Vingt minutes, c’est le temps qu’il m’a fallu pour comprendre que Seung Woo a certainement perdu son GSM. Ce gosse va me tuer un jour. J’enfile un sweat, attache mes cheveux sans les coiffer réellement. Mes pas me conduisent à la cuisine de ma fraternité où l’un des garçons est occupé à manger. Ni une, ni deux, je me penche par-dessus l’épaule, et porte la cuillère à ma bouche. On me lance un regard noir, et moi, je marmonne juste un J’ai un cas d’urgence. Et pas n’importe quel cas d’urgence. L’autre babouin m’a réveillé méga tôt pour me prévenir qu’il n’avait pas préparé les vêtements de notre bébé. J’ai donc envoyé un message, puis un autre, et encore un autre au gamin. En lui demandant de me répondre. Mais rien, que dalle. Monsieur, il fait le mort là. Même quand j’ai essayé de l’appeler, il a pas répondu. Et pourtant, nous savons tous que Sun, il répond méga vite au téléphone depuis qu’il a compris l’utilisation.

En jogging, les mains dans les poches de mon sweat, mes pas me rapprochent du dortoir des Cheonglyong. Et plus je m’approche, plus je me demande comment il dort. Y a l’image étrange d’un Seung Woo dormant juste en boxer qui surgit dans mon esprit. Image que je chasse en secouant la tête dans tous les sens. Autour de moi, y a des gens qui me regardent et certains rigolent même en me montrant du doigt. Je ne peux m’empêcher de leur lancer un regard noir tout en leur demandant d’une voix froide Quoi ? Vous voulez ma photo ? Bien entendu que je suis énervée. Si ça se peut c’est un coup de Han, juste pour que j’arrête de cacher mes sentiments. Je vous jure celui-là dès que je l’aurai sous la main, je vais le castrer. Il arrêtera d’essayer de se mêler de ma vie sentimentale. Car de base, hier soir, je devais sortir mais pour finir, il m’a tellement soulé que je suis restée dans ma fraternité à manger devant une série romantique. Tout en imaginant à chaque fois que les mots du premier rôle masculin, c’était Sun qui me les disait. Je suis pathétique, non ?

À la longue, chez les bleus, ils ont l’habitude de me voir débarquer. Que plus personne ne me toisent comme si j’étais une étrangère. Je souris à celle qui m’ouvre la porte. Et je n’ai même pas besoin de demander où est celui qui hante mes pensées impures qu’on me montre l’étage du doigt. Je souris froidement en mettant ma capuche sur la tête et avance tel un bulldozer vers sa chambre.

Yeah ! Tu as un téléphone, c’est pas pour les chiens. J’ouvre la porte sans m’annoncer. Et je le cherche du regard et tombe sur lui. Tu mériterais que je te tape, Sun. on sent que je me suis calmée quand mon regard s’est posé sur lui. À chaque fois, j’ai envie de le serrer contre moi tellement il a l’air perdu. Tu as pris ta douche ? Tu t’es lavé les dents ? je lui demande tout en fouillant dans son armoire après les fringues du jour.  Et c’est là que je tombe sur une de mes baskets. Je me retourne vers lui, hausse un sourcil avant de sourire. Car mon but dans la vie, en dehors de nier les sentiments que j’ai pour mon ami d’enfance, est de l’embêter. Tu serais pas devenu un peu fétichiste ? Est-ce qu’il connait le mot déjà ?

Comment vais-je le taper aujourd’hui ? Car je vais le taper et après Han Ja va encore se plaindre que je suis violente avec Seung Woo. Déjà, je suis pas violente et puis l’adage le dit bien “qui aime bien châtie bien”, et moi, je l’aime beaucoup, donc je le tape. Et dès que j’arrive au dortoir des bleus, tout le monde s’écarte pour me laisser passer. Ils ont tellement l’habitude depuis le temps qu’on rejoue la même scène.

Sauf que mon envie de le taper a disparu dès que mon regard se pose sur lui. Sun en serviette de bain, me laissant admirer son torse. Je suis certaine que l’autre babouin l’a fait exprès d’oublier, juste pour me mettre mal à l’aise devant le corps musclé de mon ami d’enfance. Et le comportement de Seung Woo m’empêche de rester en colère contre lui très longtemps. Il est si mignon et si parfait. Les questions viennent machinalement, une habitude, le même rituel chaque matin depuis notre enfance. Je sais qu’il a pris sa douche, je le vois et sens le parfum de son gel douche. Alors je détourne mon regard pour me diriger vers son armoire.

C’est là que je retrouve une de mes baskets préférés. L’autre se sent seule dans ma chambre. Je vais pour lancer une boutade à Sun, en la lui montrant. Et le voilà qu’il se lève pour s’approcher de moi. Oui, c’est à moi. est ce que j’ai réussi à dire. Je me demandais juste où elle était passée.   Même si une partie des vêtements qu’il y a dans sa garde-robe sont les miennes, va savoir comment il arrive toujours à se retrouver avec un pull, un sweat ou même un jeans. Quoi que… Suis-je bête, c’est quand je lui pique un truc à porter. Car j’aime sentir son odeur sur moi. Pathétique, non ?

Je cherche dans l’armoire un pantalon noir ceintré, un pull gris et son t-shirt blanc. Sun. dis-je en déposant les vêtements à côté de lui. Tu ne dois pas recevoir une fille dans ta chambre quand tu ne portes qu’une serviette. dis-je. Lui qui a l’habitude que je le regarde droit dans les yeux quand je lui parle, doit être étonné de me voir regarder ailleurs et surtout que mes joues soient dans les teintes rosées. Même si l’autre idiot te dit que c’est bien, tu ne dois pas le faire. Sinon, je te tape. Tu as compris ? et j’évite de planter mon regard dans ses prunelles pour qu’il ne comprenne pas que je suis gênée de son accoutrement. Pourtant, on prenait notre bain ensemble et j’ai déjà tiré plusieurs fois sur sa serviette… quand on était enfant. Dès que nos corps ont commencé à changer, nos mères ont commencé à m’expliquer que je ne pouvais plus me laver avec les garçons. Je suppose qu’ils ont eu la même explications. J’ai même pas remarqué que j’ai oublié de lui prendre un boxer et des chaussettes.

Lui faire la morale, une habitude qu’on a Han Ja et moi depuis l’enfance. Nous savons tous les deux que Seung Woo n’a pas la même perception que nous dans la vie. En vrai, ça me dérange pas de le voir porter une simple serviette de bain autour de la taille. Bon, j’avoue que ça me met un rien mal à l’aise, alors qu’en temps normal, je trouve ça mignon de voir un homme porté que ça. Sauf que c’est Seung Woo, mon Sun à moi. Et il est si innocent, si pure que j’ai dû mal à concevoir qu’il se promène ainsi devant une fille. Puis la question est plutôt sait-il que je suis une fille ? J’en sais rien. La seule chose que je sais est qu’il est le seul à réussir à me donner l’impression d’avoir des papillons dans le ventre juste par sa manière de me regarder, c’est ainsi depuis de si nombreuses années.

J’évite de le regarder en le menaçant, et un sourire étire mes lips en l’entendant me répondre du tac o tac. C’est vrai que je passe mon temps à le taper, pas méchament, c’est Han qui se ramasse les vilains coups. Je reporte mon regard sur lui, prête à lui dire que je sais qu’il le fera plus. Quand il enlève la serviette. Mes yeux s’écarquillent sous la surprise, et je détourne la tête. Merde ! Seung Woo, tu fais quoi ? J’ai envie de lui dire, sauf que ma gorge est serrée et mon cœur tambourine trop vite dans ma poitrine. J’entends vaguement la porte de sa chambre se refermer, je n’ai toujours pas bougé de place, ne réussissant pas à reprendre le contrôle de mon être entier.

Les minutes passent, mon rythme cardiaque redevient à la normale. Mes jambes décident quant à eux de me porter jusqu’au lit où je me couche et regarde le plafond. On a passé des heures allongés tous les deux, tous les trois à regarder le plafond de cette chambre, sans échanger un mot. Dès que je ferme les yeux, j’ai l’image de Sun s’approchant de moi, me surplombant et m’embrassant. Chose qui n’arrivera jamais. Jamais. Jamais. Il ne se rend pas compte que je souffre en silence depuis des années de sentiment qu’il ne partage pas. Je m’en moque qu’il ne soit pas comme les autres. Il est lui, il a toujours été lui. Celui qui ne comprend rien aux relations humaines. Celui que j’ai obligé à se sociabiliser, car je sais qu’un jour ou l’autre Han et moi, on serait plus là pour veiller sur lui. Celui pour qui mon cœur bat depuis des années. Il est ma plus belle histoire d’amour. Il ne se rend pas compte que je l’aime, qu’il y a que lui qui m’importe, les autres je m’en moque.

La porte s’ouvre de nouveau, et je ne me redresse même pas, préférant continuer à vivre dans mon monde où Seung Woo partage mes sentiments. Je sens le lit s’effacer à côté de moi. Je l’imagine très bien essayer de trouver quelque chose à dire tout en se mordant la lèvre. Un sourire fugace étire mes lèvres en l’entendant parler de son pull. On l’a choisi, car il trouvait que la matière était douce, et la couleur je l’ai pris car ça faisait ressortir ses yeux. J’ai envie de pleurer tellement j’ai mal d’un coup. Mal de rejeter mes sentiments, de jouer à celle qui ne ressent rien pour lui. L’envie de lui dire que je suis la seule à pouvoir le voir nu est si présent dans mon esprit. Mais il ne comprendra pas, alors je me tais, regardant juste le plafond. J’ai appris à chasser ce genre de penser en comptant jusqu’à dix. A dix, je redeviendrai sa Eunie, cette fille qui le menace de le taper pour un rien, cette fille qui le materne.

Un, deux, je ferme les yeux. Trois, quatre… Cinq. Et il se colle à moi, entoure mes épaules de ses bras. Je me sens soulever, je me sens étrange quand il pose sa tête dans mon cou. Mon cœur reprend un rythme cardiaque rapide. Je l’entends me parler, j’aurai même dû réagir en apprenant qu’il n’a pas mangé depuis hier midi. Sauf qu’il en est rien. Je reste ainsi quelques instants, avant de poser une main dans ses cheveux. Serre-moi plus fort les mots sortent étouffer par un sanglot. Merde ! Je pleure. Il va rien comprendre, mais je m’en moque. Il demandera à l’autre idiot qui a tout prévu, j’en suis certaine pourquoi je pleurai. Mais je m’en moque. À cet instant, je veux juste sentir Sun contre moi. Sentir sa respiration dans mon cou qui me donne des frissons. Sentir son cœur battre contre ma poitrine. Et mes doigts jouent dans ses cheveux. Il suffirait juste qu’il relève la tête à cet instant, il suffirait qu’il me regarde droit dans les yeux pour que j’oublie cette distance que je m’impose depuis des années et que je goûte enfin à ses lèvres qui me font chavirer à chaque fois que je les fixe  ([strike]bien trop souvent[/stike]).

Puis ses paroles me reviennent en mémoire. J’arrête de caresser ses cheveux, j’essuie mes larmes d’un revers de la main et le repousse gentiment. Moi aussi, j’ai faim. Je lui souris avant de me lever. Tu vas m’aider à cuisiner ? Car même si monsieur ne sait pas prendre soin de lui tout seul, je sais moi, qu’il suit parfaitement les instructions à la lettre. Et après, on fera ce que tu veux, Sun. Je passe la journée avec toi. Jusqu’à ce que Han arrive et là, je castre mon crétin de meilleur ami. Le premier dans la cuisine à gagner. Mais voyons, je devrais savoir qu’on ne court pas dans les escaliers, c’est dangereux. Je lui souris, attendant de le voir me regarder surpris, attendant qu’il me dise qu’on a pas le droit de courir.

Son souffle dans mon cou, ses lèvres se posant sur ma peau. Un frisson me surprend, je souhaiterais que le temps s’arrête pour toujours. J’ai mal, j’ai si mal qu’il ne ressente pas la même chose que moi. Comment je le sais ? Il ne me voit pas comme une fille. Pour lui, je suis Eunie, celle qui lui pique ses goûters. Et les larmes qui ont décidé de revenir, je déteste me retrouver si faible devant lui. Il m’a vu pleurer une fois, même quand ma mère me tapait pour une bêtise, je ne pleurai pas. Rigolant plutôt pour ne pas l’inquiéter. Et là, le sentir contre moi, sentir ses bras se refermer sur moi. Depuis quand n’avons-nous pas été si près ? Longtemps. La dernière fois remonte à la nuit de notre anniversaire où nous avons failli nous embrasser. Et quand il s’est endormi cette nuit-là, j’ai posé mes lèvres contre les siennes en lui murmurant que je l’aime.

Puis ses paroles me reviennent en tête. Il a pas mangé depuis hier midi. Si je tiens Han Ja, il va mourir. Comment il ose laisser Sun sans rien dans l’estomac. Mon meilleur ami me regarde droit dans les yeux, mon cœur rate un battement. Il va m’embrasser là, non ? J’attends quelques secondes, prête à fermer les yeux pour savourer le contacte de ses lèvres contre les miennes. Et les paroles de sa mère résonnent dans mon esprit.

Entendre toujours la même phrase, entendre cette femme que j’admire, me dénigrer en me disant que je ne serai pas assez bien pour son fils. Qu’il mérite une femme plus féminine, plus mignonne à regarder et qui sait s’occuper d’une maison. Me ramène sur terre. Puis Seung Woo ne doit certainement pas avoir envie de m’embrasser. Il doit juste attendre que je bouge, car il a faim. Je le repousse tout doucement, me lève pour me diriger vers la porte. Ce n’est pas aujourd’hui que j’arriverai à lui dire les sentiments que j’ai à son égard. Puis, il est mon meilleur ami, le gamin, celui que je m’occupe comme si… on était en couple à vrai dire. Est-ce normal qu’une fille s’occupe de préparer le repas d’un garçon tous les jours. Du point de vue de quelques-uns de nos camarades Sun et moi, sommes en couple. Et moi, je nie toujours en expliquant qu’il est comme mon petit frère. Sauf que je l’aime.

Aujourd’hui, j’ai décidé de rester avec lui toute la journée. J’aime me faire souffrir, rester près de lui, le voir, l’observer. L’entendre parler, chose qu’il fait rarement. J’en ai besoin vital. C’est ça, soit je retourne au dortoir me cacher sous la couverture pour pleurer toutes les larmes de mon corps. Et puis, il a faim et moi aussi, je commence à avoir faim. Je n’ose même pas regarder l’heure qu’il est. Sinon, je serai capable de l’abandonner là pour aller tuer Han. Alors pour oublier ce qui ne vient pas de se passer. Je propose faire la course jusqu’à la cuisine.

J’éclate de rire en commençant à avancer dans le couloir. Quand soudain, je sens sa main se fermer sur la mienne. J’arrête de marcher, le regardant surpris, avant de regarder nos mains unies. Un, deux, trois Seung Woo est en colère. Je ne comprends pas pourquoi. Après tout, il a l’habitude que je me mette à courir dans les escaliers. Pire, il me tire vers sa chambre de nouveau. Mon cœur tambourine, veut-il qu’on soit que tous les deux ? On est souvent que tous les deux, mais là, y a un je sais pas quoi dans l’air. On va commander. un murmure sortant de mes lèvres. Je tire sur sa main pour récupérer la mienne et lui tourne le dos. quatre cinq six

Moi aussi, je suis vexée. Cuisiner pour lui, c’est quelque chose que j'aime faire. Une preuve de l'amour que j'ai pour lui. Et j'adore voir ses sourires quand il est heureux, et son regard qui pétille. Et là, il me refuse le fait de cuisiner. Je me laisse tomber dans son lit, cacher mon visage sous son oreiller. Quand j'entends enfin la vérité sur son téléphone.

Je me redresse et m'assieds en tailleur, tout en sortant mon téléphone de la poche. Tu l'as vu quand et où la dernière fois ? autant utiliser sa mémoire. Tu l'as entendu sonner ce matin ? Et sans attendre de réponse, je compose son numéro que je connais perceur. Il sonne. Et je le sens vibrer. J’hausse un sourcil en me penchant pour regarder sous son lit. Je l'ai Bien entendu, s’il est mis en mode silencieux. Je mérite une récompense pour l'avoir retrouver non ? Je dépose nos téléphones l'un à côté de l'autre. Et tapote ma joue du doigt. Je veux un bisou et que tu dises que je suis la meilleure des meilleures amies. Ce serait si bien, s’il déviait la trajectoire du baiser. Mais, ça, ça ne lui viendrait même pas à l'esprit. Et moi, je n'ai pas le droit d'espérer plus que notre relation actuelle.

Sept, huit, neuf le décompte se rapproche du moment où je ne penserai plus à lui comme l’élu de mon cœur mais comme mon meilleur ami, mon ami d’enfance. Juste deux minutes où je suis seule en tête à tête avec moi-même, le visage cacher sous l’oreiller. Mon esprit fait encore des siennes. C’est toujours ainsi depuis de nombreuse année. Comme si Seung Woo allait relever l’oreiller pour m’embrasser. Faut vraiment que j’arrive à l’oublier, j’ai mal tellement mal en sachant qu’il ne doit même pas penser à ce genre de sentiment. Pourquoi ne suis-je pas tombée amoureuse de Han Ja ? Au moins, nos pères seraient heureux, eux qui prédisent notre mariage depuis notre enfance, tout ça, car on passe notre temps à se bagarrer et disputer. Ses parents à lui m’apprécient, pas comme ceux de Seung Woo. À leurs yeux, je ne suis qu’une perturbatrice qui empêche leur fils de s’épanouir. Ils ont jamais compris que sans Han et moi, Sun, il serait totalement perdu. dix Adieux, Seung Woo de mes fantasmes, on se reverra dans mes rêves, cette nuit.

Assise en tailleur, je pose les questions sans vraiment attendre de réponse. J’hausse juste un sourcil en le voyant simplement hausser les épaules. Y a des gens à qui ça dérange ce genre de comportement. Moi, j'apprécie, c'est son charme. Pas besoin d'utiliser les mots, et il faut bien le connaître pour lire les sentiments sur son visage ou plutôt son regard. D'accord, elles sont stupides. et parfois, c'est même blessant qu'il ne dise pas clairement ce qu'il pense. Ça pourrait être plus simple. Jamais il va dire quoi que ce soit, il ne sait pas dire non ou très rarement. Aujourd'hui, est même une exception à la règle, vu qu'il a osé m'interdire de cuisiner. Pire, il a pris une initiative seul. Est-ce qu'il deviendrait indépendant ? Il n'a même pas pensé au fait que ça pourrait me blesser. Et j'en suis fière. Bientôt, il sera bon à marier. Aie ! Mauvaise idée de penser à ça. Mon sourire a disparu, heureusement qu'il ne me voit pas, vu que je suis penchée au-dessus de son lit, une jambe en l'air pour faire l'idiote et ne pas lui montrer que je suis triste. Car comment expliquer le sentiment de tristesse et la raison à celui qui me rend ainsi ? Il ne doit pas savoir. Et s'il pose la question, j'utiliserai l'excuse que Han sort le plus souvent, mauvaise période du mois.

Approche ta main de ma tête, et je te mords.  Je ponctue ma réplique en lui montrant mes dents. Il sait que je suis capable de mordre, et même à sang. Et cette fois-ci, y a personne pour prendre sa défense. À la place, je lui dis ce que je veux, tout en lui montrant ma joue. Un truc idiot, certes. Mais c’est juste pour sentir ses lèvres contre ma peau. Et la phrase, c'est juste pour mon égo déjà surdimensionner.

Il s’accroupit devant moi, pose ses mains sur mes genoux, une chose habituelle, surtout quand on étudie dans le parc de l'université et que je ne comprends pas un truc vu en cours. Mais là, y a pas de livre sur mes genoux. Y a rien. Mon regard se noie dans le sien. Il pouvait pas se mettre sur le côté ? Pourquoi me fait-il ça ? Je dévie les yeux vers ses lèvres et les voit étirer, il sourit. Mon cœur rate un battement. J'éclate de rire, Sun sait vraiment comment me rendre le sourire. Et là, il pose sa main sur mon visage. Je le fixe. Il va m'embrasser ? Il va vraiment m'embrasser ? Je ferme les yeux et attends. Avant de sentir ses lèvres se poser sur mon front… Un deux trois, je compte jusque dix pour calmer mon rythme cardiaque.

Son téléphone en main, je lui tends en bougonnant, les joues rougies par son geste. Il me regarde un peu trop souvent pour le moment droit dans les yeux, surtout quand nos visages sont près l'un de l'autre. Il essaye de me dire quoi ? Pourquoi, ne peut-il pas dire simplement ce qu'il veut ? Appelle pour commander. Et c'est là que je me souviens d'un truc. Dis-moi, pourquoi tu as pas commandé hier soir ? Et pourquoi tu m'as pas appelé si tu avais faim ? Je penche ma tête vers la sienne, pour poser mon front contre le sien. Tu es déjà venu jusqu'à chez moi pour manger, pourquoi tu l'as pas fait ? Peut-être car Han lui a dit que j'avais un rendez-vous hier soir. Je suis pas au courant des conversations entre les garçons. Ils sont bien souvent dans leur monde quand ils sont ensemble. Tu vas jamais te trouver une amoureuse, si tu ne t'occupes pas un peu de toi. Sauf si l'amoureuse en question c'est moi. Je veux te marier, j'ai même déjà écrit mon discours. Expliquer tes aventures. Comme la fois où je l'ai obligé à demander à ma mère pour avoir l'un de mes mangas à lire vu qu'elle me les avait confisqués. La liste est longue. Tu as pas envie d'avoir une amoureuse, Sun ?