|	A thin line ; Bora & Raon

Wearing | Il avait beau dire que c'était une simple sortie entre amis et qu'il n'en demanderait pas plus, il fallait bien avouer que cela ressemblait à un rencard sur certains aspects. Les perches qu'ils se tendaient, ces sous-entendus sur une certaine intimité qu'ils pourraient partager ou encore le fait que Raon ressente le besoin (ou l'envie?) de payer l'addition du restaurant... Clairement, c'était le genre de questions qu'il ne se posait pas lorsqu'il sortait avec de simples ami.e.s. Le coréen était sûr de lui lorsqu'il disait qu'il pouvait se contenter de l'amitié de Bora et qu'il appréciait les moments qu'ils partageaient (c'était vrai) mais cela ne l'empêchait pas d'avoir envie de plus. Cette ligne entre amitié et attirance était mince, il marchait en équilibre dessus mais basculait parfois. « Je sais je n'étais pas obligé, mais ça me fait plaisir. » Surtout que depuis que les filles travaillaient toutes plus ou moins, il avait la possibilité de plus profiter de sa propre paye (même s'il détestait l'idée qu'elles puissent négliger leurs études pour leurs boulots). Hochant la tête, il se mit en route, suivant Bora en direction de ce fameux karaoké qu'elle connaissait. La marche de vingt minutes permettait en plus de rallonger cette soirée. « Ah pas de chansons italiennes... J'hésite là. Mais bon, du moment qu'on a un peu de disco, je pense que je peux me sacrifier. » Aussi gracieuse sa mère était-elle, elle avait le plaisir coupable d'aimer se défouler sur du disco ou du trot. « Ma mère dansait comme personne sur du Abba. » Il se souvenait de ces petits moments de pétage de plombs, souvent dans la cuisine pendant la cuisson du repas. Il s'apprêtait à lui teaser son déhanché made in the 80's mais la foule était trop dense, à tel point que Bora se fît bousculer plutôt violemment. Heureusement, Raon l'a rattrapa à temps, les deux mains posées sur sa taille et son torse collé à son dos. Il lâcha un rire à l'exclamation de la jeune femme. « Ah, tu cherchais une excuse pour me tomber dans les bras. Ne t'inquiète pas, je te tiens. » Sans retirer ses mains de ses hanches, il avança en la poussant légèrement. « Grâce à toi je vis mon fantasme d'être garde du corps, quelle soirée ! » Il lâcha un rire et continua à avancer à travers les passants amassés en groupes compacts. « On continue de marcher collés-serrés ou tu connais un itinéraire bis ? » Comme la majorité du temps, il lui laissait une porte de sortie. Une fois qu'ils eurent repris leur chemin, Raon se tourna vers Bora. « Et toi, c'est quoi ta musique plaisir coupable ? Les chansons d'idoles mielleuses ? Ou tu m'accompagnes sur du disco ? »

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Une session de karaoké sera bientôt ouverte et les deux vont certainement choisir des chansons plus ou moins originales. Peut-être qu’elle s’amusera à chanter avec sa langue natale même si elle a beaucoup perdu à défaut de pouvoir pratiquer régulièrement. Au moins, elle le rendra encore plus curieux qu’il ne l’est déjà à l’égard de sa culture. “ Je suis curieuse de voir ton numéro. “ Elle lui offre un sourire au souvenir de sa mère. Il n’a pas intérêt à la déshonorer. En attendant, faut-il encore qu’ils rejoignent la salle. Pour le moment, la jeune femme ressent le besoin de prendre l’air. C’est ce qui arrive souvent après avoir beaucoup trop mangé. D’ailleurs, elle aurait peut-être dû prendre un nouveau café pour se donner un peu d’énergie. Est-ce pour cette raison qu’elle manque de tomber à la renverse ? Pas forcément. Le quartier est agité et il est difficile de se frayer un chemin. De plus, la demoiselle ne souhaite pas accélérer la cadence, marchant d’un pas lent pour faire durer le moment plus longtemps. C’est Raon qui la sauve in extremis. Elle affiche un sourire moqueur. “ Tu as vu clair dans mon jeu... “ Elle secoue la tête. Maintenant que cette cascade terminée, le jeune homme ne lâche pas ses hanches pour autant. Un peu étonnée, Bora se laisse finalement guider aveuglément. “ Avance. Dans quelques mètres, on sera libéré.  Je ne voudrais pas détruire ton rêve. “ C’est qu’avoir ses mains masculines sur sa taille ne semble pas lui déplaire. Ça fait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie en sécurité en présence d’un homme.  Son mari préférait fuir tout contact physique avec elle. La bijoutière relève le menton vers son interlocuteur. “ J’ai de multiples visages. Je peux t’accompagner sur du disco et t’offrir une magnifique performance à part. “ Elle semble réfléchir quelques secondes. “ Quand je suis arrivée en Corée, il y avait une chanson qui tournait en boucle. L’adolescente que je suis se souviendra des paroles à tout jamais. “ Les paroles n’avaient pas été trop compliquées à retenir et elle s’était efforcée à déchiffrer la langue plus facilement à l’appui de cette musique. “ J’hésite à te donner le nom... J’ai bien envie de te surprendre. “ Elle le gratifie d’un sourire. “ Mais tu devines certainement qu’il s’agit d’un boysband. “ Shinhwa en l’occurrence. Bora se souvient des cris dans le public lors d’un festival. Elle avait beaucoup rigolé à l’époque. “ J’espère que tu seras aussi bon chanteur que garde du corps. Un minimum de concurrence, c’est plutôt sympa. “ Les voilà libérés des groupes de jeunes. Bora prend les choses en mains et l’invite à le suivre dans une allée assez grande mais plus calme que le boulevard. “ Après, pour ce que j’écoute actuellement, j'ai découvert des artistes... Comment ils appellent ça indie ? Et des artistes américains aussi ! “ Puis, un sourire amusé prend possession de ses lèvres. “ Tu serais capable de chanter ma musique préférée ? “ C’est qu’elle connaît un morceau qui pourrait tuer ses cordes vocales ainsi que ses propres tympans.