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Souquez les artimuses ((hitoshio kô))
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Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Lun 31 Aoû - 12:05 Citer EditerSupprimer
Comme toutes les semaines, une longue journée passée entre les murs de l’université était suivie par une longue soirée à travailler sans arrêt au restaurant. Parfois, il arrivait à Yami de râler sur les clients, de leur dire de rentrer chez eux plutôt que d’attendre d’être servis par fainéantise, afin d’alléger son travail. Tout dans sa tête, bien sûr. Elle était trop professionnelle pour le dire ouvertement et ne voulait pas risquer de se faire renvoyer alors qu’elle avait trop besoin de cet argent tous les mois. Mais parfois elle maudissait la Corée du Sud et ses prix bas pour la restauration qui faisaient que les habitants passaient plus de temps dans les rues à manger entre amis, collègues ou en famille plutôt que de cuisiner tranquillement chez eux. Cependant c’était un choix de vie qu’elle avait pris et ne râlait jamais bien longtemps car elle avait son indépendance et n’attendait pas après sa famille pour la moindre chose.
Les clients s’enchaînaient, venaient, mangeaient et repartaient aussitôt pour la seconde partie de la soirée ou simplement rentrer chez eux. Yami les observait passer en silence, offrant des sourires beaucoup trop souvent forcés pour l’image du restaurant. Elle ne se disait pas hypocrite, mais diplomate et savait que tant qu’elle n’avait pas la puissance et le statut social qu’elle visait, elle ne pouvait se montrer arrogante. Surtout lorsqu’elle n’était qu’une simple serveuse qui ne pouvait trouver ailleurs car ses compétences en Coréen n’étaient pas extraordinaires.
Alors que les mouvements étaient rapides et enchaînés, elle remarqua cependant une personne dans un coin du restaurant qui ne bougeait pas. Il ou elle (Yami n'était pas bien sûre) ne semblait pas dérangé.e par sa solitude (qui l’était vraiment ? Beaucoup de coréens mangeaient seuls, accompagnés de leur téléphone) et était même très concentré.e sur un carnet que la japonaise devinait être un carnet de croquis. Elle n’y fit cependant pas plus attention que ça et s’occupa des autres clients. Elle avait du travail, entre son patron qui, depuis les cuisines, aimait la taquiner pour la moindre chose et les clients qui repartaient parfois avec trop d’alcool dans leur corps, elle était occupée.
Tellement occupée qu’elle ne vit pas le temps passer et au moment de la fermeture, son chef lui indiqua qu’il était temps de faire partie les derniers clients. Le restaurant était devenu tout à coup bien calme et elle remarqua qu’il y restait un couple et cette personne qui dessinait toujours. Avec toute la politesse dont elle faisait preuve, elle demanda gentiment au couple s’ils avaient fini et précisa que le restaurant allait fermer. Fort heureusement, ils ne rajoutèrent rien et les deux partirent dans les bras l’un de l’autre. Yami ne put s’empêcher de dévoiler une grimace dans leur dos face à cette vision du couple. Puis vint le moment de faire sortir le dernier client. Elle s’approcha de l’énergumène, l’appelant avec les formes de politesse requises. « Excusez-moi mais le restaurant va fermer. »
@Hitoshio Kô
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Lun 31 Aoû - 21:23 Citer EditerSupprimer
Cette année, les dossiers à rendre s'enchaînaient. Bien sûr, ce n'était pas un problème pour l'étudiant qu'était Kô. Il adorait ses études, rêvassant souvent au moment où il pourra enfin réaliser tous ses désirs les plus fous. Quoiqu'ouvrir une boutique afin d'y vendre ses créations... il y avait quand même plus dingue que cela, n'est-ce pas ? En tout cas, le dos courbé au-dessus de ses carnets de croquis, le côté de sa main noirci à cause du crayon à papier, le jeune homme s'était installé à la table d'un restaurant où il était venu dîner. Ici, contrairement aux dortoirs de l'université où il se passait toujours quelque chose, il était plutôt tranquille.
Avec aisance, il parvenait à se couper des autres personnes qui entraient et venaient, discutaient et parlaient parfois un peu trop fort. Enfermé dans sa petite bulle, il dessinait avec ardeur, réfléchissant parfois plusieurs secondes avant de replonger la tête dans ses livres. Il cherchait, fouinait, tournait et retournait les pages des manuels ou bien usait son pouce sur l'écran tactile de son téléphone portable. Internet était une ressource intarissable qui lui permettait de visualiser parfois un peu mieux les idées qu'il désirait apposer sur ses feuilles. Kô était assez soucieux de ses rendus, c'était quelque chose de très important. Il détestait rendre un devoir bâclé, qui ne lui ressemblait pas. Dans ses croquis, il y avait toujours une petite touche personnelle qui rendait tel ou tel vêtement unique. Comme chaque artiste, le jeune homme se donnait à fond pour réussir et obtenir, dans ce cas, la meilleure note possible.
Un peu plus tard dans la soirée, le blondinet commanda un bon thé chaud afin de prendre cinq minutes de pause pour repartir de plus belle ensuite. Les mains encadrants sa tasse, il laissa ses pupilles vagabonder dans la salle, un peu au hasard, se déposant sur un client, sur la serveuse qui s'agitait en donnant, elle-aussi, sans doute le meilleur d'elle-même. Il abandonna un léger soupir, but une gorgée et, un instant après, ses yeux étaient de nouveau concentrés sur le dessin devant lui. Un ajout par-ci, un ajout par-là... Pourquoi ne pas s'avancer un peu plus et proposer une idée de collection tout à fait différente ? Un léger sourire ornant ses lèvres peintes en rouge, Kô perdit clairement la notion du temps - comme à chaque fois. Ce ne fut que lorsqu'il entendit une voix s'adresser à lui qu'il releva la tête.
Il cligna quelques secondes des paupières, se remettant où il se trouvait et sa bouche esquissa un "o" délicat. Il hocha alors la tête comme pour s'excuser à son tour et ajouta :
« Bien sûr, je range tout ça et je disparais. »
Echange de politesses effectuées en s'apercevant que son interlocutrice devait avoir à peu près son âge, Kô se hâta de tout fourrer dans son sac et de sortir du restaurant. Là, il extirpa une cigarette de sa poche et la glissa entre ses lèvres, appréciant par ailleurs la fraîcheur de la soirée. Il ne tarda pas à apercevoir la silhouette discrète de la serveuse qui venait de terminer son service.
« Eh ! fit-il en l’interpellant tout en venant vers elle, merci de ne pas m'avoir jeté à la porte. J'ai souvent tendance à ne pas me rendre compte de l'heure qui passe quand je dessine. »
Les pupilles bien réveillées, il était loin de se douter que la jeune femme n'avait qu'une seule envie : rentrer chez elle. Kô, lui, pensait justement avoir trouvé quelqu'un pour faire la conversation. Il était resté silencieux de longues heures, après tout.
@Mukai Yami
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Mar 8 Sep - 17:34 Citer EditerSupprimer
Le calme était bien une chose que la japonaise appréciait grandement. Ses fins de service, surtout quand elles étaient jusqu’à la fermeture, étaient une libération pour elle et ses oreilles qui supportaient de moins en moins le brouhaha d’un tel restaurant. Ce n’était pas faute de travailler dans un bâtiment relativement petit, les gens y parlaient tout aussi fort. Si seulement son coréen avait été légèrement mieux lorsqu’elle était arrivée au pays au matin calme, si seulement elle avait fait plus d’efforts pour s’entraîner (pas le temps, elle travaillait d’arrache-pied depuis deux ans déjà) plus pour son arrivée de l’autre côté de la mer, peut-être aurait-elle eu la chance de travailler dans un restaurant de luxe. Le genre qui était relativement calme, jusqu’à l’heure où les patrons de grandes entreprises venaient déverser leur joie dans l’alcool et ne manquaient pas de le crier pour tout le monde. Non, finalement elle aimait son lieu de travail malgré le bruit.
Obligée par ses responsabilités, elle demanda à une dernière personne (au look particulier pour Yami) de partir du restaurant car ils fermaient. Comme tous les soirs, certains traînaient, comme tous les soirs elle devait leur rappeler que ce n’était pas un établissement ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Heureusement, cette fois personne n’avait cherché à se battre comme s'il pensait posséder le restaurant pour en demander une fermeture ultérieure. Yami se souvenait encore d’une soirée très difficile avec une personne qui était persuadée que, parce qu’il avait plus d’argent, pouvait acheter la serveuse pour le laisser profiter de plus de bouteilles de soju avant de fermer. Elle détestait les personnes riches. Et pourtant, souhaitait le devenir car elle supportait encore moins cette impuissance face à l’argent. Être riche réglait tous les problèmes, d’où son objectif.
Elle lâcha un dernier soupir alors qu’elle finissait de nettoyer la dernière table. Les bols étaient rangés à leur place, les plateaux avec, tout était prêt pour la journée du lendemain. Yami se pencha en arrière pour faire craquer son dos et pensait déjà à ce qu’il lui restait à faire avant de pouvoir rejoindre son lit, versant mentalement une petite larme en se disant qu’encore une fois, elle ne dormirait pas beaucoup cette nuit-ci. L’avantage d’avoir une colocataire sourde était qu’elle pouvait continuer de travailler tard dans la nuit sans risquer de la réveiller.
Elle dit au revoir à son patron, puis ferma la porte derrière elle. Ses cheveux étaient à présent détachés et elle fouilla rapidement dans la poche avant de son t-shirt pour en sortir un paquet de cigarettes avant de s’en allumer une. Cependant, elle sursauta, surprise par l’interpellation d’un inconnu. Elle manqua de faire tomber son bâton de nicotine comme elle était habituée à ce qu’on la laisse tranquille dans la rue et son chemin de retour. Elle tourna la tête vers la voix, prête à dire à la personne qu’elle n’était pas intéressée lorsqu’elle remarqua qu’il s’agissait de la dernière personne qui traînait dans son restaurant. Ne voulant pas donner une mauvaise image du restaurant, elle fit une rapide courbette en signe de politesse « De rien, ça nous fait plaisir de ne pas avoir à nous battre contre ceux imbibés d’alcool qui restent. » Elle offrit un sourire fatigué, pensant toujours au nom du restaurant et au fait qu’ils étaient encore juste devant. « Tu dessinais quoi, si je peux me permettre ? Ça semblait tellement intéressant que tu n’as pas vu l’heure j’ai remarqué. » Pour une fois, elle se montrait légèrement plus ouverte, prête à passer quelques minutes de plus (le temps qu’elle terminait sa cigarette) pour discuter, rien que pour la réputation de son lieu de travail. Peut-être n’avait-elle aucun soucis à faire là-dessus, mais ne savait-on jamais. Elle ne supporterait pas que le restaurant soit injustement nommé car (en dehors du travail) elle avait mal parlé à un client. Cependant, dans sa tête elle entendait le tic tac de son horloge imaginaire qui lui disait que c’étaient des minutes de sommeil en moins. « Je ne vais pas traîner, j’ai encore du travail. » Finit-elle par dire, pensant couper court la conversation.
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Lun 14 Sep - 18:29 Citer EditerSupprimer
Contrairement à la demoiselle, et ce qu'il finirait bien par apprendre ou comprendre, Kô avait une certaine dépendance vis-à-vis des autres une fois sorti de ses dessins, de ses études. Il n'aimait pas spécialement se retrouver tout seul, comme un sentiment d'abandon dans le fond, alors tous les prétextes étaient bons pour entamer une conversation - même avec une parfaite inconnue. Mais cette jeune femme n'était pas si inconnue que ça puisque c'était elle qui avait servi Kô tout au long de la soirée.
On ne pouvait pas dire du garçon qu'il était hyperactif, car il savait bien faire la part des choses. Cependant, on pouvait clairement dire de lui qu'il pouvait parfois se montrer un peu agaçant sur les bords. Lui préférait en rire en découvrant un large sourire de ses lèvres peintes en rouge, jouant sur le fait qu'ici, en Corée, il était en quelque sorte un étranger puisqu'il venait du Japon. Il avait un peu réponse à tout ayant déjà rencontré toutes sortes d'interrogations au préalable.
Alors, ainsi en train de fumer sa cigarette, il n'avait pas hésité longtemps pour héler la demoiselle qui quittait tout juste son travail. Kô aussi faisait des heures en-dehors de ses études de design et stylisme. En effet, il posait depuis quelques mois pour une ligne de vêtements streetwear japonaise. Un passe-temps plus qu'un véritable boulot, mais qui ne manquait pas de faire rentrer un peu plus d'argent sur son compte en banque déjà bien garni grâce à ses parents. Cela permettait à Kô de découvrir de nouvelles idées d'habits, voir sur le terrain comment tout cela se gérait.
« Oh, je ne pose généralement pas d'ennuis, dit-il en riant légèrement, je ne bois que très peu d'alcool. »
Il haussa doucement les épaules. A vrai dire, il ne posait pas "ce genre" d'ennuis. Car cela était déjà arrivé qu'il se fasse sortir d'une soirée, d'un bar ou d'une boîte de nuit, pour un comportement apparemment pas approprié. Ce n'était pas parce qu'il était frêle qu'il ne savait pas se défendre ! Alors quand des hommes se montraient trop insistants avec lui, il n'hésitait pas vraiment à dire tout haut ce qu'il pensait.
Répondant à son sourire, il acquiesça aussi un peu du visage à ses paroles. Il était vraiment ravi qu'elle l'interroge sur ses dessins ; il était lui aussi assez curieux sur les occupations des autres.
« J'essaie d'inventer une collection de vêtements pour la saison d'automne-hiver qui arrive, c'est dans le cadre de mes études, ajouta-t-il en tirant sur sa cigarette. Quand je commence à réfléchir et à dessiner, il est clair que je ne compte plus les heures. Mais j'imagine que c'est pareil pour toi, avec ton travail ? »
Kô finit par terminer sa barrette de nicotine qu'il écrasa avant de la jeter dans une poubelle non loin. Aux paroles de son interlocutrice, il lui fit signe qu'ils pouvaient commencer à avancer si elle le désirait. Malgré l'heure avancée, le temps semblait clément et il faisait plutôt doux pour cette soirée. C'était vraiment agréable.
« On peut peut-être faire un bout de trajet ensemble ? l'interrogea-t-il. Je vais par là. Je loge dans une chambre de dortoir sur le campus de l'université. »
Enfin, ça c'était quand il rentrait. La plupart du temps, il finissait la nuit dans des bras d'inconnus, dans des lits et des draps tout aussi inconnus. Mais bon, il n'allait peut-être pas dire ça tout de suite à la demoiselle. Un instant, il imagina qu'il était un peu son garde du corps... Quoiqu'à s'y méprendre, certains regards pourraient penser à deux jeunes femmes rentrant d'une soirée. Et ça ne le dérangeait pas le moins du monde, au contraire. L'amusement était si grand.
« Alors, tu travailles dans ce restaurant depuis longtemps ? Il est plutôt petit, mais agréable. Bon, j'avoue, c'est la première fois que j'y viens, mais c'est important, non ? »
Ça lui arrivait souvent d'entrer dans un établissement un peu au hasard pour y manger, ou juste boire un thé, et étudier, griffonner. Les rencontres se faisaient ensuite tout naturellement, comme ce soir-là.
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Lun 21 Sep - 17:26 Citer EditerSupprimer
Bien que Yami semblait froide et distante aux premiers abords, ne sachant jamais comment démarrer une conversation, elle n’était pourtant pas contre l’idée d’élargir son cercle d’amis encore bien trop vide. Elle n’avait simplement pas le temps de faire des rencontres et entretenir ces relations naissantes qui parfois demandaient beaucoup d’attention. Elle abandonnait vite au final, prétextant être trop occupée par ça et n’était pas dérangée par la solitude qui s’en suivait (pas toujours). Pourtant, elle était aussi très faible socialement, surtout lorsqu’il s’agissait d’être sincère. Tirer les ficelles, rassembler des relations qui pourraient servir plus tard, des contacts qui l’aideraient à monter dans la société, elle savait y faire. Lorsqu’il s’agissait de se faire un réel ami, c’était autre chose. Qu’est-ce qu’elle devait dire, comment devait-elle réagir si elle n’avait pas à anticiper les moindres faits et gestes de la personne en face d’elle ? Au final, elle se disait que c’était peut-être mieux ainsi car elle ne se laissait pas distraire par d’autres choses et restaient droite dans ses idées. Puis, il s’agissait aussi d’un client, elle pouvait continuer sa mascarade, prétendre se soucier de sa vie alors qu’elle ne pensait qu’à le fidéliser pour faire fonctionner au mieux le restaurant. Tout pour l’argent, toujours l’argent. Et le succès.
Seulement, elle ne pouvait non plus nier ce petit sentiment positif naissant en elle, celui que l’on ressentait lorsque quelqu’un venait nous parler autre que pour demander son chemin, celui qui disait que, peut-être, on était assez important pour être remarqué par quelqu’un. Elle préférait alors prétendre ne pas l’avoir remarqué.
Elle fut rassurée par les paroles du jeune homme (ou jeune femme ? Elle n’était pas encore sûre) et ne put empêcher un sourire d’apparaître. Une jeune personne qui ne buvait pas d’alcool, ça se faisait rare de nos jours, surtout dans ce pays où elle avait rapidement remarqué qu’ils buvaient beaucoup plus que dans son pays natal.
Toujours dans l’idée de fidéliser la clientèle, Yami posa des questions sur les dessins que le jeune inconnu était occupés à faire lors de la fin de son service, surprise de découvrir qu’il créait des vêtements. « C’est génial, mais c’est pas trop compliqué avec tout ce qu’il se fait déjà en ce moment ? » La mode, elle la suivait de très loin, mais regardait parfois quelques shows lorsqu’elle avait le temps (donc très peu). Cependant, elle voyait parfois des créations très singulières qui ne lui plaisaient pas forcément. « D’autant plus qu’au final, ça fait une boucle. » finit-elle avant de tirer sur sa cigarette. « Mon travail me prend pas mal de temps, oui. Mais au moins, ça paie ma survie. » Elle ne rajouta rien, se disant que pour quelqu’un qui ne s’étalait jamais sur sa vie, elle en avait déjà trop dit. Elle tenta alors de couper court à la conversation, en vain. Elle ne put réussir à trouver une excuse et accepta finalement par faire le chemin avec cet inconnu. « Ah, ah. Toi aussi ? Je crois qu’on pourrait faire toute la route ensemble même, surtout si ton dortoir est celui des Cheonglyong aussi. » Elle commença à, lentement, avancer avant de finalement penser à se présenter. « Je m’appelle Mukai Yami au fait. » C’était peut-être mieux ainsi et il était de toute façon déjà trop tard pour reculer et faire comme si une relation ne se créait pas. Puis, elle rencontrait bien des membres de sa fratrie dans un bar, loin de son lieu de travail par le plus pure des hasards alors elle n’était plus à l’abri de rien. Si ça se trouvait elle était de nouveau en présence d’un camarade de fratrie et en serait encore gênée de ne pas l’avoir remarqué alors que le jeune homme semblait facilement remarquable. C’était encore la preuve qu’elle ne passait pas assez de temps avec sa fratrie.
« C’est le seul restaurant qui avait bien voulu me prendre car je parlais très mal coréen. » Elle ne dit rien sur le côté petit du commerce car elle en était bien consciente et que, justement elle appréciait bien qu’il ne s’agissait pas là d’un restaurant aux tables innombrables. « Si c’est ta première fois, j’espère alors que ce ne sera pas la dernière. Tu verras tu ne trouveras pas meilleures nouilles ailleurs. » C’était presque une phrase qu’elle répétait systématiquement car la japonaise ne supportait plus de manger des nouilles depuis des années et n’avait donc goûté aucun plat du restaurant où elle travaillait. « Je suis arrivée en Corée en début d’année alors trouver un job quand on ne parle pas parfaitement coréen, c’est compliqué. » Encore une fois, elle en laissait trop passer, elle tenta de retourner les questions vers l’autre personne. « Je ne sais toujours pas ton nom, au fait. »
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Sam 3 Oct - 21:02 Citer EditerSupprimer
Visiblement, son interlocutrice semblait plutôt intrigué par les dessins qu'il faisait. Kô put alors lui expliquer un peu plus en détails et il hocha la tête en signe de dénégation quand elle lui demanda si ce n'était pas trop compliqué.
« Non je ne trouve pas, ajouta-t-il, à vrai dire, j'ai mon propre style et je ne pense pas que quelqu'un pourrait trouver mes créations ailleurs. »
Kô était clairement ce qu'on pouvait appeler communément un passionné. Il passait des heures entières, parfois même des journées et des nuits, à réfléchir, à s'inspirer de tout ce qu'il aimait afin d'obtenir le résultat qu'il désirait. Très pointilleux, il n'hésitait pas à tout déchirer pour recommencer au mieux plusieurs fois. L'échec ne lui faisait pas peur, car il ne le connaissait pas. Il avait aussi certaines facilités qui lui permettait toujours de bien s'en tirer. Une véritable aubaine quand il voyait certains de ses camarades qui rendaient des devoirs qui ressemblaient à des torchons pour lui. N'avaient-ils pas honte ?
Ce fut Kô qui l'interrogea aussi sur son travail et elle répondit que cela lui permettait ainsi de survivre. Ah. Il ne voulut pas rebondir là-dessus, n'ayant jamais eu cette nécessité. Sa mère lui versait tous les mois de généreuses sommes d'argent sur son compte et le japonais n'avait aucun scrupule à l'utiliser comme il en avait envie. L'histoire avec sa mère était compliquée, et douloureuse. Quoiqu'il en soit, quand il sut que son interlocutrice faisait partie des Cheonglyongs, ses pupilles s'illuminèrent et il l'attrapa par le bras, ravi.
« Je fais aussi partie de cette fraternité ! s'exclama-t-il. Comment ça se fait qu'on ne se soit jamais croisé avant aujourd'hui ? En plus, cette rencontre est assez étonnante puisqu'on ne se voit pas sur le campus. »
Kô ne songea qu'ensuite que sa remarque pouvait se montrer déplacée. Après tout, Mukai Yami faisait de son mieux pour travailler à côté de ses études, alors c'était sûrement pour cette raison qu'il n'avait jamais vu son visage dans les soirées organisées par la fraternité.
Alors qu'ils allaient donc dans la même direction, Kô toujours accroché au bras de la demoiselle, il l'écouta avec plaisir lui raconter que cela ne faisait que peu de temps qu'elle était arrivée en Corée et, du coup, c'était difficile d'en apprendre la langue aussi vite.
« Aaah, je veux bien te croire, soupira-t-il, moi aussi j'ai du apprendre le coréen, mais je dois avouer que ce n'est pas vraiment facile par moment. En tout cas, tu te débrouilles bien maintenant. On pourra s'entraîner ensemble si tu veux, d'autant plus que tu es japonaise, non ? »
La consonnance de son nom lui laissait supposer cela. Oh ! d'ailleurs, Kô en avait clairement oublié les bonnes manières avec tout ça.
« Désolé, rit-il, je m'appelle Hitoshio Kô, enchanté de te rencontrer. Je viens moi aussi du Japon, spécialement pour étudier à la Yonsei. J'avais vraiment besoin de changer d'air, l'impression d'étouffer là-bas. »
Néanmoins, en en parlant ainsi de vive voix, il eut une légère pointe de nostalgie dans le coeur. Cela faisait à présent deux années qu'il foulait le territoire coréen et il n'était pas retourné une seule fois dans son pays natal. Il l'aimait et le détestait tout autant, n'ayant pas franchement envie de retrouver l'appartement de sa mère. A vrai dire, il appréhendait un peu ce retour aux sources et ne se sentait tout simplement pas encore prêt pour y retourner si tôt.
« Je reviendrais goûter à tes nouilles avec plaisir, reprit-il tandis qu'ils traversaient à un coin de rue mal éclairé. Pourquoi est-ce que tu es venue en Corée, toi ? D'ailleurs, tu étudies dans quelle branche ? Moi, j'imagine que tu as bien compris que j'étudiais le design et le stylisme. »
Il lui adressa son plus beau sourire, la tête un peu dans les étoiles dès qu'il s'agissait de parler de ses rêves les plus fous. Il se sentait à l'aise à côté de cette demoiselle, comme ayant la vague impression de la connaître depuis longtemps alors que ce n'était pas le cas. C'était léger et agréable dans la fraîcheur de cette nuit d'été.
@mukai yami
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Dim 4 Oct - 22:59 Citer EditerSupprimer
Il arrivait parfois à la Japonaise de se demander si ses phrases passaient mieux lorsqu’elle les employait sur un ton humoristique mieux contrôlé. Elle n’était une personne, par définition, drôle. Elle n’avait jamais été la comique de la classe ou de la famille (elle avait deux frères jumeaux pour ça) résultant sur un ton qui restait généralement sérieux. Il arrivait donc, parfois, qu’elle lâche des propos pour les repenser après, lorsqu’il était déjà trop tard. Et c’était le cas alors qu’elle marchait lentement, profitant d’une soirée encore (trop) chaude par les températures de l’été. Cependant, la serveuse n’était pas du genre à tenir compte des pensées que pouvaient avoir les autres sur sa personne, alors elle ne se corrigea pas. Mais une touche d’humour de temps en temps ne pouvait lui faire de mal.
La conversation dévia et ils découvrirent qu’ils venaient de la même fratrie. Décidément, c’était un des points faibles (et elle disait ne pas en avoir pourtant) de la Japonaise qui, passant tellement peu de temps en compagnie de ses camarades de fratrie, à l’exception de sa colocataire pour ses raisons évidentes, elle était incapable de les reconnaître lorsqu’elle les croisait. Dans la rue où sur le campus. « Étonnante en effet. » Répéta-t-elle quelque peu perdue dans ses pensées. « Je suis désolée, je ne suis pas vraiment la meilleure pour reconnaître les gens que je croise et je ne suis pas souvent disponible pour les Cheonglyong... » Dit-elle sans réellement sembler désolée. C’était pourtant le cas. Elle avait choisi de faire partie d’un groupe universitaire afin de pouvoir commencer à se créer un réseau qui pourrait lui être utile une fois son diplôme en poche. Elle paraissait pour une femme froide et distante mais, non seulement elle était introvertie malgré le fait qu’elle avait grandi avec quatre frères et sœur, elle n’avait pas beaucoup de patience, ni même les outils nécessaires pour entretenir correctement une conversation.
Le fait que la personne qui la l’accompagnait était elle aussi japonaise rendait la conversation déjà plus facile. Car, même si Yami avait un coréen relativement correct, il lui arrivait encore d’enchaîner les fautes de grammaire et d’oublier du vocabulaire. Alors si elle pouvait parler japonais de temps en temps, ça l’arrangeait car, mine de rien parler une langue étrangère tous les jours, du matin au soir, ça fatiguait.
Yami rigola doucement. Ce n’était pas très joyeux comme son mais plus comme une manière acquiescer face à la remarque du styliste. « Oui, on étouffe vite là-bas. » Elle changea pour parler japonais. Elle avait quitté son pays, laissant sa famille derrière sans nouvelle pour à peu près les mêmes raisons. « Je serais ravie d’améliorer mon coréen avec toi, même si je dois bien t’avouer parler japonais me fait quand même du bien. » Car au restaurant, son patron était japonais et ils avaient un cuisinier qui parlait parfaitement la langue aussi mais à part donner des noms de plats qui, en Japonais ou en Coréen ne changeaient pas, ils ne parlaient pas beaucoup.
« Enchantée Kô-san. » Elle espérait qu’elle pouvait déjà utiliser son prénom. Ils étaient de la même fratrie après tout.
Ils continuèrent à traverser les rues, tous les deux dans la nuit toujours mouvementée de la capitale. Le regard de Yami se perdit dans le vide alors qu’elle réfléchissait à comment elle pouvait répondre à la question sur sa venue en Corée. « La filière que je voulais était intéressante ici. » En soit, elle ne mentait pas. Elle était intéressante mais pas forcément pour la qualité de l’enseignement bien qu’il était déjà élevée. « Et j’avais pas les moyens de vivre à Tokyo. » Elle aurait pu rester à Kyoto pourtant, là où elle avait passé sa licence. Mais tout comme Kô, elle avait eu besoin de changer d’air. « Je suis en informatique, au fait. Je passe mes journées à faire des lignes de codes pour créer des programmes. Surprenant pour une femme, non ? » Elle avait l’habitude de voir le marché pris d’assaut par des hommes qui pensaient pouvoir lui expliquer ce qu’elle savait déjà, en plus des remarques du style ‘t’es bien mignonne pour faire du code’. Elle les détestait tous. « Oui, ça se voit de très loin. D’ailleurs, désolée de te demander ça mais, quels sont tes pronoms ? » Au moins, fille ou garçon ou autre, elle serait fixée. Depuis le temps que ça l’intriguait. « Je ne voudrais pas me tromper. »
Ils passèrent devant un Seven Eleven quand Yami s’arrêta tout à coup. « Je dois acheter quelque chose, tu m’attends ? » Elle avait grandement besoin de café même si ce n’était pas conseillé à cette heure-ci.
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Dim 11 Oct - 19:27 Citer EditerSupprimer
Kô lui adressa un délicat sourire en secouant légèrement la main, comme pour balayer les paroles qu'elle venait de déclarer.
« Non, ce n'est rien, dit-il, je comprends bien que tu travailles et que tu n'as pas toujours le temps de t'investir pour la fraternité. Et puis, même si c'est parce que tu n'en as pas envie, peu importe, ajouta-t-il en haussant les épaules, je ne vais pas aller à le répéter. Tu fais ce que tu veux, après tout. »
Et c'était la vérité. Lui-même n'était pas non plus hyper investi chez les dragons bleus, mais il commençait à l'être de plus en plus depuis ces derniers mois. Il se sentait peut-être plus accepté, dans un sens, ou peut-être était-ce lui qui faisait ce genre d'efforts un peu inconsciemment. Quoiqu'il en soit, les autres personnes de la fraternité étaient agréables dans l'ensemble et il pourrait aider Yami si jamais elle avait envie de venir quelques fois se poser dans leur partie commune.
Après tout, Kô avait débarqué du Japon pour fuir cette île qui lui avait causé bien des ennuis avec de nouveaux objectifs, et sans réelle famille pour le soutenir dans cette nouvelle aventure ; il avait trouvé divers refuges, à commencer par dessiner un peu plus fort encore, et il sortait beaucoup (trop) pour s'amuser. Parfois, il ne savait plus très bien où il en était de jouer de la sorte avec tous les hommes qu'il arrivait à prendre dans son filet, mais l'addiction était trop importante pour que le jeune homme ne recommence pas le jour suivant. Tout ça pour dire que, dans le fond, s'il se rapprochait lui-même des autres étudiants, c'était peut-être dans le but d'y trouver une forme de réconfort. Mais il n'allait bien sûr pas dire tout cela à son interlocutrice.
« Oui, le japonais me manquait un peu à moi aussi malgré tout, c'est agréable que l'on puisse le parler ensemble. »
D'ailleurs, quand il y réfléchissait, Yami était l'une des rares personnes qu'il rencontrait et qui possédait cette même origine, nationalité, que lui. Depuis deux ans qu'il était en Corée, combien de fois avait-il pu retrouver sa langue natale ? Il espérait en tout cas qu'il ne fut pas trop rouillé et qu'il exerçait toujours correctement la grammaire japonaise.
« Aaah, je comprends, acquiesça-t-il, c'est vrai que la vie est chère à Tôkyô, mais j'ai l'impression que c'est un peu pareil dans toutes les grandes. Après, moi, je n'ai pas de soucis avec l'argent, donc j'imagine que je ne me rends pas toujours bien compte de ce que ça peut représenter. »
Il se mit ensuite à rire quand la demoiselle lui demanda de lui indiquer s'il était plutôt "il" ou "elle", justement. Ce n'était pas la première fois qu'on l'interrogeait là-dessus et ce n'était clairement pas un sujet sur lequel il allait s'emballer. Au contraire, il aimait autant le côté franc et direct de Yami plutôt que certaines personnes qui tournaient autour sans oser poser de questions. Quel mal y avait-il à la curiosité ? Lui le premier n'hésitait pas à discuter de tout ce qui l'interpelait.
Kô se détacha alors du bras de sa camarade pour accélérer et marcher face à elle, dos au reste du monde. Il lui adressa un large sourire en croisant ses mains derrière son dos et reprit la parole :
« Tu peux dire comme tu en as envie, promis je ne m'en offusquerais pas. Mais dessous tout cela, je suis vrai homme. »
Il avait comme bombé le torse et bandé ses rares muscles avant de glisser une main dans ses cheveux en riant, laissant sa respiration retomber.
« Et si l'informatique est vraiment ce que tu as envie de faire, alors peu importe qui tu es du moment que tu es douée. C'est un peu pareil dans la mode, au final. »
Même s'il y avait des hommes stylistes, et d'excellents en la matière, il y avait quand même beaucoup de préjugés (pour le coup, dont certains correspondaient néanmoins à Kô) et qui n'étaient pas toujours évidents à gérer. Mais le jeune homme avait la tête sur les épaules en ce qui concernait ses rêves et ses ambitions et il ne se laisserait pas décourager avant d'avoir réalisé ses objectifs. Yami semblait ne pas baisser les bras facilement non plus, du peu qu'en avait pu voir Kô jusqu'alors.
Il lui demanda si elle pouvait lui prendre un thé chaud au passage, qu'il lui revaudrait ça, et il l'attendit quelques minutes à l'extérieur. Ses pupilles levées vers le ciel nocturne, il ignorait un peu l'heure qu'il était et il appréciait cette fraîcheur sur son visage. Il ferma quelques secondes les paupières et quand il les rouvrit, la demoiselle était de retour à ses côtés. Il la remercia et réchauffa ses deux mains contre le gobelet brûlant. Il ne buvait pas de café, un peu fier d'être japonais, et beaucoup car il n'aimait pas cela.
« Donc, tu travailles au restaurant et tu étudies l'informatique, reprit-il ensuite. Tu as envie créer des jeux, des logiciels, ce genre de choses ? »
Lui n'y connaissait rien en la matière et c'était à son tour d'être un peu plus curieux sur les ambitions de son interlocutrice.
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Mer 14 Oct - 0:03 Citer EditerSupprimer
Elle ne put s’empêcher de laisser un sourire apparaître alors qu’elle apprenait qu’elle n’avait pas affaire avec une de ces personnes pour qui la fratrie était toute une vie. Elle en avait vu certains qui étaient à tout pour représenter au mieux leur propre groupe et Yami n’avait pas envie de devoir s’affronter à eux. Elle avait assez à s’occuper avec ses propres objectifs. Ils continuèrent de marcher, s’échangeant des formalités afin de mieux se connaître alors que la Japonaise laissait peu à peu ses défenses se relâcher. Elle n’avait plus rien à voir avec la jeune serveuse qui était prête à lui refuser même un simple regard. Elle ne s’était toujours dégagée de l’emprise du plus jeune alors que ça la gênait pour marcher.
Ils parlaient en japonais et, même si c’était l’étudiante qui avait décidé de tout laisser derrière elle sans un dernier coup d’œil, elle ne pouvait dire que ça ne lui manquait pas un peu. Son coréen s’améliorait, mais ce n’était pas pareil, elle ne pouvait manier le sarcasme à la perfection comme elle en avait l’habitude dans sa langue natale. Et quelle frustration était-ce lorsqu’elle n’arrivait pas à correctement se faire comprendre. Pourtant elle s’était bien améliorée depuis qu’elle était arrivée dans le pays mais ce n’était pas toujours parfait.
Elle se retint de rouler des yeux lorsqu’il mentionna ne rien manquer. La Japonaise n’était pas forcément jalouse que les autres puissent profiter d’un meilleur confort qu’elle (tant mieux pour eux), cependant, elle détestait ceux qui laissaient flâner leurs billets sous le nez des autres. Et les fils à papa. Bien que Kô semblait relativement innocent dans ses paroles, elle ne put s’empêcher de râler silencieusement. Bien sûr qu’il ne pouvait s’en rendre compte, mais du point de vue de la demoiselle c’était comme si tout son travail passait inaperçu (ils ne se connaissaient pourtant pas assez pour qu’il sache à quel point la pauvreté la touchait).
La conversation revint rapidement bonne entente, alors que le jeune styliste prit de l’avance et annonça qu’il était bien un homme. Chose face à laquelle Yami rougit, gênée d’avoir posé la question malgré tout. « Disons que c’est un vrai challenge tous les jours. » Elle parlait de l’informatique. Car ça n’avait jamais été une passion pour la serveuse qui n’avait que pensé à son futur et au métier qui pouvait lui rapporter le plus d’argent le plus rapidement. Elle savait que c’était loin d’être les bonnes raisons et beaucoup lui avaient dit qu’elle ne serait jamais heureuse si elle continuait ainsi, mais elle s’était persuadée que le bonheur elle le trouverait dans la fortune qu’elle construirait.
Elle s’arrêta, le temps d’aller acheter un café qui l’aiderait à tenir pendant encore quelques heures pour qu’elle puisse avancer sur ses lignes de code. Cependant, elle n’avait pas prévu de devoir acheter une boisson en plus pour son nouvel ami (enfin elle l’espérait qu’elle pouvait le qualifier ainsi). Elle hésita une seconde, puis se disant qu’il serait fâcheux de s’embrouiller dès le début d’une relation naissante, elle acquiesça rapidement de la tête et disparut dans le petit commerce de rue.
Les boissons chaudes posées près de la caisse, elle ouvrit son porte-feuille pour n’y voir que deux billets qui, au final, ne représentaient pas grand-chose. Se mordant la lèvre inférieure, elle paya alors que de nombreux plans se formaient déjà dans sa tête pour gérer ses dépenses. Il lui restait du riz au dortoir, elle pourrait bien tenir plusieurs jours rien qu’avec ça.
Elle réapparut aux côtés de Kô, perdu dans le ciel sombre de la capitale, lui tendant sa boisson. La Japonaise ressortit une cigarette de son paquet qu’elle alluma, jonglant entre le tabac et le café. « Je fais des programmes pour aider les autres utilisateurs. C’est vrai que je pourrais me lancer dans le jeu vidéo, mais je compte faire carrière dans la sécurité. » Quoi de mieux pour contrôler le monde que gérer la sécurité et contrôler les entités qui contrôlent ce monde. Le but de Yami était de devenir riche et puissante mais, ça, elle ne le disait plus à haute voix. « En gros, je passe surtout mes journées devant un écran et des langages informatiques. Le tout c’est d’actualiser très régulièrement pour être sûr que tout fonctionne correctement. » Un point virgule oublié ou une fin de fonction oubliée et elle pouvait faire crasher un ordinateur. Elle en faisait encore des cauchemars. « Mais au final, ce n’est pas très intéressant, même si je commence à apprécier le fait que, avec des zéros et des uns, on peut tout créer. » Elle commençait. Car toutes les nuits blanches qui la faisaient râler (heureusement sa colocataire était sourde) étaient encore la preuve de ce qu’elle était capable de subir pour atteindre son objectif. « Et toi Kô, avec tes collections, tu ouvrirais ta boutique ? »
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Re: Souquez les artimuses ((hitoshio kô)) | Dim 1 Nov - 12:54 Citer EditerSupprimer
En effet, l'argent n'était clairement pas un problème pour le jeune homme. Avec le passif qu'il avait avec sa mère, celle-ci se sentait comme redevable de cette façon et lui donnait de l'argent à ne plus savoir quoi en faire chaque mois. C'était la moindre des choses pour avoir failli à son devoir. Néanmoins, Kô ne se rendait pas toujours compte des inégalités et que cela pouvait mettre mal à l'aise ses interlocuteurs quand il déclarait presque avec dérision qu'il n'y avait pas de soucis niveau argent pour lui. En réalité, il préférait lui-même s'en détourner, ayant parfois l'impression que c'était de l'argent sale. Mais bon, il ne comptait pas s'épancher sur ses malheurs ce soir-là. Yami était de bonne compagnie et il passait une belle fin de soirée après avoir griffonné sur ses feuilles des heures durant.
Ils finirent par s'arrêter près d'une supérette où la demoiselle partit acheter des boissons chaudes. Kô l'attendit à l'extérieur avant de la remercier en réchauffant ses mains autour du gobelet bien chaud. Cette saison était l'une des favorites de l'étudiant. C'était bien plus aisé de se réchauffer que de se rafraîchir, du moins, de son point de vue. Et puis les vêtements étaient tellement plus agréables eux-aussi ! A son tour, il fit le curieux sur les ambitions de sa camarade, approuvant doucement de la tête à ses paroles. La sécurité était quelque chose de très important dans la société actuelle et Kô se sentait déjà soulagé de voir que la jeune femme avait vraiment la tête sur les épaules pour se lancer dans de telles études. Elle était sans aucun doute capable de faire de son mieux pour protéger des gens.
« Alors je pourrais te demander de créer des programmes de sécurité quand j'aurais ouvert mes propres boutiques ? l'interrogea-t-il. Je suis sûr que tu atteindras tes objectifs, tu as vraiment l'air motivée. »
Et Kô savait que c'était un moteur dans la vie de beaucoup de monde. Quand on avait l'envie et la motivation, on pouvait être capable de bien des choses. Lui aussi était dans cette optique, loin d'avoir envie de lâcher des yeux son propre objectif final. Il acquiesça donc de la tête en buvant une gorgée de sa boisson chaude. C'était vraiment parfait.
« Je veux en ouvrir plusieurs mêmes, exposer mes créations et devenir un grand nom de la couture ! Je pourrais aussi exploser au niveau international afin de proposer des partenariats avec des mannequins connus et peut-être diversifier ma gamme... Mh, récemment, je me suis mis à créer pour les femmes. Je ne faisais que les hommes, avant. »
Il pensait bien sûr à son amie Kelea qui lui avait permis d'élargir son horizon quand il lui avait proposé de s'associer à elle pour l'un des exposés qu'il avait dû rendre. C'était quelque chose qui lui tenait à coeur et sa camarade lui avait été d'une grande aide, lui apportant à son tour sa propre vision de la mode, lui proposant de travailler sur des modèles de femme. Kô n'avait de cesse de s'enrichir et de voir plus grand.
Il offrit un nouveau sourire à Yami et, voyant qu'elle venait de terminer sa cigarette, revint se pendre à son bras. Les lueurs de l'université se mouvaient au loin tandis que chaque pas les y amenait sûrement.
« J'aime beaucoup quand tu as dit qu'à partir d'un rien on peut tout fabriquer, c'est aussi ce que je pense. »
En s'intéressant à la mode, bien des années plus tôt, Kô n'avait pas tout de suite su dans quelle direction se diriger. Il avait donc juste pris un crayon, une feuille et son imagination avait fait le reste. Finalement, ce fut grâce à des mod-les de groupes de rock japonais qu'il avait pu trouver son propre style. Mais il était aussi partie de zéro en quelque sorte.
« Au fait, tu es retournée au Japon depuis que tu es arrivée ici ? »
Il but de nouveau, se laissant quelques secondes se perdre dans la clarté de la lune. C'était une question comme une autre, jouant néanmoins une fois de plus sur la curiosité, et il n'était pas sûr lui-même d'avoir à y répondre si jamais Yami la lui retournait.
@mukai yami
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