Je croyais sincèrement avoir vécu des épreuves beaucoup plus difficiles que celle-ci… mais assister aux larmes de ma princesse qui inondent ses joues, rougis ses beaux yeux… Il y a rien de plus cruel au monde ! Le pire ? Etre en partie responsable. Je connaissais le passé de ma frangine de cœur. Cet épisode avait dû faire écho à la douloureuse perte qu’elle avait subi. On ne pense pas forcément aux autres quand on plonge dans les ténèbres. On voit uniquement sa souffrance, son nombril. On oublie les personnes qui nous entourent. Une grosse erreur parce que ces êtres oubliés souffrent. Je me rends compte que Mok avait réellement peur de me perdre maintenant. La jeune femme exprimait clairement sa détresse, je ne savais pas comment gérer cet afflux. Je me sens honteux parce que je me suis pas soucié de son ressenti, ni de ce que cela pourrait réveiller en elle. Un gamin que l’on sermonne. Je me comporte alors comme d’habitude en faisant le clown. Je souhaitais voir naitre sur son beau visage un sourire mais ce dernier ne paraissait pas vouloir pointer le bout de son nez. ARGH ! Je trouverai bien une solution pour ramener la joie dans son existence. Mok se tourna vers moi, caressa ma joue. Un geste que je ne recevais plus de ma mère alors mon cœur se serra. Pourquoi faisait-elle ça ? Des larmes brouillèrent ma vue. Je dus me mordre la joue pour ne pas pleurer. Je voulais tellement que ma maman me câline, me dise que tout irait bien, que je suis un homme fort, qu’elle sera toujours là… Pourquoi ne pouvait-elle pas être là pour moi ? Pourquoi je devais juste compter sur mes amis pour recevoir cette affection qui me manquait tant ? J’esquissais un sourire timide pendant que ma princesse laissait échapper des informations sur l’origine de sa souffrance. Jamais je ne pourrais comprendre réellement ce qu’elle ressentait. Je caressais ses cheveux avant de prendre son visage en coupe. « Désolé ma princesse… je ne souhaitais pas te faire peur… ni réveiller de vieux souvenirs… j’étais plongé dans mes soucis… » Je la serrai contre moi. « Tu me perdras pas… je compte bien hanter tes pas toute ta vie… Il y a de fortes chances que tu finisses par en avoir marre de moi… » Je la laisse respirer non sans avoir embrassé son front. « Je crois même que tu n’auras pas plus de vie sentimentale tellement je te collerai. » Je me marre parce que mon copain allait aussi ronchonner si je passais mon temps dans les pattes de ma sœur. « Regarde… ma connerie va me mener tout droit dans les fantasmes des filles, et des garçons. Comme j’ai grave déconné dans mes études, on m’a mis à pied pendant quelques semaines avec la nécessité de choisir une nouvelle filière. Je suis suivi par un conseiller qui s’assure de mon sérieux. Limite je dois l’appeler pour aller faire pipi pendant les cours. » Je souris. « Je vais devenir médecin… Ils m’ont sauvé la vie, je voudrais rendre ça à d’autres personnes. Je serai sexy en blouse blanche, non ? »

Elle avait peur, de le perdre, de vivre une vie sans lui. Il ne réalisait pas, il ne comprenait pas, mais comment pourrait-il ? Elle ne lui parlait pas, elle ne lui parlait plus. Cette peur panique la tiraillait. Il était son plus vieil ami, celui sur qui elle s’était longuement reposé, celui qui l’avait tenu à bout de bras quand la vie lui faisait faux bon. Il l’avait soutenu à chaque épreuve de sa vie. Sa peine de cœur, l’accident, la mort de ses parents, sa rééducation. Tout. Elle avait été là, mais se sentait aussi mauvaise amie qu’elle pouvait l’aimer. Une dualité qu’elle peinait à contrôler. Elle lui en voulait, tellement, terriblement, mais elle l’aimait si fort, qu’elle culpabilisait de ne pas l’avoir aidé avant, de ne pas l’avoir compris, ni vu. Il s’était détruit et elle … elle n’avait fait que s’apitoyer sur son sort. Encore aujourd’hui, elle ne voyait que ce qu’elle ressentait. Et lui alors ? Sa douleur ? Sa vie, qu’est-ce qu’elle devait faire ? elle pleure longuement contre lui et la façon qu’il a de la serrer contre lui, lui rappelle combien elle n’est pas seule. Qu’il tient à elle, assez pour reprendre sa vie en main. Elle se sent juste fatiguée, épuisée, sans vie. Elle s’accroche à lui, sait qu’elle devrait prendre exemple sur lui, sa force de caractère l’éblouie, la rend fière de lui, mais elle ne se sent pas à la hauteur. Elle se cramponne à lui et relève le visage vers lui, l’écoute, impressionnée de voir qu’il se reprend aussi bien. Il se prépare un avenir, un futur dans lequel elle ne se voit pas grandir. Elle ne vit que le moment présent, non à vrai dire elle ne vit que dans le passé. Un passé qui la hante, qui la broie. Un passé du quel elle peine à sortir. Elle se redresse assez pour venir nouer ses bras autour de sa nuque et murmure « Je suis fière de toi Young Min … » gémit-elle tout bas. « Je t’aime. » des mots qu’elle n’avait pas prononcé depuis tant de temps, d’année, de mois. Elle avait fait taire ses sentiments parce qu’ils étaient trop douloureux. Aimer l’effrayait. Elle aimait, elle perdait. Elle avait aimé si fort de rare personnes qui aujourd’hui avait disparu de sa vie. Il ne lui restait qu’une maigre poigné d’amour, d’amis. Que ferait-elle quand ils seront tous disparu ? Elle calme ses pleures même si tristesse et sa détresse elles ne tarissent pas. Elle cherche son souffle et se détache de lui finalement en croisant son regard. Lui aussi a les larmes aux yeux. Elle caresse sa joue tendrement et renifle piteusement « Je ne voulais pas te hurler dessus … » avoue-t-elle comme une enfant en faute et ajoute d’une petite voix « Tu es fort Young Min … tout ira bien pour toi … tu le sais, pas vrai ? Que ça ira … » ça ira oui, parce qu’il avait cette force qu’elle lui trouvait si belle. Il s’en sortirait dans la vie, elle ne doutait pas de lui, tout irait bien même s’il devra se battre pour ça … se battre.