Rian était ce qu'on pouvait appeler une grande fan de mode, il n'y avait qu'à voir son dressing qui prenait une pièce entière dans son appartement, il n'y avait pas un seul espace de libre, sûrement qu'elle devrait songer à le vider de temps en temps, mais Rian était ce qu'on pouvait aussi appeler une acheteuse compulsive. Dès qu'elle voyait quelque chose qui lui plaisait, il fallait qu'elle l'achète, c'était plus fort qu'elle. Si quand cela concernait la pâtisserie, elle arrivait encore à faire des efforts et ne pas abuser, respectant le budget qu'elle s'autorisait à utiliser pour décorer, alimenter les réserves, c'était une toute autre histoire quand il s’agissait de son argent personnel. Aujourd'hui, la jeune femme s'autorisait de faire les folies, au diable les dépenses, au pire elle ira faire les yeux doux à son banquier pour qu'il lui pardonne les excès du jour. Quand elle débarque dans la huitième boutique du jours, déjà plusieurs sacs d'achats dans les bras, la jeune femme flâne entre les vêtements, cherchant la perle rare, cette petite lumière qui allait s'éclairer soudainement pour le dire vas-y, c'est moi que tu veux acheter, plusieurs minutes passent sûrement avant que ses yeux ne se posent sur le vêtement de ses rêves - bon ok, ça fait exagérer dis comme ça, mais quand on est une accro au shopping, on ne fait pas la fine bouche. Traversant les quelques mètres qui la séparait du tissu, elle venait à peine de le prendre en mains qu'une autre demoiselle semblait avoir eu la même idée qu'elle, l'attirant à elle, mais Rian ne lâcha pas pour autant. Elle l'avait vu la première, ça ne faisait aucun doute. Plantant un sourire qu'elle voulait poli sur son visage, ses yeux se posèrent sur le visage de l'inconnue. « Pardon, loin de moi l'idée de vouloir être grossière, mais... Pourriez-vous lâcher ce vêtement s'il vous plaît ? » Elle s'adresse à la demoiselle, voix posée même si ses doigts se resserrent légèrement sur le tissu.

Voilà une éternité que tu n'as pas fait de shopping. Parce que, oui... Deux semaines sans arpenter les rayons d'une boutique de fringues ou sans passer des heures à te balader avec plusieurs sacs remplis de vêtements dans les mains, c'est aussi long qu'une éternité pour l'accro au shopping que tu es. Alors, forcément, cette petite escapade au centre commercial, c'est un peu comme une petite bouffée d'air frais pour toi. Surtout après la longue et périlleuse semaine que tu viens d'avoir, entre tes cours, tes heures de tutorat ou ton petit boulot à temps partiel qui, certes, demeure toujours aussi intéressant et enrichissant pour toi mais qui, lorsque tu te retrouves confrontée à quelques clients bien chiants, devient facilement le job le plus relou du monde. Une grimace vient d'ailleurs légèrement déformer ton visage quand tu repenses à ce mec, à moitié saoule, que vous avez été contraints de virer de votre boutique, parce qu'il avait confondu l'entrée du disquaire avec celle du bar qui se trouve juste à côté. Toutefois, tu chasses rapidement celle-ci, arborant finalement un léger sourire, tandis que tu pénètres dans une énième boutique, et par chance celle-ci est loin d'être bondée. En fait, à part les vendeuses et quatre ou cinq clients, il n'y a même personne. Tant mieux, as-tu envie de dire ! Au moins, vous ne vous bousculerez pas pour accéder aux cabines d'essayage et vous ne vous disputerez pas non plus pour quelques pièces. Quoique... Peut-être as-tu pensé trop vite ?! En effet, alors que tu arpentes l'un des rayons, ton regard s'arrête, tel un radar, sur un vêtement et bim... C'est le coup de foudre ! Cependant, tu ne pensais pas qu'une autre personne serait elle aussi frappé d'un tel amour fou pour ce vêtement, et lorsque tu t'empares finalement de ce dernier, une autre main apparaît dans ton champ de vision, venant elle aussi attraper le morceau de tissu. « Je suis désolée mais, non, je ne le lâcherais pas... » Les sourcils légèrement froncés, ton regard ne lâche pas celui de la jeune femme et tes lèvres s'étirent en un sourire, quelque peu forcé, tandis que tu tires à ton tour sur le vêtement. « Je l'ai vu en première alors ce vêtement est à moi ! » lâches-tu alors, les dents légèrement serrées, bien décidée à la faire lâcher prise.

lâcher rian dans une séance shopping, c'était comme laisser sortir le lion de la cage, pas forcément une bonne idée si on ne savait pas maîtriser la demoiselle. dangereux presque si on se mettait en travers d'elle et le vêtement de ses rêves. c'était un cliché sûrement de voir les folles de shopping comme des êtres possédés quand elles étaient en mode chasse, mais il y avait un peu de vérité. rian ne le niait pas, elle ne reculait devant rien. et puis avec le compte en banque de la famille, elle n'avait pas besoin de se soucier du prix. et les nombreux sacs qu'elle avait dans les bras en étaient la parfaite démonstration, et la jeune femme n'allait pas s'arrêter là. bien au contraire. et c'était dans cette boutique que la pâtissière eut un nouveau coup de coeur, ses yeux se posant sur le tissu et ce déclic qu'elle sentit. c'est cette tunique, elle est parfaite ! c'était comme si son esprit lui criait cette phrase. ni une ni deux, elle ne perd pas une seconde pour traverser l'espace qui la sépare de son objet de convoitise, un sourire qui vient étirer le coin de ses lèvres quand ses doigts effleurent enfin le tissu, un sentiment de satisfaction qui vient pointer le bout de son nez. mais tout ça, ça s'envole vite quand la tunique en question lui résiste, une main inconnue qui entre dans le champ de vision de la belle. elle retient un rire ironique, voix posée, sourire léger alors qu'elle s'adresse à la brune, elle se montre gentille. parce que c'était elle qui avait vu cette tunique, mais l'inconnue ne lâche pas l'affaire. haussant un sourcil alors que son sourire se fait plus figé, elle prend une inspiration comme pour ne pas s'énerver. doucement, une, deux. «je crois pas non, je l'ai attrapée en premier. » elle rétorque, ses doigts se resserrant un peu plus sur la tunique. « il y a des tas d'autres vêtements si vous voulez, mais j'ai vu celui-ci, et je compte bien l'acheter. » elle n'en démordrait pas. c'était puéril ? sûrement. en avait-elle au final vraiment besoin ? probablement pas, mais l'ego de rian était fort, et en aucun cas elle ne baisserait la tête. même pour une simple tunique.

Toute personne te connaissant un tant soit peu sait à quel point tu peux être têtue. A quel point il est difficile - voire quasi impossible - de t'ôter une idée de la tête, lorsque celle-ci s'y est installée. Inutile donc de préciser que quand tu veux quelque chose, tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour l'obtenir, quitte à en perdre parfois la raison. Et, c'est d'autant plus vrai, quand il est question de shopping... Un coup de coeur pour un vêtement, une paire de chaussures ou un sac ? Ni une, ni deux, tu te précipites. Car, jamais ô grand jamais tu ne saurais te résoudre à laisser filer l'objet de ta convoitise. D'autant plus que, des coups de coeur, t'en as bien plus rarement qu'on le pense car, malgré tout, tu restes plutôt exigeante niveau mode. Alors, forcément, dans ces moments là, tu ne laisses rien passer. Tu te bats bec et ongles pour décrocher le Saint Graal. Tes doigts se resserrant donc sur le bout de tissu, tu le ramènes légèrement vers toi. Parce que, cette tunique, tu la veux et tu l'auras. Malheureusement, il semblerait que tu sois tombée sur une adversaire de taille. Car, en général, quand tu te retrouves dans ce genre de situation, la personne en face capitule rapidement. A vrai dire, elle n'essaye même pas de s'opposer à toi. Mais là, c'est pas pareil... Tu sens bien que ta rivale du jour n'a pas l'intention de te laisser repartir avec ce que tu considères pourtant comme ton dû. Toujours cette expression pour le moins hypocrite accrochée au visage, tu finis donc par lui répondre : « C'est bien dommage parce que, moi, c'est ce vêtement là que je veux et pas un autre ! » Et, elle pourra te dire ce qu'elle veut, tu ne changeras pas d'avis. D'ailleurs, pourquoi ce serait à toi de le faire ? C'est TOI qui as vu ce cette tunique en première ! « Et puis, sans vouloir vous offenser, cette couleur ne vous va absolument pas au teint alors pourquoi ne pas jeter vous-même votre dévolu sur un autre vêtement ?! » C'est vrai, ça ! Puisque des vêtements il y en a "des tas", elle n'a qu'à aller voir ailleurs si tu y es... « Ou alors, vous n'avez qu'à attendre le restock de la semaine prochaine. » Sur ces mots, tu tires de nouveau sur la tunique, tandis que tes yeux se mettent à lancer quelques éclairs. T'as jamais perdu à ce petit jeu, jusqu'à maintenant, alors ce n'est pas aujourd'hui que les choses vont changer...

c'était vraiment cliché, quelque chose qu'on voit et on se dit tout de suite, mais non c'est pas réel, pas possible ça n'arrive que dans les films de nanas ça. les bagarres de filles pour un mec, c'était classique des séries américaines pour adolescentes, des films romantiques à deux balles où à la fin la rivale finit par lâcher prise parce que obligé la fille principale devait gagner. rien de toute cela n'avait de sens, et c'était une situation que l'on ne voyait pas souvent arriver dans la vraie vie, ou alors pas pour soi-même. ça peut qu'arriver aux autres, pas à moi, comme on sait si bien le dire. Et là on touchait en plein dans un autre cliché sur les femmes, les reines du shopping qui ne reculait devant rien, ni personne pour avoir le vêtement de leurs rêves. c'était idiot, clairement, et complètement ridicule, mais rian avait son égo, une fierté bizarre quand il s'agissait de mode, étrange et pas vraiment classifiable dans quoi que ce soit, mais elle avait vu cette tunique, et elle l'aurait. ce n'était pas elle qui baissera les armes la première. et il semblerait que sa rivale du jour soit toute aussi têtue que la pâtissière, car tandis que les doigts de rian se resserraient sur le tissu, ceux de la demoiselle faisait de même, les fils se tendant doucement sous leur force respective dans une tentative vaine de tirer le bout de vêtement vers l'une ou l'autre. « alors vous êtes clairement mal tombée, je ne cèderai pas. » ridicule, tout bonnement grotesque, deux chipies en train de se battre pour une tunique, qui finira certainement sa vie dans un placard, soyons honnête deux secondes. mais à l'instant présent, ce n'était qu'une question de qui allait céder en premier. « bien sûr, et j'imagine que c'est une couleur qui par contre à vous, ce serait parfait non ? » elle lâche dans un rire narquois, pas surprise pour un sou, mais elle s'attendait presque à mieux. « vous êtes charmante, vraiment, mais c'est non, repassez dans quelques jours, je suis certaine qu'ils l'auront récupéré à votre taille. » sentant la brune user plus de force, rian en fait de même, réaction puérile au possible et ni l'une ni l'autre n'était à applaudir pour ça. et au bout de ce qui sembla un temps interminable, un bruit de déchirement coupa court à leur bataille, les yeux sombres de rian se posant sur la tunique bien plus large qu'à la base, des bout de fils pendant lamentablement là où le tissu avait cédé. « finalement, vous pouvez la garder, vous voyez ce que vous venez de faire ? » elle siffle, ahurie.

S'il y a bien une chose que tu détestes, c'est que l'on te tienne ainsi tête. Clairement, t'es pas habituée. Parce qu'en général, d'une façon ou d'une autre, tu parviens toujours à obtenir ce que tu veux. Sauf que là, il semblerait que tu sois tombée sur une adversaire à ta taille et, ça, ça ne te plaît pas des masses. Et t'as beau tirer un peu plus fort sur le morceau de tissu, rien y fait. Pas même les quelques pics à peine déguisées que tu balances à la jeune femme... En même temps, t'y peux rien. Et si ta rivale du jour s'y connaissait un tant soit peu en mode, elle saurait que tu es totalement dans le vrai et que cette couleur ne lui va absolument pas au teint. Tout le contraire de toi, en fait... « Évidemment qu'à moi ça m'irait parfaitement ! J'ai la chance d'avoir un teint qui me permet de porter n'importe quelle couleur. Chose qui, de toute évidence, n'est pas donnée à tout le monde... » que tu finis alors par répondre, sur un ton des plus hautain, tout en toisant la jeune femme du regard. Cependant, ça aussi ça ne semble pas fonctionner. A vrai dire, la jeune femme se permet même de te rendre la pareille en te taclant sur ton poids. Chose qui aurait pu te blesser si tu n'avais pas démesurément confiance en toi. Mais ce n'est pas le cas. Ceci étant dit, puisque cette dernière semble vouloir se rabaisser à t'attaquer sur quelque chose d'aussi petit que ton poids, tu ne vas pas te gêner pour en rajouter une couche. « Oh c'est sûr qu'en ce qui vous concerne vous ne devez pas avoir trop de mal à trouver votre taille, pour le peu de choses que vous avez à faire entrer à l'intérieur... » Comprenez par là son absence de poitrine. Et sur ces mots, tu tires un peu plus fort sur la tunique, dans un dernier espoir de la voir céder. Malheureusement, ce qui devait arriver finit par se passer lorsque la tunique, jusqu'alors des plus magnifique, se transforme en deux morceaux de tissu bien distincts, chacun terminant dans la main de l'une et de l'autre. Tu laisses alors échapper un petit cri de stupeur devant l'état du vêtement, avant de reporter ton attention sur la jeune femme que tu fusilles du regard. « J'espère que tu plaisantes, grognasse ?! » Oui, tu abandonnes définitivement toute forme de politesse, et le vouvoiement avec... « C'est toi qui n'a pas arrêté de tirer dessus comme une forcenée ! » Toi, faire preuve de mauvaise foi ? Juste un peu... Mais, pour le coup, on ne peut pas dire qu'il y en ait une pour rattraper l'autre. D'ailleurs, et chose que tu n'avais pas remarqué jusque là, quelques clients de la boutique avaient fini par se stopper dans leur recherche de vêtements pour vous observer du coin de l’œil, interpellés par votre petit crêpage de chignon immature. Pour autant, cela ne te dissuade pas de poursuivre sur ta lancée. « Tu peux être fière de toi, idiote ! » Et tout ça pour une petite tunique... 

c'était d'un ridicule, vraiment elles auraient bien leur place dans les bêtisiers de fin d'année, ceux qu'on montre en mettant les vidéos du net qui cartonne pour x raisons et que tu avais juste envie de te facepalm devant. la situation actuelle, clairement, était parfaite pour ce type de connerie, tellement les deux jeunes femmes auraient dû se montrer adultes et pas deux gamines en pleine crise de caprice pour un bout de tissu. mais comme tout bon cliché, il fallait bien que les deux se battent pour avoir un vêtement bien particulier, qui était le dernier produit de ce modèle et bien entendu, probablement qui allait convenir à l'une comme à l'autre. rian se retient difficilement de lever les yeux au ciel à la remarque de la demoiselle, c'était d'une telle banalité, à mourir d'ennui. « c'est tout ce que vous avez trouvé ? niveau réplique, vous devriez refaire votre répertoire, vous manquez clairement d'originalité. » elle soupire, sauf que c'était bien beau de critiquer l'adversaire mais si elle mettait sa mauvaise foi de côté, elle devrait savoir qu'elle n'était pas mieux. mais deux egos bien décidé à faire pencher la balance de son côté, c'était la catastrophe assurée. franchement, une toute autre fois, si elle n'avait pas été dans cette situation, elle aurait regardé de côté les deux furies en train de se crêper le chignon et soupirer devant tant de bêtises humaines. « ce qu'on manque dans le physique, on le compense ailleurs, m'attaquer dessus ça changera rien. » elle réplique, mimant presque un bâillement au passage, à la place elle met un peu plus de force dans sa tentative de récupérer la tunique. et c'est le moove de trop. le bruit est presque strident à ses oreilles, et pendant plusieurs secondes, rian se contente de regarder les deux morceaux du tissu, autrefois jolie tunique qu'elle rêvait d'acheter... mais qui maintenant ne ressemblait à rien. « j'ai l'air de plaisanter là ? » elle hausse un sourcil, levant le menton face à son changement de ton et son tutoiement soudaine, elle se prenait pour sa pote ou quoi. « parce que tu crois que t'étais mieux peut-être ? tu aurais lâché dès le départ ça ne serait jamais arrivée ! » elle réplique à son tour, oubliant les bonnes manières, parce que toute façon au point où elles en sont. elles attiraient les regards, probablement même depuis plus longtemps que ça mais trop dans leur bulle d'idioties, elles n'avaient pu vu qu'elles étaient loin d'être discrètes. elle laisse éclater un rire sans joie, faisant pratiquement rouler sa tête comme pour se laisser un instant pour souffler. elle lui tapait sur le système cette nana. « me fais pas croire que t'es la petite brebis perdue de l'histoire, gamine, tu es responsable de ça. » mauvaise foi suprême quand tu nous tiens, elles étaient autant en tord l'une que l'autre mais c'était tellement plus facile de rejeter la faute sur autrui que de voir que l'on avait merdé également.

Toi qui espérais pouvoir te vider un peu l'esprit en venant faire du shopping, penser à autre chose que les cours ou le boulot, voilà que tu te retrouves à devoir te farcir cette petite idiote. Et, clairement, il n'en faut pas beaucoup plus pour que cette journée paraisse à tes yeux comme totalement merdique... Pourtant, celle-ci s'annonçait tellement bien. Si seulement la jeune femme avait consenti à te laisser repartir avec cette jolie tunique. Tunique qui, tu le rappelles, t'irait assurément bien mieux qu'à elle. Mais, ça, ta rivale du jour a bien du mal à le comprendre. Tu ne peux d'ailleurs t'empêcher de lâcher un rire, quelque peu ironique, à sa réponse. C'est qu'elle commence légèrement à te courir sur le haricot, la grognasse... « Parce que vous avez l'impression de compenser votre physique ailleurs ? Faudra me dire où parce que là je vois pas du tout. Désolé de vous le dire mais vous ne semblez pas avoir grand chose pour vous... » Si tu étais un tant soit peu honnête avec toi-même, tu dirais que ce n'est pas vrai... Que la jeune femme qui te fait face est physiquement plutôt agréable à regarder et qu'elle n'a pas l'air d'être si idiote que ça non plus. Mais ce serait t'en demander trop. Beaucoup trop... Alors, entêtée que tu es, tu continues de tirer sur le bout de tissu, bien décidée à lui faire lâcher prise.

Malheureusement pour elle comme pour toi, aucune de vous deux aura la chance de repartir avec cette tunique aujourd'hui et tu ne peux alors retenir une expression d'horreur quand le vêtement tant convoité cède sous vos deux forces, se déchirant entre vos mains. Et là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Le pompon sur la Garonne. Encore plus quand cette dernière se permet de te rejeter la faute dessus. Chose que tu ne peux décemment pas accepter. « Non mais je rêve ! J'ai vu cette tunique en première, ce n'était certainement pas à moi de lâcher ! » Tiquant ensuite quand elle te qualifie de gamine, ton visage se charge d'une expression pour le moins offusquée et tu laisses de nouveau échapper un rire jaune, avant de finalement répliquer : « Moi, une gamine ? Mais tu t'es regardée dans une glace, franchement ? Tout ça, c'est entièrement de ta faute ! » Et certainement pas de la tienne, Da Young, parce que c'est bien connu que ce n'est jamais de ta faute et que, par dessus tout, Lee Da Young a toujours raison... « M'enfin, j'ai assez perdu de temps à tenter de raisonner l'idiote que tu es ! J'ai autre chose à faire ! » Rageusement, tu fais une boule du morceau de tissu que tu tiens encore dans ta main et dans un geste des plus désinvolte, tu balances ce dernier au visage de la jeune femme. « Tiens, reprends-la ta tunique, pauvre fille ! »

Tout était bien jusqu'à présent, Rian profitait d'une journée pépère rien que elle, sa séance shopping et sa carte bleue, que pouvait-on demander de mieux ? On pouvait pas. C'était dommage qu'une gamine vienne lui gâcher son plaisir alors qu'elle était bien partie pour trouver the vêtement pour parfaire cette journée bien entamée, la raison était partie par la fenêtre dès le départ, au lieu de raisonner avec cette dernière comme deux personnes matures auraient dû le faire dès le départ, chacune s'entête dans son coin, se rejetant des moqueries dans tous les sens, refusant de perdre la face par rapport à l'adversaire. Il était hors de question que Rian se laisse dicter sa conduite par une petite pimbêche prétentieuse, ce serait un comble. « c'est bien triste de dire aux autres ce qu'on doit vous reprocher à vous-mêmes, j'ai presque pitié de vous. » Elle renifle avec dédain, levant les yeux au ciel, pourquoi il fallait qu'elle tombe sur un enquiquineuse aujourd'hui ? Elle avait fait quoi au bon Dieu pour mettre sur son chemin cette fille, c'était injuste, sa belle journée gâchée pour une connerie comme ça.

Et ce qui était à prévoir, arriva au bout de quelques minutes, sous les yeux médusés des autres clientes du magasin, les chamailleries des deux femmes se terminèrent par le bruit du tissu se déchirant, le vêtement pendouillant lamentablement dans les mains de Rian comme de l'autre hystérique. Plissant les yeux et pinçant les lèvres dans la direction de l'inconnue, Rian ne se retient pas de lui dire le fond de sa pensée, c'était sa faute si tout ça était arrivé, elle aurait dû lâcher dès le départ. Première arrivée, première servie. « Certainement pas, j'étais là bien avant ta petite personne pour la prendre, ça aurait été le minimum d'intelligence de comprendre que tu aurais dû la lâcher. » Sa voix est froide, couleur sourde tandis qu'elle refuse de baisser le yeux, même avant le manque de respect sidérant de l'autre brunette, pour qui se prenait-elle au juste ? « C'est bien beau de se croire supérieure à ce point, mais putain faire preuve d'autant de mauvaise foi, tu fais pitié. » Et pourtant elle n'était pas mieux, mais c'était pas comme si elle allait le reconnaître. En attendant leur petite numéro attirait bien l'attention, et quand la femme rejeta le vêtement déchiré sur elle, Rian vit rouge, laissant un cri indigné lui échapper la boule de tissu repartant vers sa concurrente pour lui atterrir sur l'épaule. « C'est à toi, désolée, les merdes des autres très peu pour moi. » Avant qu'elles ne repartent dans un énième face à face, une personne se racle la gorge pour attirer leur attention, un homme les regardait d'un air sévère, encadré par deux vigiles. « Vous allez nous suivre. Toutes les deux. » Il appuie sur la fin de sa phrase, comme pour les dissuader d'essayer de s'enfuir. Et merde.

Tous ceux qui te connaissent un tant soit peu savent à quel point tu peux être obstinée. Du genre à ne jamais rien lâcher... Et d'aucun dirait que ce n'est pas forcément une mauvaise chose parce qu'au moins tu sais ce que tu veux et tu ne te laisses pas écraser par les autres ou leurs idées. Ceci étant dit, dans ton cas, le problème réside surtout dans le fait qu'il est également quasi impossible de te faire entendre raison lorsque tu es persuadée d'être dans ton bon droit. Et si il t'est parfois arrivé de te remettre en question, après coup, ces moments là sont bien trop rares pour qu'on leur témoigne une quelconque considération…

D'ailleurs, cette fois encore, tu n'en démords pas... Cette tunique, c'est toi qui l'as vu en première et cette nana n'aurait jamais dû tenter de se mettre entre toi et le magnifique bout de tissu. Alors, quand celui-ci cède sous votre force, tu ne peux bien évidemment pas t'empêcher de lui rejeter toute la faute dessus, convaincue qu'elle est la seule responsable du désastre qui vient de se produire. Sauf que, de son côté, la jeune femme pense exactement la même chose de toi et si la scène avait déjà des allures de bagarres digne des bacs à sable, la suite n'en demeure pas moins pathétique. Tu ne peux d'ailleurs retenir un rire jaune, rempli de frustration, quand elle te renvoie à son tour le morceau de tissu en pleine face. « J'vais t'la faire bouffer cette tunique, grognasse ! » finis-tu d'ailleurs par pester, les poings serrés. Et t'aurais vraiment pu finir par la lui faire bouffer, cette tunique... Malheureusement pour toi – et heureusement pour elle - quelqu'un décide de vous interrompre et si, au début, t'es bien tentée de l'envoyer chier, tu te retiens in extremis quand tu comprends qu'il s'agit probablement du gérant de la boutique. Celui-ci est d'ailleurs accompagné de deux vigiles que tu regardes, le sourcil légèrement froncé, avant de laisser échapper un soupir quand ils vous ordonnent de les suivre. « Fais chier. Comme si j'avais que ça à faire... » que tu laisses alors échapper, dans un murmure plus pour toi-même, avant d'ajouter un peu plus fort : « Tout ça à cause de cette putain d'emmerdeuse...  » Jetant ensuite un regard noir à la jeune femme qui te fait toujours face, tu finis toutefois par capituler quand l'un des vigiles te fait signe de suivre le gérant. Pour sûr, vous allez passer un sale quart d'heure, toutes les deux. Mais, en même temps, est-ce que vous ne l'avez pas un peu mérité ?