Wang Ji avait profité d’avoir quelques jours sans cours pour rentrer en Chine. C’était l’occasion d’aller voir un peu sa famille à Luoyang même si ce n’était que pour quelques petits jours. Ainsi il avait pu voir sa grand mère qu’il n’avait pas pu voir depuis plusieurs mois. Cela lui avait fait un bien fou de revoir ses proches même si ça avait été pour une courte durée. Il avait d’ailleurs profité de ces quelques jours pour venir faire de petits achats qu’il ne pouvait faire qu’ici, en Chine. Ce n’était pas grands choses, une boîte de gâteau ou quelques bonbons. Des choses qui rentreraient sans difficulté dans sa valise pour le retour. Enfin presque, en prenant le chemin de l'aéroport il s’était arrêté dans une pâtisserie pour acheter quelques douceurs. Le jeune homme n’avait pas dû négocier très longtemps pour qu’on le laisse passer avec les pâtisseries afin qu’il puisse prendre son avion.

Le retour s’était fait sans problème particulier et a peine avait-il rejoint la capital que Wang Ji avait prit le chemin du lieu où travailler Qin Tian. Il n’était même pas certain que ce dernier travail aujourd’hui, mais comme il voulait essayer de lui faire une surprise lui envoyer un message aurait tout annulé. Donc il avait préféré prendre le risque de ne pas le trouver sur son lieu de travail. Au pire il ferait simplement demi-tour et irait lui déposer dans son dortoir, vu qu’il était aussi étudiant à la Yonsei, ca ne serait pas un énorme détour.

Le jeune homme avait finalement poussé la porte du petit shop, il trouvait toujours que ce dernier avait une aura mystérieuse qui en dégager quand il venait. Il faut dire que la petite boutique était déjà un peu particulière. Wang Ji était entré en cherchant du regard le jeune chinois. Ne tardant pas à l'apercevoir un peu plus loin. Il ne semblait pas occupé alors il s’était permis de l’aborder avec un léger sourire. Il n’était pas vraiment des personnes les plus bavardes mais il faisait des efforts.

- Salut. Je te dérange ? Si tu es occupé ce n’est pas grave.

Après tout il ne pouvait pas s’imposer au travail de Qin Tian si il avait des choses à faire. Donc il préférait être certain de pouvoir lui piquer un peu de temps.

outfits. | L’odeur de l’encens commençait à légèrement se dissiper dans la boutique. Qin Tian était partagé entre laisser la fragrance se disperser entièrement (il ne l’appréciait pas beaucoup malgré ses vertus excellentes) où rallumer un bâton d’encens d’ambre pour recouvrir l’odeur et surtout parce qu’il en ressentait légèrement le besoin. Mais confortablement installé dans le fauteuil derrière le comptoir, un livre posé sur les genoux, il n’avait pas vraiment envie de se lever. La journée était plutôt calme, à part pour quelques curieux qui voulaient visiter la boutique de bizarreries et un jeune homme venu acheter une bougie aromatisée avec pour seule consigne « un parfum qui la fera tomber dans mes bras ». Alors il s’était installé tranquillement derrière le comptoir, une infusion bien chaude posé sur le côté et un livre recommandé pour son cursus entre les mains. Et plutôt que surveiller l’entrée de la boutique (si jamais un visiteur passait par là), il surveillait la porte de derrière. C’était qu’il préférait ne pas voir son père et/ou sa mère passer le pas de la porte et lui demander pourquoi il glandait plutôt que de dépoussiérer les étagères ou préparer de nouveaux charmes parce que le présentoir commençait à en manquer. Bien qu’il fût en train de lire un livre pour les cours, il savait qu’il ne respectait pas leur accord, lorsqu’il était à la boutique, c’était ça le plus important, il n’était pas là en tant qu’étudiant.  

Le léger tintement des clochettes accrochées à la porte de l’entrée retentit, Qin Tian mit quelques instants à percuter sur la nature de ce son. Lorsqu’il releva finalement la tête de son livre, il se retrouva face à son ami Lan Wang Ji. Immédiatement un sourire surpris étira ses lèvres. « Wang Ji ! » Il se leva et jeta son livre sur son siège, faisant le tour du comptoir pour venir se tenir devant le jeune chinois. « Tu es déjà rentré ? Ça fait combien de temps ? » Le Sango était bien au courant du voyage en Chine de Wang Ji, ce dernier avait pris l’habitude de le prévenir pour que le réfugié puisse lui « passer commande » des choses du pays. « Ton séjour s’est bien passé ? » Ses yeux pétillaient, il espérait vraiment que son ami avait passé un bon moment en Chine, mais malgré lui, il eut un léger pincement au cœur, il aurait aimé avoir un jour la possibilité de fouler ces terres aussi.

Tenue | Cela faisait plusieurs années que Wang Ji était venu étudier en Corée du Sud, mais jamais il n’avait imaginé un seul instant ne plus jamais retourner sur sa terre natale. Alors dès que l’occasion se présentait à lui, il la saisissait sans hésiter une seule seconde et rentrer en Chine. Ça lui permettait de revoir ses parents et sa grand-mère. Mais aussi certains de ces amis avec lesquels il avait pu garder contact depuis toutes ces années. Ce n’était pas toujours de long séjour, parfois ce n’était que trois ou quatre jours. Néanmoins ca lui faisait toujours un bien fou. Et il repartait en Corée heureux d’avoir pu revoir ses proches. C’était d’ailleurs le cas aujourd’hui. Il avait fait le voyage retour, revenant dans le pays où il vivait actuellement pour faire ses études. Il avait dû prendre un taxi pour rejoindre le lieu qui l’intéressait, se disant au passage que cela faisait un moment qu’il n’était pas sorti balader en moto.

Wang Ji avait poussé la porte de la boutique où travaillait son ami, un léger sourire aux lèvres. Il n’était même pas certain qu’il serait là, mais il avait eu de la chance de le trouver directement. Et surtout disponible en plus de cela. “Oui, ce n’était que quelques jours. J’ai atterri il y a une petite heure.” Avant de venir directement jusqu’ici pour te voir. Il ne l’avait pas dit, mais s’était sous entendu dans sa phrase. “Très bien, un peu court mais j’ai pu voir pas mal de monde. J’aimerais tellement que tu puisses y retourner aussi.” Certaines fois il se sentait un peu égoïste quand ils parlaient de leurs terre natale, car lui pouvait y retourner autant qu’il le voulait contrairement à son ami. “J’ai réussi à trouver ce que tu voulais.” Doucement il était venu ouvrir sa valise pour en sortir un sac, contenant ce que lui avait demandé Qin Tian, afin de le donner au jeune homme. Parfois il ne trouvait pas tout, cependant cette fois-ci ça avait été le cas. Et il avait même réussi à ramener des pâtisseries en plus de tout cela. “Je t’ai pris ça aussi. Je ne savais pas si tu aimais ca, mais si ce n’est pas à ton goût ce n’est pas grave.” Il avait légèrement souri en lui donnant la petite boîte de pâtisserie dont une odeur sucrée émanait.

outfits. | Le temps passait et les souvenirs devenaient flous. Plus les années défilaient, moins Qin Tian se souvenait des bruits propres à son pays natal, quelles en étaient les odeurs et les silhouettes du paysage. Ça avait du bon dans un sens, il pouvait magnifier le tout sans se dire que ça ne collait pas à la réalité. Parce que la réalité de ce qu’était son pays, il ne s’en souvenait pas, enfin plus vraiment. Il gardait juste en tête que bien qu’ils fussent partis depuis des années, c’était risqué pour eux d’y retourner. Tristement, son pays rimait surtout avec danger et, pour le jeune homme, avec mélancolie. Il vivait la Chine par procuration, au travers de ses amis qui pouvaient y retourner ou qui y étaient restés assez longtemps pour avoir des souvenirs bien plus nets que les siens. Lan Wang Ji était celui dont il était le plus proche, sans doute parce que le plus jeune ne donnait pas dans le pathos et n’avait pas vraiment cherché à comprendre pourquoi la famille Wu avait été obligé de fuir. Et puis il y avait aussi le fait que quoique Qin Tian lui demandât, Wang Ji essayait de le lui ramener, comme ce jour-là.

Qin Tian regarda le jeune chinois bouche bée, cela dura quelques instants avant qu’il ne fronce les sourcils. « Tu aurais dû te reposer avant de venir ici ! Laisse-moi te préparer un thé ou un café au moins. » Et tout en parlant, comme il n'y avait personne d’autre dans la boutique, il ouvrit la « salle des lectures » où Wang Ji pourrait s’asseoir sur les coussins et souffler un peu après ce long voyage jusqu’à la boutique. « Tu sais comme moi que si j’y retournais, je ne passerais même pas la porte pour sorti de l’aéroport. » C’était dit avec une certaine légèreté, être fait à l’idée ne rendait pas les jours de mélancolie plus faciles, mais il ne pouvait pas changer les choses alors autant les accepter. Remuant les bras tout excité en voyant le sac que lui tendait Wang Ji, les manches larges de sa veste donnaient presque l’impression que Qin Tian allait finir par s’envoler. Il vint prendre le sac et le serra contre lui d’une main, tandis que de l’autre il attrapait la petite boîte bonus que lui avait ramené son ami. « Je ne savais pas que le Père-Noël était aussi beau gosse ! » Dit-il en riant doucement, et d’un mouvement de tête, invita le jeune chinois à le suivre. Ils s’installèrent dans la pièce à l’ambiance tamisée, une odeur de sauge planait toujours dans l’air. Qin Tian alla dans le coin de la pièce où se trouvait une petite table basse sur laquelle reposaient quelques tasses empilées, une bouteille d’eau, une bouilloire, des sachets de thé et une boîte de café instantané. Il versa de l’eau dans la bouilloire avant de la mettre à chauffer puis revint s’asseoir sur les coussins auprès de Wang Ji (la porte de la salle était restée grande ouverte afin qu’il puisse entendre les clochettes de l’entrée si un client venait à entrer). Il ouvrit en premier lieu la boîte de pâtisserie, un grand sourire aux lèvres. « T’aurais pas dû ! » Mais comptez sur lui pour tout goûter. Il reconnaissait des gâteaux gluants aux haricots rouges, des gâteaux de riz, des gâteaux à la châtaigne et des fa gao. Des gourmandises venues du Nord comme du Sud du pays et que Qin Tian n’avait pas toutes eu la chance de goûter. « Merci en tout cas, j’espère que tu n’as pas trop été chargé à cause de moi. » Il se releva pour aller leur servir deux tasses de thé vert, l’eau étant à parfaite température, et revint s’asseoir avec leurs boissons fumantes. « Une séance dégustation s’impose pendant que tu me racontes comment c’était ! » Qin Tian aimait voir les photographies que Wang Ji pouvait prendre lors de ses voyages, il aimait aussi les anecdotes qui pouvaient sembler banales mais étaient typiques de leur pays natal, un petit moyen d’y voyager.

C’était toujours un plaisir pour lui de pouvoir ramener un petit quelque chose pour Qin Tian. Parfois il se disait qu’il aimerait pouvoir faire plus, mais il savait que c’était difficilement le cas. Alors il essayait de faire de son mieux pour trouver ce que l’autre chinois désirait. Parfois il mettait à contribution sa grand-mère pour qu’elle l’aide dans ses recherches. Elle était douée pour cela et trouver même certaine chose que lui n’avait pas réussi à dénicher. Ce qui l’aidait grandement, car ainsi il pouvait faire plaisir à Qin Tian lors de son retour en Corée du Sud.

Certes il aurait pu se reposer un peu avant de venir le voir. Mais il était un peu excité à l’idée de voir la réaction de son ami face aux pâtisseries, donc il n’avait pas pu faire autrement que de venir le voir directement. “Je me suis bien reposé là-bas et je me reposerais au dortoir après ne t’en fais pas. Tu n’es pas obligé.” Puis il n’était pas aussi fatigué que cela, le trajet jusqu’à la boutique l’avait un peu essoufflé mais ce n’était pas grand chose. Il avait suffisamment d'endurance avec la danse pour s’en remettre rapidement. “Je le sais. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est dommage que tu ne puisses pas y retourner comme tu le veuilles.” Car si ça avait été le cas, Wang Ji aurait été ravi de lui faire visiter Luoyang, sa ville natale. Alors à défaut de pouvoir lui montrer en vrai, il prenait souvent des photos pour lui faire découvrir quelques paysage ou lieu environnant. Un léger sourire avait pris place sur les lèvres du jeune homme en voyant son aîné agir comme un enfant. C’était à ce demander qui était le plus âgé quand on les voyait ainsi tous les deux. “Ne dis pas de bêtise Qin Tian ge.” Avait-il répondu en rougissant légèrement. Ca ne lui ressemblait pas vraiment de rougir pour cela, mais son ami l’avait pris au dépourvu et sous l’effet de surprise il avait un peu rougit. Comme indiqué, il avait suivi son aîné, venant s’installer sur l’un des coussins présents dans la pièce. Profitant de l’ambiance reposante du lieu pendant que Qin Tian s’occupait de préparer leurs boissons un peu plus loin. Il avait fixé son aîné pendant qu’il ouvrait la boîte de pâtisseries, curieux de savoir si elles seraient à son goût ou non. “J’ai l’occasion d’en manger à chaque fois que je retourne là-bas. C’est pour ça. Fallait que tu puisses y goûter aussi.” Il avait essayé de choisir des pâtisseries un peu variées pour que le plus âgé puisse y trouver son compte. Wang Ji se serait senti un peu mal que Qin Tian n’en aime aucune, mais il ne pouvait pas le prévoir si c'était le cas. “Ne t’en fais pas. Je ne les aurais pas prise si ca avait été le cas.” Puis si il n’avait pas pu le faire cette fois ci, il aurait simplement attendu la prochaine fois ce n’était pas un problème. “Fais toi plaisir, moi je les connais très bien.” Il avait pris quelques secondes pour choisir de quoi il allait parler, lui qui n’était pas très bavard en temps normal devait prendre un peu sur lui dans ces moments là. “On est allé balader au Mont Song avec ma grand-mère. Elle tient encore vachement la forme pour son âge. J’ai pris quelques photos si tu veux voir.” Ce n’était pas grand chose, mais ça illustrer un peu la vue qu’il avait pu avoir de là haut. “Ma mère voulait en profiter pour que je fasse une performance pour l’école de danse, mais j’ai réussi à l’éviter de justesse.” Le danseur avait glissé pendant un de ses récents entraînements et était tombé sur le genou qu’il avait blessé il y a plus d’un an avec son accident de moto. Et depuis la douleur le gênait un peu.

outfits. | Le chinois était profondément touché que Wang Ji soit venu le voir juste après son arrivée. Il n’avait pas beaucoup voyagé depuis leur installation en Corée du Sud. Obtenir les papiers avaient demandé tellement de temps et son statut dans son pays d’accueil compliquait les choses. Cependant, de son voyage pour fuir la mère patrie, il se souvenait d’une grande fatigue. Il faut dire que le trajet avait été terriblement long et tumultueux mais dans son inconscient, tout voyage était aussi éprouvant. Et bien que son ami affirmât s’être reposé, Qin Tian n’allait pas le laisser repartir sans une petite pause, au calme, avec une bonne tasse de thé. Ne s’appesantissant pas sur la mélancolie qu’il pouvait ressentir aux paroles du Pyobeom, le médium se concentra sur les pâtisseries et autres gourmandises  D’ailleurs, un grand sourire étira ses lèvres en voyant Wang Ji rougir à sa boutade, une réaction rare dont il n’était pas peu fier. Une fois installés dans la salle des lectures, Qin Tian découvrit les pâtisseries non sans un certain émerveillement. « C’est très gentil de ta part. » Il pointa certains gâteaux. « Je n’ai jamais goûté ceux-là ! » Le timbre de sa voix laissait percevoir l’excitation qu’il ressentait à l’idée de découvrir ces nouvelles saveurs venues de chez lui. D’ailleurs, ce fût avec un certain empressement qu’il était allé servir leur thé et était revenu poser les tasses sur la table. Et presque immédiatement il attrapa un gâteau à la châtaigne, une vraie découverte pour lui. Tout en mâchant, (il poussa un petit son, à la fois surpris, excité face à ce goût unique), il écouta avec attention ce que lui racontait Wang Ji. Il hochait la tête ou émettait des petits sons montrant qu’il l’écoutait au bon moment. Parfois, ses yeux s’écarquillaient légèrement ou il se penchait vers lui comme pour mieux l’entendre encore. « Oh oui je veux bien voir des photos ! Pas que du Mont Song d’ailleurs, je suis preneur si tu en as d’autres. » Dit-il en hochant vivement la tête. C’était une des rares situations dans lesquelles Qin Tian faisait preuve d’une certaine avidité. « Tu parles souvent de ta grand-mère en Chine, tu as encore beaucoup de famille là-bas ? » Il se demandait aussi ce que devenait sa famille restée au pays. Ses grands-parents, ses oncles et tantes, avait-il des cousins et des cousines ? Sans doute... Il chassa ces pensées invasives et inutiles puisqu’elles ne faisait que l’abîmer. « Aah tu aurais gagné tellement de fans Wang Ji ! » Il plaisantait mais savait qu’il y avait une bonne raison derrière ce refus. Ayant terminé sa première pâtisserie, Qin Tian prît un fa gao dans la boîte, et s’allongea presque sur la table en poussant un son d’extase. « Vraiment faut que tu goûtes ça ! » Il poussa la boîte vers son ami tout en se redressant. « Et ne me dis pas que tu connais bien, tu as bien mérité de goûter ces merveilles ! »

Wang Ji avait choisi de venir voir son aîné directement après avoir atterri. Ainsi il était certain de pouvoir lui remettre les pâtisseries qu’il avait acheté exprès pour lui. Si il avait attendu un jour ou deux ces dernières n’auraient pu été mangeables et cela aurait été grandement dommage. Puis le voyage depuis la Chine n’était pas très fatiguant, le sol moment où il avait réellement du marché avait été pour rejoindre la boutique des Wu. Donc il n’était pas particulièrement exténué. Mais il pouvait lire un peu d’inquiétude à ce sujet sur le visage de son ami. Alors il n’avait pas cherché à le convaincre plus que cela et avait accepté de se poser un peu avec lui. “Ce n’est pas grand chose.” Le plus jeune avait souri légèrement en regardant Qin Tian admirer les gâteaux, probablement à la recherche de celui qui allait être sa première victime. “C’est l’occasion de le faire alors. Ils sont tous à toi.” Wang Ji les avait achetés pour son aîné afin de lui faire une petite surprise, puis il avait suffisamment mangé au cours des derniers jours pour ne pas être affamé. Donc autant que Qin Tian se fasse plaisir avec les pâtisseries. Le plus jeune était venu parler de son séjour, de ce qu’il avait pu faire, notamment sa balade avec sa grand-mère. Il était venu sortir son téléphone de sa veste pour pouvoir lui montrer les photos qu’il avait prises. Sur l’une d’elle, on pouvait le voir avec sa grand-mère posant pour faire une selca ainsi que quelques photos de la vue du Mont Song. Puis une série de photos où on voyait de jeunes enfants en tenue traditionnelle sur certaines d’entre elles on pouvait distinguer le propriétaire de l’appareil. “J’y ai encore ma grand-mère maternel et mes parents. Tu sais avec la politique de l’enfant unique, les familles ne sont pas très grandes là-bas.” C’était pour cela que Wang Ji était enfant unique, sinon sa mère aurait surement voulu avoir une petite fille en plus. Et qui sait peut être que l’école de danse lui serait revenu à la place. Ce qui aurait grandement arrangé Wang Ji. “Pas certain cette fois-ci. Mon genou me gêne ces jours-ci alors je ne peux pas vraiment danser.” Il n’expliquerait pas d’où venait précisément la blessure mais il pouvait au moins dire que son genou le dérangeait et qu’il devait faire attention. Un léger rire avait passé ses lèvres alors qu’il observait Qin Tian mourir en mangeant un fa gao. “Je connais, donc fais toi plaisir.” Voyant comment il insistait, il avait fini par céder et prendre un simple gâteau de riz pour faire plaisir à son aîné. “J’ai pas vraiment très faim, j’ai pas mal mangé pendant que j’étais là. Je suis sur que je peux faire une diet pour quelques jours maintenant.”

outfits. | Tel un enfant le jour de Noël, Qin Tian prenait tout ce que son ami avait à lui offrir avec beaucoup d’excitation et un émerveillement qu’il ne parvînt pas à camoufler. Ce n’était pas seulement les pâtisseries, c’était un tout. C’était ces douceurs, mais aussi les anecdotes que Wang Ji ramenait avec lui à chaque fois et c’était aussi ces clichés, ces quelques photos qui montraient des lieux qui devraient lui sembler familier mais ne l’étaient malheureusement pas. Il regarda chaque photo que son ami lui montra avec attention. Il commentait presque chaque photo, s’amusant de la tête du Pyobeom sur certains clichés : « t’as l’air tellement sérieux là-dessus ! » ou le taquinant : « t’es trop mignon regarde toi ! ». Et lorsque son cadet était parvenu à capter des moments typiques de leur pays natal, des moments que Qin Tian avait la sensation de pouvoir saisir, et il avait du mal à dire quoique ce soit de particulier, demandant simplement plus d’informations à son ami et il les absorbait avec une avidité et une curiosité non dissimulées. « Ah oui c’est vrai que les familles sont petites. Mais c’est chouette que tu puisses les retrouver, ça doit être la fête à chaque fois ! » Il imaginait facilement la mère et la grand-mère de Wang Ji mettre les petits plats dans les grands à cette occasion.  Tout en continuant de grignoter (et de se régaler) tout en buvant son thé, il continuait cette conversation. Il fronça légèrement les sourcils. « Ton genou te fait souffrir à ce point ? » Il était déjà en train de lister dans sa tête ce qu’il pouvait faire pour aider son ami. Cela ne l’empêchait pas de continuer sa dégustation et il failli mourir de plaisir en savourant son fao gao. C’était tellement bon qu’il ne s’imaginait pas se régaler seul et força un peu la main pour que Wang Ji en fasse de même. « Une diet ?! Une diet ? » Il lâcha un rire. « Tu vas perdre un os oui. » Il secoua légèrement la tête avant de prendre sa dernière bouchée. La bouche pleine, il fît signe à son ami d’attendre et il se leva pour quitter la pièce. La boutique était toujours très calme, pas de clients à l’horizon. Qin Tian alla jusqu’à la table sur laquelle était entreposée certaines herbes mises en vente. Il prit quelques feuilles de valériane qu’il plaça dans un petit sac en kraft marron, et il y ajouta aussi de l’écorce de saule, assez pour que le danseur en ait assez pour cette semaine et la prochaine. À connaître les vertus ésotériques des plantes et autres herbes, il finissait par aussi connaître les vertus thérapeutiques de celles-ci et avait appris à les utiliser pour les maux du quotidien. Il scella le sachet et retourna dans la pièce pour retrouver Wang Ji. S’asseyant de nouveau en face de lui, Qin Tian lui tendit l’étui en kraft avec un petit sourire. « Pour ton genou. Tu prends quelques feuilles et quelques morceaux d’écorce et tu te fais une infusion avec, une fois par jour ou tous les deux jours. Ça peut t’aider à te soulager. Tu peux mélanger ça avec du thé vert aussi si tu préfères. » Un moyen pour lui de le remercier de ce qui lui amenait et lui offrait à chaque fois.

Wang Ji aimait voir les diverses expressions prendre place sur le visage de son ami. Car contrairement à lui, il était peu expressif et se disait souvent que cela devait agacer les gens autour de lui. Mais ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait changer en un claquement de doigts. Donc pour l’instant, il essayait juste d’apprendre par le biais de ses proches. Appréciant le moment à sa manière. Laissant le plus âgé le taquiner un peu, non sans lui répondre un minimum. “C’était une performance importante alors c’est normal.” Ou en venant nier ce que ce dernier disait. “Je ne suis pas mignon Tian-ge.” Le jeune chinois prenait toujours le temps de venir répondre à chaque question que lui posait son aîné. Ce n’était pas grand chose pour lui mais il savait que généralement cela comptait beaucoup pour Qin Tian. Puis ça lui permettait de découvrir des choses sur sa terre natale, à défaut de pouvoir y aller, il pouvait se plonger dans les clichés que Wang Ji lui ramenait. “Ici ils n’ont pas de politique pareil, alors on oublie souvent que c'était le cas pendant si longtemps en Chine. En général oui, car je rentre principalement pour des événements particulier.” C’était rare qu’il retourne voir sa famille en dehors des fêtes de famille ou d'événements importants pour l’école de danse, dont il hériterait dans quelques années. Donc il faisait le voyage exprès pour être présent dans ces moments là. Et généralement le séjour se finissait sur un gros repas avec certains élèves de l’école. “Un peu, c’est surtout déranger quand je dois forcer un peu.” Le douleur n’était pas présente en continue comme lorsqu’il avait eu son accident de moto l’an passé. Mais elle se rappelait régulièrement à lui quand il se déplaçait et si par malheur il faisait un mauvais mouvement. Wang Ji était amusé par son ami qui savourait les douceurs qu’il lui avait offertes. “Me juge pas ainsi. Je suis pas aussi mince que ca.” Il lui arrivait de prendre du poids aussi, même si il le perdait rapidement avec le temps qu’il passait à danser. Le jeune homme avait regardé son aîné quitter la pièce en se demandant ce qui lui prenait soudainement pour partir alors qu’ils étaient en train de discuter. Il fallut quelques minutes d’attente pour avoir la réponse à sa question qu’il avait gardée silencieuse. Observant le petit étui que lui tendait Qin Tian, ne sachant pas ce que se dernier pouvait contenir. “Oh. Xie xie Tian-ge. Je te dirais si ça a bien fonctionné. Mais tu ne devrais pas t’en faire autant, ca passera rapidement.” Du moins si il n’oubliait pas de l’utiliser en suivant les conseils de son aîné, car il en était capable.

outfits. | Une chose que le médium aimait particulièrement avec Wang Ji, c’était qu’avec lui, il avait largement la possibilité son droit de s’exprimer. Il ne demandait pas forcément à son ami de l’écouter avec attention et surtout de répondre à chacune de ses remarques, mais au moins, il pouvait s’exprimer. Ce qui ne lui était pas toujours permis. Dans tous les sens du terme d’ailleurs, autant physiquement avec toutes ses expressions faciales et corporelles, et oralement, avec toutes les remarques et réflexions qu’il pouvait émettre sur la vie et ce qui l’entourait. Et Wang Ji, quel amour, prenait le temps d’entendre chaque phrase et la plupart du temps (si ce n’était tout le temps) lui répondait avec un sérieux presque désarçonnant. D’ailleurs, Qin Tian éclata de rire à une des réponses que lui offrit son ami, et il le pointa du doigt. « Tu vois, dire que tu n’es pas mignon c’est exactement ce qui fait de toi quelqu’un d’adorable ! » Et jamais il n’en démordrait que ce soit entendu. Et l’attention que lui portait Wang Ji, le médium la lui rendait bien, écoutant attentivement ce qu’il lui disait, et y répondant autant qu’il le pouvait, sans être trop maladroit. Sensible à la douleur que pouvait ressentir son ami dans le genou et surtout inquiet pour lui, Qin Tian avait fini par se lever, préparant un sachet de concoction ayant pour but de soulager la douleur. Ce n’était pas un remède miracle, il n’était pas médecin après tout, mais si son maigre don pouvait soulager Wang Ji, alors il le mettrait entièrement à son service. Haussant légèrement les épaule à son remerciement, l’aîné sourit sincèrement. « Ne pas m’en faire pour mon didi ? Impossible. » Il leva son doigt, comme s’il allait proférer un grand conseil. « Ce n’est pas un médicament par contre, si vraiment tu continues d’avoir mal faudra que tu retournes à l’hôpital. » Et s’il fronçait les sourcils, ce n’était pas parce qu’il était fâché, mais vraiment parce qu’il était inquiet. Se rasseyant confortablement, Qin Tian regarda les gâteaux restant dans la boîte. Il n’avait plus d’appétit, mais il voulait savourer une dernière pâtisserie. « Il faut que j’en mange un max avant que Ming Wei ne passe, il va tout me piquer sinon. » Il fît la moue mais il était clair qu’il plaisantait. Reprenant son dernier gâteau, il ferma la boîte pour préserver les autres. Surtout qu’il n’était pas contre l’idée de voir son meilleur ami débarquer, mais il lui avait fait comprendre récemment qu’il n’était pas disponible pour les jours à venir. « Prépare-toi à ce qu’il te réclame des trucs quand tu le verras ! » Et il fît la moue. « Mais il est occupé en ce moment... » Et avec un sourire dramatique, il prit une grosse bouchée de sa pâtisserie, au point de ne plus pouvoir parler avant d’avoir réussi à tout avaler.