Quelques jours s’étaient écoulés depuis la rencontre d’Orion avec la douce érudite, et comment dire qu’Orion n’avait pas arrêté de penser à elle, jour et nuit, nuit et jour sans cesse. Il la voulait pour lui, et uniquement pour lui mais pour l’instant leur relation était au point mort. Alors, Orion qui avait furieusement besoin de s’amuser et accessoirement de coucher s’était laissé tenter par une petite soirée dans un club. Rien de bien dingue, mais assez pour faire sortir la belle de son crâne pendant quelques heures. Ainsi, alors que la musique et la fête battait son plein Orion était assis au comptoir un verre d’alcool à la main, verre déjà bien vide puisque le jeune tueur à gages l’avait déjà vidé d’une traite. Il évalua par la suite la pièce du regard, laissant son visage glisser sur les corps dansant des clients, autant les hommes que les femmes à la recherche de sa prochaine proie, celle ou celui-ci qui partagera sa couche ce soir. Et autant vous dire qu’aucune personne ne lui avait tapé dans l’œil. « Alors Orion tu ne trouves personne à ton goût ? » murmura cette voix qu’il connaissait que trop bien « Non. Personne. Ils sont tous si banal. » expliqua-t-il en soupirant bruyamment avant de commander un deuxième verre qu’il enfila tout aussi vite. « Orion, arrête de boire. » râla Corvus, ou du moins l’image de Corvus que pouvait voir Orion. « Aish, dégage et arrête de me faire chier enfoiré. » râla le tueur à gage avant de  finalement quitter sa place dans le but de quitter le bar et rentrer aux dortoirs. Oui, désolé Orion mais tu ne coucheras pas ce soir mon cher pensa alors l’américain en repositionnant sa veste en cuire correctement sur son dos. Lorsqu’il se retourna Corvus avait disparu et à nouveau un soupire s’échappa de ses lèvres « Enfoiré, pourquoi tu m’écoutes toujours ? » murmura alors l’américain d’un ton triste alors qu’il s’éloigna du bar, n’ayant plus qu’une seule hâte rentrer chez lui.

Il n'existe pas un sociopathe qui ne soit avide de pouvoir. De toute ma vie, je n'ai jamais pensé qu'à lui : le pouvoir d'être désirée ou admirée, celui de détruire, le savoir, l'influence occulte. J'aime les gens. Je les aime tant que je veux les toucher, les modeler ou les démolir comme bon me semble. Non parce que le résultat m'intéresse forcément, mais parce que j'ai envie d'exercer mon pouvoir. Son acquisition, sa rétention et son exploitation sont ce qui motive les sociopathes. Aucun doute là-dessus. Qu'entends-je par démolir ? En matière de pouvoir, comme en matière de nourriture ou de sexualité, tous les goûts sont dans la nature. Mon truc, c'est avoir l'impression que mes idées façonnent le monde qui m'entoure. C'est mon pain quotidien, qui m'empêche de mourir de faim. Mais lorsque je me fais plaisir, que j'opte pour la tranche de foie gras, c'est pour m'introduire dans la psyché de quelqu'un et y flanquer en douce le plus grand bazar possible.

Je fais le mal. Je terrorise l'âme d'une personne sans avoir pour autant quelque chose contre elle. C'est un plaisir d'échafauder, d'assister à l'accomplissement de mon oeuvre; mais c'en est un, aussi, de détruire, d'observer la dévastation que vous avez élaborée, pareil à celui qu'on ressent quand on balance une hache pour l'abattre nonchalamment sur une porte en bois mise au rebut. Chaque fois, vous avez un sentiment de puissance et de compétence. Cependant, le plaisir de la destruction est particulier au regard de sa rareté - comme dissoudre une perle dans du champagne. Le quotidien exige que nous soyons productifs et intégrés, mais si vous avez déjà éprouvé l'envie violente de dire à votre meilleure amie que, oui, ce pantalon la grossit, vous comprendrez à quel point il est libérateur de s'attaquer sans retenue aux points les plus sensibles d'autrui.

D'aucuns pourraient croire qu'à force de manipuler et de "détruire" les gens, je passe ma vie à violer le concept du "ne pas faire aux autres ce que je ne voudrais pas qu'ils me fassent". Sauf que je n'ai aucun problème avec l'idée que les autres essaient de me "démolir" à leur tour. Pour moi, ça n'a rien de personnel, c'est ainsi que va le monde. Tous, nous luttons pour affirmer notre primauté. Serais-je mécontente si je tenais une sandwicherie et que quelqu'un en ouvrait une de l'autre côté de la rue ? Ça m'agacerait sûrement, pour autant je n'y verrais rien de personnel. Je n'ai pas de haine dans mon coeur contre les personnes qui agissent ainsi. Si je leur souhaite du mal, ce n'est pas parce que je ne les aime pas. Simplement, elles jouent dans ma cour, et la domination d'autrui est ma manière de valider l'estime que j'ai de moi. On m'objectera qu'en essayant de contrôler les autres je les prive de leurs propres pouvoirs, de leur dignité et de leur indépendance. Je ne considère pas cela comme un problème moral. Les gens ont toujours le choix de se soumettre à moi ou de se préparer à affronter les conséquences de leur résistance.

La vérité, c'est que je suis entièrement dénuée de ce que les gens appellent une conscience ou des remords. Le concept de moralité, entendu comme une appréhension émotionnelle de ce qui est bien ou mal, me passe complètement au-dessus de la tête, comme une bonne blague qui m'échapperait. Du coup, je n'y porte qu'un intérêt mitigé. A mes yeux, rien n'est fondamentalement mauvais. Mais, plus important encore, je ne me sens jamais obligée de ne pas faire quoi que ce soit sous prétexte que ce serait mal ; si je me pose des interdits, c'est uniquement à cause d'éventuelles retombées indésirables. Ainsi, le mal n'a pas de sens concret pour moi. Il ne recèle aucun mystère. Il s'agit d'un mot qui décrit une sensation que je n'éprouve pas. Mais que je suis prête à commettre en tuant le responsable de ce mal être grandissant en moi.

Cet homme. Ce violeur. Ce tueur malgré lui. Le père de mon fils. Celui que je compte assassiner de mes propres mains. Oui. Je le vois, enfin. Je l'ai retrouvé. Et je compte bien jouer avec lui comme il a pu jouer avec ma soeur chérie. Je vais prouver ce qu'il a fait. Puis je m'occuperais de lui ainsi que de tous ses proches. Il ne partira pas aussi facilement. Verre à la main, je me dirige vers lui. Avec la ferme intention de le bloquer. Simple et efficace le coup de la femme qui ne faisait pas attention et qui semble sur le point de renverser son verre sur un inconnu. Une rencontre digne d'un film. Mais qu'importe. Cela fera son effet.

- Oooh ! Je suis désolée... C'était moins une ! dis-je, en retenant mon verre à la toute dernière seconde. Je relève un peu la tête pour que mes cheveux se replacent naturellement. J'ai presque failli gâcher votre soirée... Pardonnez-moi ! ajoutais-je, en riant, comme amusée par la situation. Je lui offre même mon plus beau sourire.

Cette soirée était tout bonnement merdique aux yeux de l'américain, qui en plus de ne trouver personne à son goût, avait réussi à s'embrouiller avec le fantôme de son passé. Il s'était alors retrouvé seul, il aurait dû en être heureux et pourtant il ne pouvait s'empêcher d'être attristé, Corvus obéissait toujours à tout ce qu'il disait, même lorsqu'il avait tort. Il aurait dû lui dire de rester ce soir-là, le garder à ses côtés et ne pas lui dire de disparaître. Il aurait dû. Mais aujourd'hui tout ça était trop tard, car il était mort, et tout comme aujourd'hui il était l'entière responsable de sa disparition. Il soupira bruyamment en remarquant la disparition de son jumeau et ce simple fait acheva de lui faire comprendre qu'il n'avait plus rien à faire ici. Il quitta alors précipitamment sa place, bien décidé à retourner au dortoir sans demander son reste, mais ce n'était sans compter l'intervention mal venue d'une jeune femme. Surpris le tueur à gages s'éloigna de quelques pas fusillant la belle du regard. « Aish... Faîtes attention nom d'un chien ! » s'écria-t-il en venant replacer correctement sa chemise, avant de poser à nouveau son regard sur la jeune inconnue. Le regard noir il la dévisagea de haut en bas avant de lâcher d'un ton acerbe et froid « Ma soirée est déjà gâchée. Maintenant, pardonnez moi mais j'ai d'autre chat à fouetter autre que de vous faire la conversation. » dit-il en tentant de la contourner dans le but de quitter le bar.

Je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part. Comment ose-t-il se comporter ainsi ? Comment ose-t-il me parler ainsi ? Mais pour qui se prend-il ce violeur ? Cet homme est une merde sans nom et il ose me rabaisser ? Décidément, plus rien ne m'étonne sur les hommes. D'une manière générale. Quant à lui, il a le profil parfait de celui qui a détruit ma vie. Il va me le payer. Encore plus, après le comportement qu'il vient d'avoir. Il croit avoir le bon rôle ? Il croit pouvoir avoir le dernier mot ? Il croit pouvoir gagner ? Je vais lui apprendre mon nom. Je vais lui apprendre qui je suis. Je vais lui apprendre qui est la reine et qui est le sous-fifre. Et s'il pense sincèrement qu'il peut s'éloigner et disparaître aussi facilement, il se trompe. Il ne possède aucune carte. Il est à ma merci. Il est ma proie. Il est celui que je vais assassiner. Je l'attrape donc par le poignet lorsqu'il tente de me contourner.

- Me parler ainsi ne va en rien améliorer votre soirée, dis-je, en le fixant droit dans les yeux. Croyez-moi. Pour votre bien, vous feriez mieux d'accepter mes excuses et le verre que je compte vous offrir. Vous pourriez apprendre bien des choses.

Au son de ma voix et à la lueur dans mes yeux, il ne peut que comprendre mon sérieux et ma franchise. Que compte-t-il faire, maintenant ? Compte-t-il se dégager et m'envoyer balader ? Compte-t-il me tourner le dos ? Ce serait une erreur fatale. Ou, au contraire, compte-t-il s'apaiser et accepter ma proposition ? Compte-t-il me suivre ? Ce serait la plus bonne décision de sa vie.

Alors qu’Orion tente de contourner l’impertinente celle-ci lui attrape le poignet, surpris il écarquille les yeux avant de tirer un coup sec sur sa main. « Ne me touchez pas ! » s’écrit-il, le regard noir de rage tandis que ses sourcils se froncent lorsque la belle inconnue reprend la parole. « Etes-vous entrain de me menacer ? » la questionne-t-il un fin sourire aux lèvres. Lentement il se rapproche de la belle pour se pencher à son oreille. « Sachez que vous ne menacez pas le bon ma chère … Je ne suis pas du genre à apprécier entendre pareille paroles de la bouche d’une femme. » lui susurre-t-il à l’oreille, son souffle chaud s’abattant un instant sur son cou, les effluves du parfum de l’inconnue venant titiller ses narines. « Vous sentez bon. » fit-il remarquer alors qu’il jette un coup d’œil vers le bar, il semble hésiter quelques secondes avant de déclarer. « Très bien. J’accepte votre verre … En ce qui concerne vos excuses nous en parlerons plus tard. » lui dit-il en la contournant de nouveau pour retourner s’asseoir au bar, attendant alors qu’elle le rejoigne impatient d’en savoir plus sur ce qu’elle semblait lui promettre.

Au vu de sa réaction, je l'ai surpris. Tant mieux. Un point pour moi. La suite ne fait que me pousser à le détester davantage. Il n'a vraiment aucune manière. Il est détestable au plus haut point. À vomir. Heureusement, il sera très bientôt un souvenir de cette planète. Je ne compte pas le laisser voir le prochain lever de soleil. Ce soir, soit lui soit moi.. Mais l'un de nous devra y passer. À tout prix.

- Vous ne faites qu'attirer l'attention sur vous... dis-je, en soupirant.

Pense-t-il qu'il me fait peur ? Je me retiens de rire devant lui. C'est plutôt lui qui devrait avoir peur de moi. Il ne devrait pas me sous-estimer. Son souffle et les mots qu'il me balance à l'oreille font monter une plus grande colère en moi. Il croit pouvoir se montrer aussi proche de moi ? Il va très sévèrement et amèrement le regretter. Il l'ignore, sans doute, mais j'ai de quoi lui trancher la gorge ou la langue, par défaut, immédiatement si l'envie m'en prenait. Mais une fois de plus, il se reprend et décide d'accepter ma proposition. Je le regarde s'éloigner avec une envie de meurtre plus violente qu'à mon arrivée.

- Encore heureux que je sente bon.. Je sais me laver, moi.. me murmurais-je, à moi même.

Je souffle un bon coup, reprends contenance et le rejoins sans plus attendre. Je passe commande pour moi, assez rapidement, sans oublier de sourire au serveur du bar. Je fais un bref signe de main en montrant l'énergumène qui me tient compagnie.

- Servez lui ce qu'il souhaite. Qu'il en profite !

Utiliser mon argent pour un enfoiré pareil me fait mal mais je me répète que c'est pour la bonne cause. La vengance. Ma soeur va, enfin, pouvoir reposer en paix.

- Go Soo-A. Paris. Je marque un temps. Avez-vous apprécié votre séjour dans la capitale française, monsieur... Lim ? Je bois une gorgée en regardant droit devant moi.

« La faute à qui ? » lance Orion avec colère tandis qu’il se décide finalement à abdiquer, après tout mieux valait accepter un verre que de s’engendrer de nouveaux problèmes. Comme si il n’en avait déjà pas assez. Il se penche alors à son oreille, prenant un malin plaisir à susurrer ses mots contre celle-ci avant d’humer discrètement son odeur. Elle sentait bon et dieu seul sait qu’Orion aimait cette odeur.  Il se redresse finalement, abandonnant la jeune femme pour rejoindre le bar, ainsi il n’entend pas ses paroles et fort heureusement car celles-ci l’aurait bien fait rire. Le tueur à gages s’installe alors au bar, attendant la belle pour commander. « Servez-moi juste de l’eau. Je ne compte pas m’attarder. » dit-il au barman, avant de reposer son regard sur l’inconnue. « Vous êtes belle. Dommage que vous soyez si mal polie. » lui lance-t-il d’un ton dédaigneux, avant de froncer les sourcils lorsqu’elle prend la parole. « Qui est-ce ? Si je l’ai baisé et que j’ai brisé son cœur, allait lui dire qu’elle n’avait pas à faire confiance à un inconnu. Les femmes de nos jours pensent beaucoup trop au prince charmant. C’est regrettable. Dans tous les cas, je ne sais pas en quoi cette femme est importante pour vous, mais je ne m’en souviens pas. Ca ne devait sûrement pas être un bon coup. » lui dit-il froidement, se haïssant d’ores et déjà d’avoir accepté ce verre. Il prend alors son verre entre les doigts, fronce les sourcils et tente de se remémorer son nom. En vain, lui qui pourtant avait une mémoire sans faille se trouvait dans une impasse. « Je devais sûrement m’être bourré la gueule. Je me souviens de toute ma vie dans les moindres détails, pourtant ce nom ne me dit rien. Alors, ouais cherchez pas plus loin, j’ai dû me bourrer la gueule et la baiser dans les chiottes. Je ne vois que cette solution. Sur ces mots, je me casse. » il se lève, s’approche de la jeune femme et se penche pour venir murmurer « Et pour répondre à votre question, mon séjour était très appréciable. J’y ai de bons souvenirs voyez-vous. » Il sourit alors et finalement tourne à nouveau les talons bien décidé cette fois-ci à quitter le bar.  

Prononcer le nom de ma soeur m'a fait comme un électrochoc. C'était si dur de parler d'elle et de rester forte. Ne rien laisser paraître. Pas de colère. Pas de tristesse. Mais surtout, son souvenir me rappelle la présence et l'existence d'un petit ange. Un petit ange qui a perdu sa mère à  cause de l'ordure se trouvant à côté de moi, en ce moment-même.

Go Chin. Mon fils.

On m’a dit un jour que l’amour qu’une mère porte à son enfant est un amour plus grand que nature. Avant de le tenir, mon bébé, dans mes bras, je ne le croyais pas. J’y avais rêvé, une fois. Je me suis réveillée cette nuit-là avec les larmes aux yeux tellement c’était merveilleux. J’ai ensuite demandé à une maman de mon entourage si j’allais ressentir cet amour incommensurable alors qu'il n’était même pas encore une toute petite boule de vie, dans mon ventre. Cela me faisait peur. « Oui, et même plus grand que ça. » , m’a-t-elle répondu. J'avais peur d’aimer autant. Parce que lorsqu’on aime, on a souvent mal. Pas une seule fois, je n’aurais pu m’imaginer pouvoir l’aimer autant, l’aimer d’amour, l’aimer de peur, l’aimer d’admiration, mon garçon.

Quand il est né, mon premier enfant, celui que ma regrettée soeur a décidé de me confier, j’ai compris. J’ai compris ce qu’était que vivre un amour plus grand que nature. Un amour pur, vrai, plus fort que tout. Je l’ai pris dans mes bras, alors que j’étais morte de chagrin. Je venais de perdre ma grande soeur, mais j'étais aussi tellement heureuse. Je venais de devenir maman. J’étais secouée par une foule d’émotions sur lesquelles j’étais incapable de mettre des mots. Puis, c’est arrivé. J’ai croisé son regard, son amour. Ses si petits yeux qui renfermaient les mêmes craintes que les miennes. Puis, sa si petite main a tenté d’agripper la mienne, comme pour me dire « accroches-toi maman, ça va bien aller ». C’était une nouvelle aventure pour nous deux. J’avais peur de l’inconnu. Mais je savais déjà que je l’aimerais plus que tout, et que grâce à cet amour, grâce à cette force, nous pourrions déplacer des montagnes, ensemble, lui et moi.

Les premières tétées, les premiers câlins, les premiers faux pas, les premières nuits entrecoupées, les premières berceuses fredonnées à son oreille, les premières chatouilles. Tant de premières fois qui nous ont fait grandir. Qui m’ont fait grandir en tant que mère. Qui l’ont fait grandir, simplement. Mon bébé. Du temps, cette notion aujourd’hui si abstraite, j’en avais beaucoup pendant les premiers mois de sa vie, dedans et en dehors de moi. Du temps pour me flatter la bedaine, du temps pour rêver à lui, puis du temps pour le cajoler, le bercer, le laisser téter pendant de longues minutes, au chaud, blottis l’un contre l’autre, du temps pour le laisser dormir dans mes bras, par choix. Souvent. Longtemps. Je me soudais à lui. Mon beau bébé.

Parfois, je pleurais, tellement l’amour que j’avais en moi, cet amour qu'il me faisait vivre, mon fils, ne pouvait être contenu. Il était tellement immense, ce sentiment, qu’il explosait hors de moi. Mais c’était bien. C’était bon. Parfois, j’osais penser à ces terribles personnes qui font mal aux enfants comme lui. Juste d’imaginer quiconque voulant le blesser… c’était insupportable.

Mon aîné, mon premier enfant, je t’aime profondément. Plus que tout. J’ai souvent voulu le nier, mais plusieurs choses, je crois, ont contribué à faire en sorte qu'il s’est taillé une place toute spéciale dans mon cœur, bien en haut de quiconque, de quoi que ce soit. Ses câlins se font de plus en plus rares, aujourd’hui, mais je profite de chacun d’eux pour raviver notre amour. Car avant de le tenir, mon premier bébé, dans mes bras, je ne me croyais pas capable d’aimer autant. Mon fils, mon premier grand amour. Ce lien qui nous unit l’un à l’autre est très spécial. Et je regrette de ne pas passer tout mon temps avec lui. De faire passer cette histoire de vengeance avant notre amour.

Et franchement, j’espère qu’il ne me le reprochera jamais. Même si pour parvenir à mes fins, je me dois de tuer son père de mes propres mains.

- ... baiser dans les chiottes ? murmurais-je tout bas, pour moi. Je sers les poings. Violer, vous devriez dire ! dis-je, plus fort et plus haut pour qu'il entende avant qu'il ne s'en aille. Je ne serais pas étonnée d'ailleurs que d'autres personnes aient entendu ce que je viens de dire. D'autant plus, que vous l'avez mise enceinte !

Alors qu’Orion s’avançait vers la sortie, une voix s’éleva et malgré la musique ambiante les paroles de la jeune femme vinrent retentir à son oreille. Surpris il s’arrêta durant un long moment, avant qu’un sourire ne vienne prendre place sur ses lèvres. Il hésita quelques instants, se disant que partir était peut-être la meilleure solution mais finalement son désir de justice reprit le dessus. Il fit demi-tour, s’approchant rapidement de la belle pour prendre la parole.« Violer dis tu ? » lui dit-il en abandonnant la politesse pour la tutoyer. Il éclate ensuite de rire et s’approche d’elle pour se pencher à nouveau sur son visage. « Vois-tu, je suis peut-être un enfoiré mais si il y a bien une chose que je n’aurais jamais fait, c’est bien de forcer une femme à coucher avec moi. Premièrement car je ne suis pas comme ça, et deuxièmement car je n’ai absolument pas besoin de ça. Elles tombent toutes dans mes bras sans plus de cérémonie. » doucement sa main vient alors se glisser sur la joue de Tae Hee, il replaça par la suite l’une de ses mèches derrière son oreille dans un geste qui se voulait tendre constratant avec la dureté de ses paroles. « Donc ma douce ne profère plus jamais de telles accusations, d’accord ? Je suis prêts à oublier cet affront dans ma grande bonté … Mais si je t’entends à nouveau profaner de telles sottises, crois-moi que tu le regretteras. Nous nous sommes bien compris ? N’est-ce pas ?» lui dit-il en ancrant son regard froid et plein de colère dans celui de la jeune femme « Et ne me parle pas d’enfant. Les mioches ruinent la vie des gens, si ta putain de sœur ne s’est pas protégée qu’elle s’en veuille à elle-même. Mais ne cherche pas à rejeter sa bêtise sur une autre personne, surtout en accusant cette même personne de viol. » lui dit-il, attendant patiemment que celle-ci prenne à nouveau la parole.

Mes paroles ont eu l'effet escompté. Je le vois s'arrêter et en fixant son dos, je crus presque entendre la voix de ma sœur me murmurer des choses à mon oreille. Comme si son âme était là et n'attendait que ça. Que je confronte cet homme et que je puisse la venger. Il fit, alors, demi-tour et je souris doucement en coin. Je le laisse s'approcher de moi et le laisse me dire ce qu'il a à me dire. Je m'attendais à une meilleure défense. Finalement, il ne dit pas grand chose d'intéressant. Ce qui le rend d'autant plus coupable à mes yeux. Il faut croire que ses mauvaises actions ne l'empêchent pas de dormir. Bientôt, il fermera les yeux. Mais ce ne sera pas pour une courte nuit. Ce sera pour l'éternité. Je le laisse terminer et lorsqu'il attendit que je réagisse, je ne pus m'empêcher de rire. Ironiquement. Qu'importe si à cet instant, je me fais passer pour une folle. Il m'a bel et bien amusée. Je souris, déterminée, et le fixe droit dans les yeux en approchant un peu plus mon visage du sien.

- Et si je te dis que j'ai des preuves ? Que dis-tu de ça ? Hein ? Tu serais dans de beaux draps. Car abuser d'une femme à la santé mentale fragile et défaillante fait de toi la pire des ordures ! Je parle calmement mais durement. Et que je sache, un enfant se fait à deux. Alors ma sœur n'est pas la seule responsable. Loin de là. Et t'es surtout mal placé pour la critiquer puisque tu es encore en vie mais qu'elle... elle est morte suite à cette grossesse et ce viol. Je regarde le verre d'eau qu'il a touché un peu plus tôt. Tu ne m'en voudras pas de confirmer mon enquête par un test d'ADN. J'aimerais pouvoir donner le nom de son géniteur à mon neveu devenu mon fils après le décès de ma sœur. Afin qu'il sache qui a été l'enfoiré qui a détruit sa vie. Et qu'il ne devienne jamais comme lui. Je m'écarte lentement en reculant mon visage. Et ne me touches plus jamais la joue si tu ne veux pas que je te la brise.