Elle a beau se détester d’envenimer la situation une fois de plus, c’est plus fort qu’elle. Elle a besoin de faire ressortir sa colère, de n’importe quelle manière. Elle a besoin de lui montrer à quel point tout est allé trop loin, à quel point elle aimerait le détester. Même si au fond d’elle, elle n’y arrive toujours pas. Bien sûr qu’elle ne supporte plus ce qu’ils sont devenus, ces disputes, ces mots qu’ils osent se cracher en plein visage. Mais Il Kyang… Qu’importe ce qu’elle essaiera de dire ou de faire pour le haïr comme elle le devrait, une part d’elle l’aimera toujours, et clamera à chaque fois qu’il a eu cette place si particulière, que personne ne pourra jamais lui enlever. Elle le déteste de l’aimer encore autant, et c’est sûrement ça le plus difficile à encaisser. Une main qui passe sur son visage, alors que la peine prend peu à peu toute la place au fond d’elle. « Tu sais quel est ton problème ? T’en as rien à foutre de ce que les autres peuvent ressentir. Jamais, à un seul instant, tu t’es mis à ma place ! » Celle de l’abandonnée, qui a perdu toute confiance en elle et aux autres pendant trop longtemps. Celle qui a sombré, attendant que celui qu’elle a trop souvent considéré comme son prince ne vienne la sauver une nouvelle fois. Mais si elle avait su comment tout ça allait se terminer, jamais elle n’aurait espéré autant de temps. « Je t’étouffe ? Mais tu crois que ça me fait plaisir d’avoir à te croiser tout le temps ? A devoir supporter que tu sois tout le temps à côté ? D’avoir à chaque fois quelqu’un qui vient me raconter quelle connerie t’as encore fait ? J’en peux plus de te voir ! » Elle ne supporte plus de sentir son coeur saigner à chaque fois que leurs regards se croisent, de sentir ces plaies dans son coeur se rouvrir à chaque fois qu’elle sent son parfum dans une pièce. Une torture que devoir le vivre encore et encore, alors qu’elle se doit de passer à autre chose. « Mais t’en fais pas, bientôt t’auras plus à supporter ma présence ! » Bientôt, elle partira, quittera ce dortoir pour se donner toutes les chances de tourner la page. Cette vérité qu’elle s’apprêtait à lui annoncer, qu’elle n’a plus eu le courage de lui annoncer. « Et t’en fais pas pour Ji Ho, lui au moins a l’esprit assez clair pour savoir ce qu’il fait. J’espère qu’un jour ta blondasse te brisera autant le coeur que tu l’as fait avec moi, histoire que tu comprennes ce que ça fait. » A ces quelques mots, elle tente déjà de s’enfuir, détourne finalement le regard. Elle n’en pense pas un mot, encore une fois. Elle a beau être au plus bas, elle espère qu’il n’aura jamais à vivre ce qu’elle vit actuellement. Elle ne le souhaiterait à personne tant ça fait mal, tant ça détruit une vie. Elle est au bord du gouffre et se raccroche désespérément à ce qu’on peut lui tendre, elle continue de glisser vers ces abysses sans trouver la force nécessaire pour attraper la main qu’on lui tend. Et au fond d’elle, elle espère que personne n’ait à subir tout ça.

Je l’aime putain ! Ça me tue pourquoi est-ce qu’on se déchire autant ? Je n’arrive plus à comprendre, comment nous avons fait pour passer de presque bien à tellement horrible. Je n’en peux plus. Ses mots m’achèvent un peu plus à chaque seconde. Et je sais oh combien elle a raison. Tout est arrivé par ma faute mais quoi faire ? J’ai merdé ! Putain oui je sais que j’ai merdé Ye Won. Je n’avais pas voulu ça. Toutes ces choses, la drogue, Sawan… Ji Won… pfff je les enchaine et je le sais. Mais ce n’était jamais contre toi. C’est trop tard, je suis allée trop loin. Plus jamais elle ne me pardonnera et encore moins avec tout ce que je lui dis. Ces mensonges, ces histoires pour qu’elle s’éloigne. Peut-être qu’au fond c’est ce que je veux. Qu’elle s’en aille ! Fasse sa vie de son côté… nous en sommes arrivés là. A cette croisée de chemin, où chacun doit prendre le sien. Et ça me tord l’estomac, ça me file la gerbe de l’imaginer s’éloigner. Putain pourquoi est-ce que je l’ai faite revenir dans ma vie ? Notre séparation est encore plus douloureuse maintenant. Parce-que je sais… que je suis fou amoureux. Et ça me bouffe ! Bien sûr que je me suis mis à sa place mais qu’est-ce que ça changeais ? Le mal était fait quoiqu’il arrive. Je grimace en l’écoutant, pas sur de la portée de ses mots. Oui je n’aurais plus à la supporter parce qu’on prendra chacun nos routes. Je suis excédé. Sawan et moi ce n’est rien. Jamais nous ne serons un couple, mais je suis fatigué de devoir me justifier. Alors qu’elle y croit, qu’elle et moi nous serons heureux si ça peut l’aider à… avancer. Parce-que j’en arrive là… à vouloir son bonheur avec un autre peut-être. Même si cette idée me dégoute ! Et elle me fuit, avec raison. Nous allons toujours trop loin. Nous blessons toujours plus l’autre. Et je suis écœuré. Je ne nous reconnais plus. Je n’aime pas ce que nous sommes. « Très bien ! Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ton Ji Ho. » Je n’ai plus rien à lui dire. Agacé, éreinté par cet échange je m’en vais. Je prends une pause loin d’elle mais surtout d’eux. Je n’en peux plus de ces disputes. De cette haine qu’on se déverse tout le temps. J’ai besoin de souffler, d’avancer aussi à mon tour. Même si j’ai du mal à me faire à l’idée. Et d’une curiosité mal placée je les observe de loin. Voit Ji Ho arriver vers elle et la prendre dans ses bras. Je le hais ! Vraiment. C’est moi qui devrais avoir cette place. C’est moi qui devrait la faire sourire, la réconforter… il ne la connait pas et il ne la connaitra jamais autant que moi. Je suis épuisé par tout ça. Finalement je me demande ce que je fous là. Je n’ai plus envie de rester. Alors je vais trouver un autre pyo, celui du stand à côté du mien. Et je lui demande de gérer la parcelle que j’occupe. Je n’ai pas grand-chose au fond. Alors ça n’est pas un inconvénient. Et pendant que je récupère mes affaires « Il est à combien ? » une fille avec RED entre les mains. Je fronce les sourcils avant de lui aboyer dessus « Il est pas à vendre ! » « Mais il… » « J’ai changé d’avis. » Et je lui arrache des mains, avant de partir d’ici. Je suis un con voilà ce que je suis. Pas si prêt que ça à tourner la page.
 

Usée de toutes ces disputes, usée par les embûches qu’elle enchaîne, les cris et les larmes qui continuent inlassablement de rythmer ce semblant de relation qu’il leur reste. Il Kyang et elle ne deviennent que deux parfaits étrangers que tout oppose, deux personnes qui se détestent assez pour ne plus réussir à communiquer correctement. Elle aurait tant voulu que les choses se fassent autrement. Qu’elle retrouve celui qui avait changé sa vie, l’avait rendue meilleure. Maintenant, il est celui qui détruit tout sur son passage, qui a même réussi à réduire en cendres les fondations mêmes de ce qu’elle est. Tout est réduit à néant, et elle ne sait plus ce qu’elle doit faire. Par ou doit-elle commencer pour se reconstruire entièrement, sans lui cette fois. Le chemin sera long, elle aura besoin d’aide, mais elle ne sait même plus à qui elle peut encore se raccrocher pour ne plus sombrer. Elle n’a plus aucune confiance, perd pied une fois de plus. Ce monde est devenu trop sombre pour elle, plus encore face à ces derniers mots qu’il ose lui adresser. « T’en fais pas, il saura me rendre bien plus heureuse que toi ! » Un autre pic, un autre mensonge qu’elle lance à la volée. Tout ça ne sert plus à rien pourtant, mais c’est plus fort qu’elle. Elle voudrait le blesser autant qu’il a pu la faire souffrir, elle veut le haïr au point de pouvoir l’oublier en un claquement de doigts. Mais ça n’arrivera pas, pas encore. Qu’importe la force qu’elle pourrait y mettre, cela semble encore impossible. Alors elle s’éloigne, part retrouver Ji Ho. La boule au ventre, les yeux humides, elle part trouver du réconfort dans ses bras, même si elle ne le trouvera pas, pas entièrement. Aujourd’hui encore, elle se laissera bercer par ces belles paroles sans y croire, sans y voir de lumière prendre vie au bout du chemin. Et demain, elle fera comme si rien ne s’était passé, alors que la douleur continuera de marteler son coeur pour lui rappeler une fois de plus qu’elle a perdu le seul qu’elle aurait pu autant aimer. Elle en pleurera une fois qu’elle se retrouvera seule dans son lit le soir, incapable de trouver le sommeil. Et elle continuera d’espérer que ça s’arrêtera, un jour. Qu’un matin, elle pourra se lever et ne plus penser à lui, à ces épreuves qu’elle a du surmonter. Que ce jour-là, le soleil lui semblera plus brillant, les sourires plus sincères. Dieu qu’elle aimerait que ce jour arrive, mais même ça, elle n’y croit plus.