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Le léger sourire en coin, doux et mielleux rictus qu'il trimbale aux commissures, c'est l'affection qu'il éprouve qui le rend comme ça. Un brin sur la paille, sûrement au bout du rouleau, mais les doigts entrelacés avec ceux de Athena qui se plaint que sa main soit gelée. Il n'avait même pas remarqué combien il était concentré sur la douceur de sa peau et leur conversation. Comme le soir où elle manqua de sauter, il venait d'avoir la grippe et crevait de froid sur ce pont, à moitié mourant sous la fièvre... Néanmoins, la discussion l'avait tenu en haleine et éveillé, son dos contre le sien l'avait rassuré. Était-ce à ce moment où il s'était dit qu'il ne voyait plus Athena comme la sœur qu'il aurait voulu avoir ? La question le taraude encore. Depuis quand la voit-il ainsi ? Depuis quand réellement, est-il tombé amoureux de cette femme là ?

Il secoue la tête, désapprouvant sa mauvaise foi enfin, que peut-il donc y faire, depuis le temps qu'elle est comme cela ! Et alors, se faire torturer par elle, bien que ça soit une douce géhenne à la tendresse brutale, c'est un peu la cerise sur le gâteau. Déjà qu'il galère tout seul pour ne pas trop s'emballer, il finit le cœur à l'envers et l'estomac retourné. C'est sûrement ça qui l'énerve, même lui n'arrive pas à comprendre pourquoi la frustration le rend chèvre comme ça. S'il garde sa main dans la sienne, aussi déterminé, c'est sûrement parce qu'il essaye de faire passer tous ces messages subliminaux qu'elle n'a pas l'air de percevoir. Quel échec ! Elle en rit, ce qui lui fait jeter un œil vers elle puis reprend son calme, parce qu'après tout, elle est toujours là et c'est normal qu'elle ne comprenne pas les mots dits tout bas. Voir même, pas du tout dits. Un jour, c'est promis, Euijin prendra son courage à deux mains. « Cette table est le meilleur spot ! » s'offusque-t-il, une main sur le poitrail tandis qu'il finit de s'asseoir. « On a pas l'odeur des toilettes, pas le bruit de la cuisine et ! » fier comme une coq, il pointe la photo au mur comme si c'était une évidence. « On a le portrait d'un type qu'on connaît pas Et ça Cece, ça n'a pas de prix ! » C'est en rigolant qu'il hausse les bras, les pupilles au ciel d'une expression dramatique.

Bon, ces pensées sont très rapidement rappelés à l'ordre quand elle lui demande de s'approcher et qu'elle passe sa langue sur la lèvre supérieure. Une scène qui lui semble très lubrique malgré l'innocence certaine de la belle. Eujin ravale sa salive discrètement avant de faire lâcher un « oh » surpris. « C'est vrai ! T'es majeure en Turquie mais pas ici ! » A traîner tout le temps avec elle, il en oublie son âge, deux ans de différence et pourtant, elle se trouve en troisième année avec lui. Ce détail le fascine toujours, un pincement de fierté de la voir aussi bien réussir.

« Ça m'en fera deux. » chuchote-t-il avant de laisser ses dents briller. Il n'ait pas un grand adepte de boire autant... Ma foi, elle pourra voler dans son verre si il lui en convient ! « Tiens. » en attendant, gentleman, il lui donne un menu et lui sert de l'eau entamant la conversation sur les cours et le club. Entre deux complaintes des prochains examens qui arrivent, il interroge « Tu sais ce que tu veux prendre ? » Le blond attend le plat principal avant d'annoncer les réelles débats comme : Est-ce que tu savais que les pingouins avaient des genoux ? ; Pluton, toujours ou non une planète ? ; Pourquoi Diable la mère de Sasha dans Pokémon laisse son fils de 9 ans partir à l'aventure sans même hésiter ?

Le vif de sujet a besoin d'être accompagné d'une bonne assiette de viande et de laitue à saucer !

« Je pensais prendre un ragoût de kimchi à côté du barbecue. Et du riz. Soda ? Prends ce que tu veux, vraiment, te retiens pas » Même si avec elle, pas besoin de le dire deux fois !

((outfit)) ━━━☆ Bien que s’attachant les cheveux en un semblant de chignon comme elle avait l’habitude de faire lorsqu’elle se préparait à concentrer son attention sur une chose, ou lorsqu’elle mangeait, cela ne l’empêcha pas d’apprécier la localisation de cette table et admettre que c’était peut-être le meilleur endroit où manger, pour autant, il y avait un point noir à cette présentation qui lui arracha un froncement de sourcil. « Le prix du déconfort tu veux dire ! Si tu n’étais pas un habitué de ces lieux, je lui aurais collé deux pastilles adhésives pour lui cacher les yeux car j’ai la désagréable impression que nous ne sommes pas deux mais trois à cette table » grommela-t-elle en toisant d’un mauvais œil le portrait accroché pile au centre avant d’abandonner le jeu de celui-qui-baissera-le-regard-en-premier et de lui tourner légèrement le dos afin de l’oublier, de ne plus y faire attention.

La surprise de Euijin la contamine, ou du moins, elle s’amuse à le singer en poussant un « oh ! » d’une voix plus aigüe qu’accoutumée, trahissant ses puériles intentions. Elle aussi en oublie par moment qu’il est son ainé de deux ans, que son comportement pourrait être considéré comme borderline dès lorsqu’elle envoie valser toutes ces règles structurant au sein de la société un semblant de hiérarchie, que ce soit avec lui, qu’avec les autres. « Si les gens t’entendaient, ils penseront que t’as passé toute ta vie en Turquie alors que c’est l’inverse » lui fait-elle remarquer en roulant des yeux bien qu’un sourire se redessine vite sur ses lippes. Attrapant le menu qu’il lui tendait, elle le remercia avant d’ajouter d’une voix quasiment inaudible (pas même le portrait ne pourrait comprendre) « hmm, de nous deux, c’est bien toi qui en a le plus besoin de toute ». Parcourant le menu tout en suivant sans faillir la conversation qu’ils entamaient sur des sujets qui avaient le don de la stresser, les examens notamment car elle avait beau avoir des facilités, ce n’était pour autant qu’elle se sentait assez confiante, la demoiselle commençait à arrêter ses choix sur ce qu’elle voulait manger. « J’hésite encore » avoua-t-elle, à deux doigts de vouloir tout commander tellement chaque plat proposé lui plaisait, mais elle se freina en se rappelant qu’elle devait enfiler son maillot de bain pour son activité en club, « mais je pense que je vais opter en entrée pour des seiches sautées à la sauce piquante et en plat, je prendrais la même chose que toi car rien que l’idée de kimchi me donne déjà faim », juste ça. L’américaine était confiante de pouvoir tout digérer d’ici la séance de natation et puis, au pire, tant pis, elle pourra peut-être battre son record en apnée. « Non pas de soda, de l’eau suffit et puis, y a encore le dessert à prendre mais je doute que l’idée te plaise », il était frileux et elle avait simplement envie d’un bon bingsu aux fruits.

Ils discutaient, de tout et de rien, mais il restait encore un sujet à aborder et Athena n’arrivait pas à déterminer le bon timing pour lui poser la question qui la rendait presque folle de curiosité. Attendant que le serveur leur enlève les menus et dépose les deux bières, patientant que le garçon se serve et savoure une première gorgée, elle se lança. « Du coup, ce resto, cette nouvelle couleur, c’est pour te changer les idées ? », elle marqua une courte pause, non pas pour le laisser préparer sa réponse mais pour essayer de ne pas paraître non plus trop indiscrète, « apparemment, tu aurais rompu avec.. elle ? C'est vraiment fini entre vous ? »

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Il s'esclaffe à ses ronchonnements et secoue la tête, décidément, Athena a de drôles de lubies. Si le fixe portrait la dérange, lui ça le fait doucement rire, il en manque même de lui faire un clin d’œil, toi, bel étranger ! « Hmm. » Euijin hausse les épaules. « La Turquie... C'est quelque chose d'autre dirons-nous... » avoue-t-il avec nostalgie, ressassant les souvenirs paisibles de son enfance déprimante lorsque les Ryeo quittèrent le foyer. Il se souvient se sentir plein. Infini. Rempli d'amour et de possibilités. Il a su combler un vide qui n'avait été que couvert pendant ces deux ans de cohabitation avec sa compagne de kidnapping. Il ne fait pas attention à elle pendant qu'elle baragouine, il est trop égaré entre les briques blanches et grises des rues d'Istanbul, entre la mer et le ciel, un bleu sans fin. « Parfait. Je comptais prendre des côtes de bœuf marinées, du ventre de porc et aussi de l'épaule de bœuf... Hmmm... » Ses yeux défilent sur les pages colorées puis, satisfait, il hoche la tête et lâche un « Ok, comme tu veux. » lorsqu'elle conclut, même s'il rechigne un peu à l'idée de la glace, il le sait qu'il ne résistera pas, faisant un gnia gnia gnia muet et une grimace comique.

Lorsque le serveur coupe leur conversation sur les banalités, Euijin commande tout sourire et donne ses compliments à la chef à l'avance parce que « Comme à chaque fois, ce sera bon. » Et peut-être que c'est son charme naturel qu'il lui doit ça, son grand rictus et sa bien aisance, la sérénité qu'il dégage ou son exotisme, mais ça fait presque rougir le serveur et une fois le tout fini, il se retourne vers Athéna avec curiosité, un sourcil arqué. C'est comme ça qu'on a des portions en plus ! « Quoi ? » fait-il, encore innocent de la bombe qu'elle va lâcher. Ô non, il ne s'y attend pas. Non. Pas du tout. C'est à dire qu'il est très discret sur sa vie amoureuse... Même si beaucoup sont au courant, même si ça se sait facilement, il ne sera pas celui dont la nouvelle part souvent. « Ah. Tu sais. » et la gène se lit sur son visage : Aussi bien parce qu'il devine qu'elle ne doit pas apprécier être mise au courant deux semaines après que parce que la raison principale pour laquelle il a rompu avec Sun Hee est bien, c'est simplement ses sentiments pour la fille en face de lui. Il ravale sa salive et, un peu honteux, fixe la table d'un air stoïque, renfermé. « Yep. C'est un peu compliqué. Je ne l'aime plus. Enfin... » Nerveux, il joue avec ses baguettes et mord sa lippe laissant ses iris sombres divaguer sur Athena. « Mes sentiments ne répondent plus à ceux de Sun Hee » Clairement très difficile de se trouver dans cette position.

Parler de sa rupture à la fille qu'il convoite, pas la meilleure scène à cette fabuleuse pièce.

« J'ai encore beaucoup d'affection, mais je fais vraiment une grande différence à ce que j'appelle de l'amour. » Et au fond, ça lui fait quand même mal de se dire qu'il n'a plus à ses côtés cette demoiselle a qui il a brisé le cœur en expliquant la vérité. Elle qui avait tant changé et grandi, elle s'était épanoui comme un bourgeon au Soleil, Sun Hee avait confessé ne s'être jamais tant senti bien depuis qu'elle le connaissait. Et lui, la quittait. « Peut-être... La couleur ouais ! Je l'admets ! » il préfère en rire et se cacher derrière de la joie, ébouriffant ses cheveux. Pour lui aussi, c'est difficile d'accepter qu'il est amouraché d'une personne pour qui il ne pensait pas éprouver un jour un inconditionnel attachement. Une effroyable envie de la posséder. C'est comme être en eau profonde sans voir sous ses pieds, que pourrait-il s'y trouver ? « Et... Et toi ? » questionne-t-il, le rose discrètement parsemé sur ses joues, reprenant une gorgée de bière comme. Va-t-elle raconter des aventures avec Evans ? Enfin lui... Enfin Evans. Uh. Quelle dualité, je vous jure ! Il admet qu'il apprécie recevoir tous les messages qu'elle peut lui envoyer et au fond... Il se rend compte du piège dans lequel il s'est cloisonné. Tout cela le met mal à l'aise, de connaître ses secrets. De savoir toutes ces choses qu'elle ne dit pas à tous mais jusqu'à ce pseudo sur Kakao.

Frais houblon lui coulant en gorge, il en a bien besoin avec ces émotions en bataille et la cervelle en compote. L'odeur des épices et de la viande lui emplit les narines, le restaurant commence à bien se remplir en ce soir de semaine. Les bruits des couverts sont comme assourdis, un tableau où il n'y a qu'Athéna et Euijin, entourés de flou gaussien.

((outfit)) ━━━☆ Accoudée à la table, la joue posée contre son poing, Athena observe pensivement Euijin passer leur commande. Perdue dans ses pensées, réalisant que – peut-être parce qu’ils se connaissaient depuis longtemps, peut-être parce qu’ils avaient presque grandi ensemble, peut-être parce qu’ils se voyaient tous les jours, peut-être parce qu’ils partageaient beaucoup de choses en commun – qu’elle avait oublié, un instant à quel point il pouvait être attirant aussi son sourire, son regard, sa voix, son odeur ou simplement lui. En essayant de lui trouver des défauts pour noircir cette image bien parfaite, elle abandonna bien vite. Futile tentative. « Pfft », mais Athena ne détourne pas le regard, amusée par le petit spectacle qui se jouait devant elle, il ne faisait pas que sourire, il les noyait simplement de sa douceur et ils s’y jetaient volontiers. Au moins, ils auraient une table bien garnie.

Elle ne peut s’empêcher d’ajouter à son expression gênée en haussant les épaules, « et si ça peut te rassurer, je suis la dernière à l’apprendre », par extension, la dernière à t’ennuyer avec cette histoire très certainement. La déception se lisait au timbre de sa voix et peut-être dans le choix de ses mots, car le sango n’avait pas réellement d’excuse – ils se voyaient tous les jours et ce n’était pas comme si les occasions pouvaient manquer. Pour autant, elle ne lui en voulait pas puisqu’elle lui posait maintenant la question. Si elle avait appris la nouvelle par hasard, elle voulait entendre la raison de sa propre bouche, car elle n’aurait jamais cru qu’ils rompraient de ci tôt. Du moins, tout semblait encore aller la dernière fois. « Comment ça tes sentiments n’y répondent plus ? Quelque chose a changé entre vous ? », la curiosité l’empêchait de rester silencieuse, mais la réserve l’obligeait à ne demander davantage et attendre, encore.

Parce qu’il préférait en rire, elle en faisait de même. « Ça te donne mine de rien un coup de vieux ! Je dois t’appeler comment maintenant, Halabeaoji ? Ahjussi ? Op… Nah, ça ferait trop bizarre », si à chaque proposition, elle marqua une courte pause pour scruter sa réaction, elle ne lui laissa pas le temps sur la dernière, agitant la main comme pour chasser l’idée. « Moi ? », l’américaine s’arrêta un instant, perplexe avant de pousser un petit « ah » et baisser son regard vers son verre d’eau non pas parce que le sujet l’embarrassait, mais plutôt parce qu’elle ne s’y attendait pas et cherchait d’une certaine façon ses mots. « C’est aussi terminé », lui annonça-t-elle comme si c’était la chose la plus naturellement au monde alors que le simple fait de le dire à voix haute, et non plus de le penser, la troublait beaucoup parce qu’elle avait vraiment l’impression d’avoir accepté l’idée et cela la peinait un peu. « Disons que j’ai simplement décidé d’aller de l’avant », cela faisait deux ans qu’elle aimait une personne qu’elle n’avait vu qu’une seule fois de toute sa vie et même si elle lui écrivait, elle n’arrivait pas s’empêcher de se sentir parfois seule ou à effacer cette impression de s’accrocher à un espoir vain. « Après, ce n’est pas comme si quelque chose avait commencé non plus… mais voilà, je n’irais pas jusqu’à me faire une coloration, mais je crois qu’un rendez-vous chez le coiffeur s’impose, au moins pour me couper au moins les pointes », sa main frôla son chignon.

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Ses doigts jouent avec le bord de son verre, les yeux baissés et clairement honteux de ne pas l'avoir mise au courant avant. De ne pas lui en avoir parler du tout. Honnêtement, Euijin faisait aussi en sorte de ne pas le faire : Parce que voilà, Athena aime à poser des questions et c'était la dernière chose qu'il voulait d'elle, parce qu'il ne voulait pas ajouter des mensonges à tous ceux qu'il a accumulé déjà. Une belle pile que son cœur porte avec mépris, une douleur qui depuis trois ans lui fait des piqûres de rappel toutes les minutes passées à ses côtés. En guise de réponse, il secoue la tête pour s'enfuir et s'échapper, fuir les malentendus et la vérité.

C'est trop tard. C'est plus le moment. T'es trop lent. Mais Euijin rit et il rit encore plus quand elle lui parle de ses cheveux, il rit pour couvrir toutes les questions et les doutes qui l’alourdissent et même si il est à moitié là, plutôt préoccupé, il reprend une gorgée pour juste faire couler les regrets, les submergés dans du blé et du houblon fermentés.

Sauf qu'il avale de travers et tousse, stoïque, en état de choc, ça dégringole dans sa tête, explosion de lumière et c'est le noir complet. Un enfant égaré, un pré-pubère que personne ne comprend, un adolescent seul et pourtant, cette fille qu'il adore sur le rebord d'un pont, le froid, ses doigts sur la rampe, ces cheveux longs noirs au vent, Athena qui veut sauter, Athena qui veut tomber, Athena qui va chuter. Euijin se revoit à lâcher son sac rempli de médicaments, à courir aussi vite qu'il pouvait alors que ses poumons le retardaient. Il se souvient avoir envie de pleurer à n'en plus pouvoir respirer, il se souvient des larmes qui ne voulaient pas se détacher, ses bras tremblant autour d'elle et l'odeur de son shampoing malgré son nez bouché. Comme stoppé dans le temps, paralysé, c'est Evans, c'est lui, celui qui a vécu toutes ces péripéties qui la regarde en cet instant. C'est lui, toujours le même même si elle ne le sait pas, qu'il la fixe et qui se fait lui-même son rappel, sa remontrance. C'est trop tard. Ce n'est plus le moment. Je suis trop lent.

« Oh. » énonce-t-il, sans jamais la quitter des yeux, par peur qu'elle saute encore à tout moment, il se rend encore à peine compte de ce qu'il vient de passer. Si jamais Euijin détourne le regard, qui sait ce qui peut arriver. Peut-être qu'elle prendra l'avion pour les U.S.A. Peut-être qu'elle sera dans la rivière Han, tel un cadavre froid. Peut-être qu'elle l'oubliera soudainement ? La chaleur l'étouffe et pourtant, des frissons parcourent son échine, ce terrible froid entre deux plaques de cuissons. « C'est compréhensible après tout...  » Sa gorge est étroite et douloureuse, il la racle néanmoins les muscles ne se détendent pas, les mots coincés, il les retient, il voudrait tant les cracher MAIS c'est trop tard !! C'est plus le moment !! T'es trop lent !! « Je suis sûre que ça t'irait bien dans tous les cas. » prononce-t-il comme il peut, esquissant ce rictus discret et modeste, le genre de sourire que tu offres lorsque le bonheur n'est plus là, ses pupilles s'enfuyant enfin, impossible de continuer de faire comme si de rien était. Oppressant chagrin, remord mordant, le blond abandonne et tout tombe à l'eau. Le repas arrive bien qu'il n'ait plus faim. Son cœur bat encore bien qu'il n'est plus envie d'être là.

« Hé, fallait bien qu'il s'y attende à te faire poireauter comme ça. » continue-t-il avec une certaine facilité, une certaine acidité, parce qu'il le mérite, il mérite d'entendre ça. « De toute façon... » fait-il, se frappant mentalement, se forçant à reprendre discipline et esprit, Euijin replante son vis à vis dans celui de la demoiselle et il expose à nouveaux ses dents, il force, il tire et ravale sa salive, qu'est-ce que ça fait mal putain, il met le morceau de viande préféré d'Athena sur le feu. « Une fille comme toi ?! Aussi jolie et intelligente ?! Tu peux trouver un mec à tous les coins de rue ! » ça l'achève un peu, la réalité crie trop fort dans ses oreilles. Un acouphène dérangeant, une ballade triste que seulement lui entend tout bas. Il puise dans un un puits qu'il ne pensait pas sans fond, il puise dans la source de son amour pour cette gamine au parapluie étoilé. « Qu'est-ce que t'attend pour te mettre en couple de toute façon ? Il va bien falloir te jeter à l'eau, Cici » C'est sûrement de trop, il se ressert en alcool. C'est sûrement trop difficile d'aimer Athena. Il boit.

Toutefois, essayer d'oublier tout cela, d'oublier cette femme-là et de ne pas se battre pour l'avoir en ses bras, ne serait-ce pas là pire ? La peine il la ressent, la souffrance et la crainte, comme un clou dans une planche de bois, une aiguille profondément enfoncée dans son artère, pompé directement dans ses ventricules, une ferveur, une fièvre qu'il ne contrôle pas.

Quitte à aimer Athena, autant qu'il se crame jusqu'au bout et qu'il se submerge tout entier. Que Euijin fasse le grand pas. S'il retint Athena ce fameux soir là, Euijin ne se retiendra pas à ce dîner : il la dévore du regard, absorbe ses mots et son parfum, mange ses paroles et ingurgite ses idées, il rigolera fort et à agitera les bras, reprendra des forces à chacun des doux regards qu'elle lui lancera,  Euijin ne se retiendra pas de tout lâcher, quitte à toucher le fond, à s'écraser en bas.

Il se décide enfin. Euijin saute dans les airs en espérant voler vers les étoiles dont une petite brunette aux souliers rouge vernis lui avait chuchoté une fois. Dans la nuit, il se le promet, Evans lui répondra.