Ha Hee pèse les mots du garçon et il y en a un qui sonne bizarre à son oreille. ”Sincère”, est-elle vraiment sincèrement désolée ? Elle sait qu’elle a blessé Won Hee, il ne faut pas être Sherlock Holmes pour comprendre que son silence et son éloignement sont le signe qu’il souffre en raison de ses actions, mais peut-être est-elle encore trop concentrée sur sa petite personne, elle ne comprend pas vraiment ce qui le vexe autant ; elle se demande si la situation était inversée si elle serait aussi meurtri que son frère qu’il ait voulu avoir son petit jardin secret, qu’il y ait des choses qu’il n’ait jamais partager avec elle. Et puis ce n’est pas comme si elle comptait le lui cacher pour toujours, mais elle n’a jamais trouvé le bon moment pour le faire entrer dans la confidence, elle avait peur aussi peut-être, peur qu’il ne rejette l’idée de voir leur grand-mère complètement et alors à quoi aurait-elle pu se rattraper. Ha Hee soupire longuement en regardant Hansol, qui se laisse maquiller comme une poupée, c’est bizarre qu’elle se sente vraiment en sécurité pour lui raconter une partie de ses soucis, alors qu’ils ne se connaissent pas si bien, ils ne sont que camarades Sango et il a raison, à peine amis. Pourtant il y a quelque chose chez lui, qui la met en confiance, quelque chose qu’elle a perdu de vue chez Won Hee vraisemblablement.

- Je ne sais pas… Elle rigole doucement en s’appliquant sur son trait d’eyeliner. C’est vrai j’ai des amis, mais finalement peu de gens à qui je peux me confier. Tu ne penses pas que toi et moi on est en train de devenir de vrais bons amis là ?

Ha Hee s’est toujours donné une mission, elle a de grandes ambitions, et ce n’est pas seulement de récupérer la compagnie de sa grand-mère des mains de son capitaliste de père ; elle veut se battre pour un monde plus juste et porte une attention toute particulière à ceux qui n’ont pas développés comme elle, un caractère de feu et des convictions présomptueuses. Elle sait qu’elle n’est pas parfaite, et ce qu’il se passe en ce moment ne fait que le prouver d'avantages, mais elle se donne beaucoup de pouvoir pour aider les autres. Alors elle ne sait pas vraiment si Hansol a besoin de son aide ou s’il oserait lui demander, mais elle veut sincèrement lui faire comprendre qu’il a beaucoup de ressources et qu’il n’a pas à s’enfermer et fuir les gens, car en tous cas, elle, Ha Hee, est prête à lui tendre la main pour l’aider à affronter le monde.

- Merci pour ton retour et je suis désolée, je ne veux pas vraiment t’en dire plus pour ne pas t’impliquer dans mes histoires… de famille avoue-t-elle doucement. Cela a toujours été un sujet tendu et par sa maladresse, elle a peut-être perdu son plus grand allié dans cette guerre de pouvoir, mais elle a trouvé un point d’ancrage extérieur avec Hansol. Je ne sais pas si je pourrais être aussi sincère que tu le dis avec mon frère, mais j’ai un peu plus confiance en moi et c’est grâce à toi, alors donne toi un peu de crédit.

@lee han sol

Hansol était perplexe. C’était vrai, il ne comprenait pas Hahee. Il ne comprenait pas pourquoi elle venait le voir lui, prétextant qu’il était la personne idéale pour qu’elle se confie. Ils n’étaient même pas amis. Est-ce que c’était pour ça qu’elle pensait mieux se confier, car il était plus facile de se confier à un inconnu qu’à un ami ? Pourtant, Hansol n’était pas tout à fait un inconnu pour Hahee non plus, ils étaient camarades sangos, donc il avait la possibilité de faire du mal des informations qu’elle lui donnait. Sauf que bien sûr il ne le fera pas et c’était quelque chose que Hahee savait, aussi.
« Euh, je ne sais pas, » répondit-il, pris de court. Ah bon, ils étaient en train de devenir bons amis ? Hansol avait peu d’amis dans sa vie mais il savait que ça ne se faisait pas comme ça des amitiés. Le garçon était très lent à s’ouvrir et en général, quand il avait accepté que l’autre personne était son amie, la réalité était qu’ils pouvaient se considérer amis depuis déjà très longtemps – mais Hansol avait du mal à faire rentrer les gens dans son cercle de proches (beaucoup de mal). « Je ne comprends pas, » reprit t-il, revenant sur les premières phrases de Hahee. « Un ami est quelqu’un à qui tu peux te confier. Je ne comprends donc pas comment tu peux avoir des amis mais n’avoir personne à qui te confier. » Ça revenait à la définition d’un ami pour le jeune homme. Pour lui, un ami était quelqu’un de si proche de lui qu’il lui semblait impensable de ne pas pouvoir se confier à lui et de penser plutôt à se confier à une personne qu’on connaissait à peine. Mais encore une fois, cela traduisait simplement que le terme d’« ami » pour les deux maquilleurs en herbe ne signifiait pas la même chose.

La jeune femme avoua finalement que la personne à qui elle devait s’excuser était son frère. Hansol pensa alors à son propre frère, Doha. Il se demanda si Doha ressentait ce même genre de sentiments, aussi. S’il hésitait énormément à s’excuser. Et peut-être que, contrairement à Hahee, personne n’avait été là pour l’aiguiller pour qu’il s’excuse, ce qui expliquait pourquoi il ne s’était jamais excusé. Solution plausible mais trop facile. Hansol savait que Doha ne se sentait pas désolé, malheureusement. Du moins, pas comme Hahee. Hahee avait bon cœur. « J’en suis ravi, alors. » Il ne savait pas trop comment il avait bien pu l’aider mais si ça l’avait aidée, alors il en était content. « Si c’est à ton frère que tu dois t’excuser, fais-le vraiment… soigneusement. On n’a qu’un seul frère. » Par là, il voulait dire qu’on pouvait avoir beaucoup d’amis, mais la famille restait unique. On ne la choisissait peut-être pas, mais on n’en avait qu’une. Hansol n’avait qu’une famille aussi, famille brisée. Alors si Hahee avait l’occasion de sauver une relation dans sa famille, il fallait qu’elle la chérisse. Car après tout, une fois que c’était perdu, c’était perdu pour de bon. Hansol le savait.
Et puis, une pensée idiote lui traversa l’esprit. « Enfin, je ne sais pas si tu as plusieurs frères. » C’était vrai que si elle en avait plusieurs, sa phrase perdait tout son sens. Ah. Ça sonnait un peu stupide, du coup. « Pardon, » dit-il parce qu’il se sentait bête, un peu embarrassé.

@joo ha hee