Les cartons contenant toutes mes affaires sont peu nombreux, une grande partie de mes biens est dans un entrepôt à Busan. Hors de question de rentrer tout de suite dans ma ville. Les choses allaient bien avec Yewon, son petit ami avait même eu le courage de me demander mon aide pour nos parents… puis il y avait Nam Kyu. Le jeune homme ne serait plus mon voisin sexy désormais. Je venais de recevoir la bonne nouvelle de mon acceptation dans la fraternité des Pyobeoms. Cela me réjouissait parce que je retournais sur les bancs de l’école pour obtenir un diplôme plus en accord avec la personne que je suis devenu. Mon job au salon de tatouages ? Je poursuivais au Moon Blue Ink de façon ponctuelle alors mon carnet de rendez-vous est blindé. Les prochains mois sont bien remplis sur ce plan. Pas besoin de me tracasser pour payer ma chambre universitaire ou mes études, mon travail couvrira ses frais. Je ressens un petit pincement au cœur en quittant cet appartement parce que sans lui, mon chemin n’aurait probablement jamais croisé celui de mon pikachu. Il faudra que je lui dise pour mon déménagement. On devra se donner des rendez-vous maintenant pour se voir. Je remonte mes lunettes de vue sur mon nez puis prends la couette qui se trouvait au-dessus de la pile de cartons. Les portes du dortoir sont un peu intimidantes mais ça va aller…

Les battements de mon cœur jouent au yoyo parce que cette aventure est nouvelle. Je souhaite faire les choses convenablement… mais que deviendrai-je si jamais je me plante ? Mon book avait paru convaincre les recruteurs. Oh purée ! Je me prends beaucoup trop le chou. Une grande inspiration. Allez Yejun ! Je pousse la porte avec ma couette dans les bras. Mon champ de vision est assez réduit du coup. Quelle idée de commencer par ça ! Je dois me rendre à la chambre 4.3. Il y a quelqu’un ici ? Le silence est un peu flippant. Ils sont où ? Il y a cours en ce moment ? Comment je vais trouver mon chemin ? Je me sens perdu. Pourquoi n’ai-je pas demandé à ma frangine de m’accueillir ? J’aurai pu demander à Nam Kyu de m’aider dans mon déménagement ? Je peux le faire !! Allez ! Je dois prendre des risques si je veux avancer dans ma vie au lieu de stationner. « Il y a quelqu’un ? » Je ne vois rien avec la couette dans les bras. Je ne pouvais pas me séparer de cette beauté achetée cher parce que j’avais eu un coup de cœur pour elle. Avançant vers le couloir, je bouscule une personne. « Oh pardon ! » Je cherche à voir qui ma couette avait violemment rencontré mais mes yeux ne perçoivent pas grand-chose. « Désolé… tu as vas bien ? T’es pas mort ? »

La journée commençait plutôt bien pour Nam Kyu. L’un de ses professeurs absent, lui avait laissé la possibilité de dormir ce matin-là. De quoi prendre son temps, sans personne autour de lui. Il avait beau apprécier le fait qu’il y ai peu de silence dans cette demeure, c’était agréable de ne pas être autant entouré, aussi. Simplement accompagné de sa musique. A flâner sans avoir la pression d’être en retard en cours. Il traînait un peu, de bon matin, avait bu son café dehors, s’était perdu un moment dans ses pensées, certainement trop tournées vers son voisin. C’était bien plus agréable que de se rappeler ce quotidien, cette fatigue qu’il accumulait sans vouloir le montrer. Toutes ces choses à faire pour continuer de survivre dans un monde ou il avait souvent du mal à trouver sa place. Après avoir passé un moment sur son ordinateur, il s’était décidé à commander à manger, vu le piètre cuisinier qu’il pouvait être. Rares étaient les autres étudiants présents au dortoir, ce qui lui laissait l’espace nécessaire de faire ce qu’il voulait, sans penser aux autres. L’odeur de friture en aurait agacé plus d’un, mais il pouvait se le permettre sans remontrance. De quoi égayer un peu plus sa journée. Parti s’enfermer dans la salle de bains pour se préparer après avoir mangé, Kyu continuait inlassablement de faire les choses dans un rythme lent, plaisant. Il aurait pu se dépêcher, en profiter pour aller vendre quelques doses ou étudier, mais pour une fois qu’il pouvait simplement se laisser aller, il avait sans réfléchir choisi cette option là.

Ca faisait près d’une demi-heure, qu’il occupait la salle de bains. Passant un long moment sous une eau brûlante, de quoi le détendre plus qu’il ne le fallait. Mais il fallait bien qu’il fasse quelque chose de constructif pendant ce temps libre, avant d’aller à la fac pour son unique cours de la journée. Il s’était habillé, laissant traîner quelques affaires qui finiraient bien par atterrir dans sa chambre, et avait regagné le couloir, l’esprit toujours ailleurs. Ses écouteurs dans les oreilles, il fredonnait la mélodie qui parvenait à lui, ses yeux mi-clos l’empêchant de voir correctement devant lui. Après tout, il connaissait le chemin par coeur, n’avait pas besoin d’une attention particulière pour retourner vers son lit. Mais c’était sans compter une présence qu’il n’avait pas prévu, et cette collision qui le sortait irrémédiablement de ses pensées. « C’est quoi c’bordel ? » grommelait-il, retirant un de ses écouteurs. La voix parvenant à lui ne lui était pas inconnue, mais elle paraissait impensable dans cette maison. « C’est une blague ? » A ces mots, il prenait dans ses mains la couette que tenait celui qui venait de le bousculer, alors qu’un large sourire venait prendre place sur son visage en découvrant celui de son vis-à-vis. « Ye Jun ? Mais… qu’est-ce que tu fous là ? Attend, laisse moi deviner. J’te manquais trop alors t’es venu squatter mon lit ! » Malgré cet engouement certain, la surprise se lisait clairement sur son visage. Et sans le contrôler réellement, même avec cette couette dans les bras, il s’était jeté dans les bras de son voisin, nichant sa tête dans son cou. « J’sais pas c’que tu fous là, mais j’suis content de t’voir. »

Je me sentais un peu étrange de dire « au revoir » à mon appartement séoulite pour aller prendre mes quartiers dans les dortoirs de la fraternité que je venais de rejoindre : les Pyobeoms. Une page se tournait pour en écrire une nouvelle. Une aventure qui me motivait mais je craignais encore de ne pas avoir pris la bonne décision. Je n’abandonnais pas mon poste au salon de tatouages, sauf que je prenais le risque de me mettre en danger en retournant sur les bancs de l’université. Est-ce que cela allait fonctionner ? Est-ce que je ne perdais pas mon temps ? Il y avait une tonne de questions qui tournaient dans ma tête comme une ritournelle tandis que je faisais mon entrée dans ce dortoir. Ce serait désormais mon « chez moi ». Jamais j’avais partagé mon espace de vie avec autant de personnes alors j’appréhendais un peu. Comment seront-ils ? Est-ce que je saurai construire des liens avec eux ? Comment je ferai pour voir Nam Kyu ? Adieu notre jeu ! Il serait compliqué de se chercher maintenant que je ne vivais plus à côté de chez lui. Je secouai la tête pour chasser mes pensées. Il me reste du temps pour me prendre le chou, avant mon objectif se résume à trouver ma chambre.

Les bras chargés de ma couette, je ne voyais pas franchement ce qui se passait devant moi surtout que j’avais aussi un coussin dans ce gros paquet. Il est donc pas surprenant que je bouscule quelqu’un avec mon barda. Je me tords le cou pour découvrir ma victime mais celle-ci est comme une apparition. La voix qui grondait de l’autre côté de la couette me paraissait familière. Je fronçais les sourcils en émettant des hypothèses sur son propriétaire. Nooooooon… cela ne pouvait pas être lui ?! Qu’est-ce qu’il ferait ici ? « HEY » Je laisse échapper cette exclamation quand l’inconnu prend de mes mains ma couette et mon coussin. Mes yeux s’arrondissent comme des soucoupes quand ils aperçoivent mon vis-à-vis : Nam Kyu. Les mots se bousculent dans ma gorge sans être capables d’en sortir pour former une phrase, il y a pourtant de nombreuses questions que je voulais lui poser. Apparemment lui aussi. Sa remarque me fait sourire. « Ou… » Je ne peux pas finir ma phrase parce que le jeune homme me saute dans les bras pour me serrer contre lui. Ce geste spontané fait fondre mon cœur ainsi que ma personne. Je le serre dans mes bras, abandonnant mon barda. Son souffle dans mon cou me colle la chair de poule… mais qu’est-ce que j’aime ça ? Je caresse son dos tout en souriant. « Pourquoi t’es ici toi ? » Ma main prend possession de sa nuque pour laisser mes doigts jouer avec ses cheveux. « Je vais croire que tu me stalkes. » Je me marre parce que le destin semblait insister pour nous mettre sur le chemin de l’autre chaque fois que cela était possible. « Je reprends mes études… et j’ai été admis ici. » Je recule pour plaquer sur le coin de sa bouche un baiser. « Je suis heureux de te voir parce que j’ai dû déménager… et je ne savais pas comment te prévenir. Je stressais de ne pas savoir quand je pourrais te revoir. » Je me baisse pour reprendre ma couette. « Tu traines souvent dans le coin ? Je pourrais espérer te voir souvent ou pas ? » Subitement je me stoppe. « Attends ! T’es pas venu rendre visite à ton copain ou ta copine ? »

Ca semblait déjà devenir une habitude. Croiser son voisin, passer un moment avec lui, reprendre le cours de leurs vies, jusqu’à la prochaine rencontre. Quelques jours, une semaine peut-être, s’était écoulé depuis cette nuit qu’ils avaient passé ensemble. Qui laissait un doux souvenir dans l’esprit de Kyu. Une simple nuit à l’avoir dans ses bras, et dormir plus paisiblement qu’à l’accoutumée. Puis il était revenu au dortoir, reprenant sa vie d’étudiant. Un quotidien qu’il s’imposait lui-même s’il voulait un jour réellement s’en sortir, mais qui ne lui ressemblait pas tant que ça. C’était bien plus simple, de seulement traîner dans ces soirées, vendre quelques doses pour se faire de l’argent. De continuer ses quelques magouilles sur internet pour avoir de quoi terminer le mois. Mais quelque part au fond de lui, ce n’était pas ce qu’il voulait. Il prenait bien des risques, mais se refusait encore l’idée de finir dans le même trou à rats que son père. Alors il faisait encore en sorte de paraître comme tout le monde, bien qu’il sortait souvent du lot. Il était encore là, quatre ans après s’être décidé à se sortir de la misère. Il s’en étonnait parfois lui-même, mais tentait encore de se donner les moyens de parvenir à cet objectif.

Mais cette vie étudiante semblait vouloir lui apporter quelques surprises elle aussi, alors qu’il se retrouvait à nouveau face à Ye Jun. S’il y avait un endroit ou il pensait ne jamais le voir, c’était bien ici, et pourtant. Voilà qu’il était là, une couette dans les bras, semblant s’installer dans le même dortoir que lui. Une étreinte qu’il n’avait su retenir, alors que malgré la surprise, un large sourire ornait ses lèvres. « Hmm… J’crois bien que c’est toi qui me stalk. J’vis ici. » répondait-il simplement, ce regard enjoué qu’il posait sur son voisin. Et Kyu ne semblait pas au bout de ses peines, alors qu’il apprenait que Ye Jun aussi, allait vivre ici. Ses yeux s’étaient écarquillés sous cette nouvelle qu’il pensait presque irréelle. « Attend, tu t’installes vraiment ici ? » On pouvait sentir tout un engouement face à cet aveu, une malice certaine prendre place. « Hé bah, je crois que tu vas finir par me voir tous les jours. J’me demande presque si tu l’as pas fait exprès. » Il s’en amusait, quelque part, mais avait encore du mal à y croire. Une telle coïncidence était folle. Même dans son esprit tordu, jamais il n’aurait cru que cela puisse se produire. A sa question, Kyu avait pris un air faussement outré, ses sourcils s’étant froncés un instant, avant qu’il n’attrape ses hanches pour l’attirer contre lui. « Pas que je sache. Il me semble même que t’avais parlé de … de quoi déjà ? D’exclusivité ? » Peut-être s’amusait-il de la situation, mais il était comme ça. On pourrait croire qu’il prenait les choses à la légère, tout le temps, mais ce n’était pas toujours le cas. Se reculant un peu, il continuait de l’observer. « Mais attend… Autant c’est toi qui vient voir ton mec et tu veux pas m’le dire ! » Il espérait que non, au fond de lui. Mais finalement, même les idées les plus folles devenaient envisageables.

Comment vais-je pouvoir contrôler les battements affolés de mon cœur alors que mon regard aperçoit la silhouette de mon voisin ? La joie me submerge en le voyant. Dire que je déprimais à cause de mon départ parce que je ne savais pas quand nos chemins se croiseraient. Le destin décidait de mettre sur ma nouvelle route le beau jeune homme qui me faisait perdre la raison. Pas de doute nous devons avoir un chemin commun pour que cela nous arrive aussi souvent. Pourquoi il se trouve dans les dortoirs des Pyobeoms ? Aucune idée mais cela me rend franchement heureux de le voir. Cet homme apporte un souffle nouveau dans mon existence auquel je ne m’attendais pas. Il a conquis mon cœur, même si je tente de me persuader du contraire tous les jours. Comment pouvais-je rester de marbre alors qu’il saute dans mes bras pour un câlin ? Ce geste impulsif fait exploser de joie mon cœur. J’abandonne ma couette, mon coussin pour le serrer contre moi. J’aime quand il niche sa tête dans le creux de mon cou. Son souffle me caresse ma peau, et elle se couvre alors de chair de poule. Comme j’aime cette façon ! Une question cachée derrière une plaisanterie à laquelle il répondit avec humour. Il vivait ici ? Sérieusement ?! On allait vivre sous le même toit ? On venait de perdre complètement mon cœur ainsi que ma raison. Ils se prirent la main avant de faire un saut dans le vide. La sensation est vertigineuse. Nooooon tout paraissait trop beau pour être vrai. Il y avait bien des cadavres dans le placard ? Des choses honteuses ? Les miennes avaient presque été mises sur la table lors de nos conversations. Je lui raconterai celles qu’il ne connaissait pas encore. « Oui… j’occupe la chambre 4.3. » Mes joues prennent une douce teinte rosée en imaginant tous les moments où on pourrait se croiser ou passer ensemble. « Il se peut que cela me fasse plaisir de te voir aussi souvent… » Je haussais les épaules de façon désinvolte en lui avouant ça. « Avant de débarquer ici, je m’inquiétais de ne pas t’avoir vu… et par conséquence de ne pas pouvoir te parler de mon déménagement. » Je le taquinais concernant la possible raison de sa présence entre ces murs. Ses mains sur mes hanches. Le soupir de bien-être que je laisse échapper. Mes mains qui se posent sur son torse, jouent avec son haut. Je sourie pendant qu’il me parle de mon souhait d’avoir l’exclusivité. Il avait pris ça au sérieux ? En prendre conscience me fit le plus grand bien. Nam Kyu ne jouait pas avec moi. Ses intentions étaient sincères. Je boude quand monsieur recule. Moi j’aime quand il se tient près de moi. Sa remarque me fait rire. Comment peut-il imaginer une seule seconde que ma présence ait un lien avec un autre que lui ? Je tendis la main pour passer mes doigts dans ses cheveux. « Je suis démasqué. » Je caresse sa joue tout en le regardant droit dans les yeux. « Je suis venu ici pour y voir le garçon qui me plait. » Je me penche pour embrasser ses lèvres tendrement mais je me stoppe à quelques millimètres de celles-ci. Je me baisse pour reprendre ma couette et mon coussin. Je lui fourre tout dans les bras. « Aide-moi à trouver ma chambre que l’on aille tester le lit. Je veux savoir si tu pourras dormir avec moi au lieu de dire des âneries. » Je le laisse me guider dans cet endroit nouveau tout en souriant. Il est bête d’imaginer que je puisse vouloir d’un autre. Je donne une petite tape sur ses fesses. « Hmmm… c’est bien ferme ! »

Pour ses plus proches amis, il aurait été étrange d’entendre Nam Kyu parler d’exclusivité. Ca ne lui avait jamais réellement ressemblé. Il avait toujours été assez volage, à collectionner les histoires qui ne duraient jamais bien longtemps. Mais jamais personne ne l’avait autant tapé dans l’oeil que son voisin, désormais camarade de fraternité. Jamais personne n’avait réussi aussi rapidement à capter son attention, ne lui avait autant donné envie de le revoir. Et c’était sûrement pour ça, qu’il avait accepté aussi facilement la requête de Ye Jun. Ca et le fait que ça puisse être pareil pour lui, qu’il ne laisserait personne l’approcher non plus, pas de la même façon que lui, en tout cas. C’était rassurant pour son coeur, qui s’emballait déjà à l’idée de pouvoir le voir plus souvent encore. Savoir qu’il serait pas loin, sous le même toit. C’était si grisant, même s’il peinait encore à y croire. « T’aurais pu glisser un mot sous ma porte, au cas où. » répondait-il simplement, haussant ses épaules avant de l’attirer à lui. C’était toujours aussi plaisant, de le voir, de le sentir contre lui. Il appréciait ce contact, bien plus encore qu’il ne le montrait. Son sourire s’étirait sur ses lèvres, alors qu’il écoutait simplement Ye Jun lui répondre. Et quelque part, il aimait la façon qu’il avait de le faire, était déjà prêt à en jouer. « C’est qui ? Que j’aille lui péter les dents. » lançait-il, presque désinvolte. Mais sa façon d’agir, de s’approcher de lui comme s’il allait l’embrasser, avant d’esquiver ce contact le faisait vriller intérieurement. Les affaires de son voisin dans les bras, il était resté interdit quelques instants, avant de commencer à marcher dans le couloir. Pour autant, cette légère frustration restait là, bloquée en lui. Cette tape le faisait un peu plus sourire, alors qu’il lui lançait un regard aguicheur. « C’est que pour toi bébé. » il lui offrait un clin d’oeil, pour souligner sa phrase, faisant quelque pas de plus avant de s’arrêter. D’un geste rapide, Kyu essayait de caler tout ce qu’il avait dans un de ses bras, laissant au passage tomber un coussin, puis avait attrapé le bras de Ye Jun pour l’attirer encore une fois contre lui. Et sans attendre de réaction, il déposait ses lèvres sur les siennes. Un baiser qu’il lui offrait, alors que son vis-à-vis pouvait sentir ce rictus qui ne le quittait pas. Se redressant, fier de lui, il observait Ye Jun, l’air de rien. « J’aime pas qu'on m’fasse languir pour ça. » avait-il simplement lancé, avant de reprendre sa route jusqu’à la chambre qu’il lui avait désigné. « Voilà ta nouvelle demeure ! » lui adressait-il, avant d’entrer. Posant les affaires sur le seul lit qui semblait vide, il se tournait vers Ye Jun. « J’suis dans la chambre du fond, si jamais t’arrives pas à retrouver la tienne, tu sais ou aller. » Son regard se faisait un peu plus enjoué. Une invitation pour qu’il puisse venir le voir quand il le voulait. Et l’idée lui plaisait grandement, même si au fond de lui, Kyu savait que ses colocataires ne seraient pas toujours du même avis. « J’te fais visiter le reste, ou tu veux d’abord tester ton nouveau lit ? » demandait-il un sourcil relevé, cet air aguicheur qu’il reprenait. C’était plus fort que lui, cette situation l’amusait autant qu’elle le surprenait.

Je ressens une certaine excitation envers ce jeune homme parce qu’il me semble sérieux quand il évoque le terme « exclusivité » dont nous avons déjà parlé. Une partie de moi ne pensait pas que Nam Kyu respecterait cette condition. C’est un homme canon qui pourrait avoir qui il veut juste en claquant des doigts. Pourquoi se prendrait-il le chou en restant avec moi ? Aucune idée ! Cependant je suis bien heureux que toute son attention soit pour moi. Désolé les autres… Je suis heureux que nous puissions nous voir autant que nous le voulions maintenant. Le destin avait choisi une voie surprenante pour nous. Jamais je n’aurai cru que mon adorable Pikachu soit étudiant chez les Pyobeoms. Mince ! Cela voulait dire aussi qu’il connaissait ma sœur ? Oups ! Pourvu que leur lien ne soit pas trop chelou ou tendu sinon je ne saurai pas comment me comporter. La raison me soufflait que je prendrai le parti de ma frangine mais mon cœur me murmurait que seul Nam Kyu me rendait le sourire alors pourquoi ne pas être de son côté. On va juste prier pour qu’ils ne se détestent pas. Je profite d’abord de nos retrouvailles imprévues avant de me prendre la tête avec ça. « Ah oui… je n’y avais pas pensé. » Mon esprit carbure assez pour ne pas envisager les solutions les plus faibles. Nous nous taquinons sur les raisons de notre présence dans ce dortoir. Je lui fais croire quelques minutes que je viens rendre visite à mon copain, mais je parle en faites de lui. Je ronronne presque tandis que Nam Kyu se montre possessif. Que j’adore ses réactions ?! Il a dû comprendre que je jouais mais au lieu de me repousser en disant que ce n’est pas amusant, il entre dans le jeu. Je lui avais fourré dans les bras mes affaires puis donner une tape sur ses fesses rebondies. Je me souvenais de la nuit passée entre ses bras. Il avait un corps à faire baver d’envie même les dieux grecs. Je secouais la tête pour en chasser les images troublantes qui y naissaient. Sa remarque ne m’aida pas du tout pour me concentrer sur autre chose. Nous avancions dans le couloir quand il se stoppa pour m’attraper et presser ses lèvres contre les miennes. Je le sens sourire pendant que nous nous embrassons. « Je le note mais pas sûr de retenir cette leçon tout de suite. » Evidemment que je vais encore le languir parfois. Je veux être une obsession pour lui. Je ne devrais pas aimer autant jouer avec lui parce que cela va m’entrainer dans une relation dont je ne veux pas – ouais, ouais on y croit tous. Mes yeux parcourent ma nouvelle chambre tandis qu’il pose mes affaires sur le seul lit disponible. « C’est bien plus pratique pour retrouver sa chambre quand on est perdu. » Je lui fais un clin d’œil. « Il faut voir si on ira au fond des choses. » Purée quel jeu de mots pourri ! « Je retiendrai où se trouve ta chambre, ne t’inquiète pas. » Je souris avant de réfléchir à sa proposition. « Hmmmm… » Je m’approche pour jouer avec ses bras en les caressant. « Fais-moi visiter… tu n’as pas encore mérité de tester mon nouveau lit. » Je me défais de ma veste que je pose sur mon matelas nu. « En plus j’ai encore des affaires à ramener ici. Il y a trois ou quatre cartons qui attendent devant les portes. Quand on aura fini tout ça, on pourra se poser sur le lit. » Je le regarde. « Comment ça se passe la vie ici ? »

Son sourire restait là, bien ancré sur ses lèvres. Le destin semblait vouloir les réunir, un peu plus à chaque fois. S’il s’estimait déjà heureux d’avoir Ye Jun comme voisin, cette sensation s’était décuplée de le voir rejoindre la même fraternité que lui. Il allait pouvoir voir tous les jours celui qui l’attirait, celui qui lui donnait envie — pour la première fois — d’imaginer qu’il puisse avoir une relation normale avec quelqu’un. Mais sa possessivité était déjà bien présente. Incapable de renier sa véritable nature. Et même s’il semblait reprendre ce jeu avec son voisin, il y avait une certaine franchise dans ses mots. Dans ses gestes aussi, alors qu’il n’avait su retenir cette envie de l’embrasser, de retrouver ce contact. « J’te le remémorerais autant de fois qu’il faudra. » avait-il répondu, cet amusement dans la voix. Pas sûr que Ye Jun soit prêt pour voir cet aspect de lui, mais Kyu restait quelqu’un de spontané. Parfois à outrance, sans pouvoir le mesurer. Mais ça faisait ce qu’il était. Et ce même si ça avait pu faire fuir plusieurs personnes de son entourage. Ca ne semblait pas être le cas de Ye Jun, pas encore. Et au fond de lui, il espérait que ça dure. Qu’importe cette peur qui pouvait naître en lui, de finir par tomber véritablement amoureux. De laisser son coeur s’emballer davantage à chaque fois qu’il pouvait le voir. Cette carapace qu’il s’était créé dans le domaine de l’amour s’était fissurée, et il n’était pas sûr qu’il puisse y faire grand chose désormais. Finalement arrivés dans la chambre recherchée, il s’était rapidement débarrassé des affaires qu’il avait dans les bras, reportant toute son attention sur le nouvel arrivant dans la fraternité. Un sourcil haussé, il avait ce sourire en coin à entendre ses remarques, s’en amusait une fois de plus, en fin de compte. « T’as pas envie d’aller au fond des choses avec moi ? » demandait-il, enjoué. Ce sous-entendu certainement trop appuyé, même s’il savait, s’il avait compris, que tout ne se ferait pas du jour au lendemain. C’était peut-être aussi une manière de le charrier, un peu, de continuer sur la lancée de ce jeu initié à leur première rencontre. « Je l’ai pas encore mérité ? Qu’est-ce que j’dois faire pour ça alors ? » Il était aisé de voir que Kyu flottait dans un nuage de bonheur, même s’il aurait voulu le cacher. Ses mains s’agrippant à ses hanches, il le rapprochait de lui, son visage seulement à quelques centimètres du sien. « J’aurais droit à quoi comme récompense si je t’aide ? » Question qui n’attendait pas de réponse, il allait l’aider, même s’il n’aurait rien en échange. Attrapant sa main pour le guider vers l’entrée, il ne perdait pas de temps pour aller récupérer le reste des affaires de Ye Jun. « La vie ici ? Hmm… » Il restait silencieux un léger instant, réfléchissant à la meilleure manière de définir ce que signifiait vivre ici. « J’vais pas mentir, c’est souvent un peu la folie ici. En même temps on est quand même nombreux. Fais gaffe à la salle de bain, elle est tout le temps blindée le matin. Mais si tu veux gagner du temps, tu peux toujours prendre ta douche avec moi. » A ces mots, il jetait un coup d’oeil amusé à Ye Jun, continuant sa route jusqu’à l’entrée. « Sinon, y’a souvent des soirées organisées le week end, aussi. Ah et faut être gentil avec Sawan, c’est la présidente de la frat. Mais tu verras, c’est la meilleure. » Difficile de dire le contraire, alors qu’il la connaissait depuis si longtemps. Qu’elle le supportait depuis l’adolescence, et qu’il comptait sur elle depuis tout ce temps.

Ce jeune homme avait-il des pouvoirs lui permettant de rendre mes journées plus belles quand il se tenait dans mon champ de vision ? Mon cœur avait de petites ailes qui poussaient sur ses côtés tandis que Nam Kyu jouait au mec possessif mais aussi dominant. Je me surprenais à apprécier ce type de réactions alors que normalement cela me ferait flipper. Son beau sourire devait parasiter mes pensées et mon sens de la raison. Quelle autre explication possible ? Je souriais alors qu’il venait juste de réclamer son bisou, rougissant même de sa réaction. Suis-je un stupide adolescent amoureux ? Les deux premiers termes me conviennent, le dernier un peu moins… mais je suis toujours bloqué au stade « non, non, plus jamais amoureux » alors que je suis clairement au niveau « waouh ?! il est trop beau *bave* c’est mon copain, non ? » Je suis encore aveugle à cette réalité. Peut-être que Yewon ou Il Kyang pourront me faire ouvrir les yeux sur ça. Nous y penserons plus tard parce que nous devons ranger mes affaires maintenant. Nam Kyu se débarrasse rapidement de celles-ci pendant que je le taquinais sur la suite des choses. Sommes-nous capables de faire autre chose que jouer ensemble ? Oui on le peut, mais est-ce que nous le voulons ? La véritable question est ici. Je hausse les épaules avant de lui répondre ainsi il pourra croire que je ne suis pas emballé pour aller plus loin avec lui. Il marche ? Il court ? Il plonge ? Il me taquine surtout. Ce n’est pas croyable ?! Les rôles changent encore ? « Bien sûr que je veux aller au fond des choses avec toi. » Je lève les yeux au ciel parce que c’est une évidence. « Je te pondrai bien une liste de choses que tu pourrais faire… sauf que je veux plus être sage. C’est pas mal d’être un vilain garçon parfois. » Une petite langue rose pointe entre mes lèvres. Je détourne la conversation parce que je suis bien trop heureux de le voir ici, et je pourrais abaisser toutes mes barrières. Il me prend la main avant de nous diriger vers l’entrée. J’écoutais son avis concernant la vie parmi les Pyobeoms. « Hmmmm… » Je prends note que la salle de bain sera un détail compliqué dans la routine matinale. « Note bien que tu as interdiction de prendre une douche avec une autre personne que moi. Je suis le number one, et je squatterai tous tes créneaux pour la douche. » Moi aussi je peux être jaloux, et possessif. Je hoche la tête pendant qu’il parle de la présidente. « Elle est mignonne ? T’es sorti avec elle ? » Ouais je devrais me taire parfois. « Tu connais Kim Ye Won ? » Aucune information en plus. Je veux voir ce qu’il dira sur elle. Attention je pourrais mordre s’il est pas gentil envers ma sœur chérie. Je prends deux gros sacs de vêtements puis pointe deux cartons. « Il y a que ça… si tu es sage, on pourrait essayer le lit ensuite. »

C’était assez simple, de faire replonger Kyu dans ce jeu auquel ils jouaient depuis leur rencontre. Un mot, une réaction, et il plongeait, les yeux fermés. Ye Jun ne le laissait pas indifférent, mais à chaque rencontre, chaque retrouvaille, tout semblait se décupler en lui. Cette envie de le voir, passer du temps avec lui. Apprendre à le découvrir, le taquiner, jouer… Il appréciait de plus en plus ce qu’il se passait entre eux, à tel point que même cette exclusivité demandée plus tôt par son voisin semblait devenir une évidence pour lui. De toute façon, Kyu n’avait que lui en tête, aussi perturbant que cela puisse être. Et peut-être essayait-il de lui faire comprendre, dans ses gestes, dans ses mots. Même s’il n’était clairement pas le plus doué pour ça. Sourire sur les lèvres, il riait de la réaction de Ye Jun, haussait ses sourcils d’un air aguicheur. « Qui sait, tu peux toujours demander avant qu’on aille au bout des choses. J'accepterais peut-être de faire quelques trucs de ta liste. » En même temps, il resserrait un peu son étreinte, quelques secondes tout au plus, avant de le guider à travers le dortoir. Kyu n’était pas le plus doué pour présenter la fraternité, ce n’était de toute façon pas son rôle. Mais il essayait, du mieux qu’il pouvait. Sans pour autant le faire fuir. Alors il tentait de trouver ses mots, même s’il ne faisait pas la meilleure présentation de sa fraternité. Il aurait de toute façon tout le loisir de lui montrer ce que c’était, de vivre ici. Son regard posé sur lui, il aimait voir la possessivité dont Ye Jun pouvait faire preuve. De cette façon, il avait le sentiment d’être important, réellement apprécié, aussi. Son coeur s’emballait même à cette idée, alors qu’il resserrait sa main dans la sienne. « T’es bien le seul avec qui j’ai envie d’prendre mes douches. » répliquait-il simplement, mordillant sa lèvre rien que d’y penser. Mais il n’en était pas encore question, pas dans l’immédiat. Il était préférable pour lui de se concentrer sur ce qu’ils faisaient ; ramener toutes les affaires de Ye Jun dans sa chambre. « Quoi ? Sortir avec Sawan ? Ah non, j’pourrais pas ! C’est comme ma soeur ! On s’connaît depuis qu’on est ado je crois ? » D’aussi loin qu’il s’en souvienne, en tout cas. « Ye Won ? Ouais, on a fait quelques soirées ensemble. Elle a l’air cool, mais un peu distante avec les gens en c’moment. J’crois elle est dans un bail chelou avec un autre mec de la frat. Tu la connais ? » A croire qu’il connaissait toutes les histoires qui se tramaient dans cette maison. Du moins, tout ce qui touchait de près ou de loin aux quelques personnes à qui il était réellement attaché. Arrivant à l’extérieur, Kyu avisait ce qui restait à ramener dans la chambre, récupérait rapidement les deux cartons que Ye Jun lui désignait. « J’t’ai déjà dit que j’suis toujours sage. » répondait-il amusé, refaisant le chemin inverse jusqu’à la chambre. Prenant le temps qu’il fallait pour remonter à l’étage des chambres, posant ce qu’il avait dans les bras dans un coin, il reportait toute son attention sur Ye Jun, toujours ce sourire aux lèvres. « Tu veux que j’te fasse une visite complète ? » demandait-il, cherchant encore son contact. « J’peux déjà te montrer ma chambre, et les quelques pièces secrètes qu’on a au dortoir. »