Un moment de détente après bien trop de temps passé à étudier et à tourner en rond dans un dortoir où il ne se passait rien d’intéressant. Voilà la raison très exacte pour laquelle Jaewon s’était rendu au spa, en cette merveilleuse journée. Rien ne valait un moment de repos, quand on faisait des études aussi complexes que les siennes. C’était en ces mots que Jaewon aimait penser à son cursus, car il s’estimait bien au-dessus des autres, même lorsque ce n’était pas le cas. Il attendit qu’on l’autorise à entrer pour aller se dévêtir, prêt à rejoindre les bains. Car c’était avant tout pour cela qu’il était venu : pour profiter du calme, ou du moins l’espérait-il.

Son regard se posa sur l’intérieur de la pièce et il fronça les sourcils. C’était vide, à cette heure ? Enfin, cela pouvait arriver. Ce n’était pas très important. Il ne tarda pas à rejoindre le bassin pour s’y installer. Autant dire qu’en attendant que d’autres personnes se pointent, il avait bien l’intérêt d’en profiter. L’eau chaude lui faisait déjà du bien. Quand une nouvelle personne s’approcha enfin, il leva les yeux vers le nouvel arrivant en un sourire. « Bonjour. » Poli, avenant… Qui aurait pu lui en vouloir ?

Quoi de mieux qu’un moment dans un bain chaud pour détendre ses muscles et son esprit ? Rien d’autre. Irie en était convaincu. Au Japon, il passait le plus clair de son temps dans les Onsen ou Sento quand il le pouvait. Ça l’aidait à se relaxer et à prendre du temps pour lui, pour réfléchir à sa vie et à son avenir. Là, il en avait simplement besoin pour remettre de l’ordre dans ses pensées. Il sortait avec Liena et en était très heureux, mais il avait peur pour la suite. Et si elle ne voulait plus de lui ? Et si ce n’était que passager et qu’elle trouvait quelque chose de mieux ? Et si elle ne l’aimait pas vraiment et c’était simplement parce qu’elle n’avait pas trouvé mieux ? Il aimait sûrement un peu trop la demoiselle pour que ce soit un simple crush. Cependant, pour le moment, il ne préférait pas en parler. Il ne voulait pas qu’elle prenne peur. Ça pouvait faire peur ce genre de sentiments.

Il se déshabilla donc dans les vestiaires, avant d’entrer dans la zone des bains. Il remarqua qu’elle était très peu peuplée et s’avança jusqu’à entendre une petite voix le saluer. Il s’inclina légèrement lui rendant son salut. « Bonjour. » Il s’installa à quelques mètres de lui, lui laissant un peu d’intimité. « C’est vide aujourd’hui… D’ordinaire il y a plus de monde. » Petite tentative de faire la conversation parce qu’il n’avait pas forcément envie de se retrouver seul avec ses pensées. Il savait qu’il partirait trop loin encore une fois.

Spoiler:

Assis dans l'eau, Jaewon se détendait paisiblement, en essayant de chasser de son esprit les pensées négatives qui pouvaient s'y loger. Quand il rentrerait, il s'installerait probablement quelques heures à la harpe, afin de s'exercer. Il avait cours à la fin de la semaine, et il était hors de question qu'il manque à ses obligations. Il apprenait un nouveau morceau, ce qui n'était pas à prendre à la légère, quand on savait que son professeur se montrait parfois particulièrement exigeant.

Son attention fut attirée par l'arrivée d'un autre homme, à qui il adressa un fin sourire avant de le saluer. Par chance, celui-ci lui répondit. Rien n'était plus désagréable que se voir ignorer, dans une telle situation. Il garda un instant les yeux posés sur l'eau devant lui, avant de tourner la tête vers le nouvel arrivant et de laisser échapper un léger rire. « En effet, c'est assez rare. » dit-il avant de reposer les yeux sur l'endroit où ils se trouvaient. « Remarquez, ce n'est pas plus mal. Au moins personne ne se marche sur les pieds. » Incapable de déterminer s'il pouvait tutoyer ou non ce jeune homme, Jaewon se contentait de lui parler avec une politesse toute de rigueur. « Vous venez souvent? » Une question tout à fait innocente, évidemment. Il était lui-même un habitué des lieux. Rien n'était plus agréable que profiter d'un peu de tranquillité dans un bassin d'eau chaude.

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Répondre à l’inconnu était quelque chose de normal pour Irie. Il trouvait ça impoli de ne pas le faire et clairement, s’il avait été le premier à saluer, il aurait aimé qu’on lui réponde. Il s’installa donc dans l’eau, à une distance raisonnable du blond, mais pas trop loin si jamais il a avait envie de faire la conversation. Cependant, ce fut le japonais qui entama cette dernière en parlant du lieu peu fréquenté. Il était vrai que d’ordinaire, il y avait clairement plus de monde. Là, c’était un peu vide, et Irie n’en connaissait pas la raison. Pas plus que l’homme à ses côtés apparemment. « C’est vrai que c’est plus agréable d’avoir de la place pour soi. Quand il y a trop de monde, se retrouver presque collés les uns aux autres, alors que c’est censé être un moment quand même de détente et intime, très peu pour moi. »

Il sourit à cette nouvelle connaissance, avant d’hocher la tête. « Quand j’étais au Japon, je passais énormément de temps dans des bains publics. Ça permet de se vider la tête et de passer un bon moment. » S’il y avait une chose qui lui manquait dans sa vie nipponne, c’était bien ça. Ce n’était même pas son père ou sa mère. Juste, les bains. « Et maintenant que je suis en Corée, je viens assez régulièrement. Et vous ? » Irie n’avait aucun mal à parler de sa vie, sans pour autant rentrer dans les détails. Il sourit à nouveau à l’inconnu, s’asseyant un peu plus confortablement pour apprécier ce moment de calme et de sérénité. Ce n’était pas chez les pyos que ça pourrait être le cas. Ils passaient plus de temps, à parler fort, s’engueuler, coucher à droite et à gauche, ou jouer à des jeux vidéos. Irie avait besoin de ces moments tranquilles seul.

Quand bien même Jaewon ne faisait pas partie des personnes les plus avenantes que comptait cette ville, il aimait de temps en temps faire la conversation avec les personnes qui l’entouraient. C’était assez distrayant, et il s’agissait toujours d’un bon moyen de faire de nouvelles rencontres, d’élargir son horizon social et, en quelque sortes, d’améliorer sa condition de fourmi humaine, à l’échelle de l’humanité. Bien trop intéressé pour son propre bien, c’est en ces termes que l’étudiant voyait le monde dans lequel il vivait : une suite d’opportunités et d’occasions à saisir. Alors, les yeux posés sur l’inconnu qui s’était joint à lui, Jaewon laissa ses lèvres se parer d’un sourire alors il hochait doucement la tête. « Surtout que certaines personnes ont quelques difficultés à comprendre le sens du mot intimité. » Quand les regards se faisaient trop insistants, abandonnant le visage où ils auraient dû se trouver pour se perdre en des endroits bien moins acceptables, il était facile de se sentir mal à l’aise. Par chance, Jaewon connaissait les limites de la décence et n’était pas de ce nombre d’imbéciles mal éduqués. « Je préfère ça aussi. » ajouta-t-il sans perdre le fin sourire qui étirait ses traits.

« Oh, vous êtes japonais ? » À bien l’écouter, il lui semblait reconnaitre un accent qu’il n’avait pas remarqué jusqu’alors. La question paraissait soudainement légitime aux yeux du futur dentiste qui, sans insister pour autant, s’intéressait à la réponse. « Je viens assez souvent, ça me permet de me déconnecter un peu du reste du monde. » avoua-t-il sans la moindre gêne. « En plus, on rencontre pas mal de gens par ici, c’est toujours agréable, ça évite de voir toujours les mêmes visages. » S’il avait été contraint de souffrir la vue de la tête des Cheonglyongs à longueur de journée, il en serait devenu fou au bout de quelques semaines, Jaaewon en était convaincu. « Vous faites quoi dans la vie ? » Un petit rire lui échappa ensuite, alors qu’il s’appuyait un peu mieux contre le rebord du bassin, se trouvant trop droit. « Pardonnez mon indiscrétion, j’ai tendance à être un peu trop curieux. »

Comme il l’avait dit, se retrouver collé à d’autres personnes dans ce genre de moment intime et de détente, très peu pour lui. Il avait besoin d’espace et en aucun cas n’appréciait qu’un autre homme colle sa peau moite à lui. Ce n’était pas une question de sexualité, comme on lui avait souvent reproché, mais plus d’espace personnel. Ça ne lui viendrait jamais à l’idée de se coller à quelqu’un alors pourquoi on viendrait lui faire ? Il hocha la tête aux paroles de l’inconnu, acquiesçant à ses mots. Ils étaient tous les deux du même avis et c’était parfait ça. Au moins, ils ne se retrouveraient pas à faire la discussion peau à peau. « C’est bien mieux effectivement. » renchérit-il, un sourire ourlant toujours ses lèvres tandis qu’il continue de parler, expliquant qu’il y allait souvent quand il était au Japon. Cela faisait quelques années maintenant qu’il n’était pas retourné là-bas, préférant passer ses vacances scolaires en Corée du Sud, mais ça lui manquait les bains publics de son pays natal. « Oui je suis japonais. Ça s’entend un peu. » Irie savait qu’il avait un petit accent malgré les années qu’il avait passé dans son pays d’adoption. Il ne pourrait pas s’en défaire et trouvait que ça lui donnait un petit charme, donc il n’essayait pas de le perdre.

La conversation s’engagea entre eux assez naturellement et ça plaisait au plus vieux. Il n’y avait pas de silence bizarre entre eux, ni de regards malaisant. C’était plaisant et le futur médecin n’arrêtait pas de sourire à ce jeune homme qui semblait partager la même opinion de ces bains. « C’est vrai que le but premier n’est pas de rencontrer des gens, mais ça fait du bien. Ça diversifie son cercle de connaissance. » Et dieu sait qu’il en avait besoin. Ne supportant pas de rester seul, Irie avait plus de connaissance et de potes que de réels amis. Ceux-là pouvaient se compter sur les doigts de la main et il n’y en avait pas tant que ça parce qu’il était du genre social, mais à ne pas faire confiance aux autres. Paradoxal, il en convenait mais il était comme ça. Le jeune homme entretenu la discussion et le sourire de Irie s’agrandit alors qu’il secoua la tête, balayant ses excuses. « C’est rien. La curiosité est souvent définie comme un défaut, mais je pense simplement que c’est une excuse pour ne pas l’être. Ça ne fait pas de mal de l’être, ça ouvre son esprit au monde et nous donne un esprit critique. » Il décala son corps de façon, à trouver une position plus confortable avant de reprendre la parole. « Je fais des études de médecine. Je suis en train de me spécialiser dans la chirurgie pédiatrique et vous ? » Il sourit un peu plus alors qu’il laissa son corps s’enfoncer dans l’eau chaude.

Jaewon était ravi de pouvoir profiter des bains sans devoir se prendre la tête avec un autre. Ne pas devoir rappeler aux autres qu'il possédait lui aussi une bulle d'intimité, chose que certaines personnes oubliaient parfois, de toute évidence. Il ne comprendrait jamais ces gens qui, sans aucune raison, se comportaient avec les autres comme s'ils étaient de la même famille. Il hocha la tête, un sourire aux lèvres, alors que son interlocuteur confirmait une fois encore ses propos. Il n'aurait pu qu'en être heureux. « C'est vrai que maintenant que vous le dite, je le remarque aussi, mais je n'avais même pas fait attention. » Un compliment ? Pas forcément. Aux yeux de Jaewon, c'était une observation plus que tout autre chose. Il n'avait jamais été très doué pour l'empathie, et qui pouvait savoir si la chose était bonne aux yeux de cet homme ou non.

« Exactement ! » Un petit sourire aux lèvres, Jaewon laissa une fois encore ses yeux passer autour de lui. La diversité facilitait les choses. Il ne supportait pas ces gens qui s'entouraient toujours du même cercle. Ils se limitaient à l'opinion de personnes qui ne pensaient que du bien d'eux, la plupart du temps, et cette chambre à écho les rendait fous. S'il aimait être apprécié par les autres, Jaewon refusait d'être cette personne qui laissait chacun croire qu'il détenait le savoir absolu. Du moins, c'était la vérité, dans leur dos : il ne manquait jamais une occasion de remettre en question un autre. Mais pour aujourd'hui, il n'avait aucune raison de se comporter de la sorte, n'est-ce pas ?

En plus, il aimait la façon de voir les choses de cet homme. Une excuse pour ne pas l'être. « En effet. » Il rit doucement. « J'ai eu récemment une discussion intéressante avec un de mes colocataires, au sujet de la superficialité. » Une idée qui l'avait beaucoup amusé, d'ailleurs. Cette façon qu'avait eu Mingyu de repousser l'hypothèse que tout cela ne soit qu'une excuse l'avait beaucoup amusé. « Je pense que l'on se trouve beaucoup d'excuses pour ne pas reconnaître nos défauts. » Mais cela, ce n'était que son avis, évidemment. Un avis auquel il tenait, mais tout de même. Cela ne l'empêcherait pas de s'amuser de ce qu'en pensaient les autres. « Oh, un autre médecin. » Un sourire reprit place à ses lèvres. « J'étudie la médecine également, j'ai pour projet de devenir dentiste, mais rien n'exclut la possibilité que je change d'avis en cours de route, évidemment. » Il reposa les yeux sur son interlocuteur, laissant ses mains glisser dans l'eau chaude qui détendait ses muscles. « C'est intéressant, la pédiatrie ? » Il n'était pas du genre à s'entendre avec les enfants, lui qui n'était déjà pas capable de vivre en paix avec ses frères et soeurs. Il se demanda comment on pouvait en arriver à faire un tel choix.

Malgré les années passées sur le sol coréen, il arrivait parfois que l’accent japonais de Irie ressorte sur certains mots. Ce n’était pas flagrant, mais si on prêtait attention, on l’entendait. Lui, l’oubliait bien souvent et ne s’en rappelait que lorsqu’on lui faisait la remarque ou qu’il parlait de son pays natal. « Si vous ne l’aviez pas remarqué, c’est que je dois avoir un bon niveau en coréen. » Il ne se vantait pas au contraire. Ça lui faisait plaisir d’entendre et se rendre compte que les gens ne pensaient pas qu’il était japonais parce qu’il n’avait plus ou peu d’accent. Cela voulait dire qu’il pouvait se fondre dans la masse coréenne et passer inaperçu. Irie sourit à cet inconnu en constatant qu’il partageait à peu près les mêmes opinions que lui. C’était quand même rare de trouver quelqu’un qui avait ce genre de pensées et réflexions. Ça lui changeait des gens bêtes et fermés d’esprit. Le japonais n’était pas pour que tout le monde pense la même chose que lui, mais ceux qui ne changeaient pas d’avis ou n’essayaient pas de comprendre les autres, l’insupportaient.

Irie posa à nouveau son regard sur l’inconnu et continua de sourire légèrement. « Et il en a découlé quoi de cette conversation ? Vous en pensez quoi vous de la superficialité ? » demanda-t-il curieux de connaitre son opinion sur la question. Pour le futur médecin, cela faisait un peu partie de sa vie, sans qu’il ne le veuille vraiment. En effet, il passait plus de temps avec des gens qu’il considérait simplement que comme des connaissances ou des potes plutôt que comme de véritables amis. Mais ce n’était pas réellement sa faute. Si ses parents l’avaient aimé au lieu de le rejeter, peut-être qu’il ne rechercherait pas cet amour avec des gens qu’il appréciait sans plus. Il hocha la tête en écoutant la suite de son discours, encore une fois d’accord avec le jeune homme. Encore une fois, les excuses étaient plutôt là pour se voiler la face, surtout lorsqu’elles n’étaient pas sincères.

La conversation passa ensuite sur ce qu’ils faisaient dans la vie et Irie parla avec passion de son futur métier. Il allait devenir chirurgien pédiatrique parce qu’il adorait les enfants, sa petite amie avait d’ailleurs le comportement d’une enfant, mais également parce que la médecine l’attirait depuis des années. « Oh vous aussi ? » lança-t-il alors que le jeune homme entreprit de lui parler de son souhait d’être dentiste. Il l’écouta attentivement et sourit un peu plus. C’était intéressant le dentaire, mais ce n’était clairement pas pour Irie. Lui préférait travaillait à sauver des vies plus concrètement. Il ne regardait pas de haut ces métiers là de la médecine parce qu’il n’était pas si présomptueux, mais ça ne l’intéressait pas vraiment, du moins pour ce qu’il avait en tête. « Très. Travailler avec des enfants nous rend plus humble je dirai. Ils savent qu’ils sont malades, la plupart ont même conscience qu’ils vont mourir, mais ils arrivent à être positifs et à garder le sourire… » Il repensa à la petite fille qu’il avait du rassurer et qui lui avait offert le plus magnifique des sourires en lui disant qu’elle irait bien si c’était lui qui s’occupait d’elle. Ça lui avait fait un bien fou et il avait tout fait pour qu’elle s’en sorte. « Ils sont pleins d’espoir. Ça nous donne de l’espoir. » Il sourit un peu plus. « Et vous, qu’est-ce qui vous attire dans le dentaire ? »

Un sourire avait étiré les lèvres de Jaewon. « En effet. Du moins de ce que j'ai pu entendre jusqu'au aujourd'hui, il n'y a absolument aucune raison de vous en faire. » Il avait déjà, par le passé, croisé le chemin de personnes dont le langage le dérangeait profondément. Des abrutis comme son frère et sa soeur, qui peinaient à s'exprimer alors que le coréen était leur langue maternelle. Juger ne l'avait jamais dérangé, en vérité. Il avait toujours fait partie de ces gens qui s'estimaient meilleurs que les autres... Mais l'était-il vraiment ? Il était difficile de savoir si ce comportement n'était pas simplement le résultat d'un dégoût envers un jugement qu'on lui avait porté, mais qui échappait à d'autres. Dans tous les cas, il n'avait pas emprunté le chemin de l'empathie.

« Disons que mon colocataire s'estime au-dessus de ça. » Un petit rire lui échappa à cet pensée. « Personnellement je pense que nous sommes tous concernés, ne serait-ce qu'un peu. Pour reprendre le même exemple que celui que je lui ai donné, on n'irait pas manger une nourriture qui nous semble peu appétissante, à moins d'avoir d'autres indicateurs qui nous assurent qu'elle est bonne. On se fie presque toujours à l'une des choses qu'on perçoit au premier abord. C'est naturel. » Après tout, l'homme ne descendait-il pas de l'animal ? Il avait perdu beaucoup en chemin, cédant la place à d'autres choses qui étaient devenus des extensions de lui-même plutôt qu'autre chose. « Mais évidemment, vous avez le droit de ne pas être d'accord avec moi. C'est juste mon impression. » Et il n'avait aucune honte à s'affirmer comme une personne superficielle. Pourquoi aurait-il dû, de toute façon ? Ce pays regorgeait de personnes qui étaient prêtes à se livrer à la plus petite opération afin de devenir plus beaux, plus intéressants, plus attractifs. Même dans le milieu de l'emploi, il était plus simple d'obtenir un poste quand on était un peu plus attirant que la moyenne. « Qu'en pensez-vous d'ailleurs ? » Il était toujours intéressant d'avoir d'autres avis, après tout.

Un petit sourire s'attarda aux lèvres de Jaewon, face à la réaction d'Irie, et il hocha la tête avant de s'aventurer à lui poser davantage de questions. « Et ce n'est pas trop difficile de leur faire comprendre, parfois ? » Cela semblait complexe, d'autant qu'il était facilement à bout avec les plus jeunes. Dire qu'il sortait lui-même à peine de l'enfance. Il haussa les épaules quand la question lui revint. « On a besoin d'une bouche saine pour s'alimenter sainement. Allez savoir pourquoi, j'ai toujours trouvé cela particulièrement important. » Puis, n'en fallait-il pas ? « J'ai toujours été impressionné par le nombre de personnes qui ont une hygiène dentaire médiocre ou ignorent carrément l'existence du fil dentaire. » dit-il en riant. « Et vous ? Ça vous est venu d'où exactement ? »

Il était heureux qu’on n’entende plus son accent japonais quand il parlait. C’était une petite victoire en soit. Cela voulait dire qu’il parlait un bon coréen et que personne ne pouvait déceler qu’il n’était pas né ici et venait du pays du soleil levant. L’inconvénient c’était que maintenant, il ne pouvait plus passer pour un japonais qui apprenait le coréen. Il se devait donc de parler sans fautes de syntaxe ni même de grammaire. Et jusqu’à maintenant, il y arrivait pas mal. Au moins, il n’avait pas de mal à se faire comprendre et encore moins à répondre au jeune homme qui partageait le bain avec lui sur des sujets tels que la superficialité. Irie ne se souvenait plus vraiment comment ils en étaient venus à parler de ça mais le sujet étant lancé, il écouta le plus jeune lui mentionner ce que son colocataire avait dit ainsi que l’exemple qu’il lui avait donné pour contrecarrer ses arguments. Le japonais du avouer que ce n’était pas bête son raisonnement. Il n’irait pas manger quelque part si la nourriture lui apparaissait comme absolument pas appétissante et ce serait de l’hypocrisie que de prétendre le contraire. Et c’était exactement pareil avec les gens. Que ce soit pour de l’amour ou de l’amitié, on allait vers des gens qui nous convenait physiquement avant de nous convenir mentalement.

« Je suis du même avis que vous. Ce serait complètement hypocrite de dire qu’on ne fait pas attention à l’apparence en premier. C’est notre premier repère, on va dire, quand on rencontre quelqu’un. Et ensuite, on apprend à connaitre la personne. » Il sourit doucement avant de réfléchir à ce qu’il venait de dire. S’il avait abordé Liena en premier lieu, plus que parce qu’elle lui plaisait physiquement, c’était parce qu’il la trouvait intrigante. Donc ça ne matchait pas spécialement ce qu’il venait de dire. « Cependant, je suis aussi d’avis qu’on peut être attiré par quelque chose qui ne nous plait pas vraiment physiquement parlant, mais qu’on trouve intriguant… Pour reprendre l’exemple de la nourriture, la première fois que je suis venu en Corée, je n’avais jamais mangé de kimchi. Je trouvais que ça n’avait pas un bel aspect mais ça m’intriguait parce que je voulais goûter et que tant que je n’avais pas goûté, je n’aurais pas pu me le sortir de la tête… Et puis j’ai goûté et j’ai trouvé ça super bon, bien que trop épicé pour mon palais. » Irie se souvenait encore du goût de la première fois et de la grimace qu’il avait fait à cause du fait que c’était trop fort.

Leur conversation, après avoir parlé de superficialité passa sur leurs études respectives et le japonais découvrit qu’ils étaient dans le même cursus et ils commencèrent à échanger sur ce sujet. « Hmm, pas vraiment. Ils sont jeunes, donc ils savent qu’ils sont malades. Mais parfois, ils ne comprennent pas qu’ils sont vraiment malades et qu’ils vont mourir. Le plus difficile ce sont les parents. Leur apprendre que leur enfant est malade… C’est pire que tout. » Parce que les enfants gardaient le sourire et essayer de vivre leurs vies tandis que les parents se morfondaient sur leur vie. Irie comprenait que c’était dur et compliqué, mais certains parents n’arrivaient pas à rester de marbre et ne pas montrer leur douleur à leurs enfants. Le jeune homme répondit à ses questions et il hocha la tête en signe d’écoute. Il n’avait pas tort. De nombreuses personnes n’avaient pas une hygiène irréprochable et ça lui faisait parfois peur. « Mes parents n’ont jamais réellement été présents pour moi on va dire. Et je suis tombé sur un livre sur l’anatomie et c’est devenu une évidence je dirai. » Puis il avait passé pas mal de temps à se renseigner jusqu’à ce que ce soit une vraie passion. « Je m’appelle Saito Irie et vous ? » finit-il par se présenter.