Les courses ne sont pas encore rangées quand l'enfant voit sa mère se déchausser. Sa mine boudeuse n'échappe à celle-ci et pour autant, elle répond à son caprice par un silence. Ce n'est pas qu'elle est habituée à ses sauts d'humeur mais elle a conscience que son autorité naturelle finira par faire le travail. D'ailleurs, elle manquerait de sourire quand elle voit son petit Jung Seok l'aider à ranger les desserts qui n'avaient pas eu sa préférence. Elle a toujours eu un temps d'avance, possédant une aisance qui pourrait jalouser bien d'autres mères. Toutefois, elle sait également qu'elle a eu la chance d'être tombé sur un gamin comme le sien. L'éducation est certes nécessaire pour éviter d'avoir des crises à répétition mais la jeune femme a toujours songé qu'elle avait une bonne étoile, quelque part. Jung Seok est le fruit d'un amour éternel, de son ouverture d'esprit mais également d'une chance qu'elle n'aurait même pas osé espérer, des années en arrière. Un enfant calme, patient et gentil … Oh, bien sûr, il a un certain talent pour les mauvaises farces mais celles-ci le rendent encore plus attachant. C'est son fils, sa chair dans une famille sans histoire.

Et puis, quelques mois plus tard après avoir fêté le huitième anniversaire de Jungseok, un événement a eu lieu lors d'une de ces nombreuses nuits où notre esprit nous empêche de dormir. Cette nuit-là, il entend sa mère hausser le ton de sa voix quand des meubles semblaient être bousculés. Jung Seok se leva, parcouru d'un frisson. A peine avait-t-il tiré la porte de sa chambre, qu'il remarqua son père, son géniteur, porter un gros sac et une valise. C'est elle qui avait percuté un des meubles du couloir, il en était sûr. Il était tout aussi convaincu d'avoir entendu sa mère pleurer quand la porte se referma derrière lui.

Au fond, Jung Seok avait compris que sa mère ne s'était jamais remise de son départ. Tout semblait la pousser à lui faire rappeler l'échec de son mariage : quand elle rencontrait les parents de l'établissement scolaire toute seule, quand son fils lui avait murmuré qu'on n'arrêtait pas de se moquer de lui... Des détails pour beaucoup, et pourtant, c'est leur triste vie. Elle a officiellement perdu son identité de femme avant de s'atteler à rayer son rôle de mère.

Adolescent, il a décidé de surmonter cette épreuve seul. Fatigué de voir sa mère sombrer dans une dépression non diagnostiquée, Jung Seok s'est inscrit dans le club de théâtre pour pouvoir s'exprimer librement, et surtout pour rentrer plus tard chez lui. Cette période a marqué sa résurrection. Depuis longtemps, il a attendu le moment d'avoir la force de fermer la bouche des autres et surtout, il s'est découvert une passion. C'est ce qu'il a commencé à raconter à sa mère, devant les plaques de cuisson, quand elle n'avait pas la force de faire quoi que ce soit.

Bosseur et déterminé, Jung Seok s'est toujours accroché, se laissant porter par le domaine de l'art dans toutes ces façons d'être : la photographie, le théâtre, le cinéma. Ce n'était donc pas étonnant de le voir s'inscrire dans la célèbre filière d'arts du spectacle de l'université de Yonsei. La concurrence était rude, et il avait manqué de baisser les bras à quelques reprises. Mais comme on dit, c'est dans l'adversité qu'on devient plus fort. Jung Seok a appris à se connaître, à mémoriser toutes ces faiblesses sans chercher à les corriger. Il croit que cela l'aide à parfaire son jeu d'acteur. Et ça marche ! En effet, lors de sa dernière année de faculté, Monsieur a pu participer à quelques dramas. Maintenant qu'il est diplômé, qu'est-ce qui l'empêchera de briller ? .