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YEO RAON & CHOI JI YOOL
Cette chaise ne m’a jamais paru aussi inconfortable qu’à l’instant où l’homme au téléphone évoque les étudiants boursiers, nous pauvres jeunes insignifiants sans intérêt pour cette université de riches, de façon totalement irrespectueuse. Ce n’est pas l’envie qui me manque d’arracher le téléphone des mains du chargé d’administration pour exposer au responsable financier mon avis sur sa personne en live, mais je sais que ce ne serait pas aidé à faire avancer les choses. Au contraire, l’égo de l’homme risque très fortement d’en prendre un coup et dieu sait combien certains peuvent se braquer quand on touche à leur égo. Je suis à peu près convaincue que le responsable financier fait parti de ce groupe d’idiots. Alors je me contente de rager dans mon coin, laissant la chargé d’administration régler la situation. Après tout, il est quand même bien plus coopératif que les autres, peu importe combien il peut m’agacer, je ne peux pas lui enlever ça. Je me retiens même de sourire quand il continue la conversation sur une note passive-agressive qui a l’air de fonctionner à merveille. D’ailleurs, l’idée de faire passer les repas des boursiers sur la note de la cafétéria me plait bien. Ce serait ça de moins à compter dans les frais du mois, mais si déjà, ils nous donnent notre bourse, ce sera bien. Écoutant Raon continuer sur sa lancée, j’hausse un sourcil quand il aborde la possibilité d’utiliser le monde de l’édition dans lequel j’ai les pieds pour faire bouger les choses. Je n’avais même pas pensé à cela, il faut dire que la rédaction d’articles à scandale ce n’est pas vraiment mon truc. Mais je suppose que je peux y réfléchir si cela peut réveiller le service financier. Si Nunchi peut servir la bonne cause alors pourquoi pas. La menace suffit à faire capituler l’homme au bout du fil, qui raccroche rapidement après avoir annoncé chercher du renfort pour trouver le problème. Un sourire satisfait s’installe sur mes lèvres et je soupire, soulagée que cet appel ait porté ses fruits. « Et donc, il y a que les menaces qui marchent dans cette université, c’est bon à savoir. » je remarque en roulant des yeux. Puis mes yeux retrouvent ceux du chargé d’administration, me disant que finalement il aura été utile, même si cela a bien traîné au début. « Merci… Je suppose. » je dis avant de détourner les yeux et de me mordre la lèvre. Un peu rancunière quand même, je l’avoue, sur son manque de réactivité initial. Mais au moins, il a le mérite d’avoir fini par agir contrairement à d’autres. Puis je me détends dans la chaise. « Je sais qui je dois venir voir la prochaine fois que j’ai un souci. » je déclare un sourire en coin, sachant pertinemment que l’idée lui plaira autant qu’à moi, c’est-à-dire pas du tout. « Monsieur Yeo, je vous déclare employé le plus efficace de cette université. Félicitations. » le ton mielleux de retour, accompagné d'un sourire trop beau pour être vrai.

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Tenue + Honnêtement, Raon n’était pas peu fier de s’en sortir une nouvelle fois. Il avait toujours su qu’il était doué pour utiliser les mots et il le prouvait une nouvelle fois. Son bagou le sauvant d’une étudiante en colère qui aurait probablement fait un sitting dans son bureau si la situation n’avait pas évolué au moins un minimum. Il était, malgré tout, un peu fâché aussi, non pas après elle, mais du fait qu’il ait été obligé d’utiliser ce ton avec un collègue et surtout du dédain de ce dernier vis-à-vis de la situation des étudiants. Cela venait sans doute du fait que ses sœurs étaient étudiantes elles-mêmes. S’il n’avait pas été là pour se débattre et payer les nécessités en plus d’utiliser l’argent laissé par leurs parents, et bien elles seraient dans la même situation que Ji Yool, à devoir se battre pour avoir de quoi vivre décemment. Alors oui, c’était une double victoire ce coup de téléphone, sur son abruti de collègue et sur l’impétueuse étudiante qui ne l’aurait pas lâché si rien n’avait changé. Plutôt fier de lui, comme en témoignait son sourire en coin on ne peut plus satisfait, il regarda la jeune femme en face de lui. Et il fût soulagé de voir qu’elle affichait une expression à peu près similaire. « L’ai-je réellement menacé ? » N’était-ce pas la vérité ? « De ce que je sais, cela pourrait être une possibilité envisageable non ? Ce genre de parutions... » Il se redressa sur son siège, hochant la tête aux remerciements de l’étudiante, il n’avait fait que son travail après tout, peut-être aurait-il dû le faire plus tôt, mais mieux valait tard que jamais. Il regarda Ji Yool les yeux légèrement ronds, avant de rire franchement à ce qu’elle venait de dire, la tête légèrement rejetée en arrière. Lorsqu’enfin il se calma, il regarda l'étudiante. « Vous pourriez redire ça et je vous enregistre. Que je l’écoute quand j’ai besoin de rire ou de me remonter le moral ! » Et aussi parce que personne ne voulait le croire quand il disait qu’il était compétent. Il leva l’index comme s’il s’apprêtait à lui dire quelque chose de très important. « Et vous savez quoi ? Je suis encore plus efficace si vous m’amenez des cafés ! » Il eut un petit sourire avant de se mettre à rire. Il se rassit plus confortablement dans son siège, sa posture droite oubliée, il était bien installé, une jambe croisée sur l’autre. « Parlez-moi un peu plus en détail de ce que vous faites avec Nun... Nun... Nunpit ? » Il n’était pas très certain du nom, sa mémoire là-dessus n’était pas des plus efficaces. « Enfin, votre travail, le but et les projets que vous avez dans l’édition. » Parce qu’il savait qu’elle avait un rôle là-dedans, ils en avaient déjà parlé très vaguement mais sans qu’il ne puisse réellement comprendre les tenants et aboutissants. « Et surtout, lorsque vous publierez sur la situation, mettez bien mon nom comme le héros. » Et son air malicieux montrait bien qu’il plaisantait, il s’enorgueillît simplement de son petit succès du jour.

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Un sentiment de satisfaction m’envahit au moment où je comprends que le responsable financier va enfin passer à l’action grâce à l’homme que j’ai en face de moi. Et même si je retiens qu’il m’a fallu un certain nombre d’aller-retours dans son bureau pour réussir à obtenir quelque chose, il a quand même fait avancer la situation. Un peu, en tout cas. « Je ne sais pas ! Mais l’histoire retiendra que vous l’avez menacé ! » je réponds en haussant les épaules d’un air satisfait oubliant le reste de ses paroles sur la publication de l’histoire. Puis je déchante en l’entendant rire fort, trop fort, comme un idiot lorsque je le remercie à contre-cœur et que j’annonce son efficacité à autre voix. « C’est hors de question que je répète ça. » je déclare sur un ton agacé, claquant la langue à la fin de ma phrase. Puis je roule des yeux lorsqu’il reprend la parole, il est absolument hors de question que je lui apporte un jour un café. Et si quelqu’un a besoin d’un café ici, c’est bien moi, pour faire passer les maux de crâne que ce fichu personnel incompétent de cette université me donne. Puis, j’ose espérer que je n’aurais pas besoin de revenir dans le bureau de Yeo Raon, ou en tout cas, pas avant un bon moment, alors le café ne sera pas pour tout de suite. Je regarde l’employé s’installer plus confortablement devant son bureau, signe qu’il pense avoir gérer la situation avec succès. Bizarrement, je ne suis pas sûre qu’on puisse crier à la victoire si vite mais soit. Alors je me détends aussi, croisant les jambes à mon tour sur la chaise, imitant sa position, lorsque la conversation se poursuit sur le lancement de ma start-up d’édition. « Nunchi. » je corrige rapidement, cette petite entreprise a énormément d’importance pour moi, alors il est impératif qu’elle soit marquée dans les esprits de la bonne façon. « Le but est de repérer des futurs auteurs à succès parmi les étudiants et de les aider à publier leurs écrits pour les faire connaître. Roman, poésie, nouvelles principalement. » j’explique alors qu’un sourire sincère fleurit sur mes lèvres. Je sens mon cœur se réchauffer à l’idée de pouvoir partager un peu de ma passion, un peu de mon rêve et de mes ambitions avec quelqu’un. Même si ce n’est que Yeo Raon. « Pour le moment, on s’affaire à stabiliser financièrement la start-up en s’occupant de l’édition des manuels universitaires ou des bouquins de certains professeurs qui avant étaient gérés par une maison d’édition extérieure. On est encore loin d’arriver à notre but mais il faut bien commencer quelque part et trouver les financements nécessaires pour que cela marche. » je continue sur une joie joyeuse, qu’il ne m’a très certainement jamais entendu utilisé devant lui. « Je suis sûre que cela ferait une bonne nouvelle de type fantastique mais je ne serais pas celle qui l’écrira. ». Je suis éditrice et non auteur, je n’ai pas assez d'imagination pour cela. La lecture et l’amélioration des manuscrits, c’est là-dedans que je puise mon bonheur. « Je n’écris rien Mr.Yeo vous savez. J’édite uniquement, il vous faudra trouver un écrivain talentueux à yonsei pour que votre acte héroïque soit publié un jour. Et pour cela, il faudrait que vous passiez un peu moins de temps à vous tourner les pouces et plus de temps à apprendre à connaître les élèves qui étudient ici. » je conclue un petit sourire en coin. C’est bas de ma part, surtout que Yeo Raon est peut-être la seule personne de l’administration que j’ai vu discuter volontairement avec les étudiants de la fac. Mais je ne voudrais pas qu’il prenne mes remerciements et mes compliments pour acquis, il y a toujours de l’amélioration à prévoir. Beaucoup d’amélioration à prévoir. Et je ne serais pas satisfaite tant que l’argent de ma bourse ne sera pas sur mon compte en banque.

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Tenue + Comme très souvent lorsqu’il n’avait accompli que le strict minimum et s’était contenté de faire son travail, Raon était envahi par le sentiment du devoir accompli. Et il s’en enorgueillit allégrement, mais la jeune étudiante en face de lui ne semblait pas partagé le même sentiment. La regardant en faisant la moue, la bouche légèrement tirée sur un côté, le chargé d’administration croisa les bras sur sa poitrine. « Vous êtes une rabat joie. » Mais c’était couru d’avance, il savait depuis le début qu’il pouvait s’asseoir sur son enregistrement tout comme il pouvait s’asseoir sur son café, mais qui ne tente rien n’a rien. Il espérait en tout cas, que lorsque son collègue se serait occupé de finaliser la situation (et il espérait qu’il ne tarderait pas à le faire), elle saurait se souvenir qu’il avait agi pour le bien des étudiants. C’était, d’ailleurs, ce qu’il faisait toujours même s’il était parfois (souvent) un peu long à s’y mettre. Parce que contrairement à l’avis général, et visiblement, l’avis de Ji Yool également, il s’intéressait réellement aux étudiants, même s’il ne retenait pas toutes les informations. « Ah Nunchi. » Se reprit-il en claquant des doigts, avant d’écouter la jeune femme parler de cette entreprise. Il avait fini par poser ses coudes sur son bureau, appuyant sa tête dans ses paumes, sa pause et son expression étaient presque comiques. Il voyait bien l’engouement de l’étudiante lorsqu’elle parlait de ce projet, il admirait aussi l’altruisme qu’il y avait derrière le fait de vouloir trouver des talents et les laisser s’exprimer. « Mmh je vois... » Finit-il par dire une fois les explications de la jeune femme terminées. Il se laissa un instant, le temps de tout assimiler avant de finalement lâcher un rire. « J’ai donc menti à mon collègue en disant que vous pourriez écrire un papier au sujet des bourses... » Il la regarda avec un sourire en coin. « Mais je n’ai pas menti en disant que vous étiez un pitbull. » Et il lâcha un rire à sa remarque, levant néanmoins les mains comme si elle allait, en réponse, le menacer d’une arme. « Mais je prends note. C’est une noble cause. » Il pinça les lèvres en pensant à quelque chose. « Vous avez contacter le journal de l’université ? Vous pourriez au mieux les publier au moins mettre des pubs et annonces dans les parutions. » Il la pointa du doigt en plissant légèrement les yeux. « Je suis certain que vous y avez déjà songé mais les financements participatifs ont le vent en poupe. Vous pourriez organiser une collecte de fond en ligne qui pourrait être relayé par des contacts influents. » De ce qu’il savait, ils avaient dans leur rang des célébrités, sa sœur, bien que commençant sa carrière de mannequin, pourrait presque en faire partie. Il doutait cependant qu’elle eut déjà assez de personnes qui la suivaient pour avoir un réel impact sur une collecte de cette envergure. « Et je suis certain que des enseignants pourraient s’enorgueillir de quelques dons. » Il haussa un sourcil à cette remarque. « Moi je participe en idée. Si vous saviez combien un chargé d’administration est payé, vous me comprendriez. » Mais le cœur y était...

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Un sourire amusé s’étend sur mes lèvres alors que je regarde le chargé d’administration faire la moue tel un enfant de trois ans. L’homme a très certainement une dizaine d’années de plus que moi et pourtant, j’ai l’étranger impression d’être la plus mature des deux. Ou en tout cas, je ne boude pas comme un sale gosse à qui on a refusé une sucrerie. « Réaliste, plutôt. » je déclare, mon sourire moqueur bien ancré sur le visage. Je retiens tout de même que l’homme a fini par m’aider, peu importe le temps que cela a pris, et ce, quitte à se mettre un collègue du service financier à dos. Même si c’est techniquement son job, Raon a tout de même fait preuve de sensibilité envers les étudiants, envers moi. Puis il semble aussi plus ou moins intéressé par le projet étudiant que je monte avec plusieurs de mes camarades. Étonnamment. Car entre nous, c’est bien la dernière personne de cette université que j’aurais imaginée s’intéresser à la start-up. Comme quoi, les gens ne finissent jamais de nous surprendre. « Si vous voyez le terme pitbull comme un compliment, alors oui vous n’avez pas menti en disant que j’étais un pitbull. ». À mon sens, le pitbull est juste un animal poilu court sur pattes et qui bave, peut-être un peu rentre-dedans. Mais on ne retiendra que le rentre-dedans, que le positif. J’écoute avec attention les paroles du plus vieux, bien que toujours surprise de l'intérêt qu’il porte à mon projet d’édition. Ce qui est plus étonnant encore, c’est qu’il semble avoir de bonnes idées qui pourraient réellement nous aider. « Oui, on est encore en discussion avec eux sur ce qu’ils veulent exactement. Mais il est prévu qu’on les édite et qu’on les aide à imprimer en échange d’une partie ‘news’ réservée pour nous, ça nous ferait de la pub en plus de notre site internet. ». Bien sûr, après y avoir réfléchi de longs mois, toutes les idées proposées par l’homme ne me sont pas toutes étrangères, loin de là. Mais certaines de ses suggestions sont à noter pour l’avenir. C’est vraiment dommage qu’il soit aussi feignant, avec un peu de volonté, il aurait fait un excellent soutien ou conseillé pour la start-up, même si cela me coûte de l’avouer. « Pour le moment, on se concentre sur la stabilisation de base et sur la recherche de sponsors, mais le financement participatif est une excellente idée. Peut-être que cela permettrait à des contacts non sponsors de nous aider à leur façon… Je dois avouer que je suis sincèrement surprise que ce soit vous qui ayez eu cette idée. Qui l’aurait cru ? ». Aucune raison de cacher mes pensées et la moquerie évidente dans ma voix lorsque je dis cela. Yeo Raon est le premier au courant de ce que je pense de lui et de tous ses collègues tout aussi flemmards et incompétents que lui, ou pire encore. Je ne retiens pas non plus de lever les yeux au ciel alors que le chargé d’administration évoque la participation financière des professeurs. Difficile de voir cela arriver, certes ils gagnent pas trop mal leur vie mais en connaissant bien ceux de mon département, je les vois mal contribuer au lancement du projet. Peut-être quelques professeurs dans leurs premières années de carrière, pas les vieux rats qui trainent dans leur bureau poussiéreux vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Oh ils pourraient mais est-ce qu’ils le feront ? Vous savez, la plupart des enseignants s’en fichent pas mal… Ils donnent leurs cours, font leurs recherches et vous lèchent les bottes quand vous êtes susceptibles de devenir doctorants. Les autres… Nous ne sommes que des élèves parmi les autres, peu importe notre réussite. Si vous saviez combien j’ai galéré pour qu’un professeur de l’université accepte d’être notre référent universitaire… J’aurais eu moins de mal à vous convaincre d’être notre référent. » j’explique, finissant mes paroles par un soupir profond qui traduit tout mon désespoir face à ces individus qui peuplent malheureusement les rangs de yonsei. Et même s’ils sont loin d’être tous pareils, j’ai pris la mauvaise habitude de les mettre dans le même sac. « Participer en idée… C’est peut-être vraiment à vous que j’aurais dû venir demander d’être notre référant finalement. » je déclare avec un petit sourire alors que mes pupilles se perdent dans le beige du mur derrière le chargé d’administration. Peut-être que j’aurais dû effectivement, il aurait été plus simple à convaincre. Mais j’ai tout de même des doutes sur son efficacité et son investissement général, et dieu sait combien Nunchi demande de l'investissement et de la motivation. Puis je ne suis pas sûre que l’on aurait réussi à s’entendre tous les deux. « Quoiqu’on aurait très certainement fait une pitoyable équipe tous les deux. » je fais remarquer quittant le mur des yeux pour me lever de cette chaise inconfortable. Je réajuste mes vêtements et mes cheveux avant de me pencher au sol pour récupérer mon sac. Replaçant la chaise correctement face au bureau de Raon, je finis par me pencher légèrement vers lui. « Je vais faire preuve de bonté… Je vous offre un café ? Pour vous remercier de cet échange… fructueux. ». Je ricane avant de me redresser. Quand bien même je pense toujours que c’est à moi que l’homme devrait offrir un café, pour l’avoir forcé à faire son boulot mais je peux bien le remercier de s’être intéressé trente secondes à ma start-up. « Ça vous permettra de prendre une énième pause. » j’ajoute, car il ne faudrait pas qu’il pense que je me montre gentille avec lui. C’est de la simple politesse d’une étudiante envers un ainé.

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Tenue + C’était presque comme si les petites vacheries qu’ils se lançaient étaient en fait un gage de paix entre le coréen et l’étudiante. S’il se le permettait, il pourrait aller jusqu’à dire qu’il y avait dans ces mots parfois rudes, une certaine forme d’affection entre Ji Yool et lui. C’était qu’il ne se permettait pas ce genre d’échanges avec n’importe qui, mais Raon devait bien reconnaître qu’elle avait du répondant et c’était là tout ce qui faisait le mordant de leurs conversations. Malgré ce qu’elle pourrait penser, il avait un réel intérêt pour la start-up qu’elle avait lancé, bien qu’il ne soit pas très familier avec son but. Au fil de ce que la jeune femme lui expliqua, il comprit la volonté altruiste qui l’animait, mais aussi les difficultés qu’elle devait rencontrer. Allez savoir, Raon comprenait sans mal que peu de personnes souhaitaient investir dans la littérature et la publication et bien plus dans le bitcoin et autres stocks côtés en bourse. Il lâcha un rire surpris en levant les yeux au ciel face à sa réaction quant à l'idée qu'il lui donna. « Surprise ? C’est moi qui suis surpris que vous n’ayez pas eu l’idée du financement participatif jusque-là ! C'est pourtant si évident ! » Il fît claquer sa langue dans un son déçu, secouant légèrement la tête comme si l’étudiante était sa plus grande déception. Surtout qu’elle insista bien sur le fait qu’ils recevaient peu d’aide, même de la part des enseignants de l’université. Il était déçu mais pas surpris, les professeurs universitaires avaient un mal fou à sortir de cette bulle qu’était la faculté, ils étaient comme déconnectés du mondée réel, celui auquel appartenaient les étudiants. Il leva les mains en l’air, comme si elle le menaçait. « Oh si le fait de donner mes idées vous amène à vouloir me mettre sur le dos le rôle de référent du projet, j’arrête d’avoir des idées. C’était une triste fulgurance, rien de plus ! » Dit-il d’ailleurs avec une moue, comme pour la convaincre qu’elle avait tort de croire en lui. Cependant, il pensa à quelque chose et inclina légèrement la tête sur le côté. « Surtout que j’aurais quoi en retour hein ? » C’était qu’elle rechignait déjà à lui offrir un café... « Comme vous le dites. Nous aurions passé la plupart de notre temps à nous chamailler. Quoique, ça aurait pu être drôle à regarder, je nous trouve plutôt hilarants. » Et c’était dit sans une once d’humilité. Il l’a suivie ensuite du regard, il s’attendait à la voir quitter son bureau maintenant que l’affaire était résolue. La proposition de Ji Yool le surpris et le prit au dépourvu, il se redressa presque brutalement, les yeux légèrement agrandis comme un jeune chiot excité. « Oh un café !” Il avait presque un air songeur. « Et oh oui une pause ! » Il l’avait bien mérité ! Il se leva de sa chaise de bureau et réajusta sa veste pour avoir l’air parfaitement présentable. Raon regarda l’étudiante avec une petite moue, les yeux légèrement plissés. « Vous êtes obligés d’admettre que je l’ai mérité celle-ci. » Et sans plus attendre, il prit la direction de la porte, il l’ouvrit mais, gentleman, invita Ji Yool à sortir d’abord. « Les dames d’abord. » Dit-il d’un ton faussement révérencieux avant de verrouiller derrière eux et de prendre la direction de la sortie. « Un café nous donnera l’occasion de parler de Nunchi. Non pas que je me sente investi et que j’ai des idées attention... Mais ce projet est intéressant, vous le porter avec une certaine force je dois bien vous l’accorder. » Il tourna la tête vers elle alors qu’ils avançaient sur le campus en direction d’un des nombreux cafés qui s’y trouvaient. « Vous faites comment pour gérer vos études, ce projet et la radio ? » Il fît une moue à l’expression qu’elle lui adressa. « Oh n’ayez pas l’air si surprise que je connaisse votre dossier ! Vous êtes venue dans mon bureau tellement de fois ces dernières semaines je pourrais presque le réciter par cœur. » Râla-t-il en ouvrant la porte du café, lui faisant de nouveau signe de passer la première.

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Financement participatif signifie compter sur les autres et sur leur bonté, et pour être tout à fait honnête, je n’aime pas cette idée d’attendre quelque chose des gens. On finit toujours déçu. Bien sûr, je garde cette idée en tête même si personnellement je ne serais pas réellement comment la promouvoir pour qu’elle fonctionne. Mais je sais aussi que ce n’est pas la seule chose sur laquelle je dois compter. Puis pour quelqu’un qui a plutôt le nez dans les bouquins, disons que ces choses-là ne sont pas trop de mon ressort. Ainsi, la réaction exagérée de Raon me fait rouler des yeux, je le trouve bien dramatique pour quelqu’un qui a mis un bon mois avant de réussir à commencer à débloquer mon problème de bourse. Et ces exagérations continuent, ce qui me fait rouler une nouvelle fois des yeux lorsqu’il agit comme si je l’avais menacé, rien que parce que j’évoque le fait qu’il aurait pu être notre référent universitaire. Alors qu’il n’a rien à craindre, puisqu’après des semaines de bataille, nous avons fini par trouver un professeur pour nous épauler. Mais cela ne m’empêche pas de forcer un peu. « Ce qui vous auriez gagné en retour ? Hm, ma reconnaissance éternelle ? » je propose en penchant la tête sur le côté dans un sourire innocent. « Dommage, vous êtes passés à côté. » j’ajoute en haussant les épaules dans un grimace exagérée. « Je cherche à montrer une équipe pro, vous savez ? Pas un duo de comédiens. ». Pourtant, je ne peux m’empêcher de rire franchement à sa remarque, c’est vrai que nos interactions sont plutôt drôles. Je me lève alors, prête à retourner me terrer à la bibliothèque pour bosser un peu, quand me vient l’idée de lui proposer un café et une pause, méritée cette fois. La réaction du chargé d’administration ne se fait pas attendre. J’hausse un sourcil avant de sourire de façon tout à fait moqueuse. Etrangement, il n’a pas le même enthousiasme lorsqu’il s’agit de faire son travail. Je suis Raon à l’extérieur du bureau lui laissant le temps de fermer dernière nous. « Hm. Disons que les journées sont longues et que les nuits sont courtes. » je commence en réponse à ses interrogations. « La réalité, c’est que je passe la plupart de mon temps à lancer Nunchi, et le reste à travailler pour subvenir à mes besoins. ». Et puis, la radio me permet de souffler aussi un peu, de penser à autre chose que la start-up de temps à autre. « D’où le choix de profiter de ma dernière année de master, qui se focalise principalement sur les stages et les projets, pour officialiser la start-up. Grâce à l’université, ce lancement peut être considéré comme un stage et donc je ne cumule pas tout. Cela n’aurait certainement pas été possible sinon. » j’explique. Monter une start-up a toujours été dans mes projets et rejoindre yonsei pour mon master a été la clé pour le réaliser. « Je suis bien entourée aussi. Mes partenaires, même s’ils sont moins avancés dans leurs études, m’aident beaucoup à tenir le cap et à ne pas abandonner. Mais je ne dirais pas non à un peu plus de soutien physique et moral de l’université. » et sur cela, je lance un regard en coin à l’homme pour lui indiquer que c’est peut-être de lui que je parle quand j’évoque un soutien. Même si je doute que le chargé d’administration puisse grand-chose pour moi à l’heure actuelle. Aujourd’hui, il ne nous manque pas grand-chose pour lancer le mécanisme pour de bon, si ce n’est peut-être de vrais bureaux où travailler plutôt que la bibliothèque ou au dortoir. Et des financements. Mais là aussi, un plan d’action est prévu et l’université l’a validé. Et si on ajoute à cela le financement participatif proposé par Raon, cela devrait se dérouler comme sur des roulettes. « Je vous trouve quand même bien intéressé par mon projet et ma personne. Vous êtes sûr de ne pas vouloir faire partie de l’aventure ? » je demande en laissant un regard en coin à mon aîné. J’étouffe un petit ricanement en le suivant sur le campus. Rapidement, je m’arrête à un petit café que j’apprécie particulièrement. « Et donc, vous buvez quoi durant vos nombreuses pauses ? » je demande avec un air taquin montrant du doigt le comptoir de commande. Je ne suis pas réellement sûre que ce soit très conventionnel d’offrir un café à un employé de la yonsei, mais je lui dois bien ça après les aller-retours dans son bureau.

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Tenue + Si la reconnaissance faisait vivre, Raon aurait peut-être pu s'en contenter. Mais ce n'était pas suffisant, et ce n'était définitivement pas ce qui faisait tourner le monde. Alors dans un rire un peu insolent, il avait balayé la proposition de l'étudiante. Non pas que le chargé d'administration soit particulièrement dédaigneux, mais il refusait de travailler pour rien. Il travaillait déjà pour si peu, il refusait d'être utilisé davantage, aussi brillantes puissent êtres les idées défendues par Ji Yool. Il pensait que la conversation s'arrêterait ici, le problème avait changé de mains. Si les choses n'avançaient pas, ce n'était plus de sa responsabilité et il espérait que la jeune femme le comprenne bien. Tristement, il allait devoir retourner à son travail, encore et toujours, lui, pauvre pantin de cette institution aux mâchoires d'acier. Mais l'heure de se faire mâchouiller n'était pas encore arrivée, le coréen prit la fuite en direction d'un café, accompagné de la jeune femme. L'occasion aussi pour lui de discuter avec Ji Yool sans qu'ils ne soient en train de se chamailler, ce qui était une occasion assez exceptionnelle. C'était probablement la première fois qu'ils avaient une conversation aussi civilisée, sans sous-entendu d'incompétence ou d'agacement venant de l'un ou de l'autre. Et il était surpris de découvrir le mal qu'elle se donnait pour gérer ses différentes activités avec le peu de temps qu'elle avait à leur accorder mais aussi le peu de moyen. Pour lui montrer qu'elle avait toute son attention, il hochait régulièrement la tête ou pousser de petit « mmh ». Au fond, il trouvait cela admirable. Surtout que, de ce qu'il comprenait, Ji Yool n'avait pas forcément les avantages que d'autres étudiants pouvaient avoir. Elle n'avait pas été aidée, n'avait pas eu toutes les cartes en main d'entrée de jeu pour atteindre ses objectifs. Elle s'en donnait les moyens, c'était quelque chose qui forçait le respect. Est-ce que le parcours de Raon aurait été différent s'il n'était pas autant dans l'évitement et se contentait de peu lorsqu'il pouvait avoir mieux ? Et il ne se l'avouait pas, mais il était assez évident que souvent, il se cachait derrière l'excuse du décès de son père et d'avoir été obligé d'assumer ses sœurs pour justifier la fin de son parcours universitaire et cette carrière sans ambition. Finalement, il lâcha un rire franc à la remarque de la jeune femme, levant les mains en l'air en signe de son impuissance. « J'imagine bien qu'un coup de pouce de l'université vous aiderait, mais vous ne parlez pas à la bonne personne. Je suis loin d'avoir de l'influence ou un quelconque poids dans les décisions prises. Je ne suis qu'un homme à tout faire. » Le mot poli pour larbin. Ce qui n'était pas tout à fait vraiment d'ailleurs, puisque, à l'aise avec la rhétorique, il avait à plusieurs reprises influencé certaines décisions (certes sans réelles importances). « Mais je trouve ce que vous faites admirable. Ce doit être difficile de mener tous ces projets de front, surtout lorsque l'on vit dans un pays où ce n'est pas toujours le travail que l'on récompense. » Mais plutôt le nom de famille ou son importance. « Mais vous restez une sacrée casse pieds, pour ne pas être vulgaire, alors ne vous enorgueillissez pas trop vite. » Il haussa finalement les épaules, ne justifiant pas les questions qu'il posait à l'étudiante, la laissant croire qu'il s'agissait d'un simple moyen de faire la conversation alors qu'il était réellement curieux et intéressé par ces parcours qui sortaient de l’ordinaire. Enfin au café, Raon regarda à peine la carte, il commençait à connaître par cœur les établissements du campus. « Oh j'essaie de varier les plaisirs et de changer de boissons à chaque pause. Enfin surtout lorsque je ne dois pas me contenter de la simple machine à café. » L'université avait investi dans des distributeurs de qualité, certes, mais ce n'était pas pour autant miraculeux. Il opta pour un macha latte, ayant consommé assez de caféine pour la journée. S'appuyant ensuite sur le comptoir en attendant leurs boissons, il se tourna vers Ji Yool. « Je vois que vous ne me retournez pas la question. Je pourrais être vexé. Vous estimez que la vie d'un chargé d'administration n'est pas excitante ? » Il haussa un sourcil tout en la regardant. « Si vous saviez pourtant tous les potins qui animent mes journées ! » Dont certains pourraient envoyer certaines personnes en prison, ou au moins perdre leur emploi. « Mon parcours et mon emploi sont palpitants. » Son ton était chargé d’ironie, tout comme son expression. Il prit sa boisson lorsqu'elle fut annoncée, ne proposant pas à la jeune femme de porter la sienne, et trouva une table libre dans le petit café. « Être chargé d'administration c'est avoir un coupe file pour le restaurant universitaire ainsi qu'avoir accès aux tables réservées. Je suis sure que l'envie vous ronge. » Surtout que les repas ne lui étaient pas offerts et il devait aussi les payer, d'où le fait qu'il choisisse souvent de grignoter un rouleau de kimbap préparé par sa grand-mère le matin même. Il prit son gobelet en main, le levant légèrement. « Merci pour l'invitation. » Et d'en prendre une longue gorgée tout en ignorant la légère brûlure sur sa langue.

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YEO RAON & CHOI JI YOOL
Qui ne tente rien n’a rien. Je ne suis pas étonnée que Yeo Raon ne soit pas vraiment partant pour faire partie de l’aventure Nunchi avec mes collègues et moi, et même si effectivement un coup de pouce ne fera pas de mal, je n’arrive même pas à être déçue de ce refus. Principalement parce que je ne me vois absolument pas travailler avec une personne avec un tel caractère, j’aime que les choses soient efficaces et bien faites. Je n’ai pas de temps à perdre à courir après quelqu’un pour qu’il fasse son boulot, ce que j’ai déjà dû faire pour une simple histoire de bourse. Son refus ne fait donc ni chaud ni froid et je me contente d’hocher la tête en continuant mon chemin jusqu’au café le moins encombré. Cela ne m’empêche pas de toute façon de répondre à ses questions, le sujet de la conversation me passionne de toute façon. Je me stopppe uniquement mes pas quand je l’entends prononcer les mots ‘sacrée casse-pieds’ pour me définir. Instinctivement, les yeux se tournent vers lui et je fronce des sourcils, prête à lui répondre que c’est lui le plus casse-pieds de nous deux. Puis finalement, je détourne la tête en soupirant, me battre avec lui ne mènera nulle part. Je reprends mon chemin, non sans lui adresser un regard en coin, qui ne se veut pas très sympathique. Finalement au café, je demande à mon aîné ce qu’il souhaite boire et sa réponse a le don de m’amuser et de me dérider. Je lâche un petit rire avant de commander à mon entrée un long café noir. Raon m’interpelle une nouvelle fois, me soulignant que je ne m’intéresse pas à sa vie professionnelle. Et ce serait mentir de dire que je m’y intéresse. Et peu importe ce qu’il dira, je ne pourrais jamais m’intéresser à un boulot où on passe sa vie derrière un bureau à faire de la paperasse. « Alala, vous travaillez pour l’administration ou pour un comptoir à potins ? Ou bien est-ce la même chose ? » je soulève alors que je cherche des yeux sur la carte les muffins à l’orange que certains cafés proposent de temps en temps. Ne trouvant rien de tel sur la carte, je me tourne vers l’employé de bureau. « Mais j’imagine qu’être face à des étudiants revendicateurs n’est pas facile pour tous les jours, se battre avec le manque d’investissement de toute une équipe non plus. » je souffle, appuyant mon coude sur le comptoir. Quelque part, je peux comprendre ce manque de volonté, de motivation. Très certainement que le boulot n’est pas des plus intéressant, peut-être répétitif ou chronophage, en plus de ne pas bénéficier d’un salaire attractif. Certes, ils ont la chance d’avoir un emploi stable dans une université reconnue mais cela s’arrête ici. Voyant le chargé d’administration prendre sa boisson, je me hâte de régler notre commande avant d’attraper mon grand café noir à mon tour pour le rejoindre à la table libre qu’il nous a trouvé. « Hm, au restaurant universitaire… Si vous n’avez pas de réducs pour au moins les restaurants de la digital city, alors quel est l’intérêt ? » je fais remarquer qu'en haussant les épaules, on peut pas dire que la nourriture du restaurant universitaire soit sensationnelle, les petits resto familiales autour sont bien plus sympathiques, et parfois plus abordables si on connait les bons endroits, alors l’unique fait de pouvoir griller les étudiants dans la file d’attente ne m’intéresse pas du tout. Et très certainement que lui non plus. Je sers mes doigts autour de mon gobelet en carton, appréciant la chaleur qui s’en dégage, avant d’esquisser un petit sourire en coin. « On va dire que c’est pour me faire pardonner ces dernières semaines de ‘harcélement’. » je réponds à ses remerciements. Je lève pour la première fois mon verre pour profiter de ma boisson, quand je me rappelle d’une information récente que j’ai ouïe dire. Je prends tout de même une gorgée de mon café avant de reposer mon gobelet et de regarder insistement Raon. « Mais vous devriez vous méfiez, peut-être que bientôt je serais votre collègue. J’ai entendu dire qu’un certain nombre de postes d’enseignant se libèrent à la rentrée prochaine, notamment des places de chargés de travaux dirigés. » je rapporte ce que j’ai entendu, des bruits de couloirs pour le moment mais aucun de mes professeurs n’a pris la peine de nier la rumeur. Ce n’est pas rare que les jeunes assistants-professeurs choisissent de faire leurs armes ailleurs, alors ce ne serait pas étonnant que quelques chargés de TD changent d’université en mars prochain. « Je ferais une excellente professeure, vous ne trouvez pas ? » je demande un sourire moqueur sur les lèvres en observant le noir de ma boisson. Puis je prends une nouvelle gorgée de mon café, avant de lâcher un rire franc mais léger. Mes pupilles se relèvent vers l’homme en face de moi. « Et une collègue de qualité qui est plus. » j’ajoute sans taire mon petit rire. Je doute fortement que le chargé d’administration soit du même avis.

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SWEET DREAMS who are you ? why do you hide in the darkness and listen to my private thoughts ?

Deaf ears, strong heads

YEO RAON & CHOI JI YOOL
Tenue + Souhaitait-il vraiment parler de sa profession ? Pas vraiment. Il n’en avait pas honte, ce n’était pas une chose dont il rougissait, mais parler de sa profession, c’était parler des raisons de ce choix ou plutôt de ce non choix, et c’était aussi évoquer son manque d’ambition. Il n’avait envie d’inspirer ni pitié ni mépris, alors au final, rester vague sur ce qu’il faisait et ses activités lui convenait plutôt bien. « Tout à fait, administration et potins vont de pair, ça me permet de tenir quand des étudiantes énervées viennent faire un sitting pour régler un problème dont je ne suis même pas responsable. » Il poussa un faux soupir. « Mais je pourrais en écrire tout un livre... » Tout en la regardant reposer la carte qu’elle consultait, il pensa à quelque chose, lâchant un petit « ah » alors que l’idée le traversait. « Vous pourriez me publier ! » Et il ponctua ça par un tir fictif en direction de Ji Yool, son pouce et son index placés de façon à imiter un pistolet. Il partit ensuite à la recherche d’une table et n’ajouta rien de plus sur la difficulté de son poste et le manque d’implication de l’équipe. La Yonsei vivait des heures difficiles et les employés n’étaient pas assez payés ni assez estimés pour jongler avec tous les problèmes qui leur tombaient dessus, alors ils se décourageaient et finissaient par jeter l’éponge. Tristement, ceux qui en payaient le prix n’étaient autres que les étudiants, la jeune Choi n’en était qu’un exemple parmi tant d’autres. Il préférait donc en évoquer les avantages avec la jeune femme une fois qu’ils furent tout deux attablés, qui ne rêverait pas de l’accès au restaurant universitaire ?! La majorité du monde, il savait très bien qu’il ne faisait rêver personne, triste vie. « Parce que sinon ce serait nous éloigner de l’université, autant manger sur place, nous sommes d’autant plus disponibles ! » Pas vraiment contrarié, il laissa la conversation avec l’étudiante filer. Il réceptionna sa boisson, appréciant la chaleur sous ses paumes, il y trouvait toujours quelque chose de réconfortant. Il en prit d’ailleurs une gorgée, non sans avoir remercié Ji Yool dont la réponse lui fît simplement hausser un sourcil au-dessus de son gobelet. Il manqua de s’étrangler, et toussa à plusieurs reprises, posant une main sur son torse en regardant la coréenne, était-ce pour calmer sa toux ou son cœur qui venait de s’emballer ? Allez savoir. « Vous m’avez assommé dans mon bureau et je suis en train de faire un cauchemar c’est ça ?! » Il la regarda avec des yeux ronds avant de se mettre à rire. « Plus sérieusement, si vous enseignez avec la même détermination, je ne doute pas que vous soyez compétente. Je plains juste vos élèves et surtout ma propre personne pour avoir à gérer votre emploi du temps. » Il feignit d’avoir un frisson d’horreur. « Vous seriez réellement intéressée ? » Parce que malgré ce qu’il lui balançait, il ne serait pas le dernier à soutenir sa candidature, bien que son avis à ce niveau n’eût aucun poids. Il tapota du bout des doigts sur son gobelet. « C’est ce que vous souhaitez faire après vos études ? Enseigner ? » Il se pencha légèrement, témoignant de sa curiosité piquée. « Quels sont vos projets après l’université d’ailleurs ? Vraiment l’enseignement ? Ou entièrement vous consacrer à Nunmul ? »

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Sky & earth are overturned trapped in the silence