C’est un soir du 26 août 1999 que Yoo Mi poussa son premier cri dans une chambre d’une maternité plutôt miteuse. Sa mère ne pensait pas avoir un second enfant, son père également. Ils vivaient dans la précarité et trois bouches à nourrir c’était déjà bien assez. Ils n’ont pas pu se résoudre à la faire adopter, ne pouvant s’attirer les foudres de leur famille qui les aidait financièrement et si l’avortement aurait été une solution, le déni de grossesse l’a empêché. En voyant cette petite fille, le père eu un véritable coup de foudre alors que la mère préférait s’occuper de sa fille aînée, Yoo Ah. Celle-ci avait 3 ans quand sa petite sœur est née mais elles n’ont jamais eu une bonne relation toutes les deux.

Les parents Seo avaient mis leurs filles en constante compétition mais s’accordaient sur un point : seule la première voulant et pouvant partir en étude supérieure irait à l’université. Yoo Mi était la chouchoute de papa qui était un peintre méconnu, Yoo Ah celle de maman qui était une photographe moyennement connue. Compte à part, la plus grande avait droit à tout ce qu’elle voulait alors que la plus jeune n’avait pas ses privilèges. Elles évoluaient dans la même maison mais dans des mondes à part malgré cela. Yoo Mi n’avait pas d’ami ou alors très peu, restant souvent dans son coin, toujours comparée à sa fabuleuse grande sœur. La petite fille de cinq ans était très renfermée jusqu’à un cours d’éveil musical en primaire, se découvrant alors une vraie passion pour la musique. Une gentille institutrice, voyant que l’élève s’ouvrait pendant ces cours lui proposa de lui apprendre à jouer du piano pendant la pause du midi où la plus jeune avait peu à manger par rapport à son aînée. Elle s’ouvrait beaucoup plus pendant ces moments et elle put continuer jusqu’à ce qu’elle entre au collège où elle réussit à intégrer le club de musique. Cependant, si elle voulait s’améliorer, elle devait pratiquer un peu plus que seulement à l’école alors elle décida de faire semblant avec une fille peu populaire mais qu’elle savait riche. Les enfants sont méchants, les enfants sont naïfs. Argent ou pas argent. L’adolescente était allée lui parler, une fois, deux fois, s’accrochant jusqu’à faire tomber toutes ses barrières. Les anniversaires et les Noël ? La riche offrait de beaux cadeaux à son « amie », les plus beaux furent une guitare et un clavier que la petite cachait sous son lit ainsi qu’un casque afin que personne ne le remarque. La pauvre offrait ce qu’elle avait gratuitement, à savoir des cadeaux de son père. Celui-ci ne se doutait de rien, pensant que sa poupée s’était faite une amie.
Quand son pigeon partit dans le privé à Séoul et que Yoo Mi avait eu ce qu’elle voulait, elle coupa les ponts, disant qu’il y avait trop de distance. C’était juste une excuse.

La fin du collège de la brunette aux cheveux noirs et lisses marqua la fin du lycée pour sa grande sœur. Les deux n’étaient pas proches, elles ne l’ont jamais été et cela s’empira lorsque l’aînée décida de faire des études, retirant le mince espoir de Yoo Mi de pouvoir s’échapper de cet enfer qu’était sa famille. Le sourire narquois de sa mère la regardant de haut, elle s’en souvient encore. Pourtant… Pourtant, elle n’a jamais rien fait de mal à sa génitrice, restant souvent dans l’atelier de son père après les cours pour qu’elle puisse rester avec sa chère Yoo Ah. Une carapace, voilà ce que Yoo Mi construisait. Elle se faisait quelques amis, quelques ennemis, le lycée était une jungle mais ça allait encore, c’était mieux qu’à la maison. Elle réussit à décrocher un job dans une petite supérette dans le dos de ses parents, ils ne s’inquiétaient pas de la voir ne pas manger ou ne pas rentrer tôt de l’école. Ils étaient rarement là tous les deux et quand ils étaient ensemble, ils se déchiraient… Rien ne s’arrangea avec Yoo Ah qui décida de devenir idole pour le plus grand bonheur de leur mère alors que la cadette ramait pour s’offrir ce rêve d’étude pour la composition, réussissant petit à petit à réunir une belle somme. Mais ce n’était pas encore suffisant pour pouvoir aller à l’université. Elle dut attendre une année supplémentaire, travaillant d’arrachepied, avant d’arriver à s’offrir de quoi se payer une année et demie à l’université de Yonsei en art du spectacle. Elle partit sans rien dire, laissant un mot à son père qui avait toujours veillé sur elle, vantant ses capacités musicales, réussissant même à lui offrir un ordinateur pour qu’elle puisse composer. Yoo Mi lui avait laissé un peu d’argent dans son atelier pour que sa mère ne le trouve pas et, arrivée à l’université, elle chercha un travail dans un café pour pouvoir continuer de suivre son rêve…

Mais chassez le naturel, il reviendra au galop. Alors, si Yoo Mi peut être aussi adorable que gentille, elle peut aussi se montrer horriblement manipulatrice et opportuniste. Ses sourires seront parfois sincères, parfois hypocrites… Ne vous fiez jamais à son je m’en foutisme, il peut parfois être sa meilleure arme.