13.11.1995 : Mes parents attendent ma venue au monde en ressentant une profonde fierté. Les docteurs, ayant annoncé que cet enfant serait de sexe masculin, avaient arraché quelques larmes au couple. Ils sont angoissés parce que ce bébé est le premier de leur nouvelle famille. Je suis comme un ange descendu du ciel à leurs yeux. Ils changeront rapidement d’avis quand je braillerai presque toutes les nuits parce que je dors peu ou seulement dans les bras de mon père. Ils me maudiront quand je ferai des bêtises tout en faisant des bouilles trop mignonnes. Ils se demanderont pourquoi ils ont espéré avoir un enfant alors que je cours dans toute la maison à quatre pattes rendant chaque journée plus angoissante que la précédente. Je ne suis pas un enfant facile. Je mange peu, enroulant ma langue sur elle-même pour refuser les biberons ou les cuillères quand je n’ai pas envie de manger. Mes nuits sont courtes parce que mon corps a besoin de peu de repos pour être en forme. Je suis une pile électrique que l’on canalisera seulement en faisant des activités sportives. Je suis un petit casse-cou qui revient tous les jours avec une nouvelle blessure et des mauvaises notes.

Mes parents seront bien heureux lors de la naissance de ma princesse, Na Young, parce qu’elle est beaucoup plus calme que moi… enfin pas pour longtemps.

2007 – 2010 : On attend beaucoup de vous lorsque vous entrez au collège. On espère que vous trouverez des activités extra-scolaires qui gonfleront vos dossiers pour les études supérieures. En commençant tôt on gagnait plus de points ? Aucune idée. Je suis encore bien trop jeune pour me soucier de mon avenir. Ma notion de futur se stoppe encore aux prochains mois précédents mon anniversaire. Comment puis-je me projeter de façon mature dans ma vie future ? Je rêve de devenir Superman ! Il a une belle vie. Personne ne lui demande ce qu’il fera plus tard. On souhaite seulement qu’il vienne sauver le monde. Mes parents souhaitant le meilleur pour leurs enfants nous poussent gentiment à essayer plusieurs choses avant de faire un choix. Nana me parait plus courageuse que moi car elle trouve facilement ce qu’elle aime… alors que je tourne comme une toupie dont la course ne se terminera jamais.

Je ne compte plus les clubs essayés pendant une partie de ma première année au collège. Rien ne me convient ! Je m’ennuie alors que chaque fibre de mon corps me hurle de bouger ma grande carcasse. Malheureusement je suis déjà bien plus grand que la majorité de mes camarades. Impossible de passer inaperçu. Je joue un temps au football mais cela ne me permet pas de me défouler suffisamment. Je trouve ma passion en quittant mon école tardivement lors de sa seconde moitié de ma première année. Sur le chemin de retour, je croise des lycéens jouant au basket. Je reste captivé par la dynamique du jeu, les mouvements des joueurs. Lorsque je rentre à la maison, je supplie mes parents de me permettre de changer de club. Je veux faire du basket !!

Il semble que je sois assez doué dans ce sport parce que rapidement mon équipe se fait remarquer grâce à mes performances. On écrit quelques papiers sur mes matchs et on me fait même passer à la TV. Une notoriété qui me plaisait ! Avouons qu’il est toujours plaisant de devenir un peu populaire.

2010 – 2013 : Quittant le collège avec un troisième titre de champion, je me voyais pas poursuivre mon cursus en Corée. Il me paraissait évident que je devais aller ailleurs pour m’améliorer. Mon basket atteignait ses limites. Hors de question de rester un joueur lambda alors une fois je dus supplier mes parents de prendre une décision déchirante financièrement : m’envoyer aux USA pendant trois ans. Je finançais une partie de mon billet en travaillant pendant mes vacances et en gardant les sous donnés lors des grandes occasions. Je fus malheureux de laisser ma petite sœur derrière moi car elle avait toujours été mon meilleur soutien mais aussi ma meilleure amie. Je devais prendre cette décision pour mon bien… car ENFIN je me projetais dans un avenir proche.

Ces années passées loin de chez moi furent enrichissantes, mais en même temps je regrettais l’absence de ma sœur. Il y avait personne qui me comprenait ou me faisant rire aux larmes. Je me sentais seul parfois. La maison me manquait. Je ne regrette pas ses moments américains parce que mon jeu a évolué. Ils m’ont permis de me montrer aussi plus autonome dans mon quotidien… j’ai pas tenu plus de deux ans. Ma terminale s’est finie en Corée auprès de ma sœur parce qu’elle me manquait trop.

2013 – aujourd’hui : Poursuivant mon basket au niveau universitaire, je suis devenu dès ma première année un titulaire incontestable dans l’équipe. On se reposait sur moi pour nous démarquer ! La pression devenait de plus en plus forte, étouffante. On attendait beaucoup de moi. Trop !!! Je me suis blessé une première fois au genou, mon point faible. Ma convalescence causa du tort au reste de l’équipe. Je suis revenu plutôt pour que l’on puisse remporter le championnat. Mes années de fac se déroulent ainsi : blessure / retour précipité / champion. Mon genou se fragilise de plus en plus. Je le sens chaque fois que mes pieds touchent le sol lors des entrainements… ma dernière blessure me pousse vers la table de billard. Cela fait un an que je suis en pleine rééducation. Des moments douloureux. Je ne suis pas toujours un bon soutien pour Nana qui vit elle aussi une période compliquée. Le sort semble s’acharner sur nous ?! On devrait jeter du sel par-dessus notre épaule.

La souffrance semble ne jamais disparaitre. Heureusement les calmants ont été mes meilleurs amis pendant quelques temps mais ils font plus autant d’effet… Il me faut quelque chose de bien plus fort. Je dois tenir pour poursuivre ma carrière. Je ne dois pas décevoir mes parents, ma sœur. Je veux rester le meilleur à leurs yeux. Le basket, c’est absolument tout ce que j’ai. Cela me définit en tant que personne. Sans ? Je suis rien.