mes yeux noirs se sont posés sur toi. t'es tellement casse-cou, et ça m'oblige à m'inquiéter encore plus pour toi. c'est un mauvais plan j'te dis, c'est sûr et certain. on va se faire choper. mais alors pourquoi je ne peux rien te refuser, hein ? et ne me parles pas de cheveux blancs, je n'ai encore que dix-sept ans. j'ai lâché un profond soupir en la voyant dans une des voitures de sport de notre père. quatorze ans et déjà une pile électrique. je sentais que ce n'était pas une bonne idée de piquer les clés à papa et de vouloir conduire le bolide. elle était encore toute jeune, et surtout, elle ne sait pas conduire. quand elle a démarré la bugatti veyron 16.4 flambante neuve, mon sang n'a fait qu'un tour. car ce qui s'est déroulé par la suite n'était évidemment pas le résultat auquel elle s'attendait. cependant, « je t'avais prévenu. » avais-je grommelé en la sortant de la voiture complètement déboussolée. je vous présente ma petite soeur, go na kyung. elle a actuellement bousillé une des voitures de notre paternel. et je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour elle.  

et ce n'était pas de ta faute. pourtant je sais que c'est ce que tu penses au fond de toi. je te connais par coeur. lorsque tu as vu le monde, je n'avais que trois ans. parfois l'on dit que la mort d'un être cher entraîne la naissance d'une autre personne. j'ai connu maman un peu contrairement à toi mais je n'en ai que de très vagues souvenirs. à sa mort et à ta naissance, notre père a tout fait pour combler le manque maternel que nous allions avoir. naître dans la famille go était tout de même un cadeau du ciel cependant, car même à présent, nous avons tout ce que nous voulons. le prestige de notre famille est reconnu, et même si nous ne touchons pas à toutes les parties, celle que nous avons très vite connu, c'était les courses illégales. celles de notre père et de notre grand-père avant nous, ainsi que de nos ancêtres. déjà petits on vivait à l'intérieur de ce monde qui n'appartenait qu'à nous. plus tard, nous serions les maîtres des circuits.

je savais au fond de moi qu'il fallait que je prenne soin de toi. depuis tout petit, c'était comme une évidence. notre mère t'a mise au monde, tu es ce qu'il me reste d'elle. un bout de maman, voilà ce que je pensais quand j'étais plus jeune. les années ont passé, et nous avons grandis. tu t'es très vite prise au jeu des courses illégales. moi j'aimais énormément aussi, mais ce n'était pas ce qui me faisait le plus vibrer, non. ma vie a prit une autre tournure lorsque j'ai découvert le hockey. j'ai finis par m'entraîner, de plus en plus, chaque jour de chaque semaine. de fil en aiguille, je me suis inscrit dans plusieurs clubs, toujours assidu, ne manquant jamais un entraînement avec les coachs. j'étais déterminé à en faire ma vie professionnelle, je savais que ça n'allait pas être facile et qu'il fallait être talentueux. mais j'étais déterminé, et plus que jamais j'allais réussir. par la suite, en rentrant à l'université, j'ai décidé d'orienter mes études vers le domaine du sport, sans grande surprise. Mes études en staps m'ont donné encore plus de compétences et de capacités pour enfin commencer à devenir l'homme que je voulais vraiment être. il y a sept ans, alors que je m'étais énormément amélioré en hockey, j'ai été pris dans l'équipe de anyang. depuis j'y suis resté, et c'est pratiquement toute ma vie. cette équipe c'est mon sang, ma seconde famille. chaque match, chaque entraînement, me prend aux tripes mais qu'est-ce que j'aime ça. avant d'être véritablement le joueur professionnel que je suis aujourd'hui, j'ai débuté en étant sélectionné plusieurs fois dans l'équipe nationale des moins de vingt ans, et j'ai, par ailleurs participé au challenge d'asie. à l'époque et encore à l'heure actuelle, ça faisait ma fierté. je sentais que pour moi, tout ne faisait que commencer. alors j'ai continué mon chemin, jusqu'à être diplômé pour enfin jouer en tant que pro dans l'équipe d'anyang halla. souvent, on me répète que grâce à mon talent, je fais la réputation de l'équipe. mais je ne pense pas que ça soit entièrement grâce à moi. les membres de la team, je les connais par coeur, depuis sept années à présent je les ai vu évoluer, et c'est une équipe qui se serre les coudes et ne baisse jamais les bras. j'en suis tellement fier.

na kyung et moi avons grandis ensemble, avec l'amour de notre père. j'ai pris soin d'elle le plus possible, je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose. pour dire vrai, j'ai pris mon rôle de grand-frère à coeur dès le plus jeune âge. elle a toujours eu ce caractère énergique et imprévisible qui t'emmène dans des aventures abracadabrantes. mais évidemment, elle fonçait toujours tête baissée, sans penser réellement aux conséquences. mon rôle était et est toujours de la protéger, qu'importe le danger. et c'était ce que j'ai fais pendant nos plans foireux. parfois, et même assez souvent, elle ne se rendait pas compte des limites qu'il ne fallait pas atteindre, alors j'étais là pour la préserver. toujours ensemble, comme des jumeaux. alors en ce jour de championnat de l'underworld, il n'y avait pas d'erreur possible. ce jour-là, elle avait dix-neuf ans et moi vingt-deux. je n'étais pas encore devenu joueur professionnel mais ça n'allait pas tarder. cette soirée, je m'en souviendrai. la suivre dans son évolution en tant que pilote était aussi quelque chose auquel je tenais beaucoup. avant de la rejoindre, j'avais tout préparé. j'avais installé pour la première fois les fameuses caméras pour une vision à 360° degré dans sa voiture. ça allait marcher, je le savais, je les avais testé en amont. il fallait à tout prix qu'on gagne. elle pilote et moi derrière, son guide. et avant d'aller la rejoindre, j'étais allé faire un tour parmi ses concurrents, tranquillement, serein, mains dans les poches.  j'avais encore une fois usé de mon intelligence pour pouvoir avoir la meilleure vue  sur le circuit. non seulement j'avais mes caméras, mais j'avais aussi jouer de mes mots pour arriver à un endroit vip. « je suis un go, tu ne peux pas me le refuser. à moins que tu ne veuilles parler à mon père ? » l'homme s'était immédiatement renfrogné. manipuler pour mieux régner.
« garde ta concentration sur la route, et laisse moi m'occuper du reste. »  lui avais-je lâché en voyant sa petite tête brune en face de moi. c'était ce que je voulais. qu'elle fasse ce qu'elle a toujours fait, et qu'elle me laisse gérer tout ce qu'il y a à côté. j'ai confiance en elle, et en ses compétences. je l'ai observé d'un regard doux mais en gardant une certaine stature, fier de mes idées. « les caméras que j'ai installé dans la voiture devraient me permettre d'avoir une vision à 360 degré, je serais tes yeux sur les dangers éventuels. » tes yeux et tes oreilles. je voulais le lui rappeler. après m'avoir enlacé, je la sentais reboosté. pour moi, comme pour elle, c'était important. « reste confiante. tu peux le faire, et je serais derrière, si jamais il se passe quoique ce soit, je serais là. allez, file. » c'était nécessaire pour prévenir de certains concurrents, qui pourraient tricher ou avoir des actes dangereux envers elle. on le savait tous les deux. mais nous sommes les go, personne ne peut nous dépasser. pas sur notre empire. nous sommes les maîtres des circuits.

ma main poussa avec rapidité la porte des vestiaires de l'équipe professionnelle d'anyang halla. jin seok, un de mes plus fidèles amis, m'offrit un sourire chaleureux suivit d'une forte accolade. « frérot, toujours un des premiers arrivés, comme d'hab. » pour aller à un match comme celui-ci, un des derniers du championnat actuel de cette saison, je n'étais jamais en retard. jin et moi, étions souvent là avant tout le monde. on était habitués. mais ce sport nous donnait tous des frissons. pendant que nous nous changions, un à un sont arrivés les autres membres de l'équipe, dans un brouhaha sonore équivalent à une salle de classe rempli d'ados en pleine puberté. un petit sourire s'est affiché sur mon visage lorsque j'ai aperçu le coach tout plein de sérieux faire un signe de la main pour que le silence règne. Tous réunis et assis sur le banc en forme de U face à lui, c'était comme le grand sage d'anyang. il savait quand parler et quand sortir les bons mots. tout le monde l'écoutait avec attention pendant qu'il adressait les dernières instructions et derniers conseils avant le fameux match tant attendu. il distribua les numéros de chacun, en citant les noms et prénoms des joueurs. quand il vint au mien, mon regard croisa le sien. et dans ses yeux fut clairement affiché ce message, ce même message depuis sept ans, fais de ton mieux et emportes-nous la victoire. étant buteur central de l'équipe, je savais ce qu'il me restait à faire. avec jin sur mon côté droit, je savais que je pouvais tout gagner. et avec une équipe comme celle-ci, encore plus. après un cri de motivation, j'ai emporté mon casque en suivant les autres, en direction du stade. nous nous sommes tous tapés dans la main en chemin, comme nous en avions l'habitude. jin me rattrapa rapidement avant d'entrer sur le terrain et me posa une main sur l'épaule en me tendant de l'autre, ma crosse. « il est temps de leur montrer qui nous sommes. elle est pour nous ! » en l'entendant avec sa voix pleine d'entrain, j'ai lâché un petit rire. « leur seule issue, c'est la défaite. la victoire nous appartient. » dans la famille go, il n'y a pas de perdants, que des gagnants. mes yeux noirs de jais se sont dirigés sur le stade plein à craquer alors que nous entrions dans un tonnerre d'applaudissement. les commentaires du présentateur se firent entendre à l'arrivée des deux équipes sur le stade. le nom d'anyang halla retentit dans l'enceinte du terrain et mon regard croisa celui de jin et des autres. encore une fois, nous serions les maîtres du stade.