Est-ce que Queen allait faire quelque chose de fou de nouveau? Evidemment, on parlait de Queen actuellement. Si la jeune femme n'avait ne serait-ce qu'une idée saine, le monde entier s'écroulerait.
Elle avait décidé aujourd'hui de venir voir son petit frère. Petit frère avec qui elle n'avait pas parlé depuis des années. En réalité, c'était depuis qu'elle était devenue elle que Azriel l'avait complètement rejeté. Elle le savait, le plus jeune des Im était le parfait mini papa Im. Mais elle n'en avait rien à faire. Queen aimait Azriel et voulait renouer les liens avec lui.

Même si à chaque fois qu'il se croisait, le plus jeune n'était que sarcasme et dégoût vis à vis d'elle. Si Queen acceptait d'aller au soirée mondaine, c'était simplement pour pouvoir le voir lui. Mais évidemment, ça ne marchait jamais comme elle le voudrait. Alors oui. Queen avait décidé de se montrer à son école. Yonsei. C'était plus simple ainsi non? Elle le verrait directement et il serait ravi, non? La réponse serait obligatoirement négative mais elle n'en avait rien à faire, elle voulait juste...son frère. Et elle le vit enfin. Alors elle s'approcha, un sourire aux lèvres. "Azriel !" dit-elle avec joie; "Petit frère ! Je suis venue te voir vu que tu ne viens pas à moi!"

La matinée est terminée et tu sors de l'amphithéâtre dans les premiers. Ton projet est d'aller manger en ville pour t'éloigner de ton rôle d'étudiant modèle quelques heures. Lorsque tu vois ta sœur au loin, tu comprends que ton moment de répit devra attendre. Tu vas devoir renfiler ton costume pour préserver les apparences. En effet les étudiants de ta promotion sortent du bâtiment, assistant indirectement aux retrouvailles familiales des Im. A cet instant tu sais qu'il serait mal venu d'adopter l'attitude insolente que tu as d'ordinaire avec elle. Heureusement tu as plusieurs cordes à ton arc et tu choisis donc un masque à la mesure de la situation. Affichant un sourire courtois, marqué d'une pointe d'ironie.

« Salut, qu'est-ce que tu fais là ? »

Le ton de ta voix est amical, sans trop d'efforts. Tu termines de faire le chemin qui vous séparez, inclinant la tête en signe de respect. Tu te dois d'adopter une attitude digne de vos rangs. Tes parents comptent sur toi pour faire briller le blason de la famille. Si tu sais être vulgaire lorsque tu te lâches, face à ta sœur, à Queen, tu ne veux pas te rabaisser à ce niveau. Tu t'approches pour pouvoir lui parler plus discrètement, toujours avec un sourire.

« Tu sais ce que c'est les études...faut jamais se relâcher. On ne peut compter que sur soi-même. C'est toi qui me l'a appris. »

Tu es un gamin de 19 ans rancunier, c'est vrai. C'est clairement ta sœur qui t'a appris ce que la confiance valait. Ton frère ne t'a jamais trompé. Lui t'a appris le sens du mot insignifiant. Il est clair que tes parents ont façonné l'homme que tu es. Néanmoins ton frère et ta sœur n'y sont pas pour rien. Sous ces airs de conversation amicale se cachait un sous-entendu et un ressentiment lourd. Tu décides d'éviter un scandale ici et d'ajouter, accompagnant ta tirade d'un signe de tête.

« Tu veux qu'on mange ensemble ? T'invite frangine ?! »

Est-ce que Queen savait qu'il ne pouvait pas la rejeter ainsi en étant en public? Oh que oui. Etait-elle assez vicieuse pour le faire? Sa présence sur le campus le démontrait parfaitement. Et si jamais, il refusait, elle lui taperait une crise au point ou il aurait honte et accepterait sa démarche. Un rire amusé s'échappa de ses lèvres en voyant son sourire ironique et avança, ne se démontant absolument pas. Depuis quand elle le faisait d'ailleurs? "Je suis venue te voir ! Vu que tu ne viens pas, je viens à toi, c'est plus simple ainsi !"

Elle le regarda faire toutes ses petites fantaisies dont elle n'avait strictement rien à faire. Qu'il devait faire la fierté de papa Im. Ew. Dégueulasse. Si elle pouvait vomir ou mimer le geste, elle le ferait. Mais ça serait donné de l'importance à ce géniteur qui n'en avait aucunement le droit. Elle l'écouta marmonner sa phrase et secoua la tête. Si il pensait l'ébranler avec cette petite phrase, il avait encore du chemin à faire le poussin. Elle se pencha à son tour, amusée. "C'est bien, tu retiens les leçons...mais apparemment, je vais devoir te faire des rattrapages sur les autres, sucer les boules du père, c'est périmé maintenant". Elle se recula amusée avant d'hocher de la tête. <>"Je t'invite, leçon première du chef Im, toujours se faire payer à manger en faisant comprendre qu'on a de l'argent." Elle rit avant de lui faire signe de venir vers sa moto. "Rassure moi, tu ne vas pas flipper?" Elle lui donna un deuxième casque, taquine avant de monter sur sa bécane, son bébé, son bijou. Elle regarda Azriel pour qu'il puisse monter à son tour.

Tu ne relèves pas lorsqu'elle se répète. Tu aurais pu lui faire remarquer et lui sortir une vanne bien cynique sur son âge. Cependant tu ne veux pas te rabaisser à son niveau, ni même lui donner du grain à moudre. Tu sais pertinemment qu'elle n'attend que ça et tu ne comptes pas lui donner satisfaction. Si elle a décidé d'être vulgaire et grossière, ce n'est pas ton cas. Elle te le prouve encore avec sa réflexion suivante, ce à quoi tu lèves les yeux au ciel avant de répondre.

« C'est toi qui aurait besoin de leçons de rattrapages. Je mène père par le bout du nez contrairement à ce que tu penses. Tu as besoin d'un cours là-dessus ? »

Tu réponds à son sourire amusé par le même rictus. Depuis que tu es seul à la maison, tu as appris à tirer profil de tes parents avec sournoiserie. Tu sais exactement quoi faire si tu veux obtenir quelque chose et commencer esquiver lorsque tu n'as pas envie. Enfin ça c'est que dont tu essayes de te convaincre, au fond il est évident que tu es encore dépend, tu n'as d'ailleurs pas le permis. Un point délicat puisque tu utilises un chauffeur qui relaye tous tes déplacements, ce dont tu sais utiliser à ton avantage. Tu te permets de rire avec elle à sa petite leçon.

« Finalement tu n'as pas tout oublié Asteria. »

Tu sais qu'elle déteste ce nom. Tu l'utilises pour l'embêter alors que c'est aussi douloureux pour toi. En effet Asteria est morte avec ta sœur et tu ressens toujours un trou béant en voyant la nouvelle version Queen. Cependant tu ne laisses rien paraitre, la suivant sans hésitation vers sa moto. Tu ne prends pas la peine de répondre, levant une fois encore les yeux au ciel, signe que tu n'as clairement pas peur de son engin, ni de montrer derrière elle. Une fois le casque enfilé, tu t'installes derrière elle. Tu t'accroches à sa taille en serrant les dents. Tu aurais eu envie de te blottir contre elle et ressentir cette complicité qui te fait tant défaut. Cependant tu as trop de fière et tu as encore trop de rancœur envers elle pour te laisser aller. Tu es donc accroché à elle, certes mais clairement pas coller. Malgré le casque tu t'approches pour lui dire.

« Au Kuedoraku chauffeur ! C'est dans le quartier ouest. »

Qu'est ce qu'elle aurait aimé qu'Azriel est plus de répondant. En réalité, elle n'en doutait pas qu'il en avait. Il était un Im. Il ne pouvait pas cacher cette nature de sa part. Mais oui, Queen aurait aimé que son petit frère soit avec eux. Et non avec leurs parents qui devaient tout simplement lui vampirisé la vie. Il ne méritait pas ça, il méritait mieux. Beaucoup mieux. Même si lui ne voulait rien avoir à faire avec elle. Elle, elle voulait tout simplement retrouver le petit frère qu'elle avait toujours eu. A sa réponse, elle rit, secouant la tête. Ah oui? Tu mènes père par le bout du nez? J'ai hâte de savoir comment tu vas le mener par le bout du nez quand il saura qu'on était ensemble. Méchant fils...aller voir la cinglée des filles Im, n'as tu pas honte?" Elle arqua, un sourcil moqueur. Elle savait parfaitement la réputation et les discours qu'avaient son père à son égard. Si au début, oui, ça l'avait blessé. Maintenant, elle s'en moquait, elle s'en foutait royalement. Il ne l'aimait pas. Il n'aimait personne à part sa propre personne. Il était d'une inutilité évidente. Et Azriel devait le réaliser.
La jeune femme grogna, la mâchoire contractait en entendant Asteria. Elle l'entendait beaucoup trop souvent en ce moment. Mais l'entendre de la bouche d'Azriel, c'était déroutant. Elle voyait encore le petit gamin courir après elle, pour avoir un câlin ou pour simplement passer du temps avec elle. Maintenant, elle n'avait plus rien de tout ça. Juste de la rancoeur et du dégoût de sa part. Et c'était ça, le plus triste pour elle. Elle démarra néanmoins, une fois qu'il se soit accroché du bout des doigts pour être sûr de ne pas la toucher. Et démarra à son indication, sans relever le mot chauffeur. Elle était bien trop partie dans ses pensées et souvenirs pour lui donner une réponse cinglante comme il aurait mérité. Elle avança, restant silencieuse tout le long du trajet. Elle se gara finalement et attendit qu'il descende, reprenant son casque, le rangeant avant de rentrer dans le restaurant. "Une table pour deux" dit-elle finalement avant de s'asseoir quelques minutes après. 'Tu viens souvent manger ici?" Curieuse puisqu'il lui avait donné cette adresse. Adresse qu'elle ne connaissait aucunement par ailleurs.

La réponse de ta sœur te fait serrer les dents. Tu sais ce que ton père va dire s'il apprend que tu as vu ta sœur. Depuis qu'elle s'est renommée Queen, c'est une pestiférée qu'il ne faut plus fréquenter. Même si tu as toujours souffert de cette décision, tu l'as toujours appliqué, pourtant ta sœur te manque.  Tu n'as jamais été proche de ton frère, du plus loins que tu t'en souviennes, avec ta sœur c'était différent. Elle était ton modèle, ton ami, ta confidente et la seule dont tu te sentais proche. En la perdant tu as perdu une partie de toi, comme si on t'arrachait la moitié de ton cœur. Aujourd'hui chaque fois que tu la vois le vide de son absence te brule la poitrine. Pour lutter contre cette souffrance, le petit con que tu es, préfère remplir ce trou avec de la colère. C'est donc avec un regard noir que tu réponds à ta sœur à sa réplique sur votre père. Tu as eu envie de lui dire qu'elle était cinglée, que votre père a raison, seulement au fond tu n'y es pas arrivé, car tu ne le penses pas. Cet accès de faiblesse t'a encore plus énervé c'est peut-être pour ça que tu lui as sorti son ancien nom, pour la déstabiliser autant que tu l'es. Cela t'a permis de gagner du temps et surtout de la faire taire un peu. Le trajet s'est fait en silence à ton grand soulagement. Tu as envie de te blottir contre elle, de la serrer fort pour qu'elle ne parte plus et lui avouer combien elle t'a manqué. Cependant ta fierté mal placé t'en empêche. Ce n'est pas le vent qui a humidifié tes yeux mais bien cette peine que tu ressens d'être si proche d'elle et à la fois si distant. Heureusement tu as reprit contenance et une fois installé, tu as lâché un soupir hautain.

« Est-ce que ça peut te faire ! Ce n'est pas comme si tu t'intéressais vraiment à moi. »

Lorsque le serveur est venu prendre votre commande, tu as pris la soupe la plus chère, sans même savoir si elle allait te plaire. En réalité tu connais cette adresse et tu as tes préférences mais aujourd'hui tu comptes bien faire payer ta sœur. C'est puéril et en même temps tu n'es qu'un gamin de 19 ans rempli de rancœur et de colère. Une fois le serveur parti, tu as reporté ton attention sur ta sœur, sifflant d'un ton mauvais.

« Maintenant qu'on est seul, dit moi vraiment pourquoi tu es là ? »

. Azriel Asteria, ça matchait parfaitement. Ils avaient été comme cul et chemise depuis tout petite. Mais Azriel Queen, ce n'était plus rien. Plus rien du tout même. Et c'était ça qui chagrinait la plus vieille des deux. Elle voulait retrouver son petit frère comme avant. En soit, elle était toujours la même. Mais juste elle-même. Tout simplement. Elle voulait son petit bébé de frère. Mais lui, il ne voulait plus d'elle. Tout le démontrait dans ses agissements avec elle. Ses réponses cinglantes, son prénom qui s'était évaporé de sa bouche. Et Queen avait tout de suite replongée dans ses souvenirs d'enfances et d'adolescence. Ces moments ou elle était toujours avec Azriel. Un pilier qu'elle n'aurait jamais voulu arrêter d'être. Mais apparemment, elle l'avait fait en devenant elle-même. En osant se libérer des chaînes de la maison, des chaînes de ses parents toxiques qui ne voyaient jamais plus loin que le bout de leur nez. Et ça, Queen rêvait qu'Azriel puisse le voir, qu'il puisse comprendre pourquoi Caspian et elle, ils étaient partis. Mais il ne semblait pas prêt de l'accepter ou de le concevoir. Et c'était ça le plus difficile.

Ils rentrèrent dans ce fameux restaurant, et une fois assis, Queen lui demanda si il était déjà venu. Elle releva les yeux vers lui face à sa réponse de gamin, soupirant. "Détrompe toi, je me suis toujours intéressée à toi. Tu es celui qui ne l'est pas". . Queen avait toujours essayé de venir le voir, d'avoir de ses nouvelles et de passer du temps avec lui. Mais c'était compliqué. Très compliqué à faire puisqu'il ne se laissait pas faire. Elle commanda à son tour, se moquant qu'il prenne la souple la plus chère, réellement. Elle n'avait pas de problème d'argent, loin de là. Elle soupira une fois de plus, passant sa mains dans ses cheveux. "Je te l'ai déjà dit, je voulais passer du temps avec toi". Elle regarda autour d'eux avant de poser son regard sur celui d'Azriel. "Mais le gamin que tu es, ne m'aide pas du tout en filtrant mes appels et en m'évitant." Elle insinuait par là, que s'il était un homme, il devrait lui faire front au lieu de l'ignorer. "Tu verrais ainsi que si, je m'intéresse à toi". Plus que ce qu'il ne pouvait imaginer en réalité. "Ce n'est pas parce que tu n'en as rien à foutre de ma vie, que je sois à l'hôpital ou sur pieds, que c'est le cas pour moi Azriel.".

Tu serres les dents à sa réponse. C'est évident que tu t'intéresses à elle, tu as un million de questions à lui poser en commençant par pourquoi ? Pourquoi elle a changé radicalement ? Pourquoi elle t'a abandonné ? Pourquoi elle fait tout pour faire enrager les parents et s'éloigner de toi ? Pourquoi, pourquoi Asteria est devenu Queen aussi subitement, te laissant sur le bord de la route, créant en toi un trou béant. C'était d'ailleurs pour ça que tu l'évites, car chaque fois que tu la vois tu te souviens de la complicité que tu as perdue, de la sœur que tu as chéri et qui n'est plus. Tu souffres encore terriblement et cela ne fait qu'exacerber ton sentiment de solitude et ta rancœur envers elle. A sa réflexion suivante sur le temps qu'elle veut passer avec toi, tu lèves les yeux au ciel en soupirant avec insolence.

« Je...je filtres pas tes appels, c'est juste que je suis occupé ! »

Lorsqu'elle reprend en prétextant qu'elle pourrait mourir tu n'en aurais rien à faire, cela termine de t'énerver. Tu es loin de t'en foutre d'elle, c'est même plutôt le contrairement seulement tu as encore trop de rancœurs, trop de questions et surtout tu es encore blessé. Tu rétorques donc laissant la colère transparaitre dans ta voix.

« Ah ouais alors pourquoi t'étais pas là quand j'avais besoin de toi ?! Pourquoi tu m'as abandonné hein ?! Pff laisse tomber ! J'ai plus faim ! »

Les yeux remplis de larmes, à cause de l'émotion, mais aussi de la rage, tu te lèves de table et sort du restaurant. Tu ne veux pas qu'elle te voit comme ça. Tu refuses de paraitre faible devant elle. Après tout c'est bien elle qui t'a abandonné, c'est elle qui s'est éloignée, c'est elle pas toi !!! Si tu es honnête avec toi-même, c'est plutôt toi qui la fuite depuis, seulement tu as trop de fierté pour l'avouer. Si elle a décidé de partir de la maison, toi tu as décidé de te débrouiller seul. Cependant la voir te faire toujours autant souffrir. Contrairement à Caspian dont tu n'as jamais été proche, avec ta sœur tu as des tas de souvenirs. Ces derniers sont toujours ancrés en toi, c'est bien eux qui te mettent au bord des larmes. Il fut une époque où tu aurais pu te blottir dans ses bras et pleurer sans aucune gêne en lui racontant tes malheurs . Aujourd'hui tu es obligé de faire sans et c'est de plus en plus difficile. En arrivant dehors tu as balancé ton poing dans le premier truc que tu as vu, sans te soucier de te blesser.

Paroles franches, vérité non dissimulée. Sentiments partagés et pourtant cachés, la fratrie était bien trop compliqué et rempli de fierté pour parler ou assumer. Avouer, chose terrible à faire, montrer sa faiblesse? Jamais. Un sentiment partagé par toute la famille Im. "Occupé? Voyons petit frère, tu me prends pour une conne?" Sourire taquin sûre de soi-même. L'enfant ne pouvait cacher la vérité à la plus vielle, bien trop connaisseuse de ce sentiment. "Tu filtres mes appels tout simplement. Sans remords". Ton condescendant, elle avait raison et elle le savait. Petite fille amusée face à l'obstination sincère du plus jeune.

Paroles suivant le cours de la conversation, émotions florissantes. Le gamin s'était soudainement exclamé sous la surprise de la policière. Enfant désarmé face au changement de sa famille, petite fille devenue démone, oubliant son petit frère? Jamais. Elle ne l'avait jamais oublié le gosse. Jamais. "Azriel". Soupir en le voyant fuir plus loin, se levant sans s'excuser de la pagaille mise. Elle suivit la silhouette du gosse, reconnu Caspian en le voyant frapper. Ou elle. Lien du sang à jamais, fratrie unie pour toujours. "Azriel, t'as fini?" Question réelle, poignet attrapé pour observer des blessures quelconques sur sa main. Il avait grandi le gosse, main plus large, plus grande qu'elle. "Je ne t'ai pas abandonné. Je ne t'ai jamais abandonné Az." Elle n'avait jamais abandonné ce gosse, jamais elle n'aurait oublié son petit frère. Le petit gosse qui était toujours dans ses pattes pour quelconque raison, petit être à la recherche de son affection. "Asteria, Queen, c'est toujours moi. Tu n'as juste pas choisi de me connaître, de voir que j'étais toujours la même. Az, c'est toi qui me fuit, ce n'est pas l'inverse." Regard franc, sans sourciller une seule seconde. "Tu n'as pas accepté que je me libère alors que j'étouffais. Et tu n'as pas voulu voir que même loin, j'étais là pour toi. Donc oui, morte ou vivante, pour moi, tu n'en as rien faire. Contrairement à moi."

Tu récupères ta main en sifflant lorsqu'elle ose te surnommer Az. Il n'y avait qu'elle qui avait le droit d'utiliser ce surnom, depuis tu ne l'acceptes de personne. Aujourd'hui l'entendre à nouveau dans sa bouche te fait quelques choses. Une partie de toi a envie de croire ce qu'elle dit, l'autre te hurle de te méfier. Après tout, combien de fois as-tu été déçu des gens ? Toujours, cela ne se compte plus. Le monde dans lequel tu évolues est comme ça, mesquin, sournois ou tous les coups sont permis. Alors oui, tu as du mal à faire confiance, d'autant plus à ta sœur, celle qui t'a brisé le cœur en partant.

M'appelle pas comme ça Queen, t'as perdu ce droit !

Oui tu es con, têtu et surement immature, n'est-ce pas une qualité héréditaire ? Lorsqu'elle dit qu'elle n'a pas changé, tu fronces les sourcils, secouant la tête. Pour toi elle a changé, elle n'est plus la gentille sœur que tu as connu, toujours là pour te réconforter, toujours présente à la maison pour t'épauler face aux parents. Elle a beau dire, elle t'a abandonné. Tu peux pardonner Caspian, lui n'a jamais été là, ou du moins tu as occulté les moments passés avec lui quand tu étais gosse, comme tout ce que tu as vécu aux USA. Tout est encore inscrit dans ta mémoire et tu en cauchemardes encore, mais ça plus personne ne s'en soucie. Ta sœur n'est plus là pour calmer tes nuits agitées, heureusement tu as Rox, sans lui tu aurais surement déjà baissé les bras. Aussi ses paroles te blessent et tu réagis par instinct de protection.

Oui j'ai pas accepté que tu l'abandonnes, tu vas me le reprocher ?! C'est toi qui est partie ! Loin des yeux, loin du cœur Queen ! Tu l'as fusillé du regard, vexé par ses derrières paroles. Ah oui t'en a quelque chose à faire de moi ? Alors t'étais ou quand les parents m'ont enfermé ? T'étais ou quand j'ai perdu Lyvan hein ! T'étais pas là, j'étais tout seul !

Parlait de la perte de ta meilleure amie est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ton frère, ta sœur, ta meilleure amie, tu t'es retrouvé en peu de temps seul au monde, enfermé entre les quatre murs de ta chambre sans aucune échappatoire. Alors oui cette solitude a eu raison du garçon que tu étais et tes parents n'ont eu qu'à modeler le fils qu'il voulait. Brisé tu as suivi les ordres, laissant ton père guider la barque parce que tu n'avais plus rien à quoi te raccrocher. Et pourtant, pourtant tu n'as jamais oublié ta sœur, tu as prié pour qu'elle t'aide et encore aujourd'hui tu n'attends que ça mais l'orgueil qu'à créer ton père te colle à la peau. Néanmoins tes fissures sont nombreuses et c'est par celles-ci que coulent tes larmes aujourd'hui.

Je te détresse autant que je t'aime, tu comprends ça ?! Tu crois que j'ai tiré un trait sur toi et tout oublié ?! Tu penses vraiment que j'en suis capable c'est ça, hein ?! Tu me crois stupide et faible toi aussi, comme Caspian !!

Tu cris en reculant. Si face à ton frère tu t'es montré violent, avec ta sœur c'est différent. D'abord parce qu'on ne frappe pas les filles, mais surtout parce que tu l'aimes trop pour t'approcher. Tu sais que si tu t'approches, tu vas craquer encore plus, les larmes sillonnent déjà ton visage et tu t'en veux de lui montrer cette faiblesse, signe qu'elle compte toujours autant pour toi. Seulement tel le gosse perdu que tu es, tu ne sais pas lui montrer.