douce folie que de n’être qu’à elle, à cet instant précis. que de vivre ce qu’il avait si souvent imaginé, puis mis dans un coin de sa tête. l’impression d’être en train de rêver. d’être face à une illusion, certainement provoquée par cette chaleur étouffante mêlée aux effets de l’alcool. mais ce corps sous ses mains était bel et bien réel. ces caresses, ces baisers, il n’y avait rien de plus vrai. saurait-il s’en passer après aujourd’hui ? il en doutait, lui qui se pressait davantage contre elle, si cela était encore possible. tout était si grisant, si euphorisant, qu’il en oubliait jusqu’à l’endroit ou il se trouvait. il n’y avait rien de plus fort, de plus intense, que ce qu’il était en train de ressentir dans ses bras. ça n’avait pas de prix, pas vrai ? mais aurait-il l’audace d’aller jusqu’au bout ? s’il pensait que oui, sa lucidité commençait petit ) petit à revenir à lui. violente par son éclat, tandis qu’il sentait bo bae déboutonner son jeans. quelques secondes, à savourer cet autre baiser, avant de sentir ses muscles se tendre, ses yeux s’écarquiller lentement. la question n’était pas de savoir ce qu’ils étaient en train de faire, mais quelle serait sa réaction, si elle venait à voir, pour la première fois, ce corps estropié. « bo bae... » un souffle, une supplique. et toutes ces pensées qui se mélangeaient. toutes ces idées néfastes qui revenaient d’un coup. et si elle le rejetait ? et si elle n’acceptait pas ce corps qui n’était plus vraiment le sien ? peut-être était-il plus raisonnable que ce soit lui, en fin de compte, qui mette un terme à tout ça. maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. une autre torture qu’il s’infligeait, et ce, malgré son être entier qui ne faisait que la réclamer. qui ne demandait qu’à se fondre en elle, ne faire plus qu’un avec elle, comme il l’avait si souvent voulu. sa bouche légèrement entrouverte, les mots lui manquaient, alors que ses sourcils se fronçaient, sans qu’il ne soit certain de ce qu’il pouvait dire, ou faire, à cet instant précis. « bo bae ... on peut pas... » avait-il fini par souffler, après de longues secondes. « je ... je suis désolé. je peux pas... » ajoutait-il, sans pour autant être capable de trouver une bonne excuse. parce qu’il n’en avait aucune, en fin de compte. aucun argument pour mettre un terme si brute à ce qui était sur le point de se produire contre ce bar. en un instant, c’était comme si l’alcool avait arrêté de couler dans ses veines, comme si la chaleur disparaissait pour le faire frissonner de froid, le ramener à une réalité qui lui tordait le coeur. et il baissait la tête, honteux. reculait déjà d’un pas, puis d’un deuxième. « j’peux pas te faire ça... » comme s’il s’agissait là d’une raison valable à cette fuite. celle qu’il engendrait, tandis qu’il attrapait son tee shirt posé non loin. « j’suis désolé... » et il aurait pu s’excuser un millier de fois, il savait déjà que ce n’était pas suffisant. il était beaucoup plus simple pour lui de s’échapper, aussi loin que possible. ses yeux s’embuaient déjà, ses pas le faisant s’éloigner un peu plus. « pardonne-moi... » comme une supplique, avant qu’il ne contourne le bar, qu’il presse le pas, autant qu’il le pouvait, vers la sortir. parce qu’il savait, qu’en restant face à elle, il ne ferait que s’effondrer. sans même oser lui adresser un dernier regard, il enfilait son tee shirt tout en marchant, fébrilement. une larme perlait déjà sur sa joue, en se rendant véritablement compte de ce qu’il venait de se passer. mais il n’était pas courageux, loin de là. encore perverti par ses mensonges, ses non-dits. ceux qui auraient pu changer la donne, s’il avait été capable de tout lui avouer, avant d’en arriver là. et le goût de sa peau encore ancré sur ses lèvres ne l’aidait guère à se sentir moins coupable, tandis qu’il retrouvait la rue, le vacarme de la vie extérieure à ce monde qu’il aimait pourtant trop. une erreur de plus, mais cette fois, il n’était pas certain de pouvoir se faire pardonner, qu’importe ce qu’il pourrait bien dire, ou faire pour ça.