Elio avait accepté de laisser du temps à Min Woo parce qu’il savait combien c’était dur pour lui de montrer ses cicatrices. Pourtant cela faisait maintenant quelques mois qu’ils étaient ensemble et Elio réalisait que leur relation devait prendre un nouveau tournant que s’ils voulaient réellement pouvoir avancer et se faire totalement confiance il faudrait que Min Woo puisse s’accepter comme il était dans leur intimité. Elio savait que ce n’était pas une question de confiance mais d’image de soi et c’était ce qui était le plus douloureux pour lui. De voir que son petit ami était toujours aussi réticent à l’idée de se montrer totalement nu devant lui. Il n’avait pas envie qu’il y ait de barrière entre eux parce qu’il savait qu’une relation saine et épanouissante passerait par là … Ils avaient besoin d’aller plus loin et de surmonter leur peur ensemble. Si ce n’était pas à Elio, à qui Min Woo pourrait montrer son dos ? Elio n’avait pas envie de lui dire que par inadvertance il avait déjà vu des bribes de son dos. Il n’imaginait pas à quel point Min Woo pouvait le détester mais il savait avec certitude qu’il ne se supportait pas. Pourtant aux yeux d’Elio Min Woo était beau, délicieux, il était parfait et peinait à lui trouver des défauts … Elio avait envie de pouvoir tout voir de lui, de pouvoir tout aimer de lui mais il savait aussi que ça prendrait du temps. Il se montrait patient et compréhensif mais il savait aussi que s’il n’aidait pas son petit ami ils pourraient difficilement passer ce cap. Il ne voulait rien forcer, mais juste lui rappeler qu’il était là pour lui et que maintenant plus rien n’avait d’importance, qu’à vrai dire rien n’avait déjà eu d’importance tant il savait que Min était un homme bon. Comme souvent Elio se réveille seul dans le lit et met un temps avant d’émerger. Il frissonne à la froideur du lit et repousse le drap. La clim de la chambre est trop basse et lui arrache quelques frissons. Il s’étire et se lève la tête encore dans le vague. « Min ? » lance-t-il en sortant dans le couloir à la recherche de son compagnon. Il passe au toilette puis dans la salle de bain pour se rafraichir le visage et la bouche. Un rituel qu’il effectuait chaque fois qu’il se levait. Il passe la tête par la porte du salon et répète sans n’avoir peut-être pas entendu son petit ami. « Min, tu te caches où ? » sourit-il la voix amusée avant de la trouver dans la cuisine. Et sur un coup de tête il ose une chose qu’il n’avait encore jamais fait. Il vient l’enlacer par derrière en déposant un baiser sur sa nuque. Ça sent bon tu fais quoi ? » lui n’était qu’en caleçon comme à son habitude. Il caresse le torse du garçon tentant de percevoir si ce dernier se crispe ou le repousse.

Cela faisait maintenant qu’Elio et moi étions ensemble. La transition entre notre amitié par écran interposé et la vie réelle s’était faite très rapidement, dépassant même clairement ce stade d’amitié qui nous suivaient depuis toutes ces années. Comme si ne pas savoir nous avait empêché de réalisé nos sentiments, ou alors peut-être que justement ça les avait développé lentement et que c’est sa qui rendait notre entente si fluide. Je me sentais bien avec lui vraiment, pourtant …. malgré ça, je refusais encore qu’il me voit torse nu. Je n’avais aucune gêne quand à enlever le reste de mes vêtements, mais il était toujours hors de question qu’il voit mon dos, il n’y touchait pas vraiment non plus d’ailleurs. J’aimais qu’il respecte ça, il ne m’avait jamais forcé, me laissait garder mon haut sans trop poser de questions. Je savais bien que je ne pourrais pas lui cacher ça indéfiniment. Il sait, bien évidement que c’est des brûlures que je cache, et il s’est sûrement aperçu de celle qui descende sur ma cuisse, mais …. Je ne lui ai jamais avoué la gravité de celle-ci … et ma peau est si … marqué dans mon dos, que je ne voulais pas qu’il voit à quel point c’était grave … et moche.
Comme à mon habitude, je m’étais levé en premier et après un rapide passage à la salle de bain, j’avais rejoins la cuisine pour préparer notre petit-déjeuner. Je n’avais pas entendu Elio arriver, concentrer sur ce que je faisais, entourer du bruit de la ventilation. Alors j’avais sursauter en le sentant dans mon dos, me tendant un peu. Un frisson qui me parcours quand ses lèvres se pose sur ma nuque.

« Tu m’as fait peur »

Je me tourne dans ses bras, pour me retrouver face à lui et l’enlacer aussi, l’embrasser en souriant.

« Je fais du pain perdu … tu as bien dormi ? »

Contraint à devoir m’occuper de ce qui cuisait derrière moi, je fais à nouveau demi tour, laissant ses bras autour de moi. Je ne suis pas des plus à l’aise, pas habitué aux contacts contre mon dos, pourtant, je le laisse faire. Je veux juste lui prouver que je lui fait totalement confiance.

Elio n’avait jamais cherché à savoir ce que lui cachait Min Woo. Il en avait une vague idée et savait pertinemment que ce n’était pas contre lui mais plutôt qu’il ne se sentait pas prêt pour se dévoiler. Elio n’avait pas besoin de ça pour aimer pleinement le garçon. Les sentiments qui grandissaient tous les jours un peu plus lui étaient suffisant pour accepter les craintes de son petit ami. Nous avions tous un jardin secret qui pouvait parfois être désastreux, pensait Elio, alors il attendait, il patientait. Se montrant parfois un peu intrusif, juste pour lui montrer qu’il était prêt à l’entendre et qu’il voulait savoir, mais jamais … jamais pour le forcer à ce qu’il se confie. Il sent parfois sous ses lèvres, quand il glisse un peu trop dans sa nuque, une peau irrégulière, un peu boursoufflé, mais ne s’y arrête jamais. Tout comme il ne s’est jamais arrêté sur les blessures de Min Woo sur ses cuisses, ces traces de brûlures qu’il rêverait de guérir à coup de baiser magique. Mais il ne pouvait que les accepter et accepter le garçon ainsi. Ça ne gâchait en rien sa beauté, bien au contraire ça le rendait unique et parfois Elio avait envie de lui dire, de lui faire comprendre. Il n’avait de cesse de lui dire qu’il était beau chaque fois qu’ils faisaient l’amour. Il le pensait, sans chercher à le rassurer, il le pensait vraiment. Il était beau son petit ami. Vraiment beau. Et il aimait quand ils se perdaient entre les draps. Ce t-shirt le gênait toujours pour profiter pleinement de leur osmose mais Elio savait se montrer patient, et avait déjà pensé à des compromis qu’il proposerait à Min Woo le moment venu. « Très bien et toi ? » sourit-il en caressant son torse tendrement avant qu’une goutte d’huile ne saute sur son avant-bras le faisant grimacer en reculant. « Ouch. » Il se frotte vigoureusement chassant rapidement la douleur et rit doucement. « J’ai aussi très faim, j’ai hâte de manger ce que tu fais, ça sent super bon ! » avoue-t-il. « Ma grand-mère m’en faisait toujours quand j’étais petit. C’était une de ces recettes préférées. » ce n’était pas rare de voir Elio lui parler de son passé et de ses souvenirs. Il était comme ça Elio, toujours une anecdote à raconter et à partager. Il met en place le reste de la table pour le petit déjeuné déposant confiture et Nutella, ainsi que du lait et du jus d’orange. Il pique d’ailleurs une cuillère de pâte à tartiner avec un sourire enfantin ravie. « Et toi carino, t’as bien dormi ? »