Cela faisait près de deux heures que Kô posait pour l’homme en face de lui. Il avait essayé plusieurs vêtements, on l’avait photographié sous tous les angles possibles et inimaginables et il était maintenant l’heure pour lui de retourner se changer. Il remercia tout le monde, sut qu’il aurait son dû d’ici à quelques jours directement versé sur son compte bancaire comme d’habitude et partit aux vestiaires. Il jeta un rapide coup sur son téléphone portable, attendant avec impatience cette débauche. Il adorait être mannequin, mais ce soir il avait rendez-vous avec celui qu’il considérait comme son meilleur ami qu’il n’avait pas vu depuis au moins quinze jours. L’étudiant ignorait exactement les détails précis qui avaient fait qu’ils n’avaient pas pu se retrouver avant. En effet, en général, les deux garçons ne passaient pas une semaine sans se voir. Ils se racontaient tout et n’importe quoi et c’était ces instants que chérissait profondément le japonais.
Cela faisait désormais plusieurs mois que Kô avait appris à connaître Junho et réciproque. Leur rencontre faite grâce à Internet, ils avaient ensuite pu se voir pour de vrai, s’apercevant qu’ils étudiaient dans la même université. Petit à petit ils s’étaient rapprochés et les confidences avaient commencé à se faire entre eux. Cela remontait à bien longtemps que Kô n’avait pas eu d’amis si proche et il devait bien avouer que cette idée ne lui déplaisait pas, au contraire. Sur ces pensées, il termina de lacer ses chaussures compensées, jeta son sac sur son épaule et quitta le studio. Une fois à l’extérieur, il se permit de fouiller dans ses poches pour glisser une cigarette entre ses lèvres rouges.
Ses pupilles vagabondaient sur la foule qui se pressait dans les rues, lui passant devant sans même le voir réellement. Certaines personnes lui jetaient bien sûr un regard, mais l’instant d’après ils regardaient leur portable. Il ne savait pas s’il était ravi ou déconcerté de toute cette humanité finalement si pauvre. Tirant une latte à sa cigarette, il aperçut Junho à travers les badauds et lui fit un signe de la main. Un délicat sourire étira ses lèvres tandis qu’il écrasait sa barrette de nicotine pour se concentrer sur son ami. Il ne se gêna pas pour se jeter plus ou moins sur lui, heureux.

« Alors ? Pour qui est-ce que tu m’as abandonné pendant tout ce temps, mon chat ? »

Kô donnait très souvent des surnoms amicaux à ceux qu’il appréciait et des moins agréables à ceux qui lui tapait sur les nerfs. Junho était passé par tant de qualificatifs que Kô ne savait plus vraiment lequel il préférait parmi tous. En tout cas, à ses propos, il était bien loin de se douter des prochaines confidences que « son chat » allait lui avouer.

« On se trouve un endroit où discuter en paix ? J’ai un peu soif après la séance que je viens d’avoir. »

Il s’était décollé de son ami et glissait une main dans ses cheveux colorés en blonds.

Il était impatient de pouvoir le voir. Son ami lui avait manqué, bien qu’il fût le responsable de cette soudaine distance entre eux. Son téléphone entre les mains, il observait le message de Mok. Le cœur battant. Elle voulait lui donner rendez-vous… mais lui ne pouvait pas si facilement accepter. Il avait prévu de voir Ko, hors de question pour lui d’annuler encore. Alors il envoya un simple « Je suis occupé. » avant de soupirer. Il était encore incapable de savoir ce qu’il ressentait vraiment. De la peur ou de l’adrénaline. Peut-être un peu des deux finalement. Mais il se sentait parfois coupable aux yeux des autres. Comme si tous pouvaient deviner ce qu’il cachait. Il déglutit à cette idée, se presse un peu pour ne pas être en retard. Son sourire accroché à ses lèvres, il ne perd pas vraiment de temps avant de se précipiter avec son ami. Ko et lui sont proches. Assez pour qu’il soit le seul à connaitre l’existence de ces dessins qu’il cache aux yeux de tous. Ces idées parfois mal placée ou ces paroles qui rendaient confus n’importe qui. Ko ne l’a jamais jugé, bien que Junho se considère parfois comme un monstre aux yeux de la société. Et c’était bien pire depuis que Mok était revenue dans sa vie. Son ex, l’avait bouleversé. L’avait mis devant le fait accompli et il se sentait si fragile quand elle était là. Pourtant il ne doutait pas d’elle, elle ne dirait jamais son secret. Mais lui savait… que quelqu’un d’autre était au courant. Et ça c’était dérangeant. Le cœur battant, il sourit à son ami, qui posait déjà les bonnes questions. Il grimace un peu, embêté car il était évident qu’il l’avait mis de côté pendant deux semaines. Une chose qui n’était jamais arrivée, depuis que Junho était à l’université. Il accepte sa proposition d’aller ailleurs. Un endroit plus tranquille. Et même si il voulait garder des choses pour lui, il savait qu’en parler à Ko était une solution. Il ne lui cachait pas grand-chose en réalité. Seulement le fait de prononcer ces mots interdits… mais en dehors de ça, le garçon savait tout de lui. Il était au courant de ses tentatives de suicide, de sa relation étrange avec sa sœur, tout comme le fait qu’il avait retrouvé son ex petite amie ici à la Yonsei. Cela l’avait vaguement perturbé au début, mais au fil du temps il s’était rapproché d’elle. Un peu trop d’ailleurs… en réalité tout s’était enchainé rapidement. Il avait eu beau la détester, parce qu’elle l’avait quitté. Elle avait sa part de responsabilité dans ces tentatives vaines à disparaitre. Mais elle avait su… canaliser ses émotions et lui ouvrir les yeux sur ce qu’il était. Finalement, depuis il n’avait pas vu Ko depuis qu’il était parti en week-end à la neige avec des amis de lycée. Là-bas il avait trouvé Mok évidement puisqu’elle était dans le même établissement que lui à l’époque… Mettant de côté ses pensées, il suivit son ami jusqu’à un café. Profitant de la file d’attente pour lui dire « Je suis désolé. D’avoir mis autant de temps. » Il le pensait vraiment. De l’avoir un peu ignorer. Tout ça pour retrouver son ex vulgairement dans un love hôtel… à cette idée, il frisonne un peu, relève la tête pour se commander une boisson. Et pour se faire pardonner, il paye celle de Ko. Une fois leurs commandes en main, il s’installe plus loin sur une table en terrasse un peu à l’écart. Il dépose le gobelet, joue un peu nerveusement avec la paille. « J’ai tellement de choses à te raconter… » Il pouvait tourner autour du pot, ou bien simplement lui dire les choses. « J’étais pas mal occupé avec Mok… » Et il fait la moue. Parce qu’il sait que c’est mal surement. Tout le monde le lui dirait. « Je t’ai pas raconté le week-end à la neige. Mais elle était là-bas et on a couché ensembles. » Il relève les yeux vers lui. Grimace un peu plus. Ko savait que Junho était amer vis-à-vis de Mok, qu’il lui en voulait quelque part de l’avoir abandonné. Mais elle avait perdu toute sa famille dans un accident… ça avait adoucit ses pensées. Il ne pensait pas cela dit qu’ils se rapprocheraient autant. Il ne lui avait pas caché l’avoir revu plusieurs fois. Mais là c’était différent… ça avait dérapé sans qu’il ne puisse vraiment le mesurer. Mais ça n’avait rien de mal. C’était beau… une façon de tirer un trait sur leur histoire. C’est du moins ce qu’il avait pensé… Puis il y avait eu ces autres fois. Et plus rien n’avait de sens si il osait y penser. « Du coup on se voit pas mal… » Il boit une gorgée. Sans être explicite. Peut-être laisse-t-il planer le doute qu’ils sont à nouveau ensembles. Mais c’est tellement plus compliqué que ça… 

Kô avait toujours était du genre assez franc, à ne pas mâcher ses mots, peut-être parfois même quitte à blesser la personne en face de lui. Bien sûr, quand il tenait à quelqu'un et qu'il s'en rendait compte, il s'excusait toujours. Là, cela semblait assez différent. Junho grimaçait mais Kô sentait bien qu'il avait mis le doigt sur quelque chose de louche. Etait-ce la raison pour laquelle le jeune homme ne lui avait pas tellement donné de nouvelles depuis ces derniers jours ? A l'évidence, Kô ne comptait pas poser davantage de questions tandis qu'ils avançaient dans la rue. Il connaissait les détails et l'histoire de son ami sans avoir envie d'en parler au milieu de toute une foule. On ne savait jamais.
Les deux étudiants finirent par se rendre dans un café et Kô secoua doucement la tête aux excuses de Junho. Ce n'était pas si grave, dans le fond. C'était juste que Kô s'était plus ou moins inquiété car il ne savait que vaguement où se trouvait son interlocuteur.

« Excuses acceptées, mais ne recommence plus à me faire des peurs comme ça. »

Il lui sourit doucement en lui faisant un clin d'oeil. Junho décida de lui offrir sa boisson, et Kô choisit comme à son habitude, un bon thé matcha, mais glacé. Cela lui rappelait toujours un peu son pays natal, le Japon, bien qu'il n'était pas sûr d'être capable d'y retourner aussi tôt. Il y avait des événements qui avaient changé le cours de sa vie dont Kô n'avait clairement plus envie de penser. Enfin, peu importe.
Les deux amis s'installèrent à une table à la terrasse et tandis que Kô croisait ses jambes, Junho déclara qu'il avait beaucoup de choses à lui raconter. Il allait ouvrir la bouche pour lui répondre, mais il n'en eut pas le temps. Il resta silencieux le temps que le Coréen lui parle enfin de ce qui s'était déroulé. Kô l'écoutait avec attention en sirotant sa propre boisson, ses pupilles voyant bien sûr la nervosité de Junho trahie par ses gestes. Kô esquissa un "o" de sa bouche rouge quand son interlocuteur lui avoua tout par rapport à Mok. Est-ce qu'il entendait bien les propos de son ami ? Il ne voulait pas le juger, il ne l'avait jamais fait, mais il y avait des moments où Junho se laissait porter et ça donnait... ce genre d'événements.

« Est-ce que... ça s'est bien passé ? » demanda-t-il une fois que son ami eut terminé.

Néanmoins, Kô n'était pas dupe et comprit vite le sous-entendu que laissait planer Junho : Mok et lui étaient peut-être de nouveau ensemble. Le blondinet repoussa doucement son gobelet pour poser l'une de ses mains sur celles de son ami.

« Tu sais que je n'ai toujours voulu que ton bonheur, mais je ne suis vraiment pas sûr que ce soit d'elle dont tu aies besoin. Il y a tant de choses qui se sont passés entre vous... Tu ne peux pas tomber dans le filet de toutes les filles que tu as aimé. »

C'était peut-être dur à entendre et Kô prenait le parti à chaque fois d'être peut-être le méchant dans toute cette histoire. Après tout, il n'avait que ses propres expériences comme modèle. Il lui sourit doucement en lui lâchant les mains pour boire une nouvelle gorgée de son thé. Il lui laissa quelques secondes pour digérer ses mots avant de reprendre la parole.

« Si tu es sûr de toi pour cette relation alors je te soutiendrais une nouvelle fois, mais je ne veux pas que tu sois encore blessé. Est-ce que tu veux bien me raconter... le reste ? »

Il n’avait pas pensé à mal en ignorant son ami. En réalité il ne s’en était pas rendu compte. Les choses s’étaient précipitées. Entre lui et Mok, tout allait trop vite. Et tout se compliquait surement un peu. Il baisse les yeux sur leurs mains, n’ose pas réellement lui dire que dans sa tête il n’est plus sûr de rien. Junho est perturbé, par ce qu’il fait et ce retour dans sa vie. Sans elle il était bien, avec elle aussi… mais elle avait tout gâché en le quittant il y a de ça deux ans. Ils n’étaient pas un couple parfait, lui ne l’aimait pas vraiment. Il l’appréciait… et elle… elle aurait tout donné pour lui. Mok aurait été prête à tout accepter de sa part. Il le sait… elle lui a dit. Mais aujourd’hui, n’a-t-il pas peur d’elle ? Au contraire, Junho se sent si à l’aise avec elle. Mok est surement la seule fille sur qui il peut compter désormais. Et sa relation avec elle, devient… étrange. Presque nécessaire. Il ne sait pas comment expliquer ce besoin d’elle. cette attitude qu’il a et ce jeu auquel il joue. Il boit de sa boisson, n’ose pas vraiment affronter le regard de Ko. Si ça s’est bien passé ? Bien sûr que oui… peut-être même un peu trop. Il n’est pas amoureux, il n’a jamais rien ressenti d’aussi fort que ce qu’il éprouve pour Sunan. Mais Mok et lui… se sont dit au revoir. Il a l’impression d’avoir mit un réel terme à leur relation. Malheureusement il y a le reste… ces nuits étranges où il ne peut se passer d’elle. ces moments qui leur appartiennent. Mok le comprends… plus que quiconque et elle ne juge rien. Il est là pour elle aussi… Ko a raison en quelque sorte. Il ne doit pas s’accrocher à un souvenir. Et ce n’est pas ce qu’il fait. Du moins il l’espère. Il ne regrette pas leur relation, bien que Mok soit la seule fille avec qui il est sorti. Il tenait à elle… elle le rassurait. Le rendait normal… et c’est ça qu’il aimait. Avec elle il n’avait pas l’impression de devoir être différent. Se justifier peut-être bien et aujourd’hui encore il se sent lui-même quand elle est là. Il se passe une main sur le visage, lâche un soupir avant de laisser son dos cogner la chaise. « Nous ne sommes pas ensembles Ko… c’est plus compliqué que ça. » et il baisse les yeux. Ose à peine relever la tête vers lui. Comment le prendra-t-il ? Ko ne l’a jamais jugé mais il devient… tordu. Encore plus qu’il n’était déjà. Avant il s’entêtait à faire semblant, aujourd’hui il ne sait plus. Mais avec Mok elle le pousse à ses limites. Elle le force à aller là où il n’a jamais oser. C’est elle qui l’a mise devant le fait accompli. Qui a prononcé ces mots qu’il n’osait dire. J’aime Sunan… je suis amoureux de sa ma sœur. Il se l’est dit, se déteste et s’horripile d’être un garçon comme il est. Junho est un monstre, pour lui, pour les autres… et pourtant Mok est là. Elle sait… elle lui sourit encore. L’emmène là où il ne devrait pas… « Je crois que… je merde un peu… elle et moi… on joue, plus qu’on ne devrait. » et il sait qu’il n’est pas clair. Mais quoi lui dire ? Qu’il est complètement fou ? Que pus le temps passe et plus son esprit devient perturbé ? Il a peur de ce qu’il est, et parfois de ce qu’il fait. Pourtant quand il la retrouve, il ne doute jamais. Prend juste ce qu’elle lui offre avant de s’enfuir. Il retourne à sa vie, comme si de rien n’était. Mais quand vient le soir, il ne sait plus vraiment… Il regarde Ko, presque désolé et un peu gêné. Son regard est triste aussi. Il a peur… nerveux à l’idée de lui dire que rien ne va dans sa tête. Doit-il s’inquiéter ? lui qui avait déjà attenté à sa vie deux fois. Il se redresse malgré tout, s’approche un peu plus pour baisser le ton de sa voix « Ko je… je t’en prie, ne me juge pas… » il cherche sa main, pour se rassurer, mais il préfère éviter de le toucher. Parce qu’il se sent honteux. Alors nerveux, il passe une main dans ses cheveux « Elle joue un rôle pour moi… et je joue un rôle pour elle… » il ne dira pas qu’il s’agit de sa sœur. Ko doit le savoir, l’imagine surement et il s’en veut de le confronter. Il se mord la lèvre, sent son souffle se couper. Si seulement il pouvait être un type normal… comme tous les autres. Il voudrait être comme lui. Comme son ami… parce qu’il est ce qu’il a envie d’être. Il parait si libre dans son esprit. Comparé à lui… qui se sent comme une ombre. Une erreur de la nature… si seulement il avait le courage de Ko. « Je sais… j’ai un problème… » avec les filles et ce depuis tellement longtemps. « Ce n’est pas elle. Elles seront jamais elle… » croisant son regard, il a conscience qu’il parle de Sunan. Mais ne prononcera pas son nom. C’est son soucis, il recherche toujours l’image de Sunan quelque part. Avec les filles, peu importe qui elles sont… Pourtant Mok avait été la première à être différente. A ne jamais lui ressembler. Alors pourquoi lui imposait-il cette obsession tordue ? Il ne sait pas. ça lui pèse totu à coup. Quand il est avec elle, il n’y pense pas… mais face aux autres, il se sent finalement coupable. Mens moi Ko… dis-moi que je suis normal s’il te plait.

C'était compliqué, bien plus compliqué que ça. Kô le savait bien, il avait cru que son ami était en couple avec la demoiselle, mais ce n'était pas si simple. Depuis le temps, le japonais le savait, mais il avait simplement posé la question. Il voyait bien dans les pupilles, dans les gestes et les mimiques de Junho qu'il n'était pas bien. Il semblait complètement perdu dans ses propres actes, ses propres pensées, ignorant un peu quel pied poser en premier. Kô avait le cœur serré à la vision de cette douleur et tristesse qui envahissait un peu plus son ami. Il l'écoutait toujours avec bienveillance, tâchant de lui offrir les meilleurs conseils, mais, parfois, il avait l'impression que ce n'était pas assez. Kô appréciait vraiment Junho et souhaitait le mieux pour lui.
En effet, il ne connaissait Mok qu'à travers les détails et les histoires que voulait bien lui raconter le coréen en face de lui. Il ne voulait pas juger la jeune femme, ni la relation qu'elle entretenait avec Junho, mais Kô s'appuyait sur des faits. Et les faits étaient que Junho n'était pas bien. Kô acquiesça doucement du visage aux paroles de son ami, ne sachant que dire dans un premier temps. Il ouvrit ses yeux en grands et assura que non :

« Jamais, Junho, jamais je ne te jugerais, tu le sais bien. »

Il avait remarqué qu'il avait voulu revenir vers lui, peut-être saisir une seconde fois sa main, mais qu'il s'était ravisé. Kô ne le prit pas pour lui, mais il sentit sa poitrine se contracter un peu plus. Il fallait aller vers lui. Alors, doucement, il finit par se lever pour prendre la chaise et la déplacer à côté de celle de son interlocuteur. Là, il déposa son bras sur les épaules de Junho, l'encadrant, le soutenant physiquement. Ce dernier reprit la parole et les mots durs s'étalèrent autour d'eux.

« Junho, dit alors Kô, tu ne dois pas penser ça de toi, d'accord ? Ce n'est pas vrai. Je ne peux pas ressentir tes sentiments, mais je sais que c'est difficile et que tu fais de ton mieux chaque jour. Tu as beaucoup de force. »

Il pensait avec sincérité chaque mot prononcé. Ce n'était pas que pour faire plaisir et remonter le morale de son ami. Au contraire. Kô connaissait l'histoire qui brûlait les entrailles de Junho depuis des années et il l'admirait quelque part pour cette bravoure et ce courage dont il faisait preuve. C'était juste bon qu'il le lui rappelle encore une fois.
Kô retira son bras pour que ses mains reviennent saisir celles de son vis-à-vis.

« Je ne sais pas si ce serait la bonne solution, mais... est-ce que tu as déjà pensé à te détourner un peu des femmes ? Je veux dire, peut-être que tu pourrais tenter une relation avec un garçon ? »

Il y avait pensé, plusieurs fois, avant d'être capable de lui proposer cette alternative. En effet, il ignorait si cela aiderait Junho, mais peut-être que. Ce n'étaient que suppositions, propositions. Il ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie en continuant de converser à propos de Mok, mais bien sûr accepterait-il si Junho revenait sur le sujet. Il pensait que les hommes, différents en de nombreux points des femmes, lui permettraient de se concentrer sur une unique forme.
Avec douceur, il passa deux doigts sous le menton de son ami pour lui faire relever la tête et croiser son regard. Il lui adressa un doux sourire, espérant l'aider au moins un minimum.

Il le savait, ses paroles lui faisait du bien. Il ne le jugerait pas, en réalité il n’en doutait même pas. Junho avait trouvé en Ko, un ami, un vrai. L’un de ceux qui vous écoute, et même si il n’est pas d’accord avec vous, il prend soin de garder votre avis quelque part. Il a de la chance de l’avoir, il le sait… et ce n’est pas vraiment de lui dont il doute. Mais plutôt de sa propre personne. De ce démon qui le ronge et qui le fait paraitre fou aux yeux des autres. Il n’y a pas un jour où Junho regrette d’être dans sa peau. D’être ce qu’il est. Pas un seul jour où le poids des remords ne lui affaisse pas les épaules. Il s’en veut… il envie les autres. Ces gens normaux autour de lui… pourquoi ne peut-il pas être ainsi ? Il voudrait se sentir rassurer par les gestes de Ko, mais il se sent terriblement coupable. Tout le hante, à chaque seconde de sa vie. Quand il se surprend à regarder son téléphone, observer des photos d’elle… à attendre un message d’elle.. Sunan… sa vie tourne autour d’elle. Et il est bien incapable de pouvoir s’en détourner. A chaque fille qu’il croise, c’est elle qu’il veut retrouver. Un détail, même une vulgaire fossette qui lui ferait penser à sa sœur. Ça lui suffit ! Il n’a besoin que de ça, pour se rassurer. Et pourtant il sait à quel point tout devient tordu. Et encore plus avec ce jeu auquel il joue. Mok a changer la donne, dans sa vie… depuis son retour, elle bouscule ses pensées, les plus sombres, les plus interdites. Quelque part il lui en veut, mais une part de lui la remercie aussi. Car enfin, il peut souffler… se sentir libre d’être lui, seulement avec elle. Il se sent désespéré, presque dépité. Et malgré les paroles de son ami, il n’y croit pas vraiment. Lui ne se sent pas fort. C’est un lâche ! Un geste de désespoir qu’il avait déjà tenté pour fuir. Pour oublier cette douleur si profonde. Il se hait ! Réellement. Sa vie n’a aucun sens. Et c’est pire quand il pense à tout ça. Il se passe une main dans les cheveux, avant que celles de Ko ne trouve les siennes. Il n’ose pas parler. Tout se bouscule dans sa tête. Ces images, ces pensées… rien n’est clair. Puis ces paroles, cette idée qu’il lance comme si de rien n’était. Une folie, pourrait-il croire. Mais Junho n’a jamais juger les autres… alors il fronce le nez, d’abord surprit par cette réflexion. Il ne s’attendait pas vraiment à ce genre de conseil. Essayer… les hommes ? Il n’a jamais rien eut contre les relations homosexuel. Mais il s’était toujours considéré comme hétéro… bêtement, sans jamais se poser la moindre question. Et pourtant, même si l’idée à l’air étrange, elle parait censée. Elle doit l’être dans l’esprit de Ko. Junho comprend… un garçon, c’est différent. On ne cherche pas la même chose qu’avec une femme. Et lui ? Il ne sait même pas ce qu’il cherche chez une femme, à part une maigre ressemble avec Sunan. Il baisse les yeux, joue un peu avec leurs doigts, dans un geste rassurant « Je… je n’y ai jamais pensé. » il n’irait jamais lui dire que c’était idiot. Qu’il trouvait ça horrible ! Ça ne l’était pas. Et au contraire, l’idée semblait même germer dans son esprit. « Je… je sais que je ne pense qu’à elle. Tout le temps… quand je suis avec les autres. Ça m’épuise Ko… si tu savais. » C’est lassant de toujours chercher l’image d’une autre. De vouloir espérer qu’elles lui ressemblent. Même quand il couche avec elles… c’est Sunan qu’il voit dans son esprit. Et c’est fatiguant oui. Tordu, mais terriblement éreintant. Alors oui, essayer avec un garçon, c’est peut-être se libérer de ce poids. Etre avec un garçon, c’est juste chercher la liberté. « Avec un mec… j’ai pas à penser à elle… c’est ça l’idée ? » et il ne le juge pas, au contraire, il attend presque un encouragement de sa part. Puis il se penche un peu plus vers son ami « Je me suis pas posé la question… comment t’as su toi que tu préférais les hommes ? » est-ce que c’est maladroit ? Junho est toujours sans filtre. Comme un gosse qui parle sans réfléchir. Peut-être que la question ne s’était jamais posée non plus pour Ko. Il se redresse lentement, se met à rire doucement « Faudrait que je plaise à un mec. C’est pas dit que ça arrive ! » Il ne sait même pas si il plait aux femmes en fait. Il est tellement peu doué pour les relations, qu’il ne s’interroge pas dessus. Dans les yeux de Mok… il s’était senti beau. A plusieurs reprises déjà… mais ce n’était qu’une illusion. Un moyen de lui faire croire qu’il n’était pas le monstre qu’il croyait. 

Kô ne s'était jamais senti aussi impuissant face à la situation d'un ami. Il comprenait les tourments de Junho, les entendait et ne pouvait rien faire d'autre que tâcher de le conseiller au mieux. Sauf que, parfois, il s'en voulait un peu de ne pas réussir à en faire un peu plus encore pour ce garçon en détresse. Le japonais n'avait pas connu une telle relation amoureuse, c'était si difficile ! Pourtant, il s'était tout de suite positionné de façon à ce que Junho puisse avoir une pleine confiance en lui. Kô adorait son ami, il ne le jugeait jamais et essayait toujours de le pousser en avant un peu plus encore. Junho avait beau se dénigrer, Kô n'était pas d'accord avec lui. Son ami avait beacoup de force et de courage pour être capable d'affronter chaque jour à la fois la meilleure et la pire des choses qu'il ressentait en lui. C'était pour cette raison que Kô demeurait à ses côtés.
Plus jeune, Kô avait subi des blessures qui influençaient encore sa vie aujourd'hui. A l'évidence, il n'avait pas connu la même souffrance que Junho, mais il se doutait un peu de ce que pouvait inspirer le dégoût. Retrouver confiance en soi pour avoir confiance envers les autres... C'était un combat qui continuait tous les jours.
Avec douceur, Kô serrait un peu plus la main de son ami, le soutenant physiquement en cet instant dur à surmonter. Il finit par lui faire cette proposition un peu différente, à laquelle le jeune styliste avait déjà plusieurs fois réfléchi. Lui-même attiré par les hommes, il savait les différences qu'il y avait avec les femmes - bien qu'il n'eut jamais de relation avec le sexe opposé. Junho en parut d'abord surpris avant de déclarer qu'il n'avait jamais envisagé les choses de cette manière.

« Non, dit-il doucement, ce n'est pas que tu n'as pas à penser à elle. Disons juste que face à un homme, tu auras sans doute moins de possibilités d'y penser. Ce serait un peu comme... un leurre, en quelque sorte. »

Il était ravi de voir que son ami n'excluait pas cette nouvelle proposition que lui faisait Kô. Bien sûr, c'était peut-être un peu étrange, mais pourquoi ne pas tenter le coup ? Cela permettra peut-être à Junho d'avoir une distance plus large avec ses propres sentiments. Kô ne souhaitait pas qu'il les oublie, au contraire, ce serait pire ensuite. Mais peut-être d'apprendre à vivre différemment avec.
Il sourit à la question qui lui fut posé et tapa gentiment le bras de son interlocuteur qui ignorait s'il allait plaire à un homme ou pas.

« Bien sûr que tu peux plaire à un garçon et je ne dis pas ça seulement car tu es mon ami », lui assura Kô en mettant une main sur son coeur et l'autre levée en l'air.

Après tout, Junho était un beau garçon qui savait se mettre en valeur. Il y avait une très belle sensibilité en lui quand on commençait à le connaître. Kô savait qu'il ne lui serait pas difficile de plaire au même sexe.
En ce qui le concernait, il réfléchit quelques secondes à la question qu'il venait de lui poser. A vrai dire... y avait-il déjà songé avant aujourd'hui ? Kô but une gorgée de sa boisson, qu'il termina, avant de la repousser sur la table.

« Je crois que je n'ai jamais regardé les femmes d'un oeil autre que purement amical. Elles ne m'attirent pas sur le plan amoureux, je ne ressens rien face à leurs atouts, dit-il en haussant un peu les épaules. Je pense que j'ai besoin de bras forts dans lesquels me sentir protégé. »

Il rit légèrement à sa propre remarque en remettant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. Peut-être était-ce juste un feeling, ou parce qu'il était lui-même un peu plus efféminé parfois que certains hommes. En fait, il adorait les femmes car il partageait des centres d'intérêts communs avec elles et elles étaient parfaites pour ses dessins de stylisme. Elles lui permettaient de la fantaisie, mais les hommes le faisaient frissonner.
Ses pupilles revinrent rencontrer celles de Junho.

« Alors, tu penses que... tu pourrais essayer cette idée ? »

Peut-être ne serait-elle que temporaire, cette solution, mais au moins Junho parviendrait à avoir un moment de répit qui l'aiderait par la suite.

Il observe son ami, d’un œil attentif. Il ne juge pas, non s’interroge seulement et se projette quelque peu dans une relation avec un homme. L’image ne le dérange pas. Bien qu’il n’est pas vraiment d’exemple en tête. En réalité, tous ses amis, il ne les voyait que comme de simples amis. Rien de plus… à part… peut-être Jun. Mais c’était compliqué. En réalité Jun avait quelque chose d’attirant. De très viril, une assurance qui le laissait parfois frissonner. Il ne savait pas vraiment, mettait ça sur le coup de l’admiration. Une folle envie d’être comme lui, aussi beau, aussi fort et sûr de soi. Oui, Jun était un peu tout ça à la fois. Rien à voir avec son frère jumeau qui lui était plus doux, plus tendre… tout aussi sympathique, mais ce qu’il dégageait n’avait rien de semblable. Dire que Junho était insensible à Jun était faux. Mais… il n’imaginait surement pas vivre quelque chose. Enfin… Jun devait être hétéro. Le genre de mec qui sort avec toutes les filles et qui les collectionne. Et sur cette simple idée, il grimace, la balaye presque d’un revers. Il ne sait même pas pourquoi il a pensé à lui. Il sourit doucement, presque gêné. Il n’est pas sûr de pouvoir plaire, même si Ko lui dit. Il se demande déjà ce que certaines filles peuvent bien lui trouver. Il n’a pas grand-chose pour lui de son point de vu. A part sa grande taille… il se met à rire aux mots de son ami. « J’aurais surement besoin d’un bon relooking. » parce-que la mode et lui ça faisait deux. Il n’y connaissait pas grand-chose. Ko lui… il avait du style. Et tandis qu’il répondait à sa question, Junho le détaillait un peu discrètement. Ce qu’il aimait chez lui, c’était sa singularité. Le fait de ne ressembler à personne… entre fille et garçon. Troublant, mais à la fois si envoutant. Oui, il était certains que Ko devait plaire à beaucoup d’hommes. Homosexuel ou hétéro d’ailleurs. A plusieurs reprises Junho s’était fait la réflexion qu’il le trouvait beau, voir même… belle parfois. Il se remit à sourire, de cet air franc. Il n’avait jamais connu les petits amis de Ko. Quel était son genre de garçon ? Il n’en savait rien. Alors pour le taquiner un peu il lança « Et si tu me croisais dans la rue. Tu m’aurais abordé ? » Il ne se moque pas. Il se pose juste la question. Est-ce que lui pourrait lui plaire ? Bien qu’il n’envisage rien avec son ami. Il ne veut pas le mettre mal à l’aise. Il reste simplement curieux. Se rapprochant de lui, il se mit même à murmurer « Ouais l’idée me plait… je la trouve… censée. » et au final Junho adorait les nouvelles expériences. Quoi de mieux que d’essayer avec un homme ? Puis se penchant davantage, il se met à rire « Tu sais qu’il n’y a que toi pour me proposer ce genre d’idée ? » et il ne juge pas ça mal. Au contraire. Il adore cette façon qu’à Ko de le conseiller. De prendre du recul sur les situations. D’avoir toujours le mot qu’il faut pour l’aider. « Merci Ko… vraiment je veux dire… t’as toujours les mots juste et tu me prends pas pour… un monstre. » malgré ce secret qu’il devine. Ce mal-être permanent… grâce à des amis comme lui Junho tient encore debout. Il fait toujours semblant, mais avec Ko il peut lâcher du lest. Juste être lui. « Il faudra que je te montre les dernières planches que j’ai fait. Tu vas adorer je pense. » Parce qu’il aimait dessiner son ami. S’en inspirer pour cette histoire qu’il faisait. Ko était parfait. Et il ne cessait de l’inspirer. Avec lui il avait trouvé un véritable repère. « Et toi Ko ? Parle-moi de toi… » après tout il n’avait pas envie d’être égoïste. « Est-ce que tu veux qu’on aille ailleurs ? » pour se changer les idées. 

Cette idée un peu étonnante, Kô y avait effectivement réfléchi plusieurs fois quand il pensait à son ami Junho. Il connaissait les tourments de son âme, toutes ces pensées qu'il avait dans la tête et qui le mettait dans des états difficiles à se sortir... Kô détestait le voir dans ces instants sombres, mais il se sentait aussi fier que le jeune homme arrive à venir le trouver avec facilité pour lui parler, lui raconter ses tracas. Alors, avec évidence, le japonais ne manquait pas de penser à Junho. Il souhaitait l'aider, trouver des solutions qui lui permettrait d'avancer dans sa vie et d'être, ne serait-ce qu'un peu, apaisé. Lui proposer de sortir avec une personne du même sexe que lui, un homme, était peut-être une opportunité à saisir. Avec un homme, Junho n'aurait peut-être pas toutes ces images dans sa tête ; peut-être qu'il transposerait moins ses sentiments envers Sunan, envers Mok. Bien sûr, ce n'était que des suppositions, Kô n'était pas dans la tête de son ami. Il n'osait imaginer les tiraillements qu'il vivait au quotidien, bien différents de ses propres problèmes.
Doucement, il abandonna un soupir avant d'esquisser un sourire de ses lèvres rouges. Il était ravi que cette idée ne repousse pas Junho. A l'inverse, le jeune homme semblait y réfléchir avec attention et Kô se dit alors qu'il avait peut-être réussi à le faire penser à autre chose. Il rit à son tour quand Junho lui déclara avoir besoin d'un relooking pour plaire à un homme.

« Ne dis pas n'importe quoi, voyons ! Tu es déjà très beau, alors c'est inutile de te relooker. A moins que tu ne veuilles que je te maquille comme ça ? » le taquina-t-il en désignant son propre visage aux yeux et lèvres peints.

C'était des atours dont aimait se pavaner Kô. Sa propre personnalité, sa petite carapace qui pouvait le cacher et le protéger, en quelque sorte. C'était un style qu'il avait choisi, qu'il arborait maintenant depuis plusieurs années, même si les regards qui s'attardaient sur lui n'étaient pas toujours des plus agréables. Mais il se laissait faire, il se laissait prendre au jeu et c'était finalement devenu tout naturel pour lui. Il ne croyait pas vraiment que c'était de cela dont avait besoin son ami en face de lui. Junho avait un charme plus masculin, plus viril en soit, et quand son visage s'éclairait d'un sourire, il enchantait les personnes autour de lui.

« C'est possible, s'amusa alors Kô à sa question, mais reste à savoir si toi, tu te serais tourné vers moi ? »

Il rit à son tour avant d'acquiescer du visage. Conscient des conseils qu'il donnait à son ami, il ne souhaitait pas le mettre dans des situations où il serait mal à l'aise. Il était assez content de voir un sourire se peindre sur l'expression de Junho, preuve que Kô était parvenu à le rassurer quelque part. Ses pupilles ne manquèrent d'ailleurs pas de s'illuminer quand Junho lui parla de ses planches de dessins. Il était vrai que cela faisait un petit moment qu'ils ne s'étaient pas vus, et donc que Kô n'avait pas eu l'occasion de voir où en était l'oeuvre de son ami. Il lui assura qu'il avait hâte de les découvrir avant de se lever de sa chaise pour qu'ils quittent l'établissement dans lequel ils étaient installés depuis près d'une heure.
Kô ne laissa pas vraiment le choix à Junho pour le coup et l'entraîna à sa suite dans une salle d'arcades. Le japonais aimait bien jouer aux jeux vidéos de temps en temps, cela lui permettait de ne pas trop se poser de questions et de se vider l'esprit. Il tira sur le bras de son ami pour l'emmener sur un jeu de danse d'arcade qui était disponible.

« Si tu veux vraiment plaire aux hommes, renchérit Kô en souriant, il faut travailler sur ton déhanché ! J'espère que tu sais danser ? »

Malicieux, il saisit des pièces dans son sac et lança alors le jeu qui indiqua deux joueurs et une partie niveau normal. Kô aimait bouger, mais il n'était pas non plus un expert. Il tourna la tête vers Junho sans se départir de son éternel sourire rouge.

La question ne se posait même pas à ses yeux. Le garçon était beau, plus qu’attrayant. Il ne doutait pas qu’il devait plaire aux hommes. Il n’était pas gêné, répondant même avec sincérité « Bien sûr. » oui, si il savait qu’il aimait les garçons, il n’aurait pas hésité à venir vers lui. Ko avait ce charme, cette élégance… ça le rendait à la beau et mystérieux. Il aimait réellement ce qu’il dégageait. Il le trouvait même plus plaisant que certaines femmes. Mais jamais il ne s’était posé la moindre interrogation. Tout était compliqué dans sa vie. Les relations le rendaient fragile… trop perturbé. Junho ne se sentait pas vide… juste il se forçait. A vivre, à continuer… à faire semblant. Tout l’épuisait. Parfois il lui arrivait juste de s’isoler, rester là… et attendre. Ecouter ce silence… ne plus rien n’espérer. Junho n’avait aucun rêve, aucune envie particulière. Il tentait de s’en sortir, pour aucune raison apparente. Lui-même ne savait pas pourquoi il n’avait pas insisté. Pourquoi il n’avait finalement pas franchit le pas pour une nouvelle tentative. Qu’est-ce qui le maintenait en vie ? Rien… il faisait semblant, parce-que c’est ce qu’on attendait de lui. Sa famille avait eu l’air dévasté, alors peut-être que c’était à ça qu’il s’accrochait. Puis quand il avait rencontré Ko, il s’était dit… que peut-être ça valait la peine. Qu’il pouvait encore croiser des gens qui l’aideraient. Il n’en savait rien. N’osait avouer à son ami le rôle qu’il pouvait jouer dans sa vie. Il se suffisait d’un sourire, d’un échange comme celui-ci. Le suivant à la salle d’arcade. Il avait l’air d’être normal. Et ça aussi c’était une bonne chose… Ko lui offrait ça. Et ça lui allait. S’installant près de la machine, il s’était mis à rire « Je danse mieux avec de l’alcool. » parce-que en réalité Junho n’avait pas confiance en lui. Il ne se trouvait, ni beau, ni intéressant, ni doué en quelque chose. Il sourit gêné, avant d’observer l’écran. Il n’était pas très bon, mais il jouait aux jeux vidéo. C’était déjà ça, pensait-il. Puis il s’était mis à suivre les pas. A rire plus fort quand il se trompait. Ko semblait bien plus habile que lui. A la première danse il s’était lamentablement échoué. « Je suis sûr que t’y passais tes journées. » une taquinerie de plus, avant qu’il ne propose à son ami d’aller sur une autre machine. En chemin, il profitait de sortir son téléphone pour lui montrer ses nouvelles planches. « T’en penses quoi ? » demandait-il. Son avis importait. Car c’était lui le héros de cette histoire… il aimait le mettre en scène, lui créer des aventures parfois un peu folle. Mais ça lui plaisait. Il avait un petit public sur le net… Il n’était pas prêt à envoyer un jour des publications. Il ne se trouvait pas assez doué pour ça. Junho le faisait pour le plaisir. Juste parce-que c’était sympa… mais rien de plus. Allant vers un autre jeu, il proposa à son ami de faire une partie.