Il est un passé que je ne souhaite pas aborder … Ce n’est pas un passé obscure rempli de violence (quoi que …) mais c’est simplement un passé dont je ne parle pas, car quelque part avant ce n’était pas moi. Je vais le dire ici mais je ne le répéterais plus, je suis né dans un corps qui ne me correspondait pas, dans le corps d’une fille.
Le Rhee Ki Suk qui se tient ici aujourd’hui est né il y a environ 6 ans, quand enfin après des années de combat intérieur, j’ai réussi à dire haut et fort qui j’étais. Enfin plus ou moins, je l’ai d’abord dit à ma famille, mon père a d’abord pensé à une plaisanterie de bien mauvais goût, ma mère a pleuré et ma sœur en a ri. Il a fallu plusieurs mois pour que ma famille comprenne. Enfin c’est surtout mon père qui a eu du mal. Et encore aujourd’hui il lui arrive de m’appeler par mon deadname, bien entendu je ne réponds pas. Il y a quelques tensions parfois mais les choses se sont calmés. Ma mère le vit bien, enfin je crois. Et ma sœur s’en fout, mais bon elle s’en fout de tout alors bon.
Quant à mes amis, il n’en reste presque plus aucun. Soient-ils n’ont pas compris et n’ont pas souhaité essayer de comprendre, soit ils ont choisi de m’effacer de leur vie. Ma dernière année de lycée je l’ai passé isoler et incompris, et les profs n’ont pas aidés, continuant de m’appeler par mon deadname, ce qui a eu pour conséquence de m’agacer au plus haut point et j’ai fini par ne plus aller en classe. J’ai passé les examens de fin de lycée un an plus tard en prenant un an de cours par correspondance. Après quoi je suis entré à l’université, en tout cas j’ai essayé. Echec cuisant … Je n’avais pas la force mentale d’affronter les préjugés, les insultes et les moqueries après moins de 3 mois, j’ai tout lâché.
Je regrette encore cette faiblesse mais ça fait partie de moi et je ne peux rien y faire. J’ai passé plus d’une année à ne rien faire, littéralement, je dormais, je déprimais et je mangeais parfois quand j’en avais la force. C’est au milieu de cette période que j’ai commencé à voir un psy, sur les conseils de ma mère. Mon père voulait m’envoyer en hôpital psychiatrique mais grâce à ma mère, j’ai réussi à n’avoir « qu’une thérapie ». En réalité je suis content de l’avoir suivis, j’ai appris à faire confiance à cette inconnue qui me parlait chaque semaine, et si au départ c’était une corvée, j’y vais encore aujourd’hui mais de mon plein gré. Ça m’aide beaucoup, surtout depuis que j’ai décidé de reprendre les cours. Je ne peux pas indéfiniment rester à la maison, ça fait déjà plusieurs années, même si entre temps j’ai travaillé un peu avec ma mère mais maintenant je veux faire face à mes démons, aller en cours, terminer mes études et pouvoir être fier d’avoir obtenu mon diplôme. J’espère aussi réussir à ne plus écouter les autres. Leur regard est encore dur à soutenir pour moi. Mais ma psy m’a dit que je pouvais le faire, je ne suis plus le même homme aujourd’hui, j’ai appris à m’affirmer, ce n’est pas encore parfait mais je n’ai plus honte de qui je suis et si les autres ont un problème avec ça, et bien c’est leur problème, pas le mien !