une naissance, un foyer sain. ellis ne pouvait se plaindre. oh non il ne pouvait se permettre. peut-être à l'égard d'un père détaché, difficilement reconnaissable comme une figure paternelle. ce genre de personne qu'ellis ne pouvait qu'aborder par un vouvoiement. le détachement affectif évident. un père travaillant à des heures tardives, un travail inconnu, personne n'en parlait. ellis n'en était pas plus curieux. sa mère, au foyer en permanence. le cliché d'une famille d'un ancien temps. ce genre d'atmosphère présente, presque pesante quand alors le paternel se montrait. car ellis n'avait pas l'habitude de le voir, ni ne savait comment se comporter. et avec le recul, ellis finit par réaliser qu'au fond, ses parents n'étaient guère un couple heureux. au moins, les moyens suffisaient. ils suffisaient amplement à couvrir cette solitude constante que sa mère avait fini par ressentir. certainement.

puis tous leurs repères furent transformés. effacés. laissés à l'abandon quand, alors, le père du les traîner avec lui vers un nouvel horizon. à peine âgé de six ans, ellis du se reconstruire une enfance. repartir de zéro, dans un pays dont il ne connaissait que vaguement la langue. une nouvelle vie l'attendait en corée du sud, seoul. boudant, c'est avec cette mine qu'il rencontra sa famille jusqu'à présent inconnue. il ne comprenait pas vraiment pourquoi ils étaient obligés de suivre ce paternel. ce dernier n'ayant presque fait aucun effort pour eux, ne pouvait-il pas partir tout seul, après tout ? était-ce tant nécessaire de le suivre ?  

notre nouvelle maison, disait-il.

» " Six on the second hand till new year's resolutions
There's just no question what this man should do

cette maison dont eli mit tant de temps à considérer comme telle. un foyer presque irréel si ce n'était pour une vie qu'il mit du temps à reconstruire. par manque de volonté de sa part, c'est certain. mais pouvons-nous lui en vouloir de refuser un changement dont il n'était point désireux ? forcé à enterrer ses souvenirs à brisbane, mais le ressassement constant, jusqu'à ce que, finalement il réalise. seoul n'est pas si mal. seoul n'est pas si mal. quand ce père s'en alla. brutalement. une fois que la cloche du nouvel an retentit. seoul n'est pas si mal, car enfin ils allaient pouvoir être une famille, sa mère et lui. et ces inconnus qu'il finit par considérer enfin comme ses grand parents. seoul n'est pas si mal, jusqu'au jour où les appels survinrent. noyant une mère n'ayant que faible connaissance des activités de son mari. des dettes, voilà donc son cadeau de départ. des dettes, et le silence de sa part. eli avait alors quinze ans. quinze ans, et il ne pu se résoudre à laisser sa mère ainsi. et à quinze ans, il prit ses responsabilités et oublia son adolescence pour tenter de devenir un homme. car sa mère était tout pour lui. une mère ayant sacrifiée sa vie pour le bonheur d'un petit merdeux. alors, des petits jobs ici et là accompagnèrent sa routine, clôturant ses journées au lycée. rythmant ses weekends. de livreur de lait à professeur particulier d'anglais. il ne comptait plus. et tous ses salaires, aussi maigres pouvaient-ils être, venaient arrondir ce que sa mère pouvait verser de son côté. passer d'une vie en or à une vie où chaque centime compte fut certainement le plus gros choc auquel ellis du faire face. mais s'il devait choisir, pour rien au monde voudrait-il revenir en arrière. non, il ne reprochait rien à son père, eli se doute que cette vie ne lui convenait peut-être pas. tout est une leçon, et cette vie est la sienne.