Euigeon tournait en rond dans son appartement. Il n’avait rien à faire parce qu’il avait déjà tout fait. Le ménage, la vaisselle, les lessives et son lit. Bien qu’étant un mec et habitant seul, son appartement était toujours impeccablement nettoyé et surtout toujours bien rangé. Sans parler de maniaquerie, le jeune homme aimait vivre dans un espace sain. S’il tournait autant en rond, comme un lion en cage, c’était qu’il avait prévu une soirée tranquille avec Soyong. Cependant, il était encore trop tôt pour lui, de se rendre chez elle.  Il avait envie de passer du temps avec sa meilleure amie et s’il y avait son mec, il le ferait partir ou alors, il la kidnapperait. Après tout, lui aussi, il avait le droit de voir la jeune femme et personne ne pourrait l’empêcher de le faire. Il avait donc préparé le programme de la soirée. Un cinéma, suivi par un dîner chez lui et ensuite, soit il la ramènerait chez elle, soit elle pourrait passer la nuit chez lui. Il lui passerait volontiers son lit tandis que lui dormirait sur le canapé. Il aurait pu même dormir avec la jeune femme en tout bien tout honneur parce qu’il n’y avait entre eux qu’une profonde et sincère amitié. Jamais Euigeon n’avait vu la jeune femme autrement que comme une amie. L’idée même de l’embrasser ne lui avait jamais effleuré l’esprit parce qu’elle était tout simplement sa meilleure amie. Le programme était donc fait et il était même plutôt content de lui. Il y avait un film qu’il voulait aller voir et le pyobeom s’était dit que ce serait une bonne idée d’amener la jeune femme avec lui parce qu’il savait que ça lui plairait également. Il était sortit chercher les places en amont dans la journée parce que c’était un film très prisé et qu’il voulait absolument qu’ils aient une place dans la salle. Euigeon avait fini par sortir de chez lui après avoir trouvé l’heure raisonnable et il avait roulé jusqu’à chez Soyong, espérant qu’elle soit contente de le voir. Il se gara devant chez elle, un sourire aux lèvres, ne se doutant pas une seule seconde de ce qui allait l’attendre là-bas. Il se frappa à la porte, ce même sourire aux lèvres et un enthousiaste complètement visible.

So Yong avait prévu de sortir ce soir avec Eui Geon. C’était rare que ça arrive, elle préférait rester chez elle la plupart du temps. Mais, pour son meilleur ami, elle faisait l’effort. Et puis, ça lui ferait du bien de le voir et pouvoir passer du temps avec lui. Il lui faisait oublier le boulot, ses soucis, son petit-ami, sa famille. La jeune femme passait toujours de bons moments avec le pyobeom. Elle était contente et reconnaissante de l’avoir dans sa vie. Et, surtout ce soir. Elle ne le savait pas encore mais, il allait lui sauver la vie. So Yong se préparait tranquillement quand on sonna à la porte. La demoiselle regarda sa montre, intriguée, sourcils froncés en voyant l’heure. Il était un peu tôt pour que ce soit lui mais qui sait ? La jeune femme se dirigea vers la porte d’entrée et l’ouvrit, découvrant son petit-ami. Elle déglutit face à lui et s’écarta, le laissant rentrer. Il semblait avoir bu et elle n’avait aucune idée du pourquoi. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-elle doucement, restant loin de lui. Elle ne voulait pas le fâcher mais sa question l’énerva. « Tu sors avec qui, ce soir ? » Cracha-t-il en s’avançant vers elle, menaçant. Elle le savait possessif et jaloux mais, tout de même. So Yong lui avait expliqué un milliard de fois qu’Eui Geon n’était qu’un ami et rien de plus. Oui, elle était proche de lui. Elle le connaissait depuis petite. Mais il n’était réellement rien de plus qu’un ami, son meilleur ami. La jeune femme se pinça les lèvres. « Eui Geon. Tu le sais, je te l’ai dit hier. » Dit-elle, toujours avec douceur mais ça ne lui plaisait pas, pas du tout. Il continua de s’avancer vers elle. « Tu ne sors pas. » Ordonna-t-il, l’agrippant violemment par le bras et la ramenant contre lui. L’odeur de l’alcool vint lui chatouiller les narines. So Yong baissa les yeux, apeurée. Il était capable de la frapper, il l’avait déjà fait. « Je ne peux pas annuler. » Souffla-t-elle faiblement, fermant les yeux. Elle savait ce qu’il allait faire. Bien évidemment, il leva la main et la gifla. Au même moment, la sonnette retentissait de nouveau. Cette fois-ci, c’était Eui Geon. « Ça doit être Eui Geon… » Dit-elle faiblement, doucement, tentant de s’écarter pour ouvrir la porte qui n’était pas fermée à clef mais il gardait sa main sur le bras de So Yong. « La ferme, salope ! » Hurla l’homme en lui assénant une nouvelle gifle.

Arrivé devant chez Soyong, Euigeon frappa à la porte, attendant patiemment que sa meilleure amie lui ouvre. D’ordinaire, ça ne mettait pas longtemps. Quelques secondes tout au plus, surtout quand ils avaient prévu de se voir. Euigeon attendait donc que la jeune femme apparaisse en face de lui avec un sourire. Seulement, ce n’est pas ça qu’il entendit. La porte était fermée mais il entendit clairement l’insulte et le bruit de la peau qui en rencontrait une autre. Il serra les dents et ouvrit la porte rapidement, pénétrant dans l’intimité de sa meilleure amie. Ce qu’il vit lui glaça le sang. Soyong se tenait la joue et son mec la surplombait, la tenant pour éviter qu’elle ne s’enfuie. Euigeon vit rouge et ses poings se serrèrent d’eux-mêmes. La suite des événements fut comme s’il n’était plus maitre de son corps. Il se jeta sur la merde qui servait de petit ami à Soyong et son poing partit sans même qu’il ne s’en rende compte, le frappant à la pommette. « Ne la touche pas. » hurla-t-il alors qu’il continuait de se déchaîner sur lui. Pieds, poings, Euigeon utilisait l’effet de surprise pour lui faire autant de mal que possible. Une fois sûr qu’il se relèverait pas, le jeune homme le fusilla du regard. « Si tu t’avises de la toucher encore une fois, je te crève. Maintenant Soyong vient avec moi et ce soir quand je la ramène, t’as intérêt à avoir quitté les lieux sinon, je donne pas cher de ta peau. » Il ne desserra pas les poings et se tourna finalement vers la jeune femme pour lui tendre la main, le regard toujours aussi noir de colère, mais pas dirigée contre elle. « On s’en va. » Il la tira doucement vers lui, la collant à lui dans une étreinte amicale avant de l’amener dehors pour la sortir de cet enfer. Il lui ouvrit la portière de sa voiture et l’installa dedans tandis qu’il prit le volant pour mettre le plus de distance entre eux et ce connard.

So Yong était terrifiée face à son petit-ami. Si elle avait été totalement sous le charme au début, la jeune femme avait vite déchanté. Il avait montré sa vraie personnalité mais elle était incapable de le dire, d’en faire part à sa mère ou son meilleur ami. Elle aimait tout de même cet homme et se disait que c’était sûrement la dernière fois qu’il la frappait, la dernière fois qu’il buvait à ce point-là. Après tout, il s’excusait toujours, en larmes, et se faisait pardonner. So Yong était piégée, incapable de s’en sortir. Elle ne savait pas quoi faire, même si elle savait que ce qu’il faisait était mal, qu’il lui faisait mal. Elle n’en disait rien, restait silencieuse, muette. Elle le gardait pour elle, refusant d’embêter, d’inquiéter ses proches. Mais cette fois-ci, elle n’allait pas pouvoir le cacher à Eui Geon. Son petit-ami l’avait attrapé par le bras, le serrant et la ramenant contre lui. La sonnette avait retenti, son meilleur ami était derrière la porte. Il ne manqua pas l’insulte et encore moins la claque qu’elle se prit. Il n’avait pas vu mais tout entendu. Elle savait qu’il serait hors de lui. So Yong porta sa main à sa joue rougie, les larmes lui montant aux yeux. Il était jaloux, elle le savait. Elle savait qu’elle ne devait pas mentionner un autre homme devant lui. Mais c’était Eui Geon, son meilleur ami. Elle le connaissait depuis des années et jamais rien ne se passerait entre eux. La porte s’ouvrit et le jeune homme fit irruption dans son appartement. La main de son petit-ami la lâcha et elle le vit se prendre le poing de son meilleur ami en pleine pommette. So Yong recula légèrement, titubant, toujours sous le choc de la claque. Elle regarda Eui Geon s’en prendre à son petit-ami. « Eui Geon, arrête ! » Le supplia-t-elle à plusieurs reprises. Pas qu’elle s’inquiétait pour son petit-ami mais pour Eui Geon. Il n’avait pas envie qu’il fasse une bêtise à cause d’elle. Quand il s’arrêta enfin, So Yong posa doucement sa main sur son bras, tirant doucement sa manche. « Eui Geon… » Souffla-t-elle faiblement, n’osant pas regarder son petit-ami. La jeune femme leva la tête vers son meilleur ami, se mordant la lèvre devant la noirceur de son regard. Elle prit sa main et se sentit aussitôt en sécurité contre lui. Elle ferma les yeux le temps de l’étreinte avant de les rouvrir et le suivit sans rien dire, soulagée que ce calvaire se termine enfin. So Yong s’installa dans la voiture et resta muette. Elle ne savait pas quoi dire. Elle n’osa pas le regarder, honteuse. « Merci… » Dit-elle dans un murmure, la voix brisée, tandis qu’un sanglot se fit entendre, ses épaules se secouant au rythme de ses larmes, ses mains cachant son visage.

La colère de Euigeon ne cessait d’augmenter alors qu’il frappait le petit ami de Soyong. Jamais il n’aurait pensé que sa meilleure amie puisse se retrouver dans une telle situation. Il ne comprendrait jamais les hommes qui faisaient du mal à leurs partenaires. Ce n’étaient à ses yeux pas des hommes de s’en prendre à la personne qu’ils étaient censés aimer. Ce fut pour cette raison que le jeune homme frappa de plus en plus fort le mec à terre pour lui montrer ce que ça faisait. Il était hors de question qu’il recommence et il le menaça même de le tuer s’il recommençait. Il n’était pas violent d’ordinaire Euigeon, mais quand on s’attaquait à des personnes qu’il aimait plus que tout au monde, il ne répondait plus de rien. Et il aimait Soyong comme sa sœur et malgré le fait que plusieurs personnes les verraient bien ensemble, il n’y avait entre les deux amis qu’une profonde et sincère amitié. Aucun des deux n’avait eu ne serait-ce que l’ombre d’un sentiment amoureux envers l’autre. Cependant, pour certaines personnes, et notamment le petit ami de Soyong, c’était compliqué à comprendre et concevoir qu’ils ne s’aimaient pas romantiquement parlant.
Une fois qu’il eut fini de se déchaîner sur la pauvre merde au sol, il regarda Soyong et remarqua qu’elle paraissait effrayée. Mais pourquoi ? Pour son petit ami ou pour lui ? Il haussa les épaules, ça n’avait pas d’importance pour le moment. Il l’attrapa doucement dans une étreinte et après une dernière menace, prit le chemin de la sortie, sa meilleure amie dans les bras. Il se tut alors qu’il lui ouvrait la voiture et la laissa prendre place. Il démarra sa voiture et une fois encore, le silence les enveloppa. Ce fut Soyong qui le brisa d’un « merci » avant d’éclater en sanglots. Euigeon se gara sur le côté et posa doucement sa main sur l’épaule de la jeune femme avant de se détacher pour la prendre dans ses bras. « Ne me remercie pas… » C’était normal qu’il soit intervenu. Jamais il ne l’aurait laissé dans cette merde en le sachant. « Et n’aie pas honte… C’est pas toi qui devrait avoir honte. C’est lui le connard qui devrait avoir honte. » Il caressa son dos, l’enfermant dans une étreinte chaleureuse ni trop serrée ni trop lâche. Euigeon la laissa pleurer pour se soulager.

So Yong ne s’attendait pas à ce qu’Eui Geon découvre la vérité, et encore moins de cette façon. Elle aurait préféré que ce soit d’une autre manière, qu’elle puisse le lui dire elle-même ou simplement, qu’il ne le sache jamais. Mais il était devant le fait accompli. Il avait entendu la claque, l’insulte. Il la voyait, terrorisée par son petit-ami, les larmes au bord des yeux. La suite se passa très vite et la jeune femme n’eut aucun contrôle. Elle tenta, pourtant, d’arrêter son meilleur ami. Pas qu’elle s’inquiétait pour son petit-ami, non, bien au contraire, il le méritait, mais parce qu’elle s’inquiétait pour Eui Geon. Elle le connaissait, très bien, et savait qu’il détestait au plus haut point qu’on touche à ceux qu’il aimait. Il se déchaînait et rouait de coups son petit-ami, malgré les suppliques de So Yong. Quand il se redressa, la jeune femme attrapa doucement sa manche, l’appelant de nouveau. Elle accepta l’étreinte, se serrant contre lui, se sentant en sécurité entre ses bras. Elle le suivit sans rien dire, quittant son appartement en laissant son petit-ami par terre, ne lui jetant aucun regard. La coréenne traversa le parking et s’installa en silence dans la voiture du jeune homme. Elle ne le regarda pas, gardant le silence, restant muette comme une tombe. Elle avait si honte… Pourtant, elle n’avait aucune raison de l’être. So Yong remercia le pyobeom dans un murmure avant d’éclater en sanglot, ne pouvant se retenir plus longtemps. Elle releva doucement la tête vers Eui Geon, les larmes coulant toujours à flot sur ses joues. Ses bras encerclèrent le garçon, ses doigts agrippèrent fermement et désespérément sa chemise. Elle continua de pleurer contre lui jusqu’à ce qu’elle se calme, rassurée par la présence d’Eui Geon et réconfortée par sa caresse sur son dos. Les larmes taries, So Yong renifla discrètement avant de se détacher de son meilleur ami. Elle passa ses mains sur ses yeux avant de jeter un œil à la chemise qu’elle avait mouillé au niveau de son épaule. « Ah, je suis désolée, j’ai mouillé ta chemise… » Souffla-t-elle en se pinçant les lèvres. « Je suis désolée que tu aies assisté à ça… » Murmura-t-elle en détournant le regard. Elle aurait aimé qu’il ne soit jamais au courant.

Dans la voiture, Euigeon essayait de se calmer tant bien que mal. Ses mains étaient crispées sur le volant, si bien que ses jointures étaient devenues blanches. Il n’arrivait pas à croire que ce type ait pu faire autant de mal à sa meilleure amie. Il avait eu les couilles de la frapper alors qu’il ne connaissait pas Euigeon. Mais il avait fait la connaissance d’une partie de lui qu’il ne cachait pas vraiment mais qu’il ne montrait pas non plus souvent. Cette facette de sa personnalité n’était visible que lorsqu’un membre de sa famille ou son entourage proche. Soyong n’était pas que sa meilleure amie, elle était comme une sœur pour lui et donc, son ex petit ami, parce qu’il ne tolèrerait pas qu’elle retourne avec lui après ça, avait touché à un membre de sa famille et ça c’était impardonnable. Le jeune homme savait que si Soyong n’avait pas été dans la pièce, il aurait fait plus de dégâts. Cependant, il n’avait pas voulu lui montrer quelque chose qu’il aurait regretté. Puis, il n’avait pas souhaité qu’elle ait peur de lui et de ce qu’il pouvait faire. Néanmoins, elle avait une petite idée de ses capacités quand on s’en prenait à des personnes chères à son cœur.
Il roula donc en silence, s’éloignant de l’appartement de sa meilleure amie et de ce monstre qui avait partagé sa vie quelques temps. Il finit par se garer sur le bord de la route, et ne dit rien, attendant que Soyong lui dise d’elle-même quelque chose. Il la prit dans ses bras en la voyant pleurer. Euigeon se tendit parce qu’il détestait quand ses proches pleuraient. Pas qu’il ne savait pas comme gérer les choses mais c’était compliqué pour lui dans le sens où il se savait maladroit. Alors, il laissa sa meilleure amie pleurer contre son épaule alors qu’il se préoccupait simplement de lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule et qu’il la protègerait quoiqu’il arriverait, caressant son dos en silence. Euigeon ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi avant qu’elle ne relève la tête vers lui, se reculant. Un léger sourire s’afficha sur ses lèvres alors qu’il haussa les épaules. « C’est rien ça. » Il se moquait bien que ce soit mouillé. Si elle, elle allait mieux c’était le principal. Il grimaça en l’entendant reprendre la parole. « T’as pas à t’excuser. Je suis content d’avoir assisté à ça comme tu dis… Parce que tu ne m’en aurais pas parlé de toi-même et je t’ai débarrassé de lui… » Du moins il l’espérait. Euigeon posa alors doucement sa main sur la cuisse de Soyong, la pressant légèrement. « Comment tu vas ? » Maintenant, en général ou même il y avait quelques minutes, il souhaitait simplement qu’elle puisse se sentir libre de lui parler.

So Yong aurait préféré qu’Eui Geon n’entende jamais ça, qu’il n’entende pas l’insulte et la claque qu’elle s’était prise. Elle aurait souhaité garder ça secret, ne pas le dévoiler, bien trop honteuse. Honteuse de rester avec un tel homme, honteuse de ne rien faire, de ne rien dire, par prétexte qu’il l’aimait et qu’elle l’aimait. La jeune femme ne voulait inquiéter personne, n’embêter personne avec ses soucis. Et puis, il lui promettait toujours qu’il ne recommencerait plus. Naïvement, et par amour, elle le croyait bêtement. Elle ne savait pas jusqu’où elle aurait pu aller, subir, pour lui, et continuer à se taire, à masquer les marques comme elle le pouvait, à mentir en se disant maladroite.

Mais, finalement, quand elle se mit à pleurer dans les bras de son meilleur ami, ce fut un soulagement. Toutes les larmes qu’elle avait retenues, si longtemps, coulaient enfin. Un véritable torrent se déversait. Plusieurs longues minutes passèrent avant que So Yong ne se calme, que ses larmes se tarissent. Elle recula, passa ses mains sur ses yeux et s’excusa en voyant la chemise mouillée d’Eui Geon. Elle n’avait jamais autant pleuré devant lui. C’était même sûrement la première fois qu’elle pleurait face à lui. So Yong s’excusa de nouveau, qu’il ait assisté à tout ça. Elle n’avait jamais voulu l’y mêler, pour ne pas l’embêter, le déranger avec ses soucis. Il avait autre chose à faire. Elle baissa la tête, se pinçant les lèvres, honteuse de ne jamais en avoir parlé, honteuse d’être resté auprès d’un homme qui lui faisait du mal et prétendait l’aimer. Sa question lui fit relever la tête, le regardant un court instant avant de détourner le regard. Comment elle allait ? ça faisait bien longtemps que personne ne lui avait posé la question, elle-même ne savait pas. « Je ne sais pas… » Souffla-t-elle. Elle allait mal car elle avait subi pendant des mois, mais elle allait bien aussi, car elle était auprès d’Eui Geon et elle savait qu’avec lui, on ne pouvait rien lui faire. « Présentement, bien, parce que je suis avec toi. » Dit-elle doucement. « Tout à l’heure… » Murmura-t-elle, sans terminer sa phrase, ne voulant, finalement, pas y penser. « Et toi, ça va ? » Demanda-t-elle en le regardant, le suppliant du regard pour qu’il n’insiste pas et ne lui pose pas de questions. Elle n’était pas prête pour en parler, pas de suite.

Il n’avait pas besoin de parler. Autant parce qu’il ne voulait pas forcer la jeune femme à lui expliquer ce qui se passait, que parce qu’il avait lui aussi besoin de se calmer. Il n’avait pas fait plus que le frapper que parce que Soyong avait été présente dans la pièce. S’il lui avait donné les clés de la voiture pour qu’elle aille s’y réfugier dedans, il aurait pris le temps de bien faire mal à cet enfoiré qui s’en était pris à Soyong. De quel droit frappait-il une femme ? Quel genre de sous-merde il fallait être pour le faire ? Euigeon ne comprendrait probablement jamais ce genre de comportement et c’était pour cette raison qu’il s’était tant énervé contre l’ex petit ami de la jeune femme. Mais loin de lui, et alors que le silence régnait dans l’habitacle, il arriva à se calmer. Assez pour prendre Soyong dans ses bras quand elle commença à pleurer, la berçant contre son corps tandis qu’il caressait ses cheveux. Il la laissa extérioriser ce qu’il pensait qu’elle gardait en elle depuis des semaines et attendit patiemment qu’elle prenne la parole. Ce fut pour s’excuser et il était hors de question qu’elle le fasse. Pas plus qu’elle n’avait le droit de le remercier. Son comportement était normal et c’était celui de son ex qui ne l’était pas.
Euigeon essaya de lui faire comprendre que lui était content d’avoir pu assister à la scène. Pas qu’il avait aimé la voir dans cet état-là, mais au moins, il avait pu mettre un terme à tout ce qui se passait derrière ces murs. Parce qu’il connaissait Soyong, elle n’aurait rien dit et aurait continué de vivre comme ça. Il lui demanda ensuite comment elle se sentait et sa réponse le rassura légèrement. Si elle allait bien alors qu’ils étaient ensemble ça lui allait. Avant, c’était plus compliqué, il le comprenait. La jeune femme lui renvoya la question et il comprit qu’il n’aurait pas de réponses plus poussées et qu’il ne devait pas insister parce qu’elle ne lui dirait pas forcément ce qu’il voulait entendre. Il leva légèrement les yeux au ciel et mordit dans sa lèvre pour ne pas laisser sa curiosité prendre le dessus. « Ça va… » Il détourna le regard de Soyong pour fixer un point en face de lui. « J’ai compris, je poserai pas de questions aujourd’hui… Surtout si tu veux pas en parler. Par contre, t’attends pas à ce que je reste silencieux à vie. » Mais il attendrait qu’elle soit prête à lui en parler.

So Yong s’était calmée contre son meilleur ami. Être dans ses bras la rassurait. On ne pouvait plus lui faire de mal, comme Eui Geon était là. La jeune femme s’excusa pour la chemise mais aussi pour la scène à laquelle il avait assisté. Mais, au moins, maintenant, c’était terminé. Son cauchemar était terminé. Elle n’aurait plus à mentir, à cacher les marques. Et pour ça, elle était vraiment reconnaissante envers le jeune homme. Il lui avait, d’ailleurs, très certainement sauvé la vie. Elle ne savait pas combien de temps elle aurait encore subi ça, et jusqu’où il aurait pu aller. Une claque pouvait vite se transformer en pire… Mais c’était terminé, enfin. Terminé, une bonne fois pour toute. So Yong releva la tête quand il lui demanda comment ça allait. Cette question, elle ne l’avait pas entendu depuis des mois. Ça faisait bien longtemps que plus personne ne s’intéressait à son bien-être. La jeune femme allait bien, présentement, parce qu’il était là. Tout à l’heure, c’était autre chose. Mais c’était fini. Tout était fini. Elle le supplia du regard pour qu’il ne pose pas plus de questions. Elle n’était pas encore prête pour lui en parler. Elle esquissa un maigre sourire. Elle savait bien qu’il n’allait pas garder le silence toute sa vie. « Je te promets que je t’en parlerai quand je serai prête. » Dit-elle en posant sa main sur celle de son meilleur ami, la serrant doucement. Elle ne savait pas dans combien de temps ça serait, elle ne pouvait pas le lui dire mais elle promettait de lui en parler. Elle retira sa main. « On peut aller voir le film ? » Demanda-t-elle en le regardant, petit sourire aux lèvres. C’était leur soirée à tous les deux, elle ne voulait pas que ses histoires avec son ex gâchent ça. Et puis, elle avait besoin de penser à autre chose et de simplement passer du temps avec Eui Geon.