Encore une fois, Wei ne la croyait pas. Il ne croyait pas qu’elle était là sous ses yeux et maintenant, il ne la croyait pas quand elle lui disait qu’elle savait qu’il n’était pas son ex. Dans un sens, il n’avait pas tort. Elle avait peur de tout ce que cela impliquerait parce qu’elle n’était pas retombée amoureuse depuis Jinsun. Elle était effrayée à l’idée qu’il puisse la briser autant que lui l’avait brisé. Cependant, elle savait qu’il n’était pas lui et qu’il ne le serait jamais. Alors pourquoi son cerveau n’arrivait pas à assimiler l’information et la faisait avancer d’un pas vers lui pour mieux reculer d’une soixantaine. Elle était un paradoxe à elle toute seule et le plus vieux l’avait compris. Sinon, pourquoi appuierait-il où ça faisait mal en lui renvoyant dans la gueule qu’elle était celle qui fuyait. « Je fuis pas… C’est pas ça… Je… » Hojin n’avait aucun argument à donner pour contrer cette affirmation du jeune homme. Il avait raison sur toute la ligne. Elle fuyait parce que c’était plus simple pour elle, parce qu’ainsi, elle ne souffrirait pas plus tard. Cependant, elle souffrait maintenant et le faisait également souffrir. Et ça, ce n’était pas prévu dans le plan.

Tout comme la gifle dont elle le gratifia. Jamais encore elle n’avait levé la main sur quelqu’un et encore moins un homme. Jin ne comprenait pas d’où était venu ce geste, ni même les sentiments qui l’habituait alors qu’elle venait de frapper l’homme qui lui plaisait. Elle s’en voulut instantanément mais laissa de côté tout ça pour l’écouter la traiter elle d’égoïste. Et encore une fois, la vérité la heurta de plein fouet. Il avait raison. Elle n’avait pas le droit de le traiter de la sorte. Elle avait pris pour acquis les choses, pensant sûrement qu’il accepterait son comportement sans broncher. Cependant, il avait raison, elle ne pouvait pas agir de la sorte. Elle poussa un soupir et baissa la tête honteuse. « Désolée. » murmura-t-elle, consciente du fait que sa voix était bien trop faible pour qu’il l’entende, priant pour que ce soit quand même le cas.

« Je suis perdue Wei. » lâcha-t-elle finalement après quelques secondes de silence, le regard toujours dirigé sur ses chaussures. Elle n’osait pas le regarder dans les yeux de peur d’y lire quelque chose qu’elle ne voudrait pas voir. « Si je t’explique… Tu comprendras, pourquoi je suis si effrayée… » Lentement, elle s’approcha de lui et attrapa sa main. Elle avait besoin d’un endroit plus calme que la devanture d’un bar. Elle les éloigna serrant sa main dans la sienne, sûrement trop fort de peur de le voir partir. Hojin trouva un banc sous un arbre et s’y installa, intimant à Wei de faire la même chose en tirant légèrement sur sa main. « Promets moi que tu t’énerveras pas… Et que tu chercheras pas à savoir qui il est… Et surtout que tu resteras avec moi… » Jin osa relever les yeux vers lui, les larmes s’accumulant dans son regard. « J’ai besoin de ça pour tout te dire. T’es la première personne à qui j’en parle de moi-même et qui ne l’a pas découvert par hasard… » Elle renifla légèrement. « Il n’y a que deux personnes au courant… Mon meilleur ami, un ami proche et prochainement toi… » Elle planta son regard sur lui, cherchant dans son regard à être rassurée. « Promets le. »

Cette situation était déchirante, difficile à vivre. Le chinois ne savait que faire de tout ce qui se passait. Comme le fait de lui rappelait qu'elle était celle qui fuyait. C'était probablement petit de part. Mais il ne pouvait faire autrement, parlant juste comme il le ressentait. Wei était bourré tout simplement. Si il avait envie de dire quelque chose, il le disait et ne faisait pas attention aux répercussions que ça pouvait avoir sur les autres. Non absolument pas. Et même quand elle refuta, Wei ne la crut pas une seule seconde. Mais il eut l'intelligence de ne pas répondre de nouveau, leur évitant de rentrer dans un cercle vicieux et sans fin.

Et la suite, il n'aurait jamais pu l'imaginer. En aucun cas il n'aurait pensé que sa joue ne rencontre la main de Hojin. Ni qu'elle ait l'audace de lui en foutre une. L'alcool ne fit qu'un tour, redescendant rapidement, le rendant presque totalement sobre. Et le ton monta rapidement chez lui. Il pouvait accepter beaucoup de chose. Il acceptait beaucoup de chose par ailleurs. Sûrement beaucoup trop pour que ça soit correct. Mais Wei ne pouvait aucunement supporté qu'on joue avec son coeur ainsi. Alors il lui dit, sans barrière, sans tact, ni rien. Si elle pouvait ainsi réfuter ses sentiments, elle n'avait aucunement le droit de jouer avec comme elle le souhaitait. Il la vit baisser la tête et entendit un truc. Mais c'était inaudible pour lui, incapable de comprendre ce qu'elle avait pu dire.

Il ne savait pas quoi répondre à ça. Oui? Non? Très bien? Et alors? Il n'en savait rien Wei. Qu'était la réponse correct pour ça? Elle était perdue et lui alors? Il était quoi? Complètement en train de coûler. Puis il l'écouta, ne sachant pas ou elle voulait en venir. Encore moins quand elle lui prit la main, la broyant doucement par ailleurs. Mais Wei la suivit sans rien dire. Il l'aurait suivi jusqu'au bout du monde s'il le fallait. Il s'assit doucement à côté d'elle, haussant un sourcil en entant ses demandes de promesse. Qu'allait-elle lui annoncer de si affreux? Terrifiant au point qu'elle avait peur qu'il recherche cet homme? Et pourquoi ferait-il ça? "Hojin." commença-t-il d'une voix posée. "Je ne sais pas ou tu veux en venir ni pourquoi tu pleures actuellement." Il la regarda, se retenant de venir caresser sa joue pour la rassurer. "Je ne sais pas si je pourrais tenir ses promesses puisque je n'ai pas l'histoire. Mais je te promets." d'essayer au moins pensa-t-il.

Jamais encore, Hojin n’avait levé la main sur quelqu’un. Jamais elle n’aurait pensé le faire sur l’homme pour qui elle commençait à avoir des sentiments, voire pour qui elle en avait déjà de profonds enfouis dans son cœur et sa tête. Seulement, il ne pouvait pas lui balancer les siens à la gueule et après lui dire qu’il allait disparaitre de sa vie. Ce n’était pas logique et elle n’aimait pas ça. Elle le voulait, plus qu’elle ne le dirait, mais elle n’arrivait pas à abaisser ses barrières. Jinsun lui avait fait trop de mal pour qu’elle puisse laisser entrer Wei sans avoir peur des conséquences. Il avait beau ne pas être son ex, elle ne savait pas ce dont il était capable et ce qu’il pourrait lui faire. Cependant, elle avait vu qu’il était patient, gentil et attentif, mais même avec tous ces éléments, elle fuyait comme il l’avait dit et elle jouait avec lui et son cœur. Ce n’était pas conscient. Elle ne le voulait pas réellement mais c’était plus fort qu’elle. Jin avait besoin d’être rassurée tout le temps, mais elle ne savait pas comment le faire comprendre à Wei.

Et pour cela, elle se devait de lui raconter la vérité. Il avait le droit de savoir. Après tout, elle voudrait très certainement quelque chose avec lui un jour, alors, il fallait qu’elle lui dise. Cependant, Hojin l’emmena plus loin, dans un endroit à l’abri où personne ne pourrait les écouter. Elle avait besoin de calme et il fallait aussi qu’elle rassemble ses esprits. Et le fait de tenir sa main, de l’avoir pris d’elle-même ça l’aidait un peu à contrôler la tornade qui allait s’abattre sur elle et sur Wei. Elle le fit asseoir et lui demanda de promettre de ne pas partir à la recherche de l’homme qui lui avait fait du mal. Elle avait besoin de ça avant de pouvoir lui dire. Heureusement pour elle, le jeune homme se montra patient et posé et elle hocha la tête. La pyo pu lire dans son regard qu’il voulait la réconforter et cela fit naître un léger sourire sur son visage. Tellement léger, qu’il disparut presque aussitôt. « Merci… Tu sais pas ce que ça représente pour moi. » Elle prit une grande inspiration, le regarda dans les yeux quelques secondes, essayant de rassembler les pièces du puzzle avant de commencer à raconter son histoire.

« Je suis sortie avec lui quatre ans. Il a été mon premier amour. L’homme qui a eu mes premières fois, l’homme que j’ai aimé de tout mon cœur. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. J’étais heureuse, très heureuse avec lui. Il était attentionné, gentil, patient et compréhensif. Et puis un jour ça a dérapé. » Hojin se retint de pleurer et essuya rageusement ses larmes avant de reprendre. « Il a commencé à devenir jaloux et possessif. Mais c’était maladif et toxique. Je ne pouvais pas m’habiller comme je le voulais, j’étais suivie à la trace par ses potes ect… C’est devenu un enfer, mais c’était encore gérable. Puis il a commencé à devenir encore plus jaloux et possessif. Il s’est mis à contrôler ma vie de A à Z. De l’heure à laquelle je me levais à l’heure à laquelle je me couchais. Qui je voyais, quand, où, comment. » Elle déglutit tandis qu’elle arrivait à la partie la plus difficile de l’histoire. « Et un jour, il m’a vu dans les bras de mon meilleur ami. Il n’y avait rien entre nous. C’était juste un câlin amical parce que j’avais réussi mes examens et qu’il était heureux pour moi. Il a vu rouge et m’a empoigné le bras et on est rentré. J’ai pas eu mal, je ressens pas la douleur. Mais arrivé à la maison, c’est pas la douleur physique qui m’a détruite… C’est celle mentale. » Elle se retint une nouvelle fois de pleurer, reprenant une grande inspiration. « Il a commencé à me frapper. Ce fut la première fois mais pas la dernière. j’ai passé trois ans dans cet enfer, pensant naïvement qu’à chaque fois qu’il s’excusait, ça irait mieux. Mais il recommençait encore et encore… » Elle remonta sa jupe pour lui montrer la cicatrice qu’il pouvait deviner sous le tatouage. « Ce fut la dernière fois qu’il me toucha. J’ai fini la cuisse ouverte à cause de la table basse en verre. Je l’ai quitté juste après… Mais il est encore là, dans ma tête… Je le vois quand je dors… Je fais des cauchemars. » Et Hojin craqua, se mettant à pleurer à chaudes larmes, tremblant de tout son corps en se remémorant le calvaire qu’elle avait vécu. Elle avait cependant, omis de parler de certains détails, préférant le faire un autre jour.

Wei ne comprenait plus rien. Il était perdu. Tout simplement. Tout allait trop vite et tout partait dans des sens qu'il ne pouvait suivre. Le jeune homme avait pas mal décuvé par rapport au début. Encore quelques minutes et il était complètement sobre. Rendant la situation sûrement plus douloureuse pour lui. Et Hojin, il ne savait pas ce qu'elle pensait. Elle jouait le chaud et le froid sans arrêt, ne lui laissant aucunement la chance de savoir si il pouvait espérer quelque chose avec elle. Réellement. Tout était flou dans sa tête. Et le brouillard ne semblait pas vouloir partir.

Alors il la suivit. Il l'aurait suivi de partout de toute façon, il le savait. Il aurait fait n'importe quoi pour elle. Il était un vendu pour Hojin. Et il n'en avait aucunement honte. Il l'écouta et lui donna cette promesse qu'il savait qu'il allait regretter.
Alors il l'écouta. Sans parler, sans bouger, sans réagir. Peut-être que la seule chose qui trahissait ses émotions était sa mâchoire contractée et ses phalanges blanchissantes dû à ses poings. C'était les seuls choses qui montraient qu'il était dans un état de pur rage. Il posa son regard sur sa cuisse. Et cette cicatrice. Il ferma les yeux, plaçant son visage dans ses mains pour se cacher et essayer de se calmer. Il fit craquer sa nuque. "J'ai envie de le tuer." dit-il simplement. C'était la vérité à l'état pur. Pas de chichi ni rien. Il avait juste envie de le buter. Cet ordure. Qui ne devrait pas exister sur terre. Qui ne devrait tout simplement pas être la en faites. Pourquoi était-il là? "Je suis désolé Hojin. Que tu aies du vivre ça. Que je te fasse penser à lui. Que tu penses à tout ça tout simplement." N'était-il pas un sombre égoïste à l'aimer ainsi alors qu'elle n'était clairement pas prête? Comment pouvait-il lui faire ça?

Le jeune homme tourna finalement la tête vers elle. "Je suis désolé Hojin. Vraiment. De t'aimer et de t'infliger ça. Je n'aurais pas dû. Mais je ne peux pas perdre mes sentiments ainsi et je ne veux pas...que tu me fuis.." Il ne savait pas ce que la demoiselle voulait. Mais si elle ne voulait plus de lui dans sa vie. Il comprendrait. Réellement. "Si jamais tu le vois...n'hésite pas à m'appeler Hojin, j'arriverais en courant. Mais je ne le toucherais pas. Je te l'ai promis."

Lui raconter tout ça lui demandait du courage, beaucoup de courage, plus qu’il ne pouvait imaginer. Parce qu’elle n’était pas sûre qu’il reste et qu’il ne prenne pas la fuite. Elle ne savait pas non plus comment il allait réagir, comment il allait la voir après tout ça. Hojin était effrayée à l’idée qu’il puisse ne plus vouloir d’elle parce que Jinsun l’avait brisé en mille morceaux, incapable de se reconstruire toute seule. Wei lui avait promis, mais qu’est-ce que ça valait s’il décidait une fois qu’il savait tout de partir ? Elle se retrouverait seule et une fois de plus brisée. Pourtant, elle prit une grande inspiration, racontant son histoire passée avec son ex petit ami, omettant les détails les plus sordides. Les humiliations et les quelques rapports forcés furent réduits au silence. Peut-être qu’un jour elle aurait le courage de lui en parler s’il ne prenait pas la fuite après tout ce qu’elle lui disait. Bien que consciente de son propre état, Hojin faisait aussi attention à celui de Wei. Au fur et à mesure de son discours, elle le voyait se crisper de plus en plus, les jointures de ses doigts devenir blanches et sa mâchoire se crisper. Elle continua cependant à lui dire ce qu’elle avait vécu, jusqu’à ce qu’elle lui montre la cicatrice qu’elle avait sur la cuisse, témoin de la dernière fois où il avait posé sa main sur elle.

A la fin de son récit, Jin éclata en sanglots. Elle ne put les retenir plus longtemps. Elle avait besoin d’évacuer tout ce qu’elle avait ressentit en lui parlant de tout ça. Elle entendit sa nuque craquer et le vit à travers ses larmes essayer de se calmer. Ses mots la firent sursauter de surprise. Elle n’avait pas peur, pas de Wei. « Non… Il faut pas… Il est dangereux. » Plus que tu ne le crois et penses Wei. Jinsun était un gangster, il n’hésiterait pas à le tuer une seule seconde comme il n’avait pas hésité à la frapper. Hojin écouta le chinois reprendre la parole et secoua vigoureusement la tête en essuyant maladroitement ses larmes. « Tu ne me fais pas penser à lui Wei. Jamais. » Et c’était vrai, parce qu’il n’était pas lui et qu’il ne le deviendrait jamais.

Encore une fois, il parla et elle hocha à la tête à ses mots. Elle savait et comprenait qu’il ne pouvait pas reprendre ses sentiments, qu’ils étaient là et elle en était heureuse dans son sens qu’il les ait. Cependant, elle n’était pas encore prête à les accepter. « Je ne veux pas te fuir… C’est juste plus fort que moi… Je suis effrayée à l’idée de t’ouvrir mon cœur et que tu me brises encore plus. Je suis complètement en pièces Wei. Il faudra du temps pour recoller les morceaux… T’es vraiment prêt à attendre et le faire ? » Si c’était le cas, Hojin ferait des efforts pour ne pas le fuir à nouveau et même s’approcher de lui un peu plus. « Je le ferai alors… Je te fais confiance. » Une manière à elle de lui dire qu’elle lui abaissait petit à petit ses barrières. Le regardant, les yeux encore embués, elle posa délicatement sa main sur la joue qu’elle avait giflé. « Je suis désolée… J’aurais pas du… »