Je suis un peu comme un Ipod. Un produit de surconsommation que tout le monde s’arrache mais que personne n’a jamais dans le même coloris. Je m’adapte en fonction des gens. Ce qui est plutôt pas mal car l’adaptation c’est la source de la survie. Dixit la théorie de l’évolution, Darwin, le truc qui dit que les types comme moi finiront inévitablement par bouffer les types comme toi. Je suis pas spécialement imbuvable en vrai, mais là, c’est la partie où on cause de moi alors je me sens bien un élan narcissique. Ca fait du bien à l’égo parfois. Non pas que mon égo en ai besoin. J’ai déjà une assez bonne estime de moi mais quand même pas suffisamment pour paraître comme le plus grand narcissique que la terre ait porté – je laisse volontiers ce rôle à d’autres. Manque de bol, j’ai quand même pas mal de répartie et le sourire de petit con qui va avec. On dit parfois que je suis méchant, que je ne pense qu'à moi en oubliant un peu trop les autres... Je crois que c'est vrai. J'ai pas trop de problèmes de conscience alors les crasses - volontaires ou non - que je fais aux autres j'ai tendance à les oublier rapidement ce qui apparemment agace. La courtoisie, la politesse, les faux semblants et tout ces trucs de faux-cul que nous enseigne la société pour s'entendre avec les autres c'est pas pour moi. Je préfère les discours directs sans détour, les phrases crues et les pensées non-filtrées. C'est pour ça qu'on dit souvent que je suis violent. A causes de mes réactions disproportionnées et parfois peu adaptées au contexte. J'ai tendance à réagir et m'énerver trop vite pour une simple parole de travers ou une bousculade. Mais c'est parce-que je suis un homme d'actions. Je déteste les gens qui réfléchissent trop pour tout et rien ; les grands stratèges qui cogitent loin du champs de bataille sans prendre de risque. Je suis pas pour autant idiot, je réfléchis... mais après avoir agit. On va dire aussi que j'ai tendance à être toujours là au mauvais moment, je crois que c'est un don que m'a fait Dieu à ma naissance. Ainsi vous me verrez débarquer avec mon joli petit sourire qui vous hurlera à la gueule « t'es dans la merde, gars ! ». Mais les manipulations style chantages c'est pas mon truc, j'aime juste embêter les gens, les faire un peu chier puis m'en aller comme si de rien n'était. Bon ça fonctionne surtout avec les garçons ça. Avec les filles c'est une autre histoire – parce-qu'à notre triste époque il faut leur autorisation pour pouvoir les culbuter. Vu que la plupart des filles qui m'intéressent sont aussi belles que chiantes je m'efforce d'être ce qu'elles veulent ; un bad boy qu'elles pensent pouvoir apprivoiser. Et je vous jure que ça marche.

Je venais d'avoir huit ans. C'était un jour de Décembre glacial. La première neige était tombé ayant laissé un léger voile blanc. Les rues étaient décorées de luminaires dans l'attente de Noël. Les gosses étaient émerveillés face aux vitrines des magasins qui offraient une vue magnifique sur les derniers jouets. Ma petite main glacée était tranquillement calée sous les doigts brûlant de mon père. Mon bonnet, trop grand, me barrait la vue. Je ne cessais de le remonter sur mon crâne mais celui-ci n'avait de cesse de retomber. C'est pourquoi, après une énième tentative, je l'avais laissé tel quel. D'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours détesté l'hiver et le mauvais temps qui va avec. J'avais les pieds gelés dans mes bottes rouges et ce, malgré mon épaisse paire de chaussettes. Je suivais les pas de mon père sans même prendre la peine de regarder ce qui se passait autour de moi. Je me concentrais sur chacun de mes pas par peur de glisser sur le verglas présent sur les trottoirs. Maman ne nous accompagnait pas, elle était à la maison avec mon petit frère, quatre ans plus jeune. Autant vous dire que j'étais le plus heureux de le savoir loin de moi. J'étais ce genre de gosses, complètement jaloux de voir ses parents aux petits soins d'un autre. Surtout moi. Avant son arrivée, j'étais le petit protégé, celui qu'on regardait avec amour et tendresse. Qu'on chouchoutait bien plus que la moyenne parce que j'étais un 'miraculé'. Ouais, j'avais fait fort déjà à ma naissance, j'avais eu droit à un encadré dans les journaux locaux annonçant 'le miracle d'un nouveau-né prématuré'. Les infirmiers pensaient tous que j'allais finir avec un retard important et des séquelles dans le genre mais la médecine a encore une fois eu tord. Le quatorze mars avait été pour moi un jour sacré. Sous la protection de je ne sais quelle étoile j'avais traversé la cruauté de la vie. Je m'en suis sorti avec des poumons plus fragiles que la moyenne mais rien d'alarmant. Mes parents avaient eu tellement peur de me perdre qu'ils avaient créée autour de moi une véritable petite bulle d'amour. Exit le cliché de l'enfant solitaire et malheureux doté de deux parents accro au travail qui le couvriront de cadeaux toute sa vie pour compenser leur absence. Avec un père producteur de films pour adultes il y avait pourtant de quoi avoir quelques craintes quand à mon éducation mais j'ai été élevé jusqu'à l'âge de 13 ans sans avoir la moindre idée du vrai travail de mon père. Ma mère quant-à elle travaille dans un cabinet de chirurgie esthétique. Un coup à accompagner les patients et s'assurer que leur rétablissement post-opération se passe bien, un coup à s'occuper du visuel de la prochaine affiche publicitaire de la clinique. J'ai jamais compris à quoi elle servait. Mais à ce qui paraît ça fait bien d'avoir une ancienne Miss Séoul qui travaille pour eux alors ils la gardent. Avec tout ça on peut dire que la thune c'est pas ce qui manque dans ma famille et ça mes parents ont toujours aimé le montrer. Dès que j'ai eu l'âge d'aller au collège et de comprendre en quoi porter des vêtements chers ça te rends attrayant j'en ai abusé et re-abusé. A cela se s'est ajouté un attrait pour le chic tape à l’œil. Ça a démarré à partir de là les conneries ; Soirées, beuveries, filles payées, escapades sur les plateaux de tournage de mon cher papa, drogues et plus. J'étais le parfait exemple du jeune un peu trop con pour comprendre qu'il n'est pas invincible. Pas besoin de raconter chacune de ces aventures puisque la liste est encore loin d'être terminée.