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Faut toujours qu'elle frappe celle-là, pense-t-il très fort, roulant des yeux après le genou à son poitrail. Pendant les quelques instants qui suivent, c'est le silence et il sourit, posant même sa tête contre la sienne, fermant ses paupières bien lourdes. Ses cheveux sont si doux et sentent si bons, il laisse sa main sur la cuisse sans plus la bouger et tombe de sommeil. Ou du moins presque. Athena lui touche et tourne son visage et ça le fait palpiter et un peu sursauter, la gorge sèche tout à coup et les pupilles fixées, il était pas prêt oula. Eujin fond complètement, leurs visages aussi collés et ses lèvres aussi tentantes, il papillonne et hoche la tête tout doucement, retenant ses doigts de venir la capturer et l'approcher pour un baiser.

Bêtement, il rougit en la regardant puis lâche un « Ok, j'ai faim. » à moitié vrai, sa respiration lui manque. Il fait une dernière caresse sur cette jambe qu'il a adoptée sienne et fini par gentiment la lui rendre, s'étirant et grognant. Il lui faillait une quinzaine de secondes pour reprendre ses esprits et ne plus ressembler à un pivoine. Ou un coquelicot

Et aussi pour faire partir ce désir de l'embrasser jusqu'à lui faire perdre haleine... Sauf qu'à essayer de ne pas y penser, il y pense et il tourne en rond, les joues enflammées et le cœur carrément emballé. Le garçon se lève et se racle la gorge, prenant sa tasse vide et celle de la demoiselle, lui tendant son autre bras libre pour l'aider à se lever. « Si on part chercher des cookies, je me fais un sandwich au passage parce que ça creuse le ménage. A moins que je t'en fasse un aussi ? On a de la salade, de la mayonnaise et il doit rester du jambon... J'espère. »

Ou si elle veut des œufs sur le plat, elle peut lui mettre sur le crâne, ça doit sûrement chauffer sec dans les chaumières là, ouh ! Elle ne se rend même pas compte de ses effets parfois... Ou Euijin est beaucoup trop sensible à son charme, au choix !

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Par son ignorance, elle le blessait ; par sa spontanéité, elle se faisait violence, cruelle quand bien même elle voulait se faire douceur. Mais Athena ne voit pas les signes, si ceux des astres ne lui échappent plus depuis son télescope aussi lointain soient-ils, ceux de Euijin à l’œil nu lui sont complètement invisibles. Le temps et leur proximité l’avaient rendu insensible. Même quand ses joues s’empourprent de plus belle, elle ne fait que se réjouir de sa réponse, de cette petite victoire. Elle avait faim, lui aussi, tout était parfait. Il lui tend son bras et elle le prend sans y réfléchir à deux fois. Avec lui elle n’avait pas besoin de réclamer quoi que ce soit, il la gâtait et lui donnait en même temps de mauvaise habitude : la façon dont il la traitait, elle finissait par l’exiger de ses deux meilleurs amis qui finissaient par l’envoyer dans les roses, ou céder en rechignant.

« Du jambon ? » répéta-t-elle en fronçant quelque peu des sourcils, surprise par ce qu’elle venait d’entendre avant de hausser ses épaules et d’ajouter d’un ton presque tragique en se mettant devant lui, marchant prudemment en moonwalk – elle connaissait suffisamment le dortoir pour s’y repérer même dans l’obscurité la plus totale, « je ne suis pas sûre que ta maman apprécierait de le savoir, Lüftü ». Elle le taquinait plus qu’autre chose, car au final, elle ne savait qu’il n’était pas pratiquant contrairement à sa mère. « Sucré ou salé… je t’avoue que maintenant que tu me parles de sandwich, manger des cookies n’est pas très sain à côté. »  

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Certains pourraient trouver le destin de Euijin tragique et torturé, une fille qu'il aime qui ne remarque même pas les signes qu'il peut lancer... Ou qu'il peut lui écraser dans la tronche. Parfois il se demande s'il l'embrassait, est-ce qu'elle ouvrirait les yeux ? Il est certain qu'elle trouverait d'abord 10 excuses avant de comprendre les sentiments qu'il a pour Athena... Mais n'est-ce pas là le comique de cette situation ? « Maman ? » L’appellation de sa mère lui fait de suite avoir le sourire aux lèvres, c'est instantané, surtout venant de cette fille qui a partagé deux années au sein de la même famille. Il s'illumine comme un sapin à Noël, les lumières scintillant dans ses yeux. « Oh oui, merde ! » s'exclame-t-il avant de claquer sa main sur sa bouche. « Ça non plus elle n'aimerait pas, oups.  » Ses dents blanches pourrait éclairer le couloir assombri, tenant la brune contre lui, c'est parfait, juste comme ça, c'est parfait. Peut-être que ce n'est pas si mal, de patauger dans la semoule et de ne pas se faire comprendre, tant qu'on est avec l'être aimé.

« .... J'avais oublié. » il marmonne et se tourne vers elle, la tirant dans la cuisine, s'arrêtant contre le comptoir. « J'aime quand tu m'appelles par mon deuxième prénom. »  De haut en bas, dans son pyjama, Euijin ravale sa salive et soupire par le nez. « Laisse-moi t'arranger ça, tu as besoin de protéines pour tes muscles, mademoiselle ! » Et c'est malgré tout, avec enthousiasme qu'il la laisse s'échapper pour leur fixer à tous deux un snack de... minuit, ricanant bêtement tout seul, farfouillant dans les tiroirs et le frigidaire. En ouvrant le paquet de jambon, il se met à rigoler plus fort, sa mère n'approuverait pas du tout mais sa mère est aussi sa meilleure amie, elle aime ne rien approuver pour l'emmerder.

Et quand il pense à elle maintenant, elle lui manque, cette femme aux yeux assombris et à la chevelure toujours emmêlé.

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Un rire lui échappe alors qu’elle roule des yeux, il l’exaspère parfois, mais elle ne s’immisce pas davantage. Deux ans avec lui, un voyage en Turquie avait suffi pour susciter son intérêt pour cette culture qui lui était auparavant étrangère, pour les rites et traditions de cette religion qui l’intriguait après avoir vu celle qui fut presque sa mère se revêtir de blanc, couvrir ses cheveux d’ébène, cinq fois dans la journée. « Really ? Je l’ignorais » répondit-elle avec simplicité, hésitant maintenant à l’appeler par son second prénom plutôt que le premier. Elle aimait les deux, car après tout, ils désignaient une seule et même personne, et cela lui suffisait. « Dans ce cas, je l’utiliserais davantage, Lüftü, peut-être lorsque nous sommes seuls ? Quoique, ce serait dommage que les autres ne le sachent pas. Que préfères-tu ? », elle le sonde, préférant avoir son avis même si elle ne trouvait aucune raison à ce qu’il refuse qu’elle l’appelle ainsi, même devant les autres qui risquaient certainement être un peu perdu au début avant de s’y habituer à leur tour.

Si elle s’était assise pour l’observer chercher les ingrédients, elle bondit presque de sa chaise – du moins, la chaise manqua de se renverser si elle ne l’avait pas rattrapé de justesse. « J’ai une idée. Tu me prépares mon sandwich, tandis que je te prépare le tien en m’assurant que même absente, elle approuve que tu optes pour ça plutôt que le jambon » fit-elle, excitée par sa propre idée. Autant elle aimait être servie, autant elle n’aimait pas l’inaction et rester à attendre sagement que tout lui vienne.  

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C'est drôle une conversation entre bilingues, ils sont là à énoncer des mots en turque et en anglais, en se comprenant et en y mettant du sens mais, ça n'en a pas vraiment. Ses mirettes se plongent dans les siennes et il jure s'y voir, un futur radieux avec elle dans ses bras, fantasme de ses jours ensoleillés. « Je ne le cache pas vraiment... Mais j'ai l'habitude que ma famille seulement m'appelle comme ça. » prononce-t-il, le rose aux joues... Lui, timide tout à coup ? Parce qu'il insinue qu'Athena est sa famille : Et elle l'est. Et ce mot pourrait peut partager tant de significations, femme, épouse, aimante, sœur, cela lui correspondant dans tous les cas. « Ça ne me dérange pas non plus que tu m'appelles comme ça devant tout le monde... »

Éternel indécis... On en finit jamais.

Euijin a le réflexe de rattraper la chaise mais sa main se stoppe avant, un rictus au coin, pas comme si elle avait besoin de son adresse apparemment. « Mon sandwich halal ? Préparé par toi ? » la fierté vient en lui comme un coq en face de sa poule, il lève le menton et fait titiller un sourcil. « Pourquoi pas. Je suis prêt à mourir intoxiqué. » répond-t-il, un rire qui pend aux lèvres. Les qualités de cuisinière de la belle le rend curieux, en attendant, il se saisie du pain de mie et de laitue, jetant des regards en coin. « You gonna... Poison me ? » C'est pas de sa faute si faire des sandwichs à deux heures du matin tout à coup avec son coup de cœur lui fait oublier la fatigue et les crampes aux épaules. Image affectueuse... Et plutôt rêveuse. Maintenant le pied, ce serait un massage et un baiser. Faut pas non plus abuser, paraît-il...