Une nouvelle journée qui se terminait en même temps qu’une commençait. Yami quittait l’université pour rejoindre le restaurant où elle travaillait. Le temps du métro, le temps où elle bloquait tous types de pensées qui pouvaient rapidement devenir dangereuses. Elle était fatiguée, n’avait pas dormi plus de trois heures depuis des jours et son corps lui envoyait tous les signes possibles d’une fatigue trop avancée. Elle restait debout, refusant de s’asseoir par peur de s’endormir et rater son arrêt. Dormir était pour les faibles et faible était tout ce que n’était pas la Japonaise. Elle n’avait pas quitté son pays et sa famille pour se la couler douce, elle avait un but et allait l’atteindre. Elle salua le personnel du restaurant alors qu’elle entrait par la porte arrière, celle près des poubelles. Elle enfila son t-shirt sombre avec le nom du restaurant inscrit dessus puis attacha son tablier autour de ses fines hanches avant de s’attacher les cheveux pour être sûr que rien de ne retrouve dans les plats des clients. Elle pourrait presque s’y sentir à la maison, mais refusait aussi cette pensée. Elle qui détestait les nouilles et n’en mangeait plus depuis des années (sûrement traumatisée par sa famille laissée au Japon), avait décidée de travailler dans un restaurant japonais spécialisé dans les ramen. Au moins, ce n’était pas elle qui venait dépenser des sous pour ces plats, au contraire, elle avait choisi cet établissement car il était plus facile pour elle de choisir ses heures en fonction de ses études et c’était relativement bien payé.

« Yami vous écoute. Qu’est-ce que Yami vous sert ? » Elle faisait tout ce qu’elle pouvait dans son contrôle pour ne pas montrer une grimace face à ces mots donnés aux clients. Il s’agissait d’un couple de garçons (sûrement venu se remplir l’estomac avant une longue soirée, qu’est-ce qu’elle en savait?) relativement bruyants. Ce n’était rien car le côté familial et cocooning du restaurant le rendrait aussi régulièrement bruyant. « L’eau est en self service là-bas et n’hésitez pas à appeler Yami pour la moindre chose. » Enfin, rouge de honte, elle pouvait tourner le dos au client et reprendre comme si rien ne s’était passée. Elle s’empressa cependant d’aller se cacher dans la cuisine (malheureusement ouverte) pour faire passer la commande des deux garçons.


@Lee Minki

La journée de cours venait de finir et Minki attendait appuyé contre sa voiture devant la Yonsei. Maiko avait passé la tête par la fenêtre pour avoir l’attention de son maître alors qu’il était entrain d’attendre l’un de ses amis. C’était toujours étrange pour lui de revenir devant l’université maintenant qu’il avait dû mettre un terme à ses études. Mais puisque la majorité de ses amis étaient encore étudiant, il n’avait pas trop le choix. Le jeune homme avait finalement sourit en voyant son ami arrivé. Montant tout les deux dans la voiture pour rejoindre l’un des lieux qu’ils fréquentaient souvent il y a de cela un an. Ce n’était pas très loin de l’établissement alors c’était assez pratique comme lieu. Le duo était entré dans le petit restaurant de nouille en souriant, cela faisait un petit moment qu’ils n’étaient pas venu ici. L’endroit n’avait pas changé, mais certains membres du personnel n’étaient plus les mêmes qu’avant. Cependant tant que les nouilles était toujours autant délicieuse ils passeraient un bon moment. Minki s’était installé à une table un peu en retrait pour être tranquille pour parler. Puis comme généralement ils finissaient par être bruyant c’était mieux pour ne pas déranger le reste du restaurant. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’une serveuse vient à leur rencontre pour prendre leur commande.

“On va vous prendre deux grand bols de nouille, un épicé et un non épicé.” Il n’était pas fan de nourriture épicé et ne la digérait pas bien donc autant de pas en consommer quand ce n’est pas nécessaire. Le jeune héritier avait observé la serveuse quelque peu amusé par sa façon de parler. Mais n’avait rien dit la remerciant simplement pour la dernière indication qu’elle leur avait donné. Et a peine s’était elle éloigné que son vis à vis commencé déjà à parler de la draguer. Avant même qu’il est le temps de réaliser ses propos il s’était avait accepté le pari de son ami. Un stupide jeu de drague pour obtenir de numéro de la serveuse. Ce n’était pas son style de draguer ainsi, mais son égo un peu mal placé l’avait un peu poussé à accepter. Heureusement pour ce stupide pari, la jeune femme revenait déjà avec leurs bols de nouille fumant. “Mademoiselle Yami, vous travaillez ici depuis longtemps ? Ca fait du bien de voir une demoiselle aussi jolie ici.” Son petit acte avait été accompagnée d’un sourire charmeur dans le seule but d’arriver à récupérer son numéro.

Si Yami avait envie de se frapper la tête contre la surface la plus proche qu’elle pouvait trouver (une table ou un mur fonctionnait aussi), elle ne le montrait pas. Du moins, elle priait de toute son âme que ça ne se verrait pas. C’était un défi lancé de manière complètement absurde pour laquelle la japonais était généralement contre mais elle n’avait eut le choix cette fois-ci. Son patron la regardait et n’avait pas manqué de lui faire une remarque par la suite, se moquant ouvertement d’elle. La serveuse arrivée depuis peu, complètement froide bien qu’elle faisait en général du bon travail et qui, pour la première fois, c’était laissée prendre au jeu. Ce n’était pas tous les jours qu’ils voyaient une Yami complètement hors de contrôle d’elle-même au point de se cacher derrière le bar qui séparait cuisine et restaurant.
Mais elle ne pouvait se cacher bien longtemps alors qu’elle avait des tables à servir et d’autres à débarrasser pour que les arrivées et départs des clients restent fluides. Elle s’empara d’un plateau où elle posa les bols, les déposa à une table, puis revint rapidement près des cuisiniers, tout en évitant de poser un regard vers une certaine table. Une certaine table dont elle avait tout sauf envie d’aller apporter leurs repas. Seulement, elle ne pouvait l’éviter, à moins de demander une pause plus tôt que d’habitude, mais ça serait sortir de ses habitudes et perdre de l’argent (son patron la forçait encore à prendre des pauses car elle oubliait rapidement).

La japonaise prit les bols et, avec légèrement plus de lenteur dans ses pas que pour les autres tables, les apporta aux deux garçons devant lesquels elle s’était ridiculisée plus tôt. Elle n’avait même pas encore posé les bols qu’elle lâcha un regard à l’un d’eux qui en disait long de ce qu’elle pensait de sa question. C’était l’humiliation ultime. Et elle savait qu’ils se moquaient d’elle simplement à cause de ses propos plus tôt car, jamais d’ordinaire ce genre de personnes n’iraient s’intéresser à Yami (voire personne tout court). Elle posa le premier bol, puis le deuxième et répondit « De l’autre côté de la rue il y a des filles plus jolies encore qui se feront une joie de recevoir vos louanges. » Elle se redressa, le plateau coincé entre son bras et sa hanche et repartit s’occuper d’autres clients. Lorsqu’elle s’approcha de son patron pour remplir son patron, il lui fit les remarques habituelles ; celles de rester aimable avec le client et que pour s’excuser qu’elle aille leur donner une petite assiette remplie de radis jaune. Yami se fit violence pour retenir un soupir mais ne pouvait refuser alors elle se remit à la tache. « Ceci est pour excuser mon comportement, bon appétit. » Dit-elle en posant l’assiette entre les deux garçons. Elle sentait la rage monter en elle alors qu’elle s’excusait pour une chose qui la dépassait.  

Le duo de jeunes hommes s’étaient un peu amusé du comportement de la serveuse. C’était quand même ultra bizarre de parler de soi à la troisième personne. Surtout dans un établissement pareil. Ils n’étaient pas dans un café aux idées douteuses ici. Alors ça avait rendu la chose encore plus étrange. Donnant même naissance à un stupide pari entre les deux amis. Clairement si la serveuse n’avait pas agit ainsi au départ, ce petit jeu n'aurait jamais prit place. Ce n’était clairement pas dans les habitudes de Minki en plus de participer à ce genre de jeu. Juste il s’était fait prendre au piège par son ancien camarade de classe. Et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui même, si il n’avait pas eu un égo pareil, il ne serait sûrement pas tombé dans le piège de son ami. Donc c’était entièrement sa faute. Maintenant il se retrouvait à devoir obtenir le numéro de la serveuse avant la fin de leur repas. Ce qui n'allait pas être une mission facile vu comment la jeune femme faisait son possible pour éviter leur table.

Minki avait donc décidé de profiter que la demoiselle revienne avec leurs bols de nouilles pour l’aborder. Une phrase un peu bateau accompagné d’un compliment en général cela faisait toujours l’affaire. Pourtant il reçu dans un premier temps un regard noir de désapprobation. Très vite suivit par une remarque pour le remettre en place. Le jeune homme allait lui répondre, mais avant même qu’il ait pu le faire, elle s’était déjà éloigné de la table. Ne laissant aucune autre chance à Minki d'obtenir son numéro. C'est donc ainsi qu’il commença son repas avec son ami, venant porter quelques nouilles à ses lèvres avant de souffler légèrement dessus pour venir les manger. Ils venaient d'entamer le repas quand Yami fit une nouvelle apparition à leur table. Venant s’excuser en leur offrant une assiette de radis jaune. Il n’en fallu pas plus à Minki pour venir reprendre la parole. “Mademoiselle Yami, ne prenait pas mal ma question de tout à l'heure. J'étais sincère dans ce que je vous ai dis.” Il espérait ainsi pouvoir calmer un peu la demoiselle afin d’arriver à son objectif de départ. Car si elle continuait à lui en vouloir ainsi, il n'arriverait jamais à négocier son numéro avant la fin de ce petit repas.

Si la survie de la japonaise ne dépendait pas de ce seul travail qui lui prenait déjà tout son temps, elle aurait déjà tout arrêté. Les remarques de son patron, les blagues échangées tout ça était sympathique jusqu’à ce qu’elle en soit la cible. C’était le jeu, et dire qu’elle quitterait son boulot pour ça était forcément pas des dires à prendre au sérieux. Puis elle avait bien trop besoin de son travail et son coréen était encore trop limite pour qu’elle en trouve un autre. Surtout, elle y était bien, elle s’y sentait chez elle. Jusqu’au moment où elle s’y ridiculisait. Car pour une fois elle n’était pas la grande sœur qui taquinait ses petits frères et sœurs. Non, cette fois, elle était la cadette du restaurant.
Elle ne voulait plus revenir à cette table des enfers et ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle avait du mal avec des clients, seulement, cette fois-ci, c’était elle-même qui avait fait la première mauvaise action et ne pouvait revenir en arrière bien qu’elle donnerait tout pour y arriver. D’habitude elle saurait quoi dire, avec l’approbation de son patron, elle pouvait virer plus ou moins brutalement les clients un peu trop sûrs d’eux (surtout lorsque ceux ci étaient ivres morts), mais lorsqu’il s’agissait de drague, c’était un des garçons qui prenait le relais pour leur dire deux mots. Mais encore une fois, cette situation n’offrait pas cette possibilité. Elle avait même du revenir pour s’excuser de son comportement sous le regard sévère de son supérieur. Elle déposa l’assiette en guise d’excuses entre les deux garçons et s’arrêta lorsque l’un deux, toujours le même, reprenait la parole. Elle s’arrêta, la main encore en l’air, sans aucun sourire. « Merci. » Se contenta-t-elle de répondre sans grand sincérité. Au moins si elle pouvait essayer de couper court à cette discussion tout en restant polie, elle aurait tout gagné. Seulement, elle n’avait plus aucune table qui demandait son attention et du attendre près du comptoir d’accueil. Ce dernier était juste à côté de la table des deux garçons. Elle se fit violence pour éviter leur regard. Mais comme la chance semblait l’avoir quitté pour la journée, il avait fallu que le stylo qu’elle faisait tourner entre ses doigts tombe par terre et roule jusqu’en dessous du siège du même garçon. « Merde. » Marmonna-t-elle un peu trop fort. Au moins, c’était en japonais.

Ce n’était pas dans les habitudes du jeune homme de draguer. Pour la simple et bonne raison que pendant de nombreuses années il était certain qu’il avait déjà la femme de sa vie à ses côtés. Alors il n’avait jamais vu l’intérêt de draguer. Et même maintenant que ce qu'il pensait s’était envolé en fumé, il ne draguait pas. Ce n’était pas dans sa nature et ca ne le serait surement jamais. Alors devoir draguer un minimum la serveuse pour récupérer son numéro n’était pas une mince affaire. Surtout qu’elle ne semblait pas vraiment motiver par s’approcher à nouveau de leur table. Ce qui n’aidait pas vraiment Minki dans sa mission. Il ne manquait d’ailleurs pas de jeter quelques regards noirs envers son ami, lui en voulant un peu pour ce stupide pari. Mais maintenant qu’il avait accepté il ne pouvait plus faire marche arrière.

Alors quand la jeune femme fit une nouvelle apparition avec une assiette de radit, il avait rapidement sauté sur l’occasion pour essayé de rattraper le coup. Néanmoins cela n’avait pas été suffisant et très vite elle s’éloigna d’eux. Faisant en sorte de les éviter autant que possible. Finalement le jeune homme était venu se concentrer sur le bol de nouilles devant lui. Discutant tranquillement avec l’homme en face de lui, oubliant un peu le pari qui était en train de se dérouler. Préférant parler de tout et de rien, des cours suivis par son ami ou de ce qui occupait les nuits de Minki. Ce dernier sujet les avait pas mal occupé d’ailleurs. Avant qu’il ne soit interrompu par un style sauteur qui avait fini sa course sous le siège de Minki. Il avait d’ailleurs pu distinguer l’insulte prononcé par la jeune femme. L’ancien étudiant ne parlait pas vraiment japonais, mais de ce qu’il connaissait, il savait que ce qu’elle venait de dire n’était pas une gentillesse. Alors il lui avait simplement souri en venant ramasser le style sous son siège, venant ensuite le tendre vers Yami pour qu’elle puisse le récupérer. “Voici votre style, alors pas besoin de jurer.” Sa voix avait été douce quand il avait dit cela, il ne voulait pas contrarier la jeune femme devant lui.

Yami regardait le stylo rouler au sol, comme si chaque centimètre que l’objet faisait se rapprochant du jeune homme était un pas de plus vers un gouffre dans lequel elle n’avait aucune envie de tomber. Elle se retint de soupirer, alors qu’elle jeta un regard au cuisinier derrière le bar qui était bien trop occupé par ses nouilles pour faire attention à quoi que ce soit. Qu’est-ce qu’elle avait envie de lui enlever ce sourire d’imbécile. Mais elle ne pouvait rien dire, elle était arrivée après. Elle avait retint un soupir mais pas l’injure qui passait tout de même entre ses lèvres dans sa langue maternelle. Finalement, elle se décida de se rapprocher de l’énergumène qui avait tout remarqué et s’était déjà baissé pour récupérer le stylo. Elle était grillée jusqu’au bout et la barrière de la langue ne semblait pas l’aider. « Fais pas genre tu comprends ce que je dis. » Tenta-t-elle tout de même, toujours en japonais, sur un ton assez bas pour qu’aucun de ses collègues ne comprenne qu’elle venait de manquer de respect à un client. Elle sortit ensuite son plus beau sourire forcé. « Yami vous remercie. » Il voulait jouer ? Elle allait lui montrer comment on jouer. Le restaurant était relativement calme et elle n’était pas toute seule à servir ce soir-là alors elle pouvait bien faire une exception. Pour une fois, de ne pas se focaliser essentiellement sur son travail. Elle n’irait pas jusqu’à ignorer les autres clients pour autant cependant. « Vous désirez mon numéro si Yami comprend bien ? » Elle avait totalement repris ce pour quoi elle avait été morte de honte quelques minutes plus tôt. Mais il était recommandé de ne pas se frotter à la japonaise car aussi têtue qu’elle pouvait être, elle se trouvait être tout aussi chiante et rancunière. Elle s’approcha alors du jeune homme et se pencha pour lui murmurer à l’oreille, tout en fixant son regard dans celui de son ami, menaçante. « Mais qu’est-ce qui me dit que vous le méritez ? » Elle se redressa et fit quelques pas en arrière avant de tourner pour apporter des bols à une autre table.

Il aurait pu ne rien dire, faire celui qui n’avait pas vu le stylo rouler sous sa chaise. Mais ça n'aurait pas été cool pour la jeune femme qui devait surement en avoir besoin pendant son service. Alors il était venu le ramasser pour le lui rendre, pourtant Yami ne semblait pas très motivée pour récupérer son bien. Et la remarque qui suivit, enfin le ton qu’elle avait utilisé faisait bien comprendre à Minki qu’il n’était pas bien vu. Certes il n’avait pas compris sa phrase, son japonais n’était pas suffisant pour en comprendre autant. L’espace d’une seconde il s’était demandé si lui répondre en français, pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas la seule à maîtriser une autre langue était une bonne idée. Mais il s’était dit que ca ne ferait qu’envenimer les choses et ce n’était clairement pas nécessaire. Alors il s’était retenu de le faire. Il fallait quand même qu’il arrive à décrocher son numéro avant de quitter l’établissement et la contrarier ne l’aiderait sûrement pas dans cette situation. “Je parle pas japonais, enfin pas assez pour te comprendre.” Avait-il répondu en coréen pour que la jeune femme le comprenne. Il ne comptait pas vraiment embêter à nouveau là demoiselle pour l’instant et verrait pour avoir son numéro au moment de payer. Cependant la voix de la jeune femme le remerciant l’avait surpris. De plus, l'utilisation de la troisième personne avait fait son retour. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi. “Ce n’est rien.” Minki allait reprendre la conversation avec son vis à vis quand Yami s’adressa encore une fois à lui. Le surprenant un peu par sa question. “C’est effectivement le cas. Si mademoiselle Yami veut bien me le donner, évidemment.” Si il n’était pas du style à draguer, il avait au moins l’avantage de savoir manier un minimum les mots et d’être poli. Quand soudainement elle s’était penché pour lui murmurer quelques mots à l’oreille, il avait rougit face à ce geste inattendu. Une raison qui ferait qu’il pourrait mériter son numéro. Il n’était pas le gars à insister pour cela. “Que je souhaiterais vous inviter à dîner pour m’excuser de tout à l’heure ?” Est il en serait totalement capable.

Yami jeta un rapide coup d’œil vers son collègue qui semblait tellement amusé de la situation. Comme si être à moitié moquée par son patron n’était pas suffisant, le cuisinier s’y mettait aussi. Elle pouvait déjà imaginer ce qui se dirait dans son dos une fois son service terminé. Quand tous le personnel du restaurant parleront d’elle sur leur chat dans lequel elle ne s’était pas rajoutée. Au pire, ça durerait une semaine et ils oublieraient tous. Il y avait toujours quelque chose qui se passait dans ce restaurant, une nouvelle situation remplacerait bien vite celle-ci. Mais en attendant, la Japonaise n’était pas encore sortie d’affaire. Continuer de lui parler en Japonais pour le faire abandonner (et s’assurer qu’il ne maîtrisait pas la langue pour ne pas se faire avoir à son propre jeu) aurait pu être une solution si elle ne courrait pas le risque de se faire virer en retour. Elle partait donc sur une nouvelle stratégie, celle de reprendre son petit jeu du début. Elle cherchait à le provoquer, qu’il lâchât complètement l’affaire. Malheureusement, elle se sentit rapidement stupide alors que son regard en disait long sur ses pensées. Elle se retint de rouler des yeux, presque déçue des retours. « Malheureusement je ne mange jamais le soir. » Ni même le midi en soit, mais elle n’avait pas besoin de partager ce genre d’informations. « Un client ne devrait pas s’excuser » Elle se pencha en avant pour elle-même s’excuser, sachant qu’elle avait largement dépassé la limite en tant que personnel du restaurant face à un client. Elle risquait son travail et elle serait bien paniquée si elle n’avait pas de quoi lui rapporter une petite somme à la fin de chaque mois. Elle s’imaginait déjà en train de devoir quitter l’université car elle n’aurait pas pu finir de payer ses études et le logement. Sûrement, elle serait retournée au Japon, mais toujours pas dans sa famille. Elle soupira alors qu’elle s’excusa à nouveau. « Vraiment désolée pour mon comportement. » Cette fois, c’était sincère.

Minki n’avait à la base jamais voulu mettre la jeune serveuse mal à l’aise. Mais il s’était fait piégé par son ami dans un stupide pari. Et il était hors de question qu’il le laisse gagner. Alors il s’était permis certaines choses qui n’étaient d’ordinaire pas son truc. Franchement, il se demandait même si il était crédible quand il essayait de draguer, vu qu’il n’avait même pas les bases. Il avait probablement du passer pour un idiot. D’ailleurs la situation ne s’était pas vraiment arrangée quand Yami lui avait parlé en japonais. Certes il avait quelques connaissances mais pas assez pour la comprendre et il n’avait eu aucun remord à lui annoncer. Minki avait proposé de l’inviter à dîner pour s’excuser de son comportement. En entendant la réponse de la demoiselle, il avait affiché un fin sourire. “Je comprends. Ce n’est pas grave. Je ne vais pas insister alors.” Après tout, la jeune femme n’avait pas demandé à ce que le duo fasse un pari sur son dos. Donc Minki ne comptait pas l'importuner pour rien, de toute façon ce n’était pas dans ses habitudes. “Nous sommes désolé aussi.” Le garçon était venu s’incliner légèrement. Venant appuyer sur la tête de son ancien camarade pour qu’il s’incline aussi afin de s’excuser correctement. C’était un restaurant où ils venaient régulièrement, alors il valait mieux qu’ils évitent de se faire mal voir. Il était temps pour eux de partir et en attendant Minki avait perdu son pari donc c’était à lui de payer leurs repas. “Vous n’avez pas à vous excuser encore une fois. Je vais payer pour nous deux si cela vous va.” Il avait marqué sa phrase d’un léger mouvement de tête pour désigner l’homme à ses côtés. Adressant un sourire à Yami, il avait sorti sa carte pour venir payer.