Le trajet avait été simple, rapide, à leur image, doux et sans encombre. Elle s‘est endormie, contre lui, plus sereine quand elle sentait ses bras autour d’elle. Épuisée, elle l’était, et l’attention du garçon pour ça la touchait. N’était-elle pas un poids ? Personne ne la connaissait aussi bien que lui. Tout ne la connaissais que comme la jolie fille populaire souriante et sociable qui parfois avait son caractère. Mais elle était joyeuse et semblait avoir une vie parfaite. Certains l’enviaient, d’autres la jalousaient, d’autres la détestaient, mais beaucoup l’aimaient. Parce qu’elle était douce Lyvan, mais n’accordait ses faveurs qu’à son meilleur ami. Il était le seul qu’elle choyait autant, elle qui avait l’habitude d’être couvée. Elle n’avait plus besoin des autres si elle avait Azriel, avec la certitude qu’il sera toujours pour tenir sa main. Elle n’aurait jamais cru que cette main se perdrait un jour. Elle aurait trouvé ça bizarre de se tenir au bras d’un autre. Pourtant In Ho balayera tout, et ses convictions, et son cœur.

 

Arrivée à destination, elle regarda autour d’elle, appréciant l’idée d’être loin de l’homme qui remplissait ses cauchemars. Elle suivait son meilleur ami, se laissant porter. Il gérer la situation, l’entrainait là où il fallait. Elle aimait qu’il soit aussi entreprenant. Cela la soulageait. Ce poids qui pesait sur ses épaules sembla s’envoler pour ne laissait place qu’à un sentiment de sanité. Elle leur prit de quoi manger et le suivit rapidement jusqu’à la plage sans vraiment comprendre ce qu’il faisait. Elle le suivait juste, avec un sourire aux lèvres. L’entrainant vers la plage elle s’y assoit sur un rebord pour éviter que le sable ne les salisse trop. « Ça. » souffle-t-elle avec un sourire doux en lui montrant, et lui donnant de quoi manger. Elle avait faim tout à coup et le bruit des vagues l’apaisaient. Elle fermait les yeux et soupira d’aise. « Ça fait du bien d’être ici … » elle laissa les embruns picoter son nez et le vent caresser son visage. Laissant un sentiment de liberté qui la rassurait l’envahir. Elle passa une main dans ses cheveux pour se faire une queue de cheval et tourna son visage vers lui. « C’est beau, pas vrai ? » Une fois coiffée, elle posa sa tempe contre son épaule et soupira d’aise. Elle resta contre lui un moment tout en mangeant, avant de se redresser soudainement. « Au fait ! Ça donne quoi avec la fille qui était venue te donner sa lettre d’amour ? Elle était mignonne … tu lui as donné un rendez-vous ? » Parce que son meilleur ami ne semblait n’avoir aucun intérêt pour les filles, enfin disons qu’elle ne le voyait jamais en couple, tout comme elle ne sortait jamais personne. Peut-être étaient-ils simplement ainsi. Discret et solitaire. Ou alors l’un suffisait à l’autre. Elle souriait, taquine, et lui donna un petit coup d’épaule.

Cette escapade te fait du bien. C'est surtout le regard apaisé de Lyvan qui te rend heureux. Tu vis à travers elle et ces derniers tu sens bien que c'est pas ça, ce qui te rend triste. Tu aimerais pouvoir lui tirer les vers du nez, seulement tu ne t'en sens pas capable. D'abord parce que tu as peur de la perdre, ensuite car tu craints qu'elle te demande pourquoi tu t'inquiètes autant pour elle. Tu ne veux pas lui avouer tes sentiments au risque qu'elle s'enfuit. Non tu ne pourrais pas vivre sans elle, alors c'est vrai. Tu préfères fermer les yeux égoïstement en espérant qu'elle aille mieux et que tout redevienne comme avant. C'est peut-être pour ça que cette fugue est aussi agréable, car vous êtes loin de tout ce qui vous éloigne ces derniers temps, l'école, vos familles, ses cours de danse. Pour une fois il n'y a qu'elle et toi, et c'est main dans la main que vous remontez la plage pour vous poser. Tu acquisses à ses paroles, inspirant profondément l'air marin. Vous débutez votre repas de fortune en silence, appréciant la beauté du paysage. A sa remarque d'ailleurs, tu esquisses un sourire en l'observant. Tu as bien envie de répondre que rien n'est plus beau qu'elle a tes yeux mais tu te contentes de répondre.

Oui, magnifique.

Elle s'installe contre toi et tu passes un bras sur ses épaules pour la garder contre toi et la réchauffer. Le soleil couchant est sublime mais il emporte avec lui la chaleur de la journée. Quand elle change de sujet, tu pouffes de rire en répondant machinalement.

Ahah, elle ne m'intéresse pas, et même si c'était le cas elle ne fait pas le poids face à toi. Y en a pas une qui t'arrive à la cheville.

En effet il n'y a qu'une fille qui fait battre ton cœur et elle est à côté de toi. Et puis de toute façon votre relation est si fusionnelle que les filles redoutent Lyvan, elles ont peur d'elle. Cette pauvre fille qui t'a déclaré son amour a été la risée de toutes vu ta non réponse. Tu es presque sûr qu'aucune ne retentera l'expérience et cela t'arrange car la seule qui règne dans ton cœur tu la tiens contre toi. D'ailleurs tu t'inquiètes un peu.

Ça va tu n'as pas froid ? On peut sortir les couvertures de survie pour la nuit.

Il est évident que la nuit va être froide, vous allez surement finir blotti l'un contre l'autre sous une même couverture. Pour l'heure, vous mangez et tu reprends, te demandant quand cette bulle temporelle va éclater. Le retour à la réalité risque d'être dur et même si tu ne veux pas y penser, c'est un détail qui est dans ton esprit. Parce que tout ça est trop beau pour durer, trop beau pour être vrai.

Dit...tu crois qu'on tiendrait combien de temps comme ça...avant que nos parents nous retrouve ?

Elle pouffe de rire Lyvan, et le pousse, comme si elle le trouvait drôle, comme si elle ne pouvait prendre sa remarque que comme une blague. Elle était belle Lyvan et elle le savait, mais ces derniers temps elle savait que c’était son pire défaut. Il n’y avait que dans les bras d’Azriel qu’elle se sentait en sécurité. Elle fuyait les hommes plus que d’habitudes. Supportait à peine qu’on la touche, seul Azriel avait encore ce droit, parce que Lyvan savait qu’il ne ferait jamais rien de déplacée. Faisait-elle exprès de ne pas voir les sentiments de son meilleur ami ? Peut-être que dans le fond elle le savait mais qu’elle préférait ne rien voir pour ne rien gâcher. Elle l’aimait, de toute évidence, mais n’était pas certaine d’être capable de lui rendre pleinement ses sentiments. L’aimait-elle d’amour ou d’une amitié inconditionnelle ? Elle aimerait pouvoir lui donner ce qu’il voudrait, tout serait plus simple, ils partiraient d’ici, irait étudier loin de cette ville et il pourrait la suivre à travers le monde quand elle sera une danseuse reconnue. Parce qu’elle ne s’imaginait pas vivre son rêve sans Azriel à ses côtés. Elle était égoïste de croire qu’il mettrait sa vie en suspend pour elle, mais depuis le début elle était le centre de son monde, pourquoi les choses changeraient ? Elle renifle doucement en mangeant du bout des lèvres son repas. Mais elle n’a pas faim Lyvan, depuis plusieurs jours l’appétit la fuie. Rapidement elle se retrouve blottit contre lui, l’obligeant à s’allonger. Les embruns pour seuls compagnie elle ferme les yeux en gardant sa joue contre son torse. « Un peu … » dit-elle sans chercher à s’en protéger. Elle savait qu’Azriel le ferait pour eux. Elle repense à cette fille, celle qu’il a rejeté. Rares sont les filles qui l’aborde. Pourtant il attire les regards et elle peut voir les gloussements sur leur passage. Il plait beaucoup, mais il ne semble voir personne d’autres que Lyvan. Elle mentirait si elle disait qu’elle n’ne était pas rassurée. Elle n’était pas certaine de pouvoir lui donner ce qu’il voulait, mais ce qui était sûre c’est qu’elle refusait de le partager. Que se passerait-il demain s’il rencontrait quelqu’un ? Il devrait partager son temps et soudainement Lyvan passerait en second plan ? Elle ne pourrait tenir le coup sans lui, pas seulement à cause de ce qu’elle vivait, mais parce que son meilleur ami était l’élément centrale de sa vie. Son frère ainé aussi avait un rôle primordial et Lyvan regrettait de ne pas avoir réussis à faire de son jumeau son tout. Elle pouvait sentir sa douleur et sa peine mais ne restait qu’une étrangère dans sa vie. Azriel était là pour canaliser sa vie. Elle niche son visage dans le creux de son cou en soufflant « Pas longtemps … » leur petite escapade prendrait vite fin, mais Lyvan refusait d’y croire … prise d’une angoisse qui lui serrait le cœur elle se redressa sur un coude pour surplomber son ami. Elle caressa sa joue et murmura « Tu refuseras toutes les filles qui viendront à toi … ? » demande-t-elle plus comme une requête qu’autre chose. « S’il te plait … » souffle-t-elle. Car elle refuserait de le partager. Tout comme elle refusait toutes les demandes des garçons qui se présentaient à elle. Et si on restait tous les deux comme ça jusqu’à la fin des temps ? Voilà ce que lui disait son regard qui brillait d’une lueur étrange. Quelle enfant égoïste qui jouait sur les sentiments de son ami pour le garder près d’elle. Elle mordilla sa lèvre, son gloss cerise, et vint déposer un baiser à la commissure de ses lèvres pour s’assurer qu’il accepte sa demande. Elle croise son regard quelques secondes avant de se blottir à nouveau contre lui, glissant sa cuisse sur les jambes du garçon pour mieux s’installer dans leur étreinte. Juste toi et moi …

Tu t'allonges avec elle à tes côtés et le regard perdu dans le ciel tu te sens bien. Tu as tout ce qu'il te faut puisqu'elle est là. Tu n'as besoin que d'elle dans ta vie. Si tu es honnête avec toi-même, c'est elle ta vie depuis que tu l'as rencontré. Ta famille t'a abandonné, ton frère n'a jamais fait attention à toi, quand à ta sœur elle s'est émancipée en te laissant derrière. Il y a tes parents mais comme ceux de Lyvan, ils ne pensent qu'au paraitre, qu'à l'argent et la réputation. Il n'y a qu'elle qui te comprend, qui te connait et avec qui tu peux être toi. C'est pour ça que cela te rend autant heureux d'être avec elle, loin de tout, juste vous deux.

Cependant tu ne peux pas t'empêcher de penser que cette escapade et ce moment de bonheur seront de courtes durées. Tu ne veux pas accabler Lyvan mais tu veux juste qu'elle garde en tête que malgré cette fugue, vous êtes enchainés à vos cages dorées. C'est peut-être une façon aussi de savoir si elle serait prête à tout quitter avec toi. Parce que toi oui, si elle te demande là, ici et maintenant, de t'enfuir avec elle pour de bon, tu accepterais. Seulement, elle ne dit rien, elle acquiesce juste à ta remarque, fataliste tout comme toi. Comment vous en êtes arrivé là ? A quel moment vous avez abandonné l'idée de vivre pour simplement laisser vos parents dicter vos vies ? Tu n'en sais rien pour elle, mais pour toi c'est il y a longtemps. En réalité tu ne t'es jamais rendu compte de vivre dans une prison, jusqu'à la rencontrer elle. C'est elle qui t'a ouvert les yeux et le cœur sur une autre vie possible. C'est avec elle que tu te vois vivre loin de votre carcan quotidien. Au fond de toi tu sais que cela n'arrivera jamais. Parce que vos parents respectifs ne le permettront pas, jamais…

Lorsqu'elle se redresse, tu plonges ton regard dans le sien. Un tendre sourire apparait sur tes lèvres alors qu'elle te caresse la joue. Tu te permets même de fermer un instant les yeux appréciant cette douce caresse. A ses mots, ta réponse ne se fait pas attendre, parce que c'est une évidence pour toi. Elle est la seule et elle sera toujours la seule.

Oui bien sûr. Toi et moi jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Si seulement tu savais ce qui allait se passer, tu n'aurais pas été aussi confiance. A cet instant pourtant tu penses réellement ce que tu dis et tu feras tout pour elle. Parce qu'il n'y a qu'elle dans ton cœur et il n'y aura toujours qu'elle.

Tu ne sais pas vraiment combien s'est écoulé et en réalité vous auriez très bien pu rester là. Seulement la nuit tombe, le froid arrive et tu la sens trembloter contre toi. Cela vous perdra peut être mais vous allez devoir louer une chambre et vu votre budget vous allez finir dans un love hôtel.

Viens on va se mettre au chaud.

Tu portes les sacs et lui prend la main pour vous diriger vers la ville. Vous ne mettez pas longtemps à trouver un motel et quel motel. Vu la devanture il n'y a pas de doute possible sur le style de clientèle. C'est pire lorsque le réceptionniste vous demandez quel type de chambre vous voulez. Impossible d'avoir une chambre avec deux et vous avez le choix entre différents thème tous plus dérangeant les uns que les autres pour toi. Tu dois être blanc comme un linge, d'ailleurs tu murmures à Lyvan de choisir, parce que tu n'as clairement pas envie de faire ce choix.

Spoiler:

Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Elle avait envie d’y croire. Se perdant dans une bulle rassurante. L’avenir lui paraissait moins sombre maintenant qu’elle savait que Azriel serait là, avec elle. Il lui tiendrait la main et repousserait chacun de ses démons ; il lui avait promis. Elle fixa longuement son visage en caressant sa joue. Elle se sentait perdue, triste aussi, beaucoup. Elle ne saurait expliquer pourquoi elle se sentait si dévastée à l’abris des bras de son meilleur ami. Peut-être qu’elle en avait fini de mentir. Elle n’en pouvait plus de ses cauchemars, mais plus encore … de cette réalité. Elle pinça ses lèvres et détourna le regard pour cacher ses larmes. Gosse de riche sans le sou. N’étaient-ils pas deux idiots ? Avoir fui sur un coup de tête ainsi. Non, au contraire, Lyvan avait l’impression de respirer à nouveau. Leur budget limité les forçait à rejoindre un lovehotel mais qu’importe. L’important était de se retrouver au chaud et de pouvoir prendre une douche pour nettoyer tout ce sable. Lyvan réalisait combien leur idée était finalement inconfortable. Elle marchait lentement dans la rue, se tenant à sa main en serrant son bras contre elle. Elle restait silencieuse, perdue dans ses pensées, finirait-il par lui demander ce qu’elle avait ? Elle n’en était pas certaine. Elle espérait que non dans le fond, car elle ne se sentait pas capable de lui avouer … de lui avouer ce qu’il lui faisait. Elle n’était qu’une enfant mais là encore elle n’aurait été que la responsable de ce qui lui arrivait. Victime silencieuse, elle n’avait ni le courage, ni le soutien nécessaire pour s’élever contre ce crime qu’elle subissait. Arrivé devant un love hotel, ils se regardèrent un instant avant de pousser la porte et de rejoindre la réception. Lyvan aurait pu s’amuser de la réaction de son meilleur ami, mais elle était trop épuisée pour ça. Trop violet, trop cuir, trop sexuel, trop romantique … aucune des chambres ne semblaient réellement convenir à leur relation mais après à quoi s’attendaient ils ? Elle finit par opter pour la dernière. Elle préférait les cœurs aux fouets. Et puis l’ambiance paraissait plus sereine. Payant rapidement, elle attrapa les clés et rejoint leur chambre rapidement. Le décor est plus impressionnant en réel. Elle foule le sol fait de moquettes et observe le lit en forme de cœur, finalement elle ne peut s’empêcher de pouffer de rire avant de se laisser aller à un rire plus franc et sincère. Elle est épuisée l’enfant, et finalement la situation lui parait plus cocasse que jamais. Elle se tourne vers son meilleur ami et souffle dans un rire malicieux « t’imagine ce que cette chambre à du voir passer … » mais elle ne préférait pas savoir. Se dirigeant vers le lit, elle s’y laisse tomber pour le tester. Un soupire d’aise échappe ses lèvres alors qu’elle rebondit doucement. « Au moins il est … confortable. » dit-elle dans un sourire avant de se redresser brusquement « La sable ! mince je suis désolée oppa j’ai pas réfléchis ! » s’écrit-elle en tentant de retirer les grains de sables qu’elle avait mis sur le couvert de lit. Rapidement le lit retrouve sa propreté laissant à Lyvan l’opportunité d’aller dans la salle de bain. « Je vais prendre une douche, ça sera mieux. » elle se stoppe à l’embrasure de la porte et lève son regard vers Azriel « Az … » elle mordille sa lèvre et murmure « Tu pars pas hein … » elle ne sait pas pourquoi elle s’était mise cette idée en tête. Craignant de retrouver une chambre vide à son retour … rassurée, elle entre dans la salle de bain, les séparant alors pour la première fois depuis le début de leur escapade.