Quelque part, Ye Won était rassurée de pouvoir quitter cet endroit. Elle avait toujours détesté les hôpitaux, mais c’était pire encore après ce qu’elle venait de vivre, ce qu’elle avait osé faire, et les répercussions que ce geste commençait à avoir. Un soupire, alors qu’elle repensait encore à ces mots, qu’Il Kyang avait eu à son égard. Ca faisait bien longtemps qu’elle avait abandonné l’idée qu’il lui offre au moins ça, dans cette relation chaotique qu’ils avaient pu avoir. Elle ne savait pas si elle devait y croire ou non, ce qu’elle devait en penser. Elle était encore trop affaiblie pour ça, son esprit trop embrouillé. Alors, elle s’était concentré sur ses gestes, pour se changer, enfiler ses vêtements. Les infirmiers l’avaient installée dans une chaise roulante, avant de lui faire signer une autorisation de sortie. Pendant le trajet jusqu’à chez Ye Jun, elle était restée silencieuse, observant les rues de la capitale se dessiner devant elle. Une part d’elle était nerveuse, mais elle n’avait plus aucune force, pour se battre contre quoi que ce soit. Elle ne ressemblait qu’à une âme en peine, qui se laissait guider, incapable de savoir ce qui serait désormais bon pour elle. Et c’était tout autant le cas, quand, pour la première fois, elle découvrait l’appartement de son frère. Elle observait simplement autour d’elle, sans porter attention aux détails, et s’était directement dirigée vers le canapé, dans lequel elle se laissait tomber lourdement. « Non, t’inquiètes pas… » avait-elle simplement murmuré, tendant la main vers lui. Un moyen de lui demander de simplement venir à côté d’elle, sans se soucier du désordre qu’il avait pu laisser chez lui. Tout ce qu’elle voulait, c’était se blottir contre lui, avoir des bras rassurants qui lui offriraient un peu de réconfort. « Parle moi de ton voisin… Ou de n’importe quoi… » une supplique, le besoin grandissant de laisser Il Kyang derrière elle, qu’on l’aide à ne plus penser à lui. Elle avait besoin qu’on l’aide pour ça, mais sur ce point, elle était incapable de le demander explicitement. Reniflant, elle gardait son regard posé sur son frère, ses yeux suppliant de simplement rester avec elle, au moins pour ce soir. Il fallait que que quelqu'un soit à son chevet, elle le savait, le sentait. C'était nécessaire si elle ne voulait pas se sentir sombrer davantage encore. Et à cet instant, qu’importe ou elle aurait pu se trouver, il n’y avait qu’à lui qu’elle pouvait le demander.
1, 2i need you - junwon
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Elle ne faisait pas attention au bordel qui pouvait se trouver dans l’appartement, le découvrait simplement. Surtout, elle n’aurait jamais pensé découvrir cet endroit de cette manière. Elle aurait sûrement pris plus de temps pour visiter, observer la décoration qu’il avait choisi, si elle n’était pas dans un tel état. Mais tout ce dont elle avait besoin à cet instant, c’était qu’on soit près d’elle. Qu’on lui donne un peu d’affection, celle dont elle avait cruellement manqué ces dernières années. Ca faisait bien trop longtemps qu’elle se sentait seule, sans vouloir se l’avouer totalement. Ca faisait une éternité qu’elle pensait ne plus jamais pouvoir profiter de la douceur dont savait faire preuve son frère, et ce soir, c’était tout ce qui lui fallait. Être dorlotée par son frère, celui qui pendant longtemps, était celui qu’elle considérait être l’homme de sa vie. Mais après ces années de silence, les choses avaient changé, et elle n’était pas sûre que tout puisse redevenir comme avant. Pourtant, à cet instant, elle n’y pensait pas. Elle préférait se concentrer sur ce qu’il lui disait, l’écoutait simplement. « Tu penses que tu vas le revoir ? » demandait-elle, alors qu’elle semblait avoir l’esprit ailleurs. Pourtant, elle se concentrait, comme elle pouvait. Un moyen de faire abstraction du reste, de ce qui l’avait poussée à en arriver à cette overdose. Elle n’était pas prête pour en parler, pas encore. Tout était trop frais, trop douloureux encore. Alors, elle préférait se perdre dans des histoires que Ye Jun pourrait lui raconter. Ecouter les aventures des autres pour oublier les épreuves qu’elle avait traversé, et celles qui allaient suivre. « Comment t’es devenu tatoueur … ? » osait-elle demander. Peut-être qu’elle était faible, fragilisée par ces quelques jours d’hôpital, mais c’était peut-être aussi un signe. Avoir son frère près d’elle, venir ici, c’était peut-être un signe qu’il fallait qu’elle laisse ses rancunes de côté. Qu’elle découvre, plus calmement, ce qu’il était devenu. Sans parler de ces années d’absence. Sans avoir à ressasser le passé. Mais simplement à se redécouvrir, finalement. A voir ce qu’il était devenu, et ce qu’il pourrait devenir pour elle, dans les prochaines semaines.
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Peut-être avait-elle passé trop de temps à détester le monde, les autres. Que ces disparitions soudaines dans sa vie l’avaient bien plus affaiblie qu’elle n’ai voulu le croire. Rien ne la prédestinait à en arriver là. Pourtant, ça avait fini par arriver. Le poids sur ses épaules était devenu trop lourd à porter. La haine qu’elle essayait encore de ressentir envers son frère, son premier amour, avaient eu raison d’elle. Ce sentiment l’avait détruite à petit feu, pendant toutes ces années. Il était certainement temps pour elle de s’en défaire, de voir autre chose, d’autres aspects de cette vie qu’elle n’arrivait plus à maîtriser. Mais elle ne savait pas encore réellement comment faire. Perdue, désabusée, elle n’était qu’une ombre que son frère tout juste retrouvé trimballait avec lui. Elle n’aurait su faire autrement à cet instant, arrivait tout juste à se détendre face aux gestes qu’il pouvait avoir à son égard. Pour autant, elle l’écoutait, attentive, même si elle avait plutôt l’air ailleurs, dans un autre monde ou la souffrance était encore bien trop présente. « J’suis pas une priorité… » avait-elle soufflé. Elle ne disait pas ça méchamment, mais parce qu’elle peinait à y croire. Elle avait trop souffert ces dernières années pour penser qu’elle pouvait l’être pour quelqu’un. Ses parents n’étaient pas présents pour elle, pire encore, ils ne faisaient que l’enfoncer. Les quelques amis qu’elle pensait avoir avaient tout juste daigné lui envoyer un message. Cette solitude la bouffait encore. Et les mots de Ye Jun faisaient écho à certaines douleurs qui restaient tout autant ancrées en elle. Le simple fait de ne pouvoir faire aucun choix pour son futur, réduite aux choix qu’on pourrait faire pour elle. « Je sais exactement ce que ça fait. » qu’elle répondait sobrement, tournant la tête. Ses lèvres qu’elle pinçait, elle repensait à ces études imposées, à cet avenir qui lui semblait trop terne. Ses yeux s’embuaient lentement à entendre ce prénom. Celui de l’homme qu’elle continuait d’aimer, bien malgré elle. Celui qui avait fini par devenir son bourreau. Celui qui, certainement, l’avait le plus fait souffrir. « J’ai pas envie de parler de lui. » pas envie de parler de tout ce qui l’a poussée vers ce geste désespéré. Même s’il le faudra bien à un moment donné. « Ce que tu veux. » qu’elle ajoutait à sa dernière question, retenant un sanglot. Elle voulait simplement oublier le temps d’un instant, tout ce qui composait sa vie. Mettre de côté sa rengaine. Mais tout ça semblait encore si difficile à ses yeux.
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Il était fou de se dire qu’un simple prénom pouvait encore la faire faiblir. Mais à ses yeux, et pendant longtemps, Ye Jun et Il Kyang étaient les deux hommes de sa vie. Encore aujourd’hui, elle aurait voulu y croire. Elle aurait voulu que tout se passe autrement. Au lieu de ça, sa propre vie semblait lui échapper, filer entre ses doigts. Provocant un peu plus de souffrance à chaque fois. Au final, elle commençait à se rendre compte qu’elle touchait le fond, qu’il allait falloir remonter la pente. Elle s’en sentait incapable, si peu de temps après ce geste. Pensait qu’elle était arrivée à un point de non retour, ou il lui serait désormais impossible de retrouver cette force qu’elle pouvait avoir, avant. Alors quelque part, elle avait envie de se raccrocher à son frère. Le seul qu’elle avait accepté de voir. Le seul qu’elle avait demandé, même après leurs échanges houleux. Il n’était plus question de rage, de rancoeurs à cet instant. Mais d’un amour fraternel dont elle avait cruellement besoin. Qui lui avait bien trop manqué ces dernières années. Et peut-être que ça lui ferait du bien, même s’il lui était encore difficile de voir quoi que ce soit de positif. Encore trop fragile, elle avait laissé Ye Jun s’occuper de tout. Du repas qu’ils allaient partager, jusqu’à cette cabane de draps qu’il avait construit pour elle. Comme lorsqu’ils étaient enfants. De vieux souvenirs qui remontaient à la surface, mais qui n’enlevaient pas ce poids dans son coeur. Et tout ce qu’elle avait réussi à faire finalement, c’était de se laisser bercer dans les bras de son frère. Lui qui avait tant compté. Lui qui lui avait tant manqué. Elle le retrouvait, quelque part. Même si rien n’était encore parfait. Même si la route allait être encore longue, pour retrouver l’essence même de ce qu’ils étaient.