c'était un nouveau lui que yanjun découvrait aux côtés de suwon. un lui qui, en d'autres situations, lui aurait paru bien amer. sordide. et ennuyeux. un lui qu'il n'aurait jamais voulu connaître, tant elle était source de misère et de solitude.  ô que l'amour pouvait être effrayant. à l'image d'une contrée lointaine dont les traditions ont été si peu explorées. pourtant, voilà que yanjun se surprenait à vouloir en connaître chaque secret, chaque code et chaque langage. peut-être qu'au fond, c'était ce que le commun des mortels appelaient plus communément "l'empyrée". un monde céleste où les pêchés paraissaient si friables tant le paradis happait les blessures et éblouissait l'âme d'une couleur nouvelle. il aimait y croire, car c'était exactement la sensation que suwon laissait en yanjun. l'impression de n'être pas si ingrat qu'il pouvait l'être. d'être moins égocentrique qu'il aurait pu laisser croire aux yeux d'autrui, et surtout face à sa mère. ou encore, d'être ce gamin perturbateur, celui qui arracha un avenir glorieux à celle qui lui donna généreusement la vie. peut-être qu'il n'était pas si mauvais, et que toutes ces étiquettes étaient loin d'être porteuses de vérité. hélas, si la raison se prêtait en ces voix, alors au moins suwon avait eu le mérite d'offrir à yanjun la possibilité de se racheter différemment.

et s'il devait être honnête, le hongkongais n'avait que faire du reste. tant pis si les regards qu'on lui prêtait ne changeaient guère. après tout, les siens étaient loin de s'épandre d'une lueur différente.seul suwon savait user de cette magie. de la même façon qu'il le faisait encore en cet instant. yanjun alors écrasé sous le poids d'une culpabilit, il était à présent face aux conséquences de sa propre jalousie. ô qu'il fut idiot de sa part, que de scénariser l pire scénario dans sa tête, et ce, malgré toute la confiance qu'il portait en suwon. si c'est à cause de moi, j'en suis désolé.... c'était bien là, la seule chose que yanjun pouvait admettre. parce qu'au fond, c'était bien ce qu'il craignait : être la cause de ce doute à présent semé au fond de suwon. être celui qui fut, une nouvelle fois, responsable d'un échec au prix de son propre bien-être. sa mère l'en accusa suffisamment pour que yanjun ne retienne guère la leçon. et si suwon vivait ce même enfer, alors yanjun n'était pas certain de pouvoir se le pardonner. il n'était même pas certain de pouvoir continuer à regarder suwon en face, tant l'incertitude de le mériter l'assiégerait à coup sûr.

parce qu'il était ainsi, vif et maladroit. l'esprit qui ne pense pas, et s'accorde difficilement à prendre en considération les attentes des autres. ce n'était pas faute d'essayer, pourtant. il faisait de son mieux pour aimer suwon de la plus belle façon. c'était pour cette raison que yanjun se permit d'emmener son petit-ami loin du chaos de leur fraternité, pour préférer le silence d'une galaxie qui serait leur, le temps d'une nuit. hélas, centré sur son idée, yanjun en omit le reste, à commencer par prendre en considération les envies de l'étudiant en marketing. le cœur porté au creux de sa main, yanjun emmena plutôt suwon avec lui vers les ascenseurs, afin de s'offrir un instant d'intimité qu'il ne manqua aucunement de saisir... avant que les portes de la cabine ne s'ouvrent de nouveau, et révèlent un nouvel endroit un peu plus en hauteur. ni une ni deux, le futur médecin s'infiltra à l'intérieur, en veillant à ce que suwon ne soit jamais trop éloigné de lui, un souci qui le quitta assez vite en sentant la main de ce dernier enlacer son poignet. c'était subtil, délicat et timide, mais yanjun ne pouvait s'empêcher de laisser fleurir un sourire aux coins de ses lèvres face à cette simple sensation. il était là, à ses côtés, et c'était tout ce qu'il souhaitait. pas une mais deux les histoires fleurissantes de rêves et de contes de fée n'étaient habituellement pas son genre, et pourtant... en vérité, c'est surtout l'histoire derrière les constellations de cassiopée et cepheus qui me plaisent sourit-il alors, tout en cherchant timidement la main de son petit ami, le regard amoureux porté dans sa direction. elle me pousse davantage à croire en nous... qu'importe les obstacles, qu'importe la tragédie qui pourrait éventuellement s'abattre entre eux, yanjun voulait croire en ce mythe. le ciel pour seul limite, disait-on. il n'en voulait aucune. et toi ? il était tant curieux du monde qui se construisait dans l'esprit de suwon. un monde qu'il était encore si loin de connaître par cœur. mon coeur... un monde qu'il voulait découvrir, plus ne plus jamais avoir à supporter cette peine que yanjun aurait pu lui infliger, par inadvertance. si ça ne va pas... parle-moi. si je faute quelque part, dis-le moi. si je te blesse, partage tes peines avec moi. je ne veux plus être celui qui te fait douter... j'ai bien conscience d'être loin d'êre parfait, mais je veux faire de mon mieux... pour toi... parce que je t'aime, et que sans toi je ne suis plus rien... 

« Pas nécessairement. » C'est que Suwon se suffisait amplement, lorsqu'il était question de semer dans son esprit les doutes qui le hantaient à longueur de journée. « J'ai juste peur de pas être à la hauteur pour endosser ce rôle... C'est tellement compliqué de mettre tout le monde d'accord, de ne pas t'attirer de problèmes bêtement... » C'était si facile surtout, de vexer les gens et de ne pas les mettre d'accord. Devenir fournisseur de pommes de discorde n'était pas son objectif, et il craignait toujours que cela soit le cas. Il se sentait incapable d'être le leader d'une troupe d'étudiants, encore plus maintenant qu'il était en couple et que cela prenait une grande partie de son temps...

Il n'avait pas tardé une seconde à le suivre à l'intérieur, abandonnant le musée quand bien même ce dernier l'aurait intéressé, parce qu'il ne s'était pas imaginé une seule seconde contrecarrer les plans de son petit ami qui n'avait pas l'air de s'en soucier. Alors il s'était aventuré en ces lieux si particuliers qui parvenaient à attirer son attention à chaque fois et il avait souri en entendant les paroles de Yanjun. « Ah bon ? Pourquoi ? Parce qu'ils sont mariés ?  » C'est qu'il ne connaissait pas si bien les constellations qu'il voulait bien le dire, en vérité. « Cassiopée aussi... Puis j'aime beaucoup la ceinture d'Orion. » Il ne savait pas exactement pourquoi, mais la forme qu'elle avait était assez drôle à ses yeux.

Et les yeux perdus sur les décors qui les entouraient, Suwon avait écouté les propos de Yanjun avant de reposer les yeux sur lui en secouant un peu la tête. « Si je dis rien, c'est qu'il y a rien... » Il avait souri doucement, serrant un peu plus sa main dans la sienne. « Tout va bien. Ne t'en fais pas. » Tout, peut-être pas, mais cela n'allait pas suffisamment mal pour qu'il s'en plaigne, et s'il était inquiet de ce qui avait pu se passer un peu plus tôt, il ne pouvait pas non plus blâmer Yanjun. Lui aussi avait ses accès de jalousie. Lui aussi se montrait parfois stupide, égoïste. N'était-ce pas le propre de l'amour que de pousser les uns et les autres à révéler leurs côtés les plus sombres ? Il avait conscience de sa propre humanité, de sa faiblesse. « Je suis pas parfait non plus... Alors pardon si parfois je fais n'importe quoi... » Puis, pour changer les idées de son petit ami, il l’avait tiré à sa suite. « Viens, on va trouver un endroit sympa où s’installer. »

l'incompréhension face à la réponse de suwon se tissa le long de ses traits. yanjun avait certainement la fâcheuse manie d'idéaliser son petit-ami ; supprimer ses défauts pour les remplacer par des qualités qu'il ne possédait peut-être pas, si bien qu'au bout du compte, il ne voyait aucunement en quoi suwon pouvait échouer dans son rôle de vice-président. il était de ceux que l'on écoutait volontiers. il était de ces personnes qui attiraient naturellement l'attention, tout comme il était délicat de lui en vouloir pour quoi que ce soit. parce que c'était ainsi que suwon était : foncièrement gentil avec tout le monde, si bien que la seule option qu'il restait était un retour à son égard. mais encore une fois, peut-être que yanjun idéalisait ce dont il ne savait rien. aveuglé, l'homme était. aveuglé par cette affection qui tournoyait en lui, jusqu'à occulter ce qu'il était censé percevoir. c'est peut-être utopique de ma part de dire ça mais... j'ai pas l'impression que tu fasses parti de ces gens que l'on oserait contredire. tu te donnes beaucoup trop pour les autres, au point de parfois trop te plier pour eux. c'est peut-être la seule chose que l'on pourrait te reprocher peut-être que les craintes de suwon s'avéraient, finalement. à trop donner, l'habitude s'installe. et de cette habitude pouvait naître un conflit lorsque l'intérêt n'était pas satisfait. il était difficile de trouver une façon juste et équilibrée de contenter tout le monde. malgré tout, yanjun avait foi en son petit-ami. parce qu'il était ainsi, bien trop bon pour ne pas s'épuiser à trouver un idéal pouvant contenter tout le monde. que pouvions-nous espérer d'autre de la part d'un ange, après tout ?

ce soir, yanjun allait offrir à cet ange le repos qu'il méritait.
ce soir, ils n'auraient que l'empyrée céleste comme seule maison.
là où le silence se veut rassurant.
là où le monde n'a plus d'importance. comme une parenthèse encadrant leur vie, cette dernière alors mise sur pause le temps de quelques instants.

oui et non il sourit, le regard rivé vers les étoiles. ils n'ont jamais cessé de s'aimer malgré les siècles passant et les obstacles qui continuent encore de se dresser sur leur chemin aussi triste puisse être la finalité de leur histoire, cassiopée et cépheus n'ont jamais eu l'idée de renoncer à leur amour. les sentiments qu'ils se portent l'un pour l'autre vont au-delà d'une simple malédiction, et quand bien même cette exemple se voulait profondément triste, yanjun ne pouvait s'empêcher de l'admirer. j'aime me dire que toi et moi, on trouvera cette même force pour surmonter les moindres problèmes une part de lui le savait, il lui serait bien impossible de renoncer entièrement à suwon. ni aujourd'hui, ni demain. j'espère que l'on trouvera un moyen d'être toujours ensemble d'ici cinq, dix, quinze ou cinquante ans c'était précipité, il en avait conscience, hélas, à ses yeux, suwon était le gouvernail de son navire. celui qui lui donnait une raison d'avancer encore et encore. il était sa motivation, ses lendemains que l'homme attendait avec impatience. il était l'excuse le poussant à se réveiller chaque matin. il était cette odeur de café venant chatouiller ses narines, le sourire suffisant à lui octroyer l'énergie nécessaire pour affronter toute nouvelle journée. il était sa cause, le futur auquel il aspirait et pour lequel il était prêt à se battre. sans suwon, c'était comme s'échouer sur une île perdue au beau milieu de l'océan, sans repère ni quoi que ce soit pour appeler à l'aide. la ceinture d'orion ? pourquoi ? il était curieux de tout ce qui intriguait suwon. il était curieux de le connaître davantage, bien au-delà de ce dont son petit-ami pouvait avoir conscience de lui-même.

d'accord... mais tu me promets que tu le diras si ça ne va pas, hein ? le besoin d'attacher de l'importance à ces mots poussa yanjun à lever son petit doigt en l'air, dans l'attente de sceller cet accord sous le regard attentif des étoiles. non le hochement de tête vint appuyer cette seule réponse. t'es parfait comme tu es puis, le sourire rayonna sur ses lèvres lorsqu'il posa ses yeux sur son amant. aucun mot n'était nécessaire, en cet instant. à la place, son corps s'empressa d'obéir et suivit suwon vers une salle un peu plus tranquille. dis... ton futur idéal, tu l'imagines comment ?

« C’est pas vrai, ça. » avait-il répondu en un rire, aux propos de Yanjun. « Je suis pas forcément une bonne personne. » La preuve en était qu’il allait souvent être en colère contre sa mère, qui ne lui avait pas montré assez d’attention dans sa jeunesse. Il passait peu de temps avec sa famille, en vérité, qui n’avait jamais vraiment témoigné d’affection envers lui, à part pour essayer de l’amadouer. Son beau-père était comme ça, hélas, et depuis bien trop longtemps. Dans tous les cas, Suwon avait haussé les épaules, n’étant pas très d’accord avec l’image que Yanjun avait de lui. Il espérait que son petit ami n’allait pas se mettre en tête un portrait aussi fallacieux de lui. Il risquait d’être bien déçu, autrement, comme tant d’autres personnes, à commencer par les gens de sa fraternité.

« C’est beau… Triste, mais beau. » Parce qu’un amour sans bornes, c’était beau, mais très triste à partir du moment où cet amour était sans cesse entravé dans son expression. N’étaient-ils pas tristes eux-mêmes, dans le fond ? Il savait qu’ils ne pourraient probablement jamais s’épanouir au grand jour, comme les couples hétérosexuels… Mais il nourrissait encore cet espoir. Le temps passait, les choses changeaient, le monde évoluait. « Je l’espère pas, j’en suis sûr. » Vraiment ? Pourtant, il y avait bien cette petite crainte qui venait parfois piquer son inconscient, quand il était en train d’apprécier quelques moments. Suwon savait que les sentiments qu’il éprouvait pour Yanjun étaient à l’épreuve des vagues. Il était son phare dans l’obscurité, et il ne manquait pas de le lui rappeler… Mais qui pouvait prédire ? Après tout, son père avait été brutalement arraché à ce monde. « Je la trouve amusante simplement. » Un rire lui avait échappé. « Des mecs ont regardé le ciel et se sont dit ‘putain, on dirait trop une ceinture’, et ça me fait marrer. » Autant tout avouer, hein. Il ne fallait pas toujours une explication à ce qu’on aimait, se disait-il souvent.

« Oui, promis. Ne t’en fais pas. » Il avait souri avant tendre l’autre, le petit doigt levé pour l’accrocher à celui de son petit ami. « Je suis pas parfait. » avait-il répété avant de s’approcher d’un endroit pour s’installer, les yeux levés vers le plafond. « Hm… C’est compliqué comme question. » Un rire lui avait échappé. « Je pourrais dire avec toi, mais c’est tellement niais que j’assume pas… » Il avait reposé les yeux sur lui, réfléchissant encore. « Je voudrais juste être heureux, plus avoir à me prendre la tête pour des conneries…Et toi ? »