La lassitude pouvait se lire sur le visage de Changmin. Il en avait marre qu’il lui rabâche sans cesse la même chose. Ils ne se connaissaient pas, ne s’étaient sûrement même jamais parlé avant aujourd’hui et il lui prenait la tête pour quelque chose qui lui semblait être la même situation que celle qu’il avait vécu. Chang voulait simplement qu’il arrête de vouloir entrer dans sa tête et surtout qu’il lâche l’affaire. Il en venait même à regretter de l’avoir sorti de la merde après ce qu’il lui avait dit et qu’il continuait de lui dire. Un soupir de soulagement passa la barrière de ses lèvres quand il admit enfin qu’il ne le connaissait pas et qu’il ne connaissait pas sa situation. Est-ce que ça changerait quelque chose ? Il ne savait pas, mais c’était déjà un début. La suite le fit serrer les poings et les dents. Que connaissait-il de sa situation pour affirmer cela ? Changmin se retint de lui sauter à la gorge une nouvelle fois. « Qu’est-ce que t’en sais ? Rien. » Il ne restait pas dans ce foyer toxique parce qu’il le voulait. Il le faisait pour éviter que Jieun et Sori se retrouvent à prendre les coups que lui ne prenaient pas. Il se disait que s’il rentrait plus souvent, ses sœurs n’auraient pas à subir les foudres de leur géniteur. Ça ne fonctionnait pas forcément parce que sa jumelle avait les mêmes idées que lui mais au moins, il tentait. « Effectivement, tu n’as rien à faire là. » Chang regarda le plus vieux en fronçant les sourcils. Il l’avait déjà vu à la fac, mais pourquoi lui rappelait-il ? Quand il ajouta qu’il ne devait pas hésiter, un rictus moqueur se figea sur son visage. « N’y compte pas. Je n’ai pas besoin de toi. Je te l’ai déjà dit. » répéta-t-il une nouvelle fois pour il ne savait la combien de fois. Changmin l’observa alors tourner les talons pour partir de cette rue dans laquelle ils s’étaient réfugiés pour échapper à la police. Le plus jeune résista à la tentation de le rappeler pour lui expliquer pourquoi il était si réfractaire à recevoir de l’aide. Mais il n’était pas seul dans l’histoire. Il ne pouvait pas révéler l’histoire de ses sœurs à un inconnu. Ça ne le regardait pas. À la place, il se détourna de cette silhouette qui s’éloignait de lui, pour partir dans l’autre direction. Il n’avait pas besoin de son aide, du moins pas maintenant et peut-être même jamais. Pourtant, ça lui réchauffait quelque peu le coeur de constater qu’il n’était pas quelqu’un dans la foule, qu’il n’était plus le gamin sans défense qu’on avait pu voir en lui.