Une heure, peut-être deux, que tu tournes en rond. Ces larmes qui se stoppent pour mieux revenir inonder ton visage. Tout est trop flou, trop confus. Tu ne comprends pas comment tout ça peut arriver. Tu as déjà dû encaisser le retour d’Il Kyang dans ta vie, même si depuis quelques semaines, les choses semblent s’apaiser. Même si peu à peu, tu le retrouves réellement, en même temps que tes sentiments. Puis est réapparue Wen Yi, au détour d’un couloir. Ces retrouvailles inattendues, pourtant il a fallu y faire face une fois de plus. Mais il faut croire que l’adage est vrai. Jamais deux sans trois. Et voilà que Yejun décide à son tour de revenir dans ta vie. Celui que tu considères désormais comme le précurseur de tout ce malheur auquel tu tentes encore d’échapper, sans y parvenir. Parce qu’il a été le premier, à disparaître de ta vie, sans un mot, sans une explication. Sans le moindre regard vers toi. Il a été le premier à te déchirer le coeur, pour laisser les autres l’écraser un peu plus encore au fur et à mesure du temps. La colère fait rage au fond de toi, depuis que ton regard s’est posé sur lui. Toutes ces années de silence qui te reviennent en pleine face, te rappelant alors tout ce par quoi tu as du passer pendant tout ce temps. Et tu n’y arrives pas. Tu ne trouves aucun courage à pouvoir affronter cette épreuve de plus. Tu tournes en rond dans ta chambre, sans savoir quoi faire. Complètement désemparée, alors que tu n’as pas été capable de lui demander l’essentiel : pourquoi il t’a abandonnée. Cette photo cachée derrière tant d’autres accrochées à ton miroir. Une photo de famille à laquelle tu avais déchiré la silhouette de vos parents pour ne laisser que ton frère et toi. Une autre de ces soirées ou il avait su te montrer qu’il était présent pour toi. L’une des dernières, avant qu’il ne s’en aille. Un cliché que tu jettes à la poubelle, alors que tu ne sais pas comment gérer ce retour dans ta vie. Une main qui passe sur ton visage, et ces perles d’eau qui continuent de couler malgré toi. Il te faudra encore du temps, avant d’oser attraper ton téléphone, et envoyer un message à la première personne qui te vient à l’esprit, Il Kyang. Une simple question envoyée, de ton coeur palpitant, et cette peine qui reste ancrée en toi. « T’es où ? » Tu ne réfléchis pas vraiment à ce que tu fais, ce qui serait bénéfique ou non à cet instant précis. Tu laisses ton corps choisir pour toi, et ça se confirme à la réponse que tu reçois. Il ne t’en faut pas plus pour quitter ton dortoir, sans faire attention à ces autres qui te regardent d’un air surpris. Le contact de ta voiture bien vite enclenché, tu pars déjà en direction des studios de musique, alors que de ta main, t’essaies encore maladroitement d’effacer les traces de ces retrouvailles, sans grand succès. Tu roules un peu plus vite, comme si ta vie en dépendait, ce besoin que tu ressens de combler ce vide qui se forme en toi. Et il n’y en a qu’un, à tes yeux, qui saurait y arriver. C’est du moins ce dont tu tentes de te convaincre, alors que ces bâtiments défilent devant toi. Ton véhicule finalement garé, tu en oublies de le verrouiller, alors que tes chaussures claquent déjà le sol de ces couloirs. Et tu ouvres des portes, le cherchant, scrutant son visage qui pourrait se dessiner devant toi. Une, deux, trois portes, avant de l’apercevoir, de t’engouffrer dans la pièce, fermant la porte derrière toi. Ta mâchoire qui se crispe, alors qu’aucun mot n’ose sortir. Quelques secondes à l’observer, sans que tes larmes ne daignent s’arrêter, et tu t’avances vers lui, bien rapidement. Avant même que tu n’ai le temps d’y penser, tes lèvres se pressent déjà contre le siennes, douloureusement. Tes mains qui se posent sur ses joues pour sentir qu’il est bien là, qu’avec lui, tu ne rêves pas, que tout ça est bien réel. Ton manteau qui tombe au sol alors que ton corps se presse déjà contre le sien, sans interrompre ce baiser qui dans le fond, soulage un tant soit peu ton coeur. Qu’importe ce qu’il vient de se passer, Il Kyang est bien là, contre toi, et c’est la seule chose qui compte. Et ces quelques mots qui parviennent finalement à s’échapper entre deux baisers, « dis moi que tu partiras pas… »

Son regard rencontrant le mien, nos sourires qui se répondent alors qu’on prend conscience une nouvelle fois de cette passion qui nous lie. Nous ne sommes plus là pour jouer… ce jour-là nous avons tout donné. Cette chanson que nous avions composée spécialement pour cet évènement. On voulait leur montrer qu’on était déjà pro. Qu’ils n’auraient pas grand-chose à nous apprendre à part quelques ficelles. Kitae avait réarrangé la musique, elle sonnait beaucoup plus profonde, tellement plus authentique. Lui et moi nous complétions, avec tellement d’indécence que ce jour-là j’étais persuadé que ça serait nous. Rien ni personne ne pouvait entacher ce que j’avais ressentie. Lui comme moi, en étions tellement sûr. J’en frissonne encore en y repensant. Pourtant l’inquiétude ne me quitte pas. Les jours passent, sans aucune nouvelle… mais je me souviens du regard de ce producteur, de cette lueur dans ses yeux. Impossible de croire qu’il ne nous rappellerait pas. Je reste souvent accroché à mon téléphone ces derniers jours. Attendant une réponse, un signe de leur part pour nous dire qu’une nouvelle vie commençait. Impatient, trop au goût de certains, je me fous pas mal du reste ces derniers temps. J’ai l’impression qu’enfin je mérite ce qui m’arrive. Que je me donne à cent pour cent pour réparer ces erreurs qui m’ont trop souvent éloigné de ce que je suis. Je me suis retrouvé, tout comme j’ai renoué avec certains de mes défauts. Egoïste… voilà ce que je deviens quand la musique reprend sa place. M’en voudra-t-on encore une fois ? De ne penser qu’à moi, qu’à ce qui m’arrange ou me semble juste ? Je n’en sais rien, je chasse ces mauvaises idées pour me concentrer sur ce que je fais. Je joue encore ce soir, je cherche de nouvelles idées. Des nouveaux sons qui me plairont. Pour m’amuser j’ai fait une cover d’une musique que j’aime énormément. Je pensais peut-être la poster sur notre soundcloud en même temps que celle de Kitae. Déterminé et plus passionné qu’avant, je laisse les notes raisonner. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis ici, mais j’ai bossé plusieurs heures déjà. C’est mon téléphone vibrant, qui me sort de ma bulle alors que j’aperçois le surnom de Ye Won. « Yeki »… je ne sais plus quand je l’ai changé, mais me replonger dans les souvenirs avec elle, m’avait rappelé ce petit nom qu’on se donnait. Je me sentais assez en phase avec elle pour le faire, peut-être pas lui avouer, mais au moins elle prenait doucement sa place dans ma vie. Son message me fait arquer un sourcil… « T’es où ? » c’est bref, efficace sans le moindre détour. Je fronce le nez, interloqué avant de lui répondre « En studio de musique. Pourquoi ? » Avait-elle envie de l’une de ses nuits volées ? Je n’en suis pas certains de mon côté… tout se complique un peu dans ma tête. Oui, je veux être avec elle, mais j’ai envie de bien plus… j’avais essayé de lui faire comprendre, sans grand succès. Plutôt que d’affronter le problème, je suis resté muet et j’ai continué à faire comme si de rien n’était. Au final, la complicité que nous avons me convient aussi, même si tout reste désespérément à l’abri des regards. Je soupire, chassant ces idées de ma tête. J’attends une réponse dans les minutes qui suivent, mais rien… Alors j’hésite un instant à l’appeler. Puis je me ravise rapidement, en me disant que si elle veut me parler elle sait que je suis dispo… du moins je me rassure avec ça avant de me remettre à griffonner sur mon cahier.

Quelques minutes plus tard, je relève subitement la tête en entendant du bruit dans les couloirs. La porte s’ouvre subitement, sur cette silhouette élégante que je connais trop bien. Ye Won, entrant dans la pièce le visage recouvert de larmes. Mon cœur manque un battement, mes mains se mettent à trembler, alors que je la vois s’approcher sans dire un mot. Quelques secondes où tout se bouscule dans ma tête. Aucune parole n’a le temps de franchir mes lèvres, car ce sont les siennes qui viennent me rendre silencieux. Un baiser pressé, urgent et plein de détresse. Il devient amère, douloureux alors que je me souviens pas avoir partagé ce genre d’échange avec elle. Que lui arrive-t-il ? Je ne sais plus et mon esprit se floute, alors que je sens son corps contre le mien. Le souffle me manque, alors qu’elle prononce enfin quelque chose. J’aurais aimé que cela rassure mon cœur affolé, mais c’est pire que tout. Ma raison me crie de lui parler, de la réconforter comme il se doit mais je n’arrive à articuler « Plus jamais… » Dans un souffle, avant de revenir l’embrasser avec fougue. Je m’emballe, la pressant contre moi. Une étreinte qui se veut rassurante, alors que mes mains soulèvent le tissu de son haut pour s’y glisser dessous. Je pousse un soupir contre sa bouche alors qu’un semblant de raison me revient « Qu’est-ce… » Je me perds encore trop vite dans l’urgence de nos baisers. Je ne sais pas ce qui se passe, encore moins ce qui lui arrive. Même si nous avons déjà eu des moments passionnels et charnels, cette fois c’est différent. Elle semble perdue, comme désespérée en s’accrochant à moi… J’aimerais avoir la force de lui dire que je suis là, qu’on peut parler des heures si elle veut, mais je me laisse dominer par cette envie soudaine. Par le plaisir de la toucher, de la sentir contre moi alors qu’elle me cherche à chacun de ses gestes. Si elle a besoin de moi, je serais là pour elle. Qu’importe de quelle façon, je veux lui faire sentir qu’elle peut compter sur moi. Alors dans un geste assuré et ferme, je m’agrippe subitement à ses cuisses pour venir la soulever. Je n’ai que quelques pas à faire pour me laisser retomber sur le grand canapé de la salle, pour l’assoir sur moi. J’enfoui un gémissement contre la peau de son cou, tandis que mes mains se perdent dans ses cheveux défaits.

Le temps se fige alors que cette douleur te prends au tripes. Tellement puissante que tu ne sais plus comment réagir, quoi faire pour l’atténuer un tant soit peu. Plus rien n’a de sens, pas moins que ce que tu t’apprêtes à faire, alors que tu le retrouves enfin. Tu ne penses plus à rien, ni à ces disputes, ni à cette dernière après-midi passée avec lui, alors que tu as été assez stupide pour refuser une simple sortie. Tu t’en es voulue, quelque part, t’aurais aimé être capable de le rattraper, mais t’as pas réussi. Et ce petit jeu, certainement dangereux, a continué malgré tout. Par de simples messages, des photos envoyées comme au bon vieux temps. Mais cette fois, ce n’est pas ça que tu recherches, ce ne sont pas les souvenirs de vous, ni même le passé que tu veux rattraper. Tu t’accroches désespérément au présent, au futur certainement, lorsque ces mots parviennent enfin à s’échapper de tes lèvres. Tu t’accroches à lui, celui que ton cœur a toujours réclamé. Celui qui a toujours su, même des années plus tard, comment te réconforter, montrer sa présence, te rassurer. ‘Plus jamais.’ Des mots auxquels tu te raccroches, alors que tu te perds déjà dans ces baisers, cette étreinte. Pourtant, ces larmes continuent de couler malgré toi, rendant cet échange différent de tous ceux que vous auriez pu avoir. Pressée, certainement maladroite, tu te tiens à lui, comme si ta vie en dépendait. Comme s’il était le seul à pouvoir calmer cette douleur au fond de toi. Mais il est là, il te l’assure encore une fois. Il ne partira pas. Et c’est tout ce que tu attendais, qu’il puisse à nouveau te laisser la chance de croire que lui au moins, ne s’en ira pas une fois de plus. Que lui au moins, ne t’abandonnera plus. Tu captures ses lèvres sans réellement lui laisser le temps de comprendre ce qu’il se passe, mais tu n’arrives pas à en prendre conscience, alors que tes jambes glissent pour s’enrouler autour de lui. Sans pouvoir rompre ce contact qui te soulage, qui te permet le temps d’un instant, d’oublier tout le reste. C’est comme une bulle qui se créé autour de toi, invisible, mais elle empêche la peine de prendre plus encore le dessus sur toi. Et tu te laisses simplement porter par cet appel sûrement interdit. A bout de souffle, tu te recules de quelques centimètres, le temps d’ôter son tee-shirt, avant de venir l’embrasser de nouveau. Comme si finalement, le temps était compté, comme si la fin approchait et que tu refusais l’idée de partir dans cette immense vague de souffrances. Le passé est fait pour rester derrière soi, mais il rattrape bien souvent sa proie. Et dans ses bras, tu veux simplement tout oublier. Absolument tout. Le bon comme le mauvais. Et à cet instant précis, le seul moyen d’y parvenir est d’être avec lui, tout en pouvant sentir sa peau contre la tienne, son souffle sur toi. Une part de toi le sait pourtant, tu te mets à nue devant lui, à lui montrer tes failles. Il pourrait tout faire voler en éclats s’il le souhaitait. Pourtant ses gestes ne trompent pas, alors que tu le serres un peu plus contre toi. Une urgence certaine à pouvoir être là, laisser tout ce qu’il y a de mauvais s’échapper une bonne fois pour toute. Ce n’est peut-être par le meilleur moyen de tout effacer, mais tu t’en contre-fous, alors que ton haut rejoint le sien sur le sol. Tes lèvres qui se perdent dans son cou, profitant simplement de ce contact. Et tu te concentres uniquement là-dessus, sur le goût de sa peau, et l’effet qu’il te fait, à simplement te laisser l’approcher comme tu le fais. Dévastée et pourtant, déjà prête à succomber.

Laisse-moi te rassurer Ye Won… laisse-moi te prouver que plus jamais je ne t’abandonnerais. Ce n’était qu’une erreur, un faux pas dans ma vie. Je te le promets… tu n’auras plus jamais à souffrir de mon absence. Et ces mots j’aimerais pouvoir lui montrer, j’aimerais qu’elle le comprenne alors que je l’attire contre moi. Je me perds sous nos baisers. Ces sensations nouvelles, déroutantes et effrayantes. Que s’est-il passé pour qu’elle soit aussi craintive ? Je le sens, quelque chose ne va pas. Et je regrette d’être aussi faible face à ses caresses. Je pourrais être l’un de ses hommes qui renoncent, qui la repousse parce qu’il préfère parler… mais je ne suis pas l’un d’eux. Je suis de ceux qui ne savent pas toujours quoi faire face à la détresse des autres, qui sait écouter, sans jamais conseiller… ceux qui préfère les démonstrations plutôt que les mots. Alors je me rassure, en me disant que c’est ce qu’elle veut, ce dont elle a besoin. Ye Won n’a pas envie de parler, ce qu’elle désire le plus c’est se réconforter dans ce que nous avons. Dans ce que nous partageons. Et je lui donnerais tout ce qu’elle veut. Elle n’a pas besoin de me supplier, encore moins de me le demander. Je le comprends, dans chacun de ses gestes, chacun de ses souffles. Au contact de sa peau, je brûle un peu plus d’envie de la posséder. Lui faire comprendre qu’elle m’appartient, tout comme je suis à elle. Si c’est ce qu’elle veut alors tout me va. Ferait-elle un pas vers moi ? Je n’en sais rien, ma lucidité me fait faux bond. Elle m’abandonne alors que mes mains se perdent sur elle. Je n’ai plus la force de parler, je n’ai plus aucun souffle quand je m’unie à elle. Je saurais lui montrer que je l’aime. Je tiens à elle, malgré tous les doutes qu’elle peut avoir, les peurs qui la hante… Mon cœur est sur le point d’exploser, ma tête tambourine plus fort encore au rythme de notre échange urgent. Je n’ai pas assez de prétention pour pouvoir me sentir puissant entre ses bras, mais j’espère être assez rassurant. Dans mes gestes, dans ma façon d’être et de lui donner tout ce que je suis… Un dernier souffle que je retiens, malgré que la force me manque j’en trouve assez pour venir l’embrasser dans une dernière tension… Haletant, je prends le temps de croiser son regard, ma paume contre sa joue, j’espère lire dans ses yeux ce qu’elle n’ose prononcer tout haut. Tout me déroute… cette lueur qu’elle a, son visage encore humide… je n’ai jamais eu autant mal au cœur en la regardant. Elle souffre… tellement que ça me chamboule. D’un geste doux, je laisse mes doigts essuyés ce qui reste de ses larmes « Je suis là… » Pour toi, pour te soutenir comme je le pourrais. Je ne suis pas parfait, mais je pourrais écouter ce que tu as à dire… j’inspire lentement, reprenant mes esprits peu à peu avant de récupérer nos affaires au sol. Ça n’a rien de romantique, ni même d’électrisant. En fait tout est déstabilisant… je n’ai jamais ressentie une telle détresse venant d’elle. Même dans les moments où ça n’allait pas, même quand nous étions tristes… Incapable de rester trop loin d’elle, je viens la chercher pour la blottir dans mes bras. « Dis-moi… » je ne la forcerais pas, elle pourra garder le silence si elle ne trouve pas le courage de mettre des mots sur ses sentiments. Mais je serais là, quoiqu’il arrive… je lui ai promis jamais je ne l’abandonnerai. Mon visage perdu dans ses cheveux, je la serre un peu plus « Je ne t’ai jamais vu comme ça… » Et c’est aussi ça être deux. Savoir être là pour l’autre. Me reculant juste assez pour la regarder, je ne sais où poser mes yeux, subitement inquiet, j’ai peur de ce qui pourrait lui être arrivé. Et je me rends compte à quel point j’aimerais pouvoir la protéger. La garder auprès de moi. Ne plus jamais la voir souffrir…

A bout de souffle, tu ne saurais retenir cette envie d’être sienne, de savourer le contact de sa peau contre la tienne. Une façon de te dire qu’il est toujours là, qu’il a su revenir dans ta vie, même si le chemin semble encore long pour guérir les blessures du passé. Mais la réalité veut que tes sentiments pour lui n’ont pas changé, ils sont restés là, intacts, malgré la rancune que t’as pu éprouver. Tu l’aimes comme au premier jour, voire plus encore. Il est celui que tu ne cesseras jamais d’aimer, qu’importe ce qu’il pourrait bien arriver. Et tu te confortes dans cette idée là. Qu’il reprend peu à peu cette place qui est sienne. Qu’il a quelque part gardé pendant ces années d’absence. Et lorsque vos corps s’unissent pour ne faire plus qu’un, tout s’envole enfin. Tous ces doutes, toutes ces craintes. Cette souffrance s’échappe le temps de cet acte pressant, et pourtant libérateur. Plus jamais. Ca tourne en boucle dans ton esprit, au fur et à mesure de tes soupirs, de tes caresses sur sa peau. Tu n’arrives plus à respirer correctement, pourtant, tu trouves encore le courage de l’embrasser, avec cette fougue incomprise qui laisse présager la fin. Celle qui te ramène à une réalité que tu veux simplement occulter de ton esprit, sans pouvoir le faire. Un dernier soupire, alors que tu te sens vidée de toute ton énergie. Un instant sans trouver la force de bouger, la paume de sa main caressant ta joue. Des mots qui te rassurent, plus encore lorsque son regard plonge dans le tiens. Mais tu n’oses pas encore parler, de quoi que ce soit. Les mots te manquent alors que tu sens encore ta gorge nouée, et lentement, tout revient à ton esprit. Mais cette fois, il n’y a plus de larmes, simplement cette détresse dans tes yeux, que tu ne saurais cacher. De ta main tremblante, tu récupères tes affaires, les enfile rapidement avant de te blottir dans ses bras. Et tu comprends, à sa voix, qu’il se demande encore ce qu’il s’est passé. Tu remarques son inquiétude à travers ses gestes, pourtant, rien ne te vient. Tu manques de force, même dans ses bras, même lorsque tes yeux se perdent dans les siens. Tu te colles simplement contre lui, enroulant tes bras autour de lui. Pendant de longues minutes, ce silence s’installe entre vous, alors que ton regard perdu ne saurait ou se poser. T’as besoin de reprendre tes esprits, un instant encore. Puis, tu trouves assez de courage en toi, pour un simple murmure. « Il est revenu… » Ton frère, celui dont tu n’oses pas encore prononcer le nom. Celui qui a déclenché en toi ce torrent de souvenirs aussi doux que destructeurs. Celui qui t’a plongé dans cette panique que tu n’arrives pas encore à maîtriser. Le sentiment étrange que tout recommencera, un jour ou l’autre. Que ceux auxquels tu tiens partiront à nouveau, comme un éternel cercle vicieux, celui dans lequel tu te trouves encore malgré toutes ces années. « Je suis désolée… » finis-tu par ajouter. Désolée de n’avoir pensé qu’à toi, désolée de ne pas être prête à tout surmonter. Mais les démons du passé resurgissent bien trop souvent encore. Ces visages que tu as tenté tant de fois d’oublier qui reviennent prendre place dans ton quotidien. Désolée de ne pas avoir les épaules assez larges pour tout encaisser, parce que le temps te manque à chaque fois. Mais surtout, désolée de n’être qu’une âme en peine, avec ces embûches que tu sèmes sur le chemin des autres.

Je pourrais crever sous son regard. De cette lueur qui me fixe, indéchiffrable alors qu’elle me blesse. Je n’ai jamais été aussi dérouté par ses yeux. Impuissant, je ne comprends pas ce qui la tracasse, ce qui lui fait autant de mal. Mais je maudis cette chose, de toute mon âme et de tout mon cœur. Je serais prêt à échanger ma place, n’importe quoi pour la voir sourire en cet instant. J’ai froid subitement, tout me glace et je frissonne alors qu’elle se blottit contre moi. Les mots me manquent, les gestes ne semblent plus suffirent. Et je me sens perdu, dévasté par cette horreur qui la ronge. Les minutes s’éternisent, nous laissant dans un silence insoutenable. Mon cœur bat si fort qu’il résonne, à croire qu’il pourrait troubler ces secondes interminables. Mais je ne la presse pas, jamais… essayant juste de lui montrer que je suis prêt à tout entendre, que je suis là pour elle malgré ses craintes. Puis quelques mots, un murmure qui me donne la nausée car je comprends… je n’ai pas besoin de lui demander qui car… je sais… il y a de ça quelque jours il a croisé ma route. Une simple coïncidence qui n’avait pas lieu d’être. Il était là, planté devant moi avec cet air que j’ai détesté. D’une audace horrible comme si tout ce qu’il était pouvait être balayé… Son frère… Ye Jun. Celui qu’elle a tant attendu, celui à cause de qui sa vie avait déjà chavirée. Je n’ai jamais été à la hauteur pour le remplacer, parce qu’ils avaient ce lien que je ne connaissais pas. Celui du sang… celui qui vous fait vivre des émotions plus forte. De leur relation je n’en connais que ce qu’elle a souhaité me raconter, mais ce lien qui les unissais elle le chérissait. Plus que de raison et son départ l’a détruite. Je n’ai aucune prétention le concernant, j’ai fait les pires conneries avec elle, mais moi je suis revenu… avant. Et mon arrogance m’a conduite à le repousser, à l’envoyer balader pour l’éloigner d’elle. Oui je sais Ye Won… je t’ai mentis, une fois de plus, mais je voulais te protéger. Etre celui qui te rendra heureuse. Egoïstement surement, j’ai gardé ça pour moi en priant pour qu’il ne revienne pas… et aujourd’hui je suis sûr d’avoir fait le bon choix. Quand je la vois là, aussi fragile entre mes bras, je sais… qu’elle est effondrée. Je me fous de ses excuses, car celui qui a fauté c’est moi. Celui qui est responsable de ce trouble c’est Ye Jun. Il a tout gâché… alors que nous pouvions enfin nous retrouver, qu’elle pouvait avancer. J’aimais à croire qu’elle était sur la bonne voie, que je pourrais l’aider à aller mieux. dieu que je l’aime… je serais prêt à tout pour elle… Mais je n’ai pas les mots qu’il faut, alors je la serre davantage, prit d’une émotion nouvelle qui m’attrape et m’envahie. J’ai mal tout à coup, parce-que la voir souffrir me blesse terriblement. Je déglutis difficilement, coupable d’un mensonge qui lui veut du bien, alors que je lui souffle « Je suis désolé Ye Won… » Pour ces choses que je te ne dis pas, et parce-que tu souffres encore une fois. Et j’aimerais pouvoir prendre cette peine à ta place… la balayer de quelques mots. Mais j’en suis incapable… Je caresse ses cheveux d’un geste tendre, elle a l’air perdue… d’une enfant qui n’a plus aucun repère si ce n’est peut-être moi… « Comment ? » comment a-t-il eut l’affront de revenir dans sa vie ? Comment a-t-il put penser que ça ne serait rien ? Et je lui en veux à ce type. A ce frère dont elle parlait avec tant d’amour et de tristesse. Il ne mérite pas ses larmes, pas après ce qu’il lui a fait. Et je sais que trop bien que je suis un manipulateur qui se fout du reste du monde en disant ça… car j’en ai fait autant. Je suis perdu, entre arrogance et bienveillance, que je ne contrôle pas. « Tu n’as pas à t’excuser… je déteste te voir comme ça… » ça me fait mal si tu savais. Je ne me sens pas aussi fort que je le fais croire. Ça me touche, trop à tel point que mes yeux deviennent brillants. Alors j’ai peur, peur de lui montrer qu’elle est ma faiblesse. Et je cache mon visage dans ses cheveux, dans un geste oppressant pour lui donner le courage nécessaire.

Ça tourne en boucle dans ton esprit, l’image de Yejun qui réapparait devant toi. Ce sourire qu’il ose t’offrir après toutes ces années, comme si rien ne s’était passé. Pourtant, tu le connais si bien, mais jamais, tu n’aurais imaginé ça. Jamais tu n’aurais cru le revoir, simplement devant la porte de ton dortoir. Et tu sais, que tu n’as pas bien agit avec lui. Tu sais que ta colère n’a fait que prendre le pas sur toi. Mais t’étais prise au dépourvu, dans cette surprise aussi rassurante que néfaste à ton cœur. Parce que tu sais qu’il est toujours en vie, que pendant ces cinq années, il était là, quelque part. Mais il est resté loin de toi, dans ce silence que tu n’as pas réussi à supporter, que tu as simplement encaissé en finissant par le laisser de côté. Au fur et à mesure du temps, tu as simplement fini par penser qu’il ne reviendrait plus, qu’en tirant un train sur sa famille, il tirait un trait sur toi aussi. Et c’est douloureux d’avoir toutes ces émotions qui se mélangent en toi, sans pouvoir les contrôler. Alors, t’espère quelque part retrouver un peu de réconfort dans les bras d’Il Kyang. Tu te raccroches à lui sans réellement t’en apercevoir. Il est le seul à qui tu oserais parler de tout ça. « Il m’attendait devant le dortoir… » Oses-tu finalement répondre, sans chercher à comprendre comment il a réussi à savoir où tu vivais. Parce que toutes ces autres interrogations sont trop fortes pour penser à de simples détails comme celui-là. Toutes ces années de silence ne peuvent se réduire à cette question ; comment a-t-il réussi à te retrouver. Ton visage que tu niches contre Il Kyang, tentant maladroitement de te rassurer dans ses bras, par son odeur et sa présence. Tu pensais enfin pouvoir avancer, mais t’es finalement bloquée dans ce passé qui ne cesse de revenir à ton esprit. Qui ne cesse de refaire surface lorsque tu penses enfin en avoir terminé avec lui. Si seulement tu pouvais tout oublier, réellement. Laisser ces souvenirs là où ils sont pour te concentrer uniquement sur ce qu’il t’attend. Difficile pourtant de voir ce que l’avenir peut te réserver, maintenant que tu sais que ton frère est revenu, lui aussi. Difficile de pouvoir entrevoir à nouveau cette lumière que tu pensais enfin avoir atteinte grâce à Il Kyang. Tout est trop flou, alors que la seule chose que tu vois à présent, c’est cette immense montagne à franchir. « Je voulais pas… » Tu ne voulais pas en arriver là. Jamais tu n’aurais cru que revoir Yejun te mettrait dans un tel état, te fasse succomber aux bras d’Il Kyang d’une manière si déconcertante. Tes failles bien présentes, mises à nue devant lui. Et même si cela pourrait te faire peur, une petite voix te dit que tu as bien fait d’être allée le voir. Tu ne te sens pas plus légère après ça, ton cœur semble devenir un poids à porter plus lourd encore que celui qui se trouve sur tes épaules, depuis que Yejun est parti. Mais tu peux espérer le mettre de côté, un instant. Sans pour autant oser poser ton regard sur celui qui, à cet instant précis t’aide sans le savoir. Ton étreinte qui se resserres sur lui, une inspiration que tu prends tout contre sa peau. Lui au moins, ne partira plus jamais. Tu t’accroches à cette idée, espère ne pas te tromper. Parce que finalement, il est tout ce qu’il te reste.

Comment lui dire que je savais déjà ? Je ne veux pas qu’il la blesse… je n’ai pas envie qu’elle souffre à cause de lui. Je ne connais rien de ces liens si précieux, mais j’ai vu à quel point ils peuvent être destructeurs. Après avoir rencontré mon propre frère, j’étais dévasté. Plus rien n’avait de sens si ce n’est peut-être elle. Et j’aime à croire que je suis son repère, comme elle a été le mien. J’aurais préféré que les choses soient moins dures pour elle. Depuis combien de temps attend-t-elle son retour ? Combien de fois a-t-elle imaginé cette scène dans sa tête ? Je suis certain qu’au début elle devait croire à des retrouvailles heureuses, elle aurait prête à lui pardonner si il était revenu quelques mois après. Mais toutes ces années ont effrité ses croyances et leur relation. Mais Yejun a un avantage, un de ce que je n’avais pas… ce lien familial qui les unit quoiqu’il arrive. Avec moi Ye Won pouvait prendre la décision de ne plus se revoir, parce-que nous n’avions rien. Aucun lien réellement indestructible si ce n’est des souvenirs… je lui en veux un peu à ce frère. Parce qu’il a cette chance que je n’ai pas eue au fond. Pourtant je sais bien qu’il ne lui suffit pas d’un sourire pour tout rattraper. Mais je suis certains qu’elle finira par lui laisser une place… parce qu’elle a trop souffert de cette relation pour finalement l’effacer. J’aimerais qu’elle tire une croix sur lui, qu’elle continue d’avancer sans jamais regarder en arrière. Je crois que ça fait beaucoup pour une seule personne. J’ai conscience de lui avoir infligé ces obstacles qu’elle a dut franchir. Et je pensais vraiment que l’accalmie continuerait… mais il est revenu et ça me déchire le cœur. Il a eu le culot de revenir alors que je lui avais fait comprendre l’inverse. Que je lui avais dit qu’elle n’avait plus besoin de lui. J’avais choisis mes mots, pour le blesser et le faire réfléchir. Mais retrouver sa sœur était plus important… il était déterminé, ne sachant pas réellement qui j’étais. Je déglutis, incapable de trouver les bons mots pour elle. Je sais qu’aucun ne pourra effacer sa peine. Elle est perdue, en pleine réflexion. Et je ne lui en veux pas d’être venue là, même si je n’ai jamais été habile pour réconforter avec des mots. « Ye Won… je sais que c’est dur pour toi… » Mais j’aimerais que tu prennes du recule et que tu vois à quel point c’est néfaste. Ce frère n’est pas celui qu’il te faut dans ta vie aujourd’hui. Il va tout détruire. Ebranler chacun des pas qu’elle a faits en avant. Elle va devoir tout reconstruire et ça me tue de savoir qu’il a tout balayé d’un revers de main. « Est-ce que tes parents savent qu’il est revenu ? » je ne sais pas pourquoi cette question me vient à l’esprit subitement. Pouvaient-ils être au courant, aurait-il eu le courage de les affronter avant de la revoir elle ? Laissant ma main trouver la sienne, je la serre doucement « Je suis pas sur qu’il soit ce qu’il te faut en ce moment. » et j’ai conscience que je fais preuve d’égoïsme en disant ça. Mais elle n’a pas besoin de lui pour continuer ses efforts. Ye Won est tellement touchée par tout ce qui lui a arrivé. Je suis là moi, je suis revenu et je suis persuadé de pouvoir l’aider à aller mieux. Si déjà nous faisions plusieurs pas l’un vers l’autre, les choses iraient mieux. J’en suis convaincu. Est-ce que cela fait de moi une mauvaise personne ? Je n’y vois peut-être que mon propre intérêt. Je n’en sais rien… « T’as pas besoin de lui. T’as dût avancer sans lui, alors si il croit qu’il peut revenir dans ta vie sans avoir de compte à te rendre… » Je n’ai pas vraiment réfléchit à ce que je disais. Mais je crois qu’une part de moi sait que ces mots auraient pu être pour moi. Aurais-ce était les conseils de l’une de ses amis à mon sujet ? Peut-être que Min lui-même aurait pu dire ces paroles me concernant… « Je ne veux pas qu’il t’approche. Je n’ai pas envie de te ramasser en mille morceaux parce qu’il croit pouvoir reprendre sa place. » Serais-je jaloux ? Non… je ne sais pas… je crois surtout que j’ai peur. Peur qu’elle soit blessée, peur qu’elle sombre davantage. « Je suis sûr qu’il partira de nouveau. Il n’aura pas le courage d’affronter ta famille. La pression sera encore trop forte et il t’abandonnera à nouveau ! » Je m’agace, plus qu’il ne faudrait mais je pense chacun de mes mots. Ils sont durs, mais je ne les mâche pas. Car je suis sûr d’avoir raison… Mon regard assuré, la mâchoire crispée, je l’observe en m’en voulant d’être aussi direct. Et je me demande brusquement quels mots elle aurait souhaité entendre de ma part ? Une consolation, un discours hypocrite pour lui dire que tout irait bien… 

Un sursis, un instant ou tu peux espérer penser à autre chose. Voilà tout ce que tu es finalement venue chercher ici. Un moment perdu dans le temps pour espérer voir ce poids s’envoler. Et il n’y en a qu’un, que t’as voulu retrouver, un seul que tout ton être a réclamé à ce moment précis. Parce qu’il est redevenu ce repère dans ta vie, malgré tes appréhensions. Il est revenu et reprendre lentement sa place à tes côtés, comme avant. En sera-t-il de même pour ton frère ? Tu en doutes. A vrai dire, tu ne sais plus quoi penser. Si t’as réussi à mettre ta rancune de côté pour Il Kyang, tu ne sais pas si tu arriveras à faire de même avec Yejun. Les conséquences ont été différentes, le lien qui vous unis n’est en rien comparable. Alors, la question qui reste suspendue à tes lèvres ne saurait trouver aucune réponse pour le moment. Pourrais-tu pardonner à ce frère comme tu arrives, peu à peu, à pardonner à celui que tu aimes ? Un dilemme, une interrogation à laquelle tu ne t’attendais pas, pourtant, les doutes reviennent. Yejun est là, non loin. Va-t-il repartir ? Va-t-il rester ? Tu n’en sais rien, n’est pas sûre de vouloir le découvrir. Ça secoue ton coeur, ça continue de te couper le souffle sans savoir comment réagir correctement à tout ça. Ses mots te font du bien, quelque part. T’as le sentiment qu’il peut comprendre cette détresse. Tu ne lui en veut pas de ne pas réussir à s’exprimer, tu sais qu’il a du mal avec ça. Mais tu n’as besoin que de cette étreinte, la chaleur de ses bras, et rien d’autre. Tu n’oses pas bouger, de tes bras enroulés autour de lui, ta tête posée sur son torse, pouvant écouter son coeur battre. Ca t’apaise, ça calme ces palpitations, cette tristesse. « Je pense pas… » réponds-tu dans un souffle. T’as la voix cassée par ces heures à pleurer, tes yeux encore rougis par cette agitation. Tu te défais à peine de lui, juste assez pour pouvoir enlacer tes doigts aux siens. T’aimerais pouvoir rester là, jusqu’à la fin des temps. Te dire que tout ça est derrière toi, et que tu n’auras plus rien à affronter. Mais tout ça sonne si faux, même si tu voudrais t’en persuader. T’as envie de croire en ce qu’il te dit. Que tu n’as plus besoin de ton frère, tout comme il n’a pas eu besoin de toi pendant toutes ces années. Parce qu’il était absent, pour ces moments charnières de ta vie. Il n’a pas su se montrer pendant trop longtemps, et tu ne sais plus réfléchir correctement. « Je suis pas sûre de vouloir savoir pourquoi il est parti. » Des mots que tu oses enfin prononcer. T’as peur de cette vérité, celle qui vous a éloigné, celle qui l’a fait disparaître. Pourtant, t’étais prête à tout entendre, n’importe quelle excuse aurait été bonne à entendre, si seulement quelqu’un avait daigné dire quelque chose. Mais tout le monde est resté muré dans le silence, malgré ces semaines entières à supplier tes parents, pour connaître ces raisons. Yejun est devenu un sujet tabou, et du jour ou il est parti, plus personne n’a osé parler de lui. Surprise par les mots d’Il Kyang, tu te redresses finalement face à lui, ton regard qui se plonge enfin dans le sien. Il y a une sincérité certaine dans ce qu’il dit, tout ce dont tu avais besoin, finalement. Ce ne sont peut-être pas les mots qu’on aimerait entendre, mais c’est sa façon de te montrer qu’il tient à toi, et tu n’as besoin de rien d’autre. Simplement savoir qu’il y a quelqu’un qui t’aime assez pour espérer te faire remonter la pente. « Merci… » Il n’y a rien d’autre qui te vient. Un simple mot pour tout résumer. Une façon de lui dire qu’il a prit trop d’importance dans ta vie, et que son avis comptera toujours, quoi qu’il en dise. Un merci qui exprime pourtant tant de choses que tu n’arrives toujours pas à exprimer. Ta main qui caresse délicatement sa joue, alors que ton regard reste éteint. T’aimerais seulement qu’il puisse comprendre ce que tu essaies pourtant de lui dire. Merci d’être là malgré ce que je te fais endurer.

Je ne pensais pas qu’il reviendrait. Pour être franc, après ce qu’elle m’avait dit sur lui, ça paraissait être un départ définitif. L’un de ceux qui fait le plus mal. Je ne comprends pas pourquoi il a décidé de revenir dans sa vie, comme ça du jour au lendemain. Je sais… je suis mal placé pour parler de ces choses-là, mais je me trouve toutes les excuses du monde pour mon acte. Mon absence à moi était stupide, avec le recule je m’en suis rendu compte. J’aurais eu besoin des personnes comme Ye Won dans ma vie pour remonter la pente. Mais j’ai préféré fuir cette réalité, me cacher derrière des excuses. Est-ce que Yejun en a fait autant ? Je ne sais pas et elle n’a pas l’air plus au courant après cette rencontre. Le choc a dut être terrible pour elle… je me sens mal à l’aise. Car rien de ce que je ferais ou dirais ne pourrait changer ce qu’elle ressent. Ce lien est plus important, encore plus que le nôtre et même si ça me fait mal de le dire, je sais que Yejun doit compter plus que moi dans sa vie. C’est normal n’est-ce pas ? C’est ce que ressente les fratries… c’est du moins ce dont je me persuade alors que mon regard se pose sur elle. Je suis embêté, par ce que je lui dis et ma façon d’être. Je devrais peut-être être plus doux, plus compréhensif envers lui. « Je suis désolé Ye Won, d’être aussi brusque avec toi. » parce-que je m’en rends compte. Je parle sans réfléchir, avec ce que je pense… mais Ye Won n’a pas besoin de ça. Elle n’a pas besoin que je l’engueule parce-que j’ai peur. Peur qu’il ne la blesse et qu’il ne l’entraine vers le fond. « Je veux juste… te protéger… » Et je le fais mal je le sais. Même si elle me remercie, même si quelque part elle penserait que j’ai raison. Il y a cette autre partie d’elle qui sait que j’ai tort. Parce-que un frère ce n’est pas un ami, ce n’est pas un amant non plus… c’est un pilier dans une vie. Et je le sais, car j’ai beau ne pas connaitre le mien, je suis certain qu’il aurait été mon repère le plus précieux. J’essaie de comprendre sa peine, d’être un peu moins direct surement. Je ne veux pas la brusquer et peut-être encore moins la braquer. Et si elle finissait par m’en vouloir ? De l’éloigner de lui ? Je n’ose pas lui dire ces choses-là... car j’ai peur de sa réaction. Serrant un peu plus ses doigts entre les miens « J’aimerais te voir à nouveau heureuse… » Comme avant. Malgré qu’elle fût une femme blessée, elle souriait, elle profitait de la vie sans se poser de questions. L’insouciance surement de son jeune âge… mais j’aimais cette Ye Won là. J’ai peur qu’il gâche tout et la voir plonger encore plus m’effraie. Je ne suis pas certains d’être encore familier avec ses choix de vie. J’ai beau essayé de ne pas y penser, de mettre ça de côté. Parfois il m’arrive de me demander c’est vraiment elle… je n’aime pas la savoir dehors à boire à n’en plus finir, à noyer ses problèmes dans l’alcool ou même la drogue. Ça ne lui ressemble pas et j’ai beau avoir ma part de responsabilité cette vision d’elle m’horrifie. Je suis terrifié à l’idée que personne ne soit assez fort pour l’aider à sortir la tête de l’eau. Qu’elle se laisse couler parce qu’elle n’en peut plus. Parce qu’elle n’a plus la force de se battre… Je laisse ma main trouver sa joue, pour venir caresser doucement sa peau. Des secondes qui s’écoulent à juste l’observer et dépérir sous ce regard triste. Ça me fend le cœur de la voir aussi troublée. Elle a l’air si loin… je retiens un soupir contrarié, collant mon front au sien. Je reste silencieux, quelques instants pour apaiser son cœur. Je sais qu’elle aura besoin de temps… pour digérer tout ce qui lui arrive et prendre des décisions. Me reculant juste un peu, je lui souffle « Approche » pour l’accueillir à nouveau dans mes bras et la coller contre moi. Puis dans un geste mesuré, je retire l’un des anneaux que j’ai à l’une de mes mains pour venir le faire rouler entre mes doigts. « Je l’ai depuis que je suis ado… je l’ai acheté avec Kitae dans une petite boutique quand on était à Busan, avant notre premier concert. » On était jeune à l’époque, j’avais menti à mes parents en disant que j’allais dormir chez lui tout le week-end. Je devais avoir quinze ans peut-être, on n’avait pas d’argent pour s’acheter des billets de trains, alors Kitae avait joué dans la rue pendant des jours pour qu’on puisse y aller. C’était notre premier vrai voyage tous les deux, sur la route de notre destin. Je ne suis pas matérialiste, mais je l’ai toujours porté depuis ce jour. Au fond il représente quelque chose pour moi. Il m’a suivi longtemps, durant ces belles années, à grandir à ses côtés, mon premier concert, mon premier festival,  ma rencontre avec Ye Won, nos disputes… au final, il m’accompagne toujours sans que je ne m’en rende compte. Et je sais ne pas être doué avec les mots, alors je voudrais faire un geste pour elle. Lui montrer que je suis là pour elle. Les gestes valent mieux que les paroles il parait. Alors j’attrape doucement sa main, pour venir lui glisser l’anneau dans sa paume. « Je te le donne… » C’est peut-être un peu idiot. Mais je crois que ça veut dire beaucoup pour moi. « Je pourrais être avec toi, même quand je ne suis pas là… » Un objet pour lui rappeler que je suis à nouveau là, dans sa vie… c’est un peu un symbole. Une manière de lui faire comprendre que plus jamais je ne partirais. « Je serais toujours là… » parce-que je le veux Ye Won. Je veux être celui qui te fait rêver, qui te redonne le sourire… et même si tu finis par me dire non. Même si tu ne peux pas m’offrir ce que j’espère, je resterais auprès de toi.