Musique sur les oreilles le garçon, bouge lentement la tête, attrape sa tasse et se met à chantonner. Rare sont les fois où il se sent aussi léger. Mais la journée vient à peine de commencer. Les troubles de la veille, sont restés derrière lui. A peine éveillé, il s’était jeté sur son téléphone, avait lancé les dernières chansons de ce groupe qu’il aimait tant. Ça lui changeait les idées, assez pour lui occuper l’esprit et le rendre plus heureux. Juste quelques minutes, mais ça lui suffit. Peut-être est-ce aussi ce message de sa sœur, qui l’avait fait sourire de si bon matin. Juste un petit mot, bref mais elle avait pensé à lui. Ça lui suffit, un peu trop d’ailleurs, alors qu’il prend la bouteille de lait et se sert un verre. Il est maladroit, ses pensées trop focalisé sur les paroles, il renverse la moitié à côté. Peste pour lui-même, et se met à rire tout seul avant d’attraper un chiffon. En nettoyant, il continue à fredonner, s’imagine surement dans un coin de sa tête, être le parfait chanteur de ce groupe. Puis il jette son papier, se frotte les mains et la passe dans ses cheveux. Attrapant sa tasse, il se tourne et sursaute brusquement en apercevant quelqu’un dans la pièce. Son cœur s’affolant, il ouvre en grand ses yeux surprit. « Jun ! » enfin, il croit. Il a ce petit sourire au coin des lèvres, celui qu’Eli n’a jamais. Son jumeau est toujours plus posé, un poil plus rassurant. Jun… dégage quelque chose de plus fort. De plus insolent. Il déglutit, retire son écouteur avant de sourire gêné « Je savais pas que tu étais là. » si il avait su, il se serait moins ridiculisé. L’a-t-il vu en train de chanter tout seul ? Il inspire plus profondément, tente de calmer ses battements, avant de boire une gorgée de son lait. Si il se sent ainsi, c’est parce qu’il a eu peur. Juste ça, pense-t-il avant de relever les yeux vers lui. « S’il te plait… ne dis rien. » il devine qu’il a dut le voir. Il se met à rire, détourne les yeux encore une fois. Junho aime bien Jun, il ne le connait pas depuis longtemps, pourtant il le trouve sympa. Il aime profiter de la vie, comme lui. S’amuser, sortir… comme lui. Eli est plus sage peut-être, pourtant il apprécie tout autant sa compagnie. Parce qu’il a un côté rassurant, plus serein. Il se pousse un peu sur le côté, laisse Jun passer alors qu’il observe la nuque du garçon. « T’es sorti hier ? » une question anodine. Il ne sait même pas si la réponse l’intéresse. Il voulait juste parler. Jun a l’air aussi frais que lui, pour une fois. Ses yeux restent fixés sur ses cheveux coupés à ras sur sa peau. Un détail banal, pourtant il reste focaliser dessus. Comme quelque chose qu’il n’avait jamais remarqué avant. Ce n’est que lorsque Jun se tourne vers lui, qu’il relève la tête, lui sourit. 

((ootd )) Il passe une main dans ses cheveux alors qu’il avise son reflet. Il les préfère plaqué en arrière. Il n’aime pas les avoir devant les yeux. Il trouvait que c’est ce qu’ils avaient de plus beaux : leurs yeux. Jun avait mis un temps à s’habituer à ce nouveau corps mais tout était naturel pour lui, il avait grandi avec Elijah. C’était lui, c’était eux. Il fait craquer sa nuque et se détourne finalement du miroir. Elijah n’est plus serein depuis des jours. Il a peur, constamment, peine à se sortir cette nouvelle de la tête. Il a peur de le retrouver, de souffrir à nouveau. Quand bien même Jun s’était rapidement chargé de le protéger, Elijah sait, comprend, que si son bourreau le retrouve il n’y survivra pas. Parce que la vengeance avait eu le temps d’être réfléchie, murit, mise au point. Eli n’aurait aucune chance de lutter, Jun le savait. Alors Jun avait pris les devants, le contrôle. Jun avait décidé de le protéger à nouveau, comme toujours. Elijah n’a pas dormi de la nuit, pris de nausée il n’avait su trouver le sommeil. Le stress dans lequel il était, constamment, le détruisait. Jun, lui, éveillé, avait un contrôle sur ses émotions qui soulageait les pensées, les esprits. Suffisamment pour accorder du répit à Elijah. Sortant de la chambre malgré la fatigue évidente du corps, il descend rapidement les escaliers. Une voix l’interpelle dans la cuisine, une voix qu’il reconnait bien car il pouvait bien mentir à tout le monde, mais il ne pouvait mentir à Elijah. Un ami du garçon d’ailleurs. Il s’adosse à la porte et ricane en l’observant, attendant qu’il remarque enfin sa présence. Il semblait de bonne humeur ce matin. C’était agréable. Il rit légèrement en croisant son regard, lui fait un clin d’œil alors qu’il s’approche. Ok il ne dira rien mais son sourire en coin veut déjà tout dire. Il prend un air détaché, mais son regard pétille de malice. Il était rare de trouver des coréens aussi grands que lui, mais Jun Ho faisait la différence. Il était même plus grand pour souligner ce détail qui plaisait à Jun. Cela serait mentir de dire qu’il n’avait imaginé le soumettre dans ses pensées les plus secrètes, mais jamais il n’aurait eu l’irrespect de l’imposer au travers de blagues salaces. Peut-être s’accorderait-il quelques sous-entendus remplis de tact. Il s’adonne à sa tâche, se prépare un café, il crève de faim mais rien ne lui fait envie dans cette cuisine. Il peut sentir le regard de Jun Ho dans son dos mais ne dit rien, cela serait dommage de tout gâcher. Il suçote sa cuillère en se tournant vers lui, ancre son regard au sien et apprécie de voir que le gosse ne fuit pas. Il se rapproche de lui, prétexte fouiller on ne sait quoi pour venir le frôler, toujours plus, toujours plus prêt. Il laisse trainer son regard, s’amuse en silence des réactions du plus jeune avant de se reculer. Il lorgne sur cette bouche avec une envie évidente mais ne dit rien. La bouche de Jun ho est un appel à l’indécence. Elles doivent être si moelleuse à embrasser, tant que Jun se perd un instant dans sa contemplation. Ce n’est qu’avec un petit rire qu’il se redresse et se détourne le sucre en main, lui qui n’en prend jamais d’ordinaire dans son café. « Tu vas faire quoi aujourd’hui ? » lance-t-il alors comme si les secondes de flottements qu’ils venaient d’avoir n’avait pas existé. Comme si tout était normal. Est-ce que tout était normal ? « A part chanter. » souligne-t-il avec malice lui lançant un regard en coin complice.

Il l’observe sans rien dire, baisse les yeux discrètement sur cette lèvre qui suçote sa cuillère. Jun est beau… le genre de garçon qui doit plaire à toutes les filles. Junho s’imagine qu’il doit avoir une tonne de conquêtes. Qu’il ramène, qu’il jette pour son simple plaisir. Mais il ne lui en tient pas rigueur… si lui aussi se trouvait aussi charmeur, il serait peut-être ainsi. Si lui il était normal, peut-être agirait-il comme tous les gamins de son âge. Il grimace discrètement à cette pensée qui lui traverse l’esprit. Sa musique tourne encore dans ses oreilles et il repense vaguement à ses relations chaotiques. Il aimerait avoir du charisme, c’est ce qu’il se dit en voyant Jun devant lui. Ce qu’il dégage est fort, puissant… il ne sait pas pourquoi ça l’intimide autant. Peut-être parce-que lui, n’est qu’un gamin un peu perdu. Il détourne les yeux, tente se recule quand Jun avance pour prendre il ne sait quoi. En réalité, il n’y prête pas attention. Seul ce frôlement le rend fébrile tout à coup. Ses mains cramponnées à sa tasse, tremblent silencieusement, alors que son cœur tambourine plus fort. Un geste anodin encore, mais il se sent troublé. Un peu bizarre soudainement alors qu’il relève les yeux vers lui. Jun l’observe… un peu trop d’ailleurs ? Regard égaré sur ce qu’il croit être sa bouche. A moins qu’il ne devienne fou ? Il reste à sa merci, de longues secondes alors qu’il l’entrouvre légèrement. Volonté de lui demander ce qu’il fait ? Mais rien ne parvient à les franchir. Il regarde… ma bouche ? pense-t-il pour lui-même sans oser se l’avouer vraiment. Ça le perturbe, assez pour qu’il vienne déglutir. Gêné presque, il reste longtemps abasourdi alors que son ainé se met à rire. C’est un jeu ? Il n’en sait rien. Il se sent perdu tout à coup. Voir troublé, alors que ses joues deviennent chaudes. Il se planque derrière sa tasse, boit une longue gorgée sans comprendre ce qui vient de se passer. Peut-être était-il un peu fou ? Il n’a pas pris de drogue ce matin pourtant. Mais il sent une émotion, qui lui noue subitement l’estomac. Jun lui pose cette question, à laquelle il ne sait pas répondre. Perdu dans ses pensées, son regard figé sur lui, il observe encore ses traits. Ne revient à la réalité que par un bref essai « Te dessiner… » Surprit par ses mots, il se redresse « Dessiner ! Je dois faire un devoir !!! Oui c’est ça un devoir. » Et le voilà pauvre gosse perturbé par son ainé. Mais il ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi… il ne laisse pas son court de pensée se terminer. Balaye rapidement ces images, avant de poser sa tasse sur le plan de travail. Attrapant son téléphone, il éteint sa musique. Se mordillant la lèvre, il lâche sans réfléchir « T’as pas faim ? Y’a rien à manger ici. Si tu veux j’ai des gâteaux dans ma chambre. Je peux… aller les chercher ? » Il se redresse, range son téléphone rapidement avant de sourire à Jun. Attendant sa réponse, il se presse finalement jusqu’à sa chambre. Faisant le moins de bruit possible, il prend son paquet de gâteau. Il souffle un grand coup, ne s’aperçoit même pas qu’il courrait presque avant de revenir dans la cuisine et poser le tout sur la table. Essayant de garder contenance, il sourit encore, se laisse tomber sur une chaise avant de vouloir attraper un gâteau. Il frôle la main de Jun, s’arrête dans son geste avant de relever les yeux vers lui. Il se sent gêné tout à coup, son cœur va exploser sans qu’il ne sache pourquoi. « Ah… euh… désolé. » il bafouille encore. Ce gosse trop intimidé, de quoi a-t-il l’air ? Il s’en veut soudainement. Jun est si cool… et lui… si gamin. Il ramène sa main vers sa tasse, la serre un peu plus fort encore. Il n’aime pas cette image qu’il donne de lui. Mais il ne maitrise aucune émotion qui le traverse. Il pose son téléphone sur la table. Puis tend un écouteur à Jun « Tu… veux ? » au moins qu’il sache sur quoi il dansait. Il a l’air si embarrassé, il en deviendrait lui-même gênant, mais Junho tente de ne penser à rien. Branchant à nouveau sa musique, il partage ce qu’il écoute avec lui. « Tu aimes ? » ça lui ferait plaisir si il aimait. Peut-être parce qu’il adore ce groupe… il se penche un peu sur la table, n’ose pas s’approcher plus de lui. Il laisse une certaine distance, apprécie juste le fait de pouvoir écouter des choses qui lui plaise avec quelqu’un d’autre. Une musique qui passe… lui se sent plus apaisé. Laissant le téléphone entre eux, il mange un gâteau l’air de rien. Finalement il prend son petit déjeuner avec lui. Sans s’en apercevoir… reste même quelques minutes à le contempler silencieusement. Il observe son profil, ses traits masculins qu’il trouve beaux… Puis un pop-up sur son écran vient troubler la musique. Un message de Mok « Rdv à 11H. Love bird motel. » il relève aussitôt les yeux vers Jun. Le souffle coupé, avant d’attraper brusquement son téléphone. « Euh… » c’est pas ce que tu crois ? si ça l’est. Evidement que ça l’est. Un signe, pour revenir à une réalité qu’il oublierait presque. Lui qui se perdait, dans un monde qu’il ne connaissait pas… Baissant les yeux sur son écran, il tire sur les écouteurs, ouvre le message et envoi déjà un bref ok. Juste une question d’habitude, il ne réfléchit même pas. « Je… je dois y aller. » il se relève. « Garde les gâteaux. » et il a honte. Terriblement honte, comme si Jun pouvait deviner ce qu’il cache. Il aurait pu refuser, rester là mais... Junho se sent un peu perdu. A croire que Mok est la solution à tous ses troubles.

((ootd )) Elijah n’aurait jamais pu relever le lapsus, mais Jun lui s’en amusait. Te dessiner. Il n’avait pas besoin de beaucoup plus pour savoir que Jun Ho pourrait flancher face à lui. Attiré, grisé, par des sensations plaisantes, un jeu délicat et prenant. Il pourrait s’amuser avec les nerfs du plus jeune mais il n’était pas certain qu’Elijah apprécie l’audace de Jun. Mais il était dur de se privée d’une telle tension, surtout quand elle était nouvelle, récente, novice. Parce qu’il était certain que Jun Ho n’était pas à l’aise dans ce genre de démonstration. Etait-ce parce qu’il était un homme ? L’idée lui plaisait, attiser les sens, et les émotions d’un garçon qui ne s’était pas encore révélé à lui-même. Ou simplement un hétéro curieux. Qu’importe … Pourtant Jun aussi n’avait jamais réellement goûté à ce plaisir. Elijah l’avait guidé, avait vécu et testé, et Jun ne l’avait ressenti qu’à travers lui. Qu’à travers les sensations qu’avait éprouvé Elijah, jamais en étant le premier acteur de ces échanges … Alors c’était nouveau pour lui, mais grisant, comme une scène qu’il avait vue joué de loin tant de fois et qu’il voulait goûter aussi … Il voulait expérimenter aussi ce florilège de sensations. Jun Ho semblait alors être le garçon idéal pour cette folie. Jun n’était pas là pour ça … il était là pour protéger Elijah, pour le soutenir … pas pour vivre pleinement. Il ne le méritait pas, il n’existait pas. Jun n’existait pas, que dans l’esprit d’Elijah. Etait-ce mentir ? Etait-ce tromper ? Il ne s’était jamais posé la question jusqu’à Jun Ho, car le garçon l’appréciait pour lui. Pour ce qu’il était en tant que Jun. Et le voilà à s’enfuir pour un paquet de gâteau. Puis revenir, vite, presque essoufflé. Jun sourit en coin, trouve ce détail craquant mais reste sage. Ils ne prendront que le petit déjeuné ensemble, écouterons la musique qu’il apprécie, et se contenteront de rester l’un à côté de l’autre, religieusement. Pourtant les pensées de Jun fourmillent. Il imagine déjà pouvoir enrouler ses doigts sur sa gorge gracile, l’entendre gémir et suffoquer. Sentir son corps se tendre contre le sien à la recherche de toujours plus de contact. Il avise le SMS et sourit en coin. Cela ne laissait place à aucun doute. Jun Ho panique, balbutie, Jun lui s’en amuse. Il acquiesce. « Pas de soucis. » quelques mots pour le rassurer, il ne le jugera pas, ils font bien ce qu’ils veulent. Il attrape alors le paquet de gâteau et s’éloigne déjà pour quitter la cuisine. Il a cette nonchalance agréable, qui le caractérise, cette aura attirante, assez pour semer le trouble dans l’esprit du garçon alors qu’il lui lance « Elle a de la chance. » car ses mots, déroutants et soudains, ne laissaient place qu’à peu d’interprétation. Si au moins ils pouvaient rester dans un coin de la tête de Jun Ho alors Jun aurait réussi son coup. Mais aujourd’hui il avait à faire.

 

Il s’était montré discret ces derniers temps, mais Elijah avait joué avec le feu. Il avait commencé à récolter toutes les informations qu’il pouvait sur son bourreau. Il s’était plongé dans une folie qu’il ne contrôlait plus. Il avait peur, constamment et il avait passé la nuit à monter la garde devant l’adresse présumé de son ancien beau-père. Elijah ne supportait pas d’être aussi prêt de lui, mais être loin, sans avoir aucun contrôle, il avait l’impression d’attendre la mort. Que son beau-père serait là, à chaque détour qu’il prendrait. Elijah vivait dans une angoisse permanente qui rendait sa santé fragile. Il ne dormait plus, mangeait à peine et sans les interventions de Jun il aurait certainement fini à l’hôpital. Personne ne pouvait comprendre la détresse d’Elijah, mais chacun ne manquait pas les cernes qui creusait sous ses yeux. Jun avait repris le contrôle, avait couru pour rentrer, éliminer les toxines de son corps. Souffler pour chasser ce stress. Tapé dans un sac de boxe pour se libérer de toutes ces tensions … Assez pour qu’il se sente épuisé. Il pourrait aller dormir, en profiter pour régénérer son corps. Leur corps. Il se redresse alors et quitte un instant sa chambre pour aller prendre de quoi manger et boire dans la cuisine, il irait prendre sa douche le temps que ça réchauffe. Tout était réglé, parfait, mais en chemin il croisa Jun Ho. Ce fut plus fort que lui, il le suivis, sans un bruit, sachant pourtant que le jeune coréen ne l’entendrait pas avec ses écouteurs. Une panière de vêtement sale il se dirigeait vers la buanderie sûrement vide à cette heure-ci. Il attendit quelques secondes avant d’entrer à son tour. « Salut. » lance-t-il avec un sourire en coin. Ce même qu’il arborait toujours. Il boit une gorgée d’eau à sa bouteille et demande « ça te dérange si je profite de ta machine pour laver des fringues à moi ? » tout paraissait presque anodin, une simple demande. Il était encore couvert de transpiration, il chercherait presque son souffle. Les joues rouges de l’effort qu’il venait de fournir. N’attendant qu’un mot de la part de Jun Ho il retire alors son haut pour laisser apparaitre un torse finement musclé. Il jette son haut dans le tambour se penchant vers Jun Ho, calculant ses gestes. Elle a de la chance. T’y as pensé ? A mes mots ? Jun Ho peut sentir l’odeur âpre de la peau de Jun et pourtant rien ne semble réellement … dérangeant, bien au contraire. Jun joue, il joue si bien, maitrise chacune des règles … Pose son regard sur Jun Ho et se demande s’il doit pousser le vice à retirer son jogging aussi. 

Elle a de la chance… il fronce les sourcils, encore incapable de savoir pourquoi ça le troublait tant. Mok en avait-elle vraiment ? De la chance… pas certain. Le côtoyer c’était aller directement en enfer, et il le savait. Se sentait souvent coupable quand il sortait de sa torpeur. Epaules affaissées, son crayon entre les dents, il réfléchit encore. Se demande bien ce que ça signifie pour lui. Au loin il avait juste aperçu Eli, sans oser lui parler. Il avait l’air… exténué. Quant à Junho il était simplement dans son monde. Trop loin pour qu’on l’atteigne, trop perturbé pour qu’on le touche. Les journées s’enchainaient un peu trop vite à son gout. Et ces mauvaises habitudes qu’il prenait le laisser pensif. Ce soir, il n’était pas encore trop tard. Pas assez pour se glisser à l’abri des regards. Panier en main, écouteurs sur les oreilles. Il allait faire sa lessive. Un geste commun que tout le monde faisait. Le cours d’un instant il aurait l’air normal. Si les gens étaient encore présents. Descendant les marches une à une, il laisse son esprit divaguer. Déposant le panier sur une des machines, il retire son écouteur et se fait à nouveau surprendre par… Jun. Sa voix s’élève, lui sursaute. A croire que ça devient une habitude. Il fronce les sourcils, cette fois contrarié. Pourquoi ne lui a-t-il pas fait signe ? Son cœur bat vite. Trop d’ailleurs alors qu’il avise la silhouette du garçon. Ses vêtements se tachés de sueur, il devine qu’il a dut faire des efforts. Relevant les yeux vers lui, il reste interdit avant de lancer « Oui, tu peux. » mais il remarque à peine que son ainé n’a pas de panier de linges. Et s’il le réalise, il est déjà trop tard. L’homme en face de lui retire déjà son haut. Son regard trop curieux se pose sur lui, souligne l’attrait d’un torse qu’il ne devinait pas aussi bien dessiné. Il est plutôt beau… d’un point de vu graphique évidement. C’est ce qu’il veut croire, avant de détourner les yeux pour remplir sa machine. Il a chaud tout à coup, peine à se concentrer sur les paroles qu’il écoute. Et Jun qui s’approche... peut-être un peu trop à son goût. Et ce qu’il ressent, le laisse sans voix. Une émotion particulière, une attraction étrange alors qu’il hume l’odeur du garçon. Relevant doucement les yeux vers lui, il reste muet. Repense sans le vouloir à cette phrase qu’il lui avait lancé. Elle a de la chance… quelle chance pouvait avoir Mok, que lui n’avait pas ? Son regard dérive doucement sur le torse de son ainé. Bien qu’il se veut discret, il le regarde, l’observe… et aperçoit ces petites marques sur sa peau. Des cicatrices, plusieurs qui le rende surement un peu plus… vivant. D’un doigt qu’il voulait assurer, il pose sa pulpe sur l’une d’entre elles « Tu… t’as pleins de cicatrices. » il a l’air d’un enfant qu’on s’apprête à gronder. Il se sent petit finalement, lui qui avait toujours fait une tête de plus que les autres. Jun est imposant. Cet aura qui se dégage de lui, le cloue sur place. Il n’ose pas bouger davantage, ni son corps, ni sa main. Pourtant ce simple contact lui brûle l’index. Comme une souffrance à laquelle il aimerait prendre gout. « Tu fais… du sport ? » une question idiote. Mais il devait bien en faire pour avoir un corps aussi… beau. Sur cette pensée, il détourne son regard, se détache un peu de lui. Il est perturbé. Jun s’amuse… n’est-ce pas ? Il ne sait pas vraiment. Lui qui est d’ordinaire plus téméraire. Il se sent prit au piège. Alors il tente de se changer les idées, récupère ses vêtement dans le panier, les jettent dans la machine. Geste qu’il fait presque machinalement, pour se concentrer sur une tâche. Mais sans y réfléchir il lance « Pourquoi t’as dit que Mok avait de la chance ? » trop franc encore. Il aurait dut penser à ce qu’il disait. Mais il ne s’interrompt par pour autant dans son geste. Il continue à trier son linge, l’air de rien. Mais la question est posée… et ça l’a assez travaillé pour qu’il lui demande. 

Jun apprécie son regard sur lui, comme s’il était impossible pour Jun Ho de se détourner. Une attraction irrémédiable et agréable. Une attraction qu’Elijah refuserait, qu’il repousserait. Mais une attraction qu’Elijah ne lui faisait pas ressentir. Alors peut-être que tout se jouait dans la tête. C’était une question d’assurance ? D’envie ? Il n’en savait rien, mais il notait la différence d’attitude Jun Ho avec son frère. Et quelques parts … cela réveillait en Jun l’envie d’exister pour lui. Etait-ce normal ? Etrange ? Jun mordille sa lèvre un instant alors que le gosse vient appuyer sur son torse avec son doigt. Sur une cicatrice encore brûlante de souvenir. Jun serait presque capable de raconter l’histoire de chacune des marques de son corps. Quand, comment. Toujours par la même personne. Il ne s’ne cachait pas, pas comme Elijah qui ne portait que rarement des t-shirts, et n’allait jamais à la piscine. Il évitait toujours de se retrouver dans un contexte où il devait se mettre torse nu devant les autres, alors évidemment ce corps qu’il entretenait et cette musculature que le poussait Jun à avoir, était toujours une surprise. Jun Ho ne se détache pas, ni son regard, ni son doigt. Il reste ainsi, à l’observer, de ce regard loin d’être intrusif, curieux. Il frémit malgré lui et baisse son regard sur sa peau marquée. Ouais, il a une histoire à raconter mais aujourd’hui elle resterait silencieuse. Ramener le passé à la vie n’avait jamais rien de bon, et Jun était ce bouclier qui protégeait Elijah. Puis Jun Ho se détourne, se charge à nouveau de remplir la machine. Jun sait qu’il restera sage mais leur petit jeu doit cesser, ou bien s’éclaircir. Il le laisse faire, le laisse mettre la lessive, le laisse fermer le tambour, le laisse se redresser mais ne lui laisse aucun espace. Aucune intimité. Il lui attrape le poignet délicatement en penche la tête sur le côté. Jun n’était pas du genre à parler pour combler les silences, ni rassurer une personne gênée. Il aurait pu rebondir sur le fait qu’il fait du sport, mais il ne voyait aucun intérêt à parler de cette évidence. Parce qu’il savait aussi que c’était une réaction troublée de Jun Ho. Il passe une main dans ses cheveux avant de le tourner vers lui. Il l’accule à la machine à laver qui s’était mise en marche et a trembler. Il presse son corps contre le sien, leur ventre se touche, se creuse, leur bassin se presse légèrement, un touché subtile. Il ancre son regard à celui de Jun Ho pour lui faire comprendre qu’il était désormais sérieux, qu’il jouait oui mais jamais de Jun Ho, plutôt avec lui. « Parce qu’elle a pu t’avoir … » rien qu’une fois, peut-être plus. « Et l’idée me plait. » il l’admet, ne s’en cache pas, détail la réaction du garçon qui écarquille légèrement les yeux de surprises. La main de Jun, bien que sage, se glisse sous le t-shirt de Jun Ho et vient caresser ses abdos du bout des doigts. Tu fais du sport ? a-t-il envie de la taquiner, mais il ne voudrait pas que Jun Ho prenne ça pour la moquerie. Un bip se fait entendre alors qu’un sèche-linge a fini de faire son boulot. Parfait. Il se redresse et avise Jun Ho avant de souffler en se reculant, laissant ses doigts trainer sur la peau de ses hanches « Merci pour le t-shirt. » il boit une gorgée de sa bouteille sans quitter son regard, incapable de se détourner avant de se souvenir qu’il devait avant tout protéger Elijah. Et qu’il faisait tout sauf … ça. Il crispe ses doigts sur le plastique et souffle « A plus tard. » avant de se détourner, juste comme ça. Laissant un garçon pantelant et surpris. Grisé surement aussi. Apprend à te connaitre Jun Ho et on pourra profiter ensemble.

Son geste le hantait encore, sa proximité si déroutante et son odeur si particulière. Attirante, voilà le mot qu’il s’entêtait à se cacher. Jun était attractif. Le regard qu’il avait posé sur lui, ses gestes… à la fois doux et rude. Junho les avait aimé, plus qu’il ne le pensait alors qu’il repensait encore à ses mots. Eux aussi l’avaient troublé… Il lui avait avoué sans pudeur, que l’idée d’appartenir à une autre pouvait lui plaire. C’était troublant, terriblement. Et il avait beau y penser rien ne trouver de sens logique à son esprit dérangé. Il avait souvent pensé à lui, juste comme ça. Se demandant si les hommes étaient aussi attrayant d’ordinaire. La réponse était évidente… il ne s’était jamais posé la question. Il n’oserait se l’avouer, mais il y avait ce petit jeu entre eux. Celui qui devenait de moins en moins silencieux. Et le pauvre gamin qu’il était devenait… curieux. Ça attisait son attention, il se sentait intrigué par Jun. Encore plus lorsqu’il repensait à ses mains sur son torse. Un geste simple, se faisait la réflexion qu’il aimait quand Mok le touchait… mais il avait d’autant plus apprécié cette intrusion non permise. Et cette réflexion, il y coupait court. Se disant qu’il devait juste être un peu fou. Dérangé comme d’ordinaire. Rien de plus rien de moins. Pourtant ce soir-là en rentrant des cours, il n’aurait pas cru se sentir aussi enthousiaste à l’idée d’apercevoir de nouveau sa silhouette. Il était de dos, lui avait déjà le sourire aux lèvres. Et s’il osait aller lui parler ? Juste pour lui demander à quoi cela rimait. Est-ce qu’il avait joué avec lui ? Il n’en sait rien. Il se demande souvent, mais laisse le cours de ses pensées filées. Il a du mal à saisir, ces nuances qui les transportent tous les deux. Pourrait-il plaire à un type comme Jun ? Oh, cette simple idée le fait grimacer. Evidement que non. Lui il aime… les femmes. Enfin une particulièrement. Une seule qui lui fait vivre un enfer depuis des années. Une addiction à laquelle il s’accroche comme un pauvre type prêt à sombrer. Si il ne s’écarte du droit sinueux qu’il a emprunté ce n’est que parce-que Mok l’y conduit doucement. Mais il ne lui en veut pas… il la suit aveuglément. Là où elle voudra… alors pourquoi se sent-il si différent quand il est avec lui ? Douce sensation qui l’envahie alors qu’il s’avance vers lui. Prit d’une folie qu’il ne contrôle pas, il se colle à lui. Passant une main dans sa nuque pour attirer son attention, il sourit déjà « Hey Jun ! » mais son regard croise le sien. Et il comprend… qu’il n’a pas à faire à celui qu’il croit. Euphorie qui retombe, il se sent gêné. Range sa main aussi vite qu’il le peut « Ah Eli ! Je… t’avais pas reconnu. » Évidement de dos comment l’aurait-il pu ? Il aurait dût s’en douter pourtant. Ce qui se dégage d’Eli est si différent. Pourtant lui et son frère son quasi identique. En réalité, il ne le trouve aucune différence physique hormis parfois une coupe de cheveux, une attitude. Rien d’autres… et c’est parfois troublant. Ça l’est pour lui, pour ce cœur qui bat plus vite et qui espérait en voir un autre. Jugerait-il sont geste étrange ? Sa proximité dérangeante ? Embarassé, il détourne les yeux, se sent un peu stupide tout à coup. « Je… euh… » je n’ai pas le temps de te parler ? C’est stupide, il en avait pour Jun mais pas pour Eli. Seulement, il est trop gêné. Se trouve un peu bête tout à coup. Il ne sait pas pourquoi, en repensant à la buanderie, il avait eut cet élan vers lui. « Je… dois y aller. Tu passeras le bonjour à Jun. » et le voilà qu’il tournait déjà les talons. Fuyant comme un gosse qui venait de faire une bêtise.

Elijah l’avait regardé surpris, comprenant à peine cette familiarité dont avait fait preuve Jun Ho a son égard. Jun ? Oh … Le garçon remonte ses lunettes sur son nez, troublé mais soulagé que Jun Ho prenne ainsi la fuite. Il était presque contrarié de ne pas avoir compris ce que faisait Jun. Mais son corps lui avait réagi, en un frisson qui lui avait parcourus l’échine alors qu’il avait senti les doigts du plus jeune sur sa nuque. A ne pas en douter … une attirance qu’il ne pouvait nier mais qu’il réfutait car elle n’était pas la sienne. Pourtant Elijah ne dirait rien, que pourrait-il aller dire de toute façon ? Il n’avait personne à réellement engueuler … Il se cacha derrière ses lunettes et préféra reporter son attention sur ce qu’il faisait, jetant un dernier coups d’œil vers la porte à travers laquelle Jun Ho avait disparu. Puis les jours ont passé, longs et fatiguant. Elijah savait qu’il trouverait des réponses à cette soirée. Des réponses qu’il cherchait depuis longtemps, et dont il avait besoin. Des questions il en avait pleins, et des réponses il en trouverait pleins. Il voulait savoir comment on pouvait le débarrasser de son beau-père. Il ne supportait plus de vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ça l’angoissait, l’oppressait. Alors il voulait aller à la rencontre de ces hommes. Il s’était montré discret, avait posé les bonnes questions aux bonnes personnes et le voilà dans ce club. Enfin, voilà Jun. Il aurait été impensable qu’Elijah affronte ces hommes seuls. Il voulait pouvoir avoir le contrôle sur tout, car Jun savait que le caractère effacé de son double ne ferait que les desservir. Surtout dans une telle situation. Son verre à la main il avait traversé le club pour rejoindre ce club VIP qu’on lui avait indiqué. Les informations étaient filtrées, données aux comptes gouttes. Il avait été jaugé, fouillé, questionné, menacé aussi. Une arme avait été braqué sur sa tempe mais il était resté impassible, l’adrénaline courrait dans ses veines à vrai dire, il était aussi défoncé que s’il avait pris de la drogue. Les hommes avaient fixé un prix. Elevé, trop pour leur maigre bourse, mais il pourra revenir quand il aurait l’argent. La vie d’un homme s’était marchandé ce soir et si Jun aurait dû s’en sentir coupable ou étranger, il s’en délectait. Il s’était perdu au bar, s’enivrant (mais pas assez pour en perdre l’esprit). Il avait eu ce qu’il voulait, il faudrait maintenant trouver comme récolté de l’argent. Il faudrait qu’il puisse demander aux amis d’Elijah, les plus friqués. Avec sa gueule d’ange tout pourrait être facile … Il voulait que tout soit facile, même s’il se demandait pendant un instant ce qu’il deviendrait quand Elijah se sera débarrassé de son oncle ? Sommeillerait-ils à nouveau comme se plaisait à le dire Elijah et Jun ? Il aurait le temps de penser à ça plus tard … ce soir il voulait simplement rentrer, et se perdre dans un bon bain. Elijah ne prenait que des douches, rapides. Les sens en éveils, peut-être s’adonnerait-il à un petit plaisir solitaire à l’abri des regards. Ce corps lui appartenait tout autant. Il voulait le découvrir, découvrir ce genre de plaisir alors qu’il était en éveil. Et comme si le destin s’amusait il croisa sur son chemin Jun Ho. Un sentiment d’euphorie légère le saisit. Lui qui avait disparu pendant de longs jours, se retrouvait enfin à proximité du gosse. Il semblait d’ailleurs … lointain. Se glissa dans son dos et souffla contre sa nuque en glissant une main sur le ventre de Jun Ho pour l’empêcher de s’éloigner sous l’effet de surprise. « Alors comme ça tu me cherchais ? » il le taquine mais déjà l’électricité entre leurs deux corps palpite et Jun peine à retenir un grognement contre sa nuque. Ils cherchaient tous les deux un taxi pour rentrer, la situation était parfaite. « Je te raccompagne ? » alors que sa main glissait lentement sur le bas ventre de Jun Ho, jouant avec ses nerfs, poussait par cette soirée grisante et totalement dingue. Ce soir il s’accorderait plus de liberté.

Soirée d’ivresse de folie, alors que ses sens sont en éveils. Junho sourit, boit à ne plus avoir soif. Confiance débordante, dans un monde qui n’appartient qu’à lui. Il a joué son rôle, à la perfection. A été ce garçon, amusant, drôle qui savait relever les moindres défis. Une soirée comme il se doit. Satisfait encore, il passe ses doigts sur ses lèvres, essuie sa bouche d’un geste vulgaire et insolent. Il a chaud ici, son esprit trop embué. Il se sent mieux ! Libérer de tous ses pêchés. D’un pas chancelant, il décide de rentrer. Parce qu’il en a marre du bruit, il veut du calme. Terrible contradiction, il sait pourtant que cette nuit-là il sera seul. Face à ses démons, ceux qui obscurcissent ses rêves. Mais il s’en fout, s’il a bu c’est justement pour sombrer plus vite. Pour grappiller une heure voir deux de plus. Et quand il y pense il trouve ça drôle. Se sent tellement plus sain, dans ce corps bouffé par la culpabilité. Joint encore à la bouche, il a enchainé les drogues, maigres compensation d’un esprit trop habitué. Il a l’air pourtant d’être fait, comme on dit si bien. Mais Junho est encore capable de penser s’il se force un peu. Alors il tire encore plus sur cette latte, fait vriller la fumée autour de lui, alors qu’une silhouette se poste derrière lui. Il avise une main sur son ventre, à laquelle il ne s’attendait pas. Puis cette voix… sourire désinvolte sur ses lèvres charnues, il reconnait Jun. Son ainé, bien plus charismatique et sexy que lui. Une remarque qu’il se fait, sans s’en apercevoir avant de coller son dos davantage au torse du garçon. Geste qu’il ne maitrise pas, il retire son joint de sa bouche sent ses doigts fourmiller au contact de l’homme. « C’est toi qui paye alors. » lâche-t-il nonchalant. Il ricane de cet air un peu fou, avant de tirer une nouvelle latte. Il se tourne vers Jun, avise sa silhouette. Il ne l’avait pas vu à cette soirée. Y était-il ? Il s’en fout un peu. C’est un détail, alors que ses yeux deviennent plus que gourmand. Il ne réfléchit pas, le trouve juste assez beau pour avoir ce genre de geste. Ce qu’il dégage l’électrise. Cet air si sauvage… et cet interdit. Tout le fait frissonné. Lui qui se contente toujours du peu et de se rassurer. Projetant sa fumée sur le visage de son ainé, il s’avance vers lui « Tu rentres pas accompagner ? Je pensais que t’étais du genre à les enchainer… » Et il le toise, si insolent avant de se mettre à sourire. D’une arrogance qu’il n’a que dans ces moments-là. « A moins que tu n’attendes le meilleur… » Un sous-entendu déroutant. Que lui-même ne saisit pas tant que ça. Il le provoque, se met à rire avant de garder son joint à la bouche. Puis le taxi finit par arriver, il s’avance, observe le chauffeur. Il finit sa clope, pousse un peu Jun « Vas-y princesse monte la première. » si il le fait, ce n’est uniquement que pour le mater. Et il l’assume, libérer de toutes ces interrogations qui pourraient lui gâcher l’esprit. Amusé, il se mordille la lèvre, observe le garçon monter et le suis. 

Jun appréciait de le voir ainsi, pas spécialement le fait qu’il soit enivré, mais désinhibé. Jun Ho semblait plus à l’aise avec ce qu’il ressentait, ce qu’il désirait. Il ne se cachait pas derrière un visage timide, ni ne fuyait sous prétexte d’aller chercher un paquet de gâteau. Il était là, joueur, insolent aussi, presque désobligeant, mais Jun ne s’en offusquait pas, bien au contraire. Jun Ho grisait ses sens en agissant ainsi et réveillait en lui son désir de contrôle, d’ascendance. Jun avait toujours le rôle de celui qui contrôlait tout. Parce qu’il était celui qui protégeait Elijah, il était celui qui prenait les coups à sa place, qui parfois même les rendait, il était celui qui faisait face à la police, au média. Un sang-froid à tout épreuve, une assurance déroutante. Il était rare de pouvoir contredire Jun, il était rare de pouvoir l’avoir avec des mots, et les violences physiques faisaient de lui un homme plus fort qui n’avait peur de rien. Il était peut-être même fou. Fou de croire qu’il pouvait ainsi façonner son monde. Il venait de souscrire à la mort d’un homme. Bien, il en était heureux. Avait-il le droit ? Non, c’était indécent, immorale, mais il s’en fichait. Le monde n’avait même pas conscience de son existence. A vrai dire … Seul Jun Ho le connaissait réellement. Le connaissait. Quand les autres se méprenait et l’appelait Elijah, il ne les contredisait pas. C’était plus facile ainsi, mais Jun Ho … ça avait été différent, il était différent et seul le plus jeune l’avait remarqué. Ami avec Elijah il aurait été compliqué de ne pas noter la différence de caractère, de posture, d’attitude. Surtout celle qu’ils adoptaient ce soir tous les deux. « Les enchainer hein ? » c’est l’image qu’il avait de lui ? Il n’avait pas envie de la casser. Ça lui irait. Que dirait Jun Ho s’il apprenait que Jun n’avait jamais rien fait avec un homme ? Rien fait tout court d’ailleurs … Ses temps d’éveils ne lui laissaient jamais vraiment le temps de construire quoique ce soit avec une personne, et plus encore, jusqu’à Jun Ho il n’avait jamais réellement ressenti le besoin de le faire. Il n’existait que pour Elijah. Mais ce soir … son double pourrait lui pardonner son égoïsme et son envie de découvrir cette passion. Il ricane à sa remarque, pourrait le taquiner, lui dire : c’est vrai, j’attends le meilleur, tu sais où je pourrais le trouver ? Juste pour voir, l’espace d’une seconde, l’offense dans le regard dilaté du gosse. Mais il pince ses lèvres, reste silencieux en souriant en coin, de sa nonchalance qui le caractérise. La fumée de cigarette n’est là que l’expression de l’audace assumé de Jun Ho, elle attise les sens de Jun qui pourtant n’en montre rien. Il avise le taxi, s’apprête à suivre Jun Ho mais ce dernier se sent pousser des ailes, et si son attitude lui plait, le princesse peine à passer. Lui renvoyant une image faible qu’il détester. Il n’est pas en colère, mais s’assure de faire comprendre à Jun Ho qu’il pouvait jouer, mais au jeu dont les règles étaient dictées par Jun. Il l’attrape par le bras et le plaque, dos contre la portière, en se collant à lui. Il lui attrape le menton et lui retire ce mégot d’entre les lèvres. « Ne joue pas à un jeu que tu ne maitrise pas Jun Ho » souffle-t-il proche de sa bouche. Il écrase la cigarette sur le toit de la voiture et lorgne sur sa bouche. Leur bassin se colle alors et Jun ajoute avec son arrogance qui le drape pour se protéger « Si tu veux y goûter, tu pourras, mais JE contrôle. » susurre-t-il avant de décoller Jun Ho de la voiture avec un sourire entendu, il entre le premier dans la voiture, lui accordant sa requête pour qu’il comprenne qu’il n’était pas fâché, mais qu’il reprenait simplement son rôle de dom.