Cela se voyait et se ressentait qu'elle avait peur du jugement et de ce que pouvaient penser les enfants de son absence. Je voulais la rassurer. Après tout, je la comprends. Je pense que si j'avais eu la même annonce qu'elle, je me serais éloignée aussi. Non pas parce que je ne les aime plus mais parce que j'aurais pensé à moi et au fait de garder un minimum de santé mentale. Et il était impossible de se remettre d'une telle annonce en fréquentant des enfants continuellement. Il fallait pouvoir mettre un peu de distance pour pouvoir mieux revenir ensuite. Du moins, c'est ce que je pense. Et c'est pourquoi je ne jugerais jamais sa décision et sa mise à l'écart. Bien au contraire. Alors, c'est évident que je la couvrirais et que je ferais en sorte que l'équipe mais aussi et surtout que les enfants ne lui en veuillent pas.

- Ne t'inquiètes surtout pas. Je te promets qu'ils ne penseront pas au fait que tu ais pu les abandonner. J'y veillerais ! Je lui souris tendrement. Prends soin de toi, c'est le plus important pour l'instant. Et lorsque tu te sentiras prête, fais le moi savoir, je ferais la route avec toi si tu veux. Et ils t'accueilleront avec grand plaisir.

Elle me dit, ensuite, ne pas vouloir me retenir plus longtemps. Je regarde donc vers mes amies et leur fais signe que j'arrive. J'avais oublié que je leur avais demandé de m'attendre.

- Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas. On s'est échangé nos numéros quand on a commencé à parler à l'orphelinat. Je suis là pour toi, d'accord ?

Ne plus voir les enfants d’un coup comme ça lui avait fait plus de mal que de bien. Cependant, Jinhee était persuadée qu’elle n’aurait pas pu continuer de faire comme si de rien était en s’occupant d’eux et en ne prenant pas le temps nécessaire pour elle, pour accepter sa stérilité et s’engager sur le chemin de la guérison. Elle ne pouvait donc pas encore retourner à l’orphelinat sous peine de se mettre à pleurer sans raison. La jeune femme savait qu’il existait pas mal de façon de devenir maman mais celle naturelle était celle qui lui plaisait le plus, parce qu’elle aurait aimé avoir le bonheur de sentir son enfant bouger en elle. Cependant, ça n’arriverait jamais parce qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants, pas naturellement du moins. Jinhee était heureuse que Hyemi comprenne. Elle n’aurait pas pu supporter que ce ne soit pas le cas. « Je te remercie Hyemi. Vraiment. » souffla-t-elle contente d’avoir une amie comme elle. Vraiment, il y avait peur de personne voire pas qui aurait compris la douleur de la jeune femme. Ce n’était même pas quelque chose qu’elle pouvait décrire parce qu’il n’y avait pas de description possible. C’était simplement quelque chose qu’elle avait en elle, et dont elle ne voulait pas spécialement parler ou mettre des mots dessus.

Jinhee avisa le groupe d’amis de Hyemi et lui mentionna le fait qu’elle n’allait pas la retenir plus longtemps. Après tout, elle avait des choses à faire, sûrement prévu depuis longtemps. Elle lui sourit et hocha la tête. « Je tâcherai de m’en souvenir. Merci encore Hyemi. » Nouveau sourire qui s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle la salua pour faire demi-tour et vaquer à ses occupations. Même si elle ne l’avouerait probablement pas, mais parler de tout ça lui avait fait un bien fou, l’avait même soulagé en soit. Elle n’aurait jamais du tout garder en elle comme ça. Elle prit donc une grande inspiration et décision. Ce soir, elle parlerait de ses résultats médicaux à sa famille. Il fallait que ses parents ainsi que ses frères sachent la vérité. Cette conversation avec Hyemi lui avait au moins permis de mettre les choses au clair dans son esprit.