OOTD X Sawan s’étire. Elle était pourtant motivée à faire sa séance de Yoga, mais elle avait l’esprit trop lourd. Chacune de ses pensées la pesait et parfois même elle avait l’impression que son souffle lui manquait. Ce n’était pas rare de la voir chercher son souffle, comme une crise d’asthme qui prendrait en otage sa poitrine. Elle savait très bien qu’elle faisait des crises de panique à répétition, mais Sawan avait beau se donner l’air d’être une jeune femme détachée et forte, la moindre contrariété lui serrait le cœur. Elle en avait même parfois des nausées et ça la réveillait en pleine nuit, le corps en sueurs et les muscles douloureusement contractés. Le yoga était d’ordinaire un bon moyen pour elle de lâcher prise mais ces derniers temps rien ne suffisait à alléger son esprit. Elle savait pertinemment qu’elle comptait trop sur les autres pour l’aider. Qu’elle en demandait beaucoup à Il Kyang, était-ce d’ailleurs pour ça qu’il la fuyait ? Leur visite à l’hôpital psychiatrique avait été si éprouvant qu’elle n’était pas surprise de voir que le jeune homme avait fini par la fuir. Finalement c’était la suite logique des choses ? Quand on voyait dans le futur ce que pouvait devenir notre amie qui, avec l’esprit sain, serait resté ? Dans le fond Sawan ne lui en voulait pas, si elle avait pu elle se serait enfuit aussi. Mais elle restait bloquée avec elle-même. Elle fait craquer son cou et tente de ne pas penser au pilule de crimson qui trainait dans son tiroir. Elle repoussait sans cesse le moment elle devrait en reprendre. Elle voulait se convaincre qu’elle n’était pas une junkie. Qu’elle pouvait très largement arrêter quand elle voulait. Elle fait rouler ses épaules et se penche à nouveau en avant pour réussir à finir cette position. Elle inspire et expire, ignorant ce point douloureux au niveau du plexus solaire. Tenace et têtue il était hors de question qu’elle ne termine pas cette séance, même si ça lui prendrait des heures. Elle remonte sa demi queue et fermes les yeux pour mieux se concentrer.

Le souffle coupé, je déambule les rues, les poings serrés. Mon cœur rate un battement, ses mots tournent encore dans ma tête. Je rejoue la scène, encore et encore, comme si j’aurais pu y changer quoique ce soit. Pourquoi en suis-je arrivé là ? J’ai mal au cœur, ma lèvre blessée, cette bouteille à la main, je bois une gorgée qui vient me brûler l’estomac. J’ai envie d’oublier, de tout foutre en l’air ce soir. Tout est de la faute de Young Min ! Il a tout gâché, ce pourquoi je tentais de faire des efforts. J’avais mis tellement du bien pour quoi finalement ? En finir là. Et ce regard… putain son regard me glace le sang. J’ai la gerbe tout à coup, mais seule ma colère me tient encore debout. J’aurais envie de sombrer, de me laisser aller à cette folie qui me ronge le ventre. Et si finalement je le faisais ? J’en ai marre de devoir faire attention, de devoir me rattraper sans cesse. Bordel ! Agacé, je jette la bouteille qui se brise dans un éclat. Frustré, je n’ai aucun recours ce soir, aucune échappatoire. Mon monde s’est écroulé, je ne crois plus en rien. Tout ça pour une histoire de drogue, encore et toujours ce poison. Je pensais m’en être débarrassé, mais il faut croire qu’on ne raye pas aussi facilement le passé. Et ce soir je n’ai plus la force de rien. Je n’ai pas envie d’être un gentil garçon, qui se réfugie pour pleurer. Alors je grimpe les marches, plus vite qu’il ne faudrait. Ma tête ne sait pas ce qu’elle fait, je ne sais plus ce que je veux. Je ne réfléchis à rien, je veux juste fuir cette soirée, ces mots qui m’ont blessés… je fous la merde partout où je passe… elle l’a dit, elle le pensait. Et elle a raison. Tout ce que je touche, je finis par le briser… alors mon cœur trouve son âme sœur. Sur le pas de la porte, je frappe plusieurs coups brusques. Si j’écoute ma tête, je ferais demi-tour, je me dirais que je ne dois pas… mais je me fous de tout, comme des conséquences. La porte s’ouvre, je plonge mon regard dans le sien, plein de haine, mais pleins d’envie aussi. Me jetant sur elle, j’attrape son visage brusquement « Dis-rien. » et dans un geste non mesuré, j’embrasse ses lèvres. Sans lui demander la permission, je m’introduis dans sa chambre. Attrapant le dessous de ses fesses, je la soulève comme une vulgaire poupée et la plaque à la porte. Je sais que je ne devrais pas… Mais je n’ai plus envie de rien.

Dire que ce n’est pas ce qu’elle espérait au fond serait un mensonge. Parce que dans sa détresse Sawan n’attendait qu’une chose. Qu’une dose plus porte que le crimson. Elle attendait cet idiot, celui qui la malmenait sans même le savoir. Qui préférait s’occuper de sa petite vie maintenant qu’il ne voulait plus d’elle. Elle était remplie de colère, elle avait autant envie de le gifler que de l’embrasser. Alors quand il se pointe sur le pas de sa porte et qu’il ne fait rien de plus que l’embrasser pour la plaquer contre cette porte c’est toute sa rage qu’elle contient qui explose dans le creux de son ventre. Ou peut-être son désir de lui et son manque ? Son manque surtout. Sawan s’en voudrait de céder aussi facilement, ce n’est pas ce qu’elle est. Une pauvre conne qu’il peut sauter quand l’envie lui prend. Elle répond toutefois à son baiser parce qu’elle ne peut gérer cette envie trop pressante qu’elle a. mais sa raison lui revient, comme une éclaircie au milieu d’une journée d’hiver. Rageusement elle se débat pour retrouver pieds à terre et le repousse avec la force qu’elle avait. Sa main part d’un même élan et elle gifle, elle le voudrait toutefois mais en voyant sa lèvre défoncée et son air misérable, en plus du goût d’alcool désagréable qu’il a sur les lèvres, elle stop son geste à la dernière seconde. Elle le regarde, les yeux si noirs, si furieux, et le souffle si court. Dieu qu’elle le déteste. N’était-elle qu’une chose à ses yeux ? Ou la seule personne qu’il voulait voir quand il allait mal ? Sawan était incapable de savoir ce qu’elle pouvait représenter à cet instant pour le garçon et décida d’abandonner sa fierté et ses émotions pour ce soir. Elle mentirait si elle disait qu’elle n’avait pas besoin de ça, de lui. Elle siffle en se redressant et se jette à son cou à nouveau pour l’embrasser, le faisant reculer jusqu’à son lit. Elle ne le laisserait pas en plus avoir le dessus. Les boutons de son t-shirt cèdent dévoilant le galbe de sa poitrine qu’elle colle au torse du garçon. Ils n’avaient pas besoin de se regarder, ils se connaissaient par cœur. Ses gestes sont brusques, animal, passionné, désespéré aussi. Elle le déteste autant qu’elle l’aime et elle lui en veut autant qu’elle pourrait lui pardonner la pire des infamies.

Sawan se sent soudain plus légère, plus sereine, parce qu’il est là. Pas seulement entre ses cuisses, mais entre ses bras. Il est là, même dans un sale état il est là et c’est tout ce dont elle a besoin. De son ami. De son âme sœur. Ils ne couchent ensemble que parce qu’un trop plein d’énervement de tristesse les oppresses, mais si elle avait pu ne serait-ce que rester dans ses bras tout aurait beaucoup mieux pour elle. Ce comportement autodestructeur n’avait été engendré que par sa relation avec Moon quand elle avait compris qu’il allait finir par la tromper quoi qu’elle puisse lui dire. Elle avait fini par jouer au même jeu que lui, s’aventurant dans des bras qu’elle ne connaissait pas. Pourtant depuis qu’elle avait été avec Il Kyang elle était restée sage. Non pas qu’elle ne souhaitait pas le tromper mais parce qu’il lui suffisait. Alors quand Moon avait mis fin à leur relation Sawan s’était sentie vide. Vide de sens, et la seule personne qui brillait dans sa vie et qui lui donnait le courage de s’accrochait restait IL Kyang. Elle avait eu des amies adorables qui ont fait un travail formidable pour lui tenir la tête hors de l’eau. Mais Il Kyang … il lui avait rappelé que c’était une fille bien, une fille aimable, au sens figuré du terme. Alors comme une enfant quand personne n’était là pour lui tenir la main, elle faisait n’importe quoi. Parfois elle choisissait le bar le plus dangereux de la ville pour trouver sa conquête d’un soir, avec l’espoir ridicule qu’on la fasse souffrir. Mais jamais comme Il Kyang la ferait souffrir. Parce qu’il avait une main mise sur elle qu’elle n’aurait jamais voulu lui laisser. Mais sans ça ... elle serait déjà morte. Un monde sans Sawan ? Qui viendrait la pleurer ? Heureusement qu’elle ne savait pas tout ce à quoi pensait le garçon où la jeune femme n’aurait pas tenu le coup. Elle le sent ailleurs mais elle ne cherche pas à savoir. L’orgasme atteint elle se laisse tomber sur lui lourdement en grimaçant, comme si tout son corps était courbaturé. Elle ne cherche pas à savoir non plus comment il se sent, bien trop craintive de la vérité. Elle se contente de baisser le visage en posant sa joue sur son torse en fermant les yeux, cherchant son souffle, presque timide et perdue.