence de réponse, mais elle ne lui en voulait pas, c’était sa façon à elle d’avoir une excuse, une bonne raison de lui arracher une faveur, ou un autre caprice. « Comment ça ? » rétorqua-t-elle en plissant le nez tout juste avant qu’elle n’ait le petit déclic. Fixant la nouvelle couleur de Euijin, des souvenirs qu’elle espérait laisser au passé ressurgissaient encore, comme la première fois où elle l'avait aperçu. « Je pensais que tu avais passé ta crise d’adolescence » s’exclama-t-elle en lui ébouriffant sans difficulté sa crinière, leur différence de taille n’étant pas très grande, il lui était facile de le faire. Elle riait et lui souriait, amusé qu’il puisse s’inquiéter autant sur son apparence, mais intérieurement, elle ne se sentait pas sereine, car quelque chose la taraudait. Oui, elle avait remarqué cette nouvelle couleur qui lui allait si bien. Oui, elle avait remarqué, cette étrange ressemblance qu’il avait soudainement avec, lui. « On pourrait presque penser que tu te prépares à passer une audition pour devenir trainee ou je ne sais quoi. Yah, tu ne comptes pas m’abandonner tout de même ? Quoique, je veux une mention spéciale si tu gagnes les Grammy’s. »

((outfit)) ━━━★
La folie l'habite peut-être de s'avouer amoureux alors qu'en soit, il angoisse à l'idée qu'elle disparaisse à nouveau de sa vie. Personne n'a l'air de rester pour lui, pas même son propre père, alors il paniqua quant à reprendre Athena à ses côtés. Et maintenant après trois ans, il serait amouraché de cette beauté ? Même Euijin se sent consterné et inquiet et même temps, quel rayon de Soleil, quel danger, un risque qu'il aimerait entreprendre, tout lâcher, perdre pieds dans ses yeux et dans l'amour qu'il ressent. Se noyer sans se poser de questions quitte à le regretter après. « Oh, je croyais que tu avais un estomac plus extensible que ça. »   Un ricanement lui échappe et il se mord la lippe, toujours autant au bord du précipice, au cas quelque chose la fait tilter, si elle remarque comme une ressemblance entre Evans et lui. Enfin, il n'y a pas de ressemblance, ce sont les mêmes. Toutefois Athena le prit de court ce soir là en lui demandant son prénom. Honnêtement, il avait pensé qu'elle l'avait reconnu au tout début mais par respect après ce qu'il venait de se passer, il avait préféré rester à l'écouter. Quel choc qu'elle lui demande son prénom... Sous la panique, il a gaffé.

Et encore maintenant, il a du mal à avaler la pilule, Athena a tenté de se suicider et il s'en veut, se répétant que tout ça ne serait jamais arrivé s'il avait réagi plus tôt. Tout ça ne serait jamais arrivé s'il avait osé parlé plus haut. « Fais un effort. » insiste-t-il en repassant sa main trois fois dans ses cheveux décolorés, tirant une moue boudeuse. Il explose de rire à sa remarque et il se laisse décoiffer  gaiement, les éclats de joie ne s'arrêtant pas. Il aurait espéré deviner un signe dans ses pupilles ou un geste qui l'aurait trompé, cependant, elle n'a pas l'air d'avoir mis le doigt sur ce qu'il essaye de lui faire deviner. Evans reste caché encore pour ce moment... « Moi ? Trainee ?  » Il fait mine d'y réfléchir un instant, prenant sa délicate main pour repartir vers le restaurant et par la suite, préfère passer son bras autour de ses épaules pour la tirer vers lui encore un peu plus, le parfum Lancôme chatouillant ses narines. « Je ferai une petite dédicace du genre - A la fille aux parapluie étoilé sans qui je n'aurais jamais pu arriver jusque là ?- » Peut-être qu'il est fou oui, à se perdre dans ses sentiments sans même hésiter. « Je voudrais pas que mes fans te fassent du mal en fait. C'est nul d'être idole. » Une grimace puis une autre, l'idée qu'on harcèle à nouveau Athena lui serre le cœur. « Puis on ne se verrait plus autant et tu risques de me remplacer, pff. » Et il lâche ça en fronçant les sourcils parce que cette pensée lui déplaît encore plus, Euijin complexe déjà sur les meilleurs amis parfois... Son regard se tourne vers elle et il sourit. « Puis je croyais qu'on allait devenir astronaute toi et moi ? » C'est un futur qui lui plaît davantage que la scène et la chanson, bien qu'il ait pris goût aux soirées karaoké (on y échappe pas quand on est ami avec Athena...).

Ma foi, c'est tout de même plus impressionnant de se dire qu'on va dans l'espace accompagnée de sa petite-amie ? Ou conquérir le monde avec sa bien-aimée !

Il se perd dans ses rêveries, paisible et avec un rictus un peu trop gaga,
les muscles détendus, la demoiselle au creux de son épaule. Pourquoi être célèbre quand on peut avoir tout ça ?

((outfit)) ━━━☆ À sa remarque, elle ne put s’empêcher de lui asséner un second coup de coude dans les côtes, le tout agrémenté d’un regard bien noir même si la parabole formée par ses lippes la trahissait. Qu’importe ce qu’il faisait, Athena arrivait difficilement à lui en vouloir à dire vrai, cependant elle portait une attention particulière aux apparences, du moins dès lors qu’elle touchait de près ou de loin, à ses airs de lady. Même si avec ses deux meilleurs amis, elle avait renoncé à toute résistance au point de renoncer à se comporter comme toute fille le ferait, elle espérait au moins sauver les apparences avec Euijin même si c’était, difficile. Sa résolution était trop récente et son tempérament trop bien connu. « Ya ! Et même si c’était le cas, ça ne se dit pas ! » lui reprocha-t-elle en riant, elle espérait que personne ne l’ait entendu. En Corée en particulier, les filles avaient leur propre code de conduite mais le premier des prérequis, c'est-à-dire la féminité, lui manquait alors l’américaine laissait tomber pas mal de ces dictats tacitement acceptés par une bonne majorité. Elle ne retenait que ce qui lui plaisait.

Faire un effort, elle n’en avait nullement besoin, car c’était la première chose qu’elle avait vue en arrivant à leur point de rendez-vous. En revanche, l’américaine arrivait difficilement à accepter cette pensée qui assimilait le garçon à Evans, non pas parce que l’idée la rebutait mais parce qu’elle trouvait cela cruel qu’il lui manque au point de commencer à le voir sur un visage familier. « Ce serait avec plaisir que de t’aider à y parvenir en multipliant les soirées karaokés », bien qu’il fallait pour cela qu’elle cesse de vouloir monopoliser le microphone ou à vouloir tout chanter dès lors qu’elle connaissait les paroles, appréciait l’artiste ou ne pouvait simplement pas tenir en place et patienter. Pour lui et son rêve, elle en serait capable du moins, elle essayerait. « J’adorerais très franchement ! Personne ne comprendrait sauf moi et ce serait la plus jolie des dédicaces des Grammy’s et de toute ma vie », l’idée lui plaisait bien même s’il y avait peu de chance qu’elle se réalise à moins que ce repas ne soit l’occasion pour lui de lui annoncer sa nouvelle ambition. « Je ne suis pas en papier, je saurais me défendre hé ! » murmura-t-elle en tirant une moue, même si elle était consciente que si elle voulait préserver l’image de son idole, elle devrait lui éviter des scandales du genre. « Te remplacer avec qui ? Je ne connais pas deux de So Euijin. Ne dis pas de bêtises. Et puis, dans l’hypothèse où il y a quelqu’un qui te ressemblerait… je crois que je le ferais plus peur qu’autre chose », elle haussa les épaules, entourées par le bras du sango, amusée par l’idée de voir cette pâle copie s’enfuir, car elle était bien conscience que son caractère était un véritable problème. Toutefois, elle s’empressa d’ajouter d’un ton presque jaloux, car l’alternative du contraire miroitée par son esprit lui déplaisait fortement « C’est plutôt toi qui risque de me remplacer, à voir toutes ces célébrités. C’est moi qui devrait m’inquiéter qu’un jour, tu puisses ignorer mes messages, car tu seras trop occupé avec tes nouveaux amis ». Le nom donné à ce syndrome lui échappait, mais la gloire et la célébrité faisaient perdre la tête à beaucoup et ce phénomène pouvait être constaté à une échelle plus petite, dans une salle de classe, un élève élu président qui se donnait des airs qu’il n’avait jamais montrés auparavant. « Moi ? Toujours. Toi ? Je ne sais pas mais si tu me le promets qu’on fera ça ensemble quoiqu’il arrive, alors je ne poserais plus la question. »

((outfit)) ━━━★
Euijin ne voit pas la féminité comme la société essaye de la montrer, bien qu'il apprécie les jupes et les filles maquillées, il n'a jamais vu Athena autrement que comme féminine. Parce que décidément, parfois, il ne la comprenait pas. Il y a une barrière entre elle et lui et, se retrouvant cogné pour la deuxième fois, son faciès se plisse et un grognement lui échappe avant de passer outre. « Excuse-moi, excuse-moi... » Au fond, ça le fait doucement sourire de savoir qu'elle s'inquiète de son attitude à ses côtés parce qu'avec les autres, elle devient Athenou, un homme virile qui fait beaucoup trop rire Euijin contre sa volonté ! Le turque la toujours trouvée si décomplexé qu'il apprécie la voir rougir et gênée ; Un petit pincement de joue et un tressaillement, de l'affection déplacée. Peut-être qu'il imagine tout ça, peut-être qu'il se fait de fausses idées...

Par réflexe, sa tête se secoue négativement aux ajouts de soirées karaoké, oh non pas ça, c'est pas vraiment dans ses plans : Encore moins avec les examens qui approchent. Il en rit et la serre un peu plus contre lui, à moitié en train de l'enlacer, à moitié en train de se réchauffer les mains contre son corps brûlant. Ses pas se font lents pour ne pas couper leurs conversations et pour ne pas avoir de se détacher, pas de suite, pas encore. « Je sais que tu peux te défendre ! C'est pas une raison ! » fait-il avec grand sérieux, presque offusqué qu'elle puisse vouloir se battre contre toute une tribu de fans assoiffées. Cette fille parfois, si on l'écoute, elle vivrait des épopées digne d'un catcheur américain. L'envie de jouer avec ses cheveux lui prend soudainement quand elle fait cette mine, pensive. Euijin papillonne des paupières et déglutit, perturbé par ses profonds désirs, mordant sa lippe de frustration. Vouloir l'avoir contre lui, vouloir l'embrasser, c'est encore si étranger et familier à la fois, l'odeur de son parfum sur ses draps, la taille de ses vêtements, les longues jambes d'Athena dénudées et ses épaules découvertes, la courbe de ses seins et l'épaisseur de ses cuisses entre ses mains. Il connaît tout ça et pourtant, il n'a jamais pris cet angle-ci. Un coup de chaud le prend et il se focalise sur la conversation en fronçant les sourcils et continuant à marcher, prenant les bonnes directions quand il faut.

« J'aimerai qu'on continue à faire pleins de choses ensemble. » Pour lui, c'était une évidence. « Et, je ne pense pas avoir beaucoup de facilité à te remplacer. Est-ce que tu t'es vue ? » Confiant et enjoué, il la pointe de haut en bas et s'arrête sur sa tête, donnant une pichenette sur son front. « Qui pourrait me faire t'oublier ? Est-ce que je t'ai donné l'impression de plus avoir envie de te parler ?  » Sa demande est légitime, en y repensant, ce n'est pas lui qui est parti. Et même à distance, ils ont continué à discuter. Et même lorsqu'ils n'étaient plus aussi proches qu'avant, ils ont continué. Et même maintenant, entre amis et enfance, entre Euijin et Athena, soeur et frère, souvenirs bons et mauvais... Il y a tellement de passé, tellement de passif et d'histoires à raconter. Pourtant, jamais ils n'ont cessé de garder contact : Comme si quelque chose les avaient toujours garder. Un magnétisme qu'il a encore du mal à expliquer.

L'envie de prendre ses lèvres contre les siennes pour lui faire ravaler ses doutes le ronge encore plus en cet instant, cependant, la porte du restaurant se fait voir et il détourne le regard à nouveau, qu'il n'est plus cette débordante passion tiraillante. Que ne s'amenuise pas sa patience...

« Ah, c'est là ! » Fait-il après s'être raclé la gorge, le rose aux joues.

((outfit)) ━━━☆ « Oh ! Je vais prendre ça pour un oui, que c’est définitif, toi et moi, nous allons partir explorer l’espace ensemble », le fait qu’ils se retrouvent ensemble dans la même université, dans le même cursus, dans le même dortoir et qu’ils aient autant de choses en commun était un des petits bonheurs secrets de la demoiselle. Parfois avide en mot, même si elle ne l’admettait jamais, du moins pas ouvertement, elle s’imaginait difficilement passer une année universitaire sans avoir Euijin comme quasi-binôme, les cours en seraient bien trop ennuyants et la routine bien morne. « Faisons une liste la prochaine fois, comme ça, on verra combien de temps on mettra pour tous les faire avant de recommencer » déclara-t-elle, enchantée par sa propre idée, car même si elle n’était pas la personne des plus organisées – surtout pas si elle tentait de se comparer à Euijin, une petite liste du genre pourrait leur servir de feuille de route, de boussole. Ils pouvaient déjà rayer le fait de manger ensemble, ou ajouter le nombre de fois qu’ils le faisaient.

Se frottant le front comme pour chasser la douleur, elle aborda une mine boudeuse le temps de se décider si elle lui rendait ou non ce petit affront, mais elle ne trouva rien de mieux que de lui répondre avec dédain « brune, frôlant le mètre soixante-dix, plus jolie et ayant bon caractère, je suis certaine que ça se trouve ou alors, tu es de mauvaise foi ». À la question de ce dernier, elle ressassait comme elle le pouvait tous les souvenirs qu’elle avait avec lui, elle devait admettre qu’aussi loin qu’elle se souvienne, c’était plutôt elle qui se défilait et non lui, qui avait des choses à cacher. « Et si, je dis bien dans l’hypothèse si ça arrivait, que serais-je supposée faire avec un Euijin qui ne veut plus parler ? » elle avait beau sourire pour autant elle ne le quittait pas du regard, car elle lui posait très sérieusement la question. L’idée qu’il ne puisse plus vouloir lui parler un jour l’effrayait, la troublait et était terriblement pas familière. Si elle savait comment se réconcilier avec Elijah et John, et que l’imprévisibilité de Luna l’empêchait de réellement déterminer la marche à suivre, elle restait curieuse de savoir comment elle devait procéder s’il décidait de s’emmurer vivant dans le silence. Elle n’arrivait à imaginer qu’un jour, cette sortie ne puisse être qu’un privilège du passé.

Si Athena ignorait ce qui pouvait se passer dans la tête de son camarade, elle ne pouvait pas ignorer les regards curieux qu’ils attiraient. Était-ce lui, par cette nouvelle apparence qu’ils abordaient ? Elle, par le manque d’épaisseur sur ses épaules ? Ou alors, cette main qui lui attrapait fermement l’épaule et attisait envie et jalousie ? Tirant davantage vers elle cette main, elle s’amusa à comparer leur taille, leur différence, à entrelacer ses doigts aux siens, avant de la lâcher en observant l’établissement. « Ah enfin ! Tu parles d’un bouiboui dans une rue pas loin, j’ai cru que j’allais devenir un glaçon... et toi, le froid t’a déjà bien mordu le visage » railla-t-elle en s’amusant à lui tirer les joues en les pinçant de son pouce et de son index. Elle avait faim, cette petite marche lui avait creusé davantage l’appétit, mais pour charrier Euijin, elle pouvait attendre encore un tout petit peu. « Du coup, j’ai hâte de voir ton numéro pour avoir des portions supplémentaires »

((outfit)) ━━━★

S'il devait faire une liste de tout ce qu'il veut faire avec Athena, il risque de mettre trois heures à l'écrire. Euijin la fixe un instant puis fronce les sourcils : Qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir faire avec lui, c'est une question qui le taraude. Il grogne à la stupide réponse qu'elle lui donne et secoue la tête, roulant même des yeux, il ne préfère même pas l'écouter, même pas lui répondre : Quel affront de se minimiser à simplement son physique et oser prétendre qu'elle a sale caractère... Bon, pour le dernier, c'est peut-être vrai.

Mais sa deuxième remarque le laisse abasourdi et il dessine de ses doigts des cercles sur l'épaule de la demoiselle, nerveux. « Hmm. Je ne sais pas ?  » dit-il, tout à coup confus. « J'ai du mal à me faire à l'idée que je ne voudrais plus te parler... » C'est avec autant de sérieux que son regard rencontre le sien et il mord sa lèvre inférieure, si jamais elle le refusait ? Si jamais elle apprenait toute la vérité ? Ce serait cette idylle de rompue, cette relation parfaite qui ne fonctionnerait plus... Ses sentiments le dérangent tout autant qu'ils lui plaisent. Toutefois, la démarche a été entamée et s'il finissait le cœur brisé, l'avoir auprès de lui comme si de rien était ne lui semble plus probable. Il serait dévasté. Il serait sûrement le premier à s'évader et à fuir, les larmes sur les joues et la queue entre les jambes. Euijin serait le premier à se cacher sous la honte et le mal être qui le rongerait tout comme la culpabilité le brûle déjà.

Décidément perdu dans ses pensées à nouveau, il avance et fait claquer sa langue contre son palais, Athena ne rend pas la chose facile, il laisse sa main se faire manipuler avant d'enlacer sa paume contre la sienne en lâchant un « pfeuh » parce qu'elle agace à ne pas le voir comme un homme parfois. Elle ne doit même pas se rendre compte de l'effet qu'elle a sur lui, c'est affligeant. Son cœur est carrément emballé, pesé et expédié direction Jupiter, le blond est aux anges et en Enfer en même temps, un cocktail épicé qui le rend dingue et à la fois sensiblement plus amoureux qu'il ne l'est déjà.

« T'as qu'à mettre un manteau ?! » râle-t-il en secouant la tête sauvagement, ronchonnant et grommelant, le faciès distordu par les joues tirées et les grimaces qu'il fait. Pendant quelques secondes, Euijin se tait en se délectant de leur proximité et lorsqu'elle le lâche, ses pommettes sont comme teintées de blush, l'agacement pourtant peinturluré sur ses traits. « Je suis simplement poli et elle m'apprécie pour ça, peut-être que j'ai aussi... Beaucoup souri... » continue-t-il toujours aussi frustré, toutes les images qu'il a pu concevoir il y a quelques secondes plus tôt ravivées et enflammées. Si elle pouvait arrêter un instant de faire l'aveugle, ce serait bien. Violemment, parce que monsieur aime faire son vexé, il lui attrape à nouveau la main et ouvre la porte toujours avec brutalité, part vers une table pour quatre dans un coin, la tirant avec lui -avec insistance, si elle ne suit pas, j'espère qu'elle a mis des baskets adéquates- . Il échange les formalités avec l'une des serveurs qui le reconnaît et ils rigolent même ensemble alors qu'il garde précieusement au creux de sa main, la finesse des doigts dAthena.

« Installe-toi, on nous apporte le menu et deux bières. »  

Les regrets le mordent lorsqu'il se décroche pour retirer son manteau et s’asseoir à l'opposée. Oh non, si seulement les choses étaient plus faciles et qu'elle finissait par juste tout deviner... Mais la vie ne fonctionne pas comme cela.

((outfit)) ━━━☆ La réponse attendue avec une certaine angoisse et curiosité se résumait en seulement quatre mots : je ne sais pas. Ces quatre mots, associés ensembles, l’agacent pour les avoir trop entendu par le passé de ses parents dans leur séparation, de ses camarades dans leur petit jeu. L’étudiante leva la tête vers lui, sourcil arqué, prête à lui partager son mécontentement, mais l’expression confuse qu’il abordât la freina presque instantanément dans son élan. S’il ne connaissait pas lui-même la réponse, qui d’autre que lui serait en mesure de la lui donner ? La suite qu’il lui donna suffisait à la satisfaire à moitié, Athena non plus n’arrivait pas à concevoir qu’ils puissent ne plus parler un jour. Elle ne trouvait aucune bonne raison qui puisse les séparer, se mettre entre eux et semer discorde – après tout, cela faisait presque quinze ans qu’ils se connaissaient, s’il y avait eu des bas, elle gardait surtout les hauts en mémoire, quinze qu’ils filaient le « parfait amour ». Si elle ne changeait pas, pourquoi le ferait-il ? En restant constante, elle supposait que lui aussi ne pouvait pas changer. Et c’est là qu’elle se trompait, qu’elle se dupait sans même le réaliser.

Peut-être qu’elle ne devrait pas jouer autant avec lui, elle s’amuse alors qu’il fait preuve de patience, elle moque alors qu’il se frustre, elle le pousse à bout alors qu’il tente de se contrôler. Peut-être qu’elle devrait mettre de la distance entre eux, même si elle le considère comme un frère, un ami, il reste un homme. Peut-être qu’elle ne devrait simplement pas se montrer aussi cruelle juste pour son propre confort, pour son propre bonheur. Sa main verrouille la sienne, elle tente de s’y dérober, mais rien n’y fait. Le soupire lâché attire à peine son attention. « Ta main est froide » constate-t-elle, lui trouvant ainsi une excuse pour ne pas le forcer à la lâcher en y plantant ses ongles ou bien en ne lui agrippant pas le poignet pour le tirer vers le bas et le faire basculer par-dessus son épaule, elle ne faisait que le réchauffer.

Lorsqu’il râle, elle ne voit pas son trouble et n’entend que le reproche habituel qui lui est fait, « je ne pensais pas qu’il ferait aussi froid en sortant, après de quoi je me plains, j’ai une super écharpe humaine » s’exclama-t-elle en agitant leurs deux mains avant de finalement lâcher la sienne maintenant qu’ils étaient arrivés à destination et qu’elle se sentait capable de marcher, la courte distance qu’il restait, par elle-même. Sa liberté fut de courte durée, il lui prit la main et ne la lâcha que pour la laisser s’installer.

Ce qui la dérange ce n’est pas tant d’être vu main dans la main avec lui dans un restaurant à côté de l’université et qu’on se méprenne sur leur relation, mais le pourquoi il était devenu aussi bougon. S’il rit avec l’un des serveurs, son regard passe subitement de ce qui semble être de la colère au regret lorsqu’il se pose sur elle. « Tu avais aussi peur qu’on te pique... la table ? Ce n’est pas ton spot habituel, c’est ça ? » lui demande-t-elle, intriguée, sans être non plus convaincue. Au jeu des devinettes, la demoiselle était définitivement nulle. Les sauts d’humeur de Euijin la surprennent, elle a beau chercher elle ne voit pas la raison si ce n’est le froid ou… sa récente rupture. À cette réalisation, elle gloussa doucement.

Passant légèrement le bout de sa langue sur ses lèvres, enjouée à l’idée de boire un peu, elle lui fit signe de l’index de se rapprocher avant de se pencher pour lui chuchoter à l’oreille, « mais tu sais qu’en Corée je ne suis encore majeure et qu’on risque des soucis ? »