nous étions jeudi midi, et j'avais finis les cours. c'était plutôt exceptionnel cependant, de finir aussi tôt. mais pour tout vous dire, ça m'arrangeait bien. ce soir j'avais entraînement au club des seoul samsung thunders, et au moins, j'aurais bien le temps de m'y rendre. mon iphone sonna et mon doigt effleura la notification message de byung hee. ramène ton boule si t'as terminé l'enflure ! y a embrouille dans le quartier. un rictus s'afficha sur mon visage. sa façon de parler est la même à l'écrit qu'à l'oral. mes doigts tapotèrent sur l'écran réponse. t'es vraiment un allumé frérot. j'arrive, je décampe. quand byung hee nous signalait une embrouille, c'est qu'en général, la journée n'allait pas se passer comme prévu. et je sentais d'ici de quelle bande ennemie venait l'embrouille en question. tout en marchant dans les rues de hongdae, je réfléchissais à plein régime. même si nous avions tous grandis, nous restions des enfants parfois, même si le quota de conneries par jour avait nettement diminué. la seule chose qui n'avait pas changé d'un poil, c'était notre repère, la cave du grand-père de do il. nous nous étions toujours entraîner là pour la musique, et byung hee possédait son réseau de drogues douces qu'il gérait là. c'était notre qg, et je prenais toujours le même plaisir à m'y rendre. su ah devait déjà y être présente, elle m'avait dit le matin même qu'elle n'avait pas cours aujourd'hui. finalement, lorsque je suis arrivé dans notre petite ruelle, j'entendais déjà les railleries de byung et ha jin qui retentissaient dans tout le quartier. niveau discrétion, on repassera.. descendant les escaliers qui menaient à notre repère, j'ai finis par pousser la vieille porte qui méritait d'être changée et la musique rock de la pièce finit par faire son chemin jusqu'à mes oreilles. su ah, assise sur le canapé, agitaient ses jambes au rythme de la musique, en riant, tel un ange innocent. su ah, c'est vraiment quelqu'un que tout le monde protège ici. c'est un petit peu le bébé de tout le monde, et je suis plutôt fier qu'elle puisse compter sur tout le monde. ces gars-là, tout comme moi, savent se battre mieux que personne.

j'ai déposé ma sacoche avec ma guitare à l'intérieur dans un coin avant de rejoindre su ah. kyung jong vint ronchonner à mon épaule, qu'est-ce qu'il ferait sans moi ce petit, je ne sais pas. « byung hee dit qu'il compose mais il raconte que de la merde depuis tout à l'heure aides-moi... » byung hee tendit l'oreille soudainement, étant donné que le sujet le concernait tout particulièrement. « je cherche.... l'inspiration ! » avait-il fanfaronné d'un air fou. « toi t'as fumé. » lui avais-je rétorqué d'une manière moqueuse. « oui ! euh, non. certes ! euh, sûrement... » il repartit feindre d'écrire notre nouvelle chanson. su ah éclata de rire. mais j'avais envie de rentrer dans le vif du sujet. « bon.. et sinon, il faut découper qui aujourd'hui ? »

encore le même qu'il y a une semaine. décidément, il n'a toujours pas compris. celui qui nous cherche des noises, vient du même quartier, hongdae. simplement, il revendique le réseau de byung hee depuis un peu trop longtemps à mon goût et si la dernière fois j'ai été plutôt clément en le laissant repartir avec un bras dans le plâtre, aujourd'hui, ça sera tout autre chose. je ne suis pas là pour jouer, et encore moins lorsque ça concerne mes proches. aujourd'hui, il risquait de prendre cher, très cher.  

les coups pleuvaient. nous étions réunis dans une ruelle plutôt sombre de hongdae, à vingt minutes à pied de notre repère. et l'autre bande était en face. nous n'avons pas mis longtemps à en venir aux mains. surtout moi, mais ça, ce n'est pas une surprise. j'avais pris le mec en question qui cherchait byung hee par le col de sa veste et l'avait plaqué violemment contre le mur. sa tête avait heurté une barre de fer au passage, et le sang coulait. s'il n'avait toujours pas compris, il allait comprendre. un coup, puis deux. byung hee et les autres se battaient aussi. pris d'une haine féroce, j'ai collé mon front au sien, trempé par la pluie qui commençait à tomber sur seoul. mon regard sombre le transperçait de toute part. « t'as compris cette fois ? ou tu veux que je recommence ? » ma voix s'était faîte menaçante. et puis soudainement, dans un coin de rue, et surtout, dans un coin de mon oeil noir, j'ai vu qu'on nous espionnait. tiens donc.. j'ai relâché brusquement mon emprise sur le gars qui tomba au sol. je me suis dirigé vers le coin de rue en question où j'avais cru apercevoir une silhouette féminine...

C'est vrai ce que les gens disent : pour pouvoir avancer il faut se détacher du passé. Se détacher c'est facile, avancer c'est une autre paire de manches. Alors parfois on se renferme. Moi, la première. On essait de résister au changement. Mais les choses ne peuvent pas rester comme elles sont. À un moment, il faut lâcher prise. Avancer. Parce que même si c'est difficile, c'est la seule façon de grandir. Mais il est encore trop tôt pour moi. Je dois d'abord régler mes comptes. Je dois détruire les démons de mon passé pour pouvoir avancer et mener une vie normale. Une femme mais aussi une mère. Après tout, peut importe à quel point on est résistant. Un trauma laisse toujours une cicatrice. Ça nous suit chez nous, ça change nos vies. Les traumas perturbent tout le monde mais c'est peut être le but. La douleur, la peur et tout le reste. Peut-être que traverser tout ça, c'est ce qui nous fait aller de l'avant, ce qui nous pousse. Peut être qu'on doit être un peu amoché avant d'être à la hauteur.

- Que fais-tu là, toute seule, beauté ?

Je me retourne, surprise. Je traverse une ruelle assez sombre. Soit. Mais je suis censée y retrouver un homme. Il est censé m'apporter des réponses. Il est censé m'aider. Mais au lieu de ça, je tombe nez à nez avec une bande de ratés ?! Je soupire et décide de leur faire face. Et plus principalement, faire face à celui qui semble être le chef de ces idiots.

- Je serais vous, je partirais ! Tout de suite ! lançais-je, froidement.

- Et qui es-tu pour nous menacer... ? lâcha-t-il, en me fixant.

J'allais lui répondre mais j'entends un cri. Cela perturbe également les garçons qui se trouvent face à moi et j'en profite pour m'éclipser. Si je peux éviter les problèmes, ça m'arrange. Cependant, je reste dans l'ombre. Je regarde ce qu'il se passe et qui m'a sorti de cette mauvaise passe. Une dispute. Une bagarre. Un différent entre deux bandes. J'ai un léger rictus et secoue la tête. C'est n'importe quoi. Les êtres humains ont besoin de beaucoup de choses pour se sentir vivant : la famille, l'amour et le sexe. Mais la seule chose essentielle, c'est d'être en vie. Il nous faut un coeur palpitant. Lorsque notre coeur est menacé, nous réagissons de deux façons : ou nous fuyons ; ou nous nous battons. Il y a une expression pour dire ça : le combat ou la fuite. C'est instinctif. Nous ne pouvons pas le contrôler. Et il semblerait que leur combat passe par les poings.

Mes yeux se posent sur un homme qui semble en vouloir principalement sur celui qui me parlait auparavant. Il se bat bien. Et il est plutôt mignon. Je souris en coin à cette remarque intérieure. Mais alors que je pensais être discrète, j'ai la sensation qu'il a découvert ma présence. Une erreur de ma part. Je décide alors de partir mais il me rattrape assez rapidement. Il semblait pressé de découvrir qui je suis. Je me retourne en entendant ses bruits de pas derrière moi.

- Vais-je avoir des ennuis ? demandais-je, en le regardant droit dans les yeux. Je confirme, il est très mignon. Si cela peut être utile à tout le monde, sachez que je n'ai rien vu...

les gars continuaient de se battre pendant que je m'avançais rapidement vers le coin de rue qui m'intriguait. j'étais pratiquement certain d'avoir aperçu une femme, et dieu seul sait à quel point, ce genre de situation peut être très dangereuse. déjà pour elle, et ensuite pour moi. je devais simplement m'assurer qu'elle n'avait rien vu de trop compromettant. arrivé dans l'autre rue qui servait d'intersection à la rue initiale, je l'ai vu. je l'ai alors rattrapé à la vitesse de l'éclair et puis, elle s'est retourné, son visage faisant face au mien. une femme, environ la vingtaine, et en plus de ça, avec une certaine beauté troublante. nos yeux se rencontrèrent directement, comme dans un moment de défiance. suite à ses paroles, j'ai observé autour de moi, méfiant. et puis, ce que je craignais arriva. ha jin se mit à m'appeler en se rapprochant dangereusement de nous. instinctivement, j'ai pris la main de celle qui nous avait épié et l'ai entraîné furtivement un peu plus loin contre le mur, à l'abri des regards. il pleuvait de plus en plus, l'eau coulait lentement le long de mes cheveux et je devais avoir une tête à faire peur mais qu'importe. peut-être que de cette façon, elle ne me reconnaîtrait pas ? j'entendais toujours la voix d'ha jin, et puis ensuite celle des autres qui courrait dans les alentours, tous à ma recherche. « jin, il y a du sang par-ici.. j'espère qu'il va bien ! par-là ! » de peur de nous faire repérer, et ne sachant pas à qui j'avais à faire, j'ai posé ma main sur la bouche de l'inconnue que j'avais emmené avec moi, au cas où. « chut, ne dis rien. » je respirais fort et je continuais de la fixer sans rien dire de plus, pendant que la pluie continuait de marteler le sol de la ruelle sombre. ha jin et les autres semblaient partis, et ceux de la bande ennemie, eux, marchaient tout près. enfin, marcher, quand ils en avaient encore les possibilités. j'avais légèrement peur qu'ils viennent par-ici, d'autant plus que seul contre six, ça risquait d'être compliqué.

et puis soudainement, plus rien, plus aucun bruit. j'ai soupiré doucement avant de retirer ma main de la bouche de la jeune femme qui nous avait espionné. sans l'avoir réellement remarqué, nous étions proches physiquement, et ce n'est qu'en m'en rendant compte que je me suis reculé pour lui laisser un espace, ne serait-ce que pour respirer. j'ai passé ma main dans mes cheveux bruns humides en la regardant curieusement. est-ce qu'elle sait que je ne suis pas simplement un mec de gang, mais surtout que j'ai une carrière de sportif pro médiatisée ? mon but est de cacher tout ça, car ma carrière compte tellement. « tu n'auras aucun ennuis avec moi. et je ne te ferai pas de mal. » non, ce n'était absolument pas mon genre, et j'avais mieux à faire surtout. mais en continuant de l'observer, la détaillant sans gêne, je la trouvais vraiment très attirante. eh oui, eren ne perd pas le nord. « il vaudrait mieux que tu ne restes pas ici, en général les jolies nanas, elles se font embarquer et on ne les revoit plus. » était-ce une perche bien tendue pour lui indiquer qu'il était possible que je la drague ? oui, très certainement. la pluie continuait de tomber et la journée était passée à une vitesse folle. comme nous étions en hiver, le soleil se couchait plus tôt qu'à l'accoutumée. par conséquent, la température se refroidissait et la lumière se faisait plus rare. les lampadaires s'allumèrent dans les secondes qui suivirent. mes yeux comme deux onyx noirs se plissèrent comme je repensais à ce qui m'interrogeait le plus. « j'aimerais juste savoir... si tu sais qui je suis. » avais-je murmuré d'une voix grave. oui, car si c'est le cas, je suis dans la plus grosse des impasses.

Je m'attendais à ce qu'il me laisse partir. C'est sans doute ce qu'il se serait passé si ses amis ne l'avaient pas appelé. Du moins, je présume. Il se nommerait ainsi Eren... ? Intéressant. Pensant qu'il allait se retourner, je m'étais préparée à partir sans laisser la moindre trace derrière moi mais il eût une toute autre idée. Il se saisit alors de ma main et surprise, je n'ai pas trop le choix que de le laisser faire. Le moins que l'on puisse dire c'est que je ne m'attendais vraiment pas à une telle réaction. Il me cache et me plaque, sans violence il faut bien l'admettre, contre un mur. Et comme si tout ce cinéma ne suffisait pas, le voilà en train de poser une main sur ma bouche. Si au début, je comptais le repousser, je compris très vite qu'il agissait ainsi dans mon intérêt. Je ne me débats, alors, pas. Je me contente seulement de le regarder. La pluie s'abattait de plus en plus sur nous et, malgré tout, je le trouvais toujours aussi séduisant. Si ce n'est plus ? Il avait un petit quelque chose en plus.

Le calme finit par revenir et nos corps finirent par se séparer, également. Je peux de nouveau respirer normalement et continue de regarder cet homme mystérieux qui se trouve devant moi. Je plisse légèrement les yeux. Qui est-il vraiment ?

- Sauf si elles sont bien accompagnées... répondis-je, avec le plus de naturel possible.

Il était bel et bien en train de me tendre une perche, non ? Je venais de la saisir. Il me posa ensuite une question qui me renda un peu perplexe. Qui il est ? Comment pourrais-je le savoir ? Aurais-je du ? Est-il célèbre ? Qu'importe. Cela ne m'intéresse pas. Je secoue, alors, ma tête négativement.

- L'homme qui vient de me protéger ! dis-je, en m'approchant de lui avant de déposer un baiser sur sa joue. Merci.

S'il m'avait surpris en m'attrapant la main, un peu plus tôt, je venais très certainement de le suprendre avec ce baiser. Je souriais doucement. Je regarde ainsi tout autour de nous et dans les ruelles aux alentours.

- Penses-tu que je peux m'en aller sans risquer de tomber sur tes copains ou... pire, des hommes voulant une jolie nana pour compagnie ?

Je tourne ma tête et le regarde, à nouveau. J'aime ce contact visuel.

la pluie continuait de marteler le sol, et nous avec. elle ruisselait le long de mes cheveux et de ma peau. la jeune femme avait l'air d'avoir compris rapidement la perche que je lui avais tendu quelques secondes plus tôt, alors elle me répondit de la même façon, avec un très beau rendu naturel. sauf si elles sont bien accompagnées... un fin sourire s'est dessiné sur mes lèvres, et ma méfiance a diminué. si on se trouve être sur la même longueur d'onde alors.. mais je n'avais pas perdu le fil de ce qui m'avait amené jusqu'à elle. je voulais savoir si elle connaissait mon identité. je n'étais pas un politicien, ni un acteur, ni un grand pdg ou un présentateur tv, mais j'étais assez connu, tout du moins, parmi les amateurs de sport. si elle ne l'était pas, il y avait de fortes chances qu'elle ne me connaisse pas. je priais fortement intérieurement pour qu'elle ne soit pas une mordue de basket. et pour le plaisir de mes yeux, elle se mit à secouer la tête négativement. tant mieux, ça signifie que ce qu'elle vient de voir, ne se rapporte pour elle, qu'à une simple bagarre de gang, rien de plus. et j'aimerais que ça le reste. pour autant, si je l'avais légèrement dragué plus tôt, je n'allais pas m'arrêter en si bon chemin. mais avant que je ne puisse dire quoique ce soit d'autre, elle se rapprocha rapidement de moi avant de m'embrasser sur la joue. un baiser que je n'avais absolument pas anticipé et qui m'avait surpris, d'une bonne manière. mais si elle continue d'agir comme ça, je vais continuer de jouer, c'est certain.

l'homme qui venait de la protéger oui, parce que je ne l'aurais jamais laissé par-ici. ça craignait trop. elle venait de me remercier et me souriait d'une douceur qui en rajoutait à sa beauté première. elle observait autour de nous, mais aussi dans les ruelles des alentours qui n'inspiraient pas forcément la plus grande des confiance. la nuit venait de tomber et se promener actuellement dans ce quartier, tendait plutôt sur de l'inconscience que sur une promenade tranquille tout ce qu'il y a de plus normal à hongdae. quand elle reprit la parole, elle me regarda à nouveau. nos yeux se rencontrèrent encore une fois pendant que la pluie continuait de ruisseler sur nos vêtements trempés. je n'ai pas mis énormément de temps à réfléchir à la situation. « je pense qu'il faut que tu sois bien accompagnée pour rentrer chez toi. » en d'autres termes, je te raccompagne. je l'ai regardé un air charmeur avant de repousser une mèche de cheveux qui me tombait devant les yeux. je me suis déplacé vers la droite, les mains dans les poches pour sortir de la ruelle. heureusement, il n'y avait pas grande monde dans les rues et même si je n'avais pas ma casquette noire, on n'aurait peu de chances de me reconnaître, enfin c'était ce que j’espérais. j'ai regardé en arrière, mon regard posé sur elle à nouveau. « j'aimerais bien savoir où tu habites et connaître ton prénom, si ce n'est pas trop indiscret. »

Il était évident qu'il était soulagé. Le fait de savoir que je ne le connaissais pas semblait lui avoir enlevé un certain poids. Je me demande bien pourquoi. Qui est-il pour avoir eu aussi peur ? Que pourrais-je découvrir si je venais à mener une petite enquête sur lui ? Sa question était intrigante et me donnait envie d'en savoir plus. Je retiens, donc, son nom et éclaircirais ce mystère plus tard. Pour l'heure, je devais rentrer. Celle qui garde mon fils a bientôt fini et je ne dois pas la mettre en retard. Elle m'avait prévenu qu'elle était attendue. Je lui dois bien ça. Pour toutes les fois où elle garde Chin une nuit entière sans que je ne rentre à la maison. De plus, je devais également m'occuper du cas de l'informateur que je devais retrouver ce soir. En plus de m'avoir posé un lapin, il aurait pu m'arriver quelque chose de fâcheux sans l'intervention de mon sauveur du soir. Il allait me le payer.

Je souris doucement à l'homme qui se trouve, encore, face à moi. C'est alors qu'il m'annonce clairement, bien que les mots ne soients pas réellement prononcés, qu'il souhaite m'accompagner. Et ce, jusqu'à chez moi. Compte-t-il réellement le faire ou est-ce une phrase type pour marquer des points ? J'avais remarqué que je ne le laissais, pas forcément, indifférent. Je venais, donc, à me demander quelles étaient ses véritables intentions.

- Tu ne devrais pas être aussi charmant. Tu risquerais d'attirer bien trop de femmes.

Je ris légèrement et le suis. Il m'aide, ainsi, à sortir de ces ruelles lugubres. En réalité, ma réponse était déguisée. J'habitais un tout autre quartier qu'Hongdae, celui où nous nous trouvons actuellement. Je ne souhaitais donc pas l'embêter davantage. Le fait de m'accompagner jusqu'à une rue éclairée est bien suffisant. Je compte appeler un taxi, comme lors de mon arrivée, et tout ira pour le mieux. Je ne peux pas le laisser venir jusqu'à chez moi. Personne ne connaît mon adresse. Cela deviendrait dangereux si quelqu'un venait à la savoir. D'autant plus que mon fils s'y trouve, à l'heure actuelle. Et il est tout bonnement hors de question qu'un inconnu rencontre mon fils. Ni même que mon fils vienne à rencontrer, et que sais-je encore, un homme.

- Je pourrais trouver cela indiscret, en effet. Commençais-je à répondre, amusée. Mais puisque tu m'as aidé, disons que je te dois bien ça. Tae Hee !

Je m'arrête de marcher et regarde si un taxi ne se trouverait pas dans les parages. Je le regarde à nouveau, ensuite.

- Je te remercie pour l'aide que tu m'as apporté, je vais prendre un taxi. J'habite dans le quartier d'Itaewon, tu n'es pas obligé de faire toute cette route !

L'instant fatidique. Sa prochaine réponse me montrera qui il est vraiment.

je ne me nommerais pas ahn eren si je la laissais rentrer seule. on ne sait jamais ce qu'il peut arriver et de plus, elle venait d'avoir un aperçu du genre de type qu'on pouvait croiser par-ici. ce même genre de type auquel j'appartiens un peu, en quelques sortes. un mauvais gars. mais finalement, je sais que j'en suis bien différent sur d'autres points, et en lui proposant de la raccompagner, ça confirme cette différence. je ne cherche pas à me prouver à moi-même quoique ce soit, je sais juste que c'est ce que je dois faire ce soir. je lui avais donc sous-entendu de ma voix grave que je continuerais mon rôle pendant encore quelques minutes au moins. je ne suis pas du genre à montrer ce que je pense, à part lorsque j'ai dix grammes d'alcool dans le sang.. je suis plutôt franc de nature, mais pas lorsque je dois montrer que je rends service ou que je suis gentil. dans ces moment-là, comme dans celui qui vient de passer, ma fierté masculine reprend le dessus. mais étant donné que cette jolie inconnue m'intéresse, je n'ai pas aussi l'air bourru que je le suis habituellement. je pense que c'est le charme qui fait ça. ou la drague peut-être.

les paroles qui ont suivi de sa part rentraient totalement dans l'ambiance subtile de flirt dans laquelle nous étions tous les deux rentrés. étrange mais apaisante. pendant qu'elle me suivait et qu'elle lâchait un léger rire, j'ai réfléchi à ses paroles. à vrai dire, je ne suis charmant que lorsque je le veux vraiment. je peux être tout et son contraire. parfois, c'est assez problématique. mais en général, c'est toujours parce que, malgré ce que je renvois à longueur de temps, j'ai un bon fond. attirer les femmes, c'est autre chose. j'aime draguer, comme la plupart des hommes, mais je n'ai souvent connu que des flirts d'un soir. les attirer pour une nuit, je sais faire, mais pour une vie, ce n'est pas encore arrivé. un visage me vint soudainement en tête, quelqu'un que je ne connaissais que trop bien, une personne à qui, il y a quelques années, au tout début, j'aurais aimé dire ce que je ressentais. à présent, et encore plus maintenant que shin n'est plus là, je n'y arrive pas. on est encore plus proches, mais ma raison me dit non. pour l'instant, je préfère chasser ces idées noires de ma tête, et me concentrer sur le moment présent. tae hee, c'est son prénom. elle semblait regarder aux alentours de nouveau, comme à la recherche de quelque chose. puis, ses yeux se redirigèrent vers moi une nouvelle fois. elle allait s'en aller. itaewon ? je lui ai adressé un nouveau sourire. « c'est sur mon chemin. j'habite à gangnam. ne t'en fais pas, j'y passe dans tous les cas. » ce fut à mon tour de regarder la rue, observant le peu de voitures qui y passaient. nous n'étions pas dans la rue principale alors les taxi se faisaient tout de même rare. j'aurais pu rester à hongdae avec les gars, mais je savais aussi que su ah avait prévu de rentrer au duplex ce soir pour réviser un peu.  je n'aime pas trop, la laisser seule. « on peut rejoindre la rue principale, prendre un taxi et je lui demanderai de te laisser à itaewon, ça t'irait ? » et bien évidemment, le taxi est pour moi. je lui ai adressé à nouveau un petit sourire avant de commencer à longer la rue, prêtant une petite attention aux autres personnes qui pourraient me regarder avec trop d'insistance. la pluie s'était arrêté, mais les trottoirs restaient humides à souhait. j'ai finis par lever la voix une troisième fois, en prenant soin de regarder ailleurs. « le chauffeur de taxi pourrait aussi devenir fou, à la vue d'une si jolie femme. mieux vaut rester prudent. » avais-je finis par ajouter sur un ton charmeur et amusé. je ne la regardais pas, ou tout du moins j'évitais, car je n'avais pas réellement envie qu'elle ait de fausses pensées sur moi. certes elle est belle, et je la drague, mais je ne suis pas ce genre de mec. même si d'un autre côté, passer du temps avec elle ne me dérange pas le moins du monde. elle est tout de même curieuse et mystérieuse.

Il insiste tout de même et je finis par accepter sa proposition. Il doit y passer, après tout. Nous montons, dans le même taxi. Il me dépose dans mon quartier et pars ensuite retrouver le sien. Ainsi, je me rapproche de mon chez moi sans pour autant lui indiquer mon adresse exacte. Sans qu'il puisse me suivre jusqu'à chez moi. Et, surtout, sans qu'il puisse rencontrer mon fils. Je lui souris doucement et acquiesce longuement.

- Très bien, faisons ça !

Je me dépêche de le suivre et vais me positionner à côté de lui. Nous marchons, ainsi, côte à côte. Je le regarde lorsqu'il me parle, à nouveau, et je ne peux m'empêcher de me montrer toucher par ce qu'il dit.

- Je ne suis pas si jolie... N'exagères pas !

Je ris un peu et secoue la tête. Inconsciemment, je croise mes bras contre ma poitrine. Le fait d'être trempée commence à se faire ressentir et j'ai quelques frissons. Je regarde, alors, le ciel. La pluie semble bien partie. Un soulagement. Ce n'était pas le moment de tomber malade.

- Je ne me méprends pas sur toi, tu sais... Je sais que tu n'es pas un de ces hommes à complimenter les femmes pour pouvoir en obtenir ce que tu désires. Bien que tu le pourrais, aisément. Tu es bel homme. Dis-je, en continuant de regarder le ciel.

Pour dire vrai, je me sens même plutôt à l'aise en sa compagnie. En paix. J'aimerais pouvoir prolonger un peu plus cette balade nocturne. C'est apaisant. Véritablement. Je souris en contemplant les étoiles.

- Pour être franche, passer ma nuit en ta compagnie a quelque chose d'assez plaisant. Je me pince la lèvre puis regarde droit devant moi. Mais ne te méprends pas non plus... Je ne suis pas une femme facile, pour autant... Ni une femme qui ne cherche que ça... La compagnie des hommes...

Pourtant, en le disant... J'en ai bien l'impression. Je souffle légèrement. Pourquoi est-ce que je lui raconte tout ça ? C'est ridicule. Je ne suis pas qu'une simple femme qui vient de rencontrer un homme qui l'a sorti d'une situation périlleuse. Je ne suis pas qu'une simple femme prête à se faire raccompagner et pouvant inviter cet inconnu à passer boire un verre en guise de remerciement. C'est bien plus compliqué que ça. Ma vie est bien plus compliquée que toute cette simplicité entre les rencontres de la vie.

- J'espère que l'on se reverra... Eren.

Je m'arrête de marcher et lui souris. Oui, cette fois j'ose le regarder. Juste avant que l'on ne trouve un taxi. Bientôt, nous devrons nous séparer. Et je n'étais pas du genre à avoir de tels discours devant des témoins. Même devant un simple chauffeur de taxi. Voilà pourquoi je me dévoilais sur ce trottoir.

tae hee était décidément une personne intrigante. pourtant, en termes de mystère, j'en connais un rayon.. mais là, j'ai l'impression qu'à des moments, je me fais dépasser sur ma propre médaille d'or. alors que j'avais commencé à marcher, elle a accepté ma proposition et m'a rapidement rejoint. nous marchions, l'un à côte de l'autre, de manière ni trop silencieuse, ni trop bavarde. je lui avais alors insinué, sans la regarder, qu'au vu de sa beauté, elle risquerait sûrement même de se faire compter fleurette par le chauffeur de taxi. ce n'était pas faux, ça pouvait arriver, mais je l'avais lancé sur le ton de l'amusement, parce que je savais aussi que ça restait tout de même rare. tae hee ria en me disant qu'elle n'était pas si jolie, et puis, qu'il ne fallait pas que j'exagère. je suis resté silencieux en continuant de balayer mon regard droit devant. soudainement, du coin de mon oeil très observateur, j'ai pu remarquer qu'elle venait de croiser ses bras contre elle. elle était trempée évidemment, et elle eut des frissons par la suite. la pluie s'était arrêtée certes, mais nous promettait sûrement d'attraper froid... mon cerveau tournait à plein régime pendant que je l'écoutais parler. ce qu'elle m'exprima, me rassura légèrement. enfin, elle peut penser ce qu'elle veut mais bon.. mes yeux se sont risqués à regarder dans sa direction, plusieurs fois, de manière hésitante. elle observait doucement le ciel et paraissait à l'aise. un petit sourire a trouvé le chemin sur mes lèvres alors que je levais la voix. « heureux de le savoir. et je te remercie pour ces jolies paroles, on dirait qu'on est sur la même longueur d'onde alors. » flirter sans vouloir kidnapper l'autre pour directement passer la nuit, se dire les choses, mais sans se les dire parfois.. c'était plaisant, ambigu, et charmant à souhait. mon cerveau tournant toujours à plein régime, j'ai diminué la vitesse de ma marche, la laissant avancer un peu plus rapidement que moi. elle avait l'air apaisée, et moi-même, je me sentais bien. elle n'avait pas l'air si différente de moi. je l'écoutais toujours, alors que j'enlevais ma veste trempée. elle ne me voyait pas; je me trouvais un peu en arrière, mais c'était le but. faire les choses sans qu'on me remarque, sans avertir toute la ville, discrètement, c'était ma façon d'agir. j'avais mis un pull assez large que j'ai finis par enlever. en-dessous, j'avais un t-shirt, donc ça ne me dérangeait absolument pas. j'ai finis par la rattraper et me positionner derrière elle. ce qu'elle avait dit pendant que j'enlevais mon pull, n'était pas passé dans l'oreille d'un sourd. passer ma nuit en ta compagnie a quelque chose d'assez plaisant. il ne faut pas me le dire deux fois.. même avec tous les principes du monde, je reste un homme, et en général, quand une femme me dit ça, surtout aussi belle, mon esprit ne passe pas par quatre chemins. mais elle m'avait signalé de ne pas me méprendre, s'étant sans doute rendue compte qu'elle avait parlé de manière ambigu. elle avait soufflé légèrement. alors qu'elle s'était arrêtée d'avancer, elle m'adressait une expression souriante. j'ai trouvé cette occasion la meilleure pour me décaler de derrière elle, lui présentant mon pull sec devant son nez. « mets ça. il a plu et tu as froid. » avais-je murmuré d'une voix grave accompagné d'un air renfrogné, en la regardant fixement. ce n'est pas mon genre d'être protecteur envers ceux que je connais à peine, mais la voir frissonner comme ça, sans rien faire.. c'est pas dans mon éducation. nous avons repris notre marche et nous arrivions bientôt vers un taxi, qui avait l'air d'attendre tranquillement. « et moi non plus, je ne me méprends pas sur toi ne t'en fais pas. quoique, la première phrase m'a, pendant quelques secondes, fait avoir des pensées masculines. » je n'avais pas pu m'en empêcher de la taquiner, elle m'avait tendu une trop grosse perche plus tôt, pour que je la laisse passer.

nous arrivions à côté d'un taxi garé dont le chauffeur nous fit signe pour que nous rentrions à l'intérieur. j'ai ouvert la porte à tae hee en bon gentleman, et lorsqu'elle passa devant moi pour se faufiler à l'intérieur de la voiture, j'ai chuchoté: « moi aussi, j'espère que l'on se reverra, tae hee. »

« destination finale gangnam, s'il vous plaît. faites un saut à itaewon, mademoiselle doit y descendre. » le chauffeur me fit un signe de la tête dans le rétroviseur pendant que je prenais place à mon tour dans le véhicule. le trajet se fit plus rapidement que je ne l'aurais imaginé. maintenant que nous étions assis en compagnie de quelqu'un d'autre, nous n'osions pas parler comme tout à l'heure. accoudé contre la portière droite, une joue posée contre la paume de ma main, il m'est arrivé d'oser quelques regards discrets vers elle, des regards curieux. rapidement, nous arrivions à itaewon, ce n'était qu'à un quart d'heure/vingt minutes en fonction de la circulation. je restais silencieux, attendant que le conducteur se gare pour sortir et lui dire au revoir. mais attendez deux secondes. je ne la connais pas plus que ça... pourquoi je devrais sortir aussi ? eren, il serait peut-être temps que tu ailles dormir.

Je continuais de marcher, mais aussi de parler, sans me rendre compte qu'il n'était plus vraiment à mes côtés. Lorsque je me suis arrêtée afin de lui adresser un sourire, c'est alors que je le vis revenir vers moi. Surprise, je regarde son pull puis ses yeux. Son geste me touche et je continue de sourire. J'acquiesce et lui offre un merci sincère avant de prendre son pull. Je prends, alors, le temps de le mettre et il est vrai que l'épaisseur me réchauffe un peu. C'est agréable cette douceur. Je souris davantage. Puis vient sa réaction au sujet de ma phrase précédemment dite. Je ris, franchement amusée. Nous reprenions notre marche jusqu'à ce que nous devions poursuivre dans un taxi. Il me fait monter d'abord et ce qu'il me dit à l'oreille me fit sourire à nouveau. Je m'installe, le regarde monter à ma suite. Je passe, ensuite, le voyage à rester silencieuse. Je regarde le paysage défiler. Perdue dans mes pensées. Il est évident que je pense à mon fils. Mais aussi à cet homme que j'essaye de retrouver et que je souhaite assassiner. Mais comment pourrait-il le savoir ? Peut-être qu'il finira par l'apprendre si nous nous revoyons vraiment. Je tourne, alors, lentement la tête pour le regarder. C'est ainsi que nos regards se croisent. Le temps de quelques secondes. De longues secondes. Jusqu'à ce que le taxi s'arrête. Jusqu'à ce que le chauffeur demande si cet endroit me convient ou si je souhaite qu'il me dépose plus loin. Je coupe, alors, notre échange visuel et regarde plus précisément où nous sommes.

- C'est parfait, merci beaucoup ! Dis-je, en hochant la tête.

J'ouvre, alors, la portière. Mais au moment de sortir, j'eus comme un doute. Dois-je lui dire quelque chose ? Dois-je partir sans rien dire ? Je l'ignore. Je sors finalement de la voiture et me penche pour le regarder une dernière fois.

- Rentres bien.

C'est tout ? Je me recule et vais pour fermer la portière. Je souris doucement. C'était une bonne soirée, au final. Et comme je dis toujours... Tout ce qui ne fait pas de mal fait du bien. Ce qui me fit tilt et j'ouvre finalement la portière avant de la fermer définitivement. Je me penche une nouvelle fois pour le regarder.

- Tu pourrais venir jusqu'à chez moi... et t'assurer qu'il ne m'arrive rien... Qu'en dis-tu ?

Je dois être folle. Pourquoi est-ce que je l'invite à venir chez moi ? Je ne le lui dis pas clairement mais c'est ce que j'ai voulu dire ? Il est prêt à rentrer chez lui, alors pourquoi est-ce que j'ai tout à coup décidé que je le voulais chez moi pour cette nuit ? Je dois être folle.