Tu regagnes le dortoir après ta promenade avec Rox. Lorsque tu es avec ton chien, tu n'es pas le même. En journée tu joues des étudiants modèles et le futur héritier parfait. Quand tu es au sein de la fraternité tu préfères endossé le rôle de diablotin. C'est lorsque tu es avec Rox que tu te permets d'ôter les différents masques que tu portes. Avec lui, en dehors ou dans ta chambre, tu es un vrai gosse, totalement gaga. C'est d'ailleurs à lui que tu te confis le plus. Encore aujourd'hui tu as eu une longue discussion avec lui. Le sujet : quel soda ramenait à ton colocataire Yeosang ? Etrangement tu t'es rapidement entendu avec lui, il faut dire qu'il est aussi bizarre et gamin que toi. Tu passes beaucoup de temps avec lui, que ce soit à faire des soirées tranquilles affalés sur vos lits, à la bibliothèque pour étudier ou quelques fois des sorties en ville. Il vient aussi promener Rox avec toi le week end et vous en profitez pour refaire le monde. De toutes les personnes de la fraternité c'est surement celui dont tu es le plus proche. Il faut dire que partager une chambre à créer des liens. Avant d'arriver ici, tu n'avais jamais dormi dans la même chambre d'un autre être humain. Tu avais plutôt l'habitude de vivre dans le luxe, un matelas confortable, un petit déjeuner servi et aucune corvée ménagère. La vie d'étudiant est bien différente de ce que tu as connu, mais tu t'y es vite adapté. Aujourd'hui tu ne regrettes pas d'avoir quitté le cocon familiale. Tu as l'impression de gouter à la liberté et tu commences à comprendre pourquoi ton frère et ta sœur sont partis. Enfin tu n'es pas prêt de renier tes parents, pour l'heure tu profites simplement de cette accalmie dans ta vie. Tu as décidé de prendre un pack de limonade et c'est fièrement que tu entres dans la chambre brandissant ton trésor comme un pirate.

« Yeosang ! Regarde ce que j'apporte ?! Elles sont fraiches ? t'en veux une ? »

Tu lâches Rox, qui s'empresse d'aller saluer ton ami. De ton côté, tu n'attends pas sa réponse pour ouvrir une bouteille et en boire une gorgée. Tu as un gros souci, tu bois et mange n'importe quoi, n'importe quand. Ton péché mignon c'est le sucre. Tu es capable de faire un repas de bonbons sans sourciller. Aussi cela ne te dérange pas d'avaler une boisson sucrée à cette heure avancée de la soirée. Tu rejoins ton chien près de Yeosang et tu lui tends un exemplaire. Tu as surement une mauvaise influence sur lui, comme sur la plupart des gens que tu fréquentes. Tu t'assoies sur son lit sans gêne pour te mettre à papoter avec lui. En général tu ne parles pas trop de toi, ni de tes journées, cependant avec ton coloc c'est différent. Avec lui une conversation banale peut rapidement se transformer en aventure. Aussi tu débutes, comme si tu comptais une épopée.

« Tu ne sais pas ce qui m'est arrivé aujourd'hui ? Une fille m'est tombée dans les bras...Je veux dire littéralement. Elle tombait dans les escaliers et je l'ai rattrapé comme si c'était une princesse. »

Joignant l'acte à la parole, tu te laisses tomber dans les bras de Yeosang en riant, pour lui faire une démonstration en direct.

Confortablement assis sur son lit, son herbier entre les mains Yeosang s’atèle à la tâche difficile de coller la dernière pièce de sa collection au papier immaculé. Les sourcils froncés le botaniste se concentre durant quelques secondes de plus, avant de finalement coller la feuille d’érable du Japon sur son herbier. Immédiatement après un immense sourire se dessine sur les lippes rosées de l’étudiant, qui admire son œuvre avec une fierté non dissimulée. Mais, alors qu’il commençait tout juste à ranger ses affaires, une tornade vivante s’engouffra dans sa chambre. Il s’agissait alors de son colocataire Azriel et de son compagnon le plus fidèle Rox. Le chien n’attendit guère l’approbation pour son maître pour sauter sur l’ancien renard et réclamer des caresses. Son envie fut rapidement exaucée et après seulement Yeosang se concentra enfin sur son ami. « Oh ! Tu as apporté des limonades !? » questionne-t-il bêtement avant de tendre les mains « J’en veux ! J’en veux ! » dit-il en sautillant sur son lit pour marquer son envie pressante de se délecter de cette boisson sucrée. Ainsi, lorsque son colocataire lui tend son due, il lui faut alors que quelques secondes pour se jeter ni une ni deux sur sa boisson, laissant le liquide sucrée et acide couler dans sa gorge.

« Aaaah, c’est si bon. » soupire-t-il d’aise avant de déposer la bouteille encore remplis sur sa commode. Il en profite aussi pour ranger son herbier dans le compartiment inférieur et balayer d’un revers de main tous les résidus végétaux de son lit. Une fois ceci effectué, il concentre à nouveau toute son attention sur Azriel ou du moins son colocataire ne lui en laisse pas le choix celui-ci se laissant retomber dans ses bras. Sous l’effet de surprise, Yeosang manque de le laisser tomber et il se met à rire lorsque le poids lourd qu’est son ami tombe dans ses bras. « Azriel ! Tu aurais pu te faire mal ! » le réprimande-t-il avant de se reculer légèrement, entraînant la chute totale du jeune homme sur le matelas. Le beolsae se met à rire, se délectant de la mine surprise et renfrogné d’Azriel avant de se pencher au dessus de sa tête et demander « Et ensuite ? Elle t’a remercié ? Elle t’a demandé d’aller boire un bubble tea avec elle ? Elle était comment ? Grande ? Petite ? Et ses yeux ? » le bombarde-t-il visiblement fortement intéressé par son histoire.

Ce qu'appréciait Azriel avec Yeosang c'est qu'il avait le même côté enfantin que lui, en tout cas à l'abri des quatre murs de leur chambre. Lorsque son colocataire avait sautillé sur le lit, le futur médecin s'était avancé vers lui tel une gazelle apportant le graal à un lion. Après avoir chacun bu une gorgée, Azriel avait débuté le récit de son histoire. Il savait que son colocataire serait curieux d'en apprendre plus et comme souvent les deux beolsae partageaient leurs journées respectives. L'héritier aurait pu faire acteur s'il avait voulu. Il était doué pour jouer des rôles et il était plutôt expressif. Il avait même allié l'acte à la parole, se laissant tomber sur Yeosang en riant. Ce dernier l'avait rattrapé, ou plutôt reçu de force dans les bras. Azriel avait fait la moue d'un enfant à moitié désolé à la réprimande de son ami. C'est vrai qu'il n'était pas du genre gêné avec lui. Il faut dire qu'il avait besoin d'extérioriser. Après avoir passé la journée à jouer les étudiants modèles, le soir il se permettait de se lâcher dans l'intimité de leur chambre. Du haut de ses 19 ans il était encore un gamin, trop souvent brimé par les dogmes inculqués par son père.

Aussi quand il se retrouvait avec son colocataire, il se permettait d'être lui, soit un grand adolescent incapable de tenir en place. Yeosang l'avait lâché et il avait fait une grimace déçue, miment de s'être fait mal, alors qu'il était juste retombé sur le lit. Il avait alors ri quand le visage de son coloc était apparu au-dessus lui, le bombardant de questions. Sans perdre son sourire, il s'était redressé, s'asseyant sur le lit en tailleur. Rox les avait rejoint. Azriel n'était pas assez mature pour se soucier de la gêne occasionnée par son chien sur le lit de Yeosang. Il savait que ce dernier aimait les chiens et il ne s'était jamais plaint. Rox était certes envahissant, cependant il était propre et n'avait jamais fait de bêtises, comme faire pipi sur un oreiller ou mâchouiller une chaussure. L'animal avait posé sa tête sur les genoux de son maître pendant que ce dernier avait repris d'un ton enjoué.

« Elle s'est inquiétée pour moi, c'était tellement mignon. Elle...»

Azriel avait légèrement rougit, se rendant compte qu'il allait avouer qu'elle était belle, attirante et charmante. Il n'était pas du genre à tomber amoureux. Il avait d'ailleurs tiré un trait sur ce sentiment, sachant bien que l'amour ne ferait jamais partie de sa vie. Son père allait lui trouver une épouse et il n'aurait pas son mot à dire. Il avait bu une gorgée, noyant ce regret avant de reprendre.

« C'est une petite brunette très charmante, je dois l'avouer. Je l'ai accompagné à l'infirmerie pour vérifier qu'elle ne s'était pas fait mal. Tu crois que j'aurais du l'inviter à boire un verre ? »

Il avait lancé un regard perplexe à son ami, attendant réellement une réponse. Azriel n'était pas mauvais lorsqu'il s'agit de draguer, enfin il savait faire quand il avait besoin d'une compagnie d'un soir. Il endossait facilement le rôle de Don Juan, pourtant cette fois-là, il n'avait pas osé pour une  raison obscure.

« Qu'est ce que tu aurais fait à ma place ? »

Lorsque son colocataire s’était laissé tomber, ou plutôt s’était jeté sur lui Yeosang n’avait eu que d’autres choix que de le rattraper de justesse, manquant bien de le blesser dans l’action. Il n’avait alors pas hésité une seule seconde pour le réprimander par la suite comme le ferait une maman avec son enfant. Il l’aide ensuite à se redresser, soupirant lorsque celui-ci mime le fait de s’être fait mal « Ne fais pas l’acteur Azriel, je t’ai à peine effleuré. » lui dit-il d’une voix rieuse avant de se jeter sur son visage pour le bombarder de questions. Sous lui Azriel se mit à rire avant de se redresser en tailleur une fois que Yeosang l’eut libéré. A son tour le jeune botaniste s’installa pour écouter attentivement le récit de son ami dont l’animal de compagnie avait rapidement pris place à leurs côtés. Un sourire vint alors se dessiner sur les lèvres de Yeosang qui s’attendrit face à la scène de son colocataire caressant la tête du chien.

« Elle ? » répète Yeosang, attendant une réponse plus complète de sa part. Mais la réponse que l’étudiant obtenu ne sembla guère le convaincre. « Hum … Tu ne me dis pas tout. » murmure Yeosang dont le regard inquisiteur ne lâchait pas Azriel une seconde. « Elle était plus que charmante pas vrai ? Elle te plaît ? » questionne-t-il avec un sourire taquin aux coins des lèvres. « Tu aurais dû l’inviter…Tu as peut-être loupé l’amour de ta vie ! » lance-t-il bien sérieusement.  Yeosang était comme ça, il aimait bien taquiner ses amis, surtout lorsqu’il s’agissait d’histoire de cœur. Mais lorsqu’Azriel lui retourna la question, le botaniste se mit à rougir furieusement avant de murmure « Moi … Je me serai enfui. » explique-t-il, avant de baisser la tête se sentant terriblement honteux.

Azriel avait ri jaune à la réflexion de son colocataire. En effet, l'héritier était toujours dans un rôle, il n'était jamais lui-même sauf dans l'intimité de cette chambre, quoi qu'il lui arrivait aussi parfois d'endosser un masque dans cette pièce, pour éviter les questions. Enfin Azriel n'en voulait pas à Yeosang, il savait qu'il ne disait pas ça méchamment. Tout en caressant Rox, l'étudiant en médecine avait commencé son récit. La réaction curieuse de Yeosang l'avait fait rire, autant que gêné. S'il était à l'aise lorsqu'il était en soirée dans une ambiance propice à la drague, la rencontre avec l'étudiante l'avait un peu perturbé. Azriel avait acquiescé quand le botaniste avait compris que c'était une fille avant de secouer la tête en répondant vivement.

Je ne te mens pas c'est tout ce qui s'est passé !

Azriel avait soutenu le regard de Yeosang, il ne pouvait pas nier que la jeune femme était charmante il avait même un peu rougi, signe que son colocataire avait vu juste. Cependant l'héritier était conscient que l'amour ne pouvait pas faire partie de sa vie. Peut-être si la jeune femme était de bonne famille, de très bonne famille, ce qui n'était surement pas le cas vu qu'Azriel ne l'avait jamais vu aux évènements mondains. Il avait secoué la tête en riant jaune.

T'es bête, c'est certainement pas l'amour de ma vie et de toute façon....l'amour ça m'intéresse pas.

Azriel ne mentait pas vraiment, il était juste réaliste et il ne voulait pas se donner de faux espoirs en tombant amoureux. Cela faisait longtemps qu'il avait emmuré son cœur, en amitié ou en amour il refusait de se laisser diriger par ses sentiments. La réponse de son colocataire l'avait fait rire.

T'es pas croyable ! Faudrait vraiment que tu sortes un peu plus ! Tu devrais venir avec moi de temps en temps.

Il lui avait frappé l'épaule amicalement en lui souriant. Si Azriel n'avait pas invité la jeune étudiante, il savait draguer et lorsqu'il voulait revenir accompagné d'une soirée, il y parvenait en général. Il était plus à l'aise lorsqu'il était certain qu'il n'y avait pas de quiproquo, en soirée chacun était conscient d'être là pour trouver un partenaire d'un soir. Azriel était beaucoup moins confiant dans des situations différentes.

Et toi quoi de neuf ? t'as pas jouer les princes charmants pour une petite brunette ?

En entendant le rire jaune qu’avait émis Azriel, Yeosang se sentit soudainement épris d’une profonde culpabilité. Un sourire gêné vint alors se former sur le coin de ses lèvres et tandis qu’il passa à nouveau sa main dans ses cheveux. « Pardon … J’aurais pas dû te dire ça. C’était maladroit. » murmure-t-il d’une petite voix trahissant sa culpabilité. Mais fort heureusement son colocataire ne sembla guère lui en tenir rigueur et très vite les deux jeunes gens reprièrent leur conversation. Yeosang écouta attentivement Azriel et il ne put s’empêcher de lui porter un jugement accusateur, visiblement certain que son ami était entrain de lui cacher quelque chose. De ce fait, le botaniste se mit à le questionner à de nombreuses reprises, le bombardant de questions en tout genre jusqu’à ce que celui-ci craque et décide de tout lui avouer.

« Mh ? Qu’est-ce que tu en sais que ce n’est pas l’amour de ta vie ? » questionne le jeune homme d’un ton étonnamment calme venant de lui. Il était très clair que la réponse qu’il avait obtenu de son ami était loin de celle qu’il avait imaginé. « Tu ne crois vraiment pas à l’amour Azriel ? » demande-t-il tandis qu’une moue attristée s’exprime sur son visage enfantin « C’est malheureux … » ajoute-t-il avant de bégayer lorsqu’Azriel lui demande ce qu’il aurait fait à sa place.

Les joues rougies, Yeosang baisse très rapidement la tête pour concentrer son attention sur ses doigts avec lequel il commence à jouer. Mort de honte, il ose à peine affronter le regard d’Azriel alors qu’il hausse les épaules l’air désintéressé « Je n’aime pas sortir… » lui répond-t-il tandis qu’un couinement s’arrache de ses lèvres lorsqu’Azriel vient lui frapper amicalement l’épaule « Aie ! » s’écrit-il avant de redresser son regard vers lui et éclater de rire « T’es vraiment qu’un idiot. » lui dit-il, avant d’écarquiller les yeux lorsque son colocataire lui demande s’il avait une petite brunette dans le viseur.

Sous l’effet de la surprise, Yeosang reste quelques seconds silencieux avant de pivoter sa tête sur le côté pour concentrer son regard sur le mur face à lui. « Non. » murmure-t-il, ses dents venant nerveusement mordiller sa lèvre inférieure. Devait-il lui avouer ? Lui avouer qu’il n’avait pas une jolie brunette dans le viseur, mais bien un beau brun qui faisait battre son cœur depuis tant d’années déjà. Puis soudainement, alors que ses pensées s’entrechoquèrent dans sa tête une larme vint rouler sur sa joue. « Non … Je … » commence-t-il sans même remarquer qu’il s’était mis à pleurer « Je ne suis pas … Je … Azriel … » ajoute-t-il avant de clore ses paupières, serrer les poings et s’exclamer d’une voix plus forte qu’à l’accoutumée « Je suis gay ! » s’exclame-t-il … Le temps s’arrête, sa respiration se coupe et les larmes se mettent enfin à couler en rafale sur ses joues.

L'héritier avait esquissé un sourire aux excuses de son colocataire. Il avait envie de lui dire qu'il n'y avait que la vérité qui blesse, pourtant il s'était retenu, préférant revenir sur un sujet plus léger....enfin...l'amour n'était clairement pas un sujet de conversation léger pour Azriel. Ce dernier avait prétendu ne pas s'intéresser à l'amour, alors qu'en réalité il évitait juste d'y penser. Il avait vécu tellement d'abandon qu'il était impensable pour lui d'ouvrir à nouveau son cœur, et ça c'était sans parler de la mainmise de ses parents sur le choix de son épouse. Alors c'est vrai qu'au fond il avait chassé l'idée de trouver l'amour de sa vie, cependant cela lui serrait toujours le cœur d'y penser, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Ah la question de Yeosang l'étudiant en médecine avant acquiescé, sans plus s'expliquer. Son colocataire connaissait un peu sa vie, pas beaucoup mais surement assez pour comprendre qu'il venait d'une famille riche et qu'il aurait droit à un mariage arrangé comme tous les fils de chaebol. C'était surement pour ça qu'il avait détourné la conversation sur les sorties et son colocataire.

Azriel avait d'ailleurs ri sa plaisanterie. Cependant il avait compris que Yeosang était gêné. Il avait détourné la tête, fuyant son regard quelques secondes. A cet instant Azriel savait que son colocataire pensait quelque chose de mauvais. Il ne savait pas réellement de quoi il s'agissait, mais il pouvait sentir la peine de son ami. Instinctivement il s'était rapproché pour poser une main sur l'épaule de celui-ci. Étrangement Azriel avait beau être toujours en train de jouer un rôle lorsqu'il voyait une personne allait mal, en détresse, son instinct prenait le dessus et naturellement il devait protecteur. Bon c'était qu'avec les personnes qu'il appréciait et Yeosang en faisait partie. En voyant une larme roulait sur la joue de son colocataire, Azriel s'était senti mal, cependant il n'avait pas eu le temps de prendre la parole que Yeosang s'était mis à bégayer. A l'annonce, un peu plus forte, de sa sexualité, Azriel avait écarquillé les yeux.

Hey, Yeosang...

Il lui avait pris le visage entre les mains pour l'obliger à le lever vers lui.

Faut pas pleurer pour ça...C'est pas comme si tu y pouvais quelque chose.

C'est vrai que ses parents lui avaient toujours interdit de penser à un homme de cette façon, lui avait rabâché que c'était un déshonneur. Azriel avait bien retenu la leçon et jamais il ne s'était épris d'un homme, cependant il savait au fond de lui qu'il appréciait la gente masculine. Il avait d'ailleurs fait une erreur un soir, ce qu'il appelait une erreur. Est-ce qu'il devait se confier ? Il n'en était pas sûr et en même temps son colocataire avait l'air réellement ravagé de cet aveux, ce qui serrait le cœur d'Azriel.

C'est pas grave tu sais, je....je viens dire....je suis pas gay....enfin....ce que je veux dire c'est que tu n'y peux rien alors ne culpabilise pas pour ça d'ailleurs. Moi ça me dérange pas si tu aimes les hommes. Tant que tu me sors que t'es amoureux de moi

Il avait esquissé un sourire en espérant arriver à faire rire un peu son ami. Il ne voulait pas dire qu'il ne serait plus ami avec lui si jamais il lui avouait des sentiments, juste qu'il n'était pas du même bord. Il avait donc maladroitement repris.

Je veux dire, j'ai essayé mais je préfère les filles...est-ce que toi tu as...déjà essayer ? Est-ce que tu veux en parler ?

Lorsqu’Azriel avait évoqué les sentiments amoureux de son colocataire, celui-ci s’était soudainement sentie très gêné. Yeosang avait immédiatement détourné la tête afin de fuir le regard de son jeune ami, osant à peine respirer alors que son corps s’était mis à trembler. Azriel avait alors déposé sa main sur son épaule, et ce geste qui se voulait rassurant eut comme effet de faire sursauter le botaniste. Surpris, il avait émis un petit couinement avant de renifler bruyamment tandis que son ami était venu prendre son visage entre ses mains, l’obligeant à le regarder à nouveau. « Azriel … » murmure-t-il d’une petite voix, avant qu’un autre sanglot ne vienne étouffer sa voix « Si … Si. Je suis monstrueux Aziel, pourquoi est-ce que je n’ai pas écouté les paroles bibliques ? » questionne-t-il, tandis que ses pleurs redoublent « Je crois en Dieu et … Et je le bafoue comme ça. Je suis ignoble. » ajoute-t-il, avant de sentir son cœur se réchauffer sous les paroles de son colocataire. Soudainement, Yeosang se met à rire, ses pleurs se mélangeant dans un écho bien étrange à son rire. « Non, non je t’aime bien mais … Mais pas comme ça. » avoue-t-il, avant de venir essuyer rageusement les larmes coulant sur ses joues, tentant d’effacer les moindres traces de celles-ci. Mais rien n’y faisait, les yeux bouffis du plus jeune suffisaient à comprendre qu’il avait bien pleuré. Par la suite, Yeosang s’enfonce un peu plus dans son lit venant prendre son oreiller dans ses bras pour le serrer tout contre lui, et écarquiller les yeux sous son questionnement « Tu … Tu veux dire quoi par essayer ? » lui demande-t-il, tandis que le rouge lui monte aux joues « Je veux dire … Je n'ai jamais … Enfin … Je n'ai jamais eu de copain et je … Je n'ai jamais embrassé personne. »

Voir son colocataire dans cet état retournait le cœur d'Azriel. Il avait beau jouer les indifférents, faire comme s'il s'en foutait de tout le monde, au fond la détresse des personnes le touchait toujours. Il essayait de se protéger avec sa carapace d'arrogance, sauf que face à la voix sanglotante de son colocataire, il n'y parvenait pas. Ils passaient quand même pas mal de temps ensemble dans cette chambre et dormaient dans la même pièce, cela créait forcement des liens. Lorsqu'il avait mentionné la religion, Azriel avait fait la moue. Il ne le savait pas croyante. Cela ne le dérangeait pas, cependant il comprenait pourquoi l'aveu qu'il venait de faire le met dans cet état-là. Le sourire d'Azriel s'était fait plus tendre encore alors que il avait lui caressé amicalement l'épaule, espérant que ses paroles le réconforterait.

Ce que je vais te dire ça peut être te choquer, mais qui a le droit de juger un sentiment comme l'amour. Je crois que même Dieu ne peut pas, après tout si c'est bien lui qui nous a créé ce sentiment n'existerait pas s'il ne le voulait pas non ?

Azriel avait reçu l'enseignement religieux et il comprenait que son ami soit aussi perturbé par ces sentiments. Cependant contrairement à lui, il avait trouvé une réponse, celle qu'il venait de lui formuler. Ce n'était pas une vérité absolue, ni la bonne réponse mais c'était la sienne. Après tous les hommes n'étaient pas parfaits, sinon il n'y aurait pas de guerre. La palette de sentiment de l'être humain était la preuve que Dieu leurs laissaient toujours le choix. Mais en réalité qu'est-ce qu'il avait réellement un bon choix ? En matière d'amour l'héritier n'en était pas sûr et de tout façon la question ne se posait pas pour lui, il avait depuis longtemps tiré un trait la dessus.

Au rire et la réponse de Yeosang, Azriel avait pouffé de rire, espérant l'encourager à arrêter de pleurer pour quelque chose qu'il ne maitrisait pas. Il l'avait observé sécher ses larmes, comme fautif d'avoir pleuré puis se recroqueviller sur le lit, armé d'un coussin. Azriel en avait profité pour sortir l'arme secrète. Si la limonade avait été oublié sur la table de chevet, il était certain que Yeosang ne refuserait pas un paquet de bonbon. L'héritier avait alors rapidement attrapé des fraises tagada avant de revenir s'installer à côté de son colocataire et lui tendre

Yeosang, t'as vraiment besoin d'un dessin ? Tu vois vraiment ce que je veux dire. T'as bien dû faire ça seul au moins ? Et puis Tu sais, pas t'a besoin d'embrasser quelqu'un pour coucher avec lui.

Il avait tapé l'épaule de son ami, peut-être un peu plus fort que d'habitude car la situation le gênait aussi un peu.

Yeosang avait toujours été un jeune homme sensible, de ce fait il avait l’habitude de pleurer pour un rien, mais aujourd’hui ce petit rien n’en était pas un. Il ne s’agissait pas là d’une dispute avec un ami, d’une voix trop forte porté à son encontre, ni de la douleur d’un simple coup … Non, c’était beaucoup plus profond que ça. Pour la première fois depuis sa rencontre avec Azriel il se confessa. Il lui avoua alors son homosexualité, chose dont il n’avait jamais encore parlé auparavant, Azriel était le premier à écouter ce lourd secret reposant sur les frêles épaules du botaniste. Mais alors qu’il s’attendait à obtenir un regard de dégoût, Azriel fit tout le contraire. Très vite le cœur meurtri du beolsae se réchauffa petit à petit, et un maigre sourire vint illuminer son visage baigné de larmes. Ecoutant attentivement les paroles réconfortantes de son colocataire, il attendit quelques secondes avant de tenter d’essuyer maladroitement ses larmes « Je … J’aimerais que ce soit le cas Azriel. Mais … Mais la religion ne marche pas comme ça. J’aimerais tellement que tes paroles soient véridiques parce que … Parce que j’ai mal Azriel. J’ai terriblement mal de devoir refouler ce que je suis. » lui dit-il, avant de murmurer d’une petite voix « Je suis si pathétique. Je suis désolé que tu ais à subir ça … » il posa alors sa main sur celle d’Azriel, lui offrant un semblant sourire avant de lancer « Au fond de moi Azriel … J’espère que tu as raison. Je l’aime tu sais ? Je … Je l’aime sincèrement. » lui dit-il, tandis que son cœur s’accélère et que ses joues se colorent d’une légère teinte rosée à l’évocation de Changmin. Yeosang savait pertinemment que cet amour était mauvais, qu’il n’apporterait rien de bon, qu’il devait essayer d’oublier surtout depuis qu’il l’avait repoussé le jour de leurs retrouvailles. Les actes étaient faits et Yeosang ne pouvait rien en changer, mais maintenant, avec du recul il ressentait cette brulure inconfortable dans sa poitrine. Cette douleur qui signifiait tant et qu’il tentait en vain de faire taire en se disant qu’il n’était qu’un pêcheur, un pêcheur qui se devait de se repentir.

Mais alors que son visage était depuis quelques minutes déjà vide de toute émotion, son colocataire lui fit une remarque qui lui arracha un petit rire. Il vint ensuite sécher ses larmes, reniflant bruyamment à de nombreuses reprises avant que toute trace ne disparaisse, ou du moins les dernières larmes. Ensuite, il se recroquevilla distinctement contre son lit, un oreiller entre ses bras. Azriel ne tarda guère à le rejoindre armé d’un paquet de bonbon qui arracha un petit sourire à Yeosang « Ils sont sans gélatine ? » questionne-t-il des étoiles pleins les yeux, espérant que la réponse soit positive. Yeosang était végan et de ce fait il prenait toujours un réel soin de ne pas s’éloigner de ses convictions, et tout ceci malgré tous les irrésistibles sucreries du monde. Entre temps, la discussion bifurqua sur un chemin sinueux, chemin que Yeosang n’avait jamais emprunté et dont les subtilités lui étaient inconnus. Muet, il observe Azriel tentant de comprendre ses paroles sans vraiment réussir, mais alors qu’il allait le questionner une nouvelle fois celui-ci vint taper son épaule. Sous le coup bien qu’extrêmement léger le botaniste couine de douleur et tente de dissimuler son mal-être, alors qu’il sait pertinemment que son ami venait sans aucun doute de frapper l’un de ses ecchymoses. Souhaitant éviter les questions vis-à-vis de cette réaction disproportionnée il fronce à nouveau les sourcils alors que ses lèvres s’entrouvrent pour laisser s’échapper un mot « Coucher ? » répète-t-il avant d’hoqueter de surprise, par automatisme il pose sa main sur sa bouche écarquillant les yeux lorsqu’il comprend enfin les paroles de son camarade. Immédiatement le rouge lui pique aux joues, et il s’empresse d’enfouir sa tête dans l’oreiller. Il y marmonne quelques paroles incompréhensibles, avant d’oser regarder Azriel du coin de l’œil « On … Tu veux dire comme pour faire les bébés ? » questionne-t-il avant de couiner à nouveau et d'enfouir son visage dans son oreiller pour s'écrier « Non ne dis rien ! Je ne veux rien savoir ! Je…Je ne veux pas faire de bébé avec une fille ! Ni … Ni tout seul ! Puis d’ailleurs on ne peut même pas faire des bébés tout seul ! »