air grognon, l'insatisfaction était perceptible sur son visage. ou était-ce là une onde de jalousie ? qui sait, la limite était faible, quoique presque co-dépendante. si leur séjour à busan fut idyllique, voilà que le retour à seoul n'en fut que plus catastrophique. à peine les valises posées qu'ils durent déjà s'envoler vers un ailleurs où le tranquille n'était, de toute évidence, pas prévu au programme. et si au début yanjun était prêt à faire des concessions, l'air admiratif plongé sur suwon qui semblait apprécier son nouveau rôle en tant que vice-président, c'est la suite des événements qui retroussa ses lèvres dans l'autre sens. rien n'allait comme il le souhaitait, et tout commença par le partage des tentes. quelle idée ? certes, c'était dans l'optique de souder les liens au sein de la fraternité, apprendre à se connaître et tout un blabla auquel, honnêtement, yanjun écouta à peine. tout ce qu'il vit c'était suwon disparaître avec quelqu'un d'autre sous une tente où il n'était absolument pas invité. non, car il tomba avec une personne qu'il connaissait ni d'eve ni d'adam. une personne avec qui il n'avait, d'ailleurs, aucune envie de sympathiser car tout ce qui l'importait, c'était faire taire ces horribles idées qui chatouiller trop fort sa boîte crânienne. c'était insupportable, là-haut.  une multitude de doutes et d'interrogations, toutes dirigées à l'égard de suwon. qu'est-ce qui allait se passer s'il laissait son copain trop longtemps avec son nouveau colocataire ? ce dernier allait-il tomber amoureux de suwon ? et suwon allait-il l'oublier pour lui ?

ça en était trop.

yanjun sortit immédiatement, sans même vraiment prêter attention à ce que l'homme avec qui il partageait la chambre disait. l'écoute close, sa présence mentale était déjà ailleurs, et il s'en allait la retrouver. arrivé à hauteur de la tente, le garçon ne prit pas vraiment la peine de s'annoncer. à la place, il ouvrit brusquement la tente et scanna l'intérieur, d'un air peu amusé. tu peux venir ? j'ai envie de me balader  et il avait déjà sa petite idée en tête. j'ai vu qu'il y avait un planetarium pas loin, on pourrait peut-être y aller ? en plus il offre une vue imprenable sur jeju

Organiser ce voyage à Jeju n’avait pas été de tout repos pour Suwon, qui espérait que leur séjour sur l’île allait se passer comme il l’avait imaginé et non devenir un chaos sans nom. Il espérait, en effet, ne pas avoir oublié d’information importante, ne pas avoir manqué une réservation ou un point d’organisation important. Il aimait ça : organiser, planifier, lorsqu’il s’agissait d’aller s’amuser, mais il était trop conscient de ses erreurs. Plus important encore, ce voyage était un changement drastique par rapport au mois qu’il avait passé à Busan en compagnie de Yanjun. Ils étaient rentrés à Séoul, avaient dû reprendre des habitudes qui ne lui avaient pas manqué le moins du monde, et pour ce voyage à Jeju, ils n’allaient pas pouvoir loger ensemble, ce qui était encore plus frustrant. Il avait voulu bien faire les choses, organiser le voyage de sorte que chacun puisse s’amuser avec les autres, participer et créer des liens… Mais cela signifiait également devoir sortir de ses propres habitudes, à savoir rester avec Yanjun, dans leur petite bulle où personne le pouvait entrer. Et dieu, ce qu’il pouvait lui manquer, alors qu’il le savait là, à quelques mètres à peine. Il essayait malgré tout de ne pas se laisser gagner par ce sentiment. C’était aller à l’encontre de ce qu’il avait prévu.

Néanmoins, quand Yanjun arriva dans la tente où il était assis, Suwon leva les yeux, inquiet. Il n’avait pas l’air content. Un poids lui tomba brusquement sur l’estomac, le poids du doute, alors qu’il hochait la tête et s’excusait pour quitter la tente à son tour. « Ça va ? » s’était-il entendu demander, le regard accroché aux traits de son petit ami alors qu’il abandonnait derrière lui la tente où il logeait. « Je… Oui, on peut faire ça, c’est où exactement  ? » Mais il n’avait pas pu s’empêcher de reprendre un instant plus tard. « Mo… Yanjun, t’es fâché ? » Il ne pouvait pas l’appeler mon cœur, pas en public. Pas alors qu’ils étaient dans un endroit où tout le monde pouvait les voir, et encore moins si Siwon y était également. Il la détestait bien trop pour lui laisser ce bonheur, et il aimait trop Yanjun pour accepter que tout soit gâché par une fille pareille.

oh qu'il n'était guère satisfait par la façon dont furent organisées les choses. drôle de coïncidence que ce tirage au sort, le résultat n'en était pas moins désagréable. quelle idée de vouloir se rapprocher les uns les autres quand, finalement, ce n'était là que d'infimes échanges peu enclin à s'encrer dans le temps ? yanjun n'avait pas besoin de ça, tant que suwon était dans sa vie, le reste n'importait peu. il avait encore moins de temps et d'attention à accorder à ces détails éphémères. tout ce que le garçon souhaitait, c'était bâtir son présent avec l'homme qu'il aime. et cet homme, un abruti le lui avait volé. les gens avaient-ils si peu de dignité ? aucun doute que yanjun n'allait pas rester de marbre face à cette situation. et dire qu'il était jaloux serait, là, un doux euphémisme. il en était l'incarnation.

oui... oui, ça va peu convaincant, encore moins convaincu par ses propres mots. il n'essayait pas vraiment de se livrer à un jeu d'acteur, tant le regard était capturé par l'homme avec qui suwon partageait sa tente, les bras croisés contre son torse. qu'il reste à sa place, surtout. c'était mieux pour tout le monde. de toute façon, ça n'allait pas changer grand-chose. yanjun avait bien l'intention de s'approprier suwon pour ce soir. et si ça ne tenait qu'à lui, alors ces heures seraient éternelles. c'est proche de la ville, mais on n'est pas très éloigné du centre répondit-il alors qu'ils s'éloignaient petit à petit de la tente. son cœur s'allégea, le souffle doucement reprit. lui-même se surprenait de l'effet que ce simple hasard avait sur lui. il était déjà conscient de l'ampleur de ses sentiments à l'égard de suwon, il n'avait juste pas idée de leur proportion... du moins pas jusqu'à maintenant. hein, quoi ? d'un geste, il chassa ses idées et porta son regard sur son petit ami, la curiosité naissante dans ses iris. oh.. non.. non, pas vraiment des secondes silencieuses firent taire le jeune homme, ce dernier ayant enfoncé ses mains au fond de ses poches alors qu'il réfléchissait à ce tonnerre grondant au fond de son être. je m'inquiétais pour toi c'était peut-être naïf et très idiot de sa part, alors qu'au fond... suwon ne craignait rien. ce sentiment était plutôt personnel. une peur qui s'appliquait à lui : celle de voir suwon disparaître, loin de sa vie. celle de voir l'être tant aimé préférer la compagnie d'un autre à la sienne. oui, il était jaloux. et peut-être un peu trop amoureux aussi. alors ? ça te fait quoi d'être notre nouveau vice-président ? c'était là une tentative de chasser les mauvaises ondes en appelant quelque chose qui pourrait faire naître des sourires sur leur visage. c'était déjà le cas pour yanjun, ce dernier posa son regard sur son petit ami, sa main se retenant à maintes reprises de se lier à son amoureuse. à la place, c'est son téléphone qu'il chercha et qu'il alluma afin d'activer le gps pour constater du chemin qu'il leur restait à parcourir. d'après le navigateur, on est à deux - trois minutes de marche il avait hâte de contempler les étoiles à ses côtés. de s'enfermer avec lui dans une galaxie qui serait leur, le temps d'une soirée.

Il se posait trop de questions. Beaucoup trop de questions. Les gens allaient-ils le considérer comme un bon vice-vice-président ? Un bon organisateur de voyage, au moins ? Il l'espérait. Il avait toujours aimé avoir l'attention des autres, aimé être capable de rendre les gens heureux, de les mettre de bonne humeur. C'était peut-être ce qui l'avait poussé vers le marketing : ce besoin de combler les désirs des gens. Des désirs qu'il aurait provoqué avec ses publicités, avec ses stratégies, mais des désirs tout de même... Parfois, il s'en sentait presque honteux. Néanmoins, c'était la voie qu'il avait choisie, et il était trop tard pour faire demi-tour, même si l'incertitude parvenait parfois à se frayer un chemin du côté de ses pensées pour venir lui torturer l'esprit.

« Pas convaincu... » Parce que le moindre changement provoquait chez lui un cataclysme, et qu'il se sentait lui-même coupable d'avoir dû s'arracher à la présence de son petit ami. À croire que la dépendance s'était installée bien plus qu'il ne voulait l'admettre. « Hm... » Mais il n'était toujours pas convaincu. « Donc t'es fâché. » Il n'était pas assez naïf que pour le croire, à voir sa dégaine. « C'est temporaire, en attendant le retour de Mei... » Qui avec un peu de chance, n'allait plus tarder. Suwon espérait que leur vice-présidente allait rentrer assez rapidement. « C'est stressant, mais j'aime bien ce genre de choses, alors ça passe. » Il sourit un peu, continuant à avancer un moment, avant que le poids de ses pensées ne vienne une fois encore écraser l'allégresse qu'il éprouvait à l'idée d'être en vacances loin de l'université.

Finalement, il avait osé briser le silence. « Je sais que t'es pas content à cause des tentes, mais je pouvais pas tricher juste pour être avec toi... Ça n'aurait pas été juste envers les autres. » Parce que naïvement, lui-même avait espéré qu'ils seraient placés ensemble, mais que cela n'était pas arrivé. « J'avais juste envie que tout le monde prenne le temps de se connaître un peu mieux. » À se justifier pour des crimes qu'il n'avait pas commis, simplement parce que son esprit était parti au quart de tour. Encore des détails qu'il prenait trop à cœur, des remarques qu'il inventait au fil des gestes de son petit ami qui, pourtant, ne lui avait rien reproché. Il ne pouvait s'empêcher de se projeter. « Je voulais pas te blesser… » Et encore une fois, qu’en savait-il, si ce n’étaient les insécurités que son propre esprit produisait ?

quel égoïsme, il ne se reconnaissait presque pas. ce qu'il moqua longtemps, le regard se perdant sur ses couples aux gestuelles exécrables, voilà qu'il les reproduisait sans une once de remords. depuis quand c'était-il autant épris de suwon ? quand est-ce que son cœur commença à inventer une nouvelle mélodie, celle qu'il déclenche et sonne en sa seule présence ? il oserait dire que cela ne faisait que quelques mois, pourtant son muscle de vie connaissait la mélodie depuis déjà bien trop longtemps. alors peut-être qu'au fond c'était normal d'être aussi jaloux. yanjun osait y croire, tout comme il aimait cette excuse. ça apaisait sa raison, suffisamment pour l'encourager à être ainsi ; tel un gardien suivant et veillant sur son petit-ami.

pourtant une part de lui n'arrivait pas à prétendre que tout allait bien.

il suffisait de voir la façon dont il perdait toute logique quand suwon disparaissait de son attention. ou encore, quand les choses échappaient à son contrôle. pourtant, dans leur couple, ça ne se passait pas ainsi. du moins, c'était ce qu'il osait espérer. peut-être que suwon voyait les choses autrement. peut-être avait-il l'impression d'étouffer.  yanjun n'en fit souvent qu'à sa tête, après tout. il se poussait, lui et suwon, vers des caprices incohérents. des caprices qui ne bénéficiaient qu'eux au point de s'isoler des autres.

et ça le terrorisait.

c'est pas ça... oh non. ça n'était pas de la faute de suwon. ça ne l'était jamais. il faisait ce qui était le mieux pour l'unité de la fraternité, et pour ça, yanjun l'en remerciait grandement. et si l'étudiant en médecine devait être honnête, alors il affirmerait sans regret qu'il n'y avait pas meilleur choix que son petit ami. suwon était de ceux que l'on écoutait, que l'on suivait. celui qui se sacrifiait volontiers au profit de tous. tu n'aimerais pas rester le bras droit de namsun ? ce n'était évidemment pas de son ressort mais si tel était son choix, alors yanjun apprendrait à le partager avec les autres. tant qu'il était heureux.

l'était-il, finalement ? l'était-il vraiment, quand ces mots devenaient des poignards ? quand le poids des actes de yanjun l'écrasaient tout deux ? c'était douloureux, la façon dont son cœur se comprimait à mesure que suwon s'exprimer. non, yan n'était pas idiot. il savait que son caprice n'était pas sain, que ça avait affecté l'être qu'il aimait. pourtant, ça avait été plus fort que lui, car sur le moment il n'avait pensé qu'à ce qu'il ressentait, avant de prioriser les efforts que son petit-ami faisait. que c'était idiot. non... qu'il était idiot, à agir ainsi. l'air penaud, tout au plus abattu, se suspendait sur son visage. il n'osait pas le confronter. pardon sa cage d'ivoire menaçait de se briser à tout instant, sous les fracas du pulsant. tu ne m'as pas blessé.... j'étais juste... puis une pause, cette dernière était inutile si ce n'était bonne à suspendre les doutes et les insécurités de chacun. hélas, l'avouer demandait tant de courage de sa part, par peur du ridicule. j'étais jaloux... aussi simple que ça. il l'était, oui. et il s'en maudissait à mesure qu'ils avançaient. ses poings se refermèrent presque aussitôt, enfonçant ses ongles dans sa propre chair. qu'il était ridicule, et insouciant. qu'il était égoïste, surtout. alors yanjun libéra un soupir tout en s'arrêtant brusquement, puis lia ses doigts à ceux de suwon. il voulait son attention, toute entière, non pas pour apaiser son égo, mais parce qu'il méritait des explications. c'est rien de tout ça, vraiment.. je me sens bête parce que t'as bossé si dur pour l'unité de la fraternité. t'es venu avec une idée de weekend absolument géniale, t'as tout fait de sorte que personne ne soit lésé et apprenne à se connaître au-delà d'un simple nom et prénom et pourtant.... je n'arrive simplement pas à me défaire de toi. c'est ridicule mais nos vacances à busan ne me quitte pas. on était juste tous les deux... maintenant, j'ai l'impression qu'un moindre truc pourrait t'enlever à moi et ça me terrorise

Yanjun avait beau lui dire que tout allait bien, qu'il n'était pas en colère, Suwon avait beaucoup de mal à le croire. Il aurait aimé pouvoir continuer à vivre sans interrogation, mais son esprit s'emballait à la moindre différence, lui hurlant qu'il risquait de perdre Yanjun, s'il n'entrait pas parfaitement dans ses attentes. Oh, ce qu'il pouvait être stupide. Des réflexes acquis par des années passées à essayer de correspondre à ce qu'aimait Haena. Haena qui était partie, au bout du compte, sans plus jamais lui donner de nouvelles. Peut-être que sans le réaliser, Suwon était resté handicapé des sentiments, incapable de s'affirmer sans craindre qu'on ne l'abandonne, lui qui aimait pourtant si fort, si passionnément. Il savait que ses sentiments n'étaient pas liés à une quelconque distance. Il aimait Yanjun, qu'importe s'ils partageaient leur tente, qu'importe s'ils avaient le temps de se voir ou non, même si son absence le peinait et lui était invivable. Alors pourquoi craindre à ce point que son petit ami se désintéresse de lui ou s'énerve, à cause d'un simple commentaire ? Suwon restait fidèle à lui-même : il avait peur, faisait un monstre d'un chaton et imaginait le pire sans aucune raison.

« J'en sais rien... C'est beaucoup de travail. » dit-il en fronçant les sourcils. « J'aime beaucoup ça, mais ça m'épuise aussi... Je sais pas si ça fait sens ? » Un léger rire lui avait échappé alors qu'il continuait à marcher. Il avait beau dire le contraire, il ne pouvait pas s'empêcher de chercher à être l'ami des autres, même si cela plaçait un nouveau poids sur ses épaules et qu'il parvenait parfois difficilement à le soulever. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Mais une fois encore, la question de Yanjun était passée dans le mauvais filtre. Le filtre de l'inquiétude. Le filtre des doutes. « Ça te dérangerait ? » Pourquoi, Suwon ? Il regretta d'avoir posé la question au moment même où les mots franchissaient ses lèvres. Il ne devait pas commencer à avoir peur de Yanjun et de ce qu'il pouvait penser. Il ne devait pas être dépendant de lui au point d'avoir peur de le perdre. Et pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de craindre ces deux choses.

Les mots de Yanjun lui firent en prendre conscience. Il s'excusait... De quoi ? Les sourcils de l'étudiant en marketing se froncèrent alors qu'il gardait les yeux posés sur celui qui faisait battre son coeur. Un coeur qui désormais s'emballait bien trop fort, excité par l'angoisse qui le faisait palpiter de manière bien désagréable. Il s'en voulait encore plus. « Je comprends... » C'était la vérité. Il fronça les sourcils un peu plus en continuant à marcher. « Je pensais que j'aurais un peu plus de temps aussi, pour être honnête... Mais entre l'organisation du voyage et les cours, j'ai pas pu être aussi disponible que je le voulais. » Un grand malheur à ses yeux. « Mais on est ensemble maintenant, alors on peut tirer le maximum de ces quelques heures, t'en dis quoi ? » Il sourit doucement avant de reprendre la parole. « On pourra retourner à Busan quand on aura un moment, si tu veux. » Parce que lui, il le voulait, mais est-ce que Yanjun allait donner son accord ? « Rien ne peut m'enlever à toi. Sois-en bien sûr, de ça. » Et si cela arrivait... Alors il regretterait à jamais d'avoir prononcé ces mots.

il était un torrent d'émotions, ces dernières voguant à contre-courant sans que yanjun ne comprenne réellement la raison de ce poids au fond de son être. oh pourtant, il s'en doutait. il la voyait, cette jalousie tapis dans l'ombre. ce démoniaque gardien qu'il moquait jusqu'à présent. l'amour obsessionnel n'était qu'une drôle de fantaisie à ses yeux, quand la seule forme de romance qu'il connut n'était que celle d'un miroir auquel on pouvait renvoyer tout ce que l'on souhaitait à l'image du risèd. pourtant, il était là, pris au piège par sa propre confusion. une confusion qui, en d'autres circonstances, se serait voulue rassurante si cela ne l'étouffait pas autant. il l'aimait, après tout. il l'aimait tellement que le perdre de vue ne serait-ce que quelques minutes le rendait presque fou. suwon était devenu ce territoire que yanjun voulait tant protéger. c'était absurde, n'est-ce pas ? pourtant, il ne pouvait s'empêcher de nourrir ses propres cauchemars.

si, ça fait sens il marqua une pause, le sourire se forçant sur ses traits dans l'espoir que ce dernier finirait par être sincère. à ce stade, il faut que tu penses à toi. si tu n'es pas épanoui, alors il est inutile que tu te forces. si malgré tout t'as l'impression que ça t'apporte d'une façon ou d'une autre... alors peut-être que ça peut valoir le coup ? et malgré lui, il inquiéta suwon. malgré lui, il laissa transparaître ce qu'il ne voulait pas admettre, ou du moins pas face à son petit-ami. malgré lui, il gâcha cette soirée sur laquelle il comptait pour se changer les idées, mais aussi se rassurer que cette jalousie se terrant au fond de lui n'était qu'un mensonge. il avait gâché ce rare instant à deux, avant leur retour à seoul. et yanjun s'en voulait petit à petit. oui.... enfin non il souffla alors, ses yeux se voilant un court instant. pour être honnête, je peux pas te répondre parce que je ne sais pas moi-même comment je me sentirai si c'était permanent. mais ce que j'en pense n'a pas d'importance. ce qui compte, c'est toi et ce que tu as envie de faire sa jalousie n'en serait que plus décuplée, c'était évident. néanmoins, une part de lui ne pouvait pas s'empêcher d'être heureux pour son petit-ami, malgré tout. car c'était ce qui primait sur le reste, n'est-ce pas ? le bonheur de l'être aimé devait être plus important que notre propre personne.

et cela se prouva lorsque sa jalousie laissa la place à une évidente culpabilité lorsqu'il ouvrit les yeux sur ces blessures qu'il infligea malgré lui à suwon. ses peurs n'avaient pas de sens, pourtant c'était là, et il s'était laissé obstruer l'esprit au détriment d'une réalité à laquelle il refusa de croire, l'espace d'un instant. ça me plairait bien oui retourner à busan avec lui, et rien que lui, semblait être un doux rêve à ses yeux. pardon, j'ai l'impression de trop t'en demander c'était la vérité. dernièrement, yanjun avait l'impression de se comporter tel un enfant à qui on refusait un semblant d'attention. mais ce n'était pas de sa faute, si ? ce n'était pas de sa faute.. il était simplement un homme amoureux d'un être solaire qu'il n'avait pourtant pas vraiment l'impression de mériter. et encore moins ce soir. je t'aime.... merci de m'avoir choisi il sourit sincèrement, avant de déposer ses lèvres sur le front de son petit-ami une fois qu'il en eut écarté quelques mèches rebelles. on va voir les étoiles ? après un bref coup d'œil à son GPS, il ne devait plus être très loin de la zone d'observation, et ce n'est qu'après avoir levé son nez de l'application pour regarder dans la supposée bonne direction, qu'il finit par voir ledit bâtiment. ah ben tiens, c'est là ! le sourire s'étira davantage sur ses lèvres, avant qu'il ne saisisse la main de suwon sur laquelle il déposa un nouveau baiser tout en reprenant la marche jusqu'à enfin arriver à l'entrée du bâtiment. après toi tout en énonçant ces mots, yanjun lui ouvrit la porte et, de son autre main, il l'invita à accéder à l'intérieur avant de prendre la suite. j'espère qu'on arrivera à voir quelque chose ce soir..

Pas une seule fois Suwon n'était allé voir ailleurs, depuis le jour où Yanjun l'avait interdit de date, une faveur un peu particulière qui ne l'avait dans le fond pas dérangé plus que cela. En fait, Suwon n'en avait pas éprouvé le besoin, ni même l'envie. Depuis le début de leur relation, bien que celle-ci fut un peu particulière dans ses premières semaines, Yanjun avait réussi, de façon assez miraculeuse et surprenante, s'il fallait être honnête, à donner Suwon l'attention dont il avait besoin pour être heureux. Il avait été là pour lui, comme l'inverse était vrai également, et ces deux êtres étaient petit à petit entrés en symbiose. Une symbiose bien dangereuse, en vérité, car chacun semblait devenu presque incapable de vivre sans sa moitié.

Organiser ce voyage avait coûté beaucoup à Suwon, qui avait dû se faire à l'idée qu'il n'allait pas pouvoir passer ses journées entières pendu à Yanjun comme une ventouse qui ne voulait s'en détacher. Une part de lui savait que cela n'était pas plus mal, compte tenu du regard que certains auraient pu poser sur eux, leurs préférences n'étant pas forcément acceptées par tous, mais son coeur, lui, était au moins aussi rebelle que lui : il refusait d'abandonner cette idée, ramenait sans cesse sa tête à son petit ami qu'il avait laissé seul pour le bien être de la fraternité.

Voilà pourquoi en voyant Yanjun entrer dans la tente, Suwon avait soudainement pris peur. Une peur irrationnelle, mais qu'il ne pouvait faire taire. Une peur qui l'avait poussé à s'excuser auprès de son petit ami, comme s'il avait commis une faute qui n'était en vérité rien de plus que le fruit de son imagination un peu trop débordante par moment. « Ouais, il faudrait que je voie... Mais ça me demanderait d'être présent... » Et de la même façon, moins disponible pour Yanjun, ce qui le dérangeait un peu. Il savait que Yanjun était occupé, lui aussi, mais il n'avait pas envie que cela finisse par les priver des moments qu'ils pouvaient passer tous les deux. « Non, ce que tu penses compte aussi. » Et il était formel. « J'ai pas envie d'être moins présent pour toi à cause d'un poste administratif... » Parce que ça n'était que ça, pas vrai ? Un poste, un titre... Yanjun était tellement plus que tout cela à ses yeux.

Ils avaient continué à marcher, et Suwon avait souri en entendant Yanjun approuver l'idée de retourner à Busan. C'était tout ce qu'il voulait, à cet instant précis : leur petit paradis. Leur havre de paix, où personne ne pouvait venir les déranger... C'était parfait. « Trop m'en demander ? » Un léger rire avait fui entre ses lèvres. « Jamais tu m'en demanderas trop, Yanjun. » Un pas de plus vers cette symbiose qu'ils auraient pourtant dû éviter. Mais ils ne s'en souciaient pas le moins du monde, en vérité. « Je t'aime aussi. » Mais pour le reste, il ne lui répondrait pas : pourquoi le remercier ? Il ne l'avait pas choisi. C'était son coeur qui l'avait fait. Son coeur ou le destin, Suwon n'était pas vraiment sûr. Dans tous les cas, il n'avait rien à voir avec tout ça.

Il avait hoché la tête avant de le suivre à l'intérieur du bâtiment, cherchant des yeux le guichet, sans savoir s'ils devaient payer quelque chose. « J'espère aussi ! » En tout cas, il lui faisait confiance. « Ça fonctionne comment, du coup ? » Il n'était pas certain de la marche à suivre et, à vrai dire, il ne se rappelait pas avoir déjà visité un endroit tel que celui-là un jour.

qu'il était douloureux, ce rappel à la réalité. yanjun qui, depuis quelques-temps à présent, avait pris goût à cette routine qui était la leur. une routine qu'il pensait, à tort, n'être guère pour lui. et pourtant... pourtant, il fallut que suwon entre dans sa vie pour que toutes ses erreurs ne soient balayées, forçant ainsi yanjun à voir la vérité en face. tant de temps passé à vivre dans un tissu de mensonges qu'il broda dans le seul but de se rassurer qu'il ne serait jamais comme ses parents. c'était si idiot de craindre l'amour. et yanjun le comprenait à présent. car sans cette délicate tendresse, suwon ne ferait pas parti de sa vie. sans cet océan d'émotions, yanjun se sentirait certainement bien plus vide et perdu qu'il ne l'était à l'origine. suwon était sa lumière, ce phare guidant le garçon vers une meilleure version de lui-même.

hélas, avant de la trouver, il devait apprendre à faire face à ses propres démons. ces derniers qu'il croyait imaginaire, à l'instar de cette relation naissante. yanjun avait encore tant de choses à apprendre, et tant d'autres à comprendre et vivre dans le déni n'en faisait pas parti.... et la première chose qu'il se devait de faire, était de laisser à suwon la liberté dont il avait lui aussi besoin, par moment. un fait que yanjun continuait, malgré lui, de bouder, tant elle était difficilement acceptable.c'était comme suffoquer à l'air libre. l'impression que la terre toute entière était en train de l'abandonner après lui avoir fait goûter au paradis. une cruelle destinée qui ne cessait de se graver dans son esprit, devenant toujours plus réaliste à mesure que suwon s'exprimait. sa nouvelle fonction au sein de la fraternité allait lui demander plus de temps qu'il n'en avait... et ce même temps risquait de leur être arraché. qu'est-ce que yanjun était censé faire, face à ça ? accepter sans broncher ? oh.. s'il s'était écouté, alors c'était certainement la première chose qu'il aurait fait. et à dire vrai, ce fut bel et bien le cas lorsqu'il entra dans la tente de suwon pour récupérer son petit-ami. il l'avait aussi fait, en clamant suwon comme sien bien avant que leur relation ne soit actuelle. un coup de poker qu'il usa sans vraiment s'attendre à ce que l'interdiction de date à laquelle il menotta suwon, ne les pousse dans les bras l'un de l'autre. mais ce soir, c'était différent. ce soir, ainsi que les prochains jours à venir, si ce n'était pas des mois. voilà une opportunité en or pour suwon. il avait toujours été plus social que yanjun, toujours plus enclin à aider ses compères lorsque le besoin s'en ressentait. le titre de vice-président était taillé pour lui, alors comment pouvait-il vouloir arracher ça à son petit-ami ? c'était beaucoup trop cruel. mais si ça te rend heureux.... tant pis pour ses caprices, tant pis pour lui aussi. yanjun s'était déjà trop imposé à suwon. il était temps pour lui de trouver son coin de paradis.

mais avant cela, c'était une nouvelle escale vers leur havre de paix qui fut prononcée. un simple accord qui suffit à faire fleurir un sourire aux coins des lèvres de yanjun. busan, telle une bulle n'accueillant qu'eux. une période qui s'amenuiserait avec le temps,et à laquelle yanjun refusait de renoncer. parce qu'il savait que cette destination n'était que pour eux. pas d'amis, pas d'entourages... juste eux, loin de tout. eux, face à ce futur dont ils rêvent ensemble. on doit payer l'entrée avant d'accéder au musée mais pour être honnête avec toi.... il s'interrompit pour se tourner vers son petit-ami à qui il offrit un sourire complice. j'ai pas très envie de perdre de temps là-dedans tout ce qui l'intéressait, c'était gravir tous ces étages et admirer le ciel étoilé aux côtés de suwon.  alors, et sans perdre davantage de temps, il s'avança vers le guichet afin de payer les deux billets. une fois ceci de fait, il laissa à suwon le soin de passer devant lui et, ainsi, gagner ensemble l'ascenseur mis à la disposition du public. il s'enfonça à l'intérieur une fois que le mécanisme ouvrit les portes, et appuya ensuite sur le bouton correspondant à l'étage désiré. les portes à peine closes, yanjun n'hésita pas une seconde de plus avant de capturer les lèvres de suwon. un baiser qu'il lui vola, encore et encore tout en gardant une oreille attentive dans le cas où l'ascenseur ne s'arrête plus tôt que prévu afin d'accueillir de nouveaux passagers. par chance, ce n'était pas le cas, malheureusement, yanjun dût s'écarter tôt ou tard lorsqu'il était temps pour eux de descendre de l'ascenseur.. j'avais envie.... un désir, ou besoin, qu'il n'était pas certain de voir reproduire avant leur retour à la capitale. cette distance était bien trop lourde à porter pour lui, si bien que toute opportunité était suffisante pour s'accrocher à suwon de n'importe quelle façon. je crois que le télescope est par là-bas dit-il tout en indiquant une petite sale cloisonnée se trouvant non loin d'eux sur cette immense terrasse. le ciel paraissait suffisamment noir pour percevoir tout astre, du moins il l'espérait. et si tel n'était pas le cas, alors ils pourraient toujours profiter de cet instant en admirant les étoiles à l'oeil nu. qu'importe. tant qu'il n'était question que d'eux deux, yanjun se fichait bien du reste.

Suwon s’éparpillait souvent, mais il était très rare qu’il néglige volontairement une personne, à partir du moment où celle-ci lui donnait l’attention qu’il réclamait. Yanjun avait toujours fait partie de ces gens qui sans aucune difficulté faisaient battre son cœur et l’apprivoisaient. Comme un maître avec son animal, il l’avait apprivoisé, et Suwon n’avait pas peur de le dire, car il savait qu’il était parfois aussi difficile à adopter qu’un chat, tant il avait peur de perdre sa liberté au prix d’une négligence dont il ne souhaitait pas être victime. Pas encore une fois. C’était arrivé bien trop souvent : avec sa propre mère, avec Haena… Haena… Il se rappellerait probablement toute sa vie la façon dont elle était partie, dont elle avait cessé de prendre de ses nouvelles, d’un coup, d’un seul… Non, Suwon n’avait pas envie d’être l’une de ces personnes que l’on laissait pour compte comme des détritus au bord de la route. Il voulait être important, même si ça n’était qu’aux yeux d’une personne… Et cette personne, il l’avait trouvée en Yanjun. Une personne qu’il aimait d’un amour tout aussi fort, et avec qui il avait l’impression de pouvoir traverser le Déluge.

C’est précisément pour cela qu’il s’était retrouvé pris au dépourvu, quand l’idée d’avoir peut-être heurté son précieux amour lui avait traversé l’esprit. Il ne voulait pas. Non. Il n’avait pas envie d’abandonner Yanjun ou de lui donner l’impression qu’il l’abandonnait, et il s’en voulait encore plus maintenant que lui venaient en mémoire les souvenirs des derniers jours, où il avait été très occupé avec la préparation du voyage auquel ils prenaient part. Il n’avait pas pu faire autrement. Endosser le rôle de vice-président remplaçant n’était pas de tout repos, et il était effrayé à l’idée de devoir encore le faire aujourd’hui. Il n’avait pourtant jamais eu de problèmes pour organiser des activités ou rencontrer d’autres personnes… Mais aujourd’hui, il avait peur de mettre à mal sa relation avec Yanjun, et il se trouvait soudainement inquiet à l’idée de faire des erreurs stupides qui risquaient de lui coûter son amour. Des pensées bien peu rationnelles, mais si les sentiments avaient été dictés par l’esprit et la raison, sans doute n’auraient-ils pas été aussi forts et indomptables. « Je sais pas… » Il ne savait pas… Mais quoi ? S’il était heureux comme cela ? S’il était… Si c’était ce qu’il voulait faire ? La confusion ne faisait que s’installer davantage à chaque seconde qui s’écoulait, pour son plus grand malheur.  « Je crois pas que ça me rendrait heureux… » La vérité, c’était qu’il avait peur. Peur que Yanjun ne se lasse de ne pas pouvoir le voir aussi souvent qu’il en avait envie. Peur que Yanjun ne finisse par se dire que tout compte fait, il y avait d’autres types qui lui convenaient mieux que cet idiot de Park Suwon qui ne pouvait pas se libérer pour lui… Et cette peur parvenait à le consumer avec une telle facilité qu’il était bien difficile pour l’étudiant en marketing de cacher ce qu’il éprouvait. Son expression le trahissait douloureusement.

Suwon essaya rapidement de se calmer, posant les yeux devant eux en se concentrant sur l’instant qu’ils étaient en train de vivre. Cette météo, Yanjun auprès de lui, les pas qui les menaient jusqu’à l’observatoire… Oui, il fallait qu’il parvienne à se dire que tout allait bien, que les choses n’étaient pas aussi catastrophiques qu’il en avait l’impression… À croire que malgré tout ce qu’il aimait se répéter, l’anxiété le guettait, lui aussi, et toujours dans les moments les moins opportuns… Il fallait qu’il parvienne à ne plus penser à autre chose que ça. « D’accord, alors on va directement à l’observatoire… » Un petit sourire lui était paru aux lèvres alors qu’il hochait la tête. Il ne s’était pas demandé, en vérité, si le musée l’intéressait ou non. C’était un réflexe stupide, mais il aurait tout le temps d’y songer plus tard. Pour l’heure, il voulait simplement rester avec Yanjun, profiter des quelques instants qu’ils avaient à passer tous les deux. Il était resté silencieux jusqu’au moment où ils avaient rejoint l’ascenseur, et sitôt les portes fermées, il n’avait pas hésité bien longtemps à répondre au baiser de Yanjun, quoiqu’un peu surpris par son geste. Par chance, il n’y avait personne d’autre. Quelques secondes volées au temps qui essayait de se dérober à eux. Des secondes pour lesquelles Suwon était plus que reconnaissant. « Moi aussi. » Un sourire lui était venu aux lèvres alors qu’ils s’éloignaient, bien malheureusement.

Désirant attraper la main de Yanjun, Suwon se ravisa rapidement. Il ne pouvait pas. Pas là. Pas maintenant… Et pourtant il avait saisi son poignet avant de s’élancer vers la salle qu’avait désignée Yanjun, levant rapidement les yeux vers le ciel pour chercher du regard quelque amas d’étoile qu’il aurait pu distinguer de l’endroit où ils étaient… « C’est quoi ta constellation préférée ? » avait-il demandé, sans pour autant reposer les yeux sur lui. Il avait toujours adoré la nuit, les étoiles, la nature. La mer et l’océan étoilé qui s’étendait à des milliards d’années lumières au-dessus d’eux… Ils étaient fascinants.