| it wasn't about making you mine, it was all about respect |
Well, on peut pas vraiment dire qu'elle était d'humeur. C'est pas la première fois de la journée que j'essayais d'être tout simplement gentil, et voilà qu'elle me rembarre encore une fois. Vlan, dans les dents. J'ai presque envie de soupirer lourdement et de lui lâcher un gros merde, en espérant que tu te foires bien demain mais je me retiens presque à la dernière seconde. Avant dernière, pour être plus précis. Elle finit par dire que ça devrait aller. Dans le pire des cas, mon offre tiendra toujours, si elle a vraiment besoin d'aide.
Probablement une vingtaine de secondes plus tard, je me retrouve avec mon téléphone en main et à nouveau dans le studio de danse. Quand je réfléchis à quelle chorégraphie en particulier travailler, je me rappelle qu'elle était là avant moi. Alors forcément, je lui demande si elle veut faire ça avant moi – question de principe. J'étais pas probablement pas le meilleur des gentlemen jusque là, mais c'était la moindre des choses, on dira. Et même pas une dizaine de secondes plus tard, c'est le nouveau râteau et la nouvelle claque indirecte dans la gueule. Ça en devenait presque insupportable. Je pourrais presque m'échauffer et relâcher la pression d'un seul et unique boulon, mais j'ai pas envie de mettre vingt minutes de conversation en l'air à cause de ma stupidité sans nom.
« OK, on fait comme ça. C'est pas comme si j'étais habitué à m'entraîner tout seul, de toute manière. Hésite vraiment pas à demander si tu piges pas un truc. J'serais ravi de t'aider. » Je dis, en m'avançant vers les enceintes bluetooth de la salle. J'allume l'engin, je connecte mon téléphone, et je fais simplement défiler ma playlist pour en trouver une qui me rendait dingue depuis un moment déjà. Il y avait toujours quelques secondes de décalages, un faux mouvement, une erreur stupide que je pouvais régler sans aucun soucis. Je me blâmais pour des erreurs qui n'en valaient presque pas la peine. C'est du moi tout craché, hein.
Je laisse les premières secondes passer le temps que je me mette un peu plus au milieu de la salle, et quand une seule note en particulier arriver, j'entame les premiers pas. Simples d'abord. Plus les sons se complexifient, plus les pas sont compliqués. J'essaye pourtant de me concentrer, de me souvenir parfaitement de chaque mouvement, de l'exécuter sans rater une seule chose. Je sais que j'ai déjà foiré un pas, j'y fais pas gaffe. J'en foire un deuxième, je commence à perdre un peu de ma patience et de ma concentration. Je sais que je dois rester un minimum concentré, si je veux y arriver. Le bridge de la chanson devrait pouvoir me permettre de respirer un peu, mais je continue simplement à être dur avec moi-même, comme j'en ai si bien l'habitude.
J'en ai vraiment ras-le-cul. Je m'arrête sur le coup.
« Bordel, c'est quoi mon putain de problème ! Merde, Kang, tu sais toujours mieux faire ! » Et la séance de blâme habituelle. Je m'avance vers la petite table où siège ma canette, je la vide en même pas deux gorgées, et je la repose sur la table avec une telle violence qu'elle perd sa forme. Il est temps de recommencer. Refaire les mêmes mouvements, essayer de régler ceux qui ne vont pas, répéter, encore, encore, jusqu'à ce que la fatigue me prenne et que je sois incapable de faire un seul pas de danse sans tomber.
Et puis je me souviens qu'en fait, je suis pas vraiment seul, dans la salle. Parce que la danse m'a fait oublier tout ce qu'il y avait autour, comme d'habitude. Parce que j'avais oublié qu'elle était là, zappant totalement sa présence. « Désolé, ta présence m'est passée par dessus la tête. J'voulais pas que tu voies ça. Je fais pas– pas ça tout le temps. » Le mensonge, c'est vraiment pas beau, Kang. Tu le fais tout le temps mais personne est au courant. Maintenant, elle le sera.
Champion, franchement.