d'eux tous, miran a toujours semblé la plus sage et la plus appliquée de la famille. on aurait volontiers mis ce caractère docile sur le compte de sa féminité, plus douce que ses grands frères et plus affirmée que sa petite sœur. on jugeait à sa posture droite qu'elle était bien élevée – ils l'étaient tous, ce n'était pas quelque chose que ses parents auraient pris à la légère. derrière ses grands yeux emplis d'innocence et ses sourires lumineux, on y voyait le reflet d'une enfant douce et calme, celle dont tous les parents rêvaient parce que facile à vivre et encore plus facile à contenter. on se disait alors, la pauvre enfant, avec trois frères, ça ne doit pas être facile tous les jours pour elle de trouver sa place. à les entendre, une idole de bonté et de tendresse qui ne faisait ni de vague ni ne disait un mot plus haut que l'autre.

puis elle leur apparaît sous un jour nouveau, campant sur ses positions sans se défaire de sa mine renfrognée, face à un directeur confus et des parents furieux que le nez de leur fils soit gonflé comme un ballon au retour de l'école, et à son tour d'expliquer avec sérieux que s'il n'avait pas essayé de regarder sous sa jupe, alors son coude ne se serait certainement pas retrouvé au milieu de son visage avec la force de dix hommes.

miran étonne non pas seulement parce qu'elle est jolie mais plus encore parce qu'elle est capable de se défendre seule et d'inspirer aussi bien un agréable sentiment de quiétude qu'un froid saisissant dans le dos. à l'école, toutes les filles étaient ses amies car elle ne faisait pas de distinction. elle recevait des déclarations enflammées de garçons, ceux-là même qui la défiaient au bras de fer et se faisaient laminer avec un mélange de mortification et d'admiration dans le regard.

malgré une silhouette qui se voudrait balayée au premier vent d'hiver, elle tient bon et tient tête, observe un temps puis fonce dans le tas quand ça ne lui plaît pas. si la petite maisonnée abritait cinq tornades, miran en faisait bel et bien partie et la seule erreur aurait été de la sous-estimer et de se fier à ses délicats traits de poupée. on l'aura sermonné mille fois pour essayer les techniques que son maître lui enseignait sur le dojo sur ses petits camarades et mille fois plus encore elle aura levé les yeux au ciel en disant que c'était rien, qu'ils seraient jamais plus stupides après avoir essuyé quelques chutes qu'ils ne l'étaient déjà.

du caractère dans une enveloppe aussi charmante – c'est ça qui les perturbe.