(( croissant de lune ))  — Voilà une demi-heure déjà que j'essayais d'apercevoir le ciel depuis mon lit. Difficile, quand on vivait au coeur d'une grande ville. Je sentais l'angoisse me guetter, pesant lourd sur mon coeur alors que j'essayais de ne pas concentrer mes pensées sur toutes les choses qui me troublaient, sur la réalité du monde dans lequel je vivais. Mais hélas, parfois, cette réalité avait un poids que mes épaules ne pouvaient pas supporter, et je me retrouvais comme aujourd'hui, éveillé au beau milieu de la nuit, à réfléchir à toutes ces choses que je ne pouvais empêcher. Dans le silence le plus complet, je guettais la respiration de Namsun. La mienne était ponctuée d'inspirations plus profondes, de soupirs également. Mon souffle ponctuait me pensées avec bien trop de précision pour que je puisse l'ignorer et, au bout d'un moment, ma voix avait brisé le silence.

« Hey, tu dors ? »

Probablement, à cette heure de la nuit. Je me sentais stupide de poser la question. La vérité, c'est que la journée que j'avais passée avait été plus difficile que les autres. On nous avait fait visiter un service d'urgence et on nous avait parlé de cas. Des cas nombreux, très actuels. Trop actuels, sans doute. Je n'avais pas pu m'empêcher de me voir à la place de cette gamine qui venait de perdre ces parents. Cette gamine qui, comme Skyla et moi à dix ans, s'était retrouvée orpheline. Je savais pourtant dans quoi je m'engageais, en choisissant ces études. Je savais que la traumatologie était un milieu difficile, très difficile... Mais certains jours, comme aujourd'hui, ces sentiments me prenaient au coeur bien trop facilement.

(( croissant de lune ))  — Je somnolais déjà depuis un moment, incapable de sombrer complètement, j’entendais Sawyer tourné dans son lit, j’entendais sa respiration un peu plus forte. Mon cerveau avait décidé de se concentrer la-dessus, de se demander ce qui causait son insomnie plutôt que de me laisser dormir. Pourtant ce n’était pas la première fois, autant lui que moi avions souvent des insomnies, alors pourquoi ce soir fallait-il que ça attire mon attention. Peut-être que sa respirations était différentes des autres nuits, je ne savais pas vraiment, pas consciemment en tout cas. J’étais déjà à moitié inconscient, pourtant une part de mon cerveau semblait avoir capter quelques choses sans que je m’en rende compte. J’avais entendu sa voix, comme quelque chose de lointain. Est-ce que je m’étais finalement endormi et je rêvais, est-ce qu’il m’appelait vraiment, je n’en avais aucune idée. J’étais comme dans un état second, légèrement conscient de la réalité autour de moi, mais déjà trop calé dans les bras de Morphée pour réagir à sa voix. Un petit grognement m’avait tout de même échapper, mais ça ne devait pas vraiment répondre à sa question. Il voulais peut-être simplement se distraire un peu pour s’endormir, discuter ou d’autre activité. Mais, en dehors du fait que je dormais presque complètement, j’étais légèrement curieux de savoir ce qu’il allait faire si je ne répondais pas. Il fallait maintenant que je reste un peu concentrer pour ne pas sombrer entièrement, simplement pour voir s’il allait se lever et sortir un peu, ou peut importe ce qu’il pourrait faire, face à ma non réponse.

(( croissant de lune ))  — C'était bien l'une de ces soirées où je me sentais démuni, en peine avec ma propre pensée. Je levai les mains dans l'obscurité. Comme pour m'assurer qu'elles étaient là, qu'elles étaient réelles. Un moyen de rester en contact avec le monde qui m'entourait comme un autre. La nuit leur donnait une forme étrange, à peine possible à distinguer, et dans mon esprit, les moindres certitudes s'envolaient en fumée. Je me sentais tellement idiot d'être à ce point incapable de garder un minimum de lucidité. Je fermai les yeux, inspirant quelques fois encore avant de secouer la tête. J'attendais une réponse qui ne viendrait pas, à part si ce grognement en était une... Pourtant, je savais que sortir et marcher dans les couloirs ne m'aiderait pas.

J'hésitai encore un instant avant d'abandonner mon lit, me traînant à tâtons jusqu'au lit de Namsun. C'était nerveux plus que tout autre chose. Le besoin de ne pas rester seul en proie à ce qui me menaçait. Le besoin de ne pas être si vulnérable que j'en avais l'impression... Et pourtant, en d'autres circonstances, j'y aurais réfléchi à deux fois avant d'oser me comporter comme je le faisais. Pour certaines raisons, la présence de Namsun me rassurait. Je me permis d'entrer dans son lit, faisant malgré tout attention à ne pas le déranger alors que je m'installais, m'allongeant contre ce qui semblait être son dos, avant de glisser mes bras autour de sa taille et de cacher ma tête contre lui. En d'autres circonstances, sans doute aurais-je pensé qu'agir comme cela n'était pas digne d'un garçon de mon âge. Je n'avais plus dix ans, j'étais un adulte digne de ce nom, qui aurait dû agir différemment... Mais j'avais besoin de cette présence.

(( croissant de lune ))  — Je l’avais vaguement entendu se lever après quelques instant. Entendu ses pas léger dans la pièce, je pensais entendre la porte quelque seconde plus tard, mais à la place je fût surpris de l’entendre plus près, jusqu’à sentir son poids dans mon lit. Je ne bougeais pas, déjà un peu plus éveillé mais curieux de voir ce qu’il allait faire. Puis j’avais senti ses bras autour de moi, son corps dans mon dos. J’étais resté immobile encore un peu, je sentais sa respiration contre mon dos. Dans quel état était-il pour décider de se glisser dans mon lit, plutôt que de partir faire un tour.
Finalement, après un moment de réflexion, j’avais glissé ma main le long de son bras et m’était lentement tourné pour lui faire face. Son visage était éclairé par la très faible lumière qui passait par la fenêtre. J’avais aussi passer mes bras autour de lui, en l’observant, encore un peu endormi. Je n’étais même pas sûr d’être réveillé, peut-être que je rêvais. Cela semblait tellement plus plausible que de voir Sawyer qui semblait si vulnérable. Il n’avait aucune raison de venir se montrer à moi dans cet état. Pourtant tout avait l’air réel et il était bien là, dans mon lit.

« ça va pas ? »

Ma voix aussi était somnolente. Je le regardais un peu inquiet tout en dégageant une mèche de son visage. S’il était venu dans mon lit, il devait sûrement se sentir très mal.

(( croissant de lune ))  — J'aurais pu simplement sortir et me dire que je reviendrais plus tard, si les choses allaient mieux. J'avais déjà passé des nuits interminables de cette façon, à tourner en rond alors que j'aurais pu essayer de simplement retrouver le sommeil qui me fuyait. J'aurais pu, oui, mais hélas, je n'étais pas assez calme pour espérer que marcher suffirait. Non. En fait, je n'étais même pas capable de raisonner comme je l'aurais fait habituellement et pour me dire que peut-être j'aurais dû agir différemment. Après tout, venir me nicher dans le lit de mon colocataire alors que ce dernier était à moitié endormi n'était peut-être pas une chose à faire, quand on ne s'entendait pas particulièrement bien avec ce dernier. Même si les choses avaient changé légèrement, depuis mon déménagement dans cette chambre, notre entente continuait d'avoir des hauts et des bas...

Pourtant, c'était la première chose qui m'avait traversé l'esprit, quand j'avais vu sa silhouette endormie, à quelques mètres de mois à peine, compte tenu de la chambre dans laquelle nous étions. Alors, au lieu de m'éclipser pour errer dans les couloirs tel une âme en peine, je m'étais approché de lui pour m'installer dans son dos, espérant que mon geste ne le réveillerait pas, sans pour autant pouvoir m'en inquiéter assez que pour changer d'avis. J'avais gardé le silence en me cachant contre lui et, quand il s'était mis à bouger, le doute m'avait saisi : ne dormait-il pas, en vérité ? Mon regard s'était posé sur le visage de Namsun, mais dans un premier temps, aucun mot n'avait franchi mes lèvres entrouvertes.

Non. Ça n'allait pas.
Je l'avais réveillé.

« Si... Ça va... »

Mais ma voix me trahissait malgré moi. Tremblante, si différente de celle que j'avais habituellement, quand je me comportais comme un véritable chef de chantier en plein exercice. J'étais incapable de tout cela aujourd'hui.

« Je... Je vais retourner dans mon lit, désolé. »

Je me sentais idiot d'avoir envahi l'espace de Namsun sans lui demander son avis. Je ne savais pas ce qui m'avait pris.

(( croissant de lune ))  — Il avait l’air un peu surpris que je me retourne. Il devait s’attendre à ce que je dorme profondément. C’était presque le cas, avant que je le sente s’installer dans mon lit. Il ne m’avait pas vraiment réveillé, dans la mesure ou j’étais encore conscient de ce qui se passait autour de moi, que je l’avais entendu se déplacer pour venir jusqu’à mon lit. Une action de sa part que j’avais trouver étrange, il n’était pas dans son assiette c’était évident. J’avais remarquer sa respiration forte avant même qu’il ne vienne près de moi, je l’avais vu dans son regard quand je m’étais tourner face à lui. Et quand j’avais poser la question, même s’il m’avait menti, sa voix légèrement tremblante l’avait trahi. Il était pourtant venu jusqu’à moi de son plein gré, sûrement sans se préparer à l’éventualité que je sois réveillé. Il devait se sentir un peu con maintenant, face à moi, bien conscient de sa présence.
Hors de question qu’il retourne dans son lit, pas maintenant qu’il était déjà là, pas dans cet état. Je re serrais un peu mon bras autour de lui.

« Tu mens très mal tu sais. Mais, si t’es venu c’est que t’avais besoin d’un peu de compagnie je me trompe ? Alors tu peux rester »

Je passais ma main sur sa joue et dans ses cheveux. C’était étrange de le voir aussi vulnérable, j’avais l’impression de découvrir une tout autre personne. Disparu le Sawyer et sa fierté immense, le mec qui voulait tout commander, pensant que chacune de ses décisions étaient les meilleurs, non là, cette nuit je me retrouvais fasse à un jeune garçon qui semblait perdu.

« Tu veux en parler? »

Je n’étais pas là pour le juger ou le rabaisser. Peut importe les différents qu’on pouvait avoir, les petites dispute récurrente. A cet instant, Sawyer semblait avoir besoin de quelqu’un, d’une présence rassurante et si j’étais capable de lui offrir ça, j’allais clairement le faire.

(( croissant de lune ))  — Je savais dès le départ que ce n'était pas une bonne idée, que j'aurais dû y réfléchir à deux fois avant d'abandonner mon lit simplement pour rejoindre Namsun dans le sien... De quel droit, de toute façon ? C'est tout juste si nous parlions réellement, à quelques exceptions près, et je n'avais absolument aucune raison de me comporter comme je l'avais fait aujourd'hui. Pourtant, pris sur le fait, j'avais été incapable de dire la vérité. Ce n'était pas dans mes habitudes, c'était même tout le contraire. J'avais toujours été de ceux qui prônaient la vérité, ce qui était juste et admissible... Et voilà que je mentais pour m'épargner la peine d'expliquer à Namsun ce qui me mettait dans un état aussi lamentable ? Je fronçai les sourcils dans l'obscurité, fermant les yeux en sentant le bras de Namsun se refermer autour de moi. J'étais peut-être bien piégé.

« C'est juste un insomnie... »  mentis-je à nouveau, avant de pincer les lèvres. Juste cela, oui. Une insomnie de rien du tout... Je n'étais qu'un menteur éhonté.

Le pire, c'est que Namsun était quand même là, qu'il ne me chassait pas... Enfin, qu'il ne l'avait pas encore fait, plus exactement. Je redoutais le moment où il allait décider que je l'avais assez embêté. Le simple contact de ses mains contre ma joue et dans mes cheveux suffisait à m'apaiser en partie. C'était la présence dont j'avais besoin, savoir que je n'étais pas seul face à mes angoisses, que je n'étais pas isolé, au cas où quelque chose arrivait...

« Non, ça ira... »

Je laissai le silence s'installer pendant quelques secondes, avant de reprendre malgré tout, sans avoir bougé pour autant. Ma voix était toujours aussi basse, toujours aussi effacée...

« J'ai eu une journée difficile... » avouai-je finalement, sans donner trop de détails... Je ne pouvais pas... Non, je ne voulais pas.

(( croissant de lune ))  — Sawyer avait bien trop de fierté pour se glisser dans mon lit juste à cause d’une insomnie. Puis je voyais bien que quelque chose clochais, même en étant encore un peu endormi. Sauf que s’il était venu en pensant que je dormais c’était probablement pour éviter que je remarque sa présence. Rater pour le coup, mais ça ne valait pas la peine d’insister pour connaître les raisons de sa venue. S’il allait mal il ne voulait certainement pas avoir un débat sur qui de nous deux avait raison, on avait ce genre de discussion bien trop souvent. Je me contentais donc d’être donc avec lui, sans le brusquer en lui demandant s’il voulait en parler. Qu’il sache que si besoin j’étais prêt à l’écouter, autant que j’étais prêt à le laisser tranquille. Sans pour autant le mettre hors de mon lit, s’il était là il en avait sûrement besoin et je n’avais pas de raison de l’envoyer paître. Surtout que ej trouvais ça agréable sa présence contre moi.
Evidement qu’il avait refuser de parler, je m’y attendais. Je laissais ma main glisser sur sa joue pour la passer dans son dos. Je laissais nos respirations emplir le silence. S’il n’avait rien à dire je me contenterais de lui offrir une présence pour qu’il puisse s’endormir. Sawyer avait même fini par parler, pas pour dire grand chose, mais c’était un début. Je préférais me taire, lui laisser le loisir de continuer ou non. Mais je m’étais mieux installer sur le dos tout en l’attirant dans mes bras, en l’incitant à s’allonger sur moi tout en continuant de lui caresser le dos. Aucun mot ne sortait de ma bouche, de peur de le faire se renfermer, alors qu’il semblait avoir entrouvert un peu la porte. Je me contentais simplement de lui montrer, par mes gestes, que j’étais à l’écoute s’il voulait continuer. Il était têtu comme mec, et j’avais bien compris que insister sur un sujet ne ferais que l’effet inverse et ce n’était pas le moment. S’il était dans mon lit, c’était sûrement qu’il avait besoin d’un peu de soutien. Et étant donnant notre relation un peu chaotique, le moindre mot il pourrait mal le prendre.

(( croissant de lune ))  — Le simple fait de sentir mon cœur s’emballer à cause de l’angoisse rendait les choses pires encore. Je me sentais idiot. Idiot de ne pas avoir été capable de résoudre mes problèmes, idiot de n’avoir jamais eu envie de rencontrer un professionnel pour discuter de ce qui était arrivé quand j’étais plus jeune. Mais je n’avais pas envie de me retrouver face à un vieil ingrat qui, au lieu d’accepter que quelqu’un soit différent de lui, s’inventerait des histoires à dormir debout pour justifier mes problèmes. J’avais obtenu mon suneung avec beaucoup d’avance, j’avais réussi à entrer à l’université, et tout cela, sans avoir à subir une thérapie, mais par moments je devais bien avouer que la vie me tombait dessus, et que je détestais ces gens qui pensaient que tout se justifiait par l’intelligence. C’était faux. N’importe quelle personne censée de mon âge aurait été traumatisée, si elle avait perdu ses parents à dix ans. N’importe qui, même si j’aimais porter un masque au-devant des autres, portait des cicatrices, quelles qu’elles soient. Les miennes étaient simplement plus douloureuses, lors de soirées comme celles-ci.

Et c’est auprès de Namsun que j’avais trouvé refuge, bien que cela puisse sembler étrange. C’était dans son lit que j’étais allé me cacher, comme si cela allait avoir un effet quelconque sur l’angoisse que j’éprouvais. Avec l’espoir, plus exactement, que cela serait le cas. Je fermai les yeux un instant, essayant d’oublier que c’était face à lui que je me trouvais. Parce qu’à part lui poser des problèmes, je n’avais pas fait grand-chose, jusqu’à aujourd’hui. Mon intelligence, au niveau des personnes, laissait souvent à désirer. Et pendant quelques secondes, j’avais gardé le silence, les yeux posés sur un point dans l’obscurité, sans savoir quoi dire, sans savoir quoi faire…  Du moins, pendant quelques secondes.  Je fermai les yeux, les images me revenant encore en mémoire, alors que j’essayais de rester calme. Calme, oui, c’était bien le mot. Essayer aussi, d’ailleurs.

« On a rencontré une gamine qui a perdu ses parents…J’aurais juste voulu pouvoir l’aider… » Et pourtant, malgré ma voix lourde d’émotion, je ne trouvais pas la force de faire la véritable comparaison, celle qui expliquait pourquoi cela m’atteignait tant. Je ne pouvais tout simplement pas m’y résoudre. Je sentis une larme peser sur ma joue, légère et pourtant si lourde, alors qu’elle venait glisser silencieusement sur ma peau. Il fallait que je me ressaisisse.

(( croissant de lune ))  — Je n’aurais jamais penser voir Sawyer si vulnérable un jour. Pas qu’il n’avait pas l’air d’avoir de faiblesse, loin de là, parce que tout le monde en avait. Juste que je ne l’imaginais pas se montrer dans cet état, surtout à moi. Pourtant il était bien là, blotti dans mes bras. Pas besoin de voir son visage pour sentir qu’il allait mal, comme si une aura autour de lui me faisait ressentir son humeur. Il allait mal, je le ressentais et je ne pouvais pas faire grand chose à part être là et l’écouter. C’était peut-être suffisant, je n’avais pas vraiment d’autre options de toute façon. Je me contentais de caresser son dos doucement, en espérant le calmer un peu. En dehors de sa je le laissais faire comme il le sentait, je me taisais pour qu’il puisse s’exprimer librement, c’était sûrement le meilleur moyen pour qu’il s’ouvre un peu, pour qu’il parle de ce qui semblait peser sur son coeur. Passer une sale journée, c’était vague, mais il avait encore ajouter quelques détails après un autre silence. C’est vrai, il étudiait pour intégrer un service qui n’était pas des plus simple. Plein de cas qui devait lui pesé lourd sur la conscience, apparement particulièrement celui d’aujourd’hui. Instinctivement ma main était remontée le long de son dos pour passer dans ses cheveux, l’autre bras toujours nouer autour de sa taille. Jamais je n’aurais cru vivre ce genre de moment avec Sawyer, et pourtant. J’avais peur de ne pa trouver les bon mots, de le faire se renfermer à nouveau, mais je ne pouvais pas rester silencieux indéfiniment.

« Tu … pourra pas lui ramener ses parents, mais ça ne t’empêche pas de lui apporter un peu de soutiens »

C’est sûrement pas l’aide qu’il aurait aimé lui apporter, mais c’était toujours un petit quelque chose. Ses mots avaient été si lourd, je ne savais vraiment pas quoi dire de plus. Comme si cette situation l’hôpital avait posé un énorme poids sur lui, sans que je comprenne pourquoi.

« Tu sais, je t’admire beaucoup, d’avoir choisi ce métier là »

Parce qu’il fallait être fort mentalement pour exercer dans ce genre de service. Et même si ce soir il était dans cet état, il faisait quand même ce métier là, et il avait sûrement tenu toute la journée, avant de laisser ces angoisses l’envahir une fois seul dans son lit. Je me demandais si c’était ça la cause de toute ces insomnies. Même si celle-ci semblait plus dur à faire passer que les autres, parce qu’il n’était jamais venu dans mon lit avant ça. Et tout aussi instinctivement que les caresses que je lui offrais depuis plusieurs minutes, j’avais tourné légèrement la tête pour poser doucement mes lèvres contre son front.