Hairstyle / Outfit + Les rêves ont rarement la vie longue, mais ils l'ont intense.

La rentrée. Vous savez ce que cela veut dire ? Nouvelle école. Nouvelle vie. Nouveaux amis. Nouveau campus. Et surtout, l'entrée dans une sororité. J'aimerais tant être la digne fille de ma mère et entrer dans la plus célèbre d'entre elles. Mais en ais-je l'étoffe ? Je restais, là, plantée au milieu du passage, à fixer le bâtiment principal et à réfléchir sur les conditions de ma vie quand une fille me bouscula assez violemment. Je récupère mon sac qui était tombé et alors que je m'attendais à recevoir des excuses, je n'ai reçu qu'un « fais un peu attention où tu marches, et puis c'est quoi ces vêtements ? C'est la loose... » avant un regard rempli de pitié. Comme je les aime. Pour rester positive. Je soupire et accroche bien mon sac à mon épaule, cette fois. Maintenant que j'ai pu reprendre mes esprits, je me remis en marche. Direction le secrétariat d'accueil.

En chemin, je me suis permise de regarder un peu autour de moi. De juger chaque personne que je croisais. Je sais que c'est mal de juger, mais je souhaitais simplement retenir chaque visage, chaque petit détail qui me semblait important. Et je ne pus m'empêcher de remarquer un petit groupe de sept garçons qui semblent assez... étranges. Pour, toujours, rester positive. Je m'arrête, donc, un instant et les regarde. Ils semblent être la risée de ce campus et je soupire davantage. Il est vrai qu'ils sont originaux mais les moqueries ne devraient pas exister. Ni même la discrimination. J'entends dire qu'ils sont sans sororité et cela me fait de la peine pour eux. Je n'aimerais pas être à leur place. Ne faire partie d'aucune fraternité est mauvais signe dans cette école. Nous sommes laissés de côté et nous passions une scolarité des plus misérables. Je ne veux pas de cette vie-là.

Je reprends, alors, la marche et arrive, enfin, au secrétariat. J'attends, patiemment, mon tour, étant arrivée après une bonne dizaine de personnes. Tous des nouveaux, à ce que je vois. Bienvenus au club. Je patiente, comme je peux, en continuant de regarder autour de moi mais aussi en regardant, très souvent, même trop souvent, l'heure sur l'écran de mon téléphone. J'ai l'impression que le temps passe si lentement qu'une seule minute s'est écoulée entre mon arrivée au bout de cette queue et l’événement qui vient de se produire. Un groupe d'une vingtaine de garçons, si ce n'est plus, vient de passer et mon regard fut tout de suite attiré par celui qui se tenait à la tête de cette bande. Il était l'exemple même de mon type de garçon idéal. Populaire. Beau. Intelligent. Comment je le sais ? Un être aussi beau ne peut qu'être intelligent. Laissez-moi croire au prince charmant. Laissez-moi rêver et devenir sa princesse. Nos regards se sont même croisés et mon cœur, à ce moment précis, a vacillé. Est-ce que c'est ce que l'on appelle un coup de foudre ?

Hairstyle / Outfit + La rentrée... «Enfin» pourrais-je presque dire. Pas pour les cours, j'ai toujours eu la merveilleuse initiative de ne pas prêter grande attention à mes professeurs pendant les heures entre les pauses. Ce qui m'a manqué est bien différent du côté intellectuel de l'école. J'avance dans les couloirs, mains dans les poches, écouteurs vissés dans les oreilles et tout tourne au rythme de la musique que j'écoute. Une nouvelle année, de nouvelles rencontres mais surtout, de nouvelles danses. La sororité dont je fais partie a cette particularité, ce rythme dans les pas de chaque garçon qui en fait partie, ces danses que nous effectuons d'une façon modestement incroyable. Je suis le capitaine de cette fraternité, celui qui fait tourner les têtes quand il passe, celui qui en plus d'avoir un physique très appréciable, n'échoue pas non plus du côté scolaire. J'ai fait de la danse dans cet établissement un autre style de sport, nous avons -comme les autres fraternités de sports- des compétitions, ou laissez-moi appeler ça des «battles». Très populaire dans notre établissement, nous avons même droit à des cheerleaders lorsque nous affrontons les danseurs d'autres écoles. Je croise des membres de ma fraternité et les salue en les invitant ensuite à me suivre. Une fraternité soudée est une fraternité incassable. C'est ce que j'ai toujours eu la conviction de penser, c'est pourquoi j'ai bien fait comprendre aux membres qu'au-delà de la danse, je veux de l'esprit d'équipe. De l'amitié. En étant proches, nous sommes plus forts encore pendant les entraînements et les battles que nous ne perdons presque jamais.

Les filles se retournent sur notre passage, les plus jolies d'entre elles pensent avoir une chance avec nous, encore plus si elles sont populaires. Les autres nous regardent de loin en désespérant de ne pas pouvoir capturer notre attention ne serait-ce qu'une seconde. «Black Step», voici le nom de ma fraternité, de mon groupe de danseurs et je n'en suis pas peu fier. Nous avons sans difficulté grimper les échelons jusqu'à devenir l'une des sororités les plus populaires de l'école et je ne compte pas nous arrêter là. Je regarde autour de moi, croisant différentes personnes de différentes fraternités... ou pas. Mon regard tombe sur les «7 Dwarfs», rejetés des fraternités. Je n'ai jamais aimé la façon dont ils se sont retrouvés seuls mais pour l'avenir de ma fraternité, je n'ai pas pu les inviter à nous rejoindre. J'aperçois Grim et lève les yeux au ciel quand je constate qu'elle se moque encore des sans-fraternités. Elle n'a jamais eu de cœur si ce n'est pour faire semblant de l'offrir à n'importe quel membre de ma fraternité. Elle est sans conteste une jeune femme magnifique, capitaine des cheerleaders pour le plaisir de mes danseurs et pourtant, elle a toujours été connue pour avoir un horrible comportement. Elle me fait signe et je le lui rends avant de passer mon chemin. Nous arrivons alors devant le secrétariat où les nouveaux font la queue et je laisse mon regard parcourir ceux-ci, ne faisant pour le moment partie d'aucune fraternité. Je fais signe à ceux que je considère comme mes frères d'aller trouver les nouveaux à disposition avant que mon regard ne tombent sur une jeune femme. Pourquoi est-ce que mon regarde s'attarde si longtemps sur elle? Elle est mignonne pour ne pas dire jolie mais elle est encore sans fraternité et impopulaire. Avec un petit sourire en coin, je fais signe à ma fraternité d'attendre et avance d'un pas rythmé et d'une allure accueillante vers la jeune femme. Je sors de ma poche un papier plié en quatre et le lui tends.

-Viens voir notre performance pendant les portes ouvertes des sororités ce soir. Ça te donnera peut-être envie de devenir cheerleader pour nous encourager?

Je lui lance un petit clin d'œil. Rien de déplacé, juste de quoi être chaleureux avec une petite nouvelle aussi mignonne. Je ne suis pas dragueur et pas non plus du genre à ne jeter mon dévolu que sur les plus populaires. Les filles ne sont pas mon premier intérêt mais sans savoir l'expliquer, l'idée de voir la nouvelle en cheeleader pour m'encourager est loin de me déplaire. La laissant découvrir la petite affiche invitant les élèves à venir voir la première performance des Black Step de l'année, je m'apprête à m'éloigner en lui faisant un signe de main.

-Je compte sur toi pour être là ce soir. À toute à l'heure!

Hairstyle / Outfit + Je ne m'attendais pas à une telle rencontre. Du moins, pas aussi vite. Pas de manière aussi rapide. Il s'est approché de moi et m'a parlé. Même dans mes plus beaux rêves, je n'y aurais jamais pensé. Jamais espéré. Je dévore ses paroles et son regard en même temps. Tout en lui me plaît. J'ignore si cela est normal mais en un regard, en un seul et unique regard, il a réussi à conquérir mon cœur. Je lui souris, sûrement bêtement mais tant pis, et acquiesce à ce qu'il me dit en passant une mèche derrière mon oreille. J'ai l'attitude même d'une fille sous l'emprise et sous le charme du plus célèbre garçon du campus mais qu'importe. Je n'ai pas honte. Bien au contraire. Je regarde, attentivement, le papier qu'il me tendit et lorsque je vis son clin d’œil, j'eus un vertige. Mon cœur s'emballe plus fort, plus vite. Comment peut-il réussir à me mettre dans de tels états avec si peu de chose ?

- Compte sur moi, je serais là ! Dis-je, en continuant de sourire, tout en le regardant s'éloigner.

J'étais heureuse. Je planais sur un petit nuage et je ne me rendis même pas compte que pendant notre bref et court échange, j'étais observée. Par deux personnes, ni plus ni moins. La fille de tout à l'heure qui me jetais un regard haineux et un garçon qui vint jusqu'à moi, directement après mon prince charmant. Il me surprit tellement que j'eus du mal à comprendre ce qu'il se passait, sur le moment. Il était l'un des sept garçons que j'ai croisé tout à l'heure. Je le reconnais. Difficile de passer à côté, il est le plus beau de sa petite bande. Mais mon prince l'est d'autant plus.

- Enchanté, je m'appelle Grumpy !

- Grumpy ? Sérieusement ?

- À vrai dire, c'est le surnom que tout le monde me donne, ici...

Il me souriait mais je me sentais gênée. Comme si quelque chose de mal était en train de se passer. Je coupe court la conversation et récupère mon emploi du temps, assez rapidement, avant de partir et de m'éloigner de lui. En partant, je pris le temps de regarder derrière moi et ses six copains sont tout de suite venus l'entourer. Ils sont vraiment étranges ceux-là. Et ce ressenti ne fit que s'accentuer d'heure en heure. Grumpy était partout. Comme s'il me suivait. Il tentait, par tous les moyens, d'entrer en contact avec moi. À la sortie des cours. Il m'attendait derrière les portes ou les murs pour me faire face à la dernière minute. Ce qui me fit sursauter à chaque fois. Y compris à la bibliothèque où il interrompit une conversation que j'avais avec d'autres nouveaux élèves. Il est venu me prendre par les épaules pour m'emmener avec lui. Tout ça pour soigner mon genou et me mettre un pansement. Je m'étais fais mal en trébuchant dans les escaliers. Il est même intervenu quand Grim m'a, de nouveau, prise pour cible. Elle était prête à me gifler mais il l'a retenu. J'avais beau changer, sans cesse, d'endroits, il était toujours là. J'avais beau lui demander de me laisser tranquille, il revenait à chaque fois. Même lorsque je tentais de me cacher derrière mes nouvelles amies ou derrière mes livres en classe, il réussissait à me retrouver. Dès qu'un garçon essayait d'entrer en communication avec moi, il intervenait et le repoussait. Cela dura jusqu'au soir. Jusqu'à l'heure de la première performance des Black Step de l'année. Je m'y rendais, le cœur léger et persuadée d'être enfin tranquille. Quelle fausse joie. J'ai très rapidement remarqué mon prince charmant et je m'apprêtais déjà à le rejoindre, tout sourire. Mais c'était sans compter l'intervention de Grumpy qui m'en empêcha en m'attirant contre lui et en m'embrassant devant tout le monde. Ce qui, bien entendu, attira l'attention de toutes les personnes présentes autour de nous.

Hairstyle / Outfit + Je n’ai même pas pris le temps de demander à la jeune femme son prénom mais je ne doute pas vraiment que je l’apprendrais bien assez tôt. Ce soir, cette nouvelle élève m’a dit qu’elle sera là et je compte bien prendre le temps de l’aborder par prétexte de ne pas encore savoir comment une aussi jolie femme se nomme. Je ne m’attarde pas trop longtemps et rejoins rapidement les membres de ma fraternité. Certains dont je suis le plus proche me regardent avec un sourire en coin et savent pertinemment que je n’aborde pas les filles aussi facilement d’habitude. Je regarde derrière moi alors que nous reprenons notre route et vois l’inconnue déjà abordée par un autre garçon. Mes sourcils se froncent l’espace d’une seconde et tandis que je voudrais m’arrêter pour voir ce qu’il se passe entre l’un des « 7 dwarfs » et elle mais ma fraternité me pousse à avancer. Je ne pense pas qu’elle puisse s’intéresser davantage à l’un des sans-fraternités qu’à moi mais je me méfie un peu des « 7 dwarfs » non pas parce qu’ils n’ont pas de sororité mais parce qu’ils m’ont toujours paru un peu différents dans un sens négatif. Je finis par oublier l’image de la jeune fille avec l’un d’entre eux pour me concentrer sur la performance de ce soir. Les cours passent relativement vite mais cela peut être expliqué par ma dissipation puisque je me retrouve à partager mon banc avec mon meilleur ami. La danse prend une partie de mon attention que je ne peux donc pas accorder aux cours et je me sens presque triste pour les professeurs qui ne parviennent pas à me ramener à l’ordre.

Je ne me reconnais pas vraiment puisque pendant ces longues heures de cours, mon esprit ne divague pas uniquement vers la performance qui aura lieu ce soir. Les yeux bleus de la nouvelle reviennent dans mes pensées et je me demande quel effet j’ai pu avoir eu sur elle lorsqu’elle m’a vu arriver. Est-ce que je lui ai plu ? Est-ce qu’elle a vraiment eu envie de venir me voir ? Je n’aurais la réponse qu’une fois le soir venu. Entre temps, il y a la routine habituelle mais toujours aussi plaisante si ce n’est lorsque Grim vient s’immiscer dans les conversations que j’ai avec les membres de ma fraternité. Comme chaque année, elle en fera tomber certains sous son charme, les nouvelles recrues la plupart du temps, et comme chaque année, elle n’en gardera aucun. Je suis exaspéré par cette fille, connaissant parfaitement le but qu’elle cherche à atteindre : moi. Que pourrait-on rêver de mieux ? Le danseur le plus populaire avec la cheerleader la plus populaire en couple deviendraient sans aucun doute le roi et la reine du bal de fin d’année. Grim n’a pas besoin de moi pour l’être mais elle croit que nous serions le couple parfait. Je n’appelle pourtant pas parfait un couple composé de la pire des pétasses. Je me rends au gymnase après les cours pour terminer de préparer la danse qui risque de mettre littéralement le feu à la salle. Chorégraphie créée par moi-même et mon meilleur ami, costume en parfaite adéquation avec notre style et les décors qui ajouteront le piment nécessaire pour que ce soit parfait. De quoi donner l’envie de nous rejoindre aux autres élèves masculins et rêver les élèves féminines jusqu’à notre prochaine performance.

Je termine de m’étirer et donne les dernières directives aux membres de mon groupe en tant que bon leader. Les élèves s’installent déjà en masse dans les gradins, le succès de cette première performance est en grande partie assuré. Il ne manque plus qu’une personne, elle n’est pas encore rentrée et je ne l’aperçois pas. Peu sont ceux qui ne viennent pas, les performances de ma fraternité sont les événements les plus attendus ici. J’espère que la nouvelle n’a pas envie de rater ça. Je me rends alors compte que depuis plusieurs minutes, je ne cesse de me retourner pour regarder qui rentre dans la salle. Je ne connais même pas son prénom mais je sais déjà que j’ai envie de faire d’elle ma petite amie. La voilà enfin. Je me retourne pour lui faire face alors qu’elle marche dans ma direction avant qu’un événement aussi improbable que désagréable se produise. Personne ne rate la scène. L’un des « 7 dwarfs », le même que celui que j’ai vu avec la nouvelle plutôt, s’approche de celle-ci pour l’attirer contre lui et l’embrasser. Je regarde la scène de loin, ayant perdu le sourire qui était apparu sur mes traits lorsqu’elle était arrivée. C’est un cauchemar ou une mauvaise blague. Comment serait-ce possible qu’elle choisisse un garçon comme lui plutôt que moi ? Rêvais-je quand je pensais que le premier regard que nous avions échangé était magique ? Je serre les poings et m’approche du « couple » d’un pas pressé. Je me retrouve alors à éloigner Grumpy de la nouvelle en secouant la tête, les lèvres pincées.

-Je ne voudrais pas vous déranger mais si vous voulez faire ce genre de choses, faites-le dehors.

J’interviens en prétendant que c’est uniquement parce qu’ils ne peuvent pas s’embrasser en plein milieu de la salle où l’on va performer mais cela me permet aussi de mettre fin à ce baiser qui détruit mes envies trop idéalistes d’être en couple avec la jeune femme.

Hairstyle / Outfit + Ma journée aurait pu être parfaite mais il a fallu que Grumpy vienne tout gâcher. Encore une fois. Je me suis sentie comme paralysée quand il est venu m'embrasser et c'est seulement grâce à l'intervention de mon prince charmant, que nous avons été séparés. Ce que j'entends me fait peur. Il nous croit en couple ? Il pense sincèrement que je le préférerais à lui ? Avant même que je puisse lui répondre, Grumpy passa un bras autour de mes hanches pour me coller à lui et faire face à celui qui me fait battre le cœur, depuis notre premier échange de regard.

- Je n'ai même pas le droit de présenter ma petite amie au campus ? Dit-il.

- Vous avez entendu ? La nouvelle sort avec Grumpy. Elle craint ! Cria Grim avant de se moquer, ouvertement, de moi avec ses copines.

Beaucoup de personnes se sont joints à elle. J'entendais les remarques, les rires, les insultes. Je me suis sentie inutile et indésirable. J'en voulais à Grumpy de m'avoir attiré de cette manière parmi sa bande de mal-aimés. Mais d'un autre côté, j'en voulais à tous ces élèves de se moquer si gratuitement d'une nouvelle. J'ai le droit d'aimer qui je veux. Non ? Qui sont-ils pour me dénigrer de la sorte ? Pour qui se prennent-ils ? Ils ne sont pas mieux que moi. Ou que Grumpy et ses amis. Bien au contraire. J'en viens à être heureuse. Heureuse de ne pas être parmi eux. Et lui ? Que j'aime tant. Est-il du même avis qu'eux ? Je le regarde tout en repoussant gentiment le bras de mon faux petit ami. Va-t-il me croire et me laisser une chance ?

- Je ne suis pas sa petite amie. Grumpy a des désirs qui ne sont pas les miens. S'il te plait, dis-moi que tu me crois ?

Quelque chose de si inhabituel se trouve dans ses yeux. Je sais que je suis chez moi, en me trouvant près de lui. Chaque larme, chaque peur... Partie avec sa pensée. Je serai à lui pour mille vies. Je suis libre comme un oiseau quand je vole dans sa cage. Je plonge en profondeur. Et je roule sans freins. Je deviens amoureuse de ce bel homme. Il nage dans mes veines. Il m'a. Il me possède maintenant. J'attendais une vie pour lui. Je ne cherchais pas l'amour jusqu'à ce que je l'ai trouvé. Peau à peau. Je viens prendre ses mains dans les miennes tout en continuant de le supplier du regard. Je souhaite qu'il m'inspire, qu'il me croit. J'aimerais sentir son baiser sur moi. Me sentir importante. Désirée. Sienne.

Hairstyle / Outfit + Je me suis senti dans l’obligation d’intervenir devant le baiser de la nouvelle avec Grumpy. Je ne m’attendais pas à voir celui-ci la prendre par la taille et mes sourcils se froncent alors qu’il prétend vouloir présenter sa copine. Je ne regarde même pas le nain, plus concentré sur la jeune fille que sur celui qui a osé l’embrasser avant moi. Est-ce qu’ils sont vraiment ensemble ? Grim intervient et je lui lance un regard suffisamment noir pour la faire taire. Il y a déjà les rires, les jugements, évidemment tout le monde l’attaque parce qu’elle est apparemment en couple avec un des rejetés. Je me tourne vers la nouvelle. Je croise son regard mais ne prends pas la parole, pas encore, pas tant qu’elle n’a pas répondu à la question qui brûle mon regard. Est-ce vrai ? Est-elle en couple avec lui alors qu’elle vient d’arriver ? Je fais un geste vers le public pour le faire taire alors qu’elle entrouvre ses lèvres pour parler. Mon cœur soupire alors quand elle nie et repousse le bras du nain, elle dit qu’elle n’a pas les mêmes désirs que lui et me demande si je la crois. Dans son regard, je devine la vérité et hoche la tête. Ma main prend la sienne et je l’éloigne de Grumpy. Les exclamations reprennent en force autour de nous et je me tourne encore vers le public, énervé par leurs réactions enfantines.

-Arrêtez. Vous avez entendu ce qu’elle a dit. Elle ne sort pas avec lui et si je vous entend encore vous moquer, vous aurez affaire à moi.

Je sais qu’elle a dit la vérité comme je sais que ceux qui ont un cerveau ne tenteront pas de s’élever contre moi. J’emmène la jeune femme vers les gradins et l’assieds sans être brusque et je m’accroupis devant elle. Je la regarde longuement, je n’ai pas beaucoup de temps, je suis simplement heureux de savoir que ma princesse n’est pas avec ce mec ou n’importe quel mec du bahut. J’ai eu l’impression qu’elle tenait à me convaincre qu’elle n’était pas avec Grumpy, comme si ça comptait vraiment pour elle que moi je la crois. Comment ne pas la croire ? C’est une rencontre qui va sûrement bouleverser cette année. Les membres de mon équipe m’appelle et je dois mettre fin à ce regard silencieux.

-Attends-moi après la performance, d’accord ? On pourra un peu parler.

Je souris un peu avant de me lever et de rejoindre mon équipe. Il est temps que la performance commence. Nous faisons une danse sur laquelle nous avons énormément travaillée puisque c’est la première. Le résultat va sans doute être impressionnant et c’est le but. Je vais vite me changer puis, comme la salle est plongée dans le noir, nous nous mettons en place et les spots nous éclairent alors que la musique se lance et que nous commençons nos mouvements synchronisés.

Dance & tenue

Hairstyle / Outfit + Il me croit. Je l'ai vu dans son regard. Je l'ai entendu à travers ses mots. Et c'est tout ce qui compte.

Mon garçon, cette jeune fille n'a d'yeux que pour toi. Fais lui une place au fond de ta bulle. Et si elle t'agace, si elle est trop nulle, elle deviendra toute pâle, toute muette, toute petite pour que tu l'oublies. Fais lui une place au fond de ton cœur. Pour qu'elle t'embrasse lorsque tu pleures. Elle deviendra toute folle, toute gentille pour que tu souris. Elle souhaite que tu n'aies jamais mal. Que tu n'aies jamais froid. Et tout lui est égal, tout, à part toi. Elle t'aime. Fais lui une place dans ton avenir. Pour qu'elle ressasse moins ses souvenirs. Elle ne sera jamais éteinte, hautaine, lointaine, pour que tu sois bien. Fais lui une place dans tes urgences, dans tes audaces, dans ta confiance. Elle ne sera jamais distante, distraite, cruelle, pour que tu sois beau. Elle ne veut pas que tu t'ennuies, elle ne veut pas que tu aies peur. Elle voudrait que tu oublies le goût du malheur. Elle t'aime. Une petite place. Ici, maintenant. Car le temps passe à pas de géant. Elle se fera toute neuve, toute belle, tout ça... pour être à toi.

Je ne l'ai pas quitté des yeux. Durant tout le temps du spectacle qui se déroulait face à moi. Et lorsque ce fut terminé, je vis la clameur générale s'élever autour de moi. Ils sont si populaires que ça. Cela ne devrait pas me surprendre. J'en viens, juste, à me demander si je suis à ma place.

Elle se lève pour se fondre dans le décor et se fait bousculer plusieurs fois. Elle ne fait pas vraiment attention aux hystériques se trouvant à ses côtés. Elle continue de regarder son prince. Amoureusement. Elle est à la limite du temps de son cœur. Si elle possédait une bombe remplie d'amour, elle appuierait sur le bouton, sans hésiter. Tic. Tac. C'est électrique. Elle souhaite obtenir cette bombe. Elle veut sa bombe d'amour. Pouvoir faire partir tout le monde et rester uniquement avec l'amour de sa vie. Un mystérieux nuage se propage au-dessus de la foule sans qu'elle ne s'en aperçoive. Elle sent l'air ambiant changer. Et elle aime ça. Elle ferme les yeux. Le temps s'est arrêté. Elle a eu cette impression. Juste le temps de quelques secondes. Surprise, elle retient, alors, son souffle. Juste comme ça. Elle aimerait viser son cœur. Qu'est-ce qu'il y a de difficile, après tout ? Elle a juste à le faire. Ils pourront ainsi faire la fête toute la nuit. Rêver l'un de l'autre. Dès l'instant où ils se sont rencontrés, ça a explosé. Entre eux. Autour d'eux. Comme une évidence. Cette sensation est différente de tout ce qu'elle a connu, jusque-là. Cette bombe d'amour, qu'elle ressent au fond d'elle, les illumine en ce moment même. Elle aimerait aller jusqu'à lui, avec assurance. Son reflet dans ses yeux n'arrivera pas à rester sur place. Ces battements, qu'ils ne pourront pas arrêter, ne feront qu'augmenter. Elle souhaiterait qu'il l'emmène dans l'espace. Loin d'ici. Avec lui. Ses sentiments explosent comme une pluie de météorites.

Je suis figée sur place. Je n'arrive pas à bouger. Grim est, de nouveau, venue jusqu'à moi. Les paroles qu'elle m'a adressées m'ont fait comprendre la situation. Elle le veut. Je ne peux pas lutter. Je ne peux que retourner auprès de Grumpy. Lui, seul, me correspond. Je dois rester à ma place. Comment puis-je faire face avec la plus belle fille du campus ? Je ne suis rien comparée à cette Reine. C'est ainsi. Les larmes me viennent et alors, que je l'ai regardé une toute dernière fois, lui, si heureux avec ses amis, je me suis enfuie. Me faufilant parmi toute cette foule de fans.

Hairstyle / Outfit + J’ai tout donné lors de ma performance, tout pour que le public nous acclame, pour que les cris féminins emplissent le hall à chaque pas que nous faisons. Je veux convaincre les garçons de tenter leur chance aux auditions pour nous rejoindre et faire craquer chaque fille qui nous regarde exécuté les pas les plus sexy. Aujourd’hui, c’est différent pour moi. Je veux faire craquer une fille, cette fille. Je veux penser qu’elle ne me quitte pas des yeux, je voudrais en avoir la certitude mais le public est plongé dans la pénombre et je ne peux voir que ceux qui partagent la lumière avec moi. Je n’ai qu’un but : terminer la danse au plus vite pour aller la trouver, connaître son nom, il doit être beau tout comme elle. Je pense à elle à chaque pas que je fais. Est-ce que ça lui plaît ? Est-ce qu’elle voudrait connaître mon nom pour le crier ? Je suis certain que je reconnaîtrais sa voix parmi toutes les autres.

La pose finale arrive et nous restons quelques secondes ainsi, recevant les acclamations des étudiants autour de nous. Je souris, ma respiration est saccadée, mon torse se soulève au rythme de celle-ci alors que la transpiration fait briller mon visage et mon cou. Nous nous relevons et saluons le public qui ne tarde pas à se lever pour nous rejoindre. Je suis entouré de mes amis, des filles et de presque toute l’école mais je la cherche du regard. Où est-elle ? Je lui avais dit de rester à sa place mais elle n’y est plus… M’a-t-elle fuit ? Je voulais lui parler mais peut-être que la danse n’était pas à son goût. Je l’aperçois alors, je croise son regard, pourquoi est-il si brillant ? Je joue des coudes alors pour me frayer un chemin dans la foule qui nous entoure. J’ai l’impression d’être un prince courant après sa Cendrillon. Sauf que la nouvelle n’est pas Cendrillon, elle est bien plus belle. Je ne comprends pas sa fuite, je ne veux pas la laisser m’échapper.

-Attends ! Attends-moi !

Je crie après elle, essayant du mieux que je peux d’éviter ceux qui veulent m’arrêter pour me féliciter. Pourquoi part-elle ? J’avais l’impression que ça se passait bien entre elle et moi, j’avais envie d’apprendre à la connaître, de savoir quel nom elle porte. Je ne la laisserais pas partir comme ça et je finis par réussir à la rattraper et j’attrape sa main alors qu’elle avait réussi à sortir du hall pour tenter de disparaître dans les couloirs.

-Attends… Pourquoi est-ce que tu pars ? Tu es attendue quelque part ? La performance ne t’a pas plu ?

Hairstyle / Outfit + Nous avons tous vécu du rejet. Il constitue l'une des pires blessures. Au propre comme au figuré. Nous voulons tous faire partie d'un groupe et nous sentir acceptés par ses membres. On attribue une bonne part des dépressions à ce sentiment d'isolement, au fait qu'on se sente à part ou exclus. Il y a 200 ans, on naissait, vivait et mourrait dans le même village, dans la même famille. On faisait partie à vie de ces groupes. Ce n'est plus le cas de nos jours. Les mailles du filet social sont de plus en plus espacées. Nous vivons maintenant dans une société d'une extrême complexité et sommes exposés à de nouvelles situations et de nouvelles personnes sur une base quotidienne. Ce qui fait augmenter nos risques de vivre le rejet.

Comme les situations propices au rejet sont multiples, on conclut parfois, à tort, qu'on a été rejeté. Il est donc sain de bien évaluer la situation avant de réagir. Il y a bien sûr des cas évidents de rejet. Le bouc émissaire en est l'exemple le plus évident. Cependant, la froideur perçue chez une personne ou un groupe à notre égard peut simplement être une forme de méfiance ou de prudence face à nous, le nouvel arrivant. Il peut aussi s'agir d'indifférence ou de distraction. Mais comment le savoir, alors ?

Le problème c'est que pour certaines personnes hypersensibles, il est très difficile de faire la part des choses. Pour elles, la peur de rejet est un problème énorme. Leur « baromètre social » ne fonctionne pas correctement et elles reçoivent constamment des messages d'alertes indiquant qu'elles sont rejetées. Elles en viennent à vivre dans l'anticipation du rejet. Elles ajustent sans cesse leur comportement, en font trop. Elles suscitent une certaine antipathie et ont de la difficulté à s'intégrer à un groupe. Et elles finissent par s'attirer exactement ce qu'elles craignent le plus : le rejet. Ce dérèglement, ou cette mauvaise lecture des signaux, témoigne d'une blessure profonde, qui vient toujours de l'enfance. Avec le temps et les échecs à répétition, on finit par s'isoler afin d'éviter le rejet. Un autre trait typique de la personne qui se sent toujours rejetée est la rumination. Elle passera et repassera des centaines de fois le film de ce qui s'est passé, décelant du rejet dans le moindre détail. Au lieu de tenter de mettre les choses au clair ou de passer à l'action, elle est paralysée par un sentiment d'impuissance et de colère. Ce que je vis, actuellement.

Avoir peur du rejet c'est être passif et attendre des autres un signe, une ouverture. C'est accorder une importance démesurée à l'opinion des autres et à s'estimer en fonction du regard que les autres ont sur nous. C'est, au bout du compte, être à la merci des autres, être leur victime. On comprend donc que pour changer les choses, il faut rependre le contrôle et se redonner du pouvoir. C'est aussi prendre ses responsabilités. Être en relation, c'est s'impliquer activement dans un échange avec l'autre. C'est parler honnêtement et écouter attentivement pour éviter les malentendus et le retour dans le cercle vicieux de l'apitoiement et du rejet. Être en relation demande un investissement de soi et du travail. Il y a peu de place pour la passivité. Il faut aussi apprendre à exister sans le regard de l'autre. Et cela passe par une bonne connaissance de soi. On doit apprendre à reconnaître nos forces et nos faiblesses, à s'accepter tel qu'on est. Peur du rejet et estime de soi sont intimement liées. Vaincre la peur du rejet est donc un processus long et profond. En suis-je, seulement, capable ? Il le faut.

- C'était parfait, ne t'en inquiète pas. C'est juste que... Commençai-je en me pinçant la lèvre. Grim est encore venue me voir et je ne souhaite pas m'en faire une ennemie. Je viens tout juste d'arriver alors mieux vaut que je reste tranquille et dans mon coin. Elle est la plus belle et la plus populaire des filles du campus. Elle est considérée comme une Reine, ici. J'en ai vite pris conscience. Et elle te veut...

Hairstyle / Outfit + Parfois, on considère trop vite que tout est simple, qu’il suffit de s’aimer, qu’il suffit d’un sourire, d’un regard et de rien d’autre. Lorsqu’on ne connaît aucune difficulté, il est presqu’impossible pour nous d’imaginer qu’il puisse y en avoir. On a l’habitude de vivre dans la facilité, dans l’idée que tout nous est déjà acquis sans devoir se battre. Un claquement de doigt et tout est fait. Il suffit de quelques petites choses. Avoir du talent dans un sport populaire, une personnalité qui en impose ou un physique avantageux. Dans une école comme celle-ci, ce sont ces caractéristiques qui jouent sur notre place dans les groupes et dans la hiérarchie. Quand je me suis inscrit, je me suis vite rendu compte que j’avais tout pour devenir un leader, un Prince qui serait évidemment connu de tous et qui n’aurait aucun mal à se faire énormément d’amis.

Mais qu’est donc un Prince sans Princesse ? Un Roi sans Reine ? Il est évident qu’une fois devenu le garçon aimé de tous à l’école, les filles ont commencé à se battre pour être celle qui tiendrait mon bras. Je n’ai jamais été intéressé par ce genre de comportements, les filles n’ont jamais été mon premier centre d’intérêt jusqu’à ce qu’elle arrive. Ce n’est pas parce que l’on est populaire qu’on apprécie avec les filles à nos pieds, ce n’est pas la raison pour laquelle je continue à me donner autant dans le sport où j’excelle. J’en ai déjà vu qui profitait en ayant deux belles filles sous les bras et qui se pavanait dans les couloirs comme un coq. Ce comportement a toujours semblé ridicule à mes yeux. La popularité ne m’a pas rendu superficielle et utilisé les femmes comme des objets est le pire des comportements.

Alors que je poursuis la jeune femme, je n’aurais pas pu imaginer que c’est à cause de ma popularité qu’elle refuse d’être avec moi, d’apprendre à me connaître. Elle nomme Grim et je détourne le regard en passant ma main sur mon visage. Recule-t-elle devant le moindre obstacle ? Je secoue la tête, Grim ne devrait avoir aucun pouvoir et encore moins le droit de faire fuir la nouvelle de cette manière. Je serre les poings, est-ce qu’elle a suffisamment peur de cette prétendue Reine pour partir de cette façon ? Je fronce les sourcils et pince les lèvres.

-Mais moi je ne la veux pas. Ce n’est pas la Reine et tu ne devrais pas avoir peur d’elle. Pas tant que je suis là. Ne fais pas attention à elle, je ne la laisserais pas te faire de mal.

Je prends sa main dans la mienne, j’ose le contact alors que j’ai l’impression qu’elle veut déjà me pousser à m’éloigner d’elle. C’est vrai qu’elle est nouvelle et que Grim paraît redoutable mais elle n’est qu’une coquille vide sous des tonnes de couches de superficiel. J’ai trouvé chez la femme en face de moi bien plus de sincérité que je ne pourrais jamais en trouver chez Grim.

-Tu es bien plus belle que Grim, aie confiance en toi et en moi. T’aplatir devant elle ne va pas t’aider à faire ta place ici !