C’était ma façon de voir les choses en tout cas. Tout le monde avaient ses propres difficulté à affronter et ce n’était pas parce que les nôtres semblaient plus compliquée, qu’il fallait dévalorisé celle des autres. Enfin je n’allais pas lui faire tout une théorie sur ma façon de penser, je n’étais pas la pour ça. Puis la discussion était redevenue plus basic, c’était une bonne chose après tout.

« J’ai très rarement nagé depuis que je vis en Corée, mais j’avoue que ça me manque énormément »

Quand j’avais changer de pays, j’avais fait une croix sur ce qui était en rapport à l’eau. Même si le surf se pratiquait avec une tenue complète, j’avais toujours préféré nager sans haut, alors appars quelques rares fois je n’avais pas vraiment re nager, ni en venant ici, ni vraiment depuis l’accident. J’avais du faire de la rééducation, ce qui m’avait beaucoup freiner dans mes activité aquatique.

« Je préfère la mer aussi, l’océan même. En Australie j’y allait presque tout les jours »

Et ça aussi ça me manquait. Je n’étais pas retourné dans mon pays depuis tout ce temps. Je devrais peut-être songé à y retourner pour les vacances, et emmener Elio avec moi. Lui montré mon pays et ma famille. Evidement que j’avais parlé de lui à mes parents, même si j’étais parti je leur parlait encore souvent.

Suwon n’imaginait pas sa vie sans la natation. Il était né dans une ville de bord de mer, bercé par le bruit des vagues (de façon métaphorique, mais tout de même, c’était important à ses yeux), et jamais il n’aurait oublié d’où il venait, même si sa mère faisait tout son possible pour le pousser loin de ses racines. Un sourire lui était venu aux lèvres à cette pensée. Un sourire compatissant, loin d’être amusé par les propos de son interlocuteur qui, en vérité, lui allaient droit au cœur, sans même passer par la raison.

« Je vois… Ça a dû vous faire de bien de remettre les pieds dans l’eau. »

Et tout au fond de lui, Suwon espérait de tout cœur qu’il parvenait à trouver un minimum de paix, maintenant qu’il pouvait retourner dans l’eau. De son côté, il ne pouvait se sentir bien que s’il avait cette chance. Ne plus pouvoir nager ou aller dans l’eau lui aurait été intolérable.

« Oh, vous avez vécu en Australie ? »

Encore un sourire. Il avait souvent imaginé ce à quoi cet endroit pouvait ressembler, sans en avoir une réelle idée. Évidemment, il connaissait tous ces memes qui présentaient les Australiens la tête à l’envers, mais il se doutait que les choses n’étaient pas comme ça. Il y avait des limites à sa stupidité.

« C’était pas trop radical comme changement, venir en Corée du Sud ? »

Une question qui se posait parfaitement, selon lui. Il n'imaginait pas quitter son pays, lui qui avait déjà eu du mal à abandonner Busan...

Du bien, oui totalement. J’avais hâte de revenir souvent, maintenant que je me sentais un peu plus à l’aise avec mon corps. Même si les plages australienne me manquaient elles aussi. J’aurais peut-être l’occasion d’y aller bientôt et d’emmener mon petit ami avec moi. Mais pour le moment je m’habituais à retourner nager sans trop me soucier des marques qui striaient mon dos.

« Oui, je passais tellement mon temps dans l’eau en Australie, ça m’avait fait un assez gros choque de ne plus pouvoir aller dans l’océan pendant de long mois »

Avec la cicatrisation et les nombreux soin, j’en avait été privé pendant longtemps pour raison médical. Puis je m’en était privé moi-même parce que je n’aimais pas montré ces blessures monstrueuse.

« Oui, je suis né et j’ai grandi là-bas. »

La Corée n’avait été, pendant longtemps, qu’une origine qui ne me définissait pas. Même si je m’étais habitué à la culture et aux coutumes de la Corée, au final je restais bien australien au fond de moi.

« Si totalement. D’ailleurs tu peux me tutoyer. »

On ne s’embêtait pas vraiment avec ça là-bas, et parfois il m’arrive encore de faire faux ici, ce qui vexe certaine personne.

« C’est tellement opposé comme culture je trouve, mais en même temps, c’est quand même mon origine alors je trouvais intéressant de découvrir toute cette culture. »

C’était surtout compliqué parce que je parlais coréen, j’avais le visage d’un coréen mais je me comportais comme un étranger, donc le fais que je ne paraisse pas poli énervait encore plus, parce que je n’avais pas vraiment l’excuse d’être étrangé.

« L’avantage c’était que je parlais déjà la langue, avec un terrible accent qui à fini par s’estomper »

Heureusement d’ailleurs!

Suwon savait que les choses étaient souvent bien plus difficiles qu'elles ne pouvaient le sembler aux yeux du monde. Il savait, malgré tout ce qu'il pouvait avancer, que l'image que renvoyait les médias n'était pas celle que la plupart des gens vivaient au quotidien. Tout n'était que formatage, matraquage, et les idées qu'on essayait de faire naître dans l'esprit des autres n'étaient pas toujours le reflet de la réalité... Alors oui, il pouvait comprendre que changer de vie pouvait être difficile.

« Je vois... »

Un étranger... Suwon n'avait rien contre eux, mais il savait que leur mode de vie était parfois bien difficile à adopter, pour des personnes venues de l'extérieur. Suwon, lui, avait toujours été ouvert à d'autres horizons et n'aurait pour rien au monde voulu tourner le dos à quelqu'un venu d'ailleurs.

« Oh, d'accord. »

Puisqu'on lui en donnait l'autorisation, pourquoi aurait-il dû se faire prier, hm ? Il sourit de plus belle en reposant les yeux sur cet homme qui continuait ses explications, en réponse à la question qu'il venait de lui poser.

« Et pourquoi tu as du déménager, si ça n'est pas indiscret ? »

Ça l'était certainement, mais rien ne forçait cet homme à lui répondre.

Il semblait si attentif à ce que je racontais et ça sans juger quoi que ce soit. C’était plutôt agréable de discuter avec lui, ça me faisait du bien. Ça m’aidait à me sentir bien avec mon torse dénudé et plein de cicatrices. J’étais plutôt content de l’avoir rencontrer. Il faudrait que je lui demande son numéro plus tard, ce serait sûrement cool de rester en contact.

« C’était devenu difficile pour moi de rester là-bas. Tout me rappelait ce qui était arrivé, mes cicatrices étaient mal vues. Enfin, j’avais besoin de prendre un nouveau départ. »

Et pour être nouveau ça l’avait été complètement. J’avais changer de pays, de vie et même si mon pays natal me manquait, je ne regrettait rien.

« C’était dur de partir, mais c’était la meilleur chose pour moi. Je commençais à me renfermer sur moi-même. J’avais plus l’impression d’être moi parfois. En venant ici, personne ne me connaissait, je pouvais reprendre une vie comme je le voulais »

Sans avoir des regards de pitié ou de travers, sans que les gens ne connaissent vraiment mon histoire et ma vie. C’était difficile avec la différence de culture, mais c’était cool et je m’étais senti revivre en venant ici.

« Et toi alors, tu as toujours vécu ici? »

Parce que depuis tout à l’heure, on ne parlait quasi que de moi. Il devait sûrement avoir des choses intéressante à raconter lui aussi.

Suwon pouvait comprendre que les choses aient été difficiles pour cet homme. Ils ne se connaissaient pas, mais sa sensibilité vis-à-vis de ceux qui l’entouraient était souvent la raison d’une tristesse qui ne lui appartenait pas toujours. D’ailleurs, il hochait encore la tête, approuvant les mots de son interlocuteur…

« J’imagine bien… J’espère que vous avez réussi à trouver ce que vous cherchiez. »

C’est qu’un léger sourire lui était venu aux lèvres alors qu’il essayait de réfléchir à tout ce qu’on venait de lui expliquer. Disparaître pour changer de vie, prendre un nouveau départ… Parfois il y songeait. Oublier sa famille, oublier ses parents, retrouver les gens avec lesquels vivre était différent de ce à quoi ça ressemblait, avec sa famille actuelle. Il détestait sa mère, elle le lui rendait sûrement, et pendant ce temps, il essayait de cacher son homosexualité à une famille qui ne souhaitait de toute évidence pas en entendre parler.

« Non, j’ai grandi à Busan… »

Un soupir avait filé entre ses lèvres alors qu’il regardait devant lui, fronçant les sourcils.

« Mon père est mort quelques jours avant ma naissance et je n’ai jamais vraiment réussi à passer au-dessus de ça… Fin je l’ai pas connu, mais disons que ma mère n’a jamais… été une personne exemplaire envers moi. »

Il avait haussé les épaules en prononçant ces mots. Toujours prêt à se convaincre que les choses allaient bien, que cette situation lui convenait. Au moins, il avait fait la connaissance de Yanjun, et il était de très loin la meilleure chose qui lui était arrivé au cours de sa vie entière. Suwon n’aurait pu être plus heureux qu’il ne l’était avec lui.

« Parfois je me demande si partir comme ça, ça résoudrait pas tous mes problèmes. Aller dans un autre pays, commencer une nouvelle vie… »

« Je cherchais rien de particulier, mais je ne regrette pas mon choix »

Même si ça avait été difficile. Que le choque de culture était assez grand, j’avais aimé recommencer presque à zéro. Et puis, si je n’avais jamais mis les pieds ici, je n’aurais peut-être jamais pu rencontrer Elio en vrai et on ne serait pas ensemble. Et rien que pour ça, j’étais encore plus heureux d’avoir fait ce choix. Et mon train de vie ici était plutôt cool. J’avais parfois eu le mal du pays, au début, mais maintenant je me sentais quasi chez moi en Corée.

« Oh … je vois ça à dû être compliqué pour toi »

Je ne pouvais pas vraiment comprendre. J’avais eu la chance de grandir avec mes deux parents. Ils étaient toujours ensemble et même si je ne les avaient pas revu depuis maintenant de longues années, je leur parlait très souvent. Mais grandir presque sans parents, devait être une épreuve compliquée pour un enfant.

« ça marche pas toujours. Je ne pense pas qu’un départ comme ça puisse remplacer un manque, si je peux dire ça comme ça. Mais j’imagine que ça dépend des gens. Je suis parti parce que je savais au plus profond de moi que j’avais besoin de ce changement. Mais, j’ai pris pas mal de temps pour prendre cette décision »

Ce n’était pas anodin comme choix. Parce que c’était quitté tout ce que j’avais connu, quitté ma famille pour partir dans un pays ou je ne connaissais que la langue. Je ne connaissais personne et que vaguement la culture. Pourtant, une fois la décision prise, j’étais parti sans hésitation.

« On cherche tous quelque chose, même sans en avoir conscience. »

Suwon en était persuadé. Certaines personnes voulaient quelque chose de spécifique. D’autres voulaient la paix, un peu de tranquillité… Lui, il ne savait pas trop ce qu’il cherchait, quand il bougeait. Aller à Busan, pourquoi ? Parce qu’il avait envie de retourner sur ses traces de son enfance ? Parce que cela allait à l’encontre de tout ce que sa mère pouvait dire et désirer ? Il avait plein de raisons. Suwon n’aurait pas pu en pointer une seule. Pendant des années, il avait cherché Yanjun sans même le réaliser : une personne à qui il pourrait tout confier, en qui il aurait une confiance presque aveugle… Oh, ce qu’il pouvait se montrer imprudent avec lui, depuis que son cœur l’avait choisi.

« C’est pas le manque mon plus grand problème… »

Son père, il ne l’avait jamais connu. Il ne savait pas ce que ça faisait, d’avoir un père. Ce qui lui posait problème, c’était plutôt le comportement de sa mère, ce type qui essayait encore d’avoir son affection… Mais non, ça ne fonctionnait pas comme ça. Il ne fonctionnait pas comme ça.

« Vous avez sûrement raison. Si je dois partir, je m’en rendrai bien compte un jour… »

Pour l’heure, il était bien là. Ils pouvaient toujours partir à Busan avec Yanjun, quand l’envie les prenait… C’était largement suffisant à ses yeux.

« Bon, je vais vous laisser. » dit-il finalement en souriant. « Bonne journée ! »