Les mots s’extirpent péniblement de ses lèvres, l’aveu est là et lui fait confronter la réalité plus rudement. La colère d’Insu était méritée, et c’est bien pour cela qu’il ne se sentait pas en mesure d’argumenter ou d’essayer de relativiser les choses. Il avait fauté, c’était ainsi, qu’importe si l’intention était bonne. Il l’avait fait pour Insu mais l’homme ne lui avait jamais rien demandé de tel. Il n’est pas celui à l’avoir poussé au sacrifice et Namsu a conscience de ne plus être un enfant, il devrait faire face seul aux conséquences des choix qu’il avait pris. Les factures des soins ont été élevées et lui-même n’avait pas envie de compter tous les hommes, et même les femmes, à qui il s’était abandonné pour tout payer. Le rire d’Insu est sans joie et sa tête se baisse encore, honteux et si frêle en cet instant, se laissant arracher la lettre des mains. Combien de fois il avait profité de la générosité de ses amants avant sans en ressentir la moindre gêne ou élan de conscience, certains lui avaient même payé des mois de frais de scolarité pour ses sourires et ses tendresses. Mais ce soir, seulement, il réalise à quel point il est sale. Insu avait le droit de ne plus désirer le toucher, peut-être même que c’était préférable. « Je suis désolé… » Pas pour son acte, Namsu avait beau se détester, il l’aurait surement fait de nouveau. La vision d’Insu au piège de la maladie était pire que le dégoût qu’il percevait dans ses iris en cet instant. Il est surtout désolé de ne pas lui offrir les mots qu’il veut, il ne mentait pas. « Parce que je savais pas quoi faire d’autre ! » Sa voix se brise, elle craque sous chaque syllabe. Insu savait ce qu’il était. Namsu a toujours voulu changé pour lui, il y était presque arrivé. Seulement, il avait suffi d’un premier obstacle pour qu’il recommence. « J’ai pas réfléchi, je voulais juste que tu ailles mieux, le plus rapidement possible. » Et pour ça, l’argent était primordial. « Non, c’est ton lit et tu as besoin de repos. J’vais prendre quelques affaires et retourner au dortoir. » Si sa présence rendait Insu mal à l’aise, mieux valait qu’il l’en épargne. Ils pourront en parler après, quand Insu ira mieux.