Le souffle court, la poitrine qui se soulève. Su Nah reprends ses esprits en regardant la jeune femme. Comment pouvait-elle lui résister ? Au moins maintenant se corps avait une dose d’endorphine qui lui suffisait à contrôler son manque. Elle savait qu’elle devrait arrêter la Crimson mais c’était plus fort qu’elle. Son quotidien la rattrapait et elle refusait de ralentir. L’échec lui était insupportable. Su Nah refusait de perdre. Elle avait déjà perdu une fois, en perdant la femme qu’elle aimait, alors il était hors de question qu’elle perde le reste. Tout ce qui l’empêchait de penser à la déesse qu’elle avait pourtant ce soir entre ses bras. Mais Sori était pire qu’une drogue, car chaque fois qu’elle disparaissait Su Nah souffrait encore plus et se plongeait plus encore dans ses tâches pour ne plus avoir à penser à elle … elle s’épuisait, nerveusement, physiquement, et pourtant il n’y aurait qu’une simple chose à faire pour que son enfer cesse. Mais elle était incapable de le faire, pas tout de suite … Peut-être bientôt, elle n’en savait rien. Tout ce qu’elle savait c’est que dans le chaos qu’était sa vie, sa plus grande faiblesse, et sa plus grande force, venait de l’apaiser. Elle aspire son souffle contre ses lèvres et soupire faiblement de bien-être. Elle n’a pas besoin de prononcer ces mots que Su Nah les devine. Pourtant elle joue le jeu, baisse son regard là où sa déesse lui dit de regarder et admire son tatouage. Sori a toujours été tatoué mais son corps s’est encré bien davantage depuis ces derniers mois. Su Nah la trouvait belle. Comme une belle œuvre d’art … son œuvre à elle. Su Nah voulait d’ailleurs lui demander de la tatouer mais elle n’osait pas. Peut-être plus tard ? Elle observe alors avec attention ces roses sur sa peau se demandant si ces fleurs la représentaient, puis plus aucun doute ne fut permis alors qu’elle voyait ce S caché parmi les épines et les tiges de ces roses entrelacés. Surprise Su Nah releva les yeux vers elle pour avoir une réponse. Une réponse qu’elle avait déjà. « Qu’est-ce que … » mais Sori n’avait pas besoin de parler pour lui expliquer, Su Nah savait et c’est avec une passion ravivée que la jeune femme se jeta sur elle pour l’embrasser, attrapant son visage en coupe pour mieux l’attirer à elle. Les mots auraient été bien futiles à cet instant. Su Nah craquait, cédait, et lui montrait tout ce qu’elle ressentait pour elle. Son corps écrase celui de la jeune tatoueuse alors qu’elle se glisse sur elle pour mieux l’embrasser. Parce qu’elle voulait surtout la sentir contre elle, l’embrasser et se sentir en vie ; encore une fois. Mais une chose était sûre à présent : Sori lui appartiendrait à vie, quand bien même elles finiraient par se déchirer. Sa peau était marquée à vie, et quand bien même elle recouvrait le S, Su Nah savait qu’il serait là, en dessous … qu’elle serait toujours là. Quelque part.

Sori avait peur du contrecoup, du moment ou elle se rendrait compte que tout allait disparaître, tout se déchirerait en une fraction de seconde. Du moment ou Sunah reprendrait ses esprits et fuirait loin, loin d'elle et de son touché glacé. Plus d'une fois elle s'était dit que tout était de sa faute. Tout ça, ça venait d'elle, Si Sunah fuyait c'était à cause d'elle. La raison restait obscure, incertaine. Etait-ce son caractère si peu jovial ou expressif qui la faisait fuir? Etait-ce tout simplement elle qui ne méritait pas l'amour? Devait-elle vivre un amour interdit comme dans ses histoires qui retournent chaque entrailles de son corps? Sori n'en savait rien. Mais elle savait qu'à un moment, Sunah allait lui glisser des doigts, lui fuir aussi rapidement qu'elles avaient fait l'amour ensemble.
Et pourtant, pourtant, ça ne l'empêcha pas de lui montrer, de lui laisser voir ce tatouage, cette partie d'elle qui était à jamais encré à sa peau. Sori lui faisait en réalité la plus belle des confessions qu'elle pouvait faire. La jeune femme n'était pas douée avec les mots, elle l'était encore moins avec les actes. Parce qu'elle était telle une reine des glaces, loin de ses sujets. Alors oui, elle avait marqué sa douce sur son corps. Et elle lui montrait. Ses yeux la fixaient, décryptant chacune de ses réactions. Elle pinça ses lèvres, se demandant comment la situation allait dégénérer avant de soupirer de soulagement en sentant ses lèvres contre les siennes. Ses mains se perdirent dans le dos e la douce qui continuait de se coller de plus en plus à elle. Sori remonta doucement la couverture sur elles, cachant leurs corps chauds et amoureux. Car elle n'avait plus aucun doute, Sunah ressentait la même chose qu'elle. Et dans un souffle, elle murmura "Tu es à jamais gravé en moi...Pour le meilleur...Et le pire." Surtout le pire voulait-elle dire. Parce qu'elle savait que la joie ne s'arrêterait jamais à leur porte. Elle passerait en coup de vent pour leur laisser espérer avant de les détruire. La tatoueuse le savait parfaitement. Elle en avait conscience, et pourtant, elle voulait continuer à se brûler si ça voulait dire être avec Sunah.

Elle se mordit doucement les lèvres, son regard encore plus tendre qu'au début alors que sa main tatouée caressa doucement la joue de la belle dans ses bras. "Tu devrais dormir, te reposer." Et probablement repartir loin d'elle le lendemain matin, comme un songe, un rêve inespérée dans les pensées de la Nan. Probablement.

Sori l’aimait profondément et sincèrement, Su Nah le savait, Su Nah partageait ses sentiments, mais … elle devait aussi la détester. La haïr pour tout ce qu’elle lui faisait vivre. Su Nah était arrivée à un stade où ce n’était plus de l’indécision mais de la cruauté. Elle était devenue égoïste et apeurée. Elle fuyait ses sentiments mais ne pouvait résister à la jeune femme … elles ne cessaient de se retrouver ainsi, à des moments où le sort s’acharnaient sur elle. Ou bien était-ce le destin qui s’obstinait à leur montrer qu’elles étaient faites l’une pour l’autre … Mais il y avait tellement de choses que Su Nah craignait … Elle avait l’impression de devoir choisir entre son frère et elle. Comment choisir entre la famille et l’amour de sa vie ? Parce qu’il était certain que Sori était l’amour de sa vie … Mais comment l’annoncer à son père. Su Nah avait toujours été à l’aise avec sa sexualité, elle aimait autant les hommes que les femmes, elle avait eu plusieurs histoires et relations et dans le fond elle s’était toujours cachée de le dire à son père car elle s’était persuadée que ça ne faisait rien puisqu’elle ferait sa vie avec un homme … Mais elle devrait bien se rendre à l’évidence … il faudrait qu’un jour elle affronte sa famille pour leur dire la vérité. Elle redoutait ça plus que tout … alors Su Nah avait repoussé l’échéance jusqu’au bout … Finir ses études, être diplômée et … trouver du travail. Elle avait déjà quelques pistes grâce à Lotte. Pourtant ce soir elle ne voulait personne d’autre que Sori. Sa petite femme … qu’elle torturait. Bon sang qu’elle se haïssait de ne pas être capable d’avoir le courage de dire merde au monde entier pour aimer sa brune. Fiévreuse de leur ébat et de son amour pour elle, Su Nah n’a ni l’envie ni le courage de la repousser pour ce soir. Bien au contraire. Elle caresse sa joue et lève son visage vers elle, la tête appuyée sur le même oreiller. « Un jour je serais capable de t’offrir le meilleur » lui promet-elle tout bas. Elle veut y croire, qu’importe le sacrifice à payer et le prix qu’elle devra offrir pour ça. Su Nah s’était toujours convaincu qu’elle serait incapable de vivre sans sa famille. L’abandon de sa mère et le cocon soudés qu’elle avait formé avec son père et ses frères avaient toujours été ce qui l’avait protégé. Elle s’était construite grâce à ce modèle, grâce à eux. Comment ferait-elle s’ils n’étaient plus là ? Mais comment faisait-elle sans Sori. Dans tous les cas Su Nah paraissait malheureuse. Elle lui vole un baiser tendre, demain arriverait bien assez tôt pour venir faire éclater leur bulle. Cachées sur la couette, les deux jeunes femmes s’enlacent et se blottissent l’une contre l’autre. Su Nah caresse ses lèvres du bout de ses doigts et sourit en croisant son regard. Elle pourrait rester ainsi pendant des heures. Je t’aime.  Lui cri son regard avant qu’elle ne vienne l’embrasser à nouveau.